Nouveautés Québec français - Érudit

 
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Québec français

Nouveautés

Number 68, December 1987

URI: https://id.erudit.org/iderudit/45085ac

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Publisher(s)
Les Publications Québec français

ISSN
0316-2052 (print)
1923-5119 (digital)

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(1987). Review of [Nouveautés]. Québec français, (68), 89–96.

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                                                                                                     tiigrç
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                                                                                                     Nina BERBEROVA
                                                                                                     Actes Sud, Paris, 1987, 219 p.
                                                                                                     la vie de liszt est un roman
                                                                                                     Zsolt HARSANYI
                                                                                                     Actes Sud, Paris, 1986, 533 p.
                                                                                                     de léopold à constance.
                                                                                                     wolfgang amadeus
                                                                         Rttotsngso                  Maurice BARTHÉLÉMY
                                                                                                     Actes Sud, Paris, 1987, 220 p.
                                                                                                        Les biographies (ou autobiographies) de
                                                                                                     personnages illustres ont toujours compté
                                                                                                     parmi les meilleurs vendeurs de l'édition in-
                                                                                                     ternationale. Cette vogue ne cesse de s'ac-
                                                                                                     croître. A preuve, l'immense succès remporté
qui ne se contentait pas d'effeuiller la mar-                                                        par VAmadeus, affabulation biographique, de
guerite en compagnie d'une jeune fille.           D'où vient donc l'allure à la québécoise?          Peter Shaffer, porté à l'écran de façon gran-
Avoir de l'allure était donc synonyme de                                                             diose par le cinéaste Milos Forman. Profitant
être déluré et aussi de être allure; ces              L'analogie de sens évidente entre allure,      de cette mode, l'éditeur d'Actes Sud, Hubert
deux adjectifs ont été extrêmement cou-           allure et déluré fournit une piste pour l'ex-      Nyssen, fait paraître coup sur coup la biogra-
rants dans les parlers de France au XIXe                                                             phie de trois des plus importants compositeurs
                                                  plication des origines de l'emploi québé-          des XVI lie et XIXe siècles: Mozart, Liszt. Tchaï-
siècle, avec les sens de « vif, habile, dé-       cois. Allure vient étymologiquement du             kovski.
gourdi, rusé»; seul déluré a été admis            verbe aller; cette filiation est encore re-           Écrivaine très réputée depuis la parution en
dans les dictionnaires du français, il y a        connaissable dans le sens français de              1986 de son roman le Laquais et la Putain,
cent ans, alors que allure continue sa            « manière de se déplacer, de se tenir, de se       toujours chez Actes Sud, Nina Berberova re-
carrière dans certaines régions de France.        présenter». Elle ne l'est plus dans le sens        prend en français un texte écrit depuis vingt-
                                                  québécois, qui se situe sur le plan de             cinq ans, mais qui, malgré le temps écoulé, a
   Entre la vivacité d'esprit et l'effronterie,                                                      conservé toute sa saveur. Le Tchaïkovski de
entre la débrouillardise et la ruse, entre la     l'intelligence, du jugement. Il faut faire
                                                  entrer en scène une autre famille de mots,         Berberova est une biographie traditionnelle,
hardiesse et le dévergondage, il n'y a qu'un                                                         superbement écrite, conçue à partir de docu-
pas ; c'est pourquoi ces mots se colorent         celle de leurre. Le verbe leurrer a d'abord        ments d'époques, esentiellement la corres-
différemment selon la situation ou la per-        été un terme de fauconnerie et signifiait          pondance et le journal du compositeur, com-
sonne évoquée. Si, autrefois, un jeune            « dresser le faucon » ; aleurer et alurer, qui     plétés par des témoignages de contemporains
homme avec de l'allure, donc entreprenant,        avaient le même sens, ont donné le parti-          de Tchaïkovski, parents ou amis (Praskovia
était admiré et envié, une jeune fille à          cipe adjectif aleuré, aluré signifiant « dressé    Vladimirovna Tchaïkovski, Glazounov, Rach-
                                                  (en parlant du faucon) », d'où « habile, dé-       maninov), rencontrés dans le Paris des années
l'allure était simplement une dévergon-                                                              trente et quarante. L'excellence du livre réside
dée...                                            gourdi ». C'est ce sens qui a influencé le
                                                  mot allure. Par la suite, leurrer a pris le        surtout dans l'art que Berberova a d'exprimer
                                                  sens figuré de «duper, tromper», et un             l'âme du compositeur russe.
                                                  autre verbe est apparu, déleurrer                     Comme le Tchaïkovski de Berberova, la Vie
                                                                                                     de Lisztestun roman n'est pas un écrit récent,
Les Belges aussi ont ben dïallure !               « détromper» ; de là vient le populaire ad-        mais paraît pour la première fois en français,
                                                  jectif déluré...                                   chez Actes Sud. Zsolt Harsanyi, son auteur,
                                                      Celui qui a de l'allure, que ce soit l'a-
   Revenant à notre époque, mais tout en          moureux entreprenant du XVIIIe siècle, le
restant dans les « vieux pays », on remarque      jeune apprenti belge du XXe siècle, ou
que les Belges utilisent l'expression avoir       mon chum québécois, c'est toujours quel-
de l'allure dans le sens de « avoir du savoir-    qu'un qui a le tour...
faire, de l'ordre, dans son activité ménagère
ou manuelle » ; on dira d'un apprenti doué
qu'/7 a déjà de l'allure ; par contre, un sans-
allure est mal organisé, négligent, peu
soigné, maladroit, désinvolte, lourdaud...         Pour qualifier quelqu'un qui n'a pas d'allure,
                                                   dites-vous que c'est un pas d'allure ou un
   La survivance de ces emplois presque            sans-allure (ou les deux, indifféremment) ?
identiques au Québec et en Belgique (où
l'expression ne se dit que des personnes)          Adresse: Enquête TLFQ, Langues et lin-
                                                   guistique, Faculté des Lettres, Université
permet de supposer que avoir de l'allure a         Laval, Québec G1K7P4.
eu cours dans ce sens, aux XVIIe et XVIIIe
siècles, dans une partie de la France, et          ' Le groupe du Trésor de la langue française au
                                                     Québec est subventionné principalement par le
qu'il a été supplanté ensuite par les adjectifs      Conseil de recherches en sciences humaines
allure et déluré.                                    du Canada.

