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«le savoir au service du patient» Printemps 2013 Opéré le matin, de retour à la maison le soir Enquête Comment la chirurgie ambulatoire change notre vision de l’hôpital Infographie Les secrets d’une intervention réussie Décryptage Les métiers cachés du bloc
chuv | magazine éditorial sommaire Une médecine au rabais ? La chirurgie ambulatoire a connu, ces dernières US Navy Pierre-François Leyvraz Directeur général du CHUV années, des progrès sans précédent. Des opé- rations les plus anodines, comme les oreilles décollées (voir p. 11), aux plus complexes comme 04 | Enquête Métro, CHUV, dodo dans le domaine des neurosciences, ces progrès Comment la chirurgie ambulatoire change notre permettent aux patients d’éviter de longs vision de l’hôpital séjours à l’hôpital. Pour les malades, le gain est 09 | Histoire Chirurgien, pédiatre et pionnier incontestable. Finies les longues parenthèses La chirurgie pédiatrique, la première à avoir pris le « virage » d’hospitalisation qui compliquent vie privée et de l’ambulatoire vie professionnelle. A l’image de cette femme 11 | Evolution Des oreilles recollées en quelques dont nous avions rapporté le témoignage dans heures l’une de nos éditions précédentes : souffrant En 30 ans, la prise en charge s’est nettement perfectionnée d’une tumeur bénigne au cerveau, juste derrière 14 | Infographie Check-list pour une opération réussie le nerf auditif, elle avait subi une intervention 16 | Portfolio et avait pu se rendre à un concert au Paléo, à 18 | Zoom Eviter une hospitalisation grâce aux peine une semaine plus tard. nouvelles technologies Portraits de trois services qui opèrent en majorité La chirurgie ambulatoire a beaucoup progressé de manière ambulatoire et elle va continuer de le faire, à une condition 22 | Décryptage Le bloc côté scène et côté coulisses cependant : que les infrastructures nécessaires 26 | Focus Quatre bras au service du chirurgien soient disponibles. Le CHUV, comme d’autres 27 | Evénement Chirurgie ambulatoire: une hôpitaux, cherche à créer des espaces spéci- médecine de pointe ou une prise en charge fiques pour ce type de prise en charge. C’est le au rabais? but que nous poursuivons en construisant, dans 28 | Post-opératoire L’essor des soins à domicile la proximité immédiate du bâtiment principal, Portrait des centres médico-sociaux (CMS) une série de nouveaux blocs opératoires unique- 31 | Culture Les collections d’art institutionnelles ment dédiés à la chirurgie ambulatoire. Avec de Suisse se regroupent en une association un double avantage : d’une part, ceci libère les 32 | Témoignage La meilleure solution contre espaces dédiés à des opérations plus lourdes exi- les calculs geant une hospitalisation. Nous pourrons ainsi prendre en charge davantage de patients pour IMPRESSUM Printemps 2013 qui l’ambulatoire n’est pas une solution. D’autre Le CHUV | Magazine paraît quatre fois par an. Il est destiné aux collaborateurs ainsi qu’aux patients et visiteurs du CHUV intéressés part, cela nous permet de respecter le critère par le cours de la vie de notre institution. Le CHUV | Magazine d’économicité inscrit dans la loi sur l’assurance est imprimé sur du papier Cyclus Print, 100% recyclé. Son sommaire est conçu grâce aux suggestions des correspondants du Service maladie : les blocs de chirurgie ambulatoire de la communication, qui se trouvent dans les départements, disposent d’un appareillage moins lourd que services et hôpitaux affiliés du CHUV. Pour simplifier la lecture, certains libellés de poste ont été rédigés au masculin. ceux des blocs classiques. Editeurs responsables Images Dans notre cas, donner à la chirurgie ambula- Pierre-François Leyvraz, CEMCAV directeur général Impression toire toute la place qu’elle mérite a été possible Béatrice Schaad, responsable PCL Presses Centrales SA grâce à l’association entre un service d’Etat de la communication Rédaction Tirage 12’000 exemplaires (le CHUV), une fondation d’intérêt public LargeNetwork (Sophie Gaitzsch, Couverture Sylvain Menétrey, Thomas Photographie : Philippe Gétaz (la Fondation de l’Hôpital orthopédique) et une Pfefferlé, William Türler, Emilie Modèle : Christophe Voisin entreprise privée (MV santé). Même si ces colla- Veillon), Bertrand Tappy (DG), Contact Caroline de Watteville (DG) CHUV borations sont encore inédites et requièrent Coordination et graphisme Béatrice Schaad un soin particulier dans leur organisation, elles LargeNetwork Rue du Bugnon 21 Coordination au CHUV CH-1011 Lausanne permettent de pratiquer une médecine de qua- Bertrand Tappy Vous souhaitez réagir à un sujet, lité, exigeante, sûre et plus confortable pour Infographie faire une suggestion pour une CEMCAV prochaine édition, reproduire le patient. En un mot, tout sauf une médecine Remerciements un article : merci de vous adresser Prof. Patrice Jichlinski à beatrice.schaad@chuv.ch au rabais. et prof. Noël Genton ISSN 1663-0319
