MOBILITÉS ! Appel à une concertation générale - n 10 - Fondation Mines-Télécom
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MOBILITÉS !
Appel à une concertation générale
n ° 10
Cahie
r
Les cahiers de veille de la Fondation Mines-Télécom // Cahier n°10
ÉDITORIAL Juin 2018
SOMMAIRE
Avec le décret du 28 mars 2018 relatif à l’expérimentation des
véhicules à délégation de conduite sur les voies publiques, la
3. Retrouver les sens de la mobilité
De « plus de mobilité » à « mieux de mobilité »
France s’est dotée d’un cadre législatif ouvrant la voie à des Partager autrement l’espace dédié aux transports
véhicules autonomes, dits de niveau 4, pouvant se déplacer
Repenser l’espace public pour un modèle vertueux
sans le contrôle d’un humain. Ce sera sans doute, d’ici vingt
Une nécessaire pédagogie de la transition
ans, un paysage familier. Connectés et utilisant des énergies
décarbonnées, ces véhicules offrent la perspective d’une Simplifier et retrouver les gestes de la mobilité
expérience de transport repensée, avec des temps mieux Bouger, ce n’est pas si simple !
utilisés et plus de sécurité. La marche comme vecteur de connexion
La mobilité à l’heure des transitions
S’ils sont porteurs de grandes promesses, les véhicules La technologie ne peut pas tout faire
autonomes ne devront pas masquer le développement
Quand la smart city ne fait plus rêver
complémentaire des mobilités douces comme la marche ou
le vélo. Ces nouvelles mobilités nécessitent l’adaptation des
infrastructures, et leurs impacts sur la société iront bien au-delà
du monde des transports. La période qui s’ouvre nécessite – et
cela est valable pour toutes les modalités de transport – un
grand soin sur le design et l’acceptabilité, et une pédagogie
9. Mobilisation générale !
Alliances inédites et gouvernance équilibrée
constante pour modifier nos comportements. Une chaîne de services
MaaS : pour une mobilité servicielle
Parler des mobilités aujourd’hui, dans un contexte où plusieurs Les premiers pas d’un MaaS
transitions – énergétiques, écologiques, numériques… – Utiliser les données de mobilité
s’effectuent simultanément, c’est tout autant s’intéresser Exemple d’un territoire en mouvement :
aux déplacements des personnes qu’à celui des biens, à
celui des connaissances, à la mobilité professionnelle, aux
le plateau de Saclay
équilibres entre villes et campagne, aux longues distances Méthodologies pour une réflexion
comme au dernier kilomètre, et à la nécessaire inclusion. et une action collectives
Réfléchir aux mobilités convoque de nombreuses disciplines, Une mobilité inclusive nécessaire
bien représentées dans les écoles de l’IMT, certaines comme La mobilité génère les formes urbaines
la philosophie ou l’urbanisme ayant aussi des choses à nous Vers un nouveau concept de ville
dire. Enfin, la multiplicité des acteurs et leur agilité obligent
les pouvoirs publics à réinvestir leur rôle de régulateur et de
La mutation par les modèles économiques
coordinateur des initiatives. Co-construire et agir de manière
concertée avec l’ensemble des parties prenantes est une des
clés essentielles pour réussir l’évolution des mobilités.
Ce cahier de veille est le 10e. Comme le premier sur la
22. Les moteurs d’une mobilité
repensée
géolocalisation, puis ceux sur les objets connectés, sur les Identifier des clés de transformation
données massives ou sur les systèmes d’intelligence artificielle, Des comportements modifiés
toutes technologies au cœur des nouvelles mobilités, il offre Par des lois plus fortement incitatives
un aperçu des travaux des enseignants-chercheurs des
Grâce à la confiance assurée
écoles de l’IMT, des startups accompagnées par ces écoles,
et des projets des partenaires de la Fondation Mines-Télécom. Par les flux logistiques réinventés
Je vous en souhaite une excellente lecture. Grâce à des offres plus flexibles
Des technologies de fond adaptatives
Infrastructures de 5e génération
Virginie Maillard À l’heure des grandes décisions
Présidente du Conseil scientifique de l’IMT
Vice-présidente Recherche et
Stratégie du groupe Renault
Page de couverture : « L’Homme qui marche », Auguste Rodin, 1907, Bronze
Les cahiers de veille de la
Fondation Mines-Télécom
Retrouver les sens
de la mobilité
lors d’une intervention d’un matin d’épisode neigeux
début 2018. « Quand il faut déneiger les routes, la
consigne est de ne pas prendre son véhicule per-
sonnel et de préférer les transports en commun, or
justement… il n’y a pas de bus », et chacun de se
Souhaiter se déplacer plus loin que ne le permet sa débrouiller pour imaginer sa solution appropriée.
propre endurance et que ne le nécessitent ses besoins D’autres épisodes, comme des grèves, des blo-
vitaux est une des caractéristiques du genre humain. cages, ou moins courant tout de même, des érup-
Poussé par l’appel d’un ailleurs, la mobilité évoque tions volcaniques, sont autant de crises qui montrent
les promenades et les voyages, les conquêtes et le les difficultés – conjoncturelles et structurelles – à se
commerce, les migrations et l’exploration spatiale. Le déplacer et les limites à repousser. C’est cependant
besoin de bouger, bien au-delà des bienfaits apportés dans ces occasions que se développent et s’expéri-
à sa santé, c’est également celui d’aller concrètement mentent de nouvelles mobilités (covoiturage, vélo…).