                                                                                        Numéro 68, décembre 1987 /Québec français/ 89
Nouveautés Québec français - Érudit
est mort en 1943. Encore une fois, le temps         faite lisibilité, reliure souple et maniable), de-     raires» publiée à l'Hexagone. Lues à Radio-
n'a pas affecté l'œuvre, pas plus qu'il a terni     vant les nombreux articles cernant « les diffé-        Canada, en mars et avril 1987, à l'émission
l'œuvre de Liszt. Ce roman — car il s'agit bien     rentes composantes du phénomène littéraire »           «les Belles Heures», ces lettres nous font
d'un roman — d'Harsanyi fait illusion. Le lec-      (biographies, méthodes critiques, institution          découvrir une femme sensible, enjouée, tendre
teur se surprend constamment à croire aux           littéraire, modernité, terminologie...), je ne         et passionnée.
dialogues, pourtant fictifs, entre le compositeur   peux m'empêcher de manifester encore de                   Avec ses Lettres d'Italie, Denise Boucher
et sa mère, entre Liszt et Beethoven ou Chopin.     vives réticences et de vifs regrets devant la          nous entraîne à travers les villes et les villages
Fortement documenté sur la vie culturelle de        «couverture» limitée du corpus québécois.              d'une Italie qu'elle redécouvre en même temps
l'Europe du XIXe siècle, le romancier en fait       Est-ce dû aux deux seuls consultants, — d'o-           qu'elle l'offre aux destinataires de ses lettres
une impressionnante reconstitution avant le         rigine étrangère, — Auguste Viatte et Paul             (Gaston Miron, Pauline Julien, Patrick Stra-
«plus grand pianiste du monde» comme pro-           Zumthor, — à l'ignorance ou à des partis pris,         ram...) : « Descendre du train et trembler cha-
tagoniste. Il faut également rendre hommage         au caractère encore très centripète de l'insti-        que fois, comme au début de chaque histoire
à la traduction de Françoise Gai qui fait oublier   tution littéraire française malgré des efforts         d'amour » (p. 29). Toutefois, il faut reconnaître
que ce roman a d'abord été écrit en hongrois.       évidents des Éditions Larousse pour remédier           que c'est plutôt à un voyage intérieur qu'elle
   Contrairement à Berberova et à Harsanyi,         à cet état de fait, il reste que la littérature        nous invite: «Le chemin n'était plus droit, je
Barthélémy est un musicologue qui a publié          québécoise est mal traitée (en deux mots) et           devait partir. [...] Au milieu de la vie, attendre
de nombreuses études musicologiques. Mais           incorrectement identifiée. Que l'on persiste,          est un malheur. Et marcher, c'est vivre » (p. 17).
son Wolfgang Amadeus n'est pas pour autant          en 1986, à « Québec (littér.) » à renvoyer laco-       Parsemée de citations d'écrivains, de réflexions
un ouvrage spécialisé susceptible de plaire         niquement à « Canada (littér.) » relève du parti       sur la peinture, sur l'architecture, sur l'âme de
aux seuls initiés. Il s'agit, comme le souligne     pris ou de l'ignorance. Depuis 1960, nous              certaines villes, chaque lettre est un petit bijou
son éditeur, d'un « raconté avec passion » où       avons nommé notre littérature « québécoise ».          de style, aux limites du réel et de la confi-
les œuvres de Mozart sont bien «articulées          Ceux, quels qu'ils soient, qui ont la prétention       dence.
aux événements de sa vie».                          de l'analyser, devraient avoir la décence élé-            J'ai toujours éprouvé de la difficulté à parler
   En plus de leur intérêt intrinsèque, ces trois   mentaire d'utiliser les mêmes appellations.            d'un livre que j'apprécie au plus haut point et
biographies ont l'estimable avantage d'être         Quant aux consultants, malgré leurs lettres            c'est le cas ici, puisque rarement j'ai lu un
publiées chez un éditeur (Hubert Nyssen) qui        de noblesse, passées ou présentes, il nous             volume avec autant de plaisir. Lettres d'Italie
a compris qu'un livre doit être aussi un bel        semble qu'on devrait désormais recourir à              séduit aussitôt le lecteur tant par le style
objet.                                              des spécialistes contemporains connaissant             souple aux accents poétiques que par la viva-
Guy CHAMPAGNE                                       à fond le corpus québécois récent et aptes à           cité de la description et la richesse de l'infor-
                                                    le faire connaître. Le croiriez-vous ? On ne dit       mation. Un livre que je ne saurais trop recom-
                                                    mot d'un manifeste clef de notre littérature,          mander.
                   «      #      ^                  Refus global, on ignore Gilbert La Rocque,

W®                                                  Rina Lasnier, Paul Le Jeune, Wilfrid Lemoine,                                       Hélène MARCOTTE
                                                    Françoise Loranger, Louise Maheux-Forcier,
                                                    Jacques Poulin... (assez ! assez !), alorsqu'on
                                                    accorde une bonne place à un écrivain se-
                                                    condaire, au style rudimentaire, Jean-Jules
dictionnaire historique, thématique et              Richard, par exemple. Voilà comment ce pré-
technique des littératures.                         cieux instrument de consultation perd en qua-          la conférence inachevée
 Littératures française et étrangères,              lité, en intérêt et en crédibilité, faute de rigueur   Jacques FERRON
anciennes et modernes.                              documentaire.                                          VLB éditeur, Montréal, 1987, 239 p.
Jacques DEMOUGIN (sous la direction de),                                           Gilles DORION
 Larousse, Paris, t. 2 [L-Z], 1986,                                                                            La quatrième de couverture présente la
 I 863 p. [pagination continue].                                                                           Conférence inachevée comme « le testament
                                                                                                           littéraire de Jacques Ferron ». Même si je sous-
   Comme je l'ai affirmé en analysant le premier                                                           cris d'emblée à cette affirmation pour bien
tome, présenter un Dictionnaire historique,                                                                des raisons qui tiennent surtout à l'extraordi-
thématique et technique des littératures en                                                                naire qualité d'écriture de ces témoignages et
deux volumes même totalisant 1 863 pages                                                                   récits, j'ajouterais deux qualificatifs indispen-
relève de la naïveté ou de la présomption, en           < # & >                                            sables, soit « médical » et « social », le premier
même temps que d'intentions fort généreuses !       «                                                      étant compris dans le second. En effet, cet
II est matériellement impossible de « couvrir»                                                             ouvrage posthume, au caractère indiscuta-
l'ensemble de tous ces corpus sans qu'on soit                                                              blement autobiographique, se lit d'abord
obligé de pratiquer (même avec discerne-            lettres d'Italie                                       comme une sorte de pamphlet dénonciateur
ment !) des « coupes sombres » à de nombreux         Denise BOUCHER                                        des pratiques (et des praticiens) de la médecine
endroits (époques, écoles, courants, écri-          l'Hexagone, Montréal, 1987, 107 p.                     psychiatrique dans le Québec des années
vains...). Bien que je demeure franchement                                                                 soixante-dix. Il tourne même, paradoxalement,
admiratif devant la présentation technique de         Auteure de la célèbre pièce de théâtre les           pour peu qu'on découvre le sens des mots, à
ce dictionnaire (qualité remarquable des il-        Fées ont soif, Denise Boucher inaugure, avec           un doux «éloge de la folie» que n'aurait pas
lustrations, typographie élégante et d'une par-     Lettres d'Italie, la collection « Itinéraires litté-   dénié Érasme satiriste. La dimension sociale

                                                                                                                                  Jacques Perron

                                                                                                                                      La paa d* Caaalln
                                                                                                                                       •t nutria r-abits
                                                                                                                         trtlnc» da Plarra laAmtoneover

