RÉNOVATION EN COURS POUVOIRS LOCAUX - ADCF
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Janvier 2015 • N° 196 • Mensuel édité par l’AdCF - www.adcf.org • 5,50 E DOSSIER P.9 Pouvoirs locaux Rénovation en cours DANS L’ACTU P.2 • 11 NOUVELLES MÉTROPOLES • LE PROJET DE LOI NOTRe À L’EXAMEN FOCUS P.4 • PROGRAMMES LOCAUX DE L’HABITAT DROIT P.8 • OFFICES DE TOURISME INTERCOMMUNAUX : QUELS STATUTS ? © Denis Allard / REA FINANCES P.18 • VOIR LA DOTATION GLOBALE DE FONCTIONNEMENT AUTREMENT
DANS L’ACTU 11 métropoles de plus dans le paysage français La rédaction © Lydie Lecarpentier / REA d’Intercommunalités vous présente ses meilleurs vœux pour Depuis le 1er janvier 2015, la France compte 11 nouvelles métropoles. Intégration renforcée, légitimité accrue mais aussi changements d’image : tour d’horizon de cette évolution institutionnelle majeure. B ordeaux, Grenoble, Lille, Nantes, Rennes, Rouen, espère voir sa communauté renforcée dans ses missions Strasbourg, Toulouse, Brest et Montpellier : depuis de péréquation et de développement : « Nous sommes une le 1er janvier 2015, ces ex-communautés urbaines agglomération très hétérogène, avec des territoires plus ou d’agglomération ont accédé au statut de « métropole ». ou moins développés. L’enjeu est de faire en sorte que la Une transformation institutionnelle issue directement de métropole soit capable de lutter contre ces inégalités-là. » l’application de la loi de modernisation de l’action publique et d’affirmation des métropoles (dite « Maptam ») votée Une intégration renforcée en janvier 2014. Autre évolution majeure : depuis la même Intégration renforcée et dotation globale de fonctionne- date, le Grand Lyon se substitue au département du Rhône ment bonifiée pour les ex-communautés d’agglomération : sur son territoire en exerçant ses compétences en matière au-delà de la reconnaissance institutionnelle conférée d’action sociale, de voirie et de gestion des collèges. par leur changement de statut, les nouvelles métropoles Pour rappel, le statut de métropole avait été créé par la loi pousseront un cran plus loin l’exercice intercommunal. de réforme des collectivités territoriales (RCT) de 2010 ; Au menu : des transferts de compétences supplémentaires, à l’époque, seule l’agglomération de Nice avait choisi notamment pour les anciennes agglomérations, mais d’en bénéficier. La loi Maptam a approfondi ce statut en surtout des appels à compétences possibles en direction rendant automatique la transformation de communautés de la région et du département, ainsi qu’un intérêt métro- en métropoles dès lors que ces dernières formaient un politain affirmé sur les équipements publics du territoire. ensemble de plus de 400 000 habitants dans une aire Si l’exercice semble plutôt en bonne voie parmi les com- urbaine de 650 000 habitants. À la suite de débats parle- munautés les plus intégrées (à l’image de Brest et Nantes mentaires vifs, la possibilité a également été conférée à Métropole), il s’avérera plus exigeant pour d’autres com- Brest et Montpellier d’acquérir le statut sous réserve de munautés comme Grenoble, Rouen et Bordeaux, où le saut l’accord de leurs communes membres. à franchir est plus important. Les prises de compétences s’échelonneront ainsi sur plusieurs années, et les transferts Des nouveaux leviers d’attractivité de personnel constitueront un dossier phare. Bordeaux Les présidents des nouvelles métropoles se sont réjouis de Métropole a d’ores et déjà annoncé concentrer ses efforts cette évolution institutionnelle qui les consolident comme sur le dossier de la mutualisation des services. interlocuteurs de poids sur les plans régional, national et européen. « Désormais, Brest fait ainsi la démonstration Nouvelle image de sa légitimité et de sa capacité à être la locomotive Si les évolutions d’ordre organisationnel et de compétences du développement futur de l’Ouest breton », a déclaré ne sont pas encore visibles pour les habitants de ces terri- François Cuillandre, président de la métropole finisté- toires, certains signes toutefois ne trompent pas. Plusieurs rienne. À Toulouse, Jean-Luc Moudenc s’est quant à lui nouvelles métropoles se sont offert un nouveau nom et félicité de la reconnaissance institutionnelle accordée à ces une nouvelle image afin d’entériner définitivement leur collectivités qui « porteront l’essentiel des grands projets changement de statut et leur prise de poids sur la scène des territoires et tireront la croissance économique ». nationale. La communauté Rouen Elbeuf-Austreberthe (CREA) est ainsi devenue la Métropole Rouen Normandie, la communauté urbaine de Bordeaux Des appels à compétences (CUB) a été rebaptisée Bordeaux Métropole, seront possibles en direction Montpellier Agglomération répond désormais au nom de Montpellier Méditerranée Métropole, la de la région et du département Métropole européenne de Lille a remplacé Lille Métropole Communauté urbaine, la communauté Satisfaction également du côté de Lille Métropole, dont urbaine de Strasbourg (CUS) est devenue Strasbourg le président porte des ambitions qui dépassent les fron- Eurométropole... À ces nouveaux intitulés se sont ajoutés tières : « La métropolisation a pour objectif de donner à des logos redessinés, ainsi qu’un slogan pour Bordeaux, notre agglomération les moyens de s’affirmer sur la scène « On va tous s’y retrouver », illustration d’une volonté de européenne, dans un esprit de cohésion, de proximité et de dépasser les tensions entre territoires urbains et ruraux solidarité », a commenté en décembre Damien Castelain. qu’a pu générer cette transformation institutionnelle. À Grenoble, Christophe Ferrari, président de la Métro, Apolline Prêtre
