PROJET E. LECLERC EGUILLES - Evaluation des retombées économiques de l'installation d'un supermarché - e-leclerc-eguilles.fr
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PROJET E. LECLERC EGUILLES Evaluation des retombées économiques de l’installation d’un supermarché Etude économique réalisée pour le compte de E. LECLERC Pierre Bentata / Nicolas Bouzou Avril 2018
CONTEXTE Dans le cadre du projet d’installation d’un supermarché E. Leclerc dans le pôle d’activité d’Eguilles, il a été demandé à Asterès et à sa filiale Rinzen d’évaluer les retombées de ce projet sur la commune. La commune d’Eguilles souffre aujourd’hui d’une perte d’attractivité commerciale qui tient principalement à deux facteurs : Un facteur local : forte concurrence des communes voisines et notamment le développement des communes de Saint-Cannat et de Ventabren qui dégrade la situation économique d’Eguilles. Un facteur global : la concentration de l’activité économique dans les métropoles qui accélère la désertification des villes voisines, les dépossède de leur lieu de vie et les transforme en communes dortoirs. En conséquence, Eguilles est aujourd’hui une commune faiblement dotée en commerces de proximité, qui séduit moins les ménages aisés et dont l’offre de biens et services est insuffisante et inadéquate au regard des besoins des ménages les moins aisés qui y résident. D’autres communes voisines d’Eguilles ont connu les mêmes difficultés et ont à présent des trajectoires de développement plus favorables, notamment Saint-Cannat, Ventabren mais aussi un peu plus loin Venelles. Or, ces trois communes ont eu des stratégies identiques qui ont notamment consisté à redynamiser leur économie en accueillant un supermarché à proximité des anciens lieux de vie. Dans ce contexte, l’impact de l’installation d’un supermarché sur la commune d’Eguilles a été observé. Une attention particulière a été portée sur l’impact sur les commerces de proximité et sur le pouvoir d’achat des habitants de la commune. RESULTATS L’installation d’un supermarché E. Leclerc dans le pôle d’activité d’Eguilles permettrait de lutter efficacement contre la perte d’attractivité de la commune dans son ensemble. En effet, la situation actuelle d’Eguilles tient à une triple difficulté : Sa forte déclivité contraint la plupart des habitants à prendre leur voiture pour effectuer leurs achats. Dès lors, ils sont fortement incités à se rendre dans les supermarchés voisins et à fréquenter les commerces de proximités proches de ces supermarchés. L’obligation de prendre son véhicule est un facteur d’évasion commerciale pour l’ensemble des commerces de la commune 1
Ce phénomène est amplifié par l’hétérogénéité de la population éguillenne, dont les écarts de revenus sont très importants par rapport à ceux des communes voisines. Or, cette hétérogénéité économique s’est doublée d’une hétérogénéité géographique : les ménages aisés vivent à proximité du village, sur le plateau ou au nord et à l’ouest du village ; les ménages les moins aisés vivent au sud, à proximité du pôle d’activité. Ainsi, la plupart des commerces de proximité du village ne sont pas fréquentés par les ménages les moins aisés qui vont avant tout dans les supermarchés voisins et donc dans les commerces de proximité qui les bordent. L’hétérogénéité de la population éguillenne favorise la désertification du village et de ses commerces. La baisse de la démographie et notamment des actifs dégrade l’attractivité de la commune au profit de la métropole Aix-en-Provence et des communes voisines devenues dynamiques. Ce phénomène amplifie les deux premiers en réduisant davantage la fréquentation des commerces de proximité et en favorisant la disparition de lieux de vie, de services de loisirs et de services culturels. La concurrence des communes voisines accentue l’évasion commerciale et aggrave la perte d’attractivité économique de la commune. L’installation d’un supermarché dans le pôle d’activité permettrait de lutter contre ces trois difficultés. Cette localisation est en effet idéale pour générer du trafic au sein du pôle d’activité et ce faisant, il redonnerait de la visibilité aux commerces situés à moins de 10 minutes en voiture, c’est-à-dire à la majorité des commerces du village. Par ailleurs, sa position géographique le placerait au cœur d’une zone où se concentre une forte population de ménages ayant des revenus relativement modestes, ce qui les inciterait d’une part à fréquenter le supermarché E. Leclerc au lieu de se rendre dans les communes limitrophes et d’autre part à rester à proximité des commerces de la commune, ce qui limiterait fortement l’évasion commerciale actuelle. Enfin, l’activité générée par le projet permettrait de créer 101 emplois directs et 20 emplois indirects de maintenance et de gardiennage auxquels s’ajouterait la création de 301 emplois indirects et induits. Au total, 422 emplois seraient créés dont au moins 120 pour les Eguillens et 220 pour l’ensemble de la région. 2
Résultats clés* Les communes les plus dynamiques autour d’Aix-en-Provence sont dotées ou sont sur le point de se doter d’un supermarché. Dans les communes où les commerces de proximité sont peu nombreux, l’installation d’un supermarché crée une synergie mutuellement profitable. Le projet E. Leclerc renforcera l’attractivité des petits commerces de la commune et notamment du village. En s’installant dans le pôle d’activité d’Eguilles, le supermarché E. Leclerc offre une porte d’entrée aux commerces du village qui verront le retour des Eguillens mais aussi d’une partie des actifs qui transitent entre Aix-en-Provence et Ventabren. Le projet permettra de créer plus de 400 emplois et entraînera une baisse sensible de 3 points du taux de chômage de la commune. 3