                           Ilttémtum

 J ^

90 /Québec français/ Numéro 68, décembre 1987
Nouveautés Québec français - Érudit
du recueil se trouve en un certain sens confir-       rigueur de la démarche de cette analyse et              d'auteurs différents sont désormais engagés
mée par les quinze textes qui suivent « le Pas        l'accumulation de données précises inclinent            dans une carrière internationale. Des écrivains
de Gamelin» dans lesquels le médecin cède             le lecteur à s'interroger avec plus de sérieux          aussi connus que Marie-Claire Biais, Nicole
le pas au conteur et au mystificateur, tantôt         sur le quotidien de la personne pauvre.                 Brossard, Jacques Renaud, Gaétan Brulotte
ironique ou humoristique (souvent), tantôt                                      Yvon BELLEMARE                et Gilles Pellerin collaborent à ce numéro
tendrement lyrique (à l'occasion). Après les                                                                  sous-titré «Spécial Québec». La multiplicité
flèches légèrement empoisonnées décochées                                                                     des orientations thématiques et formelles pri-
à la profession et aux confrères, sans agressi-                                                               vilégiées dans le recueil montre à l'évidence
vité, il va sans dire, mais en une manière de                                                                 que les nouvellistes québécois œuvrent dans
constat un peu résigné, sinon désabusé, Ferron                                                                tous les champs de la prospection créatrice.
nous promène dans la région de son enfance,                                                                      Le délicieux «Sucre à la crème», de Daniel
puis dans les différents coins du Québec où il                                                                Gagnon, aromatisé à la Cortâzar, mérite, as-
a exercé. Cela nous vaut de savoureux                                                                         surément, une dégustation.» Premierjuillet»,
«contes», «sornettes» et «récits» du «pays                                                                    «... onne pas» et «Au fond du miroir», tous
incertain » où la dénonciation sociale fait place                                                             trois de construction habile, laissent sourdre
                                                      venir au monde
au merveilleux et se rapproche du fantastique.                                                                cette variété troublante d'inquiétude, propre
                                                      Marie-Francine HÉBERT
En refermant le recueil, écrit dans un style                                                                  au fantastique, occasionnée par une conver-
                                                      illustrations de Darcia Labrosse
aisé et superbe, pétillant d'humour et ponctué                                                                gence du réel et du présumé non-réel.
                                                      La Courte Échelle, Montréal, 1987,
déclins d'œil sans malice, on ne peut s'empê-                                                                 « Appétissante Création » et « le Regard différé »
                                                      livret + jeu.
cher de penser qu'il aurait peut-être été préfé-                                                              se signalent par leur recherche formelle;
rable de le publier comme un recueil de récits            Avec Venir au monde, Marie-Francine Hébert          «Tendresse», «Soleil couchant» et «la Tris-
et de contes, quitte à éditer à part la première      répond à la sempiternelle question des enfants :        tesse voilée de bleu», par leur ton intimiste.
partie, sans doute avec la «lettre d'amour            «Comment on fait ça un bébé?». Le livre                 Deux autres nouvelles dénoncent des absur-
soigneusement présentée » qui accompagnait            s'adresse aux jeunes de cinq ans et plus et se          dités politiques: «Samina» — sur le mode
les Roses sauvages. Il faut lire absolument la         lit aisément.                                          réaliste — et « Der Fisch » — sur le mode
« préface » de Pierre Vadeboncœur, qui consti-             D'abord un homme et une femme se ren-              humoristique.
tue une solide analyse du livre, dont elle sou-       contrent, s'aiment et se marient. Un jour, ils             Enfin, pour compléter le dossier, la direction
ligne la gravité sereine et détachée devant la        se disputent et, lors de la réconciliation, ils         de Brèves joint aux nouvelles la transcription
mort, la condition humaine et la démence.             font l'amour. I l y a alors émission du sperme          d'entrevues réalisées auprès des responsables
                              Gilles DORION           et, grâce à l'union d'un ovule caché dans le            de la revue XYZ et de la maison d'édition
                                                      ventre de la mère et d'un spermatozoïde qui             L'instant même.
                                                      se trouve dans les testicules du père, ils conçoi-                                       Lise MORIN
les nouveaux visages de la pauvreté                   vent un enfant. Si le texte est simplifié à l'ex-
sous la direction de Madeleine GAUTHIER               trême de manière à permettre une meilleure
Institut québécois de recherche sur la culture,       compréhension, l'humour dont fait preuve Dar-
Québec, 1987, 258 p.                                  cia Labrosse dans ses illustrations le rehausse         mourir comme un chat
(Collection «Questions de culture», n° 12)            parfaitement: «Darcia a le côté un peu plus             Claude-Emmanuelle YANCE
                                                      romantique que moi. Il me fallait un illustrateur       L'instant même, Québec, 1987,
    Les bouleversements sociaux de toutes             qui fasse passer la rondeur, la tendresse des
 sortes laissent dans leur sillage des démunis                                                                118 p. (12,95$)
                                                      choses», m'avoue Marie-Francine.
 au visage marqué par l'inégalité. Au Québec,             Bien que le produit fini, c'est-à-dire le coffret
 les études des vingt dernières années asso-                                                                     Au mois d'avril dernier, Claude-Emmanuelle
                                                      (livre, jeu et guide), puisse sembler très facile       Yance a mérité le prix Adrienne-Choquette
 ciaient davantage la pauvreté à une carence          a concevoir, il a fallu près de trois ans aux
 reliée à l'éducation et à l'instruction, alors que                                                           pour son recueil de nouvelles Mourir comme
                                                      deux femmes pour aboutir à ce résultat: «Les            un chat. Je ne connaissais pas l'auteure. Pour-
 le présent ouvrage rappelle que la décennie          gens sont plus ouverts en 1987 qu'il y a dix ou
 quatre-vingt présente des facettes peu relui-                                                                tant, la nouvelle éponyme a été retenue au
                                                      vingt ans. Mais il y a encore beaucoup de               concours de nouvelles de Radio-Canada et
 santes des défavorisés côtoyant l'opulence           tabous. C'est très facile de choquer », m'affirme
 sans en jouir effectivement.                                                                                 diffusée en 1986, alors que « l'Arbre qui avait
                                                      Marie-Francine aussitôt appuyée par Darcia :            sept petites filles » et « Rien n'a de sens sinon
    Les quatre parties de cette étude brossent        « Trouver le ton juste, créer des personnages
 un tableau de ces nouvelles figures de la                                                                    intérieur» ont été respectivement publiées
                                                      qui soient complets, des parents qui corres-            dans Brèves et XYZ en 1985 et 1987.
 pauvreté. La première section relève quatre          pondent à la réalité, bref, faire une image de
situations bien concrètes où la pauvreté s'ins-       l'amour qui ne soit pas politique, cela demande
crit dans le quotidien : des femmes monopa-           énormément de travail ».
 rentales aux jeunes gens sans emploi sans                L'auteure et l'illustrateure avaient déjà tra-
oublier les personnes handicapées et certaines        vaillé ensemble à l'élaboration du Voyage de
catégories d'Indiens. À cela s'ajoutent des           la vie, un magnifique album qui reprend l'his-
témoignages qui n'ont rien de l'artifice. Les         toire de la création, du poisson à l'être humain.
 réfugiés et les requérants au statut de réfugié      A nouveau cette équipe a réalisé des mer-
vivent une pauvreté d'autant plus douloureuse         veilles: le souci du détail, du mot juste, de
qu'elle est moins visible, mais elle est non          l'image adéquate fait de Venir au monde un
 moins enviable que celle des « nouveaux soli-        outil indispensable pour les parents.
taires » qui forment la catégorie de la popula-
tion la plus touchée par la pauvreté car le                                     Hélène MARCOTTE
faible revenu de ces gens auquel s'ajoute
souvent un équilibre mental précaire favorise
une honteuse exploitation, surtout dans les
centres-villes. La troisième partie dégage les
éléments d'une nouvelle problématique en
milieu urbain que parrainent des organismes
ou des associations charitables. Enfin, les
dernières études tentent de déterminer où se
                                                      tôWJ!tf>                                                                                        abU
situe le seuil de pauvreté et comment elle se
développe.                                            brèves, spécial quebec
   La brochette de spécialistes qui auscultent        EN COLLABORATION
ce mal qu'est la pauvreté offre un diagnostic         Atelier du Gué, 1987, 152 p.
peu réjouissant de ce phénomène. En effet, la
démonstration générale laisse entendre que              Retenus par la revue française Brèves en
les visages de la pauvreté actuelle ressemblent       qualité d'échantillons de la production
peu à l'image traditionnelle du pauvre. La            «nouveUistique «d'ici, vingt textes québécois