DANS L’ACTU 3 Estelle Grelier En bref view Députée de la Seine-Maritime, parlementaire associée, membre du conseil d’administration de l’AdCF « J’aspire à ce que nous fassions preuve d’ambition » 110 © DR C’est le nombre de conseils provinciaux (consiglio provinciale) italiens supprimés au 1er janvier 2015 en application de la réforme Alors qu’a débuté l’examen du projet de loi portant nouvelle organisation territoriale Delrio votée en mars 2014. Ces conseils, élus au suffrage de la République (NOTRe), Estelle Grelier revient sur l’état d’esprit général universel, constituaient les instances dirigeantes des des parlementaires et sur les aménagements souhaités du texte. provinces italiennes, qui deviennent ainsi des collectivités territoriales de second niveau. Les conseils provinciaux Comment qualifieriez-vous l’état prévoyant des assouplissements, notamment dans les seront désormais remplacés par des conseils composés d’élus des communes membres de la province, avec à leur d’esprit des députés, ou en tout cas de la territoires de faible densité de population ou lorsque tête un président élu par ses pairs ainsi qu’une instance majorité parlementaire, à la veille des débats les intercommunalités proches de ce seuil conduisent exécutive. Les compétences détenues par les provinces, qui sur le texte NOTRe ? des politiques très intégrées. Mais pour y parvenir, il varient selon les régions, sont maintenues. Je dirais que nous sommes impatients de commencer est évident que nous devrons convaincre, ce qui est, en Le deuxième volet de la réforme Delrio a concrétisé la l’examen de ce texte. Le projet de loi NOTRe constitue la matière, une tâche compliquée. création des cités métropolitaines de Turin, Milan, Venise, une composante essentielle de la réforme territoriale Gênes, Bologne, Florence, Bari, Naples et Reggio de en cours. Après la loi Maptam, qui a permis la trans- Calabre qui remplacent, à périmètre constant, d’anciennes formation en métropole au 1er janvier dernier de dix provinces. grandes agglomérations, et celle sur la délimitation des Le Sénat a supprimé régions adoptée par le Parlement en fin d’année, nous les dispositions initiales du texte Le projet de loi Macron à l’examen avons besoin de ce texte, qui traitera des compétences exercées par l’ensemble de nos collectivités et permettra visant à conforter l’intégration L’examen du projet de loi pour la croissance et l’activité présenté par le ministre de l’Économie de mieux répondre à la question du « qui fait quoi ? ». communautaire Emmanuel Macron débute en séance publique L’Assemblée nationale reviendra vraisemblablement sur à l’Assemblée nationale à la fin du mois de janvier. Ce plusieurs des dispositions votées par le Sénat, notamment texte, dont certaines dispositions ont été très médiatisées, en ce qui concerne l’intercommunalité. Le projet de Que souhaiteriez-vous figurer voir concerne également les collectivités, certains articles trai- loi initial, tel que présenté par le gouvernement, avait dans le texte à la fin de la première lecture tant par exemple de l’urbanisme commercial. Par ailleurs, pour objectif de renforcer le tandem région-intercom- par l’Assemblée nationale ? le projet de loi accorde un rôle important aux élus locaux en matière d’ouverture dominicale. Le maire dispose- munalité. Cependant, le Sénat a supprimé les disposi- Le seuil démographique devra être rehaussé, idéalement rait désormais du pouvoir d’autoriser le travail jusqu’à tions initiales du texte visant à conforter l’intégration et en dehors des exceptions précitées, à 20 000 habitants 12 dimanches par an et la création de zones d’ouvertures communautaire en refusant toute nouvelle avancée afin d’adapter notre organisation territoriale à la réalité exceptionnelles (« zones touristiques », « zones commer- sur ce point. Or, il apparaît important de renforcer les des bassins de vie et de renforcer les solidarités entre ciales ») serait décidée par le préfet de région sur proposi- pôles urbains et espaces ruraux. Cette question est tion du maire ou du président de communauté. essentielle dans une perspective de mutation, à moyen terme, du conseil départemental qui pourrait devenir Rapport Repentin sur Le seuil démographique un véritable « conseil des territoires » s’appuyant sur les cessions d’État et la relance les intercommunalités. devra être rehaussé afin J’espère que l’Assemblée nationale, partant des travaux de la construction d’adapter notre organisation du Sénat, renforcera les modalités de co-élaboration Le rapport sur la mise en œuvre du dispo- sitif de mobilisation du foncier public rédigé par Thierry territoriale à la réalité des deux schémas régionaux intégrateurs, le schéma Repentin, président de la Commission nationale de l’amé- d’aménagement (SRADDT) et le schéma économique des bassins de vie (SRDE-II), grâce à une forte implication des conférences nagement, de l’urbanisme et du foncier (Cnauf), a été remis mercredi 7 janvier à Sylvia Pinel, ministre du Logement, territoriales de l’action publique (CTAP) et une contrac- dans le but d’ « accélérer le rythme de ces cessions d’État tualisation avec les territoires concernés. et contribuer à la relance de la construction ». Parmi les compétences de toutes les catégories de communau- Les compétences dans le champ économique doivent être préconisations : l’extension du régime de décote pour les tés et de revoir le seuil démographique minimal. Sur clarifiées. Je souhaite notamment que nous puissions biens à rénover et les logements intermédiaires, ainsi qu’un cette dernière question, j’aspire à ce que nous fassions affirmer la compétence des communautés de communes meilleur accompagnement des acteurs (État et collectivités territoriales) à travers la constitution d’équipes dédiées à la preuve d’ambition. Le seuil actuel de 5 000 habitants est et d’agglomération en matière de tourisme, et unifier la mise en œuvre des projets au sein des préfectures. insuffisant. Ce constat est largement partagé, y compris compétence développement économique en prévoyant par un certain nombre de sénateurs qui ont déposé des son exercice complet par la communauté (sans partage amendements pour le relever. À l’Assemblée nationale, je souhaite que le débat s’organise autour du seuil proposé avec les communes par l’intérêt communautaire, sauf pour les décisions en lien avec le commerce). Il l’a dit... par le gouvernement, à savoir 20 000 habitants, tout en Propos recueillis par Atte Oksanen © Arthur Empereur « La Métropole de Lyon vient de naître à minuit. Pour la première fois, en réunissant les compétences de la communauté urbaine de Lyon et celles du département, elle va permettre d’enlever une couche du fameux millefeuille administratif. Elle sera un instrument de simplification du service public pour nos concitoyens. Elle permettra à terme d’en réduire le coût. En alliant les compétences économiques et d’aménagement urbain de la communauté, et les compétences sociales du département plus tournées vers la personne, elle permettra, pour reprendre l’expression de l’urbaniste Jean Haëntjens, de “réunir le cœur des hommes et le cœur des villes”. » Gérard Collomb Président du Grand Lyon www.adcf.org • N° 196 • JANVIER 2015