en bref 3 chuv | magazine | PRINTEMPS 2013 L’huile d’olive pour prévenir Alzheimer On savait déjà que le régime crétois (ou méditerranéen) – huile d’olive, fruits et légumes, peu de viande – est associé à des cas moins fréquents de pathologies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer. Une étude américaine de l’Université de Louisiane parue dans l’« ACS La droite s’oppose à la Chemical Neuroscience », vient d’en caisse maladie unique apporter un nouvel éclairage : les En mars dernier, le Conseil national chercheurs ont décrit comment l’olé- a balayé le contre-projet à l’initiative ocanthal, un antioxydant retrouvé populaire pour une caisse maladie dans l’huile d’olive, fait diminuer unique, qui avait été déposée en chez des souris la concentration de 2012. La proposition d’Alain Berset bêta-amyloïdes, des protéines asso- de mieux séparer assurances de base ciées à la maladie d’Alzheimer.▫ et complémentaires et de créer un pool pour les hauts risques n’a pas convaincu la droite. Celle-ci ne veut pas de la caisse unique, et compte sur Photographies Gerry Shaw, Sofia wotson, DR Textes Thomas Pfefferlé un rejet de l’initiative par le peuple en cas de votation populaire.▫ Soutien aux hôpitaux universitaires 36’853 Les hôpitaux universitaires de Genève, C’est le nombre de patients soignés Lausanne, Berne, Bâle et Zürich ont chaque jour dans les hôpitaux suisses négocié le prix de leurs prestations en 2011. Une grande majorité de avec les assureurs sociaux fédéraux ceux-ci (87,7%) ont été pris en charge (assurance accidents, militaire et dans des établissements de soins invalidité). Ces hôpitaux procurant aigus. La première cause d’hospitali- une médecine de pointe, il convenait sation chez les femmes concerne les de différencier leurs tarifs de base accouchements et les suivis de gros- Une vitamine de ceux des autres établissements sesses. Chez les hommes, il s’agit contre l’autisme en considérant les coûts relatifs aux des blessures et des traumatismes, Une recherche internationale a mon- soins qu’ils fournissent.▫ principalement des fractures.▫ tré que la prise de vitamine B9 avant et au début de la grossesse diminue de 40% les risques d’autisme chez le Le boom de la coqueluche nourrisson. Cette étude, parue dans En 2012, 7’400 cas de coqueluche ont le « Journal of the American Medical été déclarés en Suisse, soit 57% Association » et menée auprès de de plus qu’en 2011. Les adolescents 85’000 enfants, vient confirmer les sont, après les jeunes enfants, les vertus déjà mises en évidence de plus touchés par la maladie. L’Office cette vitamine dans le développe- fédéral de la santé publique (OFSP) ment du système nerveux. En 2011, recommande de vacciner les adoles- une étude menée sur le même cents de 11 à 15 ans contre la coque- groupe avait quant à elle montré que luche lors du vaccin combiné de la vitamine B9 prise tôt dans la gros- la diphtérie et du tétanos. Le vaccin sesse réduisait de moitié le risque de est également recommandé aux retard dans l’apprentissage du lan- femmes enceintes dont le rappel gage chez l’enfant à 3 ans.▫ remonte à plus de cinq ans.▫
chuv | magazine | PRINTEMPS 2013 4 enquête A l’image de Vinciane Dohmen (à gauche), patiente du Dr Urs Fritschi (à droite), suivie pour des problèmes de calculs rénaux, le Centre d’endoscopie opère en grande majorité des patients de manière ambulatoire, avec 11’000 interventions par année. Texte Bertrand Tappy Photographie Eric Déroze
enquête Métro, CHUV, dodo 5 chuv | magazine | PRINTEMPS 2013 En permettant au patient d’être opéré puis de retourner chez lui le jour même, la chirurgie ambulatoire fait bien plus que de lui simplifier la vie : elle révolutionne notre manière de voir l’hôpital. Avant une intervention chirurgicale, présence de l’entourage aux côtés des il est légitime de ressentir une petite jeunes patients – un facteur considéré angoisse. Cette appréhension est aujourd’hui comme incontournable d’autant plus naturelle que l’opéra- pour une récupération optimale. tion se déroule en ambulatoire : dans Malgré les résultats encourageants la même journée, vous allez être de cette pratique, il a pourtant fallu endormi, opéré, réveillé puis invité encore de longues décennies avant à rentrer à la maison… Pas d’infir- que le mouvement ne gagne les autres mière à votre chevet pour une nuit unités de l’hôpital moderne. d’observation ou de médecin de garde dans les couloirs. A votre femme, votre mari ou vos parents le soin de « La médecine vit s’occuper de vous pour passer la première nuit, changer les panse- actuellement une ments ou chercher les médicaments période extrême- antidouleur. D’où une question légitime pour tout patient : un hôpital ment stimulante, qui gère une opération de trente qui nécessite minutes et me renvoie chez moi le soir d’être inventif. » s’occupe-t-il moins bien de moi qu’un établissement qui me garde trois jours en hospitalisation ? Une révolution technique La réponse est, bien évidemment, et sociale négative. Car contrairement aux idées En réalité, trois