                                                                                               Numéro 68, décembre 1987 /Québec français/ 91
Nouveautés Québec français - Érudit
Les dix nouvelles qui composent le recueil        femme transcendée, Reine. L'Ouest, ce cime-          de la quête du centre. L'auteure livre ici diffé-
varient quant aux thèmes : liaison amoureuse,        tière perpétuel du soleil, appelle pour ainsi dire   rentes versions de cette quête d'identité, dif-
correspondance mystérieuse, tourments d'une          la figure du chasseur quasi barbare qui, à cha-      férents parcours qui mènent à la rencontre de
bossue, partie de Parchési... Cependant, huit        que automne, abat incontinent l'orignal trompé.      soi. L'approche est variée d'une nouvelle à
d'entre elles se terminent soit par le départ,       Enfin, la blancheur oppressive du Nord suggère       l'autre: métaphysique dans «le Traversier»,
soit par la mort du protagoniste. L'auteure          le froid sournois et presque meurtrier de l'hiver.   sociologique dans « le Labyrinthe », esthético-
affectionne les dénouements malheureux. De               À l'image d'un janus inspiré par le passé et     symbolique dans «la Double Jonction des
plus, dans tous ses récits, elle parvient, grâce     regardant résolument vers l'avenir, ces courts       ailes » et « Dans la forêt de vitrail ».
à une recherche stylistique marquée (utilisation     textes imbibés des faits heureux d'un hier vrai-         L'image du labyrinthe, qui permet le passage
de la phrase brève, de l'ellipse...), à créer des    semblable se tournent cependant vers une             d'un univers à un autre, est une belle repré-
climats particuliers. En fait, elle suggère plus     source inspiratrice illuminée par le merveilleux.    sentation du monde tel que le conçoit l'auteure.
qu'elle ne décrit ou plutôt elle suggère ce          Les couleurs retenues pour chaque point cardi-       Il favorise l'échange, l'ouverture aux autres et
qu'elle décrit: «Tu t'es tournée vers elle.          nal donnent vie aux quatre saisons toutes char-      à la différence. Ses personnages se proposent
Comme dans une glace, en face de toi, se             gées de souvenirs. Cette vision des choses, cer-     d'ailleurs comme des intermédiaires ou des
dessine, monte, éclate un grand rire. Un rire        tes riche en symboles, est cependant entachée        passeurs sans en être vraiment conscients, ce
qui n'en finit plus. Un rire de bras tombés,         par des négligences assez graves au niveau de        qui les protège contre les excès du prosély-
d'épuisement. Incontrôlable. Et dedans, une           l'écriture, ce qui, malheureusement, ternit pas-    tisme et les pièges de l'exercice du pouvoir
complicité jusqu'alors inconnue» (p. 10).            sablement la qualité de l'ouvrage.                   politique.
   L'originalité de Claude-Emmanuelle Yance                                                                   La plus récente nouvelle, «la Nappe de
ne tient pas seulement à son écriture que l'on                                 Yvon BELLEMARE             velours rose», présente toutefois un person-
peut qualifier de moderne et à la construction                                                            nage féminin qui assume des fonctions de
particulière de ses nouvelles, mais aussi au                                                              leader charismatique. Cette volonté d'enga-
fait que l'auteure « ne laisse pas les circons-                                                           gement social traduit une nette évolution chez
tances déterminer toutes les actions des per-        ni le lieu ni l'heure                                les personnages de Rochon comme si cette
sonnages. Elle accorde plutôt une part déter-        Gilles PELLERIN                                      maturité coïncidait avec celle de l'auteure
minante aux décors (intérieurs et extérieurs),       L'instant même, Québec, 1987, 172 p.                 dans le développement de son œuvre.
ce qui a pour effet de créer des atmosphères                                                                  La conclusion qui s'impose à la lecture de
envoûtantes, voire troublantes». Pour toutes            Rédacteur en chef de la revue Nuit blanche,       ce recueil, c'est que la rédemption humaine
ces raisons et bien d'autres encore, Mourir          Gilles Pellerin, qui avait publié en 1982 les        est toujours possible à condition de savoir
comme un chat est un livre qu'il faut absolu-        Sporadiques aventures de Guillaume Untel,            trouver le chemin de son centre personnel.
ment se procurer.                                    revient avec un autre recueil de nouvelles, Ni       Cette quête intérieure peut être plus ou moins
                                                     le lieu ni l'heure. Divisé en trois parties res-     longue et ardue mais ne saurait être infruc-
                         Hélène MARCOTTE
                                                     pectivement intitulées : « la Faveur de la nuit »,   tueuse. Sinon, cela reviendrait à nier l'existence
                                                     «Incidents groupés» et «les Lignes de leurs          de l'âme, position inconciliable avec l'œuvre
                                                     mains», le recueil regroupe trente nouvelles         d'Esther Rochon dont la portée spirituelle est
                                                     d'inégales longueurs et de thèmes variés. Onze       constamment inscrite en filigrane. C'est sans
après l'éden                                         ont déjà paru dans diverses revues.                  doute pour cette raison aussi que s'y révèle
Marcel GODIN
l'Hexagone, Montréal, 1986, 102 p. (11,95 $)            Pellerin manie avec adresse les tons et les       une sérénité émouvante chez les person-
                                                     styles: réalisme, ironie, humour... se marient       nages.
   Le huitième livre de Godin renferme huit nou-     avec bonheur dans les diverses nouvelles:                                        Claude JANELLE
velles présentées sous forme d'un diptyque.          «... cette rotation des chemises, des culottes,
«L'Endroit» de la première section collé à la vie    des caleçons, des linges à vaisselle sur eux-
se complète dans «l'Envers» de la seconde que        mêmes doit avoir une haute signification phi-
le rêve nourrit. De la fièvre productrice suscitée   losophique, genre le-serpent-qui-se-mord-la-
                                                                                                          un singulier amour
par le printemps à l'exaltation et à l'hystérie      queue, le flux cosmique, l'éternel retour, l'alpha
                                                                                                          Madeleine FERRON
qu'inspire l'Est, se situent des souvenirs où se     et l'oméga» (p. 77). De plus, le rythme de
                                                                                                          Boréal, Montréal, 1987, 195 [2] p.
mêle l'artifice de la fable. En effet, l'évocation   l'écriture varie tout au long du recueil : retenu
des quatre saisons du premier volet peut se ra-      dans la première partie, il devient enlevé dans         «Pourquoi s'embarrasser d'écriture et de
battre aisément sur les visions surréalistes des     la seconde. Les textes, jamais banals, tiennent      questions métaphysiques ? », se demande Ma-
points cardinaux de l'autre. Le premier sentiment    le lecteur captif du début à la fin puisque, bien    rie, la narratrice de l'une des nouvelles («le
de liberté où l'on apprend les éléments de la        que puisant son inspiration dans la vie de           Matin ») du dernier recueil de Madeleine Fer-
condition humaine, sorte de printemps de la vie,     tous les jours, l'auteur parvient à surprendre       ron. Pour le plaisir du lecteur, me suis-je dit,
n'est guère étranger à l'Est, le paradis des para-   le lecteur par des chutes habilement menées.         pour lui faire partager avec contentement les
doxes. Si l'été des ouragans découvre une Marie      Les dénouements des nouvelles ne se laissent         sentiments et les émotions d'une auteure en
mystérieuse et envoûtante, le Sud évoque la          jamais pressentir. J'ai particulièrement ap-         pleine possession de ses moyens. Madeleine
                                                     précié « Perrault au lavoir », « La ramener quel-
                                                     que part», «Filature» et «la Confession d'un
                                                     bibliomane», où le protagoniste conserve le                          fl/VDELEINE FERROfl
                                                     nom et l'emploi de l'auteur. Ni le lieu ni l'heure
                                                     nous révèle donc un écrivain en pleine pos-
                                                     session de ses moyens et mérite d'être lu par
                                                                                                                           JN SINGULIER
                                                     tous les amateurs de bonne littérature.                                 AMOUR
                                                                              Hélène MARCOTTE

