Los Angeles Philharmonic Gustavo Dudamel - Samedi 5 mai 2018 - 20h30 Amériques
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Amériques Los Angeles Philharmonic Gustavo Dudamel Samedi 5 mai 2018 – 20h30 Grande salle Pierre Boulez – Philharmonie
WEEK-END LEONARD BERNSTEIN Voici presque cent ans (le 25 août 1918 exactement) que naissait Leonard Bernstein : « Peu de compositeurs captent l’esprit de leur temps et deviennent la voix iconique de leur époque, écrit John Mauceri. Bernstein trouva sa “voix” au début des années 1940 et porta le son de l’Amérique urbaine de l’époque de la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux mouvements paci- fistes des années 1970 et à la chute du mur de Berlin et du communisme en Europe. » Cet Américain d’origine juive ukrainienne a exploré tous les styles et les genres, passant des uns aux autres avec une aisance manifeste, et élaborant un corpus artistique d’une grande diversité, où se côtoient les pièces les plus célèbres (on pense évidemment à West Side Story) et les moins connues. Le week-end que lui consacre la Philharmonie est l’occasion d’entendre (et de voir) en ciné-concert le film d’Elia Kazan On the Waterfront, pour lequel il tissa en 1954 – et ce fut la seule fois qu’il écrivit spécialement pour le cinéma – une bande originale remarquée : le critique du Time parlait ainsi en 1957 d’un « nouveau ton dans la musique de Bernstein, une sorte de pureté étonnamment vive qui semblait naître d’un noyau brûlant d’originalité ». Gustavo Dudamel à la tête du Los Angeles Philharmonic élabore un double programme. Le premier s’articule autour de l’Amérique, avec Amériques de Varèse, qui fut inspiré par la rencontre du compositeur avec les sonorités du West Side de Manhattan – le même West Side qui sera, une trentaine d’années plus tard, le théâtre des affrontements entre Jets et Sharks de l’« histoire » de Bernstein. Le second fait dialoguer la Symphonie n° 9 de Beethoven – que Bernstein a dirigée et enregistrée avec joie à de multiples reprises (« Je ne suis jamais fatigué de sa musique, disait-il. Elle exprime une universalité de pensée, de fraternité humaine, de liberté et d’amour ») – et les Chichester Psalms du compositeur américain. Mises en musique de la Bible hébraïque, ces derniers se rattachent à l’inspiration religieuse de Bernstein, une inspiration dont le Sirba Octet et Isabelle Georges font également le fil conducteur de leurs concerts en mêlant aux musiques de comédies musi- cales des musiques traditionnelles yiddish.
Week-end leonard bernstein Vendredi 4 mai Samedi 5 mai 19h00 renContre 17h00 ConCert éduCatif naissance de la cOmédie musicals musicale américaine ConCert performanCe riChard SChmouCler et Cyrille lehn cOnservatOires d’Île-de-france - musiciens du sirBa Octet - isaBelle GeOrGes 20h30 ConCert Bernstein, 20h30 ConCert Symphonique du Shtetl à New-York GustavO dudamel sirBa Octet amériqueS isaBelle GeOrGes, chant, claquettes lOs anGeles PhilharmOnic richard schmOucler, violon 1 GustavO dudamel, direction laurent manaud-Pallas, violon 2 Esa-Pekka Salonen, Pollux (commande claude GirOn, violoncelle du Los Angeles Philharmonic et du Barbican Bernard cazauran, contrebasse Centre – création française) david Gaillard, alto Edgard Varèse, Amériques PhiliPPe BerrOd , clarinette Dmitri Chostakovitch, Symphonie n° 5 christOPhe henry, piano iurie mOrar, cymbalum Répertoire traditionnel yiddish et pièces de Harold Arlen, George Gershwin, Richard Rodgers, Jerry Bloch, Irving Berlin, Lew Pollack, Sholom Secunda et Leonard Bernstein
Dimanche 6 mai 15h00 Ciné-ConCert On the waterfrOnt Orchestre natiOnal d’Île-de-france ernst van tiel, direction Leonard Bernstein On the Waterfront Film d’Elia Kazan Coproduction Orchestre national d’Île-de-France, Philharmonie de Paris aC t ivit é S Ce week-end On the waterfront © 1954, Renewed 1982 Columbia Pictures Industries, Inc. Une Récréation musicale est proposée à 16h Samedi aux enfants de 3 à 10 ans dont les parents assistent Le Lab à 11h au concert. 8€ par enfant, réservation conseillée. I love BernsteIn 16h30 ConCert voCal Visite-atelier du Musée à 15h les musIques de fIlm GustavO dudamel hymne dimanChe lOs anGeles PhilharmOnic Un dimanche en orchestre à 14h lOndOn symPhOny chOrus leonard BernsteIn GustavO dudamel, direction Julianna di GiacOmO, soprano Jennifer JOhnsOn canO, mezzo-soprano JOhn hOliday, contre-ténor michael KöniG, ténor sOlOman hOward, basse matthew hamiltOn, chef de chœur Leonard Bernstein, Chichester Psalms C ollè ge Ludwig van Beethoven, Symphonie n° 9 musiq ues de f ilms « Hymne à la joie » Avec Patrick Niedo Jeudi 17 mai – 15h de Broadway à Hollywood Jeudi 24 mai – 15h BernsteIn sIde story : ses comédIes musIcales
PROGRAMME Esa-Pekka Salonen Pollux – création française, commande du Los Angeles Philharmonic et du Barbican Centre Edgard Varèse Amériques ENTR ACTE Dmitri Chostakovitch Symphonie no 5 Los Angeles Philharmonic Gustavo Dudamel, direction Fin du concert vers 22h10.
