PENTECOTE - Là où l'arbre dit Dieu Guyane - Spiritains.org

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PENTECOTE - Là où l'arbre dit Dieu Guyane - Spiritains.org
P            ENTECOTE
   LA FAMILLE SPIRITAINE

                             sur le monde                      N° 912 Juillet - août 2020
                                                                               ISSN 0476-2428

                           Guyane
                           Là où l’arbre
                           dit Dieu…

                             Parcours Hommage      Question de foi
12031

                               à Bernard Foy    Guérir grâce à la foi ?
PENTECOTE - Là où l'arbre dit Dieu Guyane - Spiritains.org
SOMMAIRE
          REPORTAGE
                                                                                        VIE SPIRITUELLE
          Guyane
                                                                                        Question de foi
          Là où l’arbre                                                                 Guérir grâce à la foi ? ...........................................20
          dit Dieu…                                                                     Bible et mission
                                                                                        Donner toute sa vie...............................................21
                                                                                        Parole pour ma route
                                                                                        L’eucharistie, rendez-vous avec la Trinité.............22
                                                                                        Au souffle de l’Esprit
                                                                                        Blasphème contre l’Esprit Saint............................24

              Pages 4-11                                                                PROXIMITÉ
                                                                                        Brèves / Agenda............................................26
          FAMILLE SPIRITAINE                                                            Coup de pouce..............................................27
          Événement                                                                     Courriers des lecteurs...............................28
          Frère Marc Tyrant,                                                            Sourire...................................................................29
          auprès des « oubliés du confinement ».................12
          Apprentis d’Auteuil : 4 000 jeunes confinés                                   Unis dans la prière........................................30
          à accompagner......................................................14
                                                                                        Sagesse...................................................................31
          Parcours
          Hommage : P. Bernard Foy, une théologie                                          Publications
          « au ras des arachides ».........................................16              Né en 1938, en Isère, André Cognat rêvait d’aventure et de voyage. Il arrive en
                                                                                           Guyane en 1961. Adopté par un chef amérindien, il fonde le village d’Antecume-
          Rencontre                                                                        Pata. Il a créé un dispensaire, une école primaire et Taiouna, un collège
                                                                                           associatif d’étude à distance, avec le Cned, pour permettre aux enfants de
          Sr Anastasie Sonko : tisseuse de liens...................17                      rester plus longtemps au village, être plus forts moralement et physiquement
                                                                                           pour affronter un monde différent. André Cognat a écrit deux livres :
          Jeunes et Mission                                                                – J’ai choisi d’être indien, chez L’Harmattan, Vivre Là-Bas (rééd. 2000).
          Benoît Domange, volontaire Amos : du soutien                                     – Antecume ou une autre vie, chez Robert Laffont (1977).
          scolaire… à la retraite spirituelle..........................18                  Une pétition en ligne pour que la France signe la « reconnaissance des
                                                                                           Amérindiens comme peuple premier » :
                                                                                           http://www.change.org/AmerindiensFrance

                                                                                                                       Ont contribué à ce numéro…
                      Photo : Franz Lichtlé
      En couverture

                                                      À Maripa Soula, au cœur du parc                                       P. 12-13 : Marc Tyrant, né en 1962 à Saint-Brieuc
                                                      amazonien de Guyane, la forêt                                         (Bretagne), est Frère spiritain et docteur en
                                                      s’étend à perte de vue. L’arbre est le                                médecine. Ancien formateur des jeunes, adhérent
                                                      lien entre le fleuve, la terre, le vivant,                            à une organisation humanitaire médicale
                                                      l’homme et le ciel. C’est de là que trois                             internationale, il est depuis huit ans membre
                                                      spiritains déploient leur mission : l’un vers                         du Conseil général des spiritains à Rome.
                                                       le sud en pays amérindien, le deuxième
                                                       vers Papaïchton, la capitale des Boni, le                            P. 14 : P. Marc Whelan, spiritain irlandais, né en
                                                       troisième sur Maripa Soula, peuplée de                               1962 à Dublin. Il a été en mission au Ghana puis
                                                        noirs marrons issus des révoltes                                    dans l’océan Indien. Rappelé en Irlande pour
                                                        d’esclaves du XVIIe siècle, d’Amérindiens,                          l’animation spirituelle de la province, il y a été élu
                                                        de créoles, de Surinamiens,                                         provincial. Depuis un an, il est délégué à la tutelle
                                                        de Brésiliens, d’Haïtiens… L’arbre                                  à Apprentis d’Auteuil (France).
                                                        invite à l’humilité, la patience,
                                                        la paix et la prière.                                               P. 23-24 : P. Philippe Sidot, spiritain, est né en
                                                                                                                            1964 à Metz (Moselle). Ordonné prêtre en 1999,
                                                                                                                            il a été une dizaine d’années en mission en
                                                                                                                            Éthiopie. Rappelé en France pour la formation
                                                                                                                            des jeunes spiritains, il est actuellement économe
                  Tarifs d’abonnement annuel (6 numéros) : France et Belgique : 20 €                                        provincial à Paris.
            Abonnement de soutien à votre gré - Suisse : 35 CHF - Autres pays, DOM-TOM : 25 €

2 Juillet - août 2020
PENTECOTE - Là où l'arbre dit Dieu Guyane - Spiritains.org
Édito

                         Le souffle coupé
                          «     Nous savons qu’un équilibre
                          de l ’écosystème est nécessaire pour ne pas
                          suffoquer. Que fait-on donc pour protéger
                          la planète contre le réchauffement climatique ?

«
                                                                                                                    Ciric
         La vie n’est pas mesurée par les respirations    rait-il des anticorps, lui aussi, pour se protéger ? Le
         que l’on prend, mais par les moments qui         covid-19 n’en serait-il pas un ? La question mérite-
         vous coupent le souffle », écrit un auteur       rait sans doute d’être posée !
anonyme. Cette citation m’a fait penser à l’im-           En tout cas, il a beau être microscopique, il a bou-
portance que l’être humain accorde à l’oxygène,           leversé le monde. Il a changé la face de la terre
surtout lorsqu’il lui en manque. Asphyxié, il réalise     du jour au lendemain. Une partie des malades n’a
tout à coup que respirer est un acte vital et que         pas survécu. La contagion continue. D’autres per-
personne ne peut s’en passer. De manière générale,        sonnes, surtout les plus fragiles, en meurent tou-
la respiration se met en route dès la naissance et il     jours. Même ceux qui se croyaient invincibles ont
n’y a plus besoin, ni de réfléchir, ni de se poser des    fini par admettre leur impuissance face à l’ampleur
questions, à l’exception de personnes qui ont un          de la maladie ! Même certains dirigeants politiques
problème d’asthme ou toute autre maladie respi-           ont eu le souffle coupé !
ratoire.                                                  Nous savons qu’un équilibre de l’écosystème est
Dans la crise du covid-19, nous avons constaté la         nécessaire pour ne pas suffoquer. Que fait-on donc
souffrance de milliers de personnes en manque de          pour protéger la planète contre le réchauffement
souffle. Une fois que la petite bête microscopique        climatique ? Le reportage que nous proposons dans
pénètre dans les poumons, elle peut asphyxier             ce numéro nous permet d’en parler. Il nous amène
un être humain, le faisant suffoquer. En manque           en Guyane, un département français à l’entrée de la
de nourriture, on peut vivre plusieurs jours. Mais        forêt amazonienne, poumon de la planète.
quand on ne peut plus respirer, quelques minutes          Elle a beau absorber notre pollution, alimenter la
suffisent pour rendre l’âme. L’absence d’air conduit      terre d’oxygène, apporter de la pluie, ses arbres ne
à une mort certaine.                                      cessent de disparaître à coup de haches, de tron-
On peut en être sûr, cette crise ne sera pas la der-      çonneuses et de feux. Protéger nos forêts permet-
nière. Peut-on prévenir la prochaine ? Quel mode          tra de préserver la vie sur terre. Comme disait Bruce
de vie faut-il adopter pour éviter les futures pan-       Lansky, auteur américain : « Le secret de la longévité,
démies ? Sommes-nous capables d’en tirer les en-
seignements qui s’imposent ?
                                                                                         ■
                                                          c’est de continuer à respirer. »