                                                     le traversier
                                                      Esther ROCHON
                                                      La Pleine lune, Montréal, 1987, 188 p.

  WJ                                                   Le Traversier, qui regroupe neuf nouvelles
                                                     de science-fiction, est une excellente intro-
                                                     duction à l'œuvre d'Esther Rochon. En effet,                               BORÉAL

                                                     ces nouvelles sont très représentatives de
                                                     son imaginaire, de ses préoccupations et de
                                                     son écriture.
                                                       Les quatre premières nouvelles font partie
                                                     du Cycle du labyrinthe, un univers imaginaire
                                                     qui s'articule autour du concept bouddhique

92 /Québec français/ Numéro 68, décembre 1987
Nouveautés Québec français - Érudit
Ferron, qui a déserté sa Beauce natale pour                                                                               ractère approprié des mots employés. De plus,
habiter la ville («Quand le malheur frappe,                               claaila'ttca;ift.ua Sll»eiîfs
                                                                                                                          l'auteur est, à notre avis, trop laconique sur la
ceux qui le peuvent bouclent leurs valises»),                                                                             façon d'interpréter ces indices selon les ni-
a modifié sa vision des êtres et des choses, et                                                                           veaux scolaires, les types de discours, les
a perfectionné son écriture. Les petits tableaux                       Les projets d'en fonts,                            thèmes conversationnels, les situations de
qu'elle nous offre dans Un singulier amour,                                  un chemin                                    production... Enfin, on pourra toujours s'in-
son meilleur recueil, à mon avis, car elle a                              ijiii a du cœur                                 terroger sur la conception des échelles basées
mûri, comme le bon vin, sont souvent issus de                                                                             uniquement sur les fréquences d'utilisation.
banals faits divers qu'elle filtre à travers son                                                                          Des critères sémantiques généraux contri-
imaginaire et qu'elle rend sans trahir ni cacher                                                                          bueraient à répartir autrement des niveaux
ses émotions. Un jeune homme lance son                                                                                    lexicaux trop hétérogènes. Le seul critère com-
camion blindé dans un centre commercial                                                                                   plémentaire utilisé (qui tente de considérer
pour protester, comme le vieux Menaud avant                                                                               l'emploi des mots) dénote une attitude nor-
lui, contre l'envahisseur qui a détruit, tel un                                                                           mative par rapport à certains «anglicismes»
vulgaire vendale, le paysage de son enfance                                                                               comme steak, relish, slush, score, etc. que
(«le Vendeur du temple»); une femme d'un                                                                                  l'auteur «pénalise» en leur attribuant un
certain âge — les héroïnes ont vieilli chez                                Trnwignaava Jcdiaraïaaira                      «token» équivalent aux mots les plus fré-
Madeleine Ferron — fait un voyage en train en                         U'JUIT ,niiitxr;tl
Nouveautés Québec français - Érudit
certains de ces contenus linguistiques à des            Le second recueil ne rejoint le premier que      «qu'elle se mortalisedans le corps» (p. 25)...,
fins d'enseignement auprès d'élèves de 9 et          par l'usage d'expressions anglaises qui sont        qui donne une dimension nouvelle au discours.
10 ans. Ces derniers utilisent déjà quelques-        on ne peut plus déplorables dans une littérature    Ainsi la recherche (réussite) stylistique et for-
unes de ces variantes soutenues en situation         qui se bat toujours pour la survie de sa langue.    melle de même que la richesse du vocabulaire
formelle. Cependant, la plupart de ces variantes     Outre cela, le volume est excellent. L'auteure      font de ce volume un livre particulier, réservé
ne sont pas suffisamment utilisées par le            cherche à «voir et voir une seconde fois au         à un public restreint, mais qui vaut la peine
groupe. Par ailleurs, on constate que des            cœur des frontières intimes» (p. 30) afin de        d'être lu.
activités d'ordre métalinguistique ont conduit       saisir la réalité. Toutefois, elle n'y parvient                             Hélène MARCOTTE
à une plus grande utilisation de la plupart des      pas réellement, pas plus qu'elle ne réussit à
variantes de registre soutenu en situation for-      assumer sa liaison amoureuse qui se réduit à
melle.                                               « un vidéo cheap pour projection privée »
   Cette publication a bien sa place dans le         (p. 22). Une quête éperdue, lucide, voire
cadre de la formation des maîtres. La présen-        amère ; une écriture moderne bien maîtrisée ;
tation d'un contenu linguistique apporte un          un recueil à lire.
complément de structuration utile au pro-
gramme de français oral. La description de la
                                                                                Hélène MARCOTTE          ^\$J
recherche exploratoire fournit également une
aide précieuse à tout didacticien soucieux
d'élaborer une démarche pédagogique pour
développer la conscience métalinguistique            $     f    t                                        xyz, la revue de la nouvelle
des élèves du 2 e cycle.                                                                                 En COLLABORATION
                              Evelyne TRAN                                                               XYZ, Montréal, n° 11, 1987, 94 p.
                                                     la fille de Suzhou
                                                      Denis AUBIN                                           X y z est un médium dynamique. Après avoir
                                                                                                         récemment lancé une collection consacrée à