au contact de l’autre, pour y exercer et ressentir sa
présence physique, et partager des expériences en De « plus de mobilité » à « mieux de mobilité »
mode incarné. Avec l’élargissement récent de nos
liens sociaux, au moins pour une grande part d’entre Comme dans les années 1850-60 où les compagnies
nous, se rejoignent l’accès démocratisé à la mobilité de transport parisiennes, fusionnées par les autorités
et l’envie de rencontres. de l’époque pour mieux organiser le transport
public de passagers, et motivées par les évolutions
Cependant, et suivant en cela une conscientisation technologiques, expérimentaient de nombreuses
générale des enjeux planétaires, les coûts écologiques techniques (omnibus, tramway… avec des
et énergétiques de la mobilité apparaissent de plus propulsions à vapeur, électriques, par air comprimé…)
en plus flagrants et fragilisants. La perte de temps « nous assistons aujourd’hui à des phénomènes
dans les transports, conséquence de la congestion, de rupture fondamentale des mobilités », relève
et de distances à parcourir quotidiennement toujours Stéphane Kirkland (Arcadis), qui accompagnent des
plus grandes, est un autre équilibre rompu en raison changements technologiques ou politiques majeurs.
de ce besoin et cette possibilité de plus de mobilité. « Nous sommes en train de sortir d’une parenthèse
Et même avec les meilleures intentions, comme historique », celle de l’omni-présence jusqu’à la
essayent par exemple de le construire les acteurs du saturation du véhicule à propulsion thermique,
tourisme durable, pouvoir voyager plus souvent, plus et décider de s’en libérer permet de reprendre la
loin, et plus nombreux provoque un effet rebond* qui question essentielle : pour quelle raison se déplace-t-
éloigne les effets vertueux de la mobilité. on ? Afin d’obtenir ce mieux de mobilité, l’heure n’est
plus à la tergiversation, mais à l’action, qui passe
Se déplacer quotidiennement s’accompagne de son par l’expérimentation agile, la simplification des
lot de contradictions et d’injonctions paradoxales, le expériences, l’incitation à changer ses habitudes, et
soulignait avec malice Ghislain Delabie* (OuiShare) la régulation adaptée.
* retrouvez les contributeurs et contributrices
ainsi que les mots du lexique page
2—3
Face à la saturation des axes routiers riode. Certains auraient cependant ac-
Partager autrement comme des centres-ville, le tout-voiture cepté de la parquer au loin, en gardant
et l’autosolisme sont les adversaires dé- la possibilité de l’utiliser éventuellement.
l’espace dédié aux signés. L’empreinte des véhicules per-
sonnels sur l’espace public n’est plus Un des enseignements de cette expé-
transports soutenable, tant pour les parkings qu’ils rience est que tout le monde n’est pas
nécessitent que pour les voies qu’ils mul- égal devant les choix de mobilités, et les
tiplient. Parmi les incitations à réduire le trajectoires individuelles dans une dyna-
nombre de ces véhicules se trouvent le mique de transition vers de nouvelles
covoiturage (plus de personnes trans- mobilités peuvent ne pas avoir de sens,
portées) et l’autopartage (moins de vé- ou conduire à plus de chaos, si elles ne
hicules mobilisés), l’aménagement de sont pas guidées un minimum. Des pro-
voies dédiées à des usages raisonnés grès peuvent également être masqués
plus de ⅔
et la fermeture de voies pour les rendre par un effet rebond (par exemple, une
aux mobilités actives, ou encore la créa- libération des voies par plus de covoi-
tion de parking-relais vers les transports turage pourrait attirer de nouveaux vé-
des déplacements domicile-travail de publics en périphérie des villes. hicules et gommer l’effet positif initial)
moins de 5 kilomètres sont encore et cette période de transition peut être
effectués en voiture en France Mais toutes ces pistes ne font pas aban- source de frictions avec les autres usa-
donner pour autant complètement l’au- gers de l’espace public de transport.
tomobile, notamment pour des raisons
de praticité perçue. Une expérience me- Ainsi en est-il en France de l’utilisa-
née en 2017 à Copenhague a proposé tion du vélo. Les témoignages sont à
ainsi pendant trois mois aux habitants présent quotidiens sur les réseaux so-
moins de 3% de quartiers-test de laisser leur voiture
au garage pour tester d’autres moyens
ciaux – suivre par exemple le mot-clé
#velotaf – de cyclistes démontrant les in-
c’est la part modale du vélo en France, de transport, avec des incitations finan- civilités routières dont ils sont l’objet, ou
contre 26% aux Pays-Bas, 19% au cières à la clé. Pour autant, et même si l’absurdité de certaines zones de mixité
Danemark et 10% en Allemagne l’expérience leur a permis de mieux ap- de trafic qui ruinent par leur disconti-
préhender d’autres moyens de mobilité, nuité les avantages à passer à ce mode
et s’est avérée également positive en de transport. Le 21 avril 2018, 200 par-
terme de réaménagement des espaces lementaires français, regrettant « vingt
Chiffres Ministère de la transition de la rue, très peu ont effectivement ans de retard par rapport à d’autres pays
écologique et solidaire – 2017 abandonné leur voiture toute cette pé- européens » appelaient de leurs vœux
De l’inspiration à l’action
La Mobilité est un sujet qui fait couler beaucoup d’encre. Des usages qui importent. Si en revanche les mots qui reviennent
études, des rapports, des retours d’expérience ou de visites sont connectée, autonome, augmentée, et décarbonnée,
sur le terrain, des expérimentations en cours ou des chartes électrique, durable, ce sont les technologies qui priment.
nourrissent la réflexion et permettent l’action.