LES ŒUVRES Esa-Pekka Salonen (1958) Pollux – création française Composition : 2018. Création : le 13 avril 2018, au Walt Disney Concert Hall, Los Angeles, par le Los Angeles Philharmonic, sous la direction de Gustavo Dudamel. Commande : Los Angeles Philharmonic, Barbican Centre. Effectif : 4 flûtes (la 2e flûte alto, les 3e et 4e piccolos), 3 hautbois, cor anglais, 3 clarinettes (la 2e clarinette en mi bémol, la 3e clarinette basse), clarinette contrebasse, 3 bassons, contrebasson – 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, tuba – timbales, percussions (glockenspiel, vibraphone, 2 tambours basse) – harpe – célesta/piano – cordes. Durée : environ 12 minutes. Alors que je travaillais à la composition de Pollux, j’ai rencontré un curieux problème : mon matériel musical semblait vouloir partir dans deux direc- tions totalement opposées. J’ai fini par comprendre que ces deux visages très différents (dans mes ébauches, je m’y référais comme à deux frères) ne tiendraient pas à l’intérieur d’une forme unique et cohérente. Leur coexistence était simplement impossible. Cela m’a fait penser au mythe des faux jumeaux, Castor et Pollux, qui parta- geaient la moitié de leur ADN mais avec des phénotypes très différents, et qui connurent des destins dramatiquement opposés. Dans la mythologie gréco-romaine, Pollux est immortel puisqu’il est engendré par Zeus. Castor a pour père Tyndare, roi de Sparte ; il est donc mortel, même si son statut évolue après sa mort. Tous deux ont pour mère Léda. Alors que celle-ci attendait déjà un enfant de son mari, elle fut séduite par Zeus qui, pour ce faire, avait pris l’apparence d’un cygne (n’est-ce pas fascinant d’imaginer une telle beauté attirée par de grands oiseaux aquatiques ?). Ma solution a été d’écrire deux ouvrages pour orchestre, indépendants mais génétiquement liés. Pollux, lent et plutôt sombre dans son expression, est le premier des deux. Il sera suivi de Castor, extraverti et plutôt rapide. Pollux évoque quelque chose de rituel, et s’appuie sur un leitmotiv 8
rythmique que j’ai entendu il y a plusieurs mois alors que je dînais dans un restaurant du 11e arrondissement de Paris. Un groupe post-grunge passait en fond sonore, et j’ai noté la ligne de basse sur une serviette en papier sans savoir de quoi il s’agissait ni le nom des musiciens. Cette musique m’a poursuivi, et j’ai décidé de l’utiliser pour Pollux dans une version fortement modifiée. Le motif s’est épuré jusqu’à devenir un simple rythme, ralenti au quart de la vitesse originale, et même plus lent encore. J’ai également puisé mon inspiration dans un choral (ici sans paroles), basé sur les premiers vers des Sonnets à Orphée de Rilke : Da stieg ein Baum. O reine Übersteigung! O Orpheus singt! O hoher Baum im Ohr*. J’ai été frappé par cette image amusante et surréaliste, à la Dali, d’un arbre poussant dans l’oreille. La métaphore est tout sauf évidente, mais il est clair qu’Orphée est capable de réunir l’art et la nature par la simple force de son chant. Tous les musiciens que je connais aimeraient pouvoir en faire autant. Pollux oscille entre des formations nuageuses (demeure des demi-dieux) et des textures plus précises évoquant la musique orphique. Après le finale, incarnation fortissimo du choral, un solo nostalgique au cor anglais amène Pollux à destination. On entend à la toute fin un écho de la gamme éolienne (utilisée en Grèce ancienne) – un simple accord formé par les harmoniques naturelles des cordes. J’ai essayé d’imaginer quelque chose qui sonnerait plus ancien que la plupart des musiques. Esa-Pekka Salonen, le 23 mars 2018, Munich * « Alors un arbre s’éleva. Ô pure élévation ! Ô chant d’Orphée ! Ô grand arbre dressé dans l’oreille ! » Traduction de Jean-François Angelloz, Paris, Aubier-Montaigne, 1974. 9
Edgard Varèse (1883-1965) Amériques, pour grand orchestre Composition : 1918-1921 ; révision en 1927-1929 ; 1973 (édition de Chou Wen-chung). Création de la version originale : le 9 avril 1926, à l’Académie de musique de Philadelphie, États-Unis, par l’Orchestre de Philadelphie, sous la direction de Leopold Stokowski. Création de la version révisée : le 30 mai 1929, Salle Gaveau, à Paris, par l’Orchestre des Concerts Poulet, sous la direction de Gaston Poulet. Dédicace : « Aux amis inconnus du printemps de 1921 ». Éditeur : Ricordi. Effectif : 3 flûtes piccolo, 4 flûtes, flûte contrebasse, 4 hautbois, cor anglais, heckelphone, 2 clarinettes en mi b, 2 clarinettes en la, clarinette basse, clarinette contrebasse, 4 bassons, 2 contrebassons – 8 cors, 6 trompettes, 4 trombones, trombone basse, tuba, 2 tubas contrebasse – 2 timbales, 13 percussionnistes – 2 harpes – 16 violons I, 16 violons II, 14 altos, 10 violoncelles, 10 contrebasses. Fanfare interne : 4 trombones alto, 2 trombones, trombone basse. Durée : environ 26 minutes. Lorsqu’il foule le sol américain pour la première fois, à la fin du mois de décembre 1915, Edgard Varèse laisse derrière lui une Europe dévastée par la guerre, qui n’offre plus l’espoir de nouvelles germinations artis- tiques, et une terre natale, la France, qui, selon lui, n’est plus que « frilosité esthétique ». Il a également laissé à Berlin, où il s’était installé entre 1907 et 1913, la plupart de ses manuscrits, dont deux poèmes symphoniques, encore influencés par Richard Strauss, et une ébauche d’opéra sur le mythe d’Œdipe. Toutes ses œuvres de jeunesse disparaissent dans un incendie. Varèse doit désormais regarder devant lui, oublier une partie de ses racines et de ses modèles pour renaître artistiquement dans ce nouveau pays de tous les possibles. Il n’a cependant pas oublié le conseil que lui a donné Busoni de « trouver des formes personnelles en premier lieu » et, encore moins, le choc qu’a provoqué chez lui l’audition du Sacre du printemps de Stravinski, lors de la création de l’œuvre, à Paris, en 1913. Amériques, dont il entreprend la composition probablement dès 1918, est donc, en quelque sorte, son opus 1. Le pluriel du titre ne fait pas référence, comme on pourrait le penser, aux trois zones géographiques du continent (Amérique du Nord, Centrale et du Sud), mais à un nombre 10