éléments ont été reçues, la chirurgie ambulatoire a déterminants pour que l’ensemble du fait ses preuves depuis plus d’un siècle corps chirurgical aborde le virage de déjà. Cette honorable centenaire a vu l’ambulatoire : la remise en question le jour en pédiatrie, sous l’impulsion de l’hôpital comme seul lieu possible de l’Ecossais James H. Nicoll. Ce de soins, les fabuleux progrès de la médecin rédigea en 1909 les premiers technique (lire l’encadré p. 8), ainsi travaux soulignant les avantages qu’une évolution sociale. d’une chirurgie sans hospitalisation. Il effectua lui-même plus de 9’000 « Depuis les années 1970, la vision de interventions de ce type. l’hôpital a été profondément remise en question, notamment après la Cette nouvelle forme de prise en découverte des maladies nosoco- charge rencontra un vif succès auprès miales, les « maladies de l’hôpital », des patients du docteur Nicoll. Non explique le Prof. Vincent Barras, seulement, elle permettait de mini- directeur de l’Institut d’histoire de miser l’impact psychologique d’une la médecine. L’hospitalisation est opération, mais elle favorisait la depuis lors considérée comme une
chuv | magazine | PRINTEMPS 2013 Texte Bertrand Tappy 6 Photographie Coll. MHL/IUHMSP enquête Scène quotidienne de chirurgie dans les anciens blocs opératoires situés au Bugnon 21, aujourd’hui bâtiment administratif. L’ambulatoire fait exploser les coûts de la santé : vrai ou faux ? Faux : S’il est vrai que sous le nouveau système de tarification hospitalière, les interventions ambulatoires doivent être payées à 100% par les primes d’assurance maladie – donc le patient – alors qu’une intervention avec hospitalisation est remboursée à moitié par le canton, cela ne veut pas dire que les coûts de la santé seront plus élevés : les coûts de l’intervention et de la prise en charge en ambula- toire sont en effet nettement plus bas que si vous restiez plusieurs jours à l’hôpital ! « Le CHUV n’a pas attendu l’année passée et la nouvelle tarification pour repenser son organisation, ajoute Oliver Peters, directeur administratif et financier du CHUV. Cela fait plus de dix ans que nous avons entamé la réflexion. Mais d’autres pays, comme l’Allemagne ou les Etats-Unis, opèrent plus de la moitié du temps en ambulatoire. Ce qui n’est pas encore notre cas. Nous ne sommes qu’au début du chemin ! »
enquête possibilité médicale parmi d’autres, 7 chuv | magazine | PRINTEMPS 2013 avec les risques que cela implique. » Depuis cette époque, on assiste à l’émergence de nouvelles formes d’établissements : « Les réseaux de centres de soins ont été mis sur pied et l’architecture hospitalière a évolué en fonction des catégories des patients et de la durée de leur séjour. La médecine vit actuellement une période extrêmement stimulante, qui nécessite d’être inventif. La chirurgie ambulatoire est l’un des nouveaux visages de l’hôpital. » Autre évolution : le renforcement au sein de l’opinion publique de l’idée que « traîner » à l’hôpital n’est pas une bonne chose. « Dans une société de performance comme la nôtre, personne ne souhaite être associé US Navy à l’image du malade. Au centre d’endoscopie du CHUV, deux tiers des interventions se font en ambulatoire. La chirurgie ambu- Solution contre l’engorgement latoire est l’incarna- Dans cette lutte pour plus d’autono- tion parfaite d’une mie et une hospitalisation moins longue, le patient a trouvé un allié situation qui profite de taille : le directeur financier de aux patients comme l’hôpital. Ce dernier a plus de raisons que quiconque de vouloir libérer à l’hôpital. rapidement un lit au profit d’une personne ayant besoin de soins plus Et grâce aux technologies développées lourds. La chirurgie ambulatoire ces dernières décennies – internet en tête – l’équilibre des forces entre le médecin et la population a égale- est donc l’incarnation parfaite d’une situation qui profite aux patients comme à l’hôpital. Pour Oliver 5 min ment vécu des bouleversements : Peters, directeur administratif et contre le patient s’informe mieux, et en financier du CHUV, il ne s’agit que demande désormais plus à ceux qui vont le soigner », explique le Dr Bertrand Kiefer, rédacteur en chef de la pointe émergée de l’iceberg : « Nous menons actuellement plu- sieurs projets visant à minimiser les 30 min de la « Revue médicale suisse ». effets d’une intervention pour le C’est le temps nécessaire – dans le cas Ambulatoire oui, mais sous conditions d’interventions Plusieurs critères ont été déterminés par la communauté médicale internationale ambulatoires – pour pour pouvoir proposer une intervention en ambulatoire. Petite sélection : préparer le bloc • La nature de l’intervention le permet opératoire en vue de la • Le patient peut être raccompagné à son domicile prochaine chirurgie, par un proche soit 6 fois plus vite • Il ne passe pas la première nuit seul qu’une transition entre • Il peut contacter l’hôpital et s’y rendre en cas deux interventions de complication traditionnelles !