Avec le transfert aux régions au titre de la loi NOTRe de la
Plusieurs rapports sont parus à l’occasion des Assises de compétence en matière de transports dans leur globalité en
la Mobilité fin 2017 en France. Citons le rapport Duron du 2017, des initiatives comme Bretagne Mobilité Augmentée
Conseil d’orientation des infrastructures « Mobilités du quoti- (page ) mènent des travaux à cet échelon. La charte de
dien : répondre aux urgences et préparer l’avenir » ou le rap- mobilités « Pour une mobilité fluide, raisonnée et régulée » de
port Spinetta « Avenir du transport ferroviaire ». La lecture de l’agglomération bordelaise (janvier 2015), ou la concertation
ces rapports, et celle d’actes de colloques, est instructive pour actuelle réunissant trois agglomérations du plateau de Saclay
le fond et le débat – des constats aux recommandations – qu’ils (pages -) fournissent des points de vue à une échelle où
apportent, mais également pour le champ sémantique qu’ils les interactions locales sont primordiales. Enfin, les expé-
adoptent (voir page ). Quand la mobilité y est décrite en riences de pays d’Europe du Nord sont souvent citées comme
terme de modalités ou de sa nécessaire flexibilité, ce sont les ayant défriché le terrain de manière inventive.
Les cahiers de veille de la
Fondation Mines-Télécom
du voisinage. « Inciter ou obliger au
stationnement sur les zones prévues à
cet effet, par géolocalisation de haute
un Plan Vélo précision (de type Galileo) » peut se
et notamment le faire dès maintenant en profitant des
« déploiement de données cartographiées de la ville, le
voies cyclables » qui, plus souvent en open data.
avec un vocabulaire em-
prunté aux télécoms, « résor- Et là où l’incitation ne suffit pas, la coer-
bera des ‘zones blanches’ de cition prendrait le pas, car le bon usage
la mobilité ». C’est du reste sur le des Communs est l’affaire de tous.
dernier, ou le premier, kilomètre que « Demander aux opérateurs de déve-
le vélo a une carte à jouer. lopper un accès API pour sanctionner
les usagers qui garent mal leur vélo »,
Repenser l’espace public pour un qui serait activable par toute personne
►des mobilités plus propres
modèle vertueux constatant un abus, participerait d’une
prise de conscience commune des
À lire : rapport d’expérience « New mobility L’année 2017 a ainsi vu émerger en bonnes pratiques à mettre en œuvre et
flexible transport and liveable streets », région France, à l’instar d’autres pays, et quelle à respecter.
de Copenhague, septembre 2017, [PDF] que soit leur culture cycliste initiale, des
https://goo.gl/mrHXZN services de vélos en free floating, c’est- Une nécessaire pédagogie de la
à-dire ne nécessitant pas de base fixe transition
À découvrir : Streetmix, une application web entre deux utilisations. Le vandalisme
pour redessiner les espaces de sa ville. ou les incivilités dont certains ont fait Car, si l’usage particulièrement dévelop-
https://streetmix.net/ l’objet, et le retrait de certaines de ces pé du vélo en Europe du Nord est sou-
offres, masquent une réalité. « Les vent mis en avant, cette réussite n’est
vélos en libre service sont là, et pour pas simplement le résultat d’une culture
longtemps, car ils répondent assez du vélo, elle découle de l’existence et la
bien à un certain nombre de besoins du recherche du respect de règles.
dernier kilomètre », explique Romain
Beaucher (VraimentVraiment), qui pose Celles-ci s’élaborent et s’apprennent
comme hypothèse que « ces vélos ont ensemble d’autant mieux qu’elles ont
juste réveillé et exacerbé les problèmes une empreinte visible et repérable dans
d’occupation de l’espace public. » l’espace public. Ainsi, « tester des nou-
veaux types de mobilier pour densifier
Profitons justement de l’occasion pour le parking des vélos (libre-service ou
repenser cet espace public . Et comme personnels) », contribue à inviter les
il n’y a pas de solution sur étagère cyclistes à garer leur vélo de manière
« La rareté des espaces toute faite, place à l’expérimentation, plus dense et raisonnée. Dessiner au
publics nécessite d’être ce que la période transitoire actuelle sol ou utiliser des revêtements de cou-
permet encore, avant que la nécessaire leurs ou de type différents pour marquer
innovant et imaginatif pour régulation affronte des monopoles et les différents usages de la voirie permet
replacer les usagers les moins usages établis. Au sein de son agence non seulement de les matérialiser et de
consommateurs d’espace et de design des politiques publiques les identifier, mais également de les ins-
ont ainsi été élaborées et maquettées crire durablement dans le paysage des
les moins polluants (transports plusieurs idées pour fluidifier la partition possibles. Cette manière de voir pour-
collectifs et modes actifs) de l’espace public par, et pour des rait faciliter une évolution de la voirie
au cœur de la rue. » acteurs différents. Augmenter les en bandes de service, orientées vers
zones de parkings pour vélos dans les véhicules et les énergies les plus
in « Vers des mobilités durables, intelligentes et les interstices de l’espace public sous- durables (services de mobilité partagés,
optimisées à l’horizon 2030 en Île-de-France » utilisés et hors flux contribuerait à covoiturage, bornes de rechargement
responsabiliser les usagers du trottoir pour les véhicules propres, aires de
en profitant de l’expertise des habitants logistique…).
