Th - Trimestriel édité par le ThéâtredelaCité CDN Toulouse Occitanie. Gratuit

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Th - Trimestriel édité par le ThéâtredelaCité CDN Toulouse Occitanie. Gratuit
Trimestriel édité par le ThéâtredelaCité   1 rue Pierre Baudis, 31000 Toulouse
                                CDN Toulouse Occitanie. Gratuit                www.theatre-cite.com
Journal du ThéâtredelaCité

                                                                                                              Printemps 2019

                  Centre Dramatique National
                      Toulouse Occitanie                                        Direction
                                                                                             Galin Stoev
Th - Trimestriel édité par le ThéâtredelaCité CDN Toulouse Occitanie. Gratuit
2                                                                           Journal du ThéâtredelaCité, Printemps 2019

                       É D I T O

                                                                    Pendant ce temps, daNs la maison des artistes
On traverse des temps mouvementés. Depuis que la
                                                                    du théâtredelacité et ses huit appartements…
notion de crise s’est installée dans notre quotidien,
on vit dans une atmosphère chargée et bruyante. La
rue et les réseaux sociaux augmentent ce bruit à tel
point qu’on se fait emporter par un tourbillon où
se mélangent l’injustice sociale, la colère et l’envie
de changement. Dans une situation pareille, notre
théâtre devient plus qu’un théâtre. Il est aperçu
comme une institution chargée de symboles et de
sens politiques qui dépassent largement l’artistique.
     Le théâtre est vu comme un écran sur lequel
des individus et des groupes variés, et souvent
opposés, projettent leurs espoirs, leurs rêves, leurs
frustrations ou leurs revendications. Pourquoi ?
Pourquoi là, maintenant ? Pourquoi ici ?
     Parce que la culture reste l’un des endroits
sécurisés de dialogue, elle est un des garants de ci-
toyenneté et un des intermédiaires qui peut encore
relier les éléments d’une réalité sociale et culturelle
en pleine mutation. C’est pour cela que dans des
moments de crise un théâtre doit faire son devoir.
En d’autres termes, un théâtre doit assurer que ses
spectacles se jouent, que ses publics soient accueillis
et que cet espace fragile et éphémère d’écoute et
de compréhension envers autrui continue d’exister,
même en cas de chaos et de division qu’il pourrait
nous être imposé comme seule réalité légitime.

                                                    Galin Stoev

             En résidence
          au ThéâtredelaCité
             ce printemps
                     Prince Lepetit
            Cie CRÉATURE / Lou Broquin
                Du 11 février au 13 mars
           Création au ThéâtredelaCité le 14 mars

                        Énéide(s)
             Cie Crossroad / Maëlle Poésy
                   Du 8 avril au 4 mai
            Création au festival Théâtre en mai
                     de Dijon le 30 mai

                          Cannes
               Cie Y / Étienne Gaudillère
                    Du 22 au 27 avril
             Création au Théâtre Molière Sète –
              scène nationale archipel de Thau
                          le 14 mai
                                                                                                                                                                                                             © Pierre Vanni
                 J’ai rêvé d’un cafard
                     Sonia Belskaya
                 Du 20 mai au 14 juin
                Création au ThéâtredelaCité                                                                                                                               UniverCité : Rencontre #2
                                                                           Les HallesdelaCité
                        en novembre                                                                                                                                       « Espace(s) des possibles ? »
              Tout le monde ne peut pas                            Loges à fromage, sushis, cochonnaille, huîtres,
                                                                                                                                                                                Toute personne a ses espaces, réels
                      être orphelin                                          soupes, vin et cocktails…
                    Chiens de Navarre                                                                                                                                    ou imaginaires, revendiqués ou ignorés, limités
                   Du 30 mai au 15 juin                                                                                                                                ou en mouvement, sociaux ou (et) intimes, proches
                                                                                 ● Ouvertes
         Création aux Nuits de Fourvière de Lyon                                                                                                                      ou lointains. Comment interagissent-ils entre eux ?
                         le 22 juin                                         du mercredi au samedi
                                                                                                                                                                           « L’Espace vide », « Espèces d’espaces »,
                                                                               à partir de 18 h
                                                                                                                                                                              « L’Espace du dedans », du dehors,
              Des cadavres qui respirent                                       et tous les soirs
        Laura Wade / Chloé Dabert / AtelierCité                                                                                                                             du désordre, pour faire autre chose… :
                                                                              de représentation                            Présentation de saison
         Du 17 au 20 avril et du 15 mai au 3 juin                                                                                                                          autant de questionnements qui ont jalonné
            Création au ThéâtredelaCité le 4 juin                                                                                2019/2020                            les parcours de Galin Stoev, d’Aurélien Boryet de
                                                                                                                                                                         leurs invités.e.s. « Espace(s) des possibles ? »
                         Falaise                                              Le restaurant                                  Deux soirées de présentation                    sera le point d’ancrage de cette matinée
                      Baro d’evel /                                        du ThéâtredelaCité                                  de la prochaine saison
          Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias                                                                                                                                       de réflexions partagées.
                 Du 17 juin au 6 juillet
                                                                  Du petit-déjeuner au dîner, pour boire un verre,          ● Lundi 3 et mercredi 5 juin
                 Création au festival Grec                                                                                                                                    Rencontre conçue et animée
                   de Barcelone en juillet                         sur ses banquettes ou sa terrasse végétalisée,                      à 19 h                                     par le ThéâtredelaCité
                                                                             en semaine et le week-end                          au ThéâtredelaCité                           et le groupe de recherche CAS
                                                                                                                                                                               (Université Jean Jaurès) —
                                                                        ● Ouverture prochainement,                            Entrée libre sur réservation                   représenté par Emeline Jouve
                                                                     du mardi au samedi à partir de 10 h                          à partir du 7 mai
                                                                          et le dimanche 12 h – 18 h                            au 05 34 45 05 05                                   ● Samedi 13 avril
          Le ThéâtredelaCité                                                                                                                                                 10 h – 12 h aux HallesdelaCité
              en tournée                                                                                                                                                         Entrée libre sur réservation
             ce printemps                                                                                                                                                            05 34 45 05 05
                                                                              Exposition                                         Vide dressing
                        PRLMNT                                           Va dans ta chambre !
                  De Camille de Toledo                                                                                     En collaboration avec l’association
             Mise en scène Christophe Bergon                                Venez découvrir la chambre               Étincelle Occitanie qui a pour but d’améliorer
                   26 et 27 mars 2019                                                                                                                                            Procès / Débat
                                                                            d’adolescent de Galin Stoev               la qualité de vie des malades du cancer grâce
                  Théâtre de l’Archipel,                                                                                                                                  les acteur.rice.s culturel.le.s
                                                                     dans le cadre de l’exposition participative           à la mise en place d’un programme
                         Perpignan                                                                                                                                           au banc des accusé.e.s
                                                                             Va dans ta chambre !.                            personnalisé d’accompagnement                 Venez accuser, défendre et témoigner
                      Cataract Valley                                                                                    thérapeutique dès le diagnostic, pendant
             D’après la nouvelle Camp Cataract                                ● Jusqu’au 27 avril                          les traitements, et après la maladie.
                       de Jane Bowles                                                                                                                                            ● Dimanche 24 mars
                                                                          Fondation espace écureuil
               Un projet de Marie Rémond                                                                                                                                           de 15 h à 17h 30
                 Adaptation et mise en scène                            3 place du Capitole, Toulouse                            ● Samedi 15 juin                           dans La Salle du ThéâtredelaCité
                      Marie Rémond                                                                                        dans le hall du ThéâtredelaCité
                  et Thomas Quillardet                                              Entrée libre                             Restauration sur place
               Du 15 mai au 15 juin 2019                                                                                                                                           Et à partir de 18 h
                                                                                  Renseignements
             Odéon – Théâtre de l’Europe,                                                                                                                                     soirée conviviale dans le hall
                                                                                 05 62 30 23 30                                      Entrée libre
                            Paris
                                                                         caisseepargne-art-contemporain.fr
                                                                                                                                                                                         Entrée libre
Th - Trimestriel édité par le ThéâtredelaCité CDN Toulouse Occitanie. Gratuit
Journal du ThéâtredelaCité, Printemps 2019                                                                                                                        3

                                                                                                                  Tristesses
                                                                                                                                                                                    trempés, que l’artiste belge inscrit dans la modernité
                                                                                                                                                                                    d’un langage scénique d’aujourd’hui, lequel est lui-
                                                                                                                                                                                    même travaillé par son rapport au cinéma et aux séries
                                                                                                                                                                                    télévisées.