1
                                                     La Nouvelle Barre du jour,
                                                                                                         la «novella» (longue nouvelle), voilà que les
                                                     Montréal, 1987,78 p.
  #     >      *                                                                                         éditions XYZ offrent, pour la onzième parution
                                                        Avec la Fille de Suzhou, Denis Aubin tranche     de la revue du même nom, un numéro spécial
                                                     radicalement avec ses autres textes, dont Eros      de nouvelles... courtes!
fiction-nuit                                         brun, publié en 1981. Le volume se démarque            Au sommaire : quatre-vingt-onze nouvelles
Claudine BERTRAND                                    surtout par l'écriture, mi-prosaïque, mi-           d'une page au maximum, écrites par autant
Éditions du Noroît, Saint-Lambert, 1987,69 p.        poétique : une narration poétique, en fait, qui     d'auteurs. La distribution est imposante: à
voyante                                              oblige à une lecture attentive, parfois ardue.      peu d'exceptions près, les meilleurs nouvel-
Louise LAROSE                                           La fille de Suzhou est une «épopée singu-        listes québécois y sont — de Donald Alarie à
Éditions du Noroît, Saint-Lambert, 1987,61 p.        lière, amoureuse, en lutte contre l'espace, le      Claude-Emmanuelle Yance, en passant par
                                                     temps, trafiquée par la mémoire des sens, les       André Berthiaume et Monique Proulx — et les
   En avril dernier, les Éditions du Noroît pu-      paramnésies de l'écriture». Le narrateur tente      textes présentés proposent autant de visions
bliaient plusieurs recueils de poésie, dont          de retrouver une fille imaginaire ou réelle, — il   différentes du genre. Morceaux de vie, frag-
deux ont retenu notre attention : Fiction-nuit       ne lésait pas trop bien lui-même,—en Chine, à       ments d'univers, instantanés parfois violents,
de Claudine Bertrand et Voyante de Louise            Suzhou plus précisément. La police retarde ses      souvent douloureux, la nouvelle format com-
Larose. Divisé en trois parties respectivement       recherches et lui cause quelques ennuis pour        pact semble posséder plus d'impact pour éton-
intitulées «Textes des îles», «la Chambre en         une raison qui demeure obscure. De toute façon,     ner le lecteur, le déranger, voire l'agresser.
soi (13 arcanes retournés)» et «les Cher-            chasseur ou proie, les deux rôles semblent lui      L'action y est condensée, concentrée dans
cheuses d'images », le premier volume manque         plaire. Fuite et poursuite, fugue et recherche:     une écriture réduite à sa plus essentielle ex-
d'unité. L'auteure tente d'abord d'exploiter un      « Mais ce n'est pas tant la fuite qui [le] hante,   pression. Si l'exercice est exigeant, certains
exotisme un peu douteux: «nehinei noana              que l'évasion » (p. 69).                            textes se révèlent comme de véritables modèles
holoholo/kaumaka luuluu » (p. 25), puis diva-           Bien que le récit soit quelque peu herméti-      du genre: je pense notamment aux récits
gue sur les thèmes du Tarot de façon plutôt          que, l'auteur charme le lecteur par la poésie       d'Aude et de Marc Sévigny (pour ne nommer
convaincante, pour se rallier finalement à la        de son texte : « Dans le soudain, irrémédiable,     que ceux-là), qui sont parmi les plus courts
cause féministe et délirer sur les femmes qui        sifflerait vent d'un long silence, vide, et plus    de la revue.
écrivent : « le je féminin pluriel/jusque dans le    rien n'y aurait échappé. N'importe où. Per-            Avec ce numéro d'automne 1987, XYZ pour-
< masculin grammatical e > » (p. 68). Bref, un re-   sonne.» (p.7). De plus, Denis Aubin joue            suit de belle façon la promotion d'un genre à
cueil décevant tant au niveau stylistique, for-      parfois sur un registre humoristique et réaliste    la popularité toujours grandissante.
mel, que thématique.                                 à la fois : « chloroformer aux usages » (p. 24),                            Claude GRÉGOIRE

                          Denis Aubin                                                                              Réjean Bonenfant
                                                                A l i i ,""'                                       Louis Jacob
                     LA FILLE D E
                                                                Automne 1987             N" 11, M
                                                                                                                   Les Trains
                     SUZHOU
                                                                                        aé^L*
                                                                                                                   d'exils
                                                                                    aAMr9£*<
                                                                                   w/m-
                                                                                                                    Roman
                                                                                _M+Jr\f'

                                                                        i       y^
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                                                                                         MtMfc
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                                                                \r                                                     l'Hexagone

94 /Québec français/ Numéro 68, décembre 1987
Nouveautés Québec français - Érudit
qui, pour avoir vécu « des siècles de soumission           Le héros oscille sans cesse entre la réalité
                                                     et de rage contenue, de souffrance et de                 et le rêve, le vécu et l'appréhendé, le naturel et

    flCflïfc                                          dignités ravalées. Mais aussi des siècles de            l'artificiel. Dans cette succession d'états réels