4—5
Il n’y aura cependant pas de pédagogie Pour le train, par exemple, est facile ce
Simplifier et retrouver réussie de la mobilité si les nouveaux qui est défini : une origine et une desti-
services et les nouveaux usages nation avec des horaires de départ et (a
les gestes de la mobilité viennent avec leur lot de complications priori) d’arrivée établis. « Ce qui est com-
supplémentaires. Par exemple, il pliqué, c’est constituer son trajet de bout
n’est pas raisonnable de devoir se en bout », de sa véritable origine à sa
lier à un service de vélos urbains en destination réelle. Comment optimiser
devant fournir des documents papier. les moments de rupture de charge, et
Recette pour reprendre le vélo À l’inverse, proposer un tel service surtout, comment gérer l’inconnu, cer-
numérique et immédiat est un atout tainement une des plus grandes difficul-
3mn pour aller chercher de nouveaux
cyclistes, mais également des visiteurs
tés de la mobilité ? La prévisibilité – sa-
voir à quoi s’attendre – est dès lors un
pour s’abonner avec un smartphone
qui ne connaissent pas la ville mais des principaux leviers réintroduisant de
1mn reconnaissent le service rendu pour
l’avoir vu ailleurs. Dès lors, comment la
la facilité dans un système de transports
complexe. Elle est rendue possible par
pour déverrouiller un vélo mobilité peut-elle rimer avec simplicité ? des systèmes d’information voyageur
Et le doit-elle ? globaux permettant la personnalisation.
possibilité
de réserver le vélo Bouger, ce n’est pas si simple ! Nous pourrions dire également : « faire
simple, ce n’est pas si simple ». Car
de le garer où on veut
Revenons aux besoins de se déplacer, et quelle simplicité vise-t-on au juste ? Et
constatons qu’une autre caractéristique doit-on toujours viser la simplification ?
du genre humain est le temps mis à
maîtriser nos moyens de déplacement. La simplicité peut découler à la fois de la
Loin d’être instinctive et immédiate, la non-complexité (peu de parties connec-
marche s’acquiert après de longs mois tées entre elles), une propriété objec-
d’expériences diverses. Rares sont les tive, « quantity-simple » dit le designer
enfants qui apprennent à tenir en selle Per Mollerup dans un ouvrage récent, et
sans les petites roues, ou savent nager du non-compliqué (quand cela est « fa-
à leur première mise à l’eau. Et plus tard cile à comprendre »), une propriété sub-
encore, apprendre à se déplacer est le jective, « quality-simple ». Cette notion
fruit d’un long processus. de simplicité prend également un sens
différent pour les personnes, selon le
« Faire du vélo en ville, cela s’apprend », moment de son constat, entre simplicité
note ainsi Maguelonne Chandesris immédiate et simplicité différée (après
(SNCF), pour qui cet apprentissage est apprentissage). Enfin, il faut se garder
une première étape pour rendre facile de trop simplifier, au risque de perdre en
un processus de mobilité, étape d’une route des éléments de contexte porteurs
stratégie pour passer du compliqué au de sens. Le designer américain Donald
facile. La suite consiste à structurer l’es- Norman estime que l’on peut vivre avec
pace (les routes, les voies réservées…), la complexité, qui reflète celle de nos
Du 14 au 17 mars 2018 s’est à le rendre signifiant (par les panneaux, vies, tant qu’un bon design permet de la
tenue à Rennes la première les formes, les couleurs, le mobilier…), domestiquer, et tant que chacun fait sa
édition de inOut, le rendez-vous puis à y adjoindre des processus d’auto- part pour apprendre et pratiquer.
des mobilités numériques. matisation (du bouton start pour démar-
rer plutôt que la manivelle à tourner, Plutôt que la quête de la simplicité, si l’on
À cette occasion, durant la partie « In » de aux véhicules autonomes qui seraient n’en explicite pas les significations, c’est
cet événement, destinée aux professionnels, l’étape ultime…). Pour chaque modalité la recherche du confort d’usage qui doit
la Fondation Mines-Télécom a proposé deux de mobilité, il convient d’identifier sur primer. « Pour simplifier en qualité, il faut
ateliers. Le premier, sur la place des femmes ces quatre étapes le niveau de simpli- faciliter l’usage et le rendre confortable
dans les transports publics, est relaté page . cité atteint. Et l’interconnexion de ces émotionnellement parlant », a relevé la
Le second, réunissant trois intervenant·es modalités en multimodalités ne doit pas chercheuse Béatrice Cahour (Télécom
autour de la question « Et si mobilité rimait sacrifier la facilité à la complexité. ParisTech) à travers plusieurs études.
avec simplicité ? » est développé ici.
https://www.inout2018.com/
Les cahiers de veille de la
Fondation Mines-Télécom
Les difficultés et les freins rencontrés de l’autonomie en général, et les diffé- viendrons page sur les spécificités de
dans les pratiques de mobilité sont prin- rentes phases d’apprentissage de la do- la marche pour les personnes âgées.
cipalement la conséquence de sources mestication d’un véhicule au comporte- Mais, sur cette mobilité la plus douce
d’inconfort, différentes selon le type de ment encore inconnu. Dans un second n’y a-t-il pas un effort à faire par tous ?