SOMMAIRE I. La commune d’Eguilles, état des lieux ................................................ 5 1. Le phénomène de métropolisation impacte aussi les petites communes ....................... 5 La métropolisation et l’organisation des territoires........................................................................ 5 Conséquence de la métropolisation sur les communes voisines d’Aix en Provence ...................... 6 2. Eguilles, une situation économique dégradée ................................................................... 6 Baisse de l’attractivité d’Eguilles au profit des communes voisines ............................................... 6 Une population hétérogène ............................................................................................................ 7 Des commerces insuffisants pour répondre aux besoins de la population .................................. 10 II. Impact du projet Leclerc .................................................................. 11 1. Importance des supermarchés dans le dynamisme des communes .............................. 11 Un effet positif sur les petits commerces voisins .......................................................................... 11 Un vecteur d’attractivité pour l’activité économique ................................................................... 12 2. Une forte création d’emplois pour la commune .............................................................. 15 Emplois directs, indirects et induits .............................................................................................. 15 Un impact négligeable sur les supermarchés existants ................................................................ 16 Annexes ................................................................................................ 17 Les auteurs ........................................................................................... 21 4
I. La commune d’Eguilles, état des lieux 1. Le phénomène de métropolisation impacte aussi les petites communes La métropolisation et l’organisation des territoires Depuis le début des années 2000, un phénomène nouveau s’observe dans l’ensemble du pays qui renforce la productivité et le pouvoir d’achat des métropoles au détriment des zones périphériques et des territoires reculés. Ce phénomène inédit résulte de la conjonction de la montée en puissance des pays émergents – qui concurrence l’industrie autrefois présente dans les zones périphériques – et à la spécialisation du pays dans l’économie de la connaissance. Dans ce contexte, les zones autrefois en fort développement – dont l’enrichissement était le plus rapide – telles que les régions minières, agricoles et sidérurgiques ont perdu leur avantage comparatif au profit des gisements de matière grise. Un recentrage économique s’est opéré des régions agricoles, périurbaines et industrielles vers les métropoles. En conséquence, pour la première fois depuis trente ans, les grandes aires urbaines creusent l’écart avec le reste du territoire, tant en termes d’emplois que de revenus, et ce fait saillant a eu pour effet de favoriser les grandes zones métropolitaines. Par ailleurs, l’économie de la connaissance représente une rupture fondamentale avec le modèle de développement des économies industrielles. Tant que l’industrie demeurait le moteur de l’activité nationale, la richesse créée circulait facilement des régions industrielles vers l’ensemble du territoire. Cette réalité tenait à l’existence d’effets importants en « amont » et en « aval » de l’activité industrielle. Les grandes entreprises industrielles faisaient appel à un grand nombre de fournisseurs, situés dans des régions parfois éloignées et leurs produits venaient améliorer l’efficacité d’un grand nombre d’entreprises. En amont et en aval de l’activité industrielle, de la richesse se créait qui profitait à toutes les régions du pays. L’économie de la connaissance a rompu ce processus d’homogénéisation des niveaux de vie entre les régions. Cela s’explique par le fait que l’économie de la connaissance fait davantage appel au capital humain et aux ressources immatérielles, telles que la recherche et le développement. En conséquence, les effets en amont ne jouent que faiblement. De même, les produits dérivés des secteurs technologiques profitent directement aux consommateurs sans passer par une externalisation vers d’autres entreprises, rendant les effets en aval inexistants. Par ailleurs, l’activité étant centrée sur l’innovation, le savoir et la créativité, elle a eu tendance à se concentrer autour des universités, des écoles, des laboratoires et des centres financiers qui les accompagnent, désertant dans le même temps les territoires périphériques. Dès lors, les inégalités entre régions, et au sein des régions entre métropoles et périphéries, n’ont eu de cesse de se creuser. Une telle évolution économique a des conséquences culturelles et sociales évidentes. L’activité des métropoles attire les jeunes diplômés et les catégories socioprofessionnelles aisées ce qui entraîne une augmentation de la demande de services d’éducation et de services culturels dans les grandes villes au détriment des territoires périphériques. Ainsi, en perdant leur attractivité économique, les territoires éloignés des métropoles se désertifient. 5
