Pierre Gattaz : "Cette crise sanitaire et économique, c'est aussi un moment
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UD FO 37 Pierre Gattaz : «Cette crise sanitaire et économique, c'est aussi un moment européen très fort» 29 avril 2020 TriCa.Net Pour vous, de l'excellence économique découle le progrès social. Et environnemental... On doit toujours avoir les trois P en tête, Prospérité économique, People et Planète. Garantir la sécurité des salariés reste fondamental, non négociable, rien n'est possible sans cette priorité absolue, mais il faudra sans doute inventer et apprendre d'autres façons de travailler. Pas question non plus de se remettre à polluer sans réfléchir à d'autres modèles, il faut aller vers l'imagination, la créativité, en cela la période que nous vivons est intéressante. Une des leçons de cette grande crise, c'est que nous avons beaucoup délocalisé, à marche forcée, par un environnement fiscal et social compliqué en France, on ne relocalisera que si cet environnement se normalise par rapport aux autres pays, et il faut pousser dans ce sens-là. Il y a aujourd'hui toute une réflexion en cours sur les filières stratégiques à conserver en France ou en Europe, la production médicamenteuse notamment, c'est plutôt sain. Côté planète, c'est un combat lui-aussi fondamental, la crise sanitaire s'est déjà transformée en crise économique, il ne faudrait pas la transformer en crise environnementale... Selon vous, serons-nous assez responsables ? Je crois dans un confinement aux effets vertueux, avec un retour aux vraies valeurs, au vrai sens de la vie, de la mort, aux choses essentielles, à un bonheur que l'on sait relatif. Il pourrait en ressortir une forme de sagesse collective, chefs d'entreprises compris, et d'ailleurs le monde économique a bien réagi, on a senti de la mobilisation, de la solidarité, dans les initiatives qui se sont mises en place. "L'Europe doit reprendre son destin en main avec des stratégies industrielles et digitales fortes" Et l'Europe, est-elle toujours aussi solidaire ? L'Europe a plutôt bien réagi face à la crise, dès le début la commission a été à la hauteur dans le vote de ses budgets pour ajouter de la liquidité dans les rouages économiques. La réactivité est là, il faut continuer, il faut aujourd'hui trois principes de base, ce que nous demandons via BusinessEurope : que les entreprises aient du cash, que ce soit rapide et que ce soit simple. Il faut vraiment simplifier les procédures, aujourd'hui, des entreprises meurent du manque de cash. Il faut que les Etats- membres aident leurs entreprises, mais l'Europe aussi, elle qui n'y a pas accès directement, qui donne des directives, du financement via la BCE ou le fonds d'investissement européen. Solidarité- responsabilité-action, c'est ce que nous poussons depuis deux mois. Solidarité entre petites et grandes entreprises, entre les Etats-membres, entre l'Europe et les Etats-membres, c'est l'union qui fait la force face à ce désastre, chaque pays, seul, ne peut rien. L'Europe devient encore plus importante, c'est en mutualisant nos moyens qu'on y arrivera. Avec une dose de responsabilité bien 1
sûr par rapport à la santé des citoyens, des soignants, des salariés. Quant à l'action, il me semble que nous y sommes. Le rebond ? Il faut le préparer, dès aujourd'hui, toutes les entreprises ont bien compris l'importance de la gestion de crise pour compenser les pertes, par un confinement intelligent, pourquoi pas par des investissements quand c'est possible, les Chinois le font très bien en accélérant sur la 5G, via un plan massif de relance, il faut faire la même chose sur des filières stratégiques. Il faut profiter de cette crise mondiale pour améliorer l'Europe, mesurer nos faiblesses et nos atouts, et trouver les moyens d'accélérer les forces. Entre le nationalisme exacerbé d'un Trump et l'agressivité chinoise et son rêve d'hégémonie sans respecter les règles de la concurrence, il y a une vraie place pour l'Europe, pour reprendre son destin en main avec des stratégies industrielles et digitales fortes. Une sorte de renaissance... Muriel Pénicaud : « Il n’y a pas de vague massive de licenciements en France ». 27 avril 2020 Le Parisien La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, nous confie qu’une réflexion avec les partenaires sociaux va s’engager sur les règles de l’assurance chômage. Le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi et sans activité (catégorie A) a fait un bond de 246 100 au mois de mars, pour s'établir à un peu plus de 3,7 millions. C'est une hausse record sur un mois (+ 7,1 %), du jamais-vu depuis la création de ces statistiques en 1996. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, annonce qu'une réflexion avec les partenaires sociaux va s'engager sur les règles de l'assurance chômage et que le gouvernement fait « tout pour éviter les licenciements ». Au total, l'effectif des catégories A, B, C augmente de 3,1 % en mars (+177 500) mais reste stable sur le trimestre à 5,744 millions et en baisse de 2,9 % sur un an. Le chômage partiel moins généreux à partir du 1er juin Pas de couperet pour le chômage partiel à partir du 1er juin mais il sera moins généreux prévient Muriel Pénicaud, la ministre du Travail alors que 11,3 millions de Français bénéficient de cette mesure. Coronavirus en France : le plan de déconfinement voté à l’Assemblée, les droits des chômeurs en fin de droits prolongés en mai Le Monde avec AFP Publié le 28 avril 2020 L’Assemblée nationale a validé par 368 voix contre 100, et 103 abstentions, le plan de déconfinement présenté mardi par le premier