Le temps du confinement, l’arrêt des usines et, sur-
tout, du transport aérien ont permis à la planète
de mieux respirer. Des photos satellites ont mon-
tré la diminution de la pollution de l’air pendant la
crise. Pourquoi et d’où viennent les virus ? L’univers,
contiendrait-il un système immunitaire ? Fabrique-                                  revuefrance@gmail.com

                                                                                                        Juillet - août 2020   3
PENTECOTE - Là où l'arbre dit Dieu Guyane - Spiritains.org
Reportage

                Guyane

                Là où l’arbre
                dit Dieu…
                Il y a eu le feu en Amazonie. Il y a la déforestation, les pollutions, les brigandages
                en forêt amazonienne. Il y a les menaces qui pèsent sur les habitants traditionnels
                de cette forêt… Et puis il y a le synode de l’Amazonie, prometteur pour l’Église
                et le monde… Entre les fleuves Oyapock, à l’est, et Maroni, à l’ouest, la Guyane
                constitue une porte d’entrée du plateau amazonien. Les spiritains y sont à l’œuvre
                depuis le XVIIIe siècle.

                L
                      à, au cœur de la forêt (les Guyanais ne l’appel-   Entendons l’arbre
                      leront jamais du terme péjoratif « jungle »), il   Cet arbre témoin, raconte. Il ne peut plus protéger
                      y a l’arbre. Un arbre qui parle, qui dit Dieu.     parce qu’il a été affaibli. Il ne peut plus avertir, car
                Il parle par la bouche de cet Amérindien qui ne          nous sommes devenus sourds à ses appels. Il ne
                comprend pas que des hommes soient venus le              peut plus montrer l’horreur de ce que nous pré-
                bouleverser dans son milieu de vie, lui imposer des      parons, car nous sommes devenus aveugles. Il ne
                conduites au mépris de cet arbre qui est tout pour       peut plus faire toucher au dessèchement de son
                lui. Cet arbre nous raconte combien le Bushinen-         écorce, car nous sommes devenus insensibles.
                gué (le noir marron) est triste de le voir abattu, lui   Et pourtant, Dieu continue à nous parler à travers
                qui les protégeait de tous les maux. Cet arbre nous      la souffrance de l’arbre. Nous n’avons pas d’ex-
                dit comment il a laissé un peu de place à l’agri-        cuse. En Guyane, tout cela est particulièrement
                culture vivrière lorsque les Hmong sont arrivés au       perceptible. Il y a là un arbre à entendre et à tra-
                XXe siècle, chassés de leur lointain Laos. Cet arbre
                nous explique qu’il continue à recevoir des peuples
                                                                         duire aux mots de l’Évangile.              ■
                différents, venus de diverses régions du monde
                pour lui solliciter un peu de vie.
                Il est vraisemblable que cet arbre qui a accueilli
                les premiers spiritains de France métropolitaine,        Au moment où nous mettions ce numéro sous presse, mi-juin, la
                autour des années 1778, en Guyane, soit le même          Guyane connaissait une nouvelle poussée épidémique au covid-19,
                qui continue à accueillir les spiritains du Nigéria,     avec des mesures de reconfinement partiel. Jusqu’à présent, le
                de Martinique, du Gabon, du Congo, de Haïti, de          territoire avait plutôt bien résisté, malgré de premiers cas importés de
                Tanzanie, de Madagascar aujourd’hui. Ces seize           métropole dès le mois de mars. Le relatif isolement du département
                confrères ont accepté la mission exigeante de pre-       avait certainement dans un premier temps permis de circonscrire la
                mière évangélisation dans l’ouest du département         maladie. Mais la Guyane partage 400 km de frontière avec le Brésil où
                ainsi que sur le fleuve Maroni.                          la pandémie était en mai /juin galopante.

       4 Juillet - août 2020
PENTECOTE - Là où l'arbre dit Dieu Guyane - Spiritains.org
Textes : Franz Lichtlé
        Photos : Michel Protain et Franz Lichtlé

                                PARC
                             AMAZONIEN
               Ipokan Ëutë   DE GUYANE

Il n’y a pas de limite en forêt. Le fleuve Maroni
(appelé aussi Lawa ou Litani suivant l’usage local,
la langue ou la localisation) est une voie de
communication, au cœur de cette forêt, entre le
Surinam et la Guyane, entre les villages qui
longent le fleuve… Aïkou, à droite sur la photo,
nous emmène en territoire wayana, le peuple
dont il fait partie, accompagné de Hervé, spiritain
en mission dans cette contrée éloignée.
PENTECOTE - Là où l'arbre dit Dieu Guyane - Spiritains.org
Reportage

                                                                                                                        éviter les contresens. Prêcher est
                                                                    Famille d’Aïkou, réunie
                                                                    pour le synode de Guyane                            une des difficultés qu’éprouve
                                                                    à Cayenne.                                          Aïkou qui se prépare au diaco-
                                                                                                                        nat permanent. Il faut traduire
                                                                                                                        le sens biblique dans une culture
                                                                                                                        étrangère à l’Évangile.

                                                                                                                        Une culture ancestrale
                                                                                                                        menacée
                                                                                                                        L’Église catholique fait des ef-
                                                                                                                        forts pour s’adapter à la culture
                                                                                                                        amérindienne. Mais les Églises

            En terre wayana                                                                                             protestantes évangéliques sont

                                                                                                Photos Michel Protain
                                                                                                                        importantes en pays amérin-
                                                                                                                        dien et leur présence pesante.
                                                                                                                        Les évangéliques demandent
            Hervé Moutaleno, spiritain congolais, est le curé de la paroisse amérindienne                               aux Amérindiens de rejeter
            qui s’étend au nord de Maripa Soula. Avec lui et Aikumale Alemin,                                           leur culture ancestrale ; ils se
                                                                                                                        moquent des catholiques et de
            couramment appelé Aïkou, le 13 février, nous sommes allés à la rencontre                                    leurs rites.
            d’un des peuples premiers du continent, les Wayana, et découvrir Ipokan                                     Plus largement, le choc des
            Ëutë, « village de la liberté », appelé aussi « Freedom City ».                                             cultures est difficile à vivre pour
                                                                                                                        les Amérindiens, non reconnus