4 FOCUS PROGRAMMES LOCAUX DE L’HABITAT PLH nouvelle génération Quelles ambitions ? © Caroline Ablain / Rennes Métropole Le PLH est-il encore le maillon faible des politiques de l’habitat, butant sur la déclinaison opérationnelle de sa programmation ? Ou constitue-t-il le point central de ces politiques, sur lequel reposent les partenariats locaux et les outils portés par les collectivités ? De toute évidence, c’est cette seconde orientation que retiennent un nombre croissant de communautés, assumant pleinement leur rôle de chef de file en la matière. Résultats d’enquête et témoignages. Honoré Puil © Didier Gouray / Rennes Métropole view Vice-président de Rennes Métropole en charge du logement, de l’habitat et des gens du voyage « Le PLH constitue l’un des piliers du pacte communautaire » Communauté très volontariste dans le domaine du logement, Rennes Métropole s’est dotée dès 2005 d’un programme local de l’habitat (PLH) afin de mettre en œuvre ses objectifs de politique publique. Nouveau vice-président en charge de l’habitat, Honoré Puil introduit ce Focus par une analyse de l’outil PLH et de ses atouts. Comment le PLH de Rennes a-t-il des loyers, fuite des ménages en dehors il interroge les formes urbaines et l’aména- au niveau intercommunal certains sujets contribué à répondre aux enjeux de l’agglomération, baisse des effectifs gement de la ville en limitant l’étalement de proximité, la question ne se pose pas de développement et de compétitivité scolaires… Face à ce constat assez pré- urbain dans une logique multiple de déve- vraiment pour le logement et l’habitat. Une de l’agglomération ? occupant, Rennes Métropole a mis en loppement durable : mixité, préservation politique locale de l’habitat doit se réfléchir Pour Rennes future métropole, le PLH est place dès 2006 un PLH ambitieux afin de des ressources naturelles, transport… a minima à l’échelle de la communauté de la traduction réglementaire de la politique renverser la tendance, avec pour objectif La définition des enjeux, des orientations, communes ou de la communauté d’agglo- de l’habitat conduite par la communauté. de produire 36 000 logements neufs sur des techniques et des moyens financiers mération… mais en gardant un œil sur les Son objectif est de décliner de manière la période, dont la moitié en logements à obtenir passe forcé- opérationnelle le projet communautaire aidés. Les résultats ont été très rapides : ment par la recherche dans son volet solidarité et développement. hausse de la production, développement d’un consensus très Un PLH n’est pas qu’une question Le PLH constitue ainsi l’un des piliers du du parc locatif social… L’accession aidée large. Aujourd’hui, à projet de territoire : il positionne la commu- a permis d’offrir aux familles et aux actifs Rennes, la politique quantitative ; il décline un véritable nauté comme « chef de file » de l’équilibre aux revenus intermédiaires de devenir de l’habitat est un projet de « vivre ensemble » social de l’habitat et, par conséquent, légi- propriétaires, les loyers à la relocation socle qui n’est pas time une montée en compétence, contri- se sont stabilisés, désormais les effectifs remis en cause. En revanche, et c’est évolutions qui s’opèrent à une échelle plus buant ainsi à la reconnaissance du pacte scolaires augmentent, la demande sociale normal, le temps qui passe amène son lot large comme le pays ou l’aire urbaine. Un communautaire. est mieux satisfaite... Le PLH 2005-2014 a d’interrogations nouvelles. Le PLH, poli- peu partout en France, certaines commu- Le PLH vient répondre aux enjeux de ainsi répondu aux objectifs et notamment tique du temps long, vient sécuriser les nautés de communes ou d’agglomération développement et de compétitivité dans à notre ardente obligation d’accueil sur le partenaires – communes, bailleurs sociaux, disposent déjà d’une politique du logement le sens où son élaboration interpelle les élus territoire, donnant ainsi aux entreprises et à promoteurs… – dans la mesure où il donne très intégrée. Dans ce cas, les nouvelles sur ce qu’est leur territoire à un moment l’emploi des possibilités de développement. de la visibilité aux acteurs et annonce des lois ne devraient pas bousculer les équi- précis. Il oblige à formuler un diagnostic et objectifs et des moyens. libres. Pour les autres, il y aura un effort à à proposer des solutions. À titre d’exemple, Quel bilan peut-on faire aujourd’hui faire, mais c’est le sens de l’histoire. Quant Rennes Métropole connaissait en 2005 des PLH comme outils de territoriali- Le PLH et la dynamique qui aux moyens, toujours nécessaires, si l’on un fort développement démographique sation des politiques de l’habitat ? l’accompagne permettent-ils aux souhaite mener une véritable politique de (+ 4 000 habitants par an en moyenne) ; Pour être des outils efficaces de territo- communautés d’aborder dans de l’habitat et du logement, ils doivent être mis dans le même temps, notre production rialisation des politiques de l’habitat, les bonnes conditions la période qui en parallèle avec les retombées positives de logements s’avérait insuffisante. Notre PLH doivent reposer sur un processus de s’ouvre, marquée par des évolutions d’une telle politique sur les communes : territoire n’en livrait que 2 500 par an alors contractualisation, définissant