infini d’Amériques imaginaires aux potentialités et aux beautés encore inexplorées, « de nouveaux mondes inconnus sur cette planète, dans l’espace et dans l’esprit des hommes. » Mais la source d’inspiration initiale est plus concrète. Ce sont les bruits de la ville de New York avec ses vrombissements de moteur des voitures de police, ses hurlements des sirènes de pompier, mais aussi les bruits de la rivière et le son des cornes de brume. Toute cette cacophonie sonore, avec ses rythmes motoriques, ses accents violents et intempestifs, ses longs grincements plaintifs, se conjugue avec l’impression visuelle tout aussi saisissante des masses volumiques géantes des nouveaux gratte-ciel qui redéfinissent l’espace de Manhattan. Varèse compose sa partition en privilégiant les sonorités dures des percus- sions et celles, éclatantes, des cuivres, et en dédaignant le trop classique son velouté des cordes. La musique se déploie en un vaste mouvement unique mais, à la place du développement traditionnel des matériaux thématiques ou motiviques, il coupe continuellement, mélange, dissèque et projette dans l’espace des masses sonores qui s’entrechoquent. Il se dégage avant tout de l’œuvre une impression physique, qui provient de la combinaison singulière d’une spontanéité animale et d’une implacabilité machiniste. Le souvenir du Sacre est bien présent dans les poussées d’éner- gie brute, tout comme dans les ostinatos rituels et les solos incantatoires des vents. Varèse eut les plus grandes difficultés à faire jouer Amériques. La raison principale était d’ordre pratique. En effet, la version originale avait été écrite pour une formation de cent quarante-deux instrumentistes, ce qui rendait la coordination musicale très délicate. De plus, réunir un tel effectif représentait un coût financier exorbitant pour une œuvre dont la modernité n’attirerait pas un large public. À la fin de 1922, Varèse avait envoyé une copie d’Amériques à Leopold Stokowski, alors directeur musical de l’Orchestre de Philadelphie. Le célèbre chef avait manifesté son intérêt pour la partition et avait promis de la diriger lorsqu’il serait moins occupé. Les années passèrent, et Varèse perdit tout espoir d’entendre un jour Amériques. Mais Stokowski tint promesse, et l’œuvre fut créée le 9 avril 1926. Elle avait nécessité pas moins de seize répétitions complètes ! Le public très conservateur de Philadelphie ne fit pas un bon accueil à cette musique bien trop 11
révolutionnaire à son goût, et les critiques furent divisés. La partition fut révisée en 1927 avec un effectif réduit à cent vingt-cinq musiciens, mais Amériques resta longtemps peu jouée par les grandes phalanges symphoniques. Aujourd’hui, l’œuvre est considérée comme un classique incontournable de la musique du xxe siècle. Max Noubel Dmitri Chostakovitch (1906-1975) Symphonie no 5 en ré mineur op. 47 I. Moderato II. Allegretto III. Largo IV. Allegro non troppo Composition : entre le 18 avril et le 20 juillet 1937. Création : le 21 novembre 1937, à Leningrad (Saint-Pétersbourg), par l’Orchestre Philharmonique de Leningrad, placé sous la direction d’Evgueni Mravinski. Éditeur : Mouzgiz. Effectif : 3 flûtes, 2 hautbois, 3 clarinettes (dont petite clarinette), 3 bassons (dont contrebasson) – 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, tuba – percussions (avec timbales, grande batterie, cloches, xylophone) – 2 harpes – célesta, piano – cordes. Durée : environ 50 minutes. Le 28 janvier 1936 paraît dans la Pravda un article sulfureux intitulé « Du chaos en place de musique ». L’écrit, au ton vigoureux et polémique, fustige les arts d’avant-garde et amorce une vaste campagne de dénigre- ment des artistes dits « avancés ». Les œuvres de Dmitri Chostakovitch sont particulièrement visées. « Il est difficile de suivre cette musique, il est impossible de la mémoriser. Sur scène, le chant est supplanté par des cris. Si le compositeur se trouve soudain sur la voie d’une mélodie simple et compréhensible, il s’empresse, comme effrayé d’un tel accident, de repartir dans le dédale de ce chaos musical qui, par moments, touche à la cacophonie », lit-on à propos de son opéra Lady Macbeth de Mtsensk, dont la création a suscité l’ire de Staline. Dans les semaines qui suivent, 12
de nombreux proches du musicien sont arrêtés, tel le metteur en scène Meyerhold avec qui il avait monté, quelques années auparavant, La Punaise de Maïakovski. Le beau-frère du compositeur est interrogé tandis que sa propre sœur est déportée dans un camp, en Sibérie… Profondément meurtri et anxieux, Chostakovitch annule les répétitions de sa Symphonie no 4, dont le finale, pathétique et tragique, aurait proba- blement été voué à la réprobation la plus rude. On lui aurait de nouveau reproché son pessimisme et son « formalisme » – terme peu défini et d’un emploi par conséquent aisé pour qui entend dénigrer un artiste. À la place, le musicien présente un nouvel opus, qu’il décrit lui-même, avant la première moscovite, comme un symbole « de l’optimisme triomphant de l’homme » : sa Symphonie no 5. La composition, entreprise à Gaspra, en Crimée, est menée rapidement. Le Largo est achevé en trois jours, et la partition complète rédigée entre le 18 avril et le 20 juillet 1937. La toute-puissante Union des composi- teurs, qui régit la vie musicale publique et dont l’avis est sans appel, demande à lire l’œuvre pour savoir si elle peut être donnée en public. Chostakovitch la fait entendre dans une réduction pour piano à quatre mains, qu’il joue en compagnie du compositeur Nikita Bogoslovski. L’ouvrage est accepté, à son grand soulagement. On confie à Evgueni Mravinski, un jeune chef âgé d’à peine 35 ans, le soin d’en assurer la première audition. Cinq jours de répétition intenses suivent. La création est un triomphe. Les applaudissements crépitent durant plus d’une demi-heure, et Chostakovitch est rappelé à maintes reprises. « Cette musique dégageait une force si galvanisante qu’en définitive tout le monde se retrouva debout. Lorsque la tempête d’applaudissements fit trembler les piliers de la salle de la Philharmonie, Mravinski brandit la partition pour bien signifier que ces ovations ne s’adressaient pas plus à lui-même qu’à l’orchestre, mais à l’auteur de cette musique – à Chostakovitch », se souvient un proche. Le caractère pathétique, la force des idées, l’expression directe des sentiments, l’orchestration brillante ou l’impression de monumentalité se dégageant de l’ensemble expliquent probablement ce succès. La partition est, jusqu’à aujourd’hui encore, la plus jouée des quinze symphonies de Chostakovitch, et demeure l’un de ses ouvrages les plus populaires. 13