ministre, Edouard Philippe. Les députés ont voté dans la soirée le plan de déconfinement présenté mardi 28 avril par le premier ministre, Edouard Philippe, à 368 voix pour, 100 contre et 103 abstentions. La France a élaboré un plan de déconfinement très progressif, mettant en garde contre un risque d’« écroulement de l’économie ». « Nous allons devoir vivre avec le virus », a prévenu le premier ministre, Edouard Philippe, dans un long discours devant les députés, alors que 65 % des Français jugent que l’exécutif n’est « pas à la hauteur », selon un dernier sondage. Le premier ministre a détaillé les modalités du déconfinement en France, à partir du 11 mai : tests massifs, réouverture progressive des écoles, des commerces – à l’exception des cafés et des restaurants –, masque obligatoire dans les transports publics et poursuite du télétravail autant que possible. Tout l’enjeu est de faire repartir l’économie sans provoquer une deuxième vague de l’épidémie, ralentie mais pas stoppée par quarante-deux jours de confinement. L’épidémie due au coronavirus a fait 367 morts en France au cours des dernières vingt-quatre heures, portant le nombre de décès à 23 660 depuis le début du mois de mars, selon le bilan établi mardi soir par la direction générale de la santé (DGS). Le nombre de patients en réanimation (4 387) en raison du Covid-19 est en baisse pour la dix-neuvième journée d’affilée. Au cours des dernières vingt-quatre heures, 153 nouveaux cas graves y ont été admis, soit un solde négatif de 221 patients en moins en réanimation, précise la DGS. La crise du coronavirus a entraîné un surcoût pour les hôpitaux publics à ce stade évalué entre 600 et 900 millions d’euros, lié notamment aux achats de matériel de protection, a indiqué mardi la Fédération hospitalière de France (FHF). 2
• Un plan « ultrapragmatique », six domaines-clés C’est à 15 heures que le premier ministre a détaillé devant l’Assemblée les règles à appliquer dans six domaines-clés : écoles, commerces, entreprises, tests et isolement des malades, masques et rassemblements. Quinze jours ont passé depuis le discours du président, Emmanuel Macron. Le délai demandé est tenu. A deux semaines du jour J, les arbitrages de cette stratégie tant attendue ont fait l’objet de six heures de réunion non-stop à l’Elysée lundi. Autour d’Emmanuel Macron, le premier ministre, Edouard Philippe ; le pilote du plan, Jean Castex ; les ministres de la santé et de l’éducation, Olivier Véran et Jean-Michel Blanquer, ont passé en revue les critères sanitaires, les objectifs et les règles dans tous les secteurs. Le chef du gouvernement a présenté une première phase allant du 11 mai au début du mois de juin, qui sera suivie d’une deuxième « jusqu’à l’été », assorties de nombreuses exceptions Autre spécificité, le déconfinement sera différencié, entre les départements « [en catégorie] vert », où il sera appliqué largement, et « [en catégorie] rouge », où il prendra une forme plus stricte. La droite n’a pas voté le plan de déconfinement Après le discours d’Edouard Philippe, le plan de déconfinement a fait l’objet d’un débat de deux heures et demie avec les députés, dont 75 sont physiquement présents, puis il est soumis au vote – une procédure qui n’était pas obligatoire. Des financements pour « accroître » la production de masques sanitaires La secrétaire d’Etat à l’économie, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé mardi jusqu’à 40 millions d’euros de financements pour la fabrication de nouveaux matériaux qui permettront « d’accroître et sécuriser » la production en France de masques sanitaires. Concrètement, la Direction générale des entreprises (DGE) a lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) « pour la réalisation d’unités de production de matériaux filtrants », a précisé le ministère. L’objectif est de « développer les lignes de production de matières premières filtrantes qui permettent la confection de masques de protection (chirurgicaux, FFP1, FFP2 ou FFP3) », destinés essentiellement aux professionnels, a-t-il souligné. Par ailleurs, les députés LFI ont déposé mardi une proposition de loi afin d’obtenir la gratuité des masques de protection pendant l’épidémie de coronavirus, pour en garantir l’accès y compris aux plus démunis. 3
• Prolongation des droits en mai pour les chômeurs en fin de droits Le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi et sans activité (catégorie A) a augmenté de 246 100 au mois de mars, pour s’établir à un peu plus de 3,7 millions. C’est une hausse record sur un mois (+ 7,1 %). La ministre du travail, Muriel Pénicaud, interrogée dans Le Parisien, lundi, annonce qu’une réflexion avec les partenaires sociaux va s’engager sur les règles de l’assurance-chômage : « Comme en avril, nous avons décidé de prolonger les droits en mai pour les personnes qui se retrouveraient en fin de droits. Cela concerne plusieurs centaines de milliers de personnes. » « Le dispositif d'activité partielle, qui est un des plus généreux d'Europe, restera en place jusqu'au 1er juin. Il nous faudra ensuite l'adapter progressivement afin d'accompagner la reprise d'activité si l'épidémie est maîtrisée », a indiqué le chef du gouvernement en ajoutant : « Bien sûr, nous continuerons à protéger les personnes vulnérables et les secteurs professionnels qui demeureraient fermés. » Le Mouvement des entreprises de France (Medef) et la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), deux organisations patronales, ont demandé mardi soir que le financement par l’Etat du chômage partiel soit prolongé au delà du 1er juin, malgré la mise en œuvre progressive du