                L
                       a pirogue glisse sur l’eau        catéchiste philippin, martyr                                   dans leurs droits fondamentaux1.
                       verdâtre du fleuve, le piro-      au XVIIe siècle, a été créée l’an                              Quand on est coupé de ses ra-
                       guier connaît bien les en-        dernier. Il faut encore faire de la                            cines, la tentation de l’alcool et
                 droits où il faut passer, comme         peinture, arranger les bancs et                                de la drogue est forte. Le suicide
                 si une route était tracée dans le       aménager les fenêtres de la cha-                               dans ces milieux est un véritable
                 cours d’eau au milieu des ro-
                 chers, des bancs de sable, des
                                                         pelle. En juin, le P. Emmanuel
                                                         Lafont devrait venir l’inaugurer
                                                                                                                        fléau.  ■
                 cascades appelées « sauts ». À          et y déposer le Saint Sacrement.                               1- La France n’a toujours pas ratifié « la
                 l’horizon, de la brume et, par-         Les communautés chrétiennes                                    Convention 169 relative aux droits des
                 fois, de la fumée à côté des car-       s’étendent sur cinq villages. Il                               peuples indigènes et tribaux dans les pays
                 bets (gîtes traditionnels) de petits    faut que les célébrations aient lieu                           indépendants », adoptée en 1989 par
                 villages. « Vous avez des choses        sur chaque lieu à tour de rôle. Les                            l’Organisation internationale du travail,
                 à bâcher ? » Le temps de mettre         grandes fêtes sont célébrées à la                              agence des Nations-Unies. Cette convention
                 nos paréos, de couvrir nos ap-          paroisse centrale. Les liturgies                               reconnaît un ensemble de droits fondamentaux
                 pareils photo, et il pleut à verse      doivent se faire en wayana. C’est                              essentiels à la survie des peuples autochtones,
                 là, où cinq minutes auparavant,         tout un travail de tout traduire                               notamment leurs droits à la terre et à disposer
                 nous nous protégions encore du          avec les mots justes. Aïkou est                                d’eux-mêmes. La ratification donnerait du
                 soleil. L’ondée est courte. Le soleil   aidé par Yakapin, son épouse,                                  poids à la demande de reconnaissance des
                 revient, les sauts se succèdent.        dans cette tâche délicate. Il faut                             Amérindiens en Guyane.

                 Village de la liberté
                 Voilà « Freedom City » qui se
                 profile : le village qu’Aïkou,
                 notre hôte, animateur de la petite
                 communauté catholique amérin-
                 dienne, a fondé avec sa famille.
                 Aujourd’hui, elles sont quatre à
                 y habiter ! Il nous conduit à tra-
                 vers le village pour nous faire vi-
                 siter la nouvelle chapelle, un peu                                                                Chorale Amérindienne Kali’nas, à l’église
                 à l’écart. La paroisse San Pedro                                                                  Sainte-Bernadette de Yalimapo.
                 Calungsod, du nom d’un jeune
       6 Juillet - août 2020
PENTECOTE - Là où l'arbre dit Dieu Guyane - Spiritains.org
Témoignage
 Aïkou : « Nous n’avons qu’une parole »

L
       ors de notre visite à Ipokan
       ëutë, nous avons demandé à
       Aïkou de nous parler de son
peuple et de retracer son parcours
au sein de l’Église. S’apprêtant à
participer au 2e synode de Guyane,
organisé en février dernier à
Cayenne, il se réjouissait alors par
avance « de voir l’Église de Guyane
se retrouver pour réfléchir, prier et
tracer l’avenir du diocèse ».
« Les peuples se battaient pour
du territoire. Le chef a dit que ce
n’était plus possible et a créé une                        Aïkou avec son épouse et
nouvelle génération d’Amérin-

                                                                                                                                                   Franz Lichtlé
                                                           des membres de sa famille.
diens, avec une nouvelle langue, de
nouveaux accents sur le Maroni :
les Wayanas. Nous avons décidé de                        Français de l’Isère qui a fondé         décidé de m’engager encore plus.
ne plus faire la guerre. Nous avons                      Antecume Pata. C’est là que je          Pendant un mois, j’ai lu la bible en
promis. Nous n’avons qu’une pa-                          suis né ! Il y a huit ans, j’ai fondé   wayana que m’avait donnée mon
role que nous tenons… Mais il ne                         “Freedom City”, au nom wayana           père, évangélique. En 2019, j’ai été
faut pas qu’on nous embête !                             de “Ipokan ëutë”. Je suis parti avec    à Rome pendant trois semaines
J’ai une obligation politique pour                       ma femme et mon fils. Quatre fa-        pour le synode de l’Amazonie.
mon peuple et pour le village que                        milles nous ont rejoints à ce jour.     Brésiliens, Colombiens, Équato-
j’ai fondé ! Fuyant la guerre civile                     Dans la région, il y a plusieurs        riens, Guyanais, nous n’avons pas
au Brésil, mes parents ont été ac-                       villages amérindiens : Antecume         trop communiqué les uns avec
cueillis par André Cognat, un                            Pata, Talwen, Helay, Wenke,             les autres à cause de la langue,
                                                         Aloike… Ils dépendent de Ma-            mais nous avons beaucoup prié
                                                         ripa Soula qui est la plus grande       ensemble. Mgr Lafont m’a donné
                                                         commune en surface de toute la          l’acolytat et le lectorat. Quand j’au-
                                                         France. J’ai été élu au conseil mu-     rai approfondi ma formation, je
                    André Cognat
                    à Antecume Pata,                     nicipal de la ville1.                   pourrai être ordonné diacre. Mon
                    village qu’il a                      J’ai une obligation vis-à-vis de        épouse Yakapin est catéchiste avec
                    fondé.                               l’Église catholique ! Les Églises       moi, elle suit la formation comme
                                                         protestantes évangéliques me de-        moi. Elle traduit les chants, anime
                                                         mandaient de les rejoindre. Mais        la chorale et s’occupe de tout ce
                                                         j’ai refusé de suivre une Église        qui est liturgie.
                                                         qui était contre la tradition amé-      J’ai une obligation sociale pour
                                                         rindienne. Je respecte ces Églises,     mon peuple ! Je travaille au dis-
                                                         mais je ne suis pas d’accord avec       pensaire d’Antecume Pata. Nous
                                                         leur démarche négative vis-à-vis        sommes deux pour soigner les
                                                         de mon peuple. En 2011, j’ai de-        gens. J’aime ça, ça me rend heu-
                                                         mandé le baptême dans l’Église          reux. J’ai aussi une obligation pour
                                                         catholique. Nous sommes les             ma famille. Je suis marié et j’ai
                                                         nouveaux chrétiens catholiques
                                                         du Haut-Maroni. Je suis caté-
                                                                                                 quatre enfants. »       ■
                                                         chiste, mais ça ne suffit pas. En
                                        Michel Protain

                                                                                                 1– le 15 mars dernier, la liste a été réélue au
                                                         2016, aux JMJ en Pologne, j’ai          premier tour avec plus de 54% des voix.

                                                                                                                                   Juillet - août 2020             7
PENTECOTE - Là où l'arbre dit Dieu Guyane - Spiritains.org
Reportage

                                  Le grand fromager de Papaïchton est tombé
                                  dans la nuit du 16 au 17 février 2017. La base du
                                  tronc s’est redressée un an après sa chute.
                                  Un autel a été monté à côté de la souche pour que
                                  la population puisse y déposer ses offrandes.