Le premier mouvement surprend par son tempo modéré qui fait songer à une introduction lente avant que l’on s’aperçoive qu’il n’en est rien : l’œuvre a bel et bien commencé sans exorde. Les premières mesures installent une atmosphère de catastrophe latente en confiant aux cordes un thème sombre, qui accompagnera chacun des deux éléments principaux. Les rythmes pointés, les vastes sauts d’intervalle, l’écriture sévère en unissons et en octaves, la distribution rigoureuse en canon et le chromatisme instaurent un climat pathétique, qui place d’emblée l’œuvre sous l’angle du tragique. Conçu comme une vaste forme sonate (exposition des thèmes, développement puis reprise variée des diffé- rents éléments thématiques), le mouvement est bâti sur une montée progressive de la tension, qui culmine lors de la réexposition puis retombe graduellement avant la dislocation finale. Le premier thème est une mélodie dépressive, qui prolonge le sentiment initial de désolation par sa retenue et ses nombreuses suspensions. Le second thème est une nouvelle mélopée des violons présentée en mineur, sur un rythme obstiné des basses. L’entrée inattendue d’un piano ouvre le développement et inaugure un changement notable de climat. Les notes accentuées, le temps mesuré et « mécanisé », le tempo sans cesse accéléré marquent une installation dans le drame. L’apparition grotesque du premier thème à la trompette, le martèlement continu des timbales, l’ajout sans fin de nouvelles strates, la sonorité stridente du xylophone et la combinaison progressive des deux thèmes principaux mènent vers un point culmi- nant particulièrement violent, qui amorce la réexposition. Aux unissons violents, con tutta forza, du premier thème répondent la flûte et le cor solistes du deuxième. La fin, étrange, fait entendre, sur fond de harpes puis de gammes ascendantes au célesta, un violon soliste dans l’aigu. Le discours se désagrège peu à peu, et la musique finit au seuil du silence. Le scherzo apporte un contraste nécessaire. Le mouvement évoque Mahler par son mariage réussi d’ironie, de sarcasme, de trivialité et de gravité. Les idées, en apparence décousues – une ligne sévère des violoncelles et contrebasses à l’octave, une mélodie des bois sans cesse variée par les changements de timbres, un thème de valse en mineur accompagné par des accords en pizzicato, quelques percées des cuivres –, sont unifiées par de courtes cellules d’intervalle ou de rythme. L’orchestration limite le nombre de tutti au profit de dialogues chambristes se succédant au sein d’une 14
mosaïque de tonalités impressionnante. La forme, traditionnelle, place en son centre un trio marqué par la ligne humoristique d’un violon soliste, les glissandos persifleurs des harpes et les pizzicatos espiègles des violoncelles. « La fin ne sonne pas du tout comme une solution […], mais comme un châtiment et une sanction. Ce qui s’exerce ici, c’est une force émotionnelle terrible, mais tragique. L’impression est angoissante. » Alexander Fadeïev, sur la Symphonie no 5, 1937 Cœur expressif de la symphonie, le Largo en fa dièse mineur est un moment d’interrogation, de réflexion, de méditation après la densité des événements passés. La forme, ternaire, est cadrée par deux points culminants placés symétriquement au début et à la fin. Le déploiement mélodique continu, l’engendrement des thèmes les uns à partir des autres, la transformation incessante des éléments (notamment l’absence de reprise littérale) distillent une tension permanente, comme un écho aux douleurs du premier mouvement. Le thème principal est exposé par les cordes divisées dans un entrelacs de lignes épurées. Le rythme harmonique lent, le ton mineur, la direction tonale incertaine instaurent un nouveau climat de désolation. Après l’atteinte d’un premier sommet, le hautbois ouvre la partie centrale par une mélodie originale… qui n’est en réalité que le renversement du thème initial. Exposée sur une simple ligne des violons en trémolos dans l’aigu, la cantilène est reprise par une clarinette puis une flûte solistes, dans un tissu volontairement raréfié. Le retour du thème initial dans des tessitures graves – clarinette, basson, contrebasson – marque la réexposition. La polyphonie étoffée, la domination des tons mineurs, l’atteinte d’un second point culminant marqué par la présence du piano et du xylophone sont autant de variations de la première partie. La conclusion, elle, réfléchit celle du premier mouvement : les thèmes meurent graduellement tandis que la musique confine progressivement au silence et au vide. Le travail sur la couleur – harmoniques au célesta et à la harpe, trémolos des premiers violons sur une simple note dans l’aigu – exacerbe l’expressivité tandis que l’arrivée inopinée du mode majeur confère au récit un caractère étrange, comme irréel. 15