plan de reprise d’activité à partir du 11 mai. « Beaucoup d’entreprises n’auront pas retrouvé une activité normale à cette date », fait valoir le Medef dans un communiqué mardi soir. Déconfinement : les enjeux de la reprise du travail. AFP/Média services mardi 28 avril 2020 Édouard Philippe présente ce mardi 28 avril le plan de déconfinement. Le sujet de la reprise du travail, afin de relancer l'économie, a bien entendu été abordé par le Premier ministre. Nombreux sont les sujets sur lesquels Édouard Philippe était attendu, ce mardi 28 avril, à l'occasion de son plan de déconfinement. Dans son intervention devant l'Assemblée nationale, le Premier ministre a également abordé le thème de la reprise du travail. Sur ce sujet, le gouvernement est face à une situation délicate : faire redémarrer l'économie sans, pour autant, relancer l'épidémie de coronavirus. "Le télétravail doit être maintenu partout où c'est possible" Comment organiser le retour au boulot ? Sur ce point, Edouard Philippe a été catégorique. "Le télétravail doit être maintenu partout où c'est possible, au moins dans les 3 prochaines semaines. Je le demande avec fermeté aux entreprises. Personne n'en ignore les contraintes, mais celui-ci doit se poursuivre pour limiter le recours aux transports publics et pour limiter plus globalement les contacts." Pour les secteurs où le télétravail n'est pas possible, "la pratique des horaires décalés dans l'entreprise doit être encouragée. Elle étalera les flux de salariés dans les transports et diminuera la présence simultanée des salariés dans un même espace de travail", a expliqué le Premier ministre. Chômage partiel : une restriction qui passe mal . Boursier.com, publié le jeudi 30 avril 2020 Soit on va mettre de gens en extrême inquiétude, soit on va mettre des gens au chômage", a fustigé le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier. Le recours au chômage partiel a bondi en France depuis le début de l'épidémie de coronavirus qui a mis le pays quasiment à l'arrêt avec l'instauration du confinement, le 17 mars dernier. Un dispositif qui coûte très cher à l'Etat, et le gouvernement a annoncé ces dernières heures la restriction de l'accès pour les parents souhaitant garder leurs enfants à domicile à partir du 1er juin. Mais cette décision passe mal auprès d'une partie des syndicats et de la gauche, qui dénoncent une atteinte au principe de volontariat pour le retour à l'école promis par l'exécutif. L'exécutif a assuré qu'il n'y aurait pas de "couperet le 1er juin" et indiqué que des discussions étaient en cours avec les partenaires sociaux pour organiser l'évolution du dispositif au-delà de cette date. Besoin d'une "attestation" de l'école Mais il a dans le même temps prévenu qu'à partir du 1er juin, une "attestation de l'école" devrait être présentée par les parents pour continuer à bénéficier de ce dispositif, attestation délivrée si l'école est fermée ou ne peut pas accueillir d'enfants. 4
"Soit on va mettre de gens en extrême inquiétude, soit on va mettre des gens au chômage", a fustigé le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, sur France info jeudi. "Si vous n'avez pas de prise en charge dans le cas où vous choisissez de ne pas envoyer votre enfant à l'école (...), il n'y a plus de volontariat, vous mettez ces salariés en difficulté vis-à-vis de leur entreprise". "Je ne suis pas inconscient sur le coût économique que représente le confinement et le déploiement de l'activité partielle, mais que serait le coût d'un rebond de l’épidémie ?", a-t-il ajouté. "Quand on dit volontariat, c'est volontariat." Bruno Le Maire alerte sur les dégâts économiques : "Nous verrons des faillites et des destructions d'emplois" après le 11 mai. jeudi 30 avril 2020 AFP/Média service L'économie française s'est contractée de 5,8% au premier trimestre, dû notamment au confinement mis en place pour tenter d'endiguer la propagation du coronavirus. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a alerté ce jeudi 30 avril devant les députés à l'Assemblée nationale sur "la violence du choc économique". La pandémie de Covid-19 qui frappe le monde a fait plus de 24.000 morts en France. Et les conséquences ne sont pas seulement humaines, elles sont également économiques. Dû au confinement, le chômage a connu une hausse historique de 7,1% en mars. Ce jeudi 30 avril à l'Assemblée nationale, lors d'une audition par les commissions des affaires économiques et du développement durable, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a tiré la sonnette d'alarme. Selon l'Institut national de la statistique, l'économie française s'est contractée de 5,8% au premier trimestre, pénalisée par le début du confinement le 17 mars. Cela constitue, selon le ministre, "une véritable alerte" sur "la violence du choc économique" que connaît la France et sur "la nécessité de reprendre l'activité", a-t-il commenté devant les députés. "Le plus dur est devant nous", a prévenu Bruno Le Maire, avertissant qu'à partir du déconfinement le 11 mai, une période s'ouvrait "où nous verrions des faillites et des destructions d'emplois". "Nous avons eu un premier temps de cette crise où nous avons amorti le choc (...). Il y a un deuxième temps de la crise : celui dans lequel nous allons rentrer à partir du 11 mai est un temps de transition", a-t-il ajouté. Pendant ce temps, "nous allons voir des entreprises (...) confrontées à des problèmes de solvabilité. C'est une période où nous verrons des faillites et des destructions d'emplois et je préfère le dire avec beaucoup de clarté", a encore estimé Bruno Le Maire. Le gouvernement table sur