chuv | magazine | PRINTEMPS 2013 8 enquête US Navy Texte Bertrand Tappy patient, comme la création d’un l’élargissement de notre offre. Par une prise en charge lourde. » Une Centre de chirurgie ambulatoire. exemple, quelqu’un qui ne pourrait évolution indispensable, si l’on tient Celui-ci centralisera toutes les inter- pas bénéficier d’une prise en charge compte d’un autre bouleversement : ventions pouvant être effectuées la ambulatoire (lire l’encadré) tout en le vieillissement de la population et journée sans nécessiter d’hospitalisa- ne nécessitant pas non plus une par conséquent l’augmentation des tions par la suite. Mais il faut égale- longue hospitalisation pourrait être prises en charge de longue durée. ment citer des initiatives comme celle hébergé dans un hôtel à proximité, « Nous devons toutefois rester attentif du prof. Nicolas Demartines, chef doté d’un personnel spécialement à ce que la médecine ne devienne du Service de chirurgie viscérale, qui formé pour surveiller l’évolution des pas uniquement un métier technique, a élaboré un nouveau programme patients. A terme, l’hôpital tel que conclut Bertrand Kiefer. Car c’est permettant de réduire les effets d’une nous le connaissons s’occupera presque toujours l’humain qui devra piloter intervention tout en minimisant la uniquement des patients nécessitant l’hôpital de demain. »▫ durée des séjours (voir p. 14). » La technique, pilier de l’ambulatoire « A terme, l’hôpital Plus petit, mieux dosé et moins dou- déterminons lors de nos consultations s’occupera presque loureux : cela pourrait être la devise de pré-chirurgicales. » Pendant l’interven- uniquement des la nouvelle chirurgie. Plus petit, c’est tion, les produits à la disposition du – entre autres – pour l’endoscopie : médecin anesthésiste sont bien plus patients nécessitant grâce à la miniaturisation, les incisions précis : leurs effets sont beaucoup une prise en charge et les cicatrices sont bien plus fines plus rapides et s’estompent plus vite qu’auparavant. Et non seulement le après l’opération. « Grâce au monitorage lourde. » traumatisme infligé au corps est mini- et aux informations visibles sur nos misé, mais il est également possible écrans, nous pouvons pratiquement Les priorités ont donc changé : si de maîtriser les réactions beaucoup travailler en flux continu, confirme l’hôpital était autrefois un lieu où plus précisément : « Nos connaissances Christian Kern. Concrètement, les dro- seul le médecin déterminait ce physiopathologiques ont connu gues ne laissent plus de traces après qui était bon pour ses patients, ces d’énormes progrès, confirme le prof. l’intervention. Il en va de même pour derniers forment aujourd’hui le pivot Christian Kern, chef du Service d’anes- la gestion de la douleur qui peut suivre autour duquel tourne l’institution. thésiologie. Nous avons compris qu’un l’intervention. Nous utilisons aujour « Aucun patient n’est identique à un patient n’est jamais uniforme, et que d’hui des dérivés synthétiques de la autre, confirme le prof. Jean-Blaise chacun nécessite un choix et un do- morphine, bien moins violents et Wasserfallen, directeur médical du sage de produits différents, que nous mieux maitrisables que cette dernière. » CHUV. A ce sujet, nous travaillons à
histoire Chirurgien, 9 chuv | magazine | PRINTEMPS 2013 pédiatre et pionnier La chirurgie pédiatrique fut la première à introduire la prise en charge ambulatoire au CHUV dans les années 1980. Survol historique. Inspiré par les établissements cana réjouit Olivier Reinberg. En plus règles strictes, pour éviter tout risque diens, notamment l’hôpital Saint- des bénéfices psychologiques pour lié à certaines complications, notam- Justine à Montréal, le CHUV a fait l’enfant et ses proches, cette évo ment à la suite de l’anesthésie. Il figure de pionnier en introduisant lution a eu des répercussions écono- a fallu également déterminer quels la chirurgie ambulatoire pour les miques favorables. » enfants pouvaient être opérés en enfants. Sous l’impulsion du chef de ambulatoire sans risque. Des proto- service de l’époque, le professeur coles d’information ont été rédigés Noël Genton, la première unité du « Les autres hôpitaux à l’intention des parents pour qu’ils genre a été créée en 1982, à l’occasion suisses n’ont jouent un rôle dans la surveillance Photographie Archives du Service de chirurgie pédiatrique Texte Emilie Veillon du déménagement dans le nouveau à domicile. Les infirmières de l’hôpi- développé une telle bâtiment de la cité hospitalière (BH). tal de jour s’assurent quant à elles « C’était vraiment révolutionnaire, activité que bien que tout va bien à la maison via un se souvient le prof. Olivier Reinberg, plus tard. » service d’appel téléphonique. médecin adjoint du Service de chirurgie pédiatrique du CHUV. La technique au service Notre démarche a été sévèrement A l’époque, le développement de du confort critiquée, non pas par les parents qui l’unité a nécessité la création d’un Grâce aux progrès médicaux, l’équipe étaient très contents, mais par hôpital de jour et la définition de de l’unité ambulatoire de chirurgie certains membres du corps médical. Les autres hôpitaux suisses n’ont développé une telle activité que bien plus tard. » Les premières interventions concer- naient la chirurgie courante des jeunes enfants : les circoncisions, les hernies, les recherches de testicules ou encore les endoscopies. Des opérations qui nécessitaient aupara- vant une hospitalisation d’un ou plusieurs jours. Par la suite, l’activité s’est élargie, notamment à la chirur- gie plastique qui traite les malfor mations des mains ou les oreilles décollées (lire p. 11). A l’heure actuelle, l’unité pratique aussi une série de gestes sur le tube digestif et le thorax, l’excision des lésions cutanées ou encore les greffes. « Le développement de l’activité ambula- toire est impressionnant. Nous sommes passés de 100% d’hospitali- sation avant 1982 à 70% de traite- ments ambulatoires l’an dernier, se Le professeur Noël Genton, créateur du Service de chirurgie pédiatrique.