les niveaux importantes tant au niveau des retombées démographiques, fiscales, éco- que notre point mort était à 2 000 : c’est de responsabilité dans la mise en œuvre besoins et des ressources disponibles nomiques et sociales. dire le nombre minimum de logements des objectifs. La prise en compte du PLH que des dispositifs ? Un PLH « n’est rien » sans volonté politique à produire pour simplement mainte- par les communes suppose que chacune y Depuis de nombreuses années déjà, la forte, une volonté politique reposant sur la nir la population sur le territoire. Seuls trouve un intérêt, un bénéfice. Un PLH n’est volonté des pouvoirs publics est de favoriser conviction que l’avenir d’un territoire ne 500 logements assuraient l’accueil de ces pas qu’une question quantitative. Il décline la coopération intercommunale. Les lois peut s’envisager sans une action persévé- 4 000 nouveaux arrivants annuels. Les un véritable projet « de vivre ensemble » et Maptam et Alur viennent renforcer cette rante et déterminée… effets pervers ne se sont pas fait attendre : interpelle forcément, à ce titre, la question orientation positive. Si l’on peut toujours Propos recueillis par hausse des prix de l’immobilier, hausse de l’équilibre social d’un territoire. De fait, s’interroger sur l’opportunité de traiter Claire Delpech JANVIER 2015 • N° 196 • www.adcf.org
FOCUS 5 PLH : l’heure du bilan Alors que de nombreux programmes locaux de l’habitat vont être remis en chantier en ce début de mandat, un bilan des premières générations de ces documents semble s’imposer. C’est l’objectif que s’est donné l’AdCF, qui réalise en partenariat avec l’Union sociale pour l’habitat et la Caisse des dépôts une étude dont Intercommunalités livre les premiers éléments. L e logement constitue, aux côtés de et consignations, a engagé une enquête Un contenu de plus en plus En 2014, près de opérationnel l’économie et des transports, l’un des axes de développement majeurs des visant à établir un bilan tant quantitatif que qualitatif des PLH comme outil de mise Si l’organisation d’un meilleur équilibre 68 % 660 PLH couvrent territoires. Avec la montée en puissance de l’intercommunalité et le mouvement de en œuvre et de gouvernance des politiques locales de l’habitat. social et territorial est bien assimilée comme un enjeu majeur, la mise en pra- 9 688 communes, déconcentration de la politique du logement tique reste encore souvent délicate. Les soit 68 % de la population amorcé à partir de 2004 au travers de la Des PLH en voix de généralisation PLH, et en particulier les PLH de première française mise en place de la délégation des aides à Avec plus de 600 documents recensés par génération, ont un caractère opérationnel la pierre notamment, les communautés ont la Direction générale de l’aménagement, moins marqué. À l’inverse, pour la grande été appelées à devenir « chefs de file » de ce du logement et de la nature (DGALN) fin majorité des communautés urbaines et développement et à jouer un rôle croissant 2014, l’obligation pour les communautés d’agglomération, les objectifs quantitatifs 16 métropoles et communautés urbaines en matière d’habitat. Les lois récentes ont d’établir un PLH est aujourd’hui large- de production de logements sociaux sont renforcé encore leurs responsabilités (PLUi, ment satisfaite sur le terri- gestion de la demande et des attributions, toire national. Elle va même lutte contre l’habitat indigne, rattachement au-delà du cadre réglemen- Si les bailleurs sociaux 206 communautés des OPH…). taire puisque de nombreuses communautés de communes sont facilement associés, d’agglomération de moins de 30 000 habitants, la collaboration avec les acteurs pour lesquelles le PLH n’est Les PLH, en du parc privé est moins particulier de première pas obligatoire, se sont égale- ment lancées dans l’exercice, fréquente 398 communautés de communes génération, ont un anticipant pour certaines les évolutions de périmètre. En dépit de la de mieux en mieux cernés, qualifiés et ter- caractère opérationnel grande diversité des situations locales au ritorialisés. La capacité à avoir un droit de moins marqué regard des problématiques de l’habitat, les regard sur les PLU communaux, l’existence Un document au pilotage local résultats de l’enquête conduite dans le cadre ou non d’établissements fonciers s’avèrent de plus en plus affirmé de cette étude témoignent de l’enrichisse- déterminantes. Moment opportun pour Document de programmation et de concer- C’est par l’outil du programme local de ment progressif des PLH dans la qualité aborder la question de la mobilisation des tation par excellence, le PLH s’inscrit dans l’habitat (PLH) que les communautés des diagnostics, la maîtrise des dispositifs ressources foncières, le PLU intercommu- une dynamique d’acteurs propre à chaque définissent leurs grandes orientations en d’intervention, la nature des partenariats nal intégrant les politiques du droit des territoire. Cet apprentissage du cadre par- matière de réponses aux besoins en loge- conclus pour les rendre opérationnels et la sols, de l’habitat et du transport progresse, tenarial d’élaboration et d’exécution des ment des ménages et de cohésion sociale dynamique des actions engagées. Le PLH notamment auprès des communautés de PLH ne va pas de soi. Si les bailleurs sociaux et urbaine, ainsi que le cadre d’action qui s’affirme comme un outil décisif au sein petite taille qui se lancent pour la première sont facilement associés à la réflexion sur en découle. Adossé au projet de terri- des politiques locales de l’habitat. fois dans l’exercice. les besoins, la collaboration avec les acteurs toire, le PLH constitue ainsi professionnels du parc privé – là ou se la « feuille de route » de la produit pourtant l’essentiel de l’offre Les PLH en France (2014) politique locale de l’habitat nouvelle – est moins fréquente et de la communauté. Au cours impose d’instaurer de nouveaux dis- des dix dernières années, il a PLH dans les EPCI de plus de 30 000 habitants positifs de coopération. De la même connu de nombreuses évolu- PLH dans