 t                                                   sagesse et de savoir [...], se sont « retranchées
                                                      dans ce silence comme dans une zone proté-
                                                      gée [...] afin de tisser à leur aise les racines
                                                      d'un nouveau monde dans lequel elle trouverait
                                                      leur juste place» (p. 136). Pour Emma tout
                                                                                                              et irréels, de pauses reflexives et d'hypothèses,
                                                                                                              de certitudes et de questionnements, l'usage
                                                                                                              constant de la phrase nominale, à rythme
                                                                                                              court, n'arrive pas à enrichir la structure for-
                                                                                                              tement analeptique du roman, ni à assurer ou
 les trains d'exils                                   cela a commencé le jour de l'exécution de la            à maintenir le climat d'ambivalence, de dé-
 Réjean BONENFANT et Louis JACOB                      reine Marie Stuart à laquelle elle s'est long-          doublement et d'équivoque manifestement re-
 l'Hexagone, Montréal, 1987,199 p.                   temps identifiée.                                        cherché.
 (Coll. Fictions)                                        Seulement voilà que son fils Roger est parti            Car il est souvent question de miroir dans le
                                                     depuis quelques jours, s'enliser dans le marais          texte. On y parle aussi à plusieurs reprises de
     L'Europe. La Deuxième Guerre mondiale.           malodorant de la Cavée, sur les berges de la            « bras invisible », de chenille qui écrit un traité
Les trains laissent aller les uns à la mort,          rivière Lairet à Limoilou. Roger à qui il n'y a         sur l'art de voler et on ne cesse de faire réfé-
ramassent les autres. Entre ces allers, ces          jamais moyen d'arracher un mot. Son mari lui             rence à cet appareil « subliminal » omniprésent
retours, il y a la vie et l'amour: à Londres,        dit qu'il faudrait faire quelque chose mais              dans le catalogue. On dit également de Norbert
dans un abri souterrain, Janvier le Québécois         Emma ne répond pas, car Emma a toujours                 qu'il «avait cherché le fil qui traversait tout ce
rencontre Vanessa, une Anglaise, et tous deux         cherché ses mots. Alors pour garder le contact          qu'elle [Marina] écrivait » (p. 124). En vain. Or
s'abandonnent momentanément l'un à l'autre           avec elle, Lucien, le mari, va se mettre à parler        voilà bien ce qui advient en réalité au lecteur :
sous le tumulte des bombardements ; en Nor-          comme il ne l'a peut-être encore jamais fait.            ce qu'il voit en filigrane, dans ce récit à la
mandie, Hans, un Allemand, assiste, impuis-           Par un fantastique débordement de mots il va            texture mal serrée, au réseau d'espionnage
sant, au viol par ses compagnons de régiment          lui dire ses souvenirs d'enfance, ses souvenirs         mal tramé, ce sont... les grosses ficelles du
d'une jeune Française, Marie-Josèphe. Ren-           secrets et intimes ; son lien avec la terre, avec        narrateur!
contres brèves mais marquantes, puisque,              la Cavée. Puis, il raconte à Roger l'histoire                                     Jean Guy HUDON
pour Janvier comme pour Hans, le temps et            d'Asthen. S'il a peur pour son fils, il s'inquiète
les horreurs de la guerre ne sauraient effacer       aussi pour sa femme depuis qu'elle s'est en-
en leur coeur et leur mémoire Vanessa et             gagée sur le chemin qui mène à la Cavée,
Marie-Josèphe. ô hasard, au jour de la Libé-         qu'Emma est allée régler ses comptes avec la
ration, les trains feront se croiser les destinées   reine Marie. Ce n'est pas de sa faute à elle si          l'académie du désir
des deux couples.                                    elle a accouché d'un garçon, brisant ainsi la            Michel KHALO
                                                      lignée de toutes ces femmes à laquelle elle             VLB éditeur, Montréal, 1987, 279 p.
   Fondamentalement optimiste, ce premier            appartient. Roger va lui aussi couper les ponts
roman écrit en collaboration par Réjean Bo-          avec la reine Marie afin de remodeler son                    Tard dans la nuit, un homme, assis en face
nenfant et Louis Jacob semble malheureuse-           corps d'homme pour le vivre cette fois.                  du Château Frontenac, laisse les souvenirs
ment se complaire dans une providence qui                                                                     refaire surface. Il reconstitue alors «au gré
                                                         Le lecteur n'a jamais accès directement aux
détonne dans le contexte premier. Un récit au                                                                 des caprices de sa mémoire » (p. 14) une som-
                                                     pensées d'Emma, ce qui n'est pas le cas du
début bien mené et alerte, mais dont le dérou-                                                                bre histoire de meurtre.
                                                     personnage de Lucien qui prend souvent la
lement événementiel laisse un peu perplexe.                                                                       Le premier roman de Michel Khalo, auteur
                                                     parole, pour livrer son intimité. Par quelle
                          Claude GRÉGOIRE            voix Emma va-t-elle exister? Par un très beau            québécois d'origine franco-libanaise, n'a pour-
                                                     jeu d'écriture, un aménagement poétique tissé            tant rien du bon vieux polar traditionnel. L'in-
                                                     avec les mots de l'eau, du feu, de la terre et de        trigue policière sert de prétexte à la mise en
                                                     l'air, Guy Cloutier fait apparaître une femme :          place d'événements variés véhiculant un dis-
                                                     elle luit dans ses mots. C'est ce procédé qui            cours diversifié. A travers le roman d'initiation
 la cavée                                            assure la crédibilité du personnage d'Emma ;             amoureuse d'un romantique, lejournal intime
 Guy CLOUTIER                                        qui fait que ses nuances affectives sont reçues          d'un bisexuel sympathique, les allusions, en
 l'Hexagone, Montréal, 1987, 139 p.                  aussi fortement comme provenant d'un corps               filigrane, aux événements d'octobre 1970 et
                                                     féminin.                                                 les propos de personnages tous désireux de
     La Cavée, c'est surtout une écriture qui fait                                                            vivre, l'enquête du narrateur se transforme en
. apparaître au fil du roman des nuances affec-                                 Sophie WAMPACH                une interrogation sur sa propre identité:
  tives appartenant tantôt aux femmes, tantôt                                                                 «Comment cette vie même est-elle devenue
  aux hommes. Ainsi tout ce feu que le person-                                                                le milieu qui a fait naître mon désir érotico-
  nage d'Emma couve depuis si longtemps, toute       voir le jour                                             mystique de narrateur?» (p. 267). Malheu-
  cette vie qui lui fait mal et qu'elle tait parce   Claire DE LAMIRANDE                                      reusement, la construction du récit, stimulante
  qu'elle appartient à cette lignée de femmes        Québec/Amérique, Montréal, 1986, 213 p.                  pour l'imagination du lecteur, ne met pas en

                                                         Voir le jour narre les aventures du Norbert
                                                      Pérégrin, un physicien de formation mainte-
            Guy Cloutier                              nant vendeur d'appareils de laboratoire. Sa
                                                      femme, Marina, fait à son insu de l'espionnage
            L^ Cavée                                  industriel, depuis 13 ans. Avec la complicité
                                                      de son patron, elle disparaît pour forcer son
            Roman
                                                      mari à dessiner un mystérieux appareil qu'il a
                                                      le « don » de voir en filigrane dans le catalogue
                                                     de la compagnie. S'ensuit un chassé-croisé
                                                     de fuites et de poursuites au bout desquelles
                                                      Marina meurt et dont Norbert sort en quelque
                                                     sorte vainqueur.
                                                         Malgré ses allures de roman policier, Voirie
                                                     jour est plutôt un récit onirisé, qui laisse chez
                                                                                                                                                       J^U
                                                     le lecteur un arrière-goût d'insatisfaction en
                                                     raison de coïncidences rocambolesques, de
                                                      scènes où règne l'illogisme, de «ressem-
            w l'Hexagone                              blance[s] hallucinantejs] » qui font sourire (p. 71 )
                                                     et de l'utilisation de moyens torturés pour faire
                                                      passer de précieux renseignements ; sans comp-
                                                     ter un certain étalage d'érudition et, notamment,
                                                     le caractère un peu primaire du sous-titre des
                                                     26 chapitres.