histoire pédiatrique a pu gérer une quantité chuv | magazine | PRINTEMPS 2013 10 croissante d’interventions, tout en assurant la sécurité et le bien-être des jeunes patients. La mémoire d’Olivier Reinberg regorge d’anecdotes concer- nant d’autres innovations ayant amélioré la vie des enfants hospita lisés : « Perfuser un bébé a longtemps relevé de l’exploit, au point qu’il fallait souvent les endormir. Dans les années 1980, le « butterfly » a changé la donne. Il s’agissait d’une aiguille montée sur des ailes en plastique qu’on insérait dans les veines du crâne. C’était une révolution. Il faut savoir que pour éviter que l’aiguille ne bouge, on devait faire un paquet de plâtre sur la tête des bébés. » « Nous sommes passés de 100% d’hospitalisations Texte Emilie Veillon Photographies Coll. MHL/IUHMSP, Gilles Weber avant 1982 à 70% de traitements ambulatoires l’an dernier. » Les traitements de chimiothérapies Entre le butterfly (en haut) et l’évolution des Port-a-cath (ci-dessus), les innovations techniques ont aussi gagné en confort. Etant ont permis d’améliorer le quotidien des enfants et des chirurgiens. donné qu’ils sont très dangereux s’ils ne sont pas injectés dans une veine, il arrivait que l’on pique les enfants de nombreuses fois jusqu’à avoir la certitude que les produits étaient bien administrés en intraveineuse. L’introduction des chambres implan- tées (Port-a-Cath) dans les années 1980, des sortes de capsules implan- tées sous la peau pendant toute la durée du traitement, permet aujourd’hui une injection immédiate en dissipant l’incertitude. Au fil du temps, ces dispositifs sont devenus de plus en plus ergonomiques, en titane, en résines synthétiques et en silicone. « Je reste persuadé que la chirurgie pédiatrique ambulatoire est loin d’avoir atteint ses limites. Nous allons développer encore d’autres champs d’application pour privilégier le retour le plus rapide possible des enfants dans l’univers rassurant de la maison », prophétise Olivier Permettre aux enfants de revoir plus vite leurs parents a été l’une des motivations des Reinberg.▫ chirurgiens pédiatres dans la création des prises en charge ambulatoire.
évolution 11 chuv | magazine | PRINTEMPS 2013 Texte Sylvain Menétrey iStock Photo Des oreilles recollées en quelques heures Une courte anesthésie, du fil et des pansements : l’opération visant à recoller les oreilles n’a presque pas évolué ces trente dernières années. Avec l’introduction de l’ambulatoire, l’accompagnement des patients s’est par contre nettement perfectionné. Serge Gainsbourg avait tourné l’humi- succès de l’opération de plastie des enfant peut se faire opérer des oreilles liation à son avantage, en réalisant oreilles décollées ou d’otoplastie puis rentrer à la maison quelques l’album-concept « L’Homme à la tête en pédiatrie. Cette intervention a heures plus tard. Cheffe de la chirur- de chou », mais tout le monde n’a pas longtemps impliqué une hospita gie pédiatrique au CHUV, la Dresse la dérision du chanteur et poète lisation de plusieurs jours. Elle est Judith Hohlfeld, qui a entamé sa français. Et se faire appeler quotidien- devenue nettement moins lourde formation en 1981, a observé de près nement Dumbo à l’école a de quoi grâce à la chirurgie ambulatoire. les évolutions induites par ce traumatiser plus d’un enfant. D’où le Depuis une quinzaine d’années, un nouveau mode de prise en charge.
évolution La technique opératoire en elle-même désormais qu’un enfant possède un pour faire plaisir aux adultes. » chuv | magazine | PRINTEMPS 2013 12 n’a pas connu d’innovation mar- organisme différent qui ne réagit Même si aucune contre-indication quante lors des dernières décennies. pas de la même manière aux produits n’empêche de réaliser l’opération plus « L’opération se déroule exactement qu’on lui administre, ajoute Judith tard, Judith Hohlfeld met en garde comme il y a trente ans, confirme Hohlfeld. A l’époque, on intubait contre l’émotivité des adolescents. Judith Hohlfeld. On pratique une les nouveau-nés à vif parce qu’on ne « Ils se sentent plus menacés. Leur incision derrière l’oreille, on ouvre savait pas comment les calmer et identité est ébranlée. Ils redoutent le la peau, on sculpte le cartilage pour qu’on avait peur de les intoxiquer. changement de leur apparence tout lui donner la forme souhaitée, on Aujourd’hui on sait calculer des en l’espérant. Ce sentiment ambiva- enlève la peau excédentaire, on plie dosages très précis de produit en lent peut être déstabilisant. » l’oreille et on la fixe en recousant fonction du poids et des réactions profondément avec du fil. » Rien de que peuvent avoir les enfants. « Les renvoyer très chicanier pour un chirurgien Le réveil n’en est que plus facile et expérimenté qui boucle l’affaire en moins douloureux. » à la maison, c’est une heure à peine, temps de panse- le signe que tout ment compris. Seule l’introduction 7 ans, l’âge idéal d’un fil de suture résorbable artificiel Ce sont en vérité les phases pré et s’est bien passé. » à la place du fil à base d’intestins postopératoire qui se sont métamor- d’animaux – dit « catgut » – dont on phosées à travers la prise en charge Il arrive ainsi souvent que des enfants fait aussi les cordes de violon s’appa- ambulatoire. Le dialogue avec les consultent la chirurgienne, décident rente à une nouveauté au bloc. jeunes patients et leur famille est d’éluder l’opération car ils n’en devenu une part incontournable du ressentent pas la nécessité immédiate métier de chirurgien. Avant toute avant de revenir quelques années Ce sont en vérité les opération, Judith Hohlfeld les reçoit plus tard, quand ils ont mûri leur phases pré et post pour s’assurer en premier lieu de