                                                                                                                                   Un polar                                                 « L’ensemble
                                                                                                                                  au théâtre…                                             du spectacle joue
                                                                                                                  C’est rare, le polar, au théâtre. Et pourtant, ça peut être
                                                                                                                                                                                            sur le dedans
                                                                                                                  très bien, à l’image de Tristesses, le formidable spectacle
                                                                                                                  que signe l’auteure-metteure en scène-comédienne belge
                                                                                                                  Anne-Cécile Vandalem. Avec Anne-Cécile Vandalem,
                                                                                                                                                                                             et le dehors,
                                                                                                                                                                                              l’intérieur
                                                                                                                  Tristesses est une île sur laquelle nous habitons tous,
                                                                                                                  aujourd’hui en Europe, même si dans l’histoire qu’elle
                                                                                                                  raconte, elle ne compte plus que huit habitants. L’artiste

                                                                                                                                                                                            et l’extérieur,
                                                                                                                  belge s’est inspirée d’un fait divers qui a eu lieu sur l’île
                                                                                                                  de Samso, au Danemark, pour écrire cette fiction qui
                                                                                                                  fait montre d’un goût et d’un talent certain pour la nar-
                                                                                                                  ration et la comédie noire.

                                                                                                                  Sur Tristesses, confetti perdu au nord du Danemark,
                                                                                                                                                                                          ce qui est montré
                                                                                                                                                                                            et ce que l’on
                                                                                                                  vivaient donc des centaines d’habitants, jusqu’à ce que
                                                                                                                  les abattoirs, qui étaient le seul employeur local, ne fas-
                                                                                                                  sent faillite. Alors l’île s’est vidée, et ils ne sont plus que
                                                                                                                  huit à l’habiter. Tous sont plus ou moins cousins.
                                                                                                                      Un bon polar, c’est d’abord une question
                                                                                                                  d’atmosphère, et on peut dire qu’Anne-Cécile Vandalem
                                                                                                                  sait y faire dans ce domaine. Tout, sur le plateau, con-
                                                                                                                                                                                                cache. »
                                                                                                                  court à installer une légère étrangeté qui ne se dément
                                                                                                                  pas, tout au long du spectacle, et qui par son hyperréa-              Tristesses n’en garde pas moins un soubassement
                                                                                                                  lisme déjoue le naturalisme narratif de l’histoire.               théâtral très fort, notamment dans le jeu, à la fois très
                                                                                                                      Il paraît qu’Anne-Cécile Vandalem aime les mai-               incarné et légèrement distancié, que portent de très
                                                                                                                  sons, et ce que l’on découvre d’abord, ce sont les                bons comédiens.
                                                                                                                  quelques chalets de bois serrés les uns contre les autres,
                                                                                                                  comme pour se tenir chaud, dans le froid du petit matin.                                                              Fabienne Darge,
                                                                                                                  L’ensemble du spectacle jouera ainsi sur le dedans et le              extrait de l’article Avignon : « Tristesses », beaux rivages,
                                                                                                                  dehors, l’intérieur et l’extérieur, ce qui est montré et ce                                   paru le 9 juillet 2016 dans Le Monde
                                                                                                                  que l’on cache.
                                                                                                                      Anne-Cécile Vandalem rejoint ici la grande tradition
                                                                                                                  du polar politique, de Dashiell Hammett à Jean-Patrick
                                                                                                                  Manchette. Les peurs, les fantasmes d’invasion, le                ● 9 – 12 avril
                                                                                                                  sentiment d’abandon, la corruption, les manipula-                                 Anne-Cécile Vandalem /
                                                                                                                                                                                    Conception et mise en scène

                                                                                                                  tions politiques, la macération d’une communauté                  Das Fräulein [Kompanie]
                                                                                                                  endogamique, sont tricotés en un engrenage fatal, sans            La Salle / 2 h 10
                                                                                                                  démonstration ni didactisme.
                                                                                                                      Mais si son spectacle s’offre dans une forme acces-                                         ALLER PLUS LOIN
                                                                                                                  sible et ouverte à tous, il est sous-tendu par une solide
                                                                                                                  réflexion, nourrie par les philosophes Gilles Deleuze                                               Préambule
                                                                                                                  et Georges Didi-Huberman notamment, sur la « tris-                                               Mercredi 10 avril
                                                                                                                  tesse » produite par l’impuissance et l’impasse politiques
                                                                                                                  que nous subissons. Tout passe donc ici par le filtre                                               Bord de scène
                                                                                                                  d’une narration classique, avec des personnages bien                                               Jeudi 11 avril
                                                                                      Tristesses © Phile Deprez

Kind                                                                 5 ANECDOTES
                                                                   À PROPOS DE KIND

                                                                 — Kind est une nouvelle occasion
                                                              pour Gabriela Carrizo et Franck Chartier
                                                                 de coréaliser à nouveau ensemble.

         Une trilogie                                            — Contrairement à Vader et Moeder,
                                                               Kind se déroule dans un cadre extérieur.

          familiale
                                                                Le décor est une forêt avec des arbres
                                                                            et des falaises.

                                                                 — Le casting de Kind est constitué
                                                                de 5 danseurs, d’une mezzo-soprano
Kind (Enfant) est le troisième et dernier volet d’une
                                                                          et de 3 enfants.
recherche sur les émotions cachées dans les constella-
tions familiales. La trilogie de la compagnie Peeping Tom
a débuté en 2014 avec Vader (Père), dirigé par Franck          — La création a débuté avec un atelier
Chartier, suivi par Moeder (Mère) en 2016 de Gabriela           pour enfants comme préparation
Carrizo, tous deux accueillis au ThéâtredelaCité.                 aux recherches pour la pièce.
Pour Kind, ils reprennent la direction artistique
ensemble.
                                                                       — Kind est la huitième
Le point de vue de l’enfant constitue la base de la pièce.          production de Peeping Tom.
Les enfants ont toujours été présents dans l’univers
de Peeping Tom, mais jamais de façon aussi concrète.
Sur scène, les enfants représentaient principalement
un point de vue d’adulte. Cette fois, les actions sont
guidées par la façon dont ils perçoivent le monde, par
leurs peurs et leurs désirs.
    Dans Kind, Gabriela Carrizo et Franck Chartier                  L E S AV I E Z - V O U S ?
expriment une fascination pour le potentiel expressif
et physique des enfants et des adolescent.e.s. Ils étu-         — L’équipe de Peeping Tom – artistes,
dient comment le point de vue d’un enfant change                chorégraphes, technicien.ne.s, designers
et se développe en grandissant, avec tous les choix,         et autres collaborateur.rice.s – est composée
pressions, peurs, doutes et changements physiques
associés ; comment cela se traduit en gestes et en lan-          de plus de 13 nationalités différentes.
gage corporel.
    Pour cette création, les chorégraphes ont multiplié        — L’artiste le plus âgé de Peeping Tom
les recherches préparatoires approfondies avec des                  a 80 ans et le plus jeune, 26.
jeunes de milieux et de statuts différents : privilégiés,
défavorisés, perturbés, orphelins ou réfugiés. Leur
monde mental et la façon dont ils voient les choses dif-          — Plus de 280 000 personnes
féremment des adultes ouvrent la voie à de nouvelles                 à travers le monde ont vu
idées. Les chorégraphes leur ont donné toute la liberté         une représentation de Peeping Tom.
d’auto-accentuer certains éléments, avec lesquels
les créateurs ont pu travailler. Les personnages sont               — Plus de 1500 figurant.e.s
interprétés par des artistes qui ne sont pas nécessaire-
ment enfants, mais toujours à partir d’une perspective           à travers le monde ont joué dans
fournie par des enfants ou des adolescents pendant le           une représentation de Peeping Tom.
processus de création.
                                                               — En 2015, Peeping Tom a remporté
Véritable entrelacement de la danse avec la théâtralité,       le prestigieux Olivier Award à Londres                                                                                        Gabriela Carrizo & Franck Chartier © Jesse Willems
le texte, les chansons, la scénographie et la pratique
amateur, le style Peeping Tom perdure. Là encore, ils                 pour 32 rue Vandenbranden.                  ● 12 – 14 juin
font appel à des figurants locaux, souhaitant travailler                                                                         Gabriela Carrizo et Franck Chartier /Peeping Tom
                                                                                                                  Conception et mise en scène

avec diverses générations qui se juxtaposent sur scène.                                                           La Salle / 1 h 30
Th - Trimestriel édité par le ThéâtredelaCité CDN Toulouse Occitanie. Gratuit
4                                                                              Journal du ThéâtredelaCité, Printemps 2019