Le finale récuse le plan traditionnel de l’allegro de sonate au profit d’une vaste forme ternaire, où les idées sont développées dès leur première exposition. Le mouvement semble commencer in medias res par un énoncé triomphal du thème principal sur un martèlement de timbales. Le mineur progresse vers le majeur, tandis que la mélodie, travaillée par les cuivres, est menée vers un nouveau sommet. Une retombée brutale – un effondrement chromatique – précède la partie centrale. L’atmosphère change brusquement de caractère. À un choral des cuivres répondent une mélodie tourmentée des cordes puis un dialogue serein des bois. Un court solo de percussion introduit un passage mystérieux préludant à la réexposition. Le thème initial y est réentendu en mineur dans des teintes sombres avant d’être développé au sein d’une anima- tion graduelle du tempo. La fin en majeur et les accords emphatiques semblent quelque peu forcés, comme plaqués arbitrairement. « Dans le finale de ma symphonie, j’ai cherché à résoudre les motifs tragiques des premiers mouvements en un projet optimiste et plein de vie », expliquait Chostakovitch lors de la création. La lecture de ses Mémoires, publiés en 1979, quatre ans après sa mort, montre une vision opposée et sans doute plus exacte. « Ce qui se passe dans la Cinquième Symphonie me semble être clair pour tout le monde. C’est une allégresse forcée comme dans Boris Godounov. C’est comme si on nous matraquait tous en nous disant : “Votre devoir est de vous réjouir, votre devoir est de vous réjouir”. » Sous l’allégresse se cache la souffrance, tel est le singulier spectacle offert par la fin de la Symphonie no 5 – une œuvre tragique, où les notes se font l’écho douloureux d’une période trouble et vécue comme telle. Jean-François Boukobza Partenaire de la Philharmonie de Paris MET À VOTRE DISPOSITION SES TAXIS POUR FACILITER VOTRE RETOUR À LA SORTIE DES CONCERTS DU SOIR. Le montant de la course est établi suivant indication du compteur et selon le tarif préfectoral en vigueur. 16
Le saviez-vous ? Les symphonies de Chostakovitch Comme son compatriote Nikolaï Miaskovski (auteur de vingt-sept symphonies), Chostakovitch brisa la malédiction du chiffre 9 qui frappa Beethoven, Schubert, Bruckner et Mahler (lesquels ne parvinrent pas à dépasser le nombre de neuf symphonies). Entre 1925 et 1971, le compo- siteur russe s’illustra quinze fois dans le genre. Son corpus se divise en plusieurs catégories : d’un côté les œuvres instrumentales de « musique pure » (nos 1, 4, 5, 6, 8, 10 et 15) ou à programme (no 7 « Leningrad », no 11 « L’année 1905 » et no 12 « L’année 1917 ») ; d’un autre côté les symphonies avec voix (no 2 « À octobre », no 3 « Le premier mai », no 13 « Babi Yar » et no 14). Les symphonies à programme s’inspirent de l’histoire de la Russie au xxe siècle. La Septième, créée pendant le siège de Leningrad, devint d’ailleurs un symbole de lutte contre l’ennemi. Mais la frontière entre musique programmatique et musique pure s’avère ténue quand on sait que Chostakovitch sous-titra la Cinquième « Réponse d’un artiste soviétique à la critique justifiée », déclara que la Sixième reflétait « les sentiments du printemps, de la joie et de la jeunesse », chercha dans la Huitième à « recréer le climat intérieur de l’être humain assourdi par le gigantesque marteau de la guerre ». Par ailleurs, la Symphonie no 2 et la Symphonie no 3, en un seul mouvement, s’achèvent par un chœur : on peut les assimiler à une cantate, comme la Treizième pour basse et chœur d’hommes. Quant à la Quatorzième, pour soprano, basse et orchestre de chambre, elle ne se distingue pas d’un cycle de mélodies avec orchestre. Mais même en excluant ces symphonies qui ne ressemblent pas tout à fait à des symphonies, Chostakovitch a dépassé le 9 fatidique ! Hélène Cao 17
Les COMPOSITEURs Esa-Pekka Salonen d’une tournée européenne dans le Innovateur infatigable, Esa-Pekka cadre de la résidence du compositeur, Salonen s’efforce constamment de laquelle donnera lieu cette année à la repositionner le répertoire classique création new-yorkaise de Gambit et dans le cadre du xxie siècle. Il est d’Helix. En février 2018, le Los Angeles actuellement chef permanent et Philharmonic a donné l’intégrale des conseiller artistique du Philharmonie concertos du compositeur, avec Orchestra de Londres, et chef lauréat Yo-Yo Ma, le pianiste Yefim Bronfman du Los Angeles Philharmonic, dont il a et la violoniste Leila Josefowicz. Le été directeur musical de 1992 à 2009. Concerto pour violon a remporté le Cette année marque la troisième de célèbre Grawemeyer Award et été trois saisons en tant que compositeur utilisé lors de la campagne internatio- en résidence Marie-Josée Kravis du nale d’Apple en 2014 pour son iPad. New York Philharmonic et la seconde Cette saison, l’ouvrage sera donné de cinq en tant qu’artiste associé de avec une chorégraphie de Saburo l’Opéra-Ballet national de Finlande, Teshigawara par le Ballet de l’Opéra où il dirigera bientôt son premier national de Paris. Tout au long de la cycle du Ring. Il est directeur artis- saison, le Barbican Centre de Londres tique et co-fondateur du Festival de fait la part belle aux œuvres d’Esa- la mer Baltique, qui réunit chaque Pekka Salonen. Ses œuvres seront année des artistes pour promouvoir également données au Festival d’Hel- l’unité et la conscience écologique sinki, au Carnegie Hall, et interprétées de la région. Esa-Pekka Salonen est par l’Orchestre Symphonique de la également conseiller du Sync Project, Radio Bavaroise sous la direction du initiative mondiale de développe- compositeur, les orchestres sympho- ment des technologies musicales niques de Kansas City, Nashville et pour le bien-être et la santé. Les Toronto. La Compagnie Tero Saarinen compositions d’ Esa-Pekka Salonen ainsi le Royal Ballet et le Boston Ballet trouvent librement leur place au sein donneront la version chorégraphiée des langages contemporains, mêlant de deux pièces orchestres supplé- complexité et virtuosité technique à mentaires du compositeur – Foreign de joyeuses innovations rythmiques et Bodies et Nyx. Alors dans sa dixième mélodiques. Son Concerto pour violon- année en tant que chef permanent et celle, écrit pour Yo-Yo Ma, a été créé conseiller artistique du Philharmonia par le Chicago Symphony Orchestra Orchestra, Esa-Pekka Salonen dirige au printemps 2016, repris par le New les Symphonies nos 3 et 9 de Mahler, York Philharmonic à domicile puis lors un programme célébrant le centenaire 18