                                                                                              Numéro 68, décembre 1987 /Québec français/ 95
premier, veillant à n'être jamais l'abandonné       ment de Martha. Sa quête d'identité s'appa-
                                                    de quelqu'un. Dans un style alerte où la chro-      rente davantage aux révoltes d'une adolescente
                                                    nologie ne souffre aucune barrière, il fait bon     en proie à une crise de personnalité.
                                                    d'accompagner cette femme à l'allure libérée           Une intrigue amoureuse d'un romantisme
                                                    dans un Paris sillonné par les cars de police.      douteux, un style grinçant aux maladresses
                                                    En somme, l'écriture percutante de contrastes       grossières enlèvent toute crédibilité au narra-
                                                    volontairement entretenus à laquelle s'ajoute       teur. D'autres études doivent certainement
                                                    le jet rapide des images suggérées inscrit un       traiter du thème de l'insertion sociale avec
                                                    mouvement à l'ensemble, qui tient de l'incan-       plus de profondeur que ne le fait ce roman.
                                                    tation.                                                                        Danielle PITTET
                                                                             Yvon BELLEMARE

                                                                                                         \0&
                                                                                                        t'
                                                                                                        la danse de l'amante
                                                                                                         Madeleine OUELLETTE-MICHALSKA
                                                                                                         La Pleine lune, 1987, 64 p.
valeur cette possibilité d'une double lecture.                                                              L'écriture au féminin s'attache particulière-
Si la structure par analepses exige une atten-                                                          ment à la mémoire corporelle. « Le corps amou-
tion soutenue et ne permet que de soupçonner                                                            reux, sa quête de liberté, ses festivités erotiques
«qui est qui» et ce qui les unit dans cette                                                             veulent saisir ce qui fuit à jamais ; le commen-
académie du désir, l'utilisation excessive de                                                           cement de l'amour». Le premier corps où
certaines tournures de phrase et surtout celle                                                          s'éprouve, pour chacun/e, l'intensité du pre-
des jeux de mots d'une subtilité parfois dou-                                                           mier amour, l'amour d'avant les mots, la loi ou
teuse: «Anussez-vous bien mes enfants.»                                                                 le temps, c'est le corps de la mère.
(p. 168), alourdit le texte, éclipse le narrateur                                                           Dans cette dramatique remplie de poésie,
ainsi que la quête qui double son enquête.                                                              Madeleine Ouellette-Michalska met en scène
   Dommage. Mais c'est un premier livre. Et                                                             une amante philosophe, sorte d'Euguélionne
j'ai l'intuition de me plaindre d'un trop-plein                                                         des années 1980, dans sa rencontre avec
d'énergie qui, dans l'avenir, pourrait se trans-                                                        l'homme qui se cherche et qui éprouve un
former en une source de plaisir intense pour                                                            sentiment d'ambivalence à l'égard de sa mère.
le lecteur.                                                                                             A leur tour, le fils et la fille dialoguent avec
                           Christine HAMEL                                                              leur mère sur la question de leurs origines et
                                                    sans bon sang                                       du désir. Conformément aux données de la
                                                    Annette SAINT-PIERRE
                                                    Éditions des Plaines,                               psychanalyse, le rapport symbolique mère-
                                                    Saint-Boniface, 1987, 246 p. (8,95$)                fille y est vu comme plus complexe que la
fête des mères                                                                                          relation mère-fils; cependant, cet aspect du
Yves NAVARRE                                                                                            dialogue est moins convaincant, aux yeux du
Albin Michel, Paris, 1987,216 p.                       L'engouement récent pour les communautés
                                                    francophones de par le monde a conquis le           lecteur, que tous les autres thèmes explorés :
                                                    milieu littéraire canadien. Des publications        le corps à corps dans le fusionnel, les vies qui
   A 46 ans, Claire Brévaille, mère de trois                                                            nous traversent, l'apprivoisement de la mort,
enfants, étouffe dans l'étau de ses vingt-cinq      dans la langue de Molière émergent de toutes
                                                    les parties du pays. Dernièrement, paraissait       le bonheur de l'instant.
ans de mariage avec Pierre. Elle sent le besoin
                                                    aux Éditions des Plaines le dernier roman               L'auteure a conçu ce livre à la suite d'une
de secouer sa vie échouée dans une grande
                                                    d'Annette Saint-Pierre, co-directrice de cette      brève dramatique qu'elle a diffusée à Radio-
banlieue cossue non loin de Paris. A la veille
                                                    maison d'édition située à Saint-Boniface, cen-      Canada (automne 1986). Visiblement, la Danse
de la fête des mères, elle part donc en laissant
                                                    tre de la vie francophone au Manitoba.              de l'amante ainsi que la postface, très riche,
un bout de papier laconique à la maison : « Je
                                                       Cette fervente adepte du français a consacré     de Chantal Chawaf ont été écrites avec beau-
reviendrai ». Oubliant son alliance, elle passe
                                                    en 1975 une étude à sa célèbre compatriote,         coup de plaisir, un plaisir qui se transmet lors
d'abord chez sa mère, Cléa, qui croit à la
                                                    Gabrielle Roy, intitulée Gabrielle Roy sous le      de la lecture.
bonne intention de sa fille en cette période de
l'année. Puis, comme une collégienne en va-         signe du rêve. Sensibilisée aux problèmes                               Marie-José DES RIVIÈRES
cances, elle savoure les premiers instants af-      sociaux du Manitoba, Annette Saint-Pierre
friolants de cette nouvelle liberté dans un         s'attache à décrire les difficultés d'adaptation
hôtel où elle avait rêvé depuis longtemps de        des métisses de la province. Sans bon sang
revenir. De multiples péripéties les unes aussi     décrit les tribulations d'une jeune fille née
surprenantes que les autres font surgir des         d'une mère québécoise et d'un père auto-
réflexions constantes que les souvenirs qui         chtone. Martha, poussée par une mère aigrie,
affluent ne cessent d'alimenter. Cette femme        renie d'abord ses origines amérindiennes. Ob-
mûre que le doute ronge et féconde en per-          nubilée par ses traits métissés, elle ne parvient
manence s'intéresse davantage à son fils Marc       pas à s'insérer dans une société aux principes
et à son copain Jean-Baptiste qu'à son mari         ségrégationnistes. Martha, déchirée par ses
avec qui a disparu cette stimulante concor-         origines doubles, vacille entre deux modes de
dance entre les idées et les émotions. Mêlée à      vie en perpétuel conflit. L'image d'un père
une aventure amoureuse, elle aura de la diffi-      affublé des traits de l'Amérindien déchu
culté à semer l'amant intempestif pour enfin        condamne la jeune fille à refouler une partie
revenir chez elle et apprendre le malheur qui       de son identité. Néanmoins, les péripéties de
a frappé son compagnon d'un quart de siècle.        l'existence l'entraîneront sur le chemin de la
   Cet ouvrage de Navarre, en reprenant les         libération.
thèmes qui lui sont chers, emaille le texte de         Annette Saint-Pierre, en s'attaquant aux phé-
phrases sentencieuses, de maximes qui rap-          nomènes raciaux, dévoile une problématique
pellent la complexité de cette sorte de jeu         complexe difficile à cerner dans un roman. Le
humain qui consiste à abandonner l'autre en         lecteur ne saisit pas distinctement le déchire-

96 /Québec français/ Numéro 68, décembre 1987
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