                            Des cadavres
                            qui respirent
                                   Une comédie à l’humour anglais
    Construite comme un puzzle géant, où chaque découvreur de cadavre devient lui-même un cadavre, cette pièce à l’humour noir
       nous livre cinq scènes, cinq tranches de vie où humour, ennui et ironie se côtoient, mettant à jour les petites et grandes
                          souffrances ordinaires. La mort, omniprésente, ne montre jamais le même visage.
             Elle est tour à tour grotesque, pitoyable ou cruelle… Et l’auteure s’en amuse. — Blandine Pélissier, traductrice de l’œuvre

            Entretien                                       qui m’a intéressé (par définition, un cadavre
                                                            ne peut pas respirer), parce qu’il coïncide
                                                                                                                       multiples approches, esthétiques et techniques,
                                                                                                                       ce que je fais et transmets c’est ça, ce théâtre
                                                                                                                                                                                  les pièces énigmatiques comme Orphelins – Prix
                                                                                                                                                                                  Impatience 2014, Festival d’émergences théâ-
       avec Laura Wade,                                     aussi avec le paradoxe de la chronologie de la
                                                            pièce qui est impossible (comme un ruban de
                                                                                                                       auquel je crois. J’interviens à un endroit par-
                                                                                                                       ticulier : sur une approche de l’interprétation
                                                                                                                                                                                  trales à Paris – ou L’Abattage rituel de Gorge
                                                                                                                                                                                  Mastromas de Dennis Kelly ou dans un autre registre,
             auteure                                        Möbius, NdlT). Quand on n’est pas heureux.se
                                                            dans sa vie, on peut se sentir comme un cadavre
                                                                                                                       dénuée de présupposés, considérant que tout
                                                                                                                       vient du plateau, sur le travail du rythme et
                                                                                                                                                                                  J’étais dans ma maison et j’attendais que la
                                                                                                                                                                                  pluie vienne de Jean-Luc Lagarce. Comment relevez-
                                                            qui respire et qui continue à fonctionner.                 de la musicalité de la langue, sur la dialectique          vous ces énigmes, véritables défis dramaturgiques,
Comment avez-vous abordé l’écriture de cette pièce ?
                                                                                                                       entre le cadre de la fiction et l’incarnation du           scénographiques ?
Quelle en était l’idée première ?
                                                            Pourquoi écrire pour le théâtre ? Quelles en sont, selon   personnage, entre le réalisme et l’onirisme.               Cette pièce-ci comporte effectivement des
L’idée première est venue très vite, d’un coup.
                                                            vous, les principales spécificités ?                       J’apporte des outils dont les gens s’emparent              énigmes scénographiques et dramaturgiques
Au cœur de la pièce, il y a, très fort, la lutte pour
                                                            J’écris pour le théâtre parce que j’aime le théâ-          et avec lesquels ils font ce qu’ils veulent. C’est         à résoudre, c’est excitant. J’aime travailler sur
la joie, le bonheur. J’ai eu l’idée de trois per-
                                                            tre, j’adore aller voir des pièces et j’ai donc            pour ça que j’encourage les acteurs à avoir des            les défis de mise en espace et d’incarnation.
sonnages qui deviendraient chacun le cadavre
                                                            envie de contribuer à ça. J’aime beaucoup                  pédagogues différents, à recevoir des enseigne-            Le texte forme une boucle, il y a une sorte de
de la scène d’après. C’était non linéaire, dès le
                                                            aussi l’idée du travail en équipe, de la commu-            ments différents, à élargir leur palette d’outils.         circularité : j’ai l’impression que si c’est trop
départ. Il y a eu très très peu de changements
                                                            nauté. Je travaille toujours au plateau avec les                                                                      réaliste, ça ne fonctionnera pas. Un autre élé-
en répétitions, parce que la pièce est construite
                                                            metteur.e.s en scène. Quand on écrit un roman,             Parlons un peu des Cadavres qui respirent, le texte        ment important est que le spectacle est destiné
comme un puzzle, ou un château de cartes. Si
                                                            on est plus solitaire. Maintenant, je commence             de Laura Wade que vous créez en juin prochain avec         à tourner en décentralisation, la scénographie
on enlève une carte, le château s’écroule. J’ai un
                                                            à collaborer avec les metteur.e.s en scène dès le          l’AtelierCité. Qu’est-ce qui vous a mené à cette pièce ?   doit être légère et rapide à monter. Si je n’ai pas
peu joué avec l’ordre des scènes au tout début,
                                                            début de l’écriture.                                       Une pièce reconnue en Angleterre – élue meilleure pièce    encore de réponses sur la manière dont nous
mais très vite je m’en suis tenue à cette struc-
                                                                                                                       en 2006 et pour laquelle la Britannique a reçu le prix     allons relever ces défis, les contraintes du texte
ture. C’est une structure en « nœud papillon »,
                                                               Propos recueillis et traduits par Blandine Pélissier,   de l’auteure la plus prometteuse par le Critics’ Circle    associées aux contraintes techniques posent
avec la première partie de la pièce dans une
                                                                                              traductrice de l’œuvre   Theatre – mais encore non créée en France je crois.        un cadre à l’intérieur duquel on va inventer.
couleur, puis, au milieu, le nœud de la scène
violente, puis la deuxième partie qui repart sur                                                                       C’est un vrai coup de cœur collectif, une pro-                     Propos recueillis par Mélanie Jouen, janvier 2019
une autre couleur.                                                                                                     fonde envie de faire découvrir cette auteure.
                                                                                                                       Souvent, je choisis les textes en rêvant simul-
Que vous voulez faire éprouver aux spectateur.rice.s à
travers la structure de la pièce ?
                                                                       Entretien                                       tanément aux acteur.rice.s que je distribuerai.
                                                                                                                       À mon sens, il doit y avoir une vraie rencontre
                                                                                                                                                                                                       [EXTRAIT]