la choix. De manière générale, Judith opératoire qui se sont détermination de l’enfant. « Il s’agit Hohlfeld remarque une hausse des de chirurgie esthétique, raison demandes ces dernières années qui métamorphosées à pour laquelle il faut un consente- expriment à son avis la prégnance travers la prise en ment éclairé de la part de celui dont contemporaine des préoccupations on modifie l’apparence. » Il y a autour de l’image. charge ambulatoire. trente ans, ce constat banal n’avait rien d’évident, car l’enfant n’avait Biscotte et yaourt L’anesthésie pédiatrique a par pas forcément son mot à dire. « On Durant la phase qui précède l’opéra- contre fait de gros progrès. « Il s’agit mesurait le décollement pour justi tion, les chirurgiens passent beau- d’une profession à part entière fier la prise en charge par l’assurance coup de temps à informer les parents qui va devenir sous peu une spécialité maladie. Des normes avaient été et les enfants à propos des différentes reconnue. Tout le monde admet établies et si l’écart était suffisam- étapes de l’opération et des soins ment substantiel, on procédait à à prodiguer à la sortie de l’hôpital. 80 l’opération. » Cette pédagogie va de pair avec le développement des techniques Cette prise en compte de l’individua- ambulatoires. A travers celles-ci, c’est lité de l’enfant implique qu’il soit en une autre vision des parents à qui enfants en moyenne âge de comprendre les explications l’on fait confiance pour administrer sont opérés au CHUV qu’on lui prodigue. La chirurgienne les soins adéquats à leur enfant pour des oreilles du CHUV préconise donc de pratiquer qui se fait jour. « Les parents ont décollées chaque l’opération à partir de 7 ans. « Les beaucoup moins peur de la médecine chirurgiens pédiatres doivent être aujourd’hui. Ils osent toucher un année. compétents en psychologie du pansement et donner des comprimés. développement. Je prends le temps Notre rôle consiste à les préparer en d’expliquer à une mère qui vient me leur expliquant en détail ce que l’on voir avec son enfant de 4 ans à quel va faire à leur enfant et les traite- point il va ressentir l’hôpital comme ments postopératoires afin qu’ils ne une agression. Par ailleurs, il est soient pas pris au dépourvu. » malsain de dire à un enfant de cet âge qu’on va lui recoller les oreilles et D’autres mesures favorisent la rédu qu’il sera plus beau. On lui ferait alors ction du niveau d’angoisse à l’image subir un acte invasif et douloureux de la consultation gratuite avec les
évolution 13 chuv | magazine | PRINTEMPS 2013 Texte Sylvain Menétrey Depositphotos groupes de préparation, accompagne- parents peuvent alors les accompa- antidouleurs selon un protocole qui ment et soutien. Ces professionnels, gner dans une chambre. « Dès qu’ils leur a été expliqué. Auparavant, on financés par des fondations externes sont assez réveillés pour dire qu’ils gardait les enfants en convalescence à l’hôpital, sont spécialisés dans ont soif, on leur donne à boire, une pendant trois jours à l’hôpital, ce qui l’explication aux enfants du séjour à biscotte et un yaourt. » Quelques pouvait désorienter les enfants. « Les l’hôpital. Ils guident le jeune patient heures plus tard, ils rentrent chez renvoyer à la maison, c’est le signe dans les méandres de l’Hôpital de eux munis d’un bonnet sur la tête à que tout s’est bien passé », assure l’enfance, qu’on privilégie pour garder une semaine. C’est alors aux Judith Hohlfeld. Et aussi un grand son aspect plus rassurant que le CHUV parents de jouer en administrant des pas vers la guérison.▫ pour les prises en charge ambula- toires. Le psychologue présente et décrit toutes les étapes à l’enfant. La durée d’hospitalisation Celui-ci apprend ainsi de quelle Aujourd’hui, un enfant passe manière on va l’endormir ou à quoi sert un goutte-à-goutte. « Grâce à ce service, le jour de l’intervention, il arrive en terrain connu. » 3 jours en 1973 6x 1/2 journée en 2013 moins de temps à l’hôpital Après l’opération, les enfants se qu’il y a quarante ans. retrouvent en salle de réveil. Les
infographie Check-list pour une opération réussie chuv | magazine | PRINTEMPS 2013 14 Pour le prof. Nicolas Demartines, chef du Service de chirurgie viscérale du CHUV, la technologie n’est pas le seul outil-miracle pour faire évoluer la chirurgie. L’amélioration générale de la prise en charge du patient est tout aussi importante. Un peu de bon sens et une équipe aVant l’oPération Pendant Textes Bertrand Tappy Infographie Camille Sauthier un Verre d’eau sucrée Le nouveau protocole ERAS (Enhanced Recovery After Surgery), utilisé en chirurgie viscérale est en voie de déploiement dans les autres services de l’hôpital. Des mesures améliorant la prise en charge du patient permettent de diminuer les com- plications et de baisser la durée d’hospitalisation, et donc les coûts. L’une des premières mesures consiste à donner un verre d’eau sucrée (plus exactement 400 ml de liquide contenant plusieurs types de sucres) deux heures avant l’opération. Une boisson qui permet de réduire le stress opératoire, et donc de diminuer le risque de complications ! le Patient bien informé Un patient qui sait ce qui l’attend et qui est régulièrement informé vivra de manière beaucoup plus active et sereine son intervention. Cela peut paraître anodin, mais il a été prouvé que le stress jouait un rôle important dans la récupération postopératoire. Informez-vous, c’est pour votre bien ! Pas d’emPressement Il ne faut pas confondre « hospitalisation moins longue » avec « hospitalisation accélérée ». Avec ERAS, les mesures prises permettent de diminuer les complications et d’améliorer les suites de l’opération, sans précipitation.