Conséquence de la métropolisation sur les communes voisines d’Aix en Provence Le bouleversement économique engendré par la métropolisation s’observe aussi bien à l’échelle du pays qu’au niveau local. En effet, l’attractivité économique des métropoles a changé les comportements et les perceptions de l’ensemble des Français, et particulièrement des jeunes adultes et des actifs. L’économie de la connaissance nécessite de commencer une activité professionnelle avec une formation souvent plus technique et plus longue que par le passé. En conséquence, les jeunes sont de plus en plus nombreux à poursuivre des études de troisième cycle. De même, les actifs sont mécaniquement attirés par les grandes villes afin de trouver un emploi mais aussi les meilleures structures d’éducation pour leurs enfants. Dès lors, même dans les territoires éloignés des grandes métropoles, les villes les plus développées drainent l’activité et les ressources humaines et culturelles des villes voisines et des villages voisins. Dans le contexte d’Eguilles, la ville d’Aix-en-Provence tient lieu de métropole et cette réalité se fera encore plus précise avec le développement de la métropole Aix-Marseille. En effet, le renforcement des interactions économiques et politiques entre ces deux villes crée déjà une dynamique dont sont exclues les petites communes voisines. La fréquence des bus entre Aix et Marseille, l’éclatement de l’Université d’Aix-Marseille sur les deux villes, le développement et la rénovation des campus à Aix-en-Provence, tout comme les constructions récentes du Grand Théâtre de Provence ou du Pavillon Noir agissent comme des forces d’attractivité sur les habitants des communes limitrophes. Et ce dynamisme accroît la désertification des petites communes : l’activité économique attire les activités culturelles et les services, ce qui renforce l’attractivité des lieux de vie des centres-ville, et cela au détriment des lieux de vie des villages et des plus petites villes alentour. Ainsi, même les jeunes actifs désireux de s’installer à Eguilles, Venelles, Saint-Cannat, Ventabren ou encore au Tholonet transitent inévitablement par Aix-en-Provence, que ce soit pour leurs activités de loisirs, leurs sorties ou leurs activités culturelles. En conséquence, ces communes courent le risque de devenir des communes dortoirs, sans dynamique économique à part entière. 2. Eguilles, une situation économique dégradée Baisse de l’attractivité d’Eguilles au profit des communes voisines L’attractivité d’Aix-en-Provence et de Marseille pèse sur l’ensemble des communes voisines. Pour autant, toutes ne connaissent pas les mêmes difficultés pour conserver une dynamique économique. Alors que la population d’Eguilles a diminué de 0,1% par an entre 2009 et 2014, celles de Saint-Cannat, Venelles et Ventabren ont connu une croissance annuelle respective de 0,6%, 0,5% et 1,6% sur la même période. Plus préoccupant encore, le solde d’entrée-sortie de la population révèle une baisse annuelle de 0,5% à Eguilles entre 2009 et 2014 alors qu’il présente une hausse à Saint-Cannat, Venelles et Ventabren, ce qui signifie que le nombre d’arrivants ne compense plus les départs à Eguilles, alors 6
que dans les autres communes, le phénomène opposé se produit.1 Dans le même temps, les projets immobiliers se sont fortement développés autour de Venelles et de Puyricard. Ainsi, Eguilles semble perdre son attractivité au profit des communes voisines. Alors qu’Eguilles reste une commune riche par rapport à ses voisins, sa situation démographique et économique se dégrade. Entre 2009 et 2014, le nombre d’emplois dans la zone rapporté à la population a augmenté de 30% mais il a augmenté de 44% à Venelles. Parmi les communes historiquement les plus aisées, Eguilles perd donc du terrain. Parallèlement, des communes autrefois moins attractives connaissent un essor nouveau. Ventabren et Saint- Cannat ont vu leur nombre d’emplois rapporté à leur population augmenter respectivement de 15% et 24%.2 Ces différences de trajectoires s’observent encore mieux au regard de l’évolution du nombre d’actifs occupés dans ces communes. Entre 2009 et 2014, le nombre d’actifs occupés résidant à Saint- Cannat a augmenté de 11%. Il a augmenté de 5% à Ventabren et de 2% à Venelles. Dans le même temps, il a stagné à Eguilles.3 Evolution du nombre d’actifs occupés résidant dans chaque commune 12% 11,2% 10% 8% 6% 5,2% 4% 1,9% 2% 0,2% 0% Eguilles Venelles Ventabren Saint-Cannat Source : INSEE, Dossiers Complets des Communes, 2018. Calculs Rinzen. Une population hétérogène Le faible dynamisme d’Eguilles tend à renforcer l’hétérogénéité de la population. En effet, Eguilles est une commune historiquement aisée qui voyait s’installer des actifs appartenant aux catégories socioprofessionnelles supérieures, aux professions libérales ainsi que des retraités. Mais la dégradation de sa situation, combinée au développement des communes limitrophes a entraîné une modification de sa démographie. Moins d’actifs aisés se sont installés et davantage de ménages aux revenus moyens ou faibles sont venus composer sa population. 1 INSEE, Comparateur de territoire, 2017. 2 INSEE, Dossiers Complets des Communes, 2018. 3 Ibid. 7
Ainsi, deux populations cohabitent, bien qu’elles soient géographiquement départagées. Les ménages plus aisés vivant principalement sur le plateau d’Eguilles, à proximité du village et notamment au nord et à l’ouest du village et les ménages moins aisés vivant en périphérie, sur le pourtour de la commune et particulièrement au sud. Répartition de la population selon son niveau de revenu Source : Etienne Côme, www.comeeti.fr. Lecture : les zones roses indiquent les lieux de résidence des ménages dont les revenus sont inférieurs à 20 000 € par an. A cet égard, les écarts de revenus sont particulièrement marqués à Eguilles par rapport aux autres communes situées à proximité. Le revenu médian des Eguillens (27 469 €) est proche de celui des habitants de Ventabren (24 434 €) ou de Venelles (26 157 €) mais l’écart entre les revenus des plus riches et des plus pauvres y est bien plus important. Ainsi, l’écart de revenu entre les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres est en moyenne 15% plus élevé à Eguilles qu’à Venelles, Ventabren ou Saint-Cannat. Cette disparité de revenus a nécessairement un impact sur la qualité de vie des ménages les plus pauvres. En effet, le prix des biens et des services dans la commune reflète la coexistence de ces deux populations ce qui a pour effet de maintenir des prix plus élevés qu’ils ne l’auraient été dans une commune en l’absence de ménages aisés. Par ailleurs, les ménages les plus aisés vivant aux abords du village ou au nord de celui-ci, les commerces existants ont tendance à se concentrer sur cette zone. Ainsi, on dénombre une vingtaine de commerces au cœur du village, dont douze sur les seules avenues du Père Sylvain Giraud et rue du Grand Logis.4 4 L’enquête sur place a permis de recenser les commerces suivants : 3 boulangeries, 1 primeur, 1 caviste, 3 boucheries, 1 traiteur, 1 caviste et 1 caviste, auxquels s’ajoute 1 SuperU. 8