J’aime que le public travaille. Et aussi qu’il                    avec Chloé Dabert,                                   humaine entre un texte et ses interprètes. Là,
                                                                                                                       ne les connaissant pas, je n’arrivais pas à choi-
                                                                                                                                                                                          EMMA : Merde. Désolée. Désolée.
                                                                                                                                                                                          Elle regarde un moment vers le lit, comme si le
puisse prendre du plaisir à voir la pièce et à
comprendre ce qu’il se passe entre les person-                     metteure en scène                                   sir seule, alors on a choisi ensemble. Je savais
                                                                                                                       qu’ils étaient sept, je connaissais leur parcours,
                                                                                                                                                                                          cadavre avait dit quelque chose.
                                                                                                                                                                                          Non, ça va.
nages, même s’il ne comprend pas tout de la                                                                                                                                               Emma se frotte les yeux et sourit faiblement.
structure. Quand la pièce s’est jouée au Royal              Que représente pour vous cet engagement auprès de          avais leurs photos. J’avais aussi envie de revenir                 C’est juste que… vous êtes mort et que je
Court, elle était programmée dans la salle                  l’AtelierCité ?                                            à des dramaturges anglais, après avoir monté                       vais peut-être me faire virer, alors…
Jerwood, tout en haut. J’avais très envie que le            C’est tout d’abord une relation, avec Galin                il y a quelques années deux pièces de Dennis                       C’est pas… c’est pas génial, hein ?
public cherche à comprendre ce qu’il avait vu               Stoev et Stéphane Gil, qui se tisse désormais              Kelly. Il s’agissait aussi de leur transmettre un                  Ça la fait rire.
tout le temps où il redescendait les escaliers et           plus largement avec cette maison. Je suis con-             objet destiné à appartenir à la troupe, un objet                   Voilà que je vous parle.
                                                                                                                       qui doit être vu, qui doit vivre. À partir de ces                  Elle fronce les sourcils, regarde autour d’elle.
que les gens en parlent entre eux !                         tente, flattée même, d’être conviée ici, d’une
                                                                                                                       éléments, je suis arrivée avec plein de proposi-                   C’est nouveau, ça.
                                                            part avec Iphigénie, d’autre part avec Des cadavres                                                                           Elle soupire et se tourne vers le cadavre.
Comment avez-vous travaillé le rythme et l’oralité de       qui respirent, la création sur-mesure que je signe         tions. On a passé une semaine à lire et puis il y
                                                                                                                                                                                          Comment vous vous appelez, Monsieur
votre texte ? Pour cela, avez-vous travaillé avec des       avec l’AtelierCité. Ma présence au sein de cette           a eu ce texte-ci, dont les personnages collaient
                                                                                                                                                                                          L’homme ?
acteurs pour aboutir à la version finale du texte ?         maison s’inscrit dans un projet plus global de             bien avec le groupe, dont l’écriture et l’énergie                  Elle regarde le lit et fait comme si le cadavre lui
En fait, cela me vient naturellement, j’entends             véritable compagnonnage. Il y a ici une volonté            ont tout de suite plu. On a tout de même                           avait répondu.
des voix dans ma tête et je travaille à voix haute          d’intégrer l’artiste à la vie de la maison, qu’il          mesuré les points forts, les points faibles, les                   Je vais descendre leur dire dans une minute.
quand je suis bloquée, ça m’aide. J’ai travaillé à          soit de passage comme moi ou en permanence                 défis. On a envie de partager la découverte                         Ils vont croire que je blague, cette fois.
des tempos légèrement différents pour chaque                comme cette troupe. Je me sens proche de cette             stimulante d’une écriture qu’on ne connaît pas                     Un temps. Emma aperçoit une enveloppe en
                                                                                                                       encore en France, traduite mais jamais mon-                        évidence sur la coiffeuse.
personnage.                                                 philosophie, que j’essaie d’insuffler également
                                                                                                                       tée en effet, un projet passionnant pour un tel                    Oh, vous avez fait une lettre. C’est gentil.
                                                            à la Comédie de Reims dont je viens de pren-                                                                                  Emma saisit l’enveloppe.
La mort et la sexualité ont l’air d’être deux sujets très   dre la direction. J’ai très vite ressenti que les          spectacle.
                                                                                                                                                                                          Vous avez l’air… Je suis sûre que vous
proches dans toute la pièce. Quelle est votre intention     sept comédien.ne.s de l’AtelierCité font tous                                                                                 étiez sympa. Je suis sûre que vous étiez
ou idée là-dessus ?                                         déjà pleinement partie de cette belle maison.              Vous qui travaillez le texte comme une partition                   très… très gentil. Pas quelqu’un à qui
Je voulais travailler sur la coexistence du                 C’est très important que les artistes, les équi-           musicale, avec précision, d’une manière très rythmique             j’aurais adressé la parole peut-être. Mais
corps et de l’esprit. Je m’intéressais beau-                pes et les publics se côtoient ainsi, dans une             voire mathématique, quel rythme détient ce texte-ci                vous avez l’air vraiment sympa. Vous êtes
coup, à l’époque, au processus physique de la               possible familiarité. En tant que metteure en              spécifiquement ?                                                   pas mon genre, non, vous êtes un peu
mort. C’était quelque chose que je trouvais à               scène, je ne travaille pas différemment avec les           C’est un rythme que j’ai déjà éprouvé et qu’il                     vieux pour moi.
la fois répugnant et fascinant, les fluides qui             acteur.rice.s de l’AtelierCité qu’avec d’autres            me plaît de travailler : ça va vite, ça fuse. Je                                           Des cadavres qui respirent
s’échappent des corps morts, comme les flui-                interprètes. Certes, ce sont des acteur.rice.s             peux ainsi leur apporter quelques éléments                                                                 Scène 1
des qui s’échappent des corps pendant l’acte                qui ont la particularité d’être jeunes, mais qui           techniques à partir desquels on va pouvoir cons-
sexuel. La mort qui termine la vie et l’acte sexuel         que soit celui face à moi, la relation s’invente           truire. Ce texte est finalement le socle d’une
qui peut donner la vie ont quelque chose de                 toujours de manière singulière.                            transmission puisqu’il se situe exactement à
physiquement similaire dans le corps. Je trouve                                                                        mon endroit de recherche. La pièce est ensuite             ● 4 – 14 juin
                                                                                                                                                                                  De
                                                                                                                                                                                     Laura Wade
ça fort au niveau philosophique et émotionnel.              « Le théâtre se transmet et on ne transmet que ce en       délicieusement complexe car il n’y a pas de                Traduction
                                                                                                                                                                                              Blandine Pélissier et Kelly Rivière
                                                            quoi l’on croit » dites-vous : en quoi croyez-vous ?       message clair. Il règne une certaine ambiguïté,            Mise en scène
                                                                                                                                                                                                Chloé Dabert
« Quand un homme a perdu ce qui faisait sa joie, je         Je souhaite amener l’autre au plus proche de lui-          un trouble, un suspense. Il est drôle, violent             Avec les comédien.ne.s de l’
                                                                                                                                                                                                               AtelierCité 2018-2019 : Sélène Assaf,
tiens qu’il ne vit plus. C’est un cadavre qui respire. »    même. Je cherche une forme de simplicité, de               poétique et irrésolu, d’un possible réalisme, il           Thomas Bellein, Maud Gripon, Adrien Guitton,
Vous utilisez cette citation d’Antigone de Sophocle         sincérité, sans douleur, avec douceur. Quelque             nous entraîne vers le surnaturel. C’est un texte           Thibaut Prigent, Simon Ribet, Mélissa Zehner
                                                                                                                                                                                   Produit par le
                                                                                                                                                                                                  ThéâtredelaCité
en guise d’avant-propos, que vous évoque-t-elle ?           chose qui soit ni violent, ni intrusif. Je fais du         qui pose question et c’est ce qui fait son intérêt.
                                                                                                                                                                                  Pour la création de Des cadavres qui respirent,
Tous les personnages, d’une certaine façon,                 théâtre d’une certaine manière, je l’aime d’une                                                                       l’équipe artistique est accueillie en résidence au ThéâtredelaCité
se battent pour être heureux.ses dans leur vie.             certaine manière et c’est ce théâtre-là que je             Dans les écritures contemporaines auxquelles vous          pendant 4 semaines.
C’est le paradoxe des « cadavres qui respirent »            nomme lorsque je parle de croyance. S’il y a de            vous êtes attelée, vous semblez avoir un penchant pour     Le CUB
Th - Trimestriel édité par le ThéâtredelaCité CDN Toulouse Occitanie. Gratuit
Journal du ThéâtredelaCité, Printemps 2019                                                                                                                          5

                     L’AtelierCité                                                            Les Habits froids
                                                                                       Atelier dirigé par Aurélien Bory
                      en un coup                                                         En partenariat avec le LIDO,
                                                                                   centre des arts du cirque du 2 au 13 avril
                         d’œil                                                              Présentations publiques
                     ce printemps                                                  du mercredi au samedi 13 avril / 18 h 30 /
                                                                                              Salle de répétition 1
                Coréalisations de courts-métrages
                    En partenariat avec l’ENSAV                                         Des cadavres qui respirent
                  Tournage du 25 février au 9 mars                                      Laura Wade / Chloé Dabert
                Projection des films le mardi 14 mai /                       Répétitions du 17 au 27 avril et du 17 mai au 3 juin
                          18 h 30 – Le CUB                                      Répétition publique mardi 21 mai / 18 h 30
                                                                                      Représentations du 4 au 14 juin
              PRLMNT # L’Invention d’un monde
              Camille de Toledo / Christophe Bergon                                   Atelier dirigé par Galin Stoev
               26 et 27 mars – L’Archipel, Perpignan                                 du 2 au 11 mai et du 17 au 29 juin
                                                                                  Présentations publiques (dates à préciser)

                          Réservations pour les présentations publiques (entrées libres) : c.chausson@theatre-cite.com

                                                                                               Les comédien.ne.s de l’AtelierCité. De gauche à droite : Sélène Assaf, Thibaut Prigent, Maud Gripon, Adrien Guitton, Simon Ribet, Mélissa Zehner, Thomas Bellein © Polo Garat