transport (émotions, anxiétés, stress). temps sont examinés les usages liés
aux instruments du véhicule : les instru- La marche comme vecteur de
Dans une étude exploratoire conduite ments prospectifs nécessaires à la pla- connexion
en 2010 avec Renault sur le confort de nification d’un trajet, les instruments ré-
conduite, la chercheuse a étudié deux flexifs (jauges de batterie, économètre, Quoi de plus simple a priori que la
groupes de personnes, entre 67 et 87 indicateur du nombre de kilomètres marche, et pourtant, peut-on la réinven-
ans, et entre 30 et 35 ans, à Paris. restants) miroirs de la situation actuelle, ter ? Là encore, il s’agit de reprendre
Avec l’âge, l’acuité visuelle périphérique et les instruments réflexifs synthétiques l’expérience du premier et du dernier ki-
et dynamique se trouve diminuée, et qui permettent à l’utilisateur de lier sa lomètre, et comme pour le vélo, l’heure
des problèmes d’attention sélective et consommation énergétique globale est à nouveau à l’expérimentation
d’attention divisée se présentent. Les avec son style de conduite. Enfin, un
verbatims des sujets âgés racontent exercice d’ergonomie prospective est Chez Transdev, Claire Poursin estime
leur malaise devant un trop plein d’in- effectué : forts de leurs deux semaines qu’il faut faire de la marche une expé-
formations à gérer. Cette surcharge d’expérience, les sujets étaient confron- rience à part entière. « La marche est à
attentionnelle entraîne peur et doute tés à deux prototypes développés par le la mode aujourd’hui, elle permet d’apai-
paralysant l’action, ainsi que des anti- service d’Ergonomie Cognitive & IHM ser les villes et d’optimiser les réseaux
cipations négatives et une focalisation de Renault. Cette « projection créative de transport », et les reconfigurer en uti-
sur les sources anxiogènes. Dès lors, la guidée par l’expérience d’usage et par lisant la marche comme un des axes.
recherche d’information pour anticiper des prototypes » a permis aux sujets de Sans forcer en disant « c’est bon pour
les trajectoires et identifier les intentions mieux préciser leurs attentes et d’imagi- la santé », il est possible de donner en-
des autres conducteurs se fait moindre. ner des services futurs. vie de marcher « autrement », être ac-
Ajouter des systèmes d’aide coûteux en teur de son territoire tout en marchant,
attention n’apporterait aucun avantage, L’ergonomie s’est penchée depuis jusqu’à emprunter des parcours que
bien au contraire. longtemps sur les sources de confort l’on ne soupçonnait pas. À l’intérieur
et d’inconfort psychologiques dans les des petites villes, on cherche à démon-
Dans ce contexte, les personnes âgées transports. Lors de travaux publiés en trer que tout est marchable à 10-15mn,
seront-elles à l’aise avec les voitures 2017 et financés par l’institut VEDE- même si marcher n’est pas toujours
acquérant de l’autonomie ? Car celles- COM, Béatrice Cahour et ses collègues commode et qu’il y a des distances qui
ci ne seront pas immédiatement entiè- ont mené des entretiens d’explicitation paraissent infinies.
rement autonomes et nécessiteront de qui ont permis de mettre en évidence
pouvoir être reprises en main à tout deux nouvelles sources de confort et Pour redonner l’envie de la marche,
moment. Pour anticiper ce type de d’inconfort psychologiques ( les am- Transdev a ainsi expérimenté en mode
considérations, Béatrice Cahour et ses biances sensorielles et la disponibi- agile des signalétiques murales et mo-
collègues ont développé une méthodo- lité des informations, qui complètent les biliers urbains et observé leur utilisation
logie fondée sur une approche ergono- normes personnelles et l’image sociale, selon leur emplacement, ainsi que des
mique prospective ancrée dans l’expé- les interactions sociales, le rapport à marquages au sol pour indiquer les des-
rience vécue. Dans une étude de 2014 l’espace, le sentiment de sécurité, le tinations à moins de 10mn et guider pas
sur les premiers usages de la voiture contrôle du déplacement et la charge à pas les piétons vers les lieux d’attrac-
électrique, la chercheuse revient sur attentionnelle et multi-activité ), ainsi tivité, ou encore un gouvernail qui pi-
les craintes que cette dernière sus- que les sources et les modes les plus vote pour afficher sa carte telle que le
cite – son autonomie me mènera-t-elle représentés. Sont identifiés également chemin se présente devant
à bon port ? – et les changements de les ressorts mis en place par les sujets soi, et ainsi ancrer menta-
conduite qu’elle entraîne – pour y arri- pour faire face à l’inconfort, et les liens lement l’orientation.
ver, j’adapte ma conduite et la fait sortir entre le confort / inconfort psychologique
des modèles valables pour le moteur et le confort / inconfort physique.
thermique. L’étude, conduite auprès de
14 femmes et hommes et comportant L’ergonomie s’intéresse souvent aux
deux semaines de prêt d’un véhicule personnes ayant le plus de difficultés à
électrique, analyse les styles de gestion appréhender des situations, et nous re-
s e
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ne
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Startup à voir : « Un pas contre la sédentarité », Coaching Sport Santé a
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été incubée à IMT Atlantique. https://www.coaching-sport-sante.com/
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6—7
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▲ Repérez dans ce cahier les startups incubées à IMT
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ag
Im
Transition énergétique, transition écolo- d’une mobilité plus durable, pouvant
La mobilité à l’heure gique, transition numérique… la mobi- même constituer un facteur aggravant,
lité est traversée par ces grands enjeux car celles-ci ne permettent pas une opti-
des transitions dont elle est un des liants. Il n’est d’ail- misation des déplacements physiques.