infographie 15 chuv | magazine | PRINTEMPS 2013 impliquée permettent aussi de faire des progrès considérables. Une opération se prépare en effet comme le décollage d’un avion, avec des étapes importantes permettant de réduire les effets de l’intervention, diminuer les complications et la durée d’hospitalisation (plusieurs milliers de francs par patient sont ainsi économisés). Pour vous en rendre compte, « CHUV I Magazine » a réalisé la check-list pour une intervention parfaite. l’oPération aPrès l’oPération ni drain ni cathéther mobilisation raPide Faire progresser la chirurgie, c’est Se relever et bouger quelques heures seulement également remettre en question après l’intervention : cela peut paraître barbare, des pratiques en vigueur depuis mais ne pas bouger rend le corps plus fragile, des années. Dans ce cas, il s’agit et peut causer plus de problèmes à terme de diminuer l’appareillage et (cicatrisation, mobilité, etc.). La mobilisation les drains autour du patient. Cette précoce est donc un élément clé pour le bien-être simplification facilite aussi du patient. la récupération postopératoire. une bonne anesthésie anti-douleurs Les progrès de l’anesthésie (voir p. 8) ont également beaucoup pesé sur mesure En parallèle aux progrès de l’anesthésie, l’antalgie dans l’amélioration des chirurgies. (gestion de la douleur) a également fait des progrès Une anesthésie plus précise est en fabuleux en quelques années. Les nouveaux produits effet capitale. Avec ERAS, le nombre permettent de mieux calibrer le besoin de chaque de perfusions de liquide est réduit patient, et ainsi ne donner que la dose nécessaire, au minimum ce qui contribue à permettant de diminuer entre autres les nausées. l’amélioration de l’état du patient après son opération. utiliser la bonne nutrition laParoscoPie PostoPératoire Avec la laparoscopie, plus besoin d’ouvrir pour opérer dans l’abdomen, La nutrition avant l’opération est importante. De plus, le chirurgien se guidant grâce à grâce à tous les points cités, le corps peut assimiler une caméra. Et qui dit appareillage plus rapidement en postopératoire de la nourriture, plus petit dit plus petites incisions permettant au patient de reprendre plus vite des forces, et par conséquent une plus petite et de rejoindre le domicile rapidement. De quoi vite cicatrice. Hors du gain esthétique, oublier qu’il y a peu de temps, le même ventre subissait c’est également un avantage de une intervention ! taille pour une récupération rapide.
chuv | magazine | PRINTEMPS 2013 Photographies Morgane Rossetti 16 portfolio Au fil du temps Heures, minutes et secondes : les chirurgiens doivent constamment composer avec la donnée temporelle lors de leurs interventions. Et l’avènement de l’ambulatoire est l’expression la plus parlante de cette relation. C’est en effet la durée de la prise en charge (une journée) qui en détermine l’appellation. La photographe du CEMCAV (Centre d’enseignement médical et de communication audiovisuelle), Morgane Rossetti a donc décidé de s’inspirer de ce constat pour réaliser les images de ce portfolio, qui tirent un parallèle habile entre la minutie du chirurgien et celle de l’horloger.
chuv | magazine | PRINTEMPS 2013 17 portfolio
chuv | magazine | PRINTEMPS 2013 Texte William Türler 18 zoom US Navy Eviter une hospitalisation grâce aux nouvelles technologies Des avancées techniques ont récemment permis d’immenses progrès dans le domaine des prises en charge ambulatoires, qui prennent une place toujours plus grande dans les services du CHUV. Des innovations techniques ont gologie), où l’on assiste à une aug Christian Simon, médecin-chef de permis ces dernières années une mentation constante du nombre de service. Ces interventions con croissance des actes ambulatoires au prises en charge dans ce domaine. cernent les rhinoplasties, c’est-à- CHUV. C’est notamment le cas au « Les actes ambulatoires en ORL ont dire les opérations qui visent à sein du service ORL (otorhinolaryn- doublé entre 2004 et 2011 », souligne modifier la structure du nez, en
zoom particulier lors de troubles de la 19 chuv | magazine | PRINTEMPS 2013 respiration liés à des malformations ou à des obstructions mécaniques. Elles s’appliquent aussi aux opéra- tions des oreilles, par exemple dans le cas d’infections chroniques, de perforation du tympan ou de troubles de surdité. L’ablation des amygdales et des végétations en ORL pédiatrique se font aussi le plus souvent désor- mais sans hospitalisation. « Les actes ambulatoires en OR L ont doublé entre 2004 et 2011. » « Pour les interventions dans la gorge et le cou, il est en revanche moins Photographie Morgane Rossetti fréquent de permettre au patient de rentrer chez lui le soir même, avec un simple pansement », note Christos Ikonomidis, chef de clinique. Ces interventions demandent générale- ment un suivi plus important. Il faut, par exemple, s’assurer que le patient avale et cicatrise correcte- ment. Il en va bien sûr de même pour les interventions plus graves, liées à des cancers. Neuronavigation L’une des principales techniques utili- sée en ambulatoire pour la chirurgie des sinus et de la base du crâne est la Prof. Christian Simon, médecin-chef du Service ORL. Réapprendre aux enfants les gestes du quotidien La prise en charge en ambulatoire des talisation pour évaluer la situation et par l’accolement des doigts – ne néces- enfants souffrant de brûlures et de pa- préparer, déjà, les éventuelles attelles sitent pas forcément d’hospitalisation. thologies de la main a connu d’impor- qui serviront à leur rééducation. Puis, Pour les cas plus lourds, l’enfant est tantes avancées ces dernières années au travers de jeux et d’activités autorisé à quitter l’hôpital dès que son au CHUV. « Grâce à la collaboration concrètes, elle leur