                                 Avec les peuples
                                 des villages de la forêt
              Michel Protain

                               Les Bushinengué sont autonomes. Ils n’aiment pas qu’on s’impose à eux. Ils se sont battus pour être libres.
                               Ils se sont échappés de l’emprise de leurs maîtres esclavagistes. Ils ont vécu dans la clandestinité, dans le
                               marronnage, en cachette dans la forêt. Ils sont entiers. On ne joue pas avec leur bien, leur culture, leur identité.
                               Il faut les prendre tels qu’ils sont. On comprendra ainsi pourquoi l’arbre a une telle importance dans leur
                               culture, dans leur foi, dans leur espérance. Toucher à la forêt, c’est toucher à leur âme.

                         L
                                     e P. Michel Sellaye est là,              chaise, derrière lui. « Béni soit son                        puis c’est la messe en aluku, une
                                     derrière l’autel sur lequel est          saint nom… Béni soit Jésus Christ                            des langues bushinengué. L’en-
                                     exposé le Saint Sacrement,               vrai Dieu et vrai homme… Bénis                               fant s’est réveillé et sert la messe.
                               courbé comme accablé, en pose                  soient les pauvres… Bénis soient les                         Sans précipitation, la célébration
                               d’humilité et de confiance. Trois              malheureux… Bénis soient les ex-                             se poursuit, avec un petit partage
                               jeunes femmes et cinq enfants                  ploités… Bénis soient les persécu-                           d’Évangile et puis la prière eucha-
                               l’accompagnent dans cette petite               tés… Bénis soient les persécuteurs…                          ristique, la communion et l’envoi…
                               église Saint-Kisito1 de Papaïch-               Bénis soient les méchants… » récite                          L’église est au milieu du village. Il
                               ton. L’un des enfants dort sur une             Michel. L’office des vêpres suit,                            n’y a pas grand-monde, mais elle
                                                                                                                                           accueille la vie du village, les bruits
                                                                                                                                           des multiples activités, les enfants
                                                                                                                                           qui jouent, les personnes qui tra-
                                                                                                                                           vaillent, la musique, des coups de
                                                                                                                                           marteau, les gens qui se saluent,
                                                                                                                                           des quads qui circulent… Tout cela
                                                                                                                                           nourrit la prière quotidienne de la
                                                                                                                                           petite communauté catholique.

                                                                                                                                           Brassage humain…
                                                                                                                                           Papaïchton est la capitale des Boni
                                                                                                                                           (ou Aluku), un des six groupes
                                                                                                                                           bushinengué. Michel Sellaye, spi-
                                                                                                                                           ritain martiniquais, en Guyane
                                                                     Le P. Samuel, spiritain nigérian, avec des                            depuis une quinzaine d’années,
                                                                                                                                           nous reçoit. C’est une nouvelle pa-
                                                                                                                          Michel Protain

                                                                    paroissiens devant l’église Saint-Bernard d’Apatou.
                                                                                                                                           roisse qui dépendait auparavant de
       8 Juillet - août 2020
PENTECOTE - Là où l'arbre dit Dieu Guyane - Spiritains.org
se sont organisés en forêt ama-           porter ses offrandes. À Apatou,
Maison traditionnelle boni à Apatou.
L’art « tembé » se compose de lignes                            zonienne. Ce n’est qu’à la fin du         ça fait des années que, penché, un
et de formes géométriques enlacées.                             XIXe siècle que la France a accueilli     arbre vénérable risque de s’effon-
Elles symbolisent le rapport de l’homme                         le groupe Boni dans le haut Maro-         drer dans le fleuve. Personne n’ose
au monde et à l’environnement naturel.
                                                                ni, à Maripa Soula et Papaïchton.         pas même y toucher, au risque
                                                                En raison d’instabilités politiques       d’une malédiction. L’ensemble de
                                                                au Surinam et en Guyana, d’autres         la population s’y soumet, même les
                                                                groupes de Bushinengué, les Djuka         nouveaux arrivants. Bushinengué,
                                                                et les Saamaka ont traversé le fleuve     Créoles, Haïtiens, Amérindiens,
                                                                pour s’installer en Guyane, princi-       Brésiliens, réfugiés de Guyana qui
                                                                palement à Grand-Santi et Apatou,         se disent « Anglais »… chacun ob-
                                                                mais aussi à Kourou, à l’occasion         serve l’usage et se soumet à l’inter-
                                                                des grands travaux du centre spa-         dit ancestral.
                                                                tial. Leur langue est imprégnée           Pour respecter les Bushinengué,
                                                                d’amérindien, de hollandais, d’an-        on commencera donc à apprendre
                                                                glais selon le groupe. Les Aluku          leur langue, le Bushi Tongo ou
                                                                ou Boni sont Français. D’autres           Nege Tongo, l’une d’elles tout
                                                                groupes sont en majorité surina-          du moins, puisqu’il y a plusieurs
                                                                miens.                                    nuances suivant les origines des
                                                Franz Lichtlé

                                                                                                          ancêtres : les Boni, les Ndyuca, les
                                                                … Et arbres vénérables                    Paamaca… Chaque groupe sera
    Maripa Soula. « Avec le P. Michel,                          Quand un orage a fait tomber              pris en considération. C’est une
    notre Église est vivante. Il sait se                        l’immense arbre fromager à l’en-          langue qui se parle, pas de gram-
    rendre disponible, à tout instant.                          trée de Papaïchton, ce fut le drame.      maire, pas de structure. Ceux qui
    Il nous guide avec douceur ! Il veut                        La ville semblait avoir perdu toute       ont une oreille fine reconnaîtront
    toujours nous satisfaire. Il prie                           protection. On a attendu des mois,        de l’anglais, d’où la facilité pour
    beaucoup pour la communauté. Il                             avant d’y toucher. On a fait des          nos confrères anglophones de se
    comprend nos retards, nos absences,                         services liturgiques en signe d’ex-       familiariser avec la langue. Mais on
    nos refus ! Il nous accepte comme                           piation pour demander pardon.             y reconnaîtra aussi du néerlandais,
    nous sommes. Il s’est bien intégré à                        L’ensemble de ses feuillages, ses         du créole… Il faudra aussi s’ajuster
    la communauté. Il nous impose les                           branchages et de son tronc ont été        aux jeunes. Plus de la moitié de la
    règles avec douceur. Quand on lui
    dit qu’on ne peut pas, que ça ne mar-
                                                                emportés bien loin en forêt au mi-
                                                                lieu des autres arbres. La souche a
                                                                                                          population a moins de 30 ans.           ■
    chera pas… il nous répond qu’on n’a                         repris sa place, un petit lieu de culte   1 – du nom d’un enfant catéchumène, le plus
    pas encore essayé ! Il s’est entouré                        a été construit à ses côtés pour que      jeune du groupe des vingt-deux martyrs de
    d’un conseil, il nous apprend à nous                        chacun puisse continuer à y ap-           l’Ouganda.
    gérer et à gérer l’Église. »
    « Le missionnaire doit se donner
    entièrement. Il ne peut pas se per-
    mettre de faire les choses à moitié.
    Pour être heureux dans notre minis-
    tère, il faut être entièrement avec…
    Si on est partagé, divisé, on devient
    triste… ! », témoigne Wenky, spiri-
    tain haïtien à Grand-Santi.
    Les Bushinengué, littéralement
    « les peuples des villages de la forêt »,
    sont issus des esclaves marrons de
    l’ancienne Guyane hollandaise,
    l’actuel Surinam, et de l’ancienne
    Guyane britannique, aujourd’hui
    Guyana. Ils avaient fui leur condi-
                                                                                                                 Le P. Michel célèbre dans l’église
    tion en trouvant refuge dans la                                                                              Saint-Kisito de Papaïchton
    forêt pendant de nombreuses an-
                                                                                                                                                        Michel Protain