un recul du PIB de 8% sur l'ensemble de l'année. Vers un nouveau modèle économique Mercredi, le ministre de l'Economie avait déjà appelé un "maximum de Français" à reprendre le travail, "dans les meilleures conditions possibles" de sécurité pour les salariés à partir du 11 mai afin de faire repartir l'économie. Un "troisième temps" viendra ensuite, dans lequel la France devra définir un nouveau modèle économique, a indiqué Bruno Le Maire devant les députés, défendant notamment une "accélération" de la transition écologique pour que la France soit "la première économie décarbonée en Europe". Chine : le marché du masque explose et donne lieu à des abus. 28/04/2020 - La demande exponentielle de masques dans le monde a fait naître des milliers d’entreprises productrices en Chine. Mais en dehors des grandes sociétés, une marée de fabricants et d’ateliers non qualifiés clandestins ont vu le jour. Pékin reprend la main en contrôlant les exportations. La pénurie mondiale de masques a déclenché dans l’empire du Milieu une ruée vers le tissu dit “non- tissé fondu-soufflé”, mine d’or en ces temps de pandémie. Cette couche filtrante se situe au milieu des masques de protection, c’est elle qui est chargée d’empêcher la propagation du virus. Cet élément étant considéré comme le “cœur” du masque, la qualité du tissu est primordiale. En temps normal, la fabrication du tissu fondu-soufflé est loin d’être un secteur prisé. Mais le coronavirus a bouleversé la donne et, depuis deux mois, près de 20 000 nouvelles entreprises de fabrication de masques ont vu le jour, soit une multiplication par quarante par rapport à la totalité des entreprises œuvrant dans ce domaine en 2019. 5
C’est à Yangzhong, dans le sud du Jiangsu, province côtière voisine de Shanghai, qu’est apparue du jour au lendemain la “ville du non-tissé fondu-soufflé”. Cette ville de 340 000 habitants enregistre 867 sociétés spécialisées dans la fabrication et le commerce du tissu fondu-soufflé. “Dans la majorité des cas, il s’agit soit d’entreprises nouvelles, soit d’entreprises qui ont changé leur activité juste après le déclenchement de l’épidémie”, constate le Nanfang Zhoumo, hebdomadaire de Canton. Une qualité inquiétante et des ateliers clandestins Le Bureau de supervision du marché de Yangzhong a effectué le 10 avril un contrôle aléatoire dans huit entreprises locales, d’où il ressort que seules trois d’entre elles produisent une qualité de tissu correspondant aux normes d’une filtration bactérienne supérieure à 95 %. “Selon les exigences du masque chirurgical médical YY046-2011 (norme professionnelle chinoise établie en 2011), toutes les huit ont échoué au test de ‘résistance à la pénétration de sang synthétique’”, ajoute le journal. En dehors de ces entreprises enregistrées, les conditions de production dans des ateliers clandestins sont encore plus préoccupantes. Le site d’information hongkongais Duan Chuanmei (The Initium) décrit la situation dans un reportage du 8 avril : Les chaînes de production sont installées dans de petits ateliers. Les machines sont des copies artisanales, qui produisent jour et nuit du tissu sans nom de fabricant, ni date de fabrication, ni code- barres de licence de production.” Attirées par la demande astronomique de masques, et par l’accroissement vertigineux du prix du tissu fondu-soufflé, passé de 20 000 yuans (environ 2 600 euros) la tonne en fin d’année dernière à 700 000 yuans (environ 91 000 euros), les entreprises de production de tissu fondu-soufflé poussent comme des champignons. “On en compte 3 467 dans toute la Chine, dont plus d’un tiers ont été créées en avril”, précise le blogueur Ban Xia, dans un article publié dans la rubrique médicale de l’un des plus influents portails du pays, Sina.com. “Depuis un mois, environ 100 000 petits ateliers ont rejoint cette production, disséminés partout dans le pays”, s’inquiète l’auteur. Rêves d’enrichissement brisés Si, dans le pays, il n’y a pas eu de plaintes déposées sur la qualité des masques, à l’international, plusieurs accusations, dont celles de l’Espagne et des Pays-Bas, ont embarrassé Pékin. Le pouvoir chinois reprend donc en main cette situation chaotique. “Le 16 avril, la marie de Yangzhou a annoncé que toutes les entreprises de production de tissu fondu-soufflé sont arrêtées pour assainir la filière”, rapporte Caijing. Le magazine économique précise : Des policiers se tiennent à toutes les entrées de la ville, ils contrôlent tous les véhicules qui passent pour détecter des transports de matières premières et de machines de production.” Le 17 avril, le ministère de la Sécurité publique a annoncé sur son site l’arrestation de 42 personnes suspectées de revente de tissu fondu-soufflé. “L’État enquête sur la revente du tissu fondu-soufflé en contrôlant strictement les fabricants, afin qu’il ne puisse pas être vendu à la sauvette”, confirme une source bien informée à Yiben Caijing, blog économique hébergé par Sina, qui ajoute que la conséquence est immédiate : Depuis une semaine, on ne trouve subitement plus du tout de tissu fondu-soufflé sur le marché”. Ces dernières semaines, plusieurs saisies ont été effectuées par les douaniers chinois. Le 21 avril, les douanes chinoises ont annoncé via leur compte officiel sur le réseau social WeChat que 100 000 masques sans aucune indication de production ont été saisis par les douaniers de Canton. Depuis le 31 mars, le ministère du Commerce a établi une liste d’entreprises qui ont le droit d’exporter des masques. Pour les autres, le rêve d’enrichissement est brisé. Début avril, l’Administration générale des douanes chinoises a publié les chiffres d’exportation de masques, repris par le Renmin Ribao (quotidien du peuple). Du 1er mars au 4 avril, le pays a exporté 3,86 milliards de masques, pour 7,72 milliards de yuans (environ un milliard d’euros). Le prix à l’unité est dérisoire, autour de deux yuans (0,26 euro) par masque. “Les produits de prévention de l’épidémie se vendent à un prix extrêmement bas, ce n’est pas bon signe”, s’inquiètent les deux auteurs de Yiben Caijing. Davantage d’Américains sont morts du coronavirus qu’à la guerre du Vietnam Le 29 avril 2020 Le Parisien / AFP/The New York Times Les Etats-Unis, où le Covid-19 a fait plus 58 000 victimes, ont par ailleurs franchi la barre du million de personnes testées positives au virus. 6