de l’indépendance de la Finlande, la Widor au Conservatoire. Établi en 1908 première européenne du Chant des à Berlin, où est créé Bourgogne grâce à enfants des étoiles d’Unsuk Chin et l’appui de Richard Strauss, il rencontre les Gurrelieder de Schönberg. En Busoni, et compte au nombre des véritables pionniers de la présenta- premiers auditeurs de Pierrot lunaire, tion musicale, Esa-Pekka Salonen et en 1912, de Schönberg, dont il fait le Philharmonia ont lancé la première connaître l’œuvre à Debussy. Mobilisé grande production de réalité virtuelle puis réformé, il quitte, le 18 décembre d’un orchestre britannique avec les 1915, l’Europe pour New York, où il installations RE-RITE et Universe of dirige deux ans plus tard le Requiem Sound, lesquelles ont permis à des de Berlioz « à la mémoire des morts de personnes du monde entier de diriger, toutes les nations », et où il ne cessera de jouer et d’approcher au plus près de fonder des institutions (en 1919 le un orchestre au moyen de projections New Symphony Orchestra, en 1921 audio et vidéo, sans oublier la célèbre l’International Composers Guild, en application pour l’iPad The Orchestra 1928 la Panamerican Association of qui offre à l’utilisateur un accès sans Composers, en 1941 le New Chorus). précédent aux rouages internes de En 1922, Varèse termine Amériques, huit ouvrages symphoniques. Directeur qu’il considère comme son premier musical du Los Angeles Philharmonic opus – il a détruit ou détruira toutes durant dix-sept ans, Esa-Pekka Salonen ses partitions antérieures –, avant peut s’enorgueillir d’avoir largement de composer des œuvres rares qui revivifié l’organisation de l’orchestre. l’imposent comme l’un des représen- Il l’a soutenu de façon cruciale au tants de la « nouvelle musique » les moment de l’ouverture du Walt Disney plus engagés dans la conquête de Concert Hall, présidé à d’innombrables mondes sonores inouïs. À Paris, où créations contemporaines, lancé le il réside de 1928 à 1933, il noue des Fonds de Commandes Esa-Pekka amitiés avec les milieux de l’avant- Salonen et fait de cet ensemble l’un garde, et a comme élève Jolivet. des plus écoutés et soutenus du pays. Le 27 septembre 1933, après avoir envisagé une Quatrième Internationale Edgard Varèse des Arts, il regagne les États-Unis. Né à Paris le 22 décembre 1883, Là commence, en 1935, une longue Ed g a r d Va r è s e v i t a u V i l l a r s période de crise, jalonnée par quelques (Bourgogne) avant de suivre ses conférences dans le centre et l’ouest parents à Turin, où il commence des du pays (Santa Fe, San Francisco, Los études musicales. En 1903, de retour Angeles), puis de nouveau à New à Paris, il est élève de d’Indy, Roussel York en 1941. Invité aux cours d’été de et Bordes à la Schola Cantorum, et de Darmstadt en 1950, Varèse prononce 19
des conférences à Francfort, Berlin et brutale de janvier 1936. On annule Munich, et réalise, dans les studios la création de la Symphonie no 4… dirigés par Pierre Schaeffer, les inter- Après une Symphonie no 5 de réhabi- polations de Déserts. À Georges litation (1937), Chostakovitch enchaîne Charbonnier, Varèse accorde en d’épiques symphonies de guerre (nos 6 1955 une série d’entretiens devenus à 9). La célébrissime « Leningrad » célèbres. De 1956 à 1958, il travaille au (no 7) devient un symbole, rapidement Poème électronique, pour le pavillon internationalisé, de la résistance au Philips de l’Exposition universelle de nazisme. À partir de 1944, le quatuor Bruxelles de 1958. Invité par les plus à cordes, genre plus intime, prend son prestigieuses universités (Columbia, essor. Deuxième disgrâce, en 1948, Princeton, Yale), interprété par les plus au moment du Concerto pour violon grands chefs d’orchestre (Bernstein, écrit pour Oïstrakh : Chostakovitch est Boulez, Maderna), lauréat en 1963 du mis à l’index et accusé de formalisme. prix Koussevitzky pour l’enregistre- Jusqu’à la mort de Staline en 1953, il ment de son œuvre chez Columbia, s’aligne et s’abstient de dévoiler des il connaît une tardive reconnaissance œuvres indésirables. Le funambulisme internationale avant de s’éteindre le de Chostakovitch face aux autorités se 6 novembre 1965 à New York. poursuit. Après l’intense Symphonie n o 10, les officielles Onzième et Dmitri Chostakovitch Douzième (dédiées à « 1905 » et Issu d’un milieu musicien, Dmitri « 1917 ») marquent un creux. L’intérêt Chostakovitch entre à 16 ans au se réfugie dans les domaines du Conservatoire de Saint-Pétersbourg. concerto (pour violoncelle, écrit pour Il s’enthousiasme pour Hindemith et Rostropovitch) et du quatuor à cordes Krenek, travaille comme pianiste de (Septième et Huitième). Ces années cinéma. Œuvre de fin d’études, sa sont aussi marquées par une vie Symphonie no 1 (1926) soulève l’enthou- personnelle bousculée et une santé siasme. Suit une période de moder- qui décline. En 1960, Chostakovitch nisme extrême et de commandes adhère au Parti communiste. En contre- (ballets, musiques de scène et de film, partie, la Symphonie no 4 peut enfin dont La Nouvelle Babylone). Après la être créée. Elle côtoie la dénoncia- Symphonie no 2 (1927), la collaboration trice Treizième (« Babi Yar »), source avec le metteur en scène Meyerhold de derniers démêlés avec le pouvoir. stimule l’expérimentation débridée Après quoi Lady Macbeth est monté du Nez (1928), opéra gogolien tôt taxé sous sa forme révisée, en 1963. de « formalisme ». Deuxième opéra, Chostakovitch cesse d’enseigner, les Lady Macbeth (créé en 1934) triomphe honneurs se multiplient. Mais sa santé pendant deux ans, avant la disgrâce devient préoccupante (infarctus en 20