                                                                                                                 avec des paroissiens.
    nées. Traqués, ils ont survécu et
                                                                                                                                           Juillet - août 2020           9
PENTECOTE - Là où l'arbre dit Dieu Guyane - Spiritains.org
Reportage                                                                                                                                      Stéphien Heu,
                                                                                                                                               diacre hmong,
                                                                                                                                               devant le centre
                                                                                                                                               du Rocher, chapelle
                                                                                                                                               construite par le
                                                                                                                                               P. Yves Bertrais,
                                                                                                                                               OMI, fondateur
                                                                                                                                               du village en 1979.

                                        « C’est Dieu qui nous
                                        a donné cette terre… »
              Franz Lichtlé

                              Javouhey est un village de 2 000 habitants, essentiellement des Hmong. Calistus Nwokeji, spiritain nigérian
                              accompagne la communauté depuis 2016. Un confrère spiritain vietnamien doit le rejoindre.

                       L
                                   a principale activité des Hmong est
                                   l’agriculture, depuis leur arrivée à Ja-
                                   vouhey en 1979. Ils ont la main verte.
                              Les grandes surfaces, les centrales d’achat
                              et les marchés sont fournis en légumes
                              par cette communauté. La vie ici est cha-
                              leureuse. Le dimanche après la messe, ils
                              organisent le marché et jouent aux boules.
                              Beaucoup de touristes fréquentent les lieux.
                              Les restaurants sont bien remplis. L’église
                              Bienheureuse-Anne-Marie-Javouhey n’est
                              pas assez grande pour les grandes fêtes,
                              mais habituellement, il reste de la place.                                                                            Le P. Calistus, spiritain
                                                                                                                                                    nigérian chez madame
                              Les gens sont très solidaires. « Quand on                                                                             Arsenta, son fils,
                              a des travaux à faire, la paroisse achète les                                                                         et ses petits-enfants.
                              matériaux et les paroissiens fournissent la
                              main d’œuvre. » Les Hmong sont de grands
                              travailleurs. Beaucoup d’Haïtiens viennent
                                                                              Michel Protain

                              travailler pour eux.                                                                                                    Les Hmong
                                                                                                                                                      en Guyane
                              Stéphien Heu, diacre hmong                                       les familles en deuil. « J’essaie d’être patient       Le P. Yves Bertrais, prêtre
                              La Guyane compte trois diacres permanents                        pour préserver la langue et les traditions et          Oblat de Marie Immaculé
                                                                                                                                                      (OMI), a été expulsé du
                              hmong. L’un d’eux est à Javouhey, les deux                       maintenir l’entente et la solidarité. » Il y a         Laos en 1975. Il a œuvré
                              autres sont à Cacao, autre communauté                            aussi un pasteur hmong à la communauté                 auprès du gouvernement
                              hmong importante. Stéphien Heu assure                            protestante évangélique du village. Les re-            français pour que des
                              les préparations aux sacrements, principa-                       lations sont bonnes.                                   réfugiés hmong puissent
                                                                                                                                                      venir en Guyane. Il parlait
                              lement, les baptêmes. Il accompagne aussi                        Madame Arsenta est une grand-mère bien                 le hmong très bien et avait
                                                                                               dévouée pour la paroisse. Elle raconte : « On          participé à la création de
                                     Marché à Cayenne.                                         est arrivé en 1979. J’avais dix ans. Ici, c’était      l’écriture cette langue qui
                                                                                               la forêt. On a beaucoup travaillé pour pré-            permet aujourd’hui encore
                                                                                               parer les jardins. Au début, on mangeait le            aux 8 millions de Hmong à
                                                                                                                                                      travers le monde de com-
                                                                                               riz que l’État français nous donnait, jusqu’à          muniquer par écrit. Il a
                                                                                               la première récolte. On a produit beaucoup             traduit l’ensemble de la
                                                                                               de légumes de toute sorte. On allait vendre            liturgie ainsi que beau-
                                                                                               en ville à vélo, en moto, en voiture. On a eu          coup de textes de la Bible.
                                                                                                                                                      Il a été enterré en France
                                                                                               beaucoup de chance de recevoir ces terres,             métropolitaine selon le
                                                                                               car beaucoup de Hmong qui sont restés au               rite hmong en 2007.
                                                                                                                                             ■
                    Michel Protain

                                                                                               Laos ou au Vietnam n’ont pas de terre. »
       10 Juillet - août 2020
Rencontre de spiritains
                                                                                                                        à Cayenne lors du synode
                                                                                                                        de Guyane.
                                                                                                                        De gauche à droite :
                                                                                                                        Samuel Akwuba,
                                                                                                                        Frantz Volcy,
                                                                                                                        Astyanax Obame-Nguema,
                                                                                                                        Jude Monpoint,
                                                                                                                        Zeny Michael

 « La Guyane forge
                                                                                                                        Rasolofoarimanana,
                                                                                                                        Wenky Frédérique,
                                                                                                                        Frédéric Bakala,
                                                                                                                        Athanase Nwosu,
                                                                                                                        Hervé Moutaleno,

 une vie spirituelle »
                                                                                                                        Gaëtan Mayama Kiyindou.

                                                                                                       Michel Protain
En Guyane depuis 2007, Frédéric Bakala, spiritain du Congo-Brazzaville, a œuvré
sur le Maroni, aussi bien avec le peuple bushinengué qu’avec le peuple amérindien. Il vient
de commencer son deuxième mandat comme supérieur du groupe spiritain de Guyane.