Un vrai seuil symbolique. Le nombre de malades décédés en deux mois du nouveau coronavirus aux Etats-Unis dépasse désormais celui des soldats américains tués en deux décennies lors du conflit au Vietnam, selon le dernier comptage actualisé mardi par l'université Johns Hopkins. Au total, 58 365 personnes ont succombé au Covid-19 dans le pays, le plus touché sur la planète. Alors qu'en tout, 58 220 militaires américains ont perdu la vie lors de la guerre du Vietnam (1955- 1975), selon le bilan officiel publié aux Archives nationales. Même si les deux événements n'ont rien à voir, ce seuil revêt une portée symbolique tant la guerre du Vietnam demeure l'un des plus grands traumatismes vécus par les Américains au XXe siècle. Lors des dernières 24 heures, le pays a enregistré un bilan à la baisse de victimes du Covid-19, puisque 2200 personnes en sont mortes. Également ce mardi, les Etats-Unis ont franchi une autre barre symbolique, celle du million de cas diagnostiqués de nouveau coronavirus. Cela représente environ le tiers du nombre total de cas recensés dans le monde, toujours d'après l'université Johns Hopkins. Le principal syndicat infirmier des Etats-Unis a dénoncé l'état d'impréparation de nombreux hôpitaux et cliniques face à l'épidémie de coronavirus Covid-19, s'inquiétant notamment du manque d'équipement et d'information pour les professionnels de santé. Des signes de ralentissement, notamment en Europe Au total, plus de trois millions de personnes ont été diagnostiquées dans le monde comme malades du Covid-19 et plus de 215 000 en sont mortes depuis l'apparition de la maladie en Chine en décembre, malgré le confinement de plus de la moitié des habitants de la planète. Après les Etats-Unis, les pays les plus touchés sont l'Italie avec 27 359 morts, l'Espagne avec 23 822 morts, la France avec 23 660 morts et le Royaume-Uni avec 21 678 morts, selon un bilan établi par l'AFP mardi soir, à partir de sources officielles. Effrayants, ces chiffres et la pandémie dans son ensemble sont pourtant en train de ralentir leur courbe, notamment en Europe, où plusieurs pays ont commencé leur déconfinement ou s'apprêtent à le faire. Alors que le nombre de contaminés vient de dépasser le million aux Etats-Unis, beaucoup d'américains craignent l'impact économique de cette crise sanitaire plus qu'ils ne craignent le virus Reportage de Fanny Allard en Caroline du Nord Les manifestations anti confinement se multiplient aux Etats-Unis où plus de 25 millions de personnes sont désormais inscrites au chômage. En Caroline du Nord près de 17% de la population active n'a plus d'emploi, la plupart de ces chômeurs avaient des petits emplois. Une Américaine, figure de proue du mouvement anti-confinement et qui demande donc la fin du confinement dans son Etat de Caroline du Nord, est en quarantaine chez elle car elle est touchée par le coronavirus. Les manifestations anti-confinement, sont des caisses de résonance de l'extrême droite américaine. Du Kentucky au Michigan, les manifestations anti-confinement se multiplient. La droite religieuse, les conservateurs profitent de ces manifestations pour donner de la voix contre l’avortement, pour le droit de porter des armes et pour la liberté de travailler, la pandémie c’est « du bidon », des questions qui n’ont rien à voir avec le virus. A noter, qu’une immense majorité des manifestants étaient blancs. Alors que 22 millions d’Américains ont perdu leur travail, la fortune des milliardaires s’est accrue de 10 %. Au mois de mars, la richesse totale de l’ensemble des milliardaires américains a augmenté de 10 %, soit une hausse de 282 milliards de dollars, annonce Fast Company, le 23 avril. “La valeur combinée de leur fortune atteint désormais 3 229 milliards de dollars.” Coronavirus : 1,6 milliard de travailleurs menacés de perdre leurs moyens de subsistance. AFP Le 29 avril 2020 C'est au sujet d'un possible drame économique et social que l'Organisation internationale du travail tire la sonnette d'alarme. Les trois quarts des travailleurs informels, soit 1,6 milliard de personnes dans le monde, risquent de perdre leurs moyens de subsistance au cours de ce deuxième trimestre en raison de la pandémie, alerte-t-elle ce mercredi. L’Organisation internationale du travail alerte sur la situation des travailleurs informels, fortement touchés par la crise sanitaire. Présentant une nouvelle étude de l'Organisation internationale du travail (OIT) sur les conséquences économiques du confinement lié à la pandémie de coronavirus, le directeur général de l'organisation, 7