                            Iphigénie
                                     Un mythe fondateur
            Entretien                                               drame épique tel qu’on le retrouve aujourd’hui
                                                                    dans des formes très diversifiées jusque dans
       avec Chloé Dabert                                            les séries télévisées comme Game of Thrones
                                                                    dont le succès, mondial, témoigne de l’ancrage
                                                                    de la culture moderne dans le mythe. Il n’est
                                                                    pas anodin que l’un des épisodes parle d’un
Racine. Dire le nom de cet auteur est déjà plonger
                                                                    homme qui doit sacrifier sa fille pour accéder
dans l’histoire du théâtre et de la culture française.
                                                                    au trône. Par ambition, par épuisement et sous
Était-ce cette confrontation qui vous intéressait ou vous
                                                                    la contrainte, il accepte. Je travaille beaucoup
éloignez-vous de cette idée pour y trouver l’indépendance
                                                                    en ateliers avec des adolescents et de jeunes
de votre génération ?
                                                                    adultes, et ce type de résonance est une source
Iphigénie est un texte qui m’habite depuis
                                                                    de réflexion, d’inspiration. Nous y retrouvons
l’adolescence et auquel je reviens régulièrement.
                                                                    la trame d’Iphigénie que Racine a lui-même
Le choix de cette pièce a rapidement été une
                                                                    reprise à Euripide. Qu’est-ce que cette pratique
évidence. Les protagonistes y sont « arrêtés,
                                                                    raconte de notre propre rapport à l’expiation,
bloqués » dans un camp militaire situé entre
                                                                    au retour au calme, à l’apaisement, à la fin
la plage et la mer, et ils attendent que le vent,
                                                                    d’un cycle ? Pourquoi s’agit-il de sacrifices de
jusque-là défavorable, se lève pour pouvoir par-
                                                                    jeunes femmes ? Je n’ai pas de réponse, je ne
tir au combat. Mon choix tient aussi au dialogue
                                                                    cherche d’ailleurs jamais à en donner une aux
qu’entretient ce type de mythes fondateurs avec
                                                                    spectateurs. L’important pour moi est de nous
notre temps. Que représente le fait de sacrifier
                                                                    retrouver ensemble face à un constat, de nous
une jeune fille pour une idée, une raison d’État ?
                                                                    poser la question de nos propres limites, de
Qu’est-ce qui sous-tend le fait de se soumettre à
                                                                    nos systèmes de valeurs, sachant qu’un sacri-
un oracle ? De « croire l’oracle » ? L’ Iphigénie de
                                                                    fice aura bien lieu et que le vent se lèvera. Cela
Racine parle à travers le temps, et nous renvoie
                                                                    nous conduit à une autre question : quel sens
au présent. L’humain ne se questionne plus sur
                                                                    moral pouvons-nous donner à la conclusion
la fin de son prochain. Il agit et accepte de sacri-
                                                                    de Racine ? S’agit-il ici de justifier ou non
fier l’un des siens au nom de l’intérêt commun.
                                                                    un acte ? Le théâtre est là pour interroger et
                                                                    ébranler. Personnellement, j’aurais préféré que
Les grandes figures féminines comme Antigone,                       le vent ne se lève pas. Au-delà du rapport aux
Iphigénie, Penthésilée sont souvent des personnages qui             croyances et au pouvoir, la pièce questionne                                                                                                                                Iphigénie © Victor Tonelli
permettent aux lecteurs et spectateurs d’entrer dans le             la figure féminine dans son rapport à l’intime.                       hommes, d’égaler Iphigénie aux yeux d’Achille
monde du théâtre. Elles sont de magnifiques miroirs.                À travers ces trois femmes qui arrivent dans                          en « valant » autant qu’elle… Tandis que chez
Iphigénie est fille de roi. Elle incarne parfaite-                  ce camp militaire – Iphigénie, Clytemnestre,                          Euripide, c’est une biche qui est sacrifiée au
ment sa fonction de princesse, et bientôt de                        Ériphile – et alors que chacune d’elles sait                          final, je trouve qu’il y a quelque chose de très
sujet sacrifié. De par son éducation, elle ne                                                                                                                                                                ● 16 – 19 avril
                                                                    qu’elles n’y ont pas leur place, on perçoit                           moderne dans la résolution de Racine qui met                       De
                                                                                                                                                                                                                Jean Racine
remet pas en question l’autorité, elle accepte                      qu’elles se battent avec les moyens qu’elles                          de côté toute forme de surnaturel pour con-                        Mise en scène
                                                                                                                                                                                                                           Chloé Dabert / Cie Héros-limite
son sort, elle « croit » en l’oracle. Il y a une                    ont à leur disposition. Ces personnages                               clure sur un sacrifice humain. Rappel violent                      Accompagné par le
                                                                                                                                                                                                                               ThéâtredelaCité
forme de conditionnement de cette jeune fille                       m’amènent à interroger la place des corps, à                          de notre modernité.                                                La Salle / 2 h 30
qui accepte d’être sacrifiée. Elle se bat avec les                  me poser la question du désir. Iphigénie et
armes qu’elle a à sa disposition, à savoir son                                                                                                                                                                                 ALLER PLUS LOIN
                                                                    Ériphile aiment le même homme, Achille. Le
corps qu’elle offre par amour pour son père et                      sacrifice d’Ériphile à la fin de la pièce est pour                                      Propos recueillis par Marion Guilloux                                     Bord de scène
par sens du devoir. Nous sommes ici dans le                         sa part guidé par le fait d’exister aux yeux des                                                    pour le Festival d’Avignon                                   Jeudi 18 avril
Th - Trimestriel édité par le ThéâtredelaCité CDN Toulouse Occitanie. Gratuit
6                                                                                      Journal du ThéâtredelaCité, Printemps 2019

                                                                                                               À nos Atrides !
                                                                       Laurent Pérez de la                                                                            À côté d’eux, Camille ajoute une couche de peinture noire aux planches accrochées à
                                                                                                                                                                      l’échafaud – objet principal du décor.

                                                                     Compagnie L’Émetteur,
                                                                                                                                                                                                            Mardi 22 janvier
                                                                                                                                                                      Les comédien.ne.s sont dans une autre salle, plus grande, plongée dans le noir, où seule
                                                                                                                                                                      la scène est éclairée. Les musiciens jouent, côté cour. Trois personnes sont installées

                                                                        crée cette adaptation
                                                                                                                                                                      derrière des machines de régie. Des pièces du décor sont installées, comme cette espèce
                                                                                                                                                                      d’échafaud gris-noir. Louise et Régis sont sur le plateau, costumés. Laurent est assis
                                                                                                                                                                      sur le sol. À sa gauche, Sarah suit le texte sur un ordinateur. Elle souffle les répliques
                                                                                                                                                                      oubliées. Souvent, Laurent se lève, entre sur le plateau et donne ses indications. Dans

                                                                     de L’Orestie d’Eschyle.                                                                          ces cas-là, les technicien.ne.s allument la salle toute entière. Quand une barre du décor
                                                                                                                                                                      tombe bruyamment, il la remet. Laurent exprime ses doutes, il cherche à « ce que
                                                                                                                                                                      quelque chose opère ». Le personnage de Cassandre est au centre du travail. Parfois,

                                                                              En janvier                                                                              tout le monde se tait, pour réfléchir calmement. À la pause, ils vont sur la terrasse du
                                                                                                                                                                      troisème étage, fumer une cigarette, abrités de la forte pluie par une coursive. Presque
                                                                                                                                                                      un déluge de tragédie grecque.

                                                                       avec les comédien.ne.s                                                                                                                Mercredi 23 janvier
                                                                                                                                                                      Une dizaine de personnes regardent la répétition de la fin de la pièce. Ceux qui ne

                                                                        et les technicien.ne.s,
                                                                                                                                                                      jouent pas sont installés par terre. Les régisseur.se.s ajustent les projections de vidéos et
                                                                                                                                                                      l’utilisation d’un micro – trop d’échos, problème d’allumage. Agacé.e.s, les comédien.ne.s
                                                                                                                                                                      tapent du pied au sol quand leur réplique leur échappe. Laurent monte sur l’échafaud et
                                                                                                                                                                      montre ce qu’il attend : « Tu vois ce que je veux dire ? » Cette question est un leitmotiv.

                                                                               ils étaient                                                                            Cette salle du cinquième étage est une espèce de moulin silencieux. Des personnes y
                                                                                                                                                                      entrent, en sortent, très discrètement. Des ouvreuses observent. Une femme photo-
                                                                                                                                                                      graphie. La gravité et la démesure du mythe des Atrides sont telles qu’elles déteignent

                                                                        au ThéâtredelaCité                                                                            sérieusement sur l’atmosphère ambiante, presque en-dehors du monde. « Commence pas
                                                                                                                                                                      à me faire rire, je suis fatigué » concède Laurent, le sourire aux lèvres. La journée termi-
                                                                                                                                                                      née, toutes lumières allumées, il faut déplacer l’échafaud. C’est un bazar à transbahuter.