les EPCI de moins de 30 000 habitants façon, beaucoup de communautés tions législatives visant à en s’interrogent sur les modalités d’une renforcer la portée juridique meilleure association des habitants et opérationnelle. aux travaux de construction et de Alors que s’engage un suivi du PLH. nouveau cycle de mandats locaux, quel bilan peut-on dresser aujourd’hui de cet La capacité outil ? Document déclaratif énonçant des objectifs encore à avoir un droit trop vagues ou peu réalistes, de regard sur les PLU document fourre-tout empi- lant sans cohérence différents communaux s’avère dispositifs, ou bien véritable déterminante outil de pilotage des politiques locales de l’habitat articulé au Les premiers résultats de cette étude projet de territoire ? Où en en font le constat, le PLH a progressé sont les programmes locaux et s’impose, le plus souvent, comme de l’habitat ? Comment, par un axe structurant des politiques leur processus d’élaboration de l’habitat, fédérant les acteurs et la dynamique de leur mise et articulant les dispositifs. Cette en œuvre, ont-ils contribué dynamique sera essentielle pour à renforcer l’implication des faire face dans de bonnes condi- communautés et de leurs tions à l’évolution des périmètres partenaires dans le domaine intercommunaux qui se prépare, la de l’habitat ? Les actions nouvelle donne financière qui pèsera conduites répondent-elles sur les programmes d’investissement, vraiment aux enjeux de et la dynamique qui va s’installer au développement et de compé- niveau régional au travers des futures titivité des territoires ? Afin conférences territoriales (CTAP) de répondre à ces questions, avec, pour objectif, d’assurer une plus l’AdCF, en concertation avec grande cohérence dans les enjeux des l’Union sociale pour l’habitat territoires. Claire Delpech (USH) et la Caisse des dépôts Source : CGET 2014 - IGN GéoFla www.adcf.org • N° 196 • JANVIER 2015
6 FOCUS PROGRAMMES LOCAUX DE L’HABITAT trib Jean-Luc Vidon une Président de l’AORIF – l’Union sociale pour l’habitat d’Île-de-France, directeur général d’ICF Habitat La Sablière PLH : les organismes HLM partenaires des intercommunalités © DR Quel regard portent les organismes HLM sur l’élaboration des PLH par les communautés ? Quel rôle sont-ils prêts à jouer, en tant que partenaires, auprès des collectivités ? Éléments de réponse. L e programme local de l’habitat (PLH) collectivement au PLH. Il s’agit dans cette est le document stratégique de pro- perspective d’organiser le collectif autour grammation et de mise en œuvre des de référents chargés de représenter les orga- politiques locales de l’habitat. Aussi, pour nismes dans leur ensemble et de porter les organismes HLM, acteurs majeurs de leurs messages. Ces messages sont synthé- l’habitat, l’élaboration d’un PLH est un tisés dans une contribution écrite où les moment privilégié de dialogue avec les organismes HLM peuvent faire valoir leur collectivités en vue de la construction d’un lecture des enjeux, leur vision prospective partenariat efficace sur le long terme. et les leviers qu’ils identifient pour lever les Le niveau d’implication varie en fonction éventuels freins aux politiques locales de des territoires, des ambitions politiques l’habitat. Il peut s’agir de positions relatives affichées, des capacités réelles de l’EPCI aux objectifs quantitatifs ou qualitatifs de à piloter des politiques de l’habitat dans production et des politiques d’accompa- lesquelles les maires gardent des pouvoirs gnement nécessaires, mais aussi d’alerte importants. Ainsi, plus l’EPCI sera crédible sur les enjeux sociaux et de peuplement dans sa volonté et sa capacité politique, ou encore d’éléments de pilotage. technique et financière à faire, plus les acteurs de l’habitat se mobiliseront à Pour une efficacité renforcée ses côtés. des politiques locales de l’habitat Le PLH est une boîte à outils qui peut, Le PLH est une boîte à outils qui peut être plus ou moins opérationnelle Des contributions écrites selon la volonté des partenaires, être plus selon la volonté des partenaires. / © Yann Mambert / CIT’images En tant que gestionnaires, les organismes ou moins efficace et opérationnelle. La HLM ont une connaissance fine des dyna- profession se mobilise notamment autour relatives à l’environnement est essentielle. termes d’accès au logement et de parcours miques à l’œuvre sur les territoires. Il est de cinq enjeux prioritaires. • L’enjeu de développement de l’offre nou- résidentiels sur le territoire en croisant essentiel que leur point de vue soit entendu • L’enjeu de connaissance, majeur mais velle. À ce titre, la nécessaire mise en parc social et parc privé. dès la phase d’élaboration du diagnostic. souvent sous-développé et peu parte- conformité des plans locaux d’urbanisme • L’enjeu d’amélioration du parc existant, Il est tout aussi important qu’ils puissent narial. Les organismes HLM acceptent (PLU) avec les PLH et l’ouverture effec- en s’appuyant sur la rénovation urbaine être associés à l’élaboration du programme d’alimenter les observatoires pour peu tive des droits à construire représentent, ou sur une politique volontariste de réno- d’actions puisque celui-ci cible les objectifs que le cadre de transfert et d’utilisation aujourd’hui encore, des leviers essentiels vation énergétique du patrimoine. En opérationnels et territorialisés, les moyens de leurs données soit clarifié. (et sont parfois des freins réels) à l’atteinte matière de rénovation énergétique, les alloués et les modalités de pilotage du PLH. • L’enjeu foncier et environnemental : des objectifs de production. organismes HLM sont attentifs à ce que Sur certains territoires, les organismes l’anticipation des besoins en foncier par • L’enjeu de peuplement et de mixité les objectifs visés dans les PLH soient HLM s’organisent avec l’appui de leur le déploiement d’études sur les dispo- sociale : en lien avec les contrats de ville cohérents avec les objectifs qui leur sont association régionale (rattachée à l’Union nibilités mais aussi les constructibilités sur les territoires concernés, le