Revenu médian et revenu du 1er décile par commune 35000 4 3,9 30000 3,8 25000 3,7 20000 3,6 3,5 15000 3,4 10000 3,3 3,2 5000 3,1 0 3 Eguilles Venelles Ventabren Saint-Cannat Revenu médian 1er décile rapport interdécile Source : INSEE, Dossiers Complets des Communes, 2018. Calculs Rinzen. En raison de la forte déclivité du territoire, ces commerces ne sont pas accessibles à pied aux habitants vivant au sud du plateau, lieu où se situent principalement des ménages à faibles revenus. En conséquence, la majorité des commerces de proximité est délaissée par une partie importante de la population. Répartition des ménages à bas revenus En pourcentage des ménages Source : Etienne Côme, www.comeetie.fr. Lecture : Les zones vertes représentent les territoires sur lesquels la part des ménages à bas revenus 20%. En vert foncé, les zones dans lesquels cette part excède 40%. 9
Des commerces insuffisants pour répondre aux besoins de la population La disparité de revenus de la population ainsi que la topographie du territoire représentent un frein supplémentaire au développement des commerces de proximité. En effet, la forte déclivité du terrain contraint les habitants à utiliser leurs véhicules pour effectuer leurs achats, et principalement lorsqu’ils vivent à l’extérieur du village. En raison de l’attractivité croissante des communes voisines et de la dégradation de l’attractivité d’Eguilles, l’usage d’un véhicule pour effectuer des achats se fait au détriment des commerces d’Eguilles. En effet, plusieurs supermarchés se situent à moins de 15 minutes des lotissements situés au sud du village, sur la route des Loqui ou plus bas sur la roue de Berre. Aussi, les Eguillens contraints d’utiliser leurs véhicules peuvent rapidement se rendre à l’Intermarché de Ventabren (12 minutes), au Carrefour les Milles (10 minutes) ou au Géant Casino d’Aix Jas de Bouffan (5 minutes). Or, les ménages ayant de faibles revenus sont majoritairement situés dans cette zone. En conséquence, ils sont davantage incités à se déplacer pour effectuer leurs achats en supermarchés et dans les petits commerces qui les environnent. En d’autres termes, les commerces du village sont actuellement délaissés par une partie de la population au profit des commerces de proximité situés aux abords des supermarchés des communes voisines. Trois raisons expliquent ce phénomène : Les commerces de proximité sont des commerces de destination, fréquentés pour des achats spécifiques ou d’appoint. Ils coexistent avec les supermarchés. Dès lors, le fait de se déplacer pour effectuer ses courses dans un supermarché devient l’occasion de se rendre dans des commerces de proximité situés dans ces zones. La topographie d’Eguilles contraint les Eguillens à utiliser leur voiture pour se rendre dans les commerces de proximité. En conséquence, même pour des achats d’appoint ils auront tendance à se diriger vers les commerces situés à proximité des supermarchés dans lesquelles ils effectuent habituellement leurs achats. Les commerces de proximité du centre-ville étant fréquentés par les habitants du village ou de son voisinage immédiat répondent majoritairement à la demande des ménages aisés, fournissant une offre en décalage avec les attentes et les moyens des autres habitants. Cela explique la baisse du nombre de commerces dans le cœur d’Eguilles et les difficultés rencontrées par les commerçants. En effet, Eguilles compte actuellement 5,2 commerces pour 1 000 habitants alors que Venelles, commune particulièrement dynamique en compte 8 pour 1 000 habitants tout comme Aix-en- Provence. Comparé aux communes voisines, Eguilles se situe dans le 2ème quintile en termes de nombre de commerces par habitant, comme Saint-Cannat, Rognac ou Gardanne, mais derrière Lambesc, Aix-en-Provence et Venelles. Aussi, il est clair que le nombre et la prospérité des commerces de proximité dépendent principalement du dynamisme économique et démographique de la commune. C’est donc la question de l’attractivité de la commune qui se pose et plus précisément de la capacité à éviter l’évasion commerciale vers les communes voisines. 10
Répartition des communes selon leur dotation en commerce de proximité Commerces pour 1 000 habitants Source : Data Info. Calculs Rinzen. Infographie MA. II. Impact du projet Leclerc 1. Importance des supermarchés dans le dynamisme des communes Un effet positif sur les petits commerces voisins Dans le cas d’Eguilles, l’évasion commerciale tient en partie à sa géographie mais aussi et surtout à la présence de supermarchés dans les communes voisines, notamment Ventabren, Aix-en- Provence voire Salon et bientôt Saint-Cannat. Autrement dit, l’absence d’un supermarché dans la commune agit comme un facteur aggravant de l’évasion commerciale car les Eguillens contraints de se déplacer en voiture pour se rendre dans les supermarchés économisent du temps et des trajets en effectuant aussi leurs achats « de proximité » dans les commerces de proximité des communes voisines. A cet égard, plusieurs études économiques publiées dans des revues internationales à comité de lecture ont démontré que l’installation d’un supermarché a un effet positif sur les commerces de 11