                                                                           pour travailler.
                                                                                                                                                                      Une comédienne s’y suspend et fait des tractions. D’autres s’improvisent danseurs de cla-
                                                                                                                                                                      quettes en patientant. Les régisseur.se.s discutent. Tout ça forme une petite cacophonie.

                                                                    Ce récit vous ouvre la porte
                                                                                                                                                                                                               Jeudi 24 janvier
                                                                                                                                                                      Les comédien.ne.s et les régisseur.se.s « traversent » la pièce entièrement. Ils la jouent,
                                                                                                                                                                      du début à la fin, sans marquer d’arrêt, pour la première fois. Mathieu accorde sa guitare,
                                                                                                                                                                      Régis relit le texte, Sylvie se lave les dents. D’autres bavardent. Une douce agitation se

                                                                      de la salle de répétition.                                                                      déploie. « OK. OK. On peut se voir en plateau, là ? » Laurent rassure et motive la troupe.
                                                                                                                                                                      Les premières scènes se suivent et, désormais, c’est la folie que l’on sent à plein nez. Ce
                                                                                                                                                                      que jouent les deux musiciens est lent, délicat, aiguë, étrange et rappelle les mugissements
                                                                                                                                                                      d’animaux marins. Les portes de « la maison au sol imbibé de sang » s’ouvrent. La colère
                                                                                                                                                                      de Sylvie, jouant une Clytemnestre en robe blanche athénienne, impressionne. Les deux
                                                                                                        Lundi 21 janvier                                              ou trois spectateur.rice.s sont inquiet.e.s par cette démence. L’air est empli de menaces.
                                                                  Il est neuf heures. Le hall du théâtre est vide, les lumières sont allumées. Il faut monter         Et de promesses, pour le spectacle qui vient.
                                                                  au cinquième étage, emprunter des chemins tortueux, un ascenseur, des escaliers,                                                                                              Valentin Chomienne
                                                                  pour trouver Laurent, les comédien.ne.s et les technicien.ne.s. Dans une grande salle,              ● 12 – 15 mars
                                                                  presque nue, ils sont six assis autour d’une table. Dessus, il y a gourdes, tasses, flacons         D'après
                                                                                                                                                                               L’Orestie d’  Eschyle
                                                                  d’huiles essentielles, stylos, mouchoirs, carnets et téléphones. Ils travaillent le texte des       Adaptation et mise en scène
                                                                                                                                                                                                  Laurent Pérez / Compagnie L’Émetteur
                                                                  premiers épisodes et chants du chœur. Ils répètent les scènes afin de bien comprendre               Accompagné par le
                                                                                                                                                                                          ThéâtredelaCité
                                                                  ce que les personnages – Agamemnon, Ismène, etc – veulent dire. Laurent regarde et                  Présenté avec et au
                                                                                                                                                                                          Théâtre Sorano
                                                                  écoute attentivement. Il arrête Sylvie pour lui demander de changer de ton, de davan-               Pour la création d’À nos Atrides !, l’équipe artistique est accueillie en résidence au ThéâtredelaCité
                                                                  tage s’enfoncer dans une humeur. Elle écrit et rature son texte. Un son indistinct                  pendant 2 semaines.
                                                                  parvient jusqu’à la salle – ce sont les deux musiciens (Roland et Mathieu) qui jouent.              Au Théâtre Sorano / 2  h environ
                                 À nos Atrides ! © Fanny Batier

     Prince Lepetit
  en audiodescription
L’accès pour tou.te.s au spectacle vivant !
                                                                                                               Prince Lepetit
Accompagner les publics en situation de handicap
dans l’accès au spectacle vivant, notamment les
personnes en situation de déficience visuelle, est
                                                                    L’histoire de Prince Lepetit a fait                                                               dit aussi qu’en tant que spectateur.rice.s, on doit accepter de dépasser l’approche naturaliste,
                                                                                                                                                                      se laisser immerger. Accepter qu’un personnage ait plusieurs figures qui le définissent, aller

                                                                     écho illico auprès de Lou Broquin,
                                                                                                                                                                      sans peur vers davantage d’abstraction et se laisser embarquer dans cette aventure ».
un enjeu essentiel pour enrichir l’écoute et nourrir
l’imagination de chaque spectateur !                                                                                                                                                                                                 Propos recueillis par Cécile Brochard

                                                                   l’artiste qui met en scène le beau texte
    À l’occasion de la création de Prince Lepetit, le
ThéâtredelaCité a commandé une audiodescription
du spectacle : description de l’ensemble des éléments
                                                                                                                                                                              « Le texte de Prince Lepetit
visuels – décors, costumes, entrées et sorties des co-
médiens ou encore situations – seront détaillés en                 d’Henri Bornstein. Un aperçu sensible
direct lors de la représentation du lundi 18 mars à
                                                                                                                                                                          a bouleversé l’adulte que je suis en lui
14h30. En amont, les spectateurs seront conviés à
                                                                   de sa création en quelques mots choisis :
                                                                                                                                                                             rappelant l’enfant que j’ai été. »
une visite tactile de l’espace scénique ainsi qu’à une
rencontre avec Lou Broquin.
              Audiodescription réalisée par Dune Cherville
                                                                                                                                                                                                                                                           Lou Broquin
● Lundi 18 mars / 14h30 / Le CUB                                  Enfance : « Dès la première lecture, j’ai aimé ce texte. Ce n’est pas parce qu’on crée pour
Représentation ouverte aux groupes et aux spectateurs             des enfants qu’on doit manquer d’exigence et d’honnêteté. S’adresser aux petits ce n’est pas
individuels, petits et grands — Informations et réservations      écrire à genoux pour se mettre à leur taille, mais c’est parler à des êtres humains qui sont déjà   ● 14 – 21 mars
à l’accueil du théâtre
                                                                  actifs dans la construction du monde. Je protège leur vulnérabilité mais je laisse le chemin        D’
                                                                                                                                                                         Henri Bornstein
                                                                  des questions grand ouvert ».                                                                       Conception et mise en scène
                                                                                                                                                                                                  Lou Broquin / Cie CRÉATURE
                                                                                                                                                                      Accompagné par le
                                                                                                                                                                                          ThéâtredelaCité
                                                                  Liberté : « Au fur et à mesure de la création, mes images, mes présences, mes fantômes se           Pour la création de Prince Lepetit, l’équipe artistique est accueillie en résidence au ThéâtredelaCité

          Dessine-moi
                                                                  sont ajoutés à ceux du récit et le livre s’est déplié, déployé. Et mes visions de départ ont        pendant 5 semaines.
                                                                  changé au passage au plateau, elles sont devenues plus oniriques, intimes, totalement en            Le CUB / 1 h 15

         un personnage                                            prise avec les états d’âme de Prince, sa perception, ses émotions et son évolution. Au final,
                                                                  sans que j’en modifie une ligne cette histoire m’a donné une liberté totale ».
                                                                                                                                                                      À partir de 8 ans

                                                                                                                                                                                                           ALLER PLUS LOIN
                 Parcours croisés                                 Dépasser : « C’est un mot qui dit d’abord que quel que soit son âge, on peut aller plus loin que
                                                                  la souffrance. Ce petit garçon confronté à une séparation brutale d’avec sa mère dont on ne                                                 Bord de scène
Ce parcours, proposé à trois classes de CM1-CM2                   connaît d’abord pas l’issue, sublime ce drame grâce à l’imaginaire et à la rêverie. Ce mot nous                        Samedi 16 mars, à l’issue de la représentation de 20 h
des écoles Falcucci et Ronsard, invite les élèves à
explorer activement la relation entre un texte et le
travail de mise en scène. Une metteure en scène et
un auteur, Lou Broquin et Henri Bornstein, ont
rencontré des enfants pour raconter leur processus
créatif et expliquer comment un texte naît dans
l’esprit d’un.e auteur.rice et prend corps entre les
mains d’un.e metteur.e en scène. Les deux artistes
ont proposé aux enfants de créer des productions
plastiques à partir des personnages de Prince Lepetit.
Chaque élève s’est emparé d’un personnage pour en
faire son portrait. Avant de passer à la réalisation
plastique, les enfants ont dû convoquer leur sensibi-
lité et leur imaginaire afin de définir les traits du
Père, de la Mère, d’Aristote ou encore de Prince
Lepetit. Chaque élève a pu appréhender le temps de
cette aventure la démarche de la metteure en scène.
Ce parcours croisé est l’occasion de créer des pas-
serelles entre deux lieux, le Centre culturel Henri
Desbals et le ThéâtredelaCité. Les enfants assisteront
à deux spectacles mis en scène par Lou Broquin,
Bouchka au centre Culturel Henri Desbal le 13 février
et Prince Lepetit au ThéâtredelaCité entre le 14 et 21
mars. Grâce à ces deux propositions les élèves dé-
couvriront la matière et l’univers de Lou Broquin.