Peux-tu nous présenter le groupe                 qui sont éloignés. Nous attendons des
                                                                                                                           Né le 21 septembre 1864
des spiritains en Guyane ?                       confrères affectés. Je tiens à visiter chaque                             à Villiers-le-Pré, le P. Victor
Frédéric Bakala. Nous sommes un petit            confrère au moins une fois par an.                                        Renault fit profession
groupe de seize spiritains sur huit lieux                                                                                  le 6 août 1922. Après
                                                                                                                           la Martinique, il demanda
et dix paroisses. Nous sommes fiers de           Comment ça se passe                                                       à poursuivre son apostolat
ceux qui nous ont précédés sur ce terri-         avec le diocèse ?                                                         à Cayenne. Il vécut quinze
toire, mais c’est aussi un défi pour chacun      Ce n’est pas toujours simple de faire col-                                ans parmi les condamnés
                                                                                                                           du bagne et avec les
de nous. Pour moi comme supérieur, il            laborer le groupe des spiritains avec les                                 lépreux, dont il contracta
s’agit d’approcher les confrères sur leurs       structures diocésaines. Le diocèse est                                    la maladie. Il est mort,
lieux d’insertion, d’être attentif à ce qu’ils   très créatif. On entreprend beaucoup de                                   comme un saint qu’il était,
                                                                                                                           le 13 octobre 1940,
vivent, et les soutenir dans leurs questions     choses, mais on n’évalue pas assez : les ac-                              à 76 ans.
et manques.                                      quis, les limites, les échecs, les oppositions,
                                                 le suivi… C’est dommage ! Nous avons un
Quelle sont vos priorités ?                      réel manque de ressources humaines et
Nous avons décidé de prioriser notre pré-        matérielles…
sence sur le fleuve Maroni et dans l’ouest
du département. C’est un choix de pre-           Quelles sont les conditions pour être
mière évangélisation. Nous nous sommes           bien dans son apostolat en Guyane ?
répartis en trois communautés régionales.        Il faut laisser du temps au confrère qui
L’objectif est de se retrouver une fois par      arrive d’apprendre à connaître et à aimer
mois pour échanger sur les pratiques pas-        la région, ses cultures, son histoire, une
torales, nos joies, nos difficultés et nos       langue. Il faut aussi qu’il comprenne les
projets. Le groupe a un besoin de dispo-         orientations pastorales et missionnaires du
nibilité, de souplesse et de mobilité de la
part de chacun. Il n’est pas toujours facile
                                                 groupe spiritain et du diocèse. Il est néces-
                                                 saire que s’instaure une collaboration entre
                                                                                                                          Prochain
de respecter les engagements pris. Il nous       le pays d’affectation et les pays d’origine des                          reportage
paraît également important de passer du          divers confrères. La Guyane forge une vie
bon temps ensemble.                              spirituelle. Je ne suis plus le même qu’il y a                           Spiritains
Certains confrères ne sont pourtant
                                                 treize ans. J’ai appris à prendre sur moi, à
                                                 trouver des forces en moi pour défendre les
                                                                                                                          En mission
pas en communauté…                               petits, victimes d’injustices, à affronter les                           dans
C’est vrai, plusieurs confrères sont seuls
sur leur lieu de mission. J’ai vraiment le
                                                 réalités politiques, sociales, régionales.       ■                       un monde
souci de ne pas laisser un confrère isolé.        D’autres articles et photos du reportage en Guyane
                                                  sur le site : www.spiritains.org
                                                                                                                          confiné
Je tiens à trouver des solutions pour ceux
                                                                                                                               Juillet - août 2020   11
Famille spiritaine                Événement

                                    Crise sanitaire

                                   Auprès des « oubliés
                                   du confinement »
                      M. Tyrant

                                  Le Frère Marc Tyrant, spiritain et docteur en médecine, s’est mis en habit de service pour combattre
                                  le covid-19, à Paris, en se rendant auprès des personnes vulnérables sans domicile ou mal logés.

                                  Pourquoi as-tu choisi de rentrer en France              complémentaires : alimentation, kits d’hygiène,
                                  pour lutter contre le covid-19 ?                        chèques services…
                                  Frère Marc Tyrant. Comme médecin, je me suis            Du côté médical, nous informons les personnes
                                  profondément senti appelé à participer à l’effort       rencontrées sur tout ce qui concerne l’épidémie en
                                  commun, avec les outils qui sont les miens. Étant       cours. Nous répondons à leurs questions et à leurs
                                  membre d’une organisation médicale engagée sur          inquiétudes. Nous détectons, prenons en charge
                                  le terrain et par ailleurs inscrit légalement comme     et référons, au besoin, les cas suspects d’infection
                                  praticien en France, le plus simple était de me         au coronavirus. Nous assurons également d’autres
                                  mettre à disposition de cette organisation dans         besoins de santé, pour ces personnes qui n’ont pas
                                  mon pays d’origine.                                     ou plus accès aux services qui fonctionnent en
                                                                                          temps normal. En somme, nous nous consacrons
                                  Quelles sont les activités du quotidien ?               aux « angles morts » de la crise.
                                  En raison des mesures légitimes et très strictes du
                                  confinement et de la nécessité de maintenir une         Qu’as-tu observé en sillonnant les quartiers ?
                                  distanciation sociale, il est impossible de mainte-     J’ignorais qu’il y avait, dans et autour de Paris,
                                  nir nos centres médicaux ouverts tant que le risque     tant de bidonvilles et de squats. Pire : je ne les
                                  épidémique est élevé. Aussi nous nous consacrons        voyais pas ! Quant aux personnes dans la rue,
                                  à rejoindre de façon systématique les personnes         nous les apercevons si souvent et partout, que nous
                                  vulnérables sans domicile ou mal logées : par des       finissons par les « effacer » de nos consciences.
                                  maraudes dans les rues de Paris, le jour auprès de      Tous, ils constituent les « oubliés du confinement »,
                                  migrants, disséminés dans des petits campements         car leur vulnérabilité est exacerbée en cette
                                  ou sur le trottoir, ou la nuit auprès des SDF. Nous     période de crise sanitaire. Par exemple, quand
                                  les rencontrons aussi par des cliniques mobiles         on vit dans des lieux surpeuplés et insalubres
                                  dans les squats et les bidonvilles de la banlieue.      comme les squats et les bidonvilles, comment
                                  Nous sommes souvent accompagnés d’autres                peut-on se protéger du virus en maintenant les
                                  ONG partenaires qui peuvent fournir des services        nécessaires « gestes barrières », tout en assurant
               12 Juillet - août 2020
«     Dans la rue ou dans les squats,
comme aux urgences des hôpitaux, le soignant
                                                                 C’est un appel à nous libérer de notre suf-
                                                                 fisance.
                                                                 Il m’arrive souvent, ces jours-ci, de penser
et le soigné sont tous deux exposés au même virus                au fondateur des spiritains, Claude Poul-
et leur rencontre est parfois à risque.                          lart des Places. Il y a plus de trois cents ans,
Peut-être cette crise sanitaire nous apprendra                   dans les rues de cette même ville de Paris,
                                                                 c’est la rencontre concrète – et la révélation
que cette commune vulnérabilité est ce qui unit les              violente – des pauvres qui a suscité sa se-
humains au-delà des différences d ’origine,                      conde conversion et qui l’a conduit à grou-
de culture, de religion, de classe sociale.                      per autour de lui des « pauvres étudiants »
                                                                 qui consacreront leur vie au service d’autres
                                                                 pauvres. Je souhaite que la rencontre des
               les besoins essentiels du quotidien ?             pauvres d’aujourd’hui, aux périphéries de
               Quand les hôpitaux sont sous extrême              cette crise que nous vivons, dans ses angles
               tension, comment accéder aux consultations        morts, mène les spiritains à une nouvelle
               médicales et renouveler les traitements           découverte de leur vocation. Le chapitre gé-
               des maladies chroniques ? Quand les               néral qui vient ne pourra pas ignorer ce que
               déplacements sont prohibés, comment
               s’assurer de maigres revenus : ferraillage,
                                                                 nous avons vécu et découvert.               ■
               mendicité, etc. ? Quand les administrations        Extrait de l’interview de Samuel Mgbecheta
               fonctionnent seulement en télétravail,                                  pour la revue Kontinente
               comment régulariser sa situation ? Quand
               on a des plaies, des fractures, des infections,
               comment les soigner si l’on est dans la rue
               et que l’on subit la violence quotidienne
               d’autres exclus ou le harcèlement de la
               police ?
               Cette précarité s’étend à de nouvelles po-
               pulations, comme en témoignent les files
               d’attente qui s’allongent devant les banques
               alimentaires.