PLH doit assignés par d’autres financeurs (État, sociale pour l’habitat) pour contribuer dans le respect des règles d’aménagement permettre d’améliorer la réponse en région…). L’État aux côtés des collectivités Pour les acteurs locaux de l’habitat, le PLH constitue l’occasion de travailler de manière partenariale et de rendre visibles, pour les opérateurs de la politique du logement mais aussi pour les habitants, les objectifs poursuivis et les actions mises en œuvre. Conscient des atouts de ce document, l’État accompagne les communautés dans son élaboration. D ans la procédure d’élaboration ainsi que leur suivi et évaluation au niveau Au-delà de l’obligation législative, l’État d’urbanisme, le PLH n’est pas un document d’un programme local de l’habitat, des différentes échelles de territoire : encourage les EPCI à se doter de cet outil opposable au tiers ; il demeure un docu- l’État exerce un rôle important en Sitadel, RPLS, Filocom, SNE, Comdalo, de territorialisation et de contractuali- ment de programmation. En conséquence, tant que garant des principes de cohésion SuDocUH… En réponse aux dysfonction- sation des politiques locales. Le PLH est, il existe un réel enjeu de cohérence avec le sociale et de développement équilibré des nements identifiés et aux besoins recensés, en effet, le support des conventions de plan local de l’urbanisme, éventuellement territoires. Si le PLH doit en effet répondre délégation de compé- intercommunal (PLUi), qui fixe les règles aux besoins locaux, il doit aussi s’inscrire tence de l’État pour générales du droit des sols. Grâce au rapport dans les objectifs de la politique nationale Le PLH a vocation à devenir l’attribution des aides de compatibilité entre les documents, le du logement, en particulier le droit au logement opposable et la mixité sociale, un outil privilégié de territorialisation àdelaces pierre. Le champ délégations de PLH a des incidences sur les PLUi et peut donner des recommandations quant aux et y apporter une déclinaison locale. de l’offre de logements compétence a d’ailleurs outils, notamment d’urbanisme opéra- L’expression de cette responsabilité de été récemment élargi tionnel, dont disposent les collectivités l’État prend forme au niveau du « porter la collectivité bâtit un programme « annua- par les récentes lois Maptam et Alur. En pour atteindre les objectifs qu’il a permis à connaissance », lors de la contribution lisé » couvrant les six années de validité 2014, 84 EPCI ayant élaboré un PLH, dont de déterminer de manière consensuelle. de ses services à l’élaboration du PLH, et du PLH. Ce programme prévoit notam- 15 CU et métropole, 66 CA et 3 CC, ont Enfin, avec la fiabilisation des systèmes au sein de l’avis qu’il formule lors de la ment une territorialisation des objectifs conclu une convention de délégation de d’information et l’amélioration des finalisation de la procédure. de construction de logements au moins compétence. méthodes d’évaluation des besoins, le PLH à l’échelle de la commune, basée sur les a vocation à devenir un outil privilégié de Systèmes d’information typologies en matière de statuts, de types Vers une meilleure territorialisation de l’offre de logements à Afin d’accompagner les collectivités, l’État de financements, de surfaces et de popu- territorialisation toutes les échelles, permettant aux acteurs développe également, en lien avec les asso- lations concernées. Il précise les moyens La territorialisation des actions conte- locaux et nationaux de mieux calibrer et ciations d’élus, des systèmes d’informa- mobilisés, les actions à mettre en œuvre nue dans le PLH confère à ce dernier orienter leurs interventions. tion destinés à permettre le diagnostic, pour atteindre ces objectifs et l’échéancier une portée directement opérationnelle. Charlotte Couton, l’élaboration des objectifs et des actions prévisionnel de leur réalisation. Toutefois, contrairement aux documents DGALN JANVIER 2015 • N° 196 • www.adcf.org
FOCUS 7 SYNDICAT INTERCOMMUNAL ARLYSÈRE Articuler les politiques de l’habitat à l’échelle intercommunautaire Le syndicat intercommunal Arlysère réunit quatre communautés et couvre un bassin de vie identifié. Fort de cette cohérence territoriale par ailleurs déclinée dans un Scot, il élabore et anime aujourd’hui divers documents stratégiques, dont les PLH de trois communautés du territoire, portés de concert. Explications. L e point commun entre les programmes en lumière plusieurs problématiques com- personnes à mobilité réduite…), l’accès au avec les communes via des questionnaires locaux de l’habitat (PLH) des com- munes, telles que le déficit d’offre de loge- logement des jeunes ou encore la diversi- et des instances de concertation. Chaque munautés de communes de la Région ments économiquement accessibles, l’enjeu fication des formes d’habitat. Des grandes PLH a également associé les acteurs de d’Albertville, de Haute-Combe de Savoie d’un rééquilibrage de l’offre de logements orientations ont par la suite été définies à l’habitat sur le territoire – bailleurs notam- et du Beaufortain ? Depuis 2007, date de sociaux sur le territoire, les besoins de réno- l’échelle du bassin de vie, puis déclinées ment – et voit ses préconisations territo- mise en œuvre de la première génération vation et de transformation du parc existant pour chaque communauté de communes, rialisées au niveau le plus pertinent. de ces documents, ils sont réalisés et portés (performances énergétiques, logements en coordination avec leurs vice-présidents ensemble par un syndicat intercommunal, accessibles aux différents publics – aînés, et commissions habitat mais également Déclinaison directe du Scot Arlysère. Ce mode de faire original apparaît Créé en 1999 pour porter la pre- aujourd’hui comme une réussite mière génération des contrats de pour le territoire. « Cette méthode territoire passés avec la région a permis de développer une véri- Rhône-Alpes et le conseil général table culture de l’habitat chez les de la Savoie, Arlysère a également élus, selon une approche territoriale pris en charge