● Les productions plastiques des élèves seront exposées dans
le hall du ThéâtredelaCité du 14 au 21 mars.                                                                                                                                                                                             Prince Lepetit © Arnaud Peyraube
Th - Trimestriel édité par le ThéâtredelaCité CDN Toulouse Occitanie. Gratuit
Journal du ThéâtredelaCité, Printemps 2019                                                                                                           7

                                        Nous/Eux (Wij/Zij)                                                                                                                                                         « Légèreté et humour
                                                                                                                                                                                                                  sont les armes évitant à
                                                                                                                                                                                                              Nous/Eux d’être un spectacle
                 L’espoir et la vie…                                                                    « J’ai bien aimé le spectacle                                                                         pesant, sans pour autant taire
                                                                                                                                                                                                                la gravité des événements »
Beslan (Russie), 1er septembre 2004. Le jour de la rentrée des classes, des terroristes
tchétchènes prennent d’assaut une école. Ils retiennent, pendant trois jours, plus de mille
                                                                                                           parce que vous parlez                                                                                   Filip Tielens, Cobra
                                                                                                                                                                                                                            (BE)
personnes dans la salle de gym. Cette prise d’otages se solde, dans un chaos total, par la
mort de 334 personnes, dont 186 enfants. La compagnie bruxelloise Bronks s’est inspirée
du documentaire d’Ewa Ewart et Leslie Woodhead, Children of Beslan, pour raconter les
                                                                                                                d’un drame                                                                                  « Une pièce de théâtre remarquable,

                                                                                                             mais en rigolant. »
faits à hauteur d’enfant, à travers le regard d’un garçon et d’une fille. Un spectacle à voir
en famille, plusieurs fois récompensé depuis sa création en 2014, qui permet d’évoquer                                                                                                                            ludique, étonnamment
la menace terroriste avec les plus jeunes. L’accent n’est pas mis sur la tragédie, mais sur                                                                                                                     et douloureusement drôle
l’espoir et la vie.
    Nous/Eux est loin d’être le récit tragique de cette prise d’otage, mais une pièce qui                                             Jeune spectatrice à la sortie de la salle, après une représentation      autant que bouleversante. »
raconte comment les enfants – à leur manière – sont à même d’assumer des situations                                                                                                                           Lyn Gardner, The Guardian
extrêmes. Sur le plateau, des craies pour délimiter les espaces, un garçon, une fille pour
raconter avec facilité et décontraction cet évènement.                                              ● 9 – 11 mai                                                   ALLER PLUS LOIN                                         (UK)
    Le spectacle Nous/Eux confronte, avec lucidité et humour, le regard et la logique de
                                                                                                    Texte et mise en scène
                                                                                                                           Carly Wijs / Compagnie BRONKS
l’enfant face à la perception de l’adulte.                                                          Le CUB / 1 h                                                         Bord de scène
                                                                                                    À partir de 9 ans                                                   Samedi 11 mai

                                                                                                                                                                                                                                     Nous/Eux © FKPH

                                                                                                                                               Un homme qui dort
                                                                                                                                             Bruno Geslin invente une chambre imaginaire et nous plonge
                                                                                                                                             dans une dérive mentale entre insomnie et rêves éveillés. Sous
                                                                                                                                          l’impulsion du violoncelle de Vincent Courtois et de magnifiques
                                                                                                                                              séquences vidéo, on suit cet homme qui refuse de se plier au
                                                                                                                                             diktat du monde social et se détache progressivement du réel.

                                                                       Tristesse et joie dans la vie des girafes © Pierre Grosbois

      Tristesse et joie
   dans la vie des girafes
 Une traversée épique de Lisbonne à hauteur d’enfant, une quête
  dérisoire où les rencontres sont autant d’étapes pour grandir.                                                                                                                                                        Un homme qui dort © Bruno Geslin
                                                                                                                                         ● 19 – 21 mars
● 3 – 6 avril
                                                                                                                                         D’après l’œuvre de
                                                                                                                                                             Georges Perec
De
   Tiago Rodrigues                                                                 ALLER PLUS LOIN
                                                                                                                                         Conception et mise en scène
                                                                                                                                                                     Bruno Geslin
Traduction et mise en scène
                            Thomas Quillardet / Compagnie 8 avril
                                                                                                                                         Présenté avec le
                                                                                                                                                          Théâtre Sorano
Le CUB / 1 h 15                                                                          Bord de scène                                   La Salle (public installé sur le plateau) / 1 h
À partir de 9 ans                                                                      Vendredi 5 avril
Th - Trimestriel édité par le ThéâtredelaCité CDN Toulouse Occitanie. Gratuit
Th - Trimestriel édité par le ThéâtredelaCité CDN Toulouse Occitanie. Gratuit
Tristesses © Christophe Engels
Th - Trimestriel édité par le ThéâtredelaCité CDN Toulouse Occitanie. Gratuit
10                                                                       Journal du ThéâtredelaCité, Printemps 2019

       Maguy Marin                                                                                                                                                 DEMANDEZ
                                                                                                                                                                LE PROGRAMME !

  et son Portrait/Paysage                                                                                                                                                      DES
                                                                                                                                                                           SPECTACLES…

                                                                                                                                                         • Partage de danses – Marin/Soto/Belarbi
 Fer de lance de la nouvelle danse française dès les années 70, elle dirige des Centres Chorégraphiques Nationaux                                                Quatre pièces avec les danseur.se.s
                                                                                                                                                                             du Ballet du Capitole :
      à partir de 1985. Ses chorégraphies lui valent des prix dans le monde entier et même au-delà du milieu                                                                        Liens de table
                                                                                                                                                                                                     Kader Belarbi
  de la danse, comme le Lion d’or de la Biennale d’Art Contemporain de Venise en 2016. Elle prend un malin
                                                                                                                                                                     Chorégraphie et scénographie

                                                                                                                                                                                             Fugaz
   plaisir à créer des ponts entre la danse et d’autres arts comme le théâtre, la musique ou encore la littérature.                                         Chorégraphie, mise en scène, costumes et lumières

                                                                                                                                                                                       Eden (Duo)
                                                                                                                                                                                                              Cayetano Soto

                                                                                                                                                                 Chorégraphie, scénographie et bande son
                                                                                                                                                                                                           Maguy Marin

           Entretien                                   rencontré l’écriture de Beckett. C’est surtout
                                                       cette écriture-là qui m’a beaucoup marquée. Il                 « Je connais                                                       Groosland
                                                                                                                                                                              Chorégraphie
                                                                                                                                                                                              Maguy Marin
                                                                                                                                                                                        13 – 15 mars
      avec Maguy Marin                                 écrit beaucoup sur le corps. Ses corps sont tous
                                                       en difficulté, avec des problèmes ; soit pour               Kader Belarbi                           Au
                                                                                                                                                               ThéâtredelaCité / 1 h 30 (avec entracte)
                                                                                                                                                                       Présenté avec le
                                                                                                                                                                                        Théâtre du Capitole

Si j’ai été amenée à mélanger ces disciplines, c’est
parce que j’ai pu rencontrer d’autres artistes ;
                                                       marcher, soit pour s’asseoir, soit ils sont enter-
                                                       rés… Cette vision de Beckett m’a justement                depuis longtemps.                                             • Ha ! Ha !
                                                                                                                                                                               Maguy Marin
                                                                                                                                                                                  De

des metteur.re.s en scène, des musicien.ne.s qui
faisaient cette chose transgenre qui n’était pas
                                                       donné envie de travailler sur le corps différem-
                                                       ment, de rompre avec le travail chorégraphique                  Je me suis                                  À
                                                                                                                                                                              13 et 14 avril
                                                                                                                                                                     l’Usine à Tournefeuille / 1 h 15