leurs pas innocent que ce soit un des
acteurs émergents du transport qui ait Quand la smart city ne fait plus rêver
donné son nom à un principe reflétant
le bouleversement opéré au sein des fi- Cette remise en question de la perti-
Bibliographie & lières à l’ère numérique. Mais la solution nence du concept d’optimisation se
lectures complémentaires passe-t-elle principalement ou exclu- retrouve en filigrane de questionne-
sivement par des applications mobiles ments récents sur la smart city. Cette
Mollerup, P. (2015). « Simplicity: A matter of et des voitures connectées, puis auto- ville intelligente fantasmée, où l’individu
design. » Amsterdam, The Netherlands: BIS nomes ? Un autre discours se fait éga- n’est qu’une simple donnée gérée par
Publishers. lement entendre de plus en plus, celui algorithme, efface ce qui fait la richesse,
d’une remise en question d’une techno- l’histoire et l’identité d’un lieu partagé :
« Émotions, affects et confort comme
nouveaux déterminants de l’activité et de
science, dont la toute-puissance suppo- ses petits défauts, ses rues étroites, ses
l’usage », Béatrice Cahour, 2010, In G.Valléry, sée devrait inciter à la vigilance. murs vieillissants. Bardée de capteurs
M.Zouinar, MC. Leport (Eds) , « Ergonomie pour s’autogérer et se réparer, elle a la
des produits et des services médiatisés : La technologie ne peut pas tout faire capacité de tout observer, et donc de
nouveaux territoires, nouveaux enjeux », PUF. surveiller, donnant le sentiment d’être
Une première préoccupation avancée épié et faisant perdre l’envie de s’y dé-
« Véhicule électrique et gestion de son est le risque que de nouvelles fractures placer, d’y flâner et de s’y rassembler. Il
autonomie : une approche prospective s’établissent entre les populations à faut également se garder de ce que ces
ancrée dans l’expérience vécue. » C. Nguyen, l’aise avec les nouvelles mobilités et les villes, en s’inspirant les unes des autres,
B. Cahour, Revue Le Travail Humain/PUF,
autres. Le numérique peut s’avérer un dans une logique de rationalisation et de
2014, 77-1, p.63-89
obstacle à l’accès à des services pour globalisation, finissent par toutes se res-
« Sources de confort et d’inconfort de nombreuses personnes, pour des sembler et s’auto-répliquer. Car chaque
psychologique dans les transports : raisons d’accessibilité, de surchage co- ville est au cœur d’un territoire qui a ses
caractérisation basée sur l’expérience gnitive, de disponibilité au moment où propres spécificités, avec lequel elle a
utilisateur », Allinc A., Cahour B., on en a besoin, ou de coût. tissé et entretient des relations.
Burkhardt JM, Actes du Colloque EPIQUE
(Psychologie ergonomique), éditions Une deuxième interrogation concerne Les auteurs du rapport « Audacities »
ARPEGE, 24-26 juillet 2017, Dijon. l’empreinte écologique réelle du numé- paru en avril 2018 constatent que « le
rique. Elle n’est pas nouvelle et n’est concept de smart city n’est plus opé-
« 8 idées à tester pour réguler les vélos en
sans doute pas assez étudiée ni prise rant. » Leur exploration de plus d’un an
libre service (“free float”) et mieux partager
l’espace public », VraimentVraiment, en compte. Maître de conférences conclut que la ville numérique manque
7 mars 2018, https://goo.gl/NWs8kW à Institut Mines-Télécom Business de pilotage, les différents acteurs qui s’y
School et philosophe des sciences et installent agissent sans plan directeur
Livre Blanc « Vers des mobilités durables, techniques, Fabrice Flipo a questionné et sans réellement chercher les vertus
intelligentes et optimisées à l’horizon 2030 dans le rapport « Ecotic » paru en 2009 d’une optimisation. Les transports et
en Île-de-France », Forum métropolitain du le concept de « TIC verte ». Observant la mobilité sont les domaines les plus
Grand Paris, mars 2018, https://goo.gl/JPa7xK que des reports de responsabilités affectés. L’offre est foisonnante, elle est
s’opéraient déjà entre acteurs, et que parfois brouillonne et peut conduire à
Rapport ECOTIC, « Peut-on croire aux TIC
la convergence entre les différents pi- des incompréhensions et à des rejets.
vertes ? Technologies numériques et crise
environnementale. », Fabrice Flipo et.al.,
liers du développement durable n’avait
novembre 2009, https://goo.gl/ZTxHCX rien d’évidente, il a invité à réfléchir à Il n’est pas étonnant que, interrogés,
la consommation de sa « juste part de des citoyens proposent que soient
Rapport Audacities , « Innover et gouverner nature » et à penser « une modernité créées des « maisons de la mobilité »
dans la ville numérique réelle », Institut du [qui] ne se réduit pas à un tout numé- (page ), estimant que « la technologie
développement durable et des relations rique ». Dans son équipe, Javier Gomez sans adoption est inutile. » Alors, pour
internationales (Iddri) et Fondation Internet a montré par la suite que le déploiement donner du sens aux nouvelles mobilités,
Nouvelle Génération (Fing), des applications géolocalisées sur télé- l’acteur public est appelé pour mettre en
avril 2018, https://goo.gl/e2h99c phonie mobile n’allait pas dans le sens place une action concertée.
Les cahiers de veille de la
Fondation Mines-Télécom
Mobilisation générale !
impactée par le numérique et les usages collabora-
tifs. Entre 2014 et 2016, si les pratiques du covoi-
turage sont restés stables, l’autopartage et la glisse
urbaine ont vu leur usage doubler, et l’utilisation des
VTC tripler. 64% des français consultaient l’état du
trafic avant de prendre la route, et 61% estimaient
que les technologies avaient un impact sur leurs
types de déplacement. Cependant, les formes alter-
natives de transport à la voiture individuelle restaient
cantonnées au cœur des grands pôles urbains.