l’élaboration de moins segmentée sur les plans géogra- plusieurs politiques et documents phique et thématique, ainsi qu’une stratégiques, tels qu’un Scot ou appropriation communautaire de un Agenda 21. Cette volonté de certaines problématiques telles que mener une réflexion commune et celle du logement social par exemple », transversale à l’échelle d’un même explique Laure Chateigner-Létinois, bassin de vie a par la suite été décli- chargée de mission urbanisme-habitat née en matière d’habitat par cette à Arlysère. Autre avantage apporté par démarche commune de PLH, sur ces PLH élaborés et animés de concert un territoire de 39 municipalités par le syndicat : leur cohérence avec et près de 60 000 habitants. les différents documents stratégiques, et notamment le Scot d’Arlysère, dont Un diagnostic sur ils déclinent directement les grandes tout le bassin de vie orientations. Enfin, les communautés Pour ce faire, le diagnostic préa- peuvent compter sur une ingénierie lable à l’élaboration du document solide et mutualisée, ainsi que sur programmatique a été élaboré à divers outils opérationnels tels que l’échelle supracommunautaire l’Opah d’Arlysère ou l’Observatoire Le territoire d’Arlysère s’organise en 38 communes et 4 intercommunalités autour d’Albertville. / © Alexis Borg / Fotolia d’Arlysère. Il a permis de mettre de l’habitat et du Scot. AP COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION CAEN LA MER Quatre générations de PLH au service des politiques de l’habitat En pleine élaboration de son nouveau PLH, la communauté Caen la mer peut compter sur des années de pratique, qui ont notamment approfondi le dialogue entre acteurs de l’habitat. Enjeu du futur document : accroître son volet opérationnel. L’ agglomération Caen la mer travaille politiques de développement économique, Cette dernière a, quant à elle, formalisé sa sur le volet opérationnel. « Le PLH permet aujourd’hui à l’élaboration de son prioritaires dans la période actuelle, elle démarche collaborative par une conférence d’aborder des sujets qui, sinon, ne feraient quatrième programme local de est un outil qui contribue à l’emploi dans intercommunale du logement, qui dresse pas l’objet d’un débat. Mais il doit aller l’habitat (PLH), témoin de l’importance le BTP notamment, elle est un facteur de une fois par an le bilan de l’année écoulée et plus loin en matière de territorialisa- que jouent les politiques locales de l’habitat ressources fiscales pour les communes… » aborde des points d’actualité. Au menu de tion des objectifs du logement », analyse au sein du projet de territoire caennais. Ce l’édition 2015 : les résultats de l’année 2013, Catherine Marie. À titre d’exemple, les document, qui couvrira la période 2016- Mettre en dialogue un débat sur les modalités d’élaboration objectifs annuels fixés par l’agglomération 2021, aura pour ambition de répondre Le PLH 2010-2015 avait déjà marqué une aux enjeux de logement identifiés sur le rupture par rapport aux générations de territoire : équilibre spatial du logement documents précédentes, qui se concen- Les acteurs privés ont institué un espace de social, cohérence entre les prix des traient davantage sur l’affirmation d’objec- concertation sous la forme d’un « forum nomade » logements et les capacités contributives tifs quantitatifs. « Ce PLH a abordé les des ménages, rénovation des parcs choses de façon plus volontariste et a rap- privé et social, précarité énergétique, proché les acteurs du logement », explique du futur PLH ainsi qu’une discussion et portant sur la gamme de logement (social, accompagnement des copropriétés pour la directrice. Un dialogue dont l’initiative sur les chantiers en cours (contrat de accession sociale, libre), le type (collectif, faire face aux enjeux de la réhabilitation… ne revient pas qu’à l’agglomération : les ville, plan partenarial d’information des intermédiaire, individuel) et la densité ne Mais pour Catherine Marie, directrice acteurs privés ont institué un espace de demandeurs…). L’évaluation de cette descendent pas au-dessous du périmètre de l’habitat, il devra également porter concertation sous la forme d’un « forum concertation sera réalisée conjointement communal. À ce titre, le PLH constitue une véritable politique publique « qui nomade ». Cet outil informel, sans struc- avec le diagnostic du prochain PLH. encore davantage un instrument de négo- doit être vue comme transversale, et non ture ni personne morale, permet de réunir ciation entre communauté, communes et comme la seule technique de loger des bailleurs sociaux, promoteurs privés et Une territorialisation limitée acteurs de l’habitat qu’un véritable pro- populations. La politique de l’habitat lotisseurs du territoire. L’agglomération Mais si le PLH permet la rencontre des gramme de mise en œuvre. est un vecteur d’attractivité corrélé aux peut y être parfois conviée. acteurs, des progrès sont encore attendus AP www.adcf.org • N° 196 • JANVIER 2015
8 DROIT Les statuts juridiques des offices de tourisme intercommunaux Les communautés sont de plus en plus nombreuses à envisager la création d’un office de tourisme intercommunal, sachant que le tourisme est une compétence qui leur a déjà été souvent transférée (dès 2010, 85 % des répondants à une enquête de l’AdCF l’exerçaient) et que le projet de loi portant nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe) entend généraliser. Différentes solutions s’offrent aux communautés pour porter leur office de tourisme, que les élus retiennent une gestion très intégrée ou plus autonome. D ès lors que ses statuts l’y habilitent, communauté – n’est pas une communauté peut créer un appropriée car l’office de office de tourisme intercommu- tourisme doit avoir son nal si elle estime qu’il est un outil utile au propre organe délibérant développement de sa politique touristique. et ce dernier comprend Il revient au conseil communautaire de obligatoirement des repré- l’instituer et d’en définir le statut juridique sentants des professions ainsi que ses modalités d’organisation1, ces et des activités touris- deux