               Que retiens-tu de cette expérience ?
               Le souvenir de rencontres émotionnel-
               lement fortes : des îlots d’humanité dans
               la violence de la rue ou la promiscuité des                                                                      C. Loubelo

               habitats précaires. Il est impossible de sai-       Chrislain Loubelo, CSSp
               sir toute la complexité et la richesse d’une
               existence, mais on peut partager quelques           « Servir au Samu social :
               instants de simplicité et de vérité dans le         une belle expérience de solidarité »
               contexte d’une proposition de soins ou              Quand on ne vit point dans une bulle, on a bien
               tout simplement d’écoute, même si on sait           conscience que la fragilité de l’autre est aussi la nôtre.
                                                                   M’inspirant de l’exemple d’autres témoins, j’ai entre-
               qu’on ne résoudra pas fondamentalement              pris la démarche d’un service bénévole sur la plate-
               les problèmes. C’est toute la beauté du mé-         forme du Samu social qui ouvrait des douches pour
               tier de soignant, et je retrouve le plaisir de      les personnes en situation de rue. La proximité du site
               ma vocation.                                        avec ma communauté (Marseille) a facilité les choses.
               Une vulnérabilité partagée : dans la rue ou         Tous les mercredis à compter du 12 mai, j’assurais un
                                                                   service d’accueil au stade Vallier dans le quatrième
               dans les squats, comme aux urgences des             arrondissement avec un agent de la ville : rappel et
               hôpitaux, le soignant et le soigné sont tous        respect des gestes barrières, renouvellement des vê-
               deux exposés au même virus et leur ren-             tements et accessoires dans la mesure de ce qui était
               contre est parfois à risque. Peut-être cette        disponible, une boisson chaude ou froide. C’était une
                                                                   occasion d’échanges fraternels. En tant que spiritain,
               crise sanitaire nous apprendra que cette            j’ai vécu cette expérience avec simplicité, n’accom-
               commune vulnérabilité est ce qui unit les           plissant rien de spécial, mais en le faisant en étroite
               humains au-delà des différences d’origine,          collaboration avec les autres.
               de culture, de religion, de classe sociale.
                                                                                                                 Juillet - août 2020         13
Famille spiritaine                      Événement
                                        Crise sanitaire

                                        4 000 jeunes confinés
                                        à accompagner
                                        Apprentis d’Auteuil accompagne des jeunes en difficulté. Le temps du confinement imposé
                                        en France n’a pas arrêté ses activités, comme le souligne Marc Whelan, spiritain délégué général
                                        à la tutelle et à la pastorale de l’institution.

                                                       P
                                                               endant la crise sanitaire, 4 000 jeunes             point sur les différentes régions pour relever
                                                               qui n’avaient pas d’autre possibili-                défis et difficultés. Les aumôniers spiritains
                                                               té pour se confiner sont restés chez                ont été très présents avec leurs équipes.
                                                       nous. Il s’agit des mineurs non accompa-                    Pour certains jeunes, déjà traumatisés par
                                                       gnés, venus en France pour trouver refuge                   un parcours périlleux, le confinement a été
                                                       et sécurité, et les enfants qui nous sont                   difficile et anxiogène. Mais la disponibilité,
                                                       confiés par la protection de l’enfance. Cer-                l’inventivité, le dévouement et la compé-
                                                       taines de nos crèches également ont accueil-                tence du personnel présent dans les éta-
                                                       li les enfants du personnel soignant.                       blissements ont permis d’apaiser les esprits.
                                                       Pour gérer ce temps de confinement, une                     Certains de nos collaborateurs et des jeunes
                                                       cellule de crise a été mise en place, dès le                ont été contaminés. Malheureusement, un
                                                       17 mars. Chaque jour, nous avons fait le                    éducateur est décédé. Nous lui rendons

                                        Blanquefort en Gironde
                                        « On s’est fixé des objectifs réalisables »
                                                                                                          Daniel Fasquelle, laïc spiritain associé, est directeur des
                                                                                                          établissements scolaires Saint-Joseph et de la Maison
                                                                                                          d’accueil de mineurs non accompagnés (Mamina) sous
                                                                                                          l’égide de la Fondation d’Auteuil à Blanquefort en Gi-
                                                                                                          ronde.
                                                                                                          « En apprenant la fermeture des établissements scolaires à la té-
                                                                                                          lévision, j’ai réuni dès le lendemain l’ensemble des équipes pour
                                                                                                          organiser la continuité pédagogique et éducative. Il nous fallait
                                                                                                          une attention particulière pour nos jeunes, dont beaucoup sont
                                                                                                          en difficulté ou en décrochage scolaire. On s’est fixé des objectifs
                                                                                                          réalisables d’une heure de travail par jour. Et on a sollicité des
                                                                                                          aides pour les jeunes qui n’avaient pas d’accès au numérique. »
                                                                                                          Le 19 mars, jour de la Saint-Joseph, saint patron de l’établisse-
                                                                                                          ment, tout en respectant les gestes barrières, une messe ras-
                                                                                                          semble la communauté éducative. Puis, Daniel mobilise toutes
                                                                                                          les forces vives à s’engager. Il confie les projets, les réalités de vie,
                                                                                                          les santés des enseignants, des jeunes, des éducateurs, de leurs
                                                                                                          familles à saint Joseph et au P. Brottier. Pour donner du relief
                                                                                                          aux journées, l’établissement a proposé des activités multiples :
                     Daniel Fasquelle

                                                                                                          entretien du jardin potager, cours de capoeira, de tam-tams, de
                                                                                                          cuisine, apprentissage boulangerie, soutien scolaire…
                                                    Tam-tams dans l’enceinte du jardin de Saint-Joseph.                                                      Estelle Grenon

               14 Juillet - août 2020
Château des Vaux (Eure-et-Loir)
                                                                   « Est-ce que le virus
                                                                   a été voulu par Dieu ? »

                                                                 A
                                                                         umôniers spiritains, les PP.    cricket, visionnage de films ou de
                                                                         Calvin Massawe et Jean-         documentaires, temps d’écoute, de
                                                                         Edmond Rakotomalala,            partage, d’ouverture, de connais-
E. Shirima