1966 et 1971, cancer à partir de 1973). mahlérien-shakespearien. Son langage Dernière réhabilitation, Le Nez est plurivoque, en seconds degrés, réagit repris en 1974. Chostakovitch était – et renvoie – aux inter férences attiré par le mélange de satire, de déterminantes entre le pouvoir et grotesque et de tragique d’un modèle la musique. Les INterprètes Gustavo Dudamel Philharmoniker. 2017-2018 marque Fort d’une renommée d’excellence dans sa neuvième saison au poste de les domaines de la musique sympho- directeur musical et artistique du Los nique comme de l’opéra, Gustavo Angeles Philharmonic. Sous sa direc- Dudamel est porté par une profonde tion, l’orchestre a considérablement croyance en la puissance unificatrice accru la portée de ses initiatives locales de la musique. Il occupe actuellement avec des projets phares tels que le les fonctions de directeur musical de YOLA (Youth Orchestra Los Angeles), l’Orchestre Symphonique Simón Bolívar inspiré du célèbre El Sistema et de du Venezuela et de directeur musical et sa conception de la musique comme artistique du Los Angeles Philharmonic. facteur de progrès social. Directeur Cet artiste engagé imprime sa marque musical depuis dix-neuf ans du projet aussi bien sur les grandes scènes El Sistema au Venezuela, Gustavo internationales que dans les salles Dudamel reste attaché à sa vision de classe, les cinémas, sans oublier d’une musique capable de créer des les plates-formes numériques du ponts et de transformer les vies. Il monde entier. Gustavo Dudamel est défend l’association de la musique fréquemment invité aux côtés des et des arts, fondamentale selon lui meilleures formations internationales. dans l’éducation des jeunes du monde En 2017-2018, il sillonne l’Europe avec entier. Élargissant ses horizons, il a les Berliner Philharmoniker, et mène les travaillé à de nombreuses occasions Wiener Philharmoniker en tournée sur avec El Sistema Japon et l’Orchestre le continent américain. Cette saison Philharmonique des Jeunes de Sendai est également celle de son retour à suite au tsunami de 2011, et soutient l’opéra avec une nouvelle produc- activement des projets tels que Big tion de La Bohème de Puccini, qu’il Noise en Écosse, Superar à Vienne, dirige à l’Opéra national de Paris. En SerHacer à Boston et El Sistema Suède, 2017, Gustavo Dudamel a été le plus avec lequel il a lancé un Orchestre de jeune chef de l’histoire à diriger le l’Avenir rassemblant des jeunes des Concert du Nouvel An des Wiener cinq continents pour le concert des prix 21
Nobel en 2017. Les enregistrements, ouvrages de référence et découvertes les retransmissions et les innovations audacieuses. Que ce soit à Los Angeles numériques occupent une place essen- ou en tournée, l’orchestre – reconnu tielle dans son action en faveur de comme l’un des meilleurs au monde – l’accès universel à la musique. On lui joue un rôle moteur avec une program- doit la production indépendante d’un mation originale à l’image de son art et enregistrement Wagner disponible de ses convictions, interprétée dans le exclusivement en téléchargement, cadre traditionnel du concert comme d’une intégrale des symphonies de au sein de la collectivité. 2017-2018 Beethoven destiné à l’apprentissage marque la quatre-vingt-dix-neu- numérique ainsi qu’une retransmis- vième saison de l’orchestre. Chaque sion de deux ballets de Stravinski saison, plus de deux cent cinquante avec l’Orchestre Symphonique concerts sont donnés ou présentés par Simón Bolívar en coopération avec l’orchestre dans ses deux lieux emblé- le Digital Concert Hall des Berliner matiques que sont le Walt Disney Philharmoniker. Gustavo Dudamel s’est Concert Hall et le Hollywood Bowl. Au vu remettre le Cultural Achievement cours de la saison d’hiver, qui compte Award de l’Americas Society ainsi environ cent soixante-cinq concerts au que le prix Leonard Bernstein par la Walt Disney Concert Hall, l’orchestre Longy School of Music récompensant organise festivals, résidences d’artistes l’ensemble de sa carrière et ses efforts et autres programmes thématiques. de promotion de la musique dans la L’engagement de l’ensemble envers le société. Nommé Musicien de l’année répertoire contemporain y est évident, 2013 par Musical America, il a égale- que ce soit dans sa passionnante série ment été cité dans le Hall of Fame du Green Umbrella ou à l’occasion de Gramophone. La Fondation Gustavo ses nombreuses commandes. Depuis Dudamel a été créée en 2012 dans 2003, le Los Angeles Philharmonic a le but de promouvoir le droit d’accès pour résidence le Walt Disney Concert à la musique comme un droit de Hall. L’engagement de l’orchestre l’homme, véritable catalyseur d’appren- envers la ville de Los Angeles dépasse tissage, d’intégration et de change- le cadre traditionnel du concert et ment social (gustavodudamel.com et vise les écoles, les églises et d’autres dudamelfoundation.org). centres de proximité au sein de cette communauté vaste et diverse. Parmi Los Angeles Philharmonic ses nombreuses réalisations éduca- Sous la direction passionnée de son tives, citons le Youth Orchestra Los directeur musical et artistique Gustavo Angeles, inspiré d’El Sistema. Avec Dudamel, le Los Angeles Philharmonic le YOLA, le Los Angeles Philharmonic défend un répertoire foisonnant mêlant et ses partenaires locaux organisent 22
un prêt d’instruments ainsi qu’un Beinum (1956-1959), Zubin Mehta programme intensif de cours et de (1962-1978), Carlo Maria Giulini (1978- soutien à l’intention de près de huit 1984), André Previn (1985-1989), cents étudiants de milieux défavo- Esa-Pekka Salonen (1992-2009) et, risés, leur permettant grâce à un depuis 2009, Gustavo Dudamel. suivi de plusieurs années d’entrer au collège et de devenir des citoyens, Directeur musical et artistique dirigeants et acteurs du changement (Walt and Lilly Disney Chair) à part entière. L’orchestre se produit Gustavo Dudamel également en tournée, régulièrement invité à New York, Paris et Tokyo. Le Chef lauréat Los Angeles Philharmonic a été associé Esa-Pekka Salonen international du Barbican Centre de Londres depuis 2009. La première Principal chef invité (Ann Ronus Chair) tournée de l’ensemble date de 1921, Susanna Mälkki et l’organisation de tournées annuelles de la saison 1969-1970. L’orchestre Chef assistant propose un vaste catalogue de Paolo Bortolameolli concerts disponibles en ligne, dont le premier concert classique complet Creative Chair paru en vidéo sur iTunes. En 2017, le John Adams Los Angeles Philharmonic et son chef lauréat, Esa-Pekka Salonen, ont été Violons I nominés pour le Grammy Award de la Martin Chalifour (Principal meilleure compilation classique pour Concertmaster, Marjorie Connell leur enregistrement en direct des 200 Wilson Chair) Motels de Frank Zappa. Le Los Angeles Nathan Cole (First Associate Philharmonic a été fondé en 1919 par Concertmaster, Ernest Fleischmann William Andrews Clark Jr, millionnaire Chair) et musicien amateur qui a ainsi donné à Bing Wang (Associate Concertmaster, la ville son premier orchestre sympho- Barbara and Jay Rasulo Chair) nique permanent. Son premier direc- Akiko Tarumoto (Assistant teur musical, Walter Henry Rothwell, Concertmaster, Philharmonic a conservé ce poste jusqu’en 1927. Affiliates Chair) Lui ont succédé dix chefs d’orchestre Michele Bovyer de renom : Georg Schnéevoigt (1927- 1929), Artur Rodziński (1929-1933), Rochelle Abramson Otto Klemperer (1933-1939), Alfred Camille Avellano (Margaret Wallenstein (1943-1956), Eduard van and Jerrold L. Eberhardt Chair) 23