proximité voisins.5 Dans les communes faiblement dotées en commerces de proximité, l’introduction d’un supermarché s’accompagne d’une reprise de l’activité – par génération de trafic, mise en place de partenariats, création ou modification d’activités complémentaires – et d’une augmentation des recettes fiscales.6 Ce résultat a été observé dans plusieurs pays et pour des supermarchés de tailles très diverses,7 démontrant que l’effet tient avant tout à l’attraction qu’exerce un supermarché sur les habitants de la commune. Lorsqu’un supermarché s’installe dans une commune, elle accroît l’aire commerciale des commerces existants, particulièrement lorsque ces derniers ne sont pas suffisamment nombreux ou perçus comme inadéquats pour satisfaire les besoins des habitants de la commune. Le supermarché agit alors comme un centre de gravité qui réduit l’évasion commerciale subie par l’ensemble des commerces situés dans sa zone d’attraction. Dans ce contexte, seuls les commerces de proximité non spécialisés et proposant des produits bas de gamme souffrent de l’arrivée du supermarché alors que les commerces clairement identifiés – boucheries, boulangeries, parfumeries, enseignes vendant des produits locaux, issus de l’agriculture biologique ou de qualité – bénéficient de cette arrivée.8 Un vecteur d’attractivité pour l’activité économique Les résultats précédents permettent de comprendre la décision récente de la commune de Saint- Cannat d’autoriser l’installation d’un supermarché. La présence d’un supermarché dans une commune faiblement dotée en commerces de proximité permettra aux habitants de la commune d’effectuer leurs achats sur place, ce qui les incitera aussi à davantage fréquenter les commerces de proximité. La présence d’un supermarché dans le pôle d’activité permettra aussi de réduire le temps que passent les Eguillens en voiture pour se rendre dans les supermarchés voisins. Selon l’enquête Ifop « Les habitants d’Eguilles et la construction d’un supermarché Leclerc » d’avril 2018, 79% des Eguillens font leurs courses dans les supermarchés voisins. Le supermarché le plus proche actuellement se trouve à plus de 5 minutes du pôle d’activité, ce qui signifie que le supermarché E. Leclerc fera économiser 10 minutes par déplacement. En supposant que 80% des Eguillens font leurs courses une fois par semaine,9 le supermarché permettrait représenterait un gain moyen de 361 heures par semaine – soit 15 jours par semaine – pour les 2169 Eguillens concernés. A l’année, il s’agit d’un gain de 8 heures par personne, soit 783 jours pour l’ensemble des ménages concernés. 5 E Freedman et al. « An analysis of the Economic Impacts of Big-Box stores on a community’s retail sector : Evidence from Maine », Journal of Regional Analysis & Policy, 46(2) : 138-153, 2016. 6 T Perry & J Noonan, Big-Box Retail Development. Managing Maryland’s Growth :Models and Guidelines, Maryland Department of Planning. Baltimore,MD, 2001. 7 G Artz & JC McConnon, « The impact of Wal-Mart on host towns and surrounding communities in Maine », Northeast Agricultural and Resources Economics Association Conference, Bar Harbor, 2001. M Farhangmehr et al. « Hypermarkets versus traditional retail stores – consumers’ and retailers’ perspectives in Brage : a case stuy », Journal of Retailing and Consumer Services, 8 : 189-198, 2001. 8 M Farhangmehr et al, op. cit. 9 Résultats observés pour les consommateurs français. Voir A Dembo & J Colin, « Enquête commerce 2012. Comportements et attitudes des consommateurs à l’égard du commerce alimentaire », Crédoc, 2012. 12
Par ailleurs, l’augmentation de la fréquentation des petits commerces pourrait permettre à ces derniers d’accroître leurs volumes de ventes, ce qui aurait deux effets : Faciliter l’ouverture de nouveaux commerces de proximité, Réduire les coûts de déplacements des habitants, et particulièrement des ménages les plus pauvres, ce qui se traduira par une augmentation de leur pouvoir d’achat.10 A la lumière des études économiques, le projet de Saint-Cannat est parfaitement cohérent et laisse prévoir qu’il aura un effet positif et significatif sur l’activité de la commune. Les mêmes conclusions s’imposent pour la commune d’Eguilles. En effet, celle-ci possède toutes les caractéristiques nécessaires pour que l’installation d’un supermarché bénéficie à l’ensemble des habitants et des commerces de la commune : Une baisse de son attractivité qui se traduit par une forte évasion commerciale et donc une faible dotation en commerces de proximité. Une population aux revenus hétérogènes qui contraint les ménages les plus pauvres à s’approvisionner dans les supermarchés des communes voisines. Une situation géographique qui rend les commerces de proximité de centre-ville peu accessibles et accroît au contraire l’attractivité des commerces de proximité situés aux abords des supermarchés voisins. Un nouveau projet de supermarché dans la commune voisine de Saint-Cannat qui réduira encore l’attractivité des commerces de proximité d’Eguilles. Dans ce contexte, le projet d’installation d’un supermarché est une aubaine pour l’attractivité du territoire. Le projet E. Leclerc aura trois effets positifs majeurs sur la commune : L’installation d’un supermarché à proximité des commerces de proximité incitera les habitants à effectuer l’ensemble de leurs achats sur la commune et réduira donc l’évasion commerciale dont souffrent actuellement les petits commerces. Le fait que ce supermarché soit un E.Leclerc, dont les prix sont plus bas que ceux des supermarchés concurrents renforcera encore l’attractivité de la commune et bénéficiera majoritairement aux ménages éguillens ayant de faibles revenus. Or, il est clair que ces derniers seront les plus incités à se fréquenter le supermarché E. Leclerc puisqu’ils sont aussi ceux qui résident dans son voisinage direct. Les lotissements des Plantiers se situent à moins de 3 minutes du supermarché E. Leclerc. La localisation du supermarché E. Leclerc accroîtra l’attractivité du pôle d’activité d’Eguilles dans son ensemble, notamment en raison de son « drive ». En effet, situé sur une route qui relie Aix-en-Provence à Ventabren et fréquentée par les actifs de Ventabren et des communes plus éloignées pour se rendre sur le lieu de travail à Aix-en-Provence, le supermarché E. Leclerc sera parfaitement positionné pour accueillir ces actifs. Ce faisant, 10Cet effet est notamment observé dans le cas de l’installation d’un Wal-Mart dans ville américaine qui voyait le nombre de ses commerces de proximité diminuer d’année en année : L Sheppard & M White, « Flatspace :Exurbanism and infrastructural landscape », Lateral Office, 9 : 126-137, 2015. 13