Guy Ryder, a déclaré aux médias qu'il fallait s'attendre à un « impact énorme en matière de pauvreté ». Figurant parmi les plus vulnérables sur le marché du travail, près de 1,6 milliard de travailleurs de l'économie informelle doivent désormais faire face « au danger immédiat de voir leurs moyens de subsistance anéantis », prévient l'OIT, précisant que la quasi-totalité travaille dans des unités de moins de 10 salariés. Des millions d'entreprises menacées « Des millions d'entreprises à travers le monde ont du mal à tenir la tête hors de l'eau. Elles n'ont pas d'épargne ou pas d'accès au crédit. Voilà pourtant le vrai visage du monde du travail. Si nous ne leur venons pas en aide dès à présent, elles vont périr, tout simplement », relève Guy Ryder dans un communiqué. D'après le rapport, la part des travailleurs vivant dans des pays où la fermeture des lieux de travail est recommandée ou obligatoire a reculé de 81 % à 68 % au cours des deux dernières semaines, essentiellement du fait de la levée des fermetures en Chine. Selon les estimations de l'OIT, les heures de travail dans le monde ont diminué au premier trimestre d'environ 4,5 % (ce qui équivaut à environ 130 millions d'emplois à plein temps, sur la base d'une durée hebdomadaire de 48 heures) par rapport au quatrième trimestre 2019. Situation aggravée partout dans le monde Au deuxième trimestre, la situation devrait s'aggraver encore en raison de la prolongation et de l'extension des mesures de confinement. Sur cette période, l'OIT estime que le total des heures de travail dans le monde devrait être en baisse de 10,5 % par rapport à celui du trimestre précédant la crise. Cela équivaut à 305 millions d'emplois à plein temps, ce qui représente une nette détérioration par rapport à la précédente estimation publiée il y a deux semaines de 195 millions. Si la situation s'est aggravée pour toutes les régions, les estimations indiquent que les Amériques (- 12,4 %), l'Europe et l'Asie centrale (-11,8 % pour les deux régions) vont connaître les plus grandes pertes d'heures de travail au cours de ce deuxième trimestre. Selon l'OIT, les secteurs les plus touchés par la paralysie de l'économie sont les services d'hébergement et de restauration, l'industrie, le commerce de gros et de détail, l'immobilier et les activités commerciales. Russie : les nouveaux saints de l’Église “post orthodoxe” 01/05/2020 Novaïa Gazeta Moscou. Non loin de Moscou s’achève la décoration intérieure d’une monumentale église dédiée à la victoire de mai 1945. Censée devenir le “temple principal” des forces armées russes, elle a la particularité de faire figurer Poutine et Staline sur ses mosaïques. Cela couvait depuis longtemps. Dans les années 2000, un ballon d’essai avait été envoyé sous la forme d’une icône de Poutine venue décorer le temple de Fotinia Svetonosnaïa, près de Nijni Novgorod. À l’époque, la chose avait été perçue comme une bizarrerie que s’était permise une nonne isolée qui tentait de créer une secte en surfant sur la vague du culte de la personnalité du nouveau chef de l’État. Plus tard, des icônes de Poutine dans un luxueux coffret avaient été proposées à la vente dans le magasin de souvenirs de l’aéroport de Poulkovo. Dmitri Peskov [le porte-parole du Kremlin] avait alors veillé à préciser que Poutine ne goûtait guère pareilles formes de vénération. Mais aujourd’hui, alors que les églises sont fermées aux paroissiens et que l’on célèbre Pâques à huis clos, c’est le moment parfait pour lancer une nouvelle “religion d’État” en Russie. Cela est présenté comme une “révélation” qui prend place dans le “temple principal” des forces armées russes, avec pour toile de fond la victoire dans la Seconde Guerre mondiale, à la mémoire de laquelle ce temple est justement dédié. Une symbolique guerrière Le culte bénéficiera ainsi de toute la portée de cette institution. Il aura aussi la bénédiction “par défaut” du patriarche de l’Église orthodoxe russe, Concernant cette église en construction dans le Patriot Park, dans la région de Moscou, de nombreux commentateurs, croyants ou non, se sont dit frappés par une symbolique, un décor et un message renvoyant à une divinité guerrière Des icônes, des faucilles et des marteaux Mais le clou du lancement de cette nouvelle religion dans l’espace liturgique de cette église russe se trouve sur les mosaïques qui immortalisent Vladimir Poutine, Sergueï Choïgou [ministre de 8
la Défense], Valentina Matvienko [présidente du Sénat], Nikolaï Patrouchev [secrétaire du Conseil de sécurité] et “tous les autres saints de Russie” – la nouvelle assemblée des divinités de la Russie post orthodoxe et postathéiste. Curieusement, le patriarche Cyrille et son administration, pourtant toujours prompts à servir les caprices du pouvoir, n’y ont pas été intégrés. Naturellement, une fresque voisine a réservé une place au grand Staline et à ses généraux, qui furent pourtant nombreux à renier Dieu et à prôner L’athéisme. Enfin, pour couronner l’iconostase, On peut voir un groupe de femmes exaltées devant une banderole clamant “La Crimée est à nous !” Pendant ce temps, Poutine tente de rassurer une augmentation exponentielle des cas de coronavirus, La capitale demeure le principal foyer épidémique du pays avec plus de la moitié des morts et des cas déclarés. Mais la maladie se propage aussi dans les régions où le système de soins est bien moins performant qu'à Moscou. Le président Vladimir Poutine a reconnu mardi que la situation restait "difficile" et a prolongé jusqu'au 11 mai une période "chômée" en vigueur au mois d'avril pour inciter les Russes à rester chez eux. Plus de 100 000 cas, 1000 morts et un nouveau record de contaminations: la Russie a franchi jeudi plusieurs seuils symboliques dans le bilan officiel du coronavirus, les autorités ayant annoncé cette semaine un prolongement des mesures de confinement. Le site d'information du gouvernement russe sur le virus indique que la maladie a causé