L’étape suivante consiste à convaincre au-delà des
primo-adoptants, en intégrant les offres de transport
des acteurs émergents dans le familier des offres de
masse. Ghislain Delabie, « mobility connector » chez
OuiShare, observe ainsi des alliances inédites se tis-
Devant la multiplicité des acteurs ayant un inté- sant entre acteurs de la nouvelle économie et collec-
rêt dans les transports – collectivités territoriales, tivités locales, qui contribuent à accélérer les muta-
transporteurs classiques, constructeurs, acteurs de tions : subvention par la ville de Summit (New Jersey)
l’Internet, startups, associations d’usagers, et leurs des courses Uber dans le cadre d’un programme
alliances inédites –, et celle des modes de transports pilote afin de réduire la demande de stationnement ;
et des espaces à partager, la nécessité d’une gou- subvention de 50 000 trajets de court-voiturage avec
vernance modernisée se pose. Elle s’impose d’au- la startup Karos par le département de l’Essonne…
tant plus que certains nouveaux entrants arrivent sur L’initiative prise par la région Île-de-France d’intégrer
le territoire avec une offre de mobilité qui se révèle les offres de covoiturage des startups présentes sur
être un Cheval de Troie pour décliner d’autres ser- son territoire dans l’application Vianavigo permet le
vices aux habitants. Dans un tel contexte, les pou- passage à une plus grande échelle encore. La mul-
voirs publics, s’ils veulent garder leurs prérogatives tiplicité des parties prenantes, le caractère particu-
sur la gestion de l’espace et des transports, doivent lièrement agile, innovant et évolutif des nouveaux
faire évoluer leur rôle de régulateur et de coordina- entrants, la nécessité d’écouter les demandes tout
teur de l’ensemble de ces services, tant publics que en préservant la cohérence et le caractère démo-
privés. Telle est la partition qui se joue actuellement. cratique de l’ensemble lient intimement innovation &
gouvernance. Les auteurs du rapport Audacities le
Alliances inédites et gouvernance équilibrée développent tout au long de leurs pages : « Notre ex-
ploration montre que l’innovation en soi, et le flou sur
L’observatoire des mobilités émergentes (ObSoCo et les contours de ce qu’est une ville numérique, désta-
Groupe Chronos, avec l’ADEME et SNCF) a montré bilisent et soulèvent des enjeux de gouvernance. » Et
en 2016 comment la mobilité se trouvait fortement pour les acteurs publics, « innover aujourd’hui c’est
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se mettre à l’abri de devoir contraindre il n’existe pas une solution MaaS
« Le plus important
demain.» Et dans certains cas, des ou- applicable en tout lieu, et certains ter-
problème de la tils de régulation sont nécessaires pour ritoires, comme les zones peu denses,
mobilité, ce n’est pas maintenir l’ordre et la sûreté publique, et nécessitent des approches spécifiques
éviter certaines externalités négatives encore peu étudiées. De manière géné-
la technologie, c’est
comme l’envahissement désordonné rale, le MaaS en est encore à un stade
la gouvernance, c’est des espaces publics en cœur dense précoce de son développement, avec
apprendre des autres et à des agglomérations par des services de nombreuses expérimentations en
de véhicule en free floating. L’octroi de cours. Deux visions principales se dé-
évoluer avec les autres. »
licences d’exploitation de ces services, gagent cependant aujourd’hui, d’après
entendu à inOut2018 à travers une délégation de l’autorité or- les observateurs : la première est foca-
ganisatrice de mobilité, pourrait se faire lisée sur les transports eux-mêmes, et
en incluant une charte d’engagements sur les infrastructures ; la seconde porte
de qualité de service, de transmission sur l’acte concret d’acheter des temps
de données et de respect de l’impact de mobilité dessus. Quatre niveaux
environnemental. sont concernés et identifiés : l’échelon
acteurs publics et réglementaire ; les
Une chaîne de services MaaS : pour une mobilité servicielle prestataires de services de transport et
de logistique (côté offre) ; les services
Abandonner sa voiture individuelle vo- de mobilité, agissant en tant qu’opéra-
lontairement n’est pas si facile, nous teur MaaS ; et les utilisateurs.
« MaaS ? make things dit l’expérience de Copenhague rela-
tée page . Il s’agit en effet d’un mode À cet égard, la métaphore du modèle
better ! » flexible, pour un à plusieurs passagers, à couches OSI, bien connue dans le
entendu à inOut2018 sur courtes et longues distance, dis- monde numérique, aide à visualiser l’as-
ponible plus ou moins en bas de chez semblage futur des services de mobili-
soi… La solution est envisageable dès té, comme le raconte l’expert Stéphane
lors que la mobilité n’est plus réduite Schultz dans une série de billets reliant
à la notion de mode de transport mais deux de ses sujets d’études, les pla-
étendue à tout une chaîne de services. teformes numériques et la mobilité.