il offrira une plus grande visibilité et un plus grand trafic aux commerces situés dans le pôle d’activité. Cette augmentation du trafic commercial favorisera alors la fréquentation des commerces situés dans le village, à 8 minutes en voiture. Ces conclusions qui se fondent sur les études scientifiques citées précédemment sont confirmées par les attentes des Eguillens eux-mêmes : 80% des font leurs courses « de la semaine » dans les supermarchés des communes voisines et dans le même temps, 80% affirment qu’ils continueraient à fréquenter les commerces du centre-ville une fois le supermarché installé.11 Ainsi, la présence du supermarché E. Leclerc dans le pôle d’activité accroîtra l’attractivité du pôle en exerçant une force de gravité sur les habitants de la commune mais aussi sur l’ensemble des automobilistes transitant par l’axe Aix-en-Provence – Ventabren. En devenant un point névralgique de la commune, le pôle deviendra une porte d’entrée au village d’Eguilles. Néanmoins, ces effets positifs ne seront possibles qu’à condition que le supermarché exerce une force de gravité réelle sur les habitants de la commune mais aussi sur les automobilistes transitant à proximité du pôle d’activité. En d’autres termes, trois conditions sont nécessaires pour garantir ce succès : Le supermarché E. Leclerc doit être positionné dans le pôle d’activité, afin de créer une synergie entre son activité et celle des autres commerces du pôle. Cette position stratégique, à quelques minutes en voiture du village, incitera les clients du supermarché à se rendre dans le village ; L’attractivité du supermarché dépend de la facilité à s’y rendre et à effectuer rapidement ces courses, particulièrement dans le cas des automobilistes qui circulent entre Aix-en- Provence et Ventabren. En conséquence, la présence d’un « drive » est un atout majeur ; Pour que le supermarché E. Leclerc agisse effectivement sur l’évasion commerciale il doit être en mesure d’offrir une large gamme de produits sans quoi les habitants habitués à fréquenter les autres supermarchés ne changeront pas leurs habitudes. En d’autres termes, le supermarché doit avoir une surface minimale cohérente avec la surface des supermarchés voisins. Avec une surface de 2 450m², le supermarché sera une alternative aux supermarchés existants. Avec une surface plus faible, il ne pourrait offrir les mêmes services que ses concurrents. 11 Ifop, avril 2018. Op. cit. 14
2. Une forte création d’emplois pour la commune Emplois directs, indirects et induits Au-delà de ces effets dits « de trafic », la présence du supermarché E. Leclerc permettra aussi d’augmenter les recettes fiscales de la commune de 300 000 euros12 et surtout de redynamiser l’emploi de la zone. Le projet prévoit d’embaucher au total 101 personnes en CDI, 76 personnes pour le supermarché et 25 pour le « drive ». Dans le dossier de présentation du projet, il est précisé que ces postes seront pourvus grâce aux services locaux de l’Etat chargés de l’emploi et du bureau municipal de la commune. Aussi, il est prévisible que les emplois créés profiteront prioritairement aux habitants d’Eguilles. S’ils devaient être totalement pourvus par les habitants de la commune, ces emplois directs représenteraient une augmentation de 3,15% du nombre d’actifs occupés résidant à Eguilles. Pour autant, plusieurs postes nécessitent des qualifications spécifiques qui pourraient nécessiter un recrutement en dehors de la commune en raison de compétences particulières et de l’expérience requise. Aussi, nous considérons dans les estimations qui suivent que seuls 80% des emplois directs seront occupés par des Eguillens.13 Dès lors, le projet E. Leclerc créerait 80 emplois directs et 16 emplois indirects – relatifs au gardiennage, à l’approvisionnement et à l’entretien – pour les habitants d’Eguilles. Par ailleurs, la construction du projet représenterait un investissement de 11 millions d’euros, l’achat de marchandises représenterait une dépense de 18 millions d’euros et les employés représenteraient une masse salariale de 2,9 millions d’euros. L’ensemble de ces dépenses constitue un flux supplémentaire de richesse dans l’économie locale, régionale et nationale qui créera à son tour des emplois. Afin de construire et d’aménager les locaux du supermarché, il faudra faire appel à plusieurs entreprises qui verront leur activité augmenter et pourraient être en mesure d’embaucher. De même, l’achat des marchandises constitue une demande supplémentaire pour les producteurs et celle-ci est créatrice d’emplois. Enfin, les salaires versés aux employés seront en partie dépensés, ce qui représentera une demande supplémentaire pour un ensemble d’entreprises. Ces vecteurs d’emplois sont des créations indirectes et induites par le projet de supermarché et doivent être pris en considération pour évaluer son impact global. Pour ce faire, nous utilisons les bases de données de l’INSEE qui permettent d’observer, pour chaque secteur d’activité, les revenus nécessaires à la création d’un emploi ETP (équivalent temps plein). Nous observons ensuite la destination des montants dépensés pour l’investissement et les achats de marchandises – emplois indirects – ainsi que la destination des dépenses des employés – emplois induits.14 Concernant les investissements, nous faisons l’hypothèse que 80% des entreprises sollicitées seront des entreprises de la région. Concernant l’achat de marchandises, nous faisons l’hypothèse 12 Dossier de présentation « Projet de supermarché E. Leclerc », Mars 2018. 13 Nous faisons une hypothèse forte consistant à supposer que l’ensemble des emplois à forte responsabilité ne pourrait être pourvu par les chercheurs d’emplois sur la commune. Nous avons référencé 12 emplois de managers, 2 emplois d’informaticiens, 3 emplois de comptables et 1 emploi de directeur. Il s’agit bien évidemment d’une hypothèse dont le seul objectif est d’observer les bénéfices pour la commune a minima. 14 La méthode est détaillée en annexe. 15