au total 1073 décès et que 106 498 personnes ont été contaminées, en majorité à Moscou, dans sa région et à Saint-Pétersbourg, deuxième ville du pays. Allemagne : : Coronavirus ; des signes inquiétants d’aggravation 9 avril AFP Pour la première fois depuis mi-avril, le taux d’infection atteint le seuil de 1, c’est-à-dire que chaque malade du Covid-19 contamine une autre personne. Alors que l’Allemagne vient de commencer son déconfinement, les premiers signes d'aggravation de l'épidémie de nouveau coronavirus apparaissent. Le taux d'infection ou taux de reproduction, très surveillé par les autorités, a de nouveau atteint le seuil de 1, selon des chiffres publiés lundi soir par l'Institut Robert Koch, chargé de surveiller l'évolution de la pandémie dans le pays. Cela signifie que chaque malade contamine une autre personne. Le gouvernement allemand et les virologues ont jusqu'ici toujours souligné l'importance d'avoir un taux inférieur. La mise en garde d’un virologue L’Allemagne a été plus épargnée que la France depuis le début de la crise. Mais le virologue Christian Drosten, premier spécialiste à avoir crée un test de dépistage, craint une seconde vague plus violente. Le virologue de l’hôpital universitaire de la Charité, à Berlin, est à la pointe de la lutte contre le Covid- 19 comme il l’était face au SRAS en 2003. C’est aussi lui qui conseille Angela Merkel depuis le début de la crise. La deuxième vague pourrait avoir « une toute autre violence » que la première, a-t-il averti sur la chaîne TV publique NDR. « Le virus va continuer à se répandre en Allemagne au cours des prochaines semaines ou mois et cet été », selon l’expert, qui prédit un nouveau départ simultané de cas de Covid-19 « partout en même temps ». « Nous sommes peut-être en train de perdre notre avance » sur le virus, prévient-il. La hausse semble confirmer les craintes d’Angela Merkel, qui plaide en faveur d’une ligne de fermeté et s’est inquiétée à plusieurs reprises de la tentation de l’opinion et de nombreux responsables politiques de brûler les étapes. 9
Même avec un taux d’infection à 1,1, nous pourrions atteindre les limites de notre système de santé en termes de lits en réanimation d’ici octobre, a-t-elle mis en garde récemment. Avec un taux à 1,2, nous atteindrons les limites de notre système de santé en juillet. Avec un taux à 1,3 nous y arriverons déjà en juin, selon la chancelière. « Nous sommes sur le point de perdre complètement notre avance sur la maladie » « Nous nous retrouverons dans des situations où des camions-citernes remplis de désinfectant circuleront dans les rues, car ce sera les seules mesures, désespérées, pour combattre le virus », a-t- il également déclaré dans une interview au journal belge Het Laatste Nieuws. Je regrette ce qu’il se passe depuis quelques jours. Nous sommes sur le point de perdre complètement notre avance sur la maladie. Nous sommes l’un des rares pays au monde où le nombre d’infections diminue. Le masque obligatoire en Sarre En Sarre, le Land voisin de la Lorraine, comme le reste du pays, a imposé le port du masque dans les transports en commun. Chez nos voisins immédiats, le masque est même obligatoire dans l’espace public. Depuis ce lundi, le port du masque est rendu obligatoire par les autorités pour toutes les personnes à partir de 6 ans, dans les magasins, institutions et transports en commun. Les commerces de moins de moins de 800 m² sont en effet ouverts depuis le 20 avril dernier dans le cadre du déconfinement progressif. UE : Covid-19 : cette fois, l'Europe a pris les mesures qui s'imposent 29 avr. 2020 Les échos Les récentes mesures politiques et économiques prises par l'Union européenne attestent de sa formidable réactivité face à la crise du Covid-19. Jamais, dans le passé, l'Union n'avait réagi de manière aussi rapide et appropriée, estime Sylvain Broyer. (économiste en chef chez S&P Global Ratings) La pandémie de Covid-19 a frappé durement les pays membres de l'Union européenne (UE) et continuera de poser au bloc des défis économiques majeurs. Pourtant, d'un point de vue macroéconomique, la réponse politique de l'Europe a, jusqu'à présent, été encourageante, car elle comprend de fortes incitations en faveur d'une croissance durable, la solidarité et la stabilité économique. Les gouvernements européens se sont engagés à mettre en oeuvre des mesures fiscales sans précédent en réponse à la crise et - de manière tout aussi importante - les marchés semblent avoir jugé que ces mesures étaient appropriées. Les dernières offres de dette souveraine, par le Portugal et l'Italie, proposaient des taux très bas et ont été largement souscrites. A travers l'Europe, les rendements des obligations souveraines sont semblables à ce qu'ils étaient à la fin de 2019. Bien que les spreads et le prix des dérivés sur événement de crédit (CDS) liés à la dette de certains gouvernements européens se soient élargis, ils sont loin des niveaux observés lors des chocs précédents. En d'autres termes, la fragmentation des marchés financiers européens est beaucoup plus contenue qu'en 2009 ou 2012. De plus, il y a de bonnes raisons de croire que la réponse politique au Covid-19 aura des effets différents par rapport à l'épisode de la crise financière de 2008, même si la récession pourrait être plus profonde cette fois-ci. S & P prévoit que le PIB se contractera de 6 % en Allemagne, 8 % en France et 10 % en Italie cette année, et que les ratios de la dette sur le PIB vont monter en flèche en raison de la récession et la réponse budgétaire sans précédent. Viabilité de la dette Cependant, d'un point de vue macroéconomique, les