Cela ne suffit cependant pas, la simple Intitulés « La mobilité est-elle soluble
présence de nouveaux services ne fait dans le numérique ? », l’auteur y montre
pas abandonner aux gens leur voiture, comment celle-ci est «grignotée » peu
ou changer leur manière de bouger. à peu par les plateformes numériques,
Pour en savoir plus sur le MaaS comme d’autres secteurs auparavant, à
Fusionner les outils d’information et de des rythmes cependant différents. Ces
« Vers un transport de MaaS », billettique de l’ensemble des services plateformes deviennent une alternative
Lab OuiShare x Chronos, mars 2017, [PDF] de mobilité existants, tant publics que crédible au transport de masse, elles
https://goo.gl/bKoTkX privés, permet au voyageur de se pro- font entrer dans le champ du désirable
jeter plus facilement dans une mobilité le véhicule électrique (Tesla), ou les vé-
« Séminaire MAAS », in Rapports des ateliers de sans véhicule individuel et lui offre une los en libre service. « Dans le champ du
l’innovation aux Assises de la mobilité 2017 expérience utilisateur fluidifiée. C’est désirable » et non pas « rendent dési-
https://www.assisesdelamobilite.gouv.fr/syntheses en tout cas une promesse de la mobi- rable », car de mauvaises expériences,
lité servicielle, connue sous l’acronyme individuelles ou collectives, peuvent
Discussion paper offering the perspective of Polis MaaS (Mobility as a Service) depuis encore provoquer le rejet. Pour y par-
member cities and regions on Mobility as a Ser- 2014. Tout le monde n’en a cependant venir, elles investissent les services de
vice, 2017 : https://www.polisnetwork.eu/MaaS pas la même définition. Comme pour les mobilité en arrivant « par le haut », côté
big data ou pour les intelligences artifi- voyageur, via son téléphone mobile et
cielles, voilà une notion dont la définition des services efficaces, disponibles,
évolue avec le temps, et qui en dit au- personnalisés. Cette maîtrise de la
tant sur elle-même que sur le niveau de couche supérieure va leur permettre
maturité, ou la place dans l’écosystème, de conquérir les trois sous-jacentes
de ceux qui la prononcent. Qui plus est, (ainsi que d’autres services non directe-
odales
és plus interm (suite page 12…)
►des mobilitLes cahiers de veille de la
Fondation Mines-Télécom
Les utilisateurs aussi sont partie prenante
Créée en 2014 et lancée à bilité en libre-service, c’est très cher, il
Paris en juin 2016, la startup faut beaucoup de véhicules pour qu’il y
Cityscoot a été pionnière dans en ait toujours un à proximité. ».
l’offre de scooters électriques en
libre-service. Son PDG et fondateur, Pour l’entrepreneur, ce sont des socié-
Bertrand Fleurose, revenait lors de tés privées qui doivent réaliser ce type
inOut2018 sur les principes qui font de services. Un appel d’offres public
pour lui la différence, et qui reflètent qui concevrait tout le produit ne sera
bien les alliances à mettre en place jamais assez agile. La relation avec la
entre acteurs privés et publics. ville réside « dans un partenariat pour
se développer harmonieusement », car
Première règle, « dans un projet de mo- il ne faut pas « arriver en pirate ». Une
bilité, tout doit être d’emblée extrême- charte d’utilisation de l’espace public
« Pour les collectivités, ment simple. La partie technologique doit être élaborée, avec des engage-
l’enjeu est d’organiser la sous-jacente doit rester invisible. Pour ments de part et d’autre. Une licence
autant, les choses qui ont l’air simple ne d’exploitation du service doit venir par
multimodalité à l’échelle de le sont pas. » Cas d’usage bien connu exemple avec l’assurance que des
la métropole, de la région… en scooter, quand il fait froid, il faut por- places de parking sont disponibles,
Pour les opérateurs de ter des gants. Il n’est donc pas ques- places que les clients sauront repérer
tion de sortir son smartphone, et un et utiliser. L’opérateur, qui ne déplore
transport, c’est faciliter l’accès clavier spécifique a été conçu pour ces ni vol ni vandalisme – « la technologie
à toutes les solutions de scooters. prévient le vandalisme » –, éduque et
mobilité mises à disposition, responsabilise en effet ses utilisateurs,
Deuxième enseignement, « encore notamment en pénalisant la prise de
développer l’usage, et plus que le service, ce qui est impor- passagers, qui représentent 80% de la
rendre plus performant le tant, c’est le client. » Et la seule chose source des accidents en scooter. C’est
système global. » qui importe pour le client en autopar- dans ces conditions que la mobilité mul-
entendu à inOut2018
tage aujourd’hui, c’est la disponibilité. timodale, mélange selon les parcours et
« Quand on déploie un service de mo- selon les jours, deviendra une évidence.
Produire l’électricité de la mobilité 2018). L’architecture Lithium Métal Regroupant des écoles des
Polymère (LMP®) de leurs batteries Mines et des Télécoms, l’IMT
La gestion de l’énergie des véhicules les rend insensibles aux températures héberge dans ses incubateurs
électriques, et leur prise en compte dans extérieures élevées et ne nécessitent plusieurs jeunes entreprises liant
le calcul de coût global de ces solutions, pas de climatisation, ce qui les rend numérique et gestion de l’énergie.
faisait l’objet de plusieurs interventions idéales pour les pays chauds et pour Nawa Technologies développe et
et ateliers lors de inOut2018. Un opéra- des environnements où la température industrialise une technologie à base de
teur comme Cityscoot pousse la logique est élevée, comme les panneaux so- super condensateurs de haute densité
du tout-électrique jusqu’au bout : ce laires. Les fortes tensions sur le cobalt d’énergie, permettant de stocker plus
sont ainsi des camions électriques qui ne les concernent pas non plus. C’est là d’électricité, plus rapidement.
viennent régulièrement charger les bat- un point de souveraineté pour pouvoir
teries des scooters (1600 scooters en développer la mobilité électrique. Car http://www.nawatechnologies.com/
mars 2018 sur Paris, pour 7000 à 9000 si le pétrole a produit une dépendance
locations par jour). vis-à-vis notamment du Moyen-Orient, Incubée à Nantes (IMT Atlantique),
des terres rares nécessaires pour les Drop’n Plug est une solution complète
Serge Amabile (BlueSolutions) présen- batteries déplaceraient la dépendance de recharge intelligente pour véhicule
tait les choix technologiques effectués vers l’Asie. Enfin, un programme de col- électrique. Un contrôle intelligent des
par son entreprise, qui déploie notam- lecte des données des équipements est flux d’énergie permet d’optimiser les
ment 230 bus électriques en France, mis en place dans le but d’augmenter la temps de charge en stationnement tout
dont 50 en Île-de-France (chiffres mars cyclabilité des batteries. en évitant les pics de consommation.
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