                                                                 ont vécu le confinement en              sance mutuelle et de solidarité.
                                                                 accompagnant les jeunes et tenté de     La communauté de Sœurs du Cœur
                                                                 répondre à leurs interrogations.        immaculé de Kongolo (Cimko)
                                                                 « Nous avons choisi d’être présents     a porté fidèlement sa mission de
                                                                 au côté des jeunes pour traverser le    présence et de prière avec les ani-
                                                                 temps de crise sanitaire ensemble,      mations pendant les messes et les
                                                                 comme l’avait fait le P. Brottier en    temps spirituels. Le temps des cé-
                                                                 partant au front lors de la Grande      lébrations eucharistiques nous a
                        P. Marc Whelan.
                                                                 Guerre. Nos interventions dans les      soudés dans la prière pour les ma-
                                                                 foyers ont permis de sensibiliser les   lades, les familles endeuillées et
             hommage pour le don de sa vie.                      jeunes sur l’importance de respec-      les personnes volontaires en cette
             Les aumôniers et les équipes pas-                   ter les gestes barrières. En présence   période de crise. Grâce à internet,
             torales ont accompagné les per-                     de jeunes originaires de cultures       nous étions connectés avec une
             sonnes touchées par le deuil et par                 et de religions différentes, nous les   quarantaine des collaborateurs.
             l’angoisse. Lors des fêtes pascales,                avons accompagnés en respectant         Avec l’équipe de direction, nous
             ils ont déployé toute leur créati-                  la foi et la sensibilité de chacun.     partagions nos préoccupations et
             vité pour aider le personnel et les                 Il y a eu des temps d’échange           ensemble rassurions les jeunes, les
             jeunes à célébrer ce moment im-                     pour mieux comprendre, lever            familles et nos équipes sur le terrain
             portant du calendrier chrétien.                     les craintes et surtout parler et ré-   et en télétravail.
                                                                 pondre aux questions des jeunes         Comme un arbre tombé, et qui
             Garder contact                                      qui se demandaient : “Est-ce que le     continue à pousser malgré tout, ce
             Pour moi, comme pour beaucoup                       virus a été voulu par Dieu ? Est-ce     temps nous rappelle que notre vie
             de mes collègues, le temps passé                    qu’on a une part de responsabilité ?”   peut prendre une nouvelle orien-
             en visioconférence nous a permis                    De jour en jour, rester chez soi est    tation plus positive pour changer
             de garder contact et de prendre les                 devenu de plus en plus lourd. Les       le monde. Ces expériences res-
             nouvelles des uns et des autres.                    équipes et les éducateurs ont orga-     semblent à des semences tombées
             Chaque semaine, j’ai publié sur                     nisé de multiples activités : soutien   en terre qui donneront beaucoup de
             le site de la fondation deux textes                 scolaire, débat autour d’un thème,      fruits pour les générations futures.
             pour alimenter la réflexion et la                   vélo, courses à pied, prise et mon-     Soyons les bâtisseurs d’espérance et
             prière pendant ce temps de crise.                   tage vidéo, matches de foot et de       d’avenir heureux. »
             Avec le déconfinement viennent
             d’autres défis et soucis. Je crois
             que nos fondateurs (Poullart des
             Places et Libermann) vont conti-
             nuer à nous accompagner dans
             notre travail en faveur des jeunes,
             confiants que nous sommes bien
             capables de répondre à l’appel.
             Car comme disait le Bienheureux
             Brottier : « C’est la confiance qui
                              ■
             sauve l’avenir » !
                                                    C. Massawe

                                     Marc Whelan
                                                                 Le P. Calvin massawe, assis à droite,                P. Jean-Edmond Rakotomalala.
                                                                 avec les jeunes du Château des Vaux.

                                                                                                                                Juillet - août 2020   15
Famille spiritaine      Parcours
                        Hommage au P. Bernard Foy

                        Une théologie
                        « au ras des arachides »
                        Ancien spiritain, membre du comité de rédaction de l’Écho de la mission, le P. Bernard Foy
                        était passionné par le développement des peuples.

                       B
                               ernard, « grand homme de           taire internationale géraient notre        Dès ta première mission en
                               taille et d’esprit », portait le   quotidien sans vergogne, à notre           pays « minguissa » où tu diriges
                               souci du lien entre moder-         insu. Il expliquait comment un             une école de garçons, tu prends
                        nité et tradition, Parole de Dieu         vêtement cousu en France « en-             conscience d’un choc culturel entre
                        et culture locale. Créatif et dyna-       globait » le monde entier : le lin         la tradition des villages camerou-
                        mique, il s’est donné sans réserve        cultivé en Inde était récolté et tra-      nais et l’enseignement français
                        à l’annonce de l’Évangile, notam-         vaillé par des enfants et des ou-          importé. Tu réalises rapidement
                        ment par l’éducation.                     vriers mal payés, pour être enfin          la nécessité de te plonger dans la
                                                                  proposé à bas prix en Europe. Sans         langue « éwondo » parlée par la po-
                        »Témoignage                               le savoir, nous sommes complices           pulation locale. En 1957, Mgr Graf-
                        de Sr Marie-Louise Kœssler,               d’un commerce qui exploite les             fin te confie la tâche de construire
                        Sœur de la Charité                        pauvres pour enri-                                        une nouvelle mission
                        Témoin dynamique en œuvres de             chir les puissants de                                     au sud de Yaoundé.
                        développement des peuples, Ber-           ce monde, disait-il.                                      Débarqué seul, sans
                        nard a eu une longueur d’avance                                                                     voiture, au beau mi-
                        pour comprendre les méandres de           »Hommage                                                  lieu du village d’Afan
                        la mondialisation. Il y a vingt ans,      (extrait) de son                                          Oyo, avec juste une
                        il disait déjà comment le monde           neveu Lionel                                              cantine cabossée et
                        informatisé et la politique moné-         Bernard, la lecture                                       une petite valise, tu
                                                                  de la Bible t’était                                       découvres une nou-
                                                                  familière, tu la li-                                      velle facette de la vie
                        Repères                                   sais, l’analysais, t’en                                   d’un missionnaire
                                                                                                                        D. Baumann

                                                                  nourrissais. Tu nous                                      pionnier : bâtir ! Sans
                                                                  parlais souvent de                                        aucune expérience en
                                                                  « l’Alliance » propo-                                     la matière, tu te lances
                                                                  sée par Dieu aux hommes tout au            dans la construction de la nouvelle
                                            Srs de la Charité
                                            de Strasbourg

                                                                  long des textes de l’Ancien Tes-           mission qui doit comprendre un
                                                                  tament. Tu étais fasciné par ce            presbytère, une église et une école,
                                                                  Dieu-homme venu partager par               selon la règle du triptyque spiritain.
                                                                  amour notre humanité. Tu aimais            Pour toi, la mission d’évangélisa-
                                                                  réfléchir, faire réfléchir tes amis        tion passe par la connaissance de
                        1925 naissance le 15 septembre            africains, bien souvent dans « la          la langue, des coutumes, des pro-
                        à Port-Louis (Bretagne).                  palabre » sous un grand arbre, sur         blèmes concrets de ceux à qui tu
                        1951-1998 missionnaire                    ce qu’est l’homme. Tu avais une            t’adresses. Tu pratiques une théo-
                        au Cameroun.                              grande espérance en « l’homme              logie « au ras des arachides » selon
                        1998-2018 aumônier de Sœurs               debout », appelé à la liberté, à la res-   ta propre expression, qui ne sépare
                        de la Charité de Strasbourg.              ponsabilité et à l’autonomie grâce         surtout pas vie sociale, vie écono-
                        2018-2020 Ehpad de la Toussaint
                        (Strasbourg) où il rend son dernier
                                                                  au message de Jésus. Tu as été un
                                                                  émulateur et un témoin mission-
                                                                                                             mique et proposition spirituelle.         ■
                        souffle, le 19 mars.                      naire, nous entraînant à une cer-                                  Propos recueillis par
                                                                  taine intimité avec ce Jésus.                                         Denise Baumann
               16 Juillet - août 2020
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