Mark Baranov Altos Minyoung Chang (I.H. Albert NN (Principal, John Connell Chair) Sutnick Chair) Dale Hikawa Silverman Miika Gregg (Associate Principal) Vijay Gupta (Mark Houston Dalzell Ben Ullery (Assistant Principal) and James Dao-Dalzell Chair) Dana Lawson Mischa Lefkowitz Edith Markman Richard Elegino Mitchell Newman John Hayhurst Rebecca Reale Ingrid Hutman Stacy Wetzel Michael Larco Hui Liu Violons II Meredith Snow Lyndon Johnston Taylor (Principal, Leticia Oaks Strong Dorothy Rossel Lay Chair) Minor L. Wetzel Mark Kashper (Associate Principal) Kristine Whitson Violoncelles Johnny Lee Robert deMaine (Principal, Bram and Elaine Goldsmith Chair) Dale Breidenthal Ben Hong (Associate Principal, Ingrid Chun Sadie and Norman Lee Chair) Jin-Shan Dai Dahae Kim (Assistant Principal) Tianyun Jia Jonathan Karoly Chao-Hua Jin Nickolai Kurganov David Garrett Guido Lamell Barry Gold Varty Manouelian Jason Lippmann Yun Tang Gloria Lum (Linda and Maynard Michelle Tseng Brittan Chair) Suli Xue Tao Ni Serge Oskotsky Brent Samuel 24
Contrebasses Clarinettes Dennis Trembly (Principal) Boris Allakhverdyan (Principal, Christopher Hanulik (Principal) Michele and Dudley Rauch Chair) Oscar M. Meza (Assistant Principal) Burt Hara (Associate Principal) David Allen Moore Andrew Lowy David Howard Ted Botsford Jack Cousin Clarinette en mi bémol Jory Herman Andrew Lowy Brian Johnson Peter Rofé Clarinette basse David Howard Flûtes Denis Bouriakov (Principal, Virginia Bassons and Henry Mancini Chair) Whitney Crockett (Principal) Catherine Ransom Karoly (Associate Shawn Mouser (Associate Principal) Principal, Mr. and Mrs. H. Russell Michele Grego Smith Chair) Elise Shope Henry Contrebasson (Mari L. Danihel Chair) NN Sarah Jackson Cors Piccolo Andrew Bain (Principal, Sarah Jackson John Cecil Bessell Chair) NN (Associate Principal) Hautbois Gregory Roosa NN (Principal) Amy Jo Rhine (Loring Charitable Marion Arthur Kuszyk Trust Chair) (Associate Principal) Brian Drake (Reese and Doris Anne Marie Gabriele Gothie Chair) Licences E.S. 1-1083294, 1-1041550, 2-1041546, 3-1041547 - Imprimeur :Impro Carolyn Hove Ethan Bearman (Assistant, Bud and Barbara Hellman Chair) Cor anglais Carolyn Hove 25
Trompettes Thomas Hooten (Principal, M. David and Diane Paul Chair) James Wilt (Associate Principal, Nancy and Donald de Brier Chair) Christopher Still (Ronald and Valerie Sugar Chair) Trombones David Rejano Cantero (Principal) James Miller (Associate Principal, Judith and Thomas L. Beckmen Chair) Trombone basse John Lofton Tuba Norman Pearson Timbales Joseph Pereira (Principal, Cecilia and Dudley Rauch Chair) Percussions Matthew Howard (Principal) James Babor Perry Dreiman Claviers Joanne Pearce Martin (Katharine Bixby Hotchkis Chair) Harpe Lou Anne Neill 26
P H I L H A R M O N I E D E PA R I S SAISON 2018-19 Orchestres internationaux. Biennale 11 - 21 janvier ORCHESTRE DE PARIS / DANIEL HARDING STAATSKAPELLE BERLIN / DANIEL BARENBOIM BOSTON SYMPHONY ORCHESTRA / ANDRIS NELSONS ORCHESTRE DU MARIINSKY / VALERY GERGIEV LONDON SYMPHONY ORCHESTRA / SIMON RATTLE / FRANÇOIS -XAVIER ROTH / BERNAND HAITINK GEWANDHAUSORCHESTER LEIPZIG / ANDRIS NELSONS FILARMONICA DELLA SCALA / RICCARDO CHAILLY BERLINER PHILHARMONIKER / YANNICK NÉZET-SÉGUIN ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL / KENT NAGANO AVEC LE SOUTIEN DE LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE Photo : © Ava du Parc Réservez dès maintenant 01 44 84 44 84 - PHILHARMONIEDEPARIS.FR 27
LES ÉDITIONS DE LA PHILHARMONIE LE MUSÉE IMAGINAIRE DES ŒUVRES MUSICALES LYDIA GOEHR Traduit de l’anglais par Christophe Jaquet avec la collaboration de Claire Martinet Qui, de nos jours, contesterait que les symphonies de Beethoven, les concertos de Schumann et les sonates de Schubert sont des œuvres musicales ? L’on découvre pourtant dans cet ouvrage que penser la musique en termes d’œuvres ne va pas de soi : il n’en a pas toujours été ainsi, et le concept d’œuvre lui-même varie au gré des époques. Cette enquête sur les origines de notre « musée imaginaire des œuvres musicales » retrace les développements esthétiques, musicaux, politiques et sociaux qui, à partir de la fin du XVIIIe siècle, ont contribué à sa formation, puis à son institution. Pour répondre aux interrogations modernes sur la nature et les implications de la production d’œuvres dans le champ musical, Lydia Goehr revendique un concept d’œuvre ouvert, historique, immanent aux pratiques elles-mêmes. Il s’étend alors aux formes contemporaines de la musique désormais intégrées dans notre « musée », comme celles de John Cage, en rébellion contre l’œuvre, et jusqu’aux genres tenus pour populaires, comme le jazz. Philosophe reconnue internationalement pour ses travaux en esthétique, Lydia Goehr est professeure à Columbia University (New York). Elle est également l’auteure de Politique de l’autonomie musicale : essais philosophiques (La rue musicale, 2016). Collection Esthétique • 576 pages • 12 x 17 cm • 16,90 € ���� 979�10�9�6�2�2��5 • �����E� 201� © Brigitte Dannehl / Beethoven Haus Bonn La rue musicale est un « projet » qui dépasse le cadre de la simple collection d’ouvrages. Il s’inscrit dans l’ambition générale de la Philharmonie de Paris d’établir des passerelles entre différents niveaux de discours et de représentation, afin d’accompagner une compréhension renouvelée des usages de la musique. 28
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