que 15% de la demande sera dirigée auprès des producteurs locaux. Enfin, concernant la consommation des employés, nous faisons l’hypothèse que 15% de leurs achats seront fait dans la commune. Au total, l’investissement créera 121 emplois, l’achat de marchandises représentera une création de 162 emplois et la consommation induira la création de 18 emplois. Le projet de supermarché E. Leclerc créerait donc selon nos calculs 422 emplois. Parmi ces 422 emplois, 123 seront occupés par les habitants d’Eguilles, ce qui représente une baisse de 3 points du taux de chômage de la commune qui tomberait ainsi aux environs de 5%. Et au niveau de la région, 220 emplois seront créés par l’activité du supermarché. Un impact négligeable sur les supermarchés existants L’installation d’un supermarché dans le pôle d’activité permettra de créer de l’emploi, de renforcer l’attractivité de la commune et de lutter efficacement contre l’évasion commerciale. Mais la lutte contre l’évasion commerciale signifie aussi que les habitants d’Eguilles auront moins souvent recours aux supermarchés des communes voisines et particulièrement des supermarchés situés à moins de 15 minutes en voiture de leur lieu de résidence : Carrefour les Milles, Intermarché Ventabren, Géant Casino Aix-Jas de Bouffan et Carrefour Market Saint-Mitre. Parmi ces quatre supermarchés, seul Carrefour Market Saint-Mitre serait fortement impacté. En effet, ce dernier est situé à la même distance du village d’Eguilles que le E. Leclerc et ses prix seront vraisemblablement plus élevés. En revanche, les trois autres supermarchés supporteront une baisse de la fréquentation des Eguillens qui n’aura que peu d’effet sur leur activité en raison de la part marginale que représentent les Eguillens parmi leurs clients mais aussi de leur taille et de leur volume d’activité. En effet, le supermarché E. Leclerc devrait générer un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros avec une surface de 2 450 m². Face à lui, les supermarchés de Carrefour les Milles (192 millions d’euros de chiffre d’affaires, 14 000 m² de surface et 4 200m² de galerie marchande) et le Géant d’Aix-Jas de Bouffan (100 millions d’euros de chiffre d’affaires, 10 000m² de surface et une nouvelle galerie marchande de 10 400m² comportant 30 enseignes) font figure de colosse dont l’assise est suffisante pour absorber une légère baisse de leur fréquentation due aux seuls Eguillens. 16
Annexes Afin d’évaluer les emplois indirects et induits générés par le projet E. Leclerc, nous utilisons les bases de données INSEE-ESANE. La logique méthodologique, mise en œuvre par le cabinet Asterès, est la suivante : i) Les investissements effectués durant l’installation du supermarché représenteront une demande supplémentaire directe pour les secteurs de la construction qui se traduira par une augmentation de leur activité et donc de leur chiffre d’affaires. Ce gain net sera utilisé pour embaucher ou rémunérer davantage les employés. De même, afin d’effectuer ces travaux, ces entreprises devront faire appel à leurs fournisseurs, créant une demande supplémentaire. Les embauchent impliqueront des salaires supplémentaires, qui seront en partie utilisés pour consommer des biens et des services en France ; les investissements représenteront une demande supplémentaire pour d’autres secteurs qui à leur tour embaucheront et investiront ; ii) Suivant la même logique, les dépenses courantes relatives à l’activité représenteront une augmentation du chiffre d’affaires pour les entreprises fournisseurs. Ces dernières utiliseront alors une partie de ces gains supplémentaires pour embaucher et investir, ce qui se traduira par une augmentation de la consommation et par une hausse de la demande pour les secteurs fournisseurs ; iii) Enfin, le projet prévoit l’embauche de 101 personnes, 76 pour le supermarché et 25 pour l’activité de « drive ». Avec leurs revenus, ces dernières payeront des impôts, épargneront et consommeront. Leurs dépenses de consommation engendreront une demande supplémentaire de biens et services. Cette demande entraînera une hausse du chiffre d’affaires des entreprises qui leur permettra d’embaucher et d’investir, entraînant ainsi une seconde vague de demande. L’évaluation des emplois indirects et induits s’effectue en 5 étapes : 1. Dans un premier temps, les paramètres spécifiques à l’activité du supermarché E. Leclerc sont utilisés. Il s’agit d’intégrer le montant des investissements, les dépenses annuelles principales et les salaires et traitements versés aux employés. L’investissement s’élèvera à 20 millions d’euros, dont 9 millions pour l’acquisition de l’immobilier et 11 millions pour la construction. Seuls ces 11 millions sont pris en considération. Parmi les dépenses courantes, seul l’achat de marchandises est observé. La répartition des salaires et traitements des employés est supposée suivre la répartition moyenne des ménages français, telle que définie par l’INSEE. 17
Paramètres utilisés Investissements, dépenses annuelles et salaires bruts Investissements 11 millions d’euros Dépenses annuelles auprès des principaux fournisseurs 18 millions d’euros Salaires bruts et traitements 2,9 millions d’euros. Répartition sectorielle des dépenses annuelles Epicerie Frais traditionnel DPH Frais libre service Liquides Source : Bonial & Nielson, « Le poids des rayons dans le CA d’un hypermarché », 2016. Répartition sectorielle de la consommation des ménages Agriculture, pêche Denrées alimentaires, boissons et tabac Textiles et chaussure Industries du papier et imprimerie Cokéfaction et raffinage Industrie chimique Industrie pharmaceutique Produits en caoutchouc Produits informatiques, électroniques et optiques Equipements électriques Matériels de transport Autres industries manufacturières Production et distribution d'électricité, gaz, vapeur Production et distribution d'eau Construction Commerce Transports et entreposage Hébergement et restauration Édition, audiovisuel et diffusion Télécommunications Activités financières et d'assurance Activités immobilières Juridiques, comptables,gestion Services administratifs et de soutien Enseignement Activités pour la santé humaine Hébergement médico-social et social Arts, spectacles et activités récréatives Autres activités de services Source : INSEE. 18