                                                                                                                régalée à travailler
                                                       qui embellie, magnifie les corps : la perfor-                                                                         Présenté avec
                                                                                                                                                                                           l’Usine
vraiment de la danse, mais où le corps, le rythme,
                                                       mance, la jeunesse, la souplesse. J’ai eu envie de
la musique et le jeu étaient centraux. C’étaient                                                                                                                                • Ligne de crête
                                                       travailler à l’inverse de ça et l’écriture de Beckett
des gens de théâtre qui travaillaient beaucoup
sur le corps, plutôt que des chorégraphes.
                                                       me l’a permis.                                                   avec lui                                                  De
                                                                                                                                                                                      Maguy Marin
                                                                                                                                                                                      22 – 24 mai

                       En 1970,
                                                               La dernière création de Maguy Marin
                                                              est Ligne de crête : une vision cynique
                                                                                                                 comme interprète.                                Au
                                                                                                                                                                                          Création
                                                                                                                                                                      théâtre Garonne / 1 h environ
                                                                                                                                                                 Accompagné par et présenté avec le
                                                                                                                                                                                                    ThéâtredelaCité,
         Maguy Marin, jeune danseuse d’opéra
    est une des premières inscrites à l’école Mudra,
                                                             de la société de consommation, inspirée par
                                                             l’essai Capitalisme, désir et servitude
                                                                                                                     Je reconnais,                          le
                                                                                                                                                               théâtre Garonne et La Place de la Danse

               créée par Maurice Béjart.
Maurice Béjart est très exigent dans son travail.
                                                                          de Frédéric Lordon.
                                                       C’est un économiste et un philosophe, qui tra-
                                                                                                                dans la façon dont                                            …MAIS
Il a fondé cette école, Mudra, dans laquelle
justement les disciplines étaient poreuses entre
                                                       vaille sur Spinoza. J’ai une passion pour Spinoza
                                                       et le marxisme. Il m’éclaire sur le monde et
                                                                                                                  il mène le Ballet                                     PA S S E U L E M E N T

elles. C’est Spinoza qui dit qu’on ne sait pas ce
qu’un corps peut. En fait, c’est vrai, on ne sait
                                                       arrive à me faire penser les choses, alors même
                                                       qu’on a beaucoup de mal à le faire, car elles sont
                                                                                                                     du Capitole,                              • Cours de danse ouvert au public
                                                                                                                                                                           (à partir de 7 ans)
                                                                                                                     son exigence
pas de quoi il est capable. Je suis assez fascinée
                                                       devenues très complexes et très compliquées.                                                                9 mars / de 12 h 15 à 13 h 30
par la façon dont on est marqué par son propre
                                                       En fait, ce n’est pas si compliqué que cela : il y a                                                               Au
                                                                                                                                                                              ThéâtredelaCité
corps et comment on vit avec ce corps. C’est
                                                                                                               artistique, son écoute,                                       Théâtre du Capitole
                                                                                                                                                                     Avec le
                                                       toujours cette question de ceux qui ont et celle
justement ce qui m’intéresse : travailler sur des                                                                                                                              Renseignements : 05 61 22 31 32
                                                       de ceux qui n’ont pas. Ces questions restent
corps qui ne sont pas forcément faits pour être
sur un plateau.
                                                       irrésolues et se re-posent sans cesse. Elles me
                                                       font réfléchir et travailler. Mes pièces sont le             sa générosité,                                     • Carnet de danse
                                                                                                                                                                        (à partir de 10 ans)

                     En 1981,
 Maguy Marin crée May B. Mal reçue à sa sortie,
                                                       résultat d’une tentative de mise en forme de ces
                                                       questions sans réponse.                                          son sens                         Démonstrations et débats commentés par des
                                                                                                                                                         danseur.se.s, des chorégraphes et des artistes
                                                                                                                                                            invité.e.s autour de Partage de danses –
    cette chorégraphie est aujourd’hui considérée
               comme un chef d’œuvre.                                Propos recueillis par Mathieu Caburet
                                                                                                                  de la troupe... »                                     Marin/Soto/Belarbi
                                                                                                                                                                    9 mars / de 19 h à 20 h
                                                                                                                                                                        Au
                                                                                                                                                                            ThéâtredelaCité
May B est une pièce que j’ai faite assez jeune.           pour Entrée Libre, émission diffusée sur France 5                                                        Avec le
                                                                                                                                                                           Théâtre du Capitole
Ça faisait une dizaine d’année déjà que j’avais                                         le 14 décembre 2018                          Maguy Marin                               Renseignements : 05 61 22 31 32

                                                                                                                                                                              • Rencontre
                                                                                                                                                               Avec les chorégraphes Kader Belarbi,
                                                                                                                                                                 Cayetano Soto et Maguy Marin
                                                                                                                                                                             12 mars / 18 h
                                                                                                                                                                          Au
                                                                                                                                                                              ThéâtredelaCité
                                                                                                                                                                     Avec le
                                                                                                                                                                             Théâtre du Capitole
                                                                                                                                                                         Entrée libre sur réservation : 05 34 45 05 05

                                                                                                                                                                                        • Projection
                                                                                                                                                                          Maguy Marin, l’urgence d’agir
                                                                                                                                                                                de
                                                                                                                                                                                    David Mambouch
                                                                                                                                                                                   12 mars / 20 h 30
                                                                                                                                                                    À
                                                                                                                                                                       La Cinémathèque de Toulouse,
                                                                                                                                                                               en présence de
                                                                                                                                                                                              Maguy Marin,
                                                                                                                                                                  David Mambouch et Kader Belarbi
                                                                                                                                                                  Dans le cadre de
                                                                                                                                                                                    Danse à la Cinémathèque
                                                                                                                                                            en partenariat avec
                                                                                                                                                                                La Cinémathèque de Toulouse
                                                                                                                                                                             et
                                                                                                                                                                                 Le Ballet du Capitole
                                                                                                                                                                               Renseignements : 05 62 30 30 10

                                                                                                                                                                            • Conférence
                                                                                                                                                                      « Organiser le pessimisme ».
                                                                                                                                                                  La danse politique de Maguy Marin
                                                                                                                                                                           14 mars / 19 h
                                                                                                                                                                À l’
                                                                                                                                                                     Université Toulouse Jean Jaurès
                                                                                                                                                        Avec
                                                                                                                                                             La Place de la Danse et l’  Isdat spectacle vivant
                                                                                                                                                               Entrée libre, dans la limite des places disponibles : 05 61 59 98 78

                                                                                                                                                                              • Journée d’étude
                                                                                                                                                                          « Maguy Marin et... :
                                                                                                                                                                        L’artiste et ses doubles »
                                                                                                                                                                          15 mars / de 9 h à 18 h
                                                                                                                                                                 À l’  
                                                                                                                                                                       Université Toulouse Jean Jaurès
                                                                                                                                                                         Avec
                                                                                                                                                                               La Place de la Danse
                                                                                                                                                              et
                                                                                                                                                                 LLA-CRÉATIS Université Toulouse
                                                                                                                                                                                  Jean Jaurès
                                                                                                                                                               Entrée libre, dans la limite des places disponibles : 05 61 59 98 78

                                                                                                                                                                   • Démonstration scolaire
                                                                                                                                                          Rencontres et démonstrations commentées
                                                                                                                                                        pour inviter les plus jeunes à découvrir la danse,
                                                                                                                                                         son histoire, ses créateur.rice.s et sa technique.
                                                                                                                                                                              15 mars
                                                                                                                                                                        Au
                                                                                                                                                                           ThéâtredelaCité
                                                                                                                                                                   Renseignements : 05 62 27 62 25 (réservé aux scolaires)

                                                                                                                                                                             • Projection de May B
                                                                                                                                                                         Projection de la pièce filmée
                                                                                                                                                                        en présence de Maguy Marin,
                                                                                                                                                                 David Mambouch et Kader Belarbi.
                                                                                                                                                                                    21 mai / 20 h 30
                                                                                                                                                                     À
                                                                                                                                                                         La Cinémathèque de Toulouse
                                                                                                                                                                   Dans le cadre de
                                                                                                                                                                                    Danse à la Cinémathèque
                                                                                                                                                             en partenariat avec
                                                                                                                                                                                  La Cinémathèque de Toulouse
                                                                                                                                                                               et
                                                                                                                                                                                  Le Ballet du Capitole
                                                                                                                                                                               Renseignements : 05 62 30 30 10

                                                                                                                            Groosland © David Herrero
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