enseigne, ou leur état médical le permet et que la réédu- avec les médecins, le suivi postopéra- réapprend, les gestes du quotidien : cation est mise en place. Les soins se toire en ergothérapie s’est considéra- tenir une fourchette, s’habiller, écrire. poursuivent alors en ambulatoire, pour blement développé depuis cinq ans », « L’objectif est que les enfants re- une période pouvant aller de six mois à explique Céline Dufour, ergothérapeute trouvent le maximum de fonctionna- plusieurs années. Céline Dufour suit spécialisée dans le traitement de ce lité », souligne la spécialiste. de cette manière 35 patients souffrant type de cas. de brûlures et 15 de pathologies de la Les blessures légères et certains types main. « Les enfants sont pris en charge Cette dernière accompagne les enfants de pathologies comme la syndactylie toujours plus tôt, ce qui permet de dès les premières heures de leur hospi- – malformation congénitale caractérisée réduire les risques de complications. »
chuv | magazine | PRINTEMPS 2013 20 zoom 500 opérations de la main en ambulatoire chaque année. toujours plus performante et précise. Ce qui permet d’effectuer aujour d’hui des opérations à la fois moins invasives et plus rapides. Le patient peut ainsi plus facilement rentrer chez lui le soir après une opération et revenir pour un contrôle quelques jours plus tard. Photographies Morgane Rossetti Texte William Türler Injections de particules Du côté du service de radiodiagnostic et radiologie interventionnelle, les biopsies (prélèvements d’échan tillons de tissus comme le foie, les poumons ou les reins en vue d’un examen) et certaines interventions thérapeutiques liées à des cancers se déroulent fréquemment en ambu latoire. Ces interventions concernent au total près de 70% des 2’800 opérations réalisées chaque année au sein du service. L’ensemble de ces gestes se fait sous contrôle radio Prof. Wassim Raffoul, médecin-chef du Service de chirurgie plastique et reconstructive. logique et ne nécessite donc pas de grosse incision. Cela signifie que 90% neuronavigation, c’est-à-dire une les outils (aiguille à biopsie, cathéter chirurgie assistée par ordinateur. ou aiguille de destruction tumorale) Cette méthode, que l’on utilise aussi sont amenés au contact ou dans la beaucoup en neurochirurgie ou en tumeur en contrôlant leur progression des interventions orthopédie, permet au chirurgien sous tomodensitométrie, ultrasons, en chirurgie plastique de s’orienter dans son intervention ou rayons X. se déroulent grâce à un scanner. en ambulatoire. Les cancers traités en ambulatoire Cet outil informatique, basé sur les concernent surtout le foie. « Nous mêmes principes que ceux utilisés pouvons procéder par le biais d’injec- pour se positionner dans les océans, tions de particules radioactives ou sert en quelque sorte de GPS au chargées de chimiothérapie », relève chirurgien. Il lui fournit de précieux le médecin-chef Alban Denys, qui fait repères, comme la localisation d’une partie de l’équipe de quatre médecins lésion ou de certaines zones sensibles chargés de l’interventionnel. On à éviter, telles que des artères ou des parle d’artériographie pour désigner veines. Cette technologie, qui existe cette technique d’imagerie médicale depuis une dizaine d’années, devient utilisée pour explorer des artères
zoom invisibles sur des radiographies 21 chuv | magazine | PRINTEMPS 2013 standards. Des cathéters permettent d’atteindre la lésion ou la tumeur. On peut ainsi délivrer localement dans l’organe malade directement des billes minuscules (100 à 300 microns de diamètre) chargées de chimiothérapie ou radioactives. Les techniques en chirurgie plastique ont tendance à se faire moins invasives. Une autre technique récente, la cryothérapie permet de détruire des tumeurs cancéreuses en les congelant. On introduit, sous guidage radiologique, des aiguilles dans la tumeur pour la détruire par le froid. On peut ainsi guérir de petits cancers du rein ou traiter des lésions osseuses douloureuses lors d’une hospitalisation ambulatoire. Chirurgie plastique Au sein du Service de chirurgie plastique et reconstructive, qui regroupe une dizaine de médecins, les interventions en ambulatoire sont également toujours plus fréquentes. En 2011, sur un total d’un peu plus de 7’500 patients traités, plus de 6’800 l’ont été en ambulatoire, soit près de Prof. Alban Denys, médecin-chef du Service de radiologie interventionnelle. 90% des cas. La proportion est la 70% même si l’on ne tient compte que des pas énormément évolué depuis une chirurgies de la main réalisées dans vingtaine d’années. En revanche, les des centres spécialisés, comme celui techniques ont tendance à se faire, de Longeraie. Au total, le service là aussi, moins invasives, comme réalise un peu plus de 500 opérations par exemple dans le cas de liftings ou des interventions ambulatoires chaque année. pour les traitements d’arthrose de en radiologie la main. interventionelle Pour ce qui est de la chirurgie plas- se déroulent tique, la plupart des interventions Parmi les autres techniques intéres- demandant une anesthésie locale santes qui se profilent à l’horizon en ambulatoire. (petites greffes de la peau, liposuc- dans différents domaines médicaux, cions, liftings, etc.) se réalisent en on peut mentionner la chirurgie ambulatoire, de même que certains robotique (voir p. 26), qui permet une actes plus lourds passant par une meilleure visualisation et une plus anesthésie complète, tels que des grande précision chirurgicale. A corrections importantes au niveau noter que cette technologie promet- des seins. Etonnamment, les instru- teuse ne concerne pour l’instant ments en chirurgie esthétique n’ont que les opérations oncologiques.▫
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