2. La structure des ressources par branche est alors utilisée. Celle-ci permet d’observer pour chaque secteur, la répartition de ses ressources : production de biens, importations de biens et services, marge commerciale, impôts sur les produits, subventions. Ainsi, il est possible d’observer l’effet d’une augmentation des ressources du secteur : dans quelle mesure celle-ci impacte-t-elle la production (en France), les importations et les marges ? Dès lors, on peut estimer, pour chaque euro supplémentaire dans un secteur donné quelle est la part allouée à la production par le secteur lui-même. Productio Im portati Im portati Im portati Total des Marges Marges Im pôts dont Subventio Total des Correctio PRODUITS n des ons de ons de ons de ressourc com m erci de sur les taxes du ns sur les ressourc n CAF/FAB produits biens services biens et es (2) ales transport produits - type TVA produits es (3) AZ Agriculture, sylviculture 66%et pêche12% 0% 12% 0% 78% 20% 1% 2% 2% -1% 100% BZ Industries extractives 11% 81% 0% 81% 0% 92% 5% 2% 0% 0% 0% 100% CA Fabrication de denrées 54%alimentaires, 12%de boissons 0% et de produits 12% à base de 0%tabac 66% 22% 2% 10% 5% 0% 100% CB Fabrication de textiles, 17%industries 38% de l'habillement, 0% industrie38% du cuir et de 0% la chaussure 55% 34% 1% 10% 9% 0% 100% CC Travail du bois, industries 60% du papier 21% et imprimerie 0% 21% 0% 81% 14% 3% 3% 3% 0% 100% CD Cokéfaction et raffinage 38% 20% 0% 20% 0% 58% 6% 2% 34% 8% 0% 100% CE Industrie chimique 45% 30% 0% 30% 0% 75% 20% 2% 3% 3% 0% 100% CF Industrie pharmaceutique 33% 32% 0% 32% 0% 65% 32% 1% 2% 1% 0% 100% CG Fabrication de produits 52% en caoutchouc, 25% en plastique 0% et d'autres 25% produits0% minéraux non 77%métalliques17% 3% 2% 2% 0% 100% … … … … … … … … … … … … … … NZ Activités de services81% administratifs 0%et de soutien 16% 16% 0% 97% 0% 0% 3% 3% 0% 100% OZ Administration publique 100%et défense0% - sécurité sociale 0% obligatoire 0% 0% 100% 0% 0% 0% 0% 0% 100% PZ Enseignement 99% 0% 0% 0% 0% 99% 0% 0% 1% 1% 0% 100% QA Activités pour la santé 99%humaine 0% 1% 1% 0% 100% 0% 0% 0% 0% 0% 100% QB Hébergement médico-social 99% et social 0% et action 0% sociale sans0% hébergement 0% 99% 0% 0% 1% 1% 0% 100% RZ Arts, spectacles et activités 90% récréatives 0% 1% 1% 0% 91% 0% 0% 9% 2% 0% 100% SZ Autres activités de services 90% 0% 5% 5% 0% 96% 0% 0% 4% 4% 0% 100% TZ Activités des ménages 100%en tant qu'employeurs 0% ;0% activités indifférenciées 0% 0% des ménages 100% en tant que0% producteurs0% de biens et 0% services pour 0%usage propre 0% 100% TOTAL 81% 10% 4% 14% 0% 95% 171% 17% 86% 45% -2% 100% Note : illustration. 3. Pour chaque secteur, on observe ensuite la table des ratios par branche, qui révèle la répartition de la production en consommation intermédiaire, rémunération des employés, valeur ajoutée et investissement. Cette table permet d’estimer le salaire brut par employé pour chaque branche ainsi que la production par employé, ce qui permet de déterminer le revenu nécessaire pour la création d’un emploi. Consom Valeur Rém uné Salaires Em ploi Em ploi Heures % Salaires Producti Producti % valeur PROD / m ation ajoutée ration et (2014) ETP travaillé FBCF consom % FBCF et on on (2014) ajoutée ETP interm é brute des traitem e (m illiers (2014) es (2014) m ation traitem e AZ Agriculture, sylviculture et 87pêche 88 53 34 10 7 761 823 1504 11 61% 39% 13% 8275 106425 BZ Industries extractives 5 5 3 2 1 1 19 18 28 1 60% 40% 17% 37551 296849 CA Fabrication de denrées 158 alimentaires, 159de boissons 114 et de produits 45 à base 23de tabac 17 634 599 960 6 72% 28% 4% 28779 265450 CB Fabrication de textiles, industries 16 de16 l'habillement, 12 industrie du 5 cuir et de3 la chaussure 3 110 105 165 1 71% 29% 4% 23964 153242 CC Travail du bois, industries36du papier 36 et imprimerie 25 11 8 6 201 192 302 2 69% 31% 5% 31813 185772 CD Cokéfaction et raffinage41 49 41 0 1 0 9 8 13 1 99% 1% 2% 57452 5817239 CE Industrie chimique 66 66 47 19 9 6 119 113 171 6 71% 29% 8% 54185 586455 CF Industrie pharmaceutique26 25 14 12 4 3 47 44 66 5 53% 47% 17% 65905 562722 CG Fabrication de produits en 51caoutchouc, 52 en plastique 33 et d'autres 18 produits 12 minéraux 9non métalliques 264 253 388 4 64% 36% 7% 35728 204168 … … … … … … … … … … … … … … … … … NZ Activités de services administratifs 181 177 et de soutien 75 105 67 52 2041 1849 2891 18 42% 58% 10% 28278 95564 OZ Administration publique216 et défense215 - sécurité sociale 58 obligatoire 158 116 76 2404 2271 3479 37 27% 73% 17% 33364 94451 PZ Enseignement 129 129 24 106 91 57 1874 1777 1964 10 18% 82% 7% 32337 72345 QA Activités pour la santé humaine 158 155 40 117 65 48 1864 1701 2728 8 26% 74% 5% 28309 90919 QB Hébergement médico-social 81 et social79et action sociale 14 sans67hébergement 59 45 1964 1834 2717 7 17% 83% 9% 24452 43185 RZ Arts, spectacles et activités 50 récréatives 49 24 26 20 14 595 505 765 8 47% 53% 16% 28651 96235 SZ Autres activités de services 45 44 16 29 19 15 785 657 1022 2 36% 64% 5% 22785 66884 TZ Activités des ménages en3tant qu'employeurs 4 ; activités 0 indifférenciées 3 5 des ménages 4 en tant 146que producteurs 218 de340 biens et services 0 pour0% usage propre 100% 0% 19279 16548 Total 3824 3781 1874 1950 1122 816 27394 25676 40074 469 49% 51% 12% 31793 147273 Note : illustration. 19
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