aspects venant traduire la volonté de tiques3. Pour cette raison, disposer d’un office plus ou moins intégré la régie dotée de l’autono- à la communauté. mie morale et financière pourra être retenue, que les activités de l’office de Dans le cas d’un tourisme s’apparentent à office sous forme d’Epic, un service public adminis- tratif (gestion d’un service le produit de la taxe d’accueil et de promotion de séjour est affecté touristique sans objet industriel et commer- à son budget cial) ou à un Spic (gestion d’équipements et vente De manière obligatoire, « l’office de tou- de prestations, outre ces risme assure l’accueil et l’information des premières activités). touristes ainsi que la promotion touristique Dans ce second cas de Gestion directe, EPL ou association : différents modes de gestion sont possibles. / © Shutterstock / Epiceum (…). Il contribue à coordonner les inter- figure, la question du ventions des divers partenaires du déve- recours à un établissement public à carac- taxe de séjour est obligatoirement affecté équipement touristique important, pré- loppement touristique local. » Le conseil tère industriel et commercial (Epic) dépen- au budget de l’Epic, ce dont ne bénéficient voient dans la pratique d’ouvrir le conseil communautaire peut compléter son champ dant de la communauté se pose dans la pas automatiquement les offices de tou- d’administration à des représentants des d’intervention en décidant qu’il sera chargé mesure où le Code du tourisme le met par- risme créés sous des statuts juridiques professionnels du tourisme ou de créer « de tout ou partie de l’élaboration et de ticulièrement en avant4. L’office de tourisme différents. Par ailleurs, la loi impose de un organe consultatif pour associer ces la mise en œuvre de la politique locale du géré sous forme d’Epic derniers. tourisme (…) », notamment en assurant est administré par un Plus autonome est l’association, à laquelle « l’élaboration des services touristiques », comité de direction au Au minimum, l’office assure ont eu majoritairement recours les collec- « l’exploitation d’installations touristiques sein duquel les représen- tivités qui souhaitaient développer leur et de loisirs », « l’animation des loisirs » tants de la communauté l’accueil et l’information des touristes politique touristique. Même si la commu- et « l’organisation de fêtes et de manifes- détiennent la majorité ainsi que la promotion touristique nauté peut y être représentée, l’association tations culturelles »2, ce qui le rapproche des sièges, les acteurs doit conserver une autonomie de décision davantage d’un service public industriel touristiques devant aussi y disposer de consulter l’office de tourisme constitué en et de gestion, à défaut de quoi la situation et commercial (Spic). sièges. Il élit en son sein un président et Epic sur les projets d’équipements collectifs pourrait être assimilée à une gestion de fait un vice-président5. La direction est obliga- touristiques et leur permet de déléguer par la communauté. L’association ne peut Gestion directe au moyen toirement assurée par un directeur, qui ne tout ou partie des missions d’accueil et donc pas être présidée par le président de d’une régie ou d’un Epic peut pas être élu de la collectivité et qui est d’information aux organisations existantes la communauté ou tout autre conseiller Si le choix du conseil communautaire porte recruté sur un contrat de droit public6 de qui y concourent. communautaire. Pour la même raison, il est sur une gestion en régie de l’office de tou- trois ans7, renouvelable de façon expresse, fortement indiqué que les élus communau- risme, il apparaît que la régie directe – cas alors que les agents de l’Epic sont de droit EPL et association : une plus taires représentés au sein de l’association ne dans lequel l’office serait un service de la privé. Sur le plan financier, le produit de la grande autonomie prennent pas part au vote des subventions Les entreprises publiques locales (EPL) versées à l’association. sont des sociétés anonymes et désignent Simon Mauroux les sociétés d’économie mixte (SEM) et les sociétés publiques locales (SPL). Le capital 1- Art. L. 133-2 du Code du tourisme, de la SEM est détenu majoritairement par la par renvoi effectué à l’art. L. 134-5. communauté et au moins à hauteur de 15 % 2- Art. L. 133-3 du même code, même renvoi. par des actionnaires privés. Celui de la SPL 3- Règle générale prévue pour les offices de tourisme gérés sous une autre forme est exclusivement public et doit être détenu que l’Epic : art. R. 133-19 du même code. par au moins deux collectivités territoriales 4- Art. L. 133-4 à L. 133-10 du même code, ou groupements. Pour cette raison, la col- par renvoi effectué à l’art. L. 134-5. lectivité peut confier des missions à la SPL 5- Art. R. 133-5 du même code, par renvoi effectué à l’art. R. 134-12. sans mise en concurrence préalable, au 6- Tribunal des conflits, 15 novembre 2004, contraire de la SEM. Le recours à une EPL n° 3425, Mme Pons c. Office municipal peut poser la difficulté du respect de l’obli- du tourisme de Carcassonne : le directeur gation, énoncée par le Code du tourisme, d’un office de tourisme est soumis au régime de droit public car il est chargé de l’ensemble de prévoir la représentation des acteurs des services, selon le principe dégagé du tourisme au sein de l’organe délibérant par le Conseil d’État, sect., 8 mars 1957, de l’office de tourisme (cf. supra), surtout n° 15219, Jalenques de Labeau : la qualité dans le cas de la SPL qui ne compte que d’agent public est reconnue au « directeur de l’ensemble des services ». Le comptable des actionnaires publics. Pour y remédier, des Epic est aussi de droit public. Les communautés peuvent créer un office de tourisme intercommunal pour le développement les collectivités, qui choisissent souvent de leur politique touristique. / © Shutterstock / Epiceum 7- Voir art. R. 133-11 du même code, d’y recourir pour assurer la gestion d’un même renvoi. JANVIER 2015 • N° 196 • www.adcf.org
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