niveaux de la dette par rapport au PIB ne disent pas grand-chose sur la viabilité de la dette, s'ils sont pris hors contexte et traités de manière statique. Un indicateur plus révélateur et dynamique, souvent négligé, est le jeu à trois bandes entre l'équilibre budgétaire primaire d'un pays, sa charge d'intérêts et son taux de croissance économique. Bien que les niveaux de dette publique sur le PIB, augmenteront en 2020, ces augmentations reflètent une réponse financière unique face à un choc non économique unique. Contrairement aux événements qui ont conduit à la crise de 2008, qui a commencé dans le secteur financier, la pandémie de Covid-19 est d'abord, et avant tout, une crise sanitaire, quoiqu'avec des implications économiques considérables, dont la hausse du chômage, la chute des prix des actifs, et l'augmentation des taux de défaut et des prêts non performants. 10
Les perspectives pour le cas de base actuellement envisagées par S & P pour le troisième trimestre de 2020 jusqu'en 2021 prévoient que, lorsque les mesures de confinement prendront fin, la croissance reprendra et dépassera de nouveau les taux d'intérêt réels. Par conséquent, nous nous attendons à des rebonds économiques de plus de 4 % en Allemagne, et de plus de 6 % en France et en Italie. Dans ce scénario, les soldes budgétaires primaires s'amélioreraient, et les niveaux de dette sur le PIB diminueraient dans la plupart des pays européens. Fait tout aussi prometteur pour la reprise de l'Europe, les taux d'intérêt sur la dette publique européenne ont chuté de quelque 400 points de base depuis la crise financière mondiale, alors que le PIB par habitant a augmenté de 5 %. Réaction de la BCE Un autre signe positif est la composition et le séquençage de la réponse politique actuelle, qui sont tout à fait différents des crises précédentes. Comme certains commentateurs l'ont noté, au cours de la crise de 2008, un temps précieux a été perdu à débattre des questions telles que l'isolement des risques au niveau européen et les détails des nouveaux instruments de politique. Alors que la Réserve fédérale américaine a lancé son premier programme d'assouplissement quantitatif en 2008, il a fallu à la Banque centrale européenne (BCE) encore sept ans avant d'enfin élargir son bilan et commencer son propre programme d'assouplissement quantitatif. Cette fois, la réponse politique a été beaucoup plus rapide, généreuse et cohérente avec la meilleure théorie économique. Moins d'un mois après le début de la plupart des confinements nationaux, le bilan de la BCE avait déjà augmenté de 500 milliards d'euros, équivalant à 4 % du PIB de la zone euro. Et, bien que beaucoup reste à faire, la trajectoire et l'échelle actuelles des expansions budgétaire et monétaire permettent d'espérer que le coup de la pandémie au PIB ne sera qu'un phénomène de court terme. D'autres mesures nécessaires Certes, certains diront que l'UE ne fait pas assez pour aider les gouvernements en difficulté, ou pour combler le fossé entre les Etats membres de l'UE. L'Union européenne doit encore connaître son « moment Hamilton » à propos des transferts fiscaux, et un trésor commun ne viendra probablement pas de sitôt. Pourtant, ce n'est pas comme si l'Union avait passé la crise actuelle à examiner les comptes publics nationaux ou chicaner sur le respect du Pacte de stabilité et de croissance. Au contraire, elle a très rapidement assoupli ses règles et directives budgétaires sur les aides d'Etat, permettant ainsi aux Etats membres de soutenir leurs économies et systèmes de santé autant que nécessaire. En outre, les ministres des Finances de l'UE ont mis au point un mécanisme de filet de sécurité à travers lequel le budget de l'UE sera mis à disposition pour financer les prestations d'emploi à temps partiel, permettant d'adoucir le choc pour les finances publiques au niveau national. Enfin, l'UE envisage l'utilisation du Mécanisme européen de stabilité pour financer les dépenses de soins de santé des Etats membres, ce qui soulagerait encore plus les budgets nationaux à court terme. La réponse de l'UE a déjà des kilomètres d'avance sur sa réaction aux crises précédentes. Prises dans leur ensemble, ces mesures politiques rapides indiquent que la réponse de l'UE a déjà des kilomètres d'avance sur sa réaction aux crises précédentes. De plus, au Conseil européen, les chefs d'Etat et de gouvernement ont convenu de travailler à l'établissement d'un fonds de relance européen pour consolider les perspectives économiques des Etats membres. Les enseignements tirés de ce qui a été appelé le « plan Juncker » établissant un Fonds européen pour les investissements stratégiques seront utiles pour jeter les bases d'un fonds dédié à la récupération post-pandémie. Le Covid-19 marquera sans aucun doute durablement les économies européennes. Les PIB nationaux ne reviendront pas à leur niveau de fin 2019 avant au moins deux ans, ce qui pourrait avoir des répercussions sur le crédit. Mais si le plan de relance de l'UE qui est en cours de discussion se révèle audacieux, tourné vers l'avenir et correctement aligné sur les autres programmes favorables à la croissance tels que le « Green Deal » européen, il pourrait aider les économies européennes à devenir plus durables, compétitives et soudées sur le long terme. Plan de déconfinement : réaction FO. Paris, le 28 avril 2020 Communiqué La Confédération FO a suivi avec attention la présentation par le Premier ministre du plan dit de « déconfinement » du gouvernement. Elle constate, le Premier ministre l’ayant d’ailleurs 11
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