Ramadan et trouble bipolaire : exemple de perturbation du rythme circadien et son impact sur la maladie

 
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L’Encéphale (2013) 39, 306—312

                                         Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

                                         journal homepage: www.em-consulte.com/produit/ENCEP

MISE AU POINT

Ramadan et trouble bipolaire : exemple de
perturbation du rythme circadien et son
impact sur la maladie
Ramadan and bipolar disorder: Example of circadian rhythm disturbance
and its impact on patients with bipolar disorders

S. Eddahby b, N. Kadri b,∗, D. Moussaoui a

a
 Centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd, Casablanca, Maroc
b
 Laboratoire de santé mentale, cognition et psychopathologie, faculté de médecine et de pharmacie, université Hassan II, centre
psychiatrique universitaire Ibn Rochd, Casablanca, Maroc

Reçu le 26 janvier 2012 ; accepté le 26 novembre 2012
Disponible sur Internet le 30 mars 2013

        MOTS CLÉS                        Résumé
        Ramadan ;                        Objectif. — Le but de cet article est d’explorer l’impact du jeûne du mois de Ramadan sur le
        Rythme circadien ;               trouble bipolaire, à travers les données de la littérature.
        Troubles de                      Matériels et méthodes. — Une revue de littérature à partir des mots clés Mesh dans la banque
        l’humeur ;                       de données Medline a été effectuée. Une sélection de 66 articles en français et en anglais de
        Patients bipolaires ;            1970 à 2011, dont quatre abordent spécifiquement l’impact du jeûne du mois de Ramadan sur
        Rythme social ;                  les patients bipolaires, 14 Ramadan- santé et rythme circadien et 48 articles le rythme circadien
        Horloge biologique               et/ou trouble de l’humeur a été réalisée.
                                         Résultats. — Plusieurs auteurs stipulent que le cours de la maladie bipolaire peut être perturbé
                                         par les changements du rythme social qui surviennent, par exemple, pendant le Ramadan (mois
                                         de jeûne). Cependant les études qui y ont été consacrées sont peu nombreuses. Kadri et al.
                                         2000 ont étudié 20 patients bipolaires jeûneurs durant le mois de Ramadan de l’an 1417 de
                                         l’hégire (janvier 1997) ; les évaluations ont eu lieu une semaine avant le mois de jeûne, les
                                         deuxième et quatrième semaines du mois de jeûne et la première semaine après la fin du
                                         mois. La symptomatologie dépressive a été évaluée par l’échelle de Hamilton et celle de la
                                         manie par l’échelle de Bech-Rafaelsen ; la lithiémie a également été mesurée. Le résultat le
                                         plus important était que 45 % des patients avaient rechuté, 70 % durant la deuxième semaine,
                                         et le reste à la fin du mois. Farooq et al. en 2010, ont étudié 62 patients bipolaires jeûneurs
                                         durant le mois de Ramadan de l’an 1427 de l’hégire (du 25 septembre au 24 octobre 2006). Les
                                         évaluations ont eu lieu une semaine avant le mois de jeûne, la deuxième semaine du mois
                                         de jeûne et la première semaine après la fin du mois. La symptomatologie dépressive a été

    ∗   Auteur correspondant.
        Adresses e-mail : siham.eddahby@gmail.com (S. Eddahby), nadia.kadri5@gmail.com (N. Kadri).

0013-7006/$ — see front matter © L’Encéphale, Paris, 2013.
http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2012.11.008
Ramadan et trouble bipolaire                                                                                                    307

                                   évaluée par l’échelle d’Hamilton et celle de la manie par l’échelle de Young et la lithiémie a
                                   été mesurée. Aucun des patients n’a rechuté au cours de l’étude.
                                   Conclusion. — Ces deux études importantes donnent des résultats contradictoires. Des études
                                   supplémentaires de contrôle avec au moins une centaine de patients et stabilisés depuis au
                                   moins deux ans.
                                   © L’Encéphale, Paris, 2013.

                                   Summary
  KEYWORDS                         Introduction. — Fasting during the Ramadan month is a cornerstone of Islam. Several disorders
  Ramadan;                         of the chronobiological rhythms occur during this month and impact on mood. Through this
  Circadian rhythm and             paper the authors provide a literature review of the impact of fasting on patients with bipolar
  mood disorder;                   disorders.
  Bipolar patients;                Materials and subjects. — A literature review using Mesh keywords through Medline database.
  Social rhythm;                   From 1970 to 2011, articles in French and English were selected.
  Biological clock                 Results. — Circadian rhythm refers to the approximately 24-hour cycles that are generated by
                                   an organism. Most physiological systems demonstrate circadian variations. Many hormones and
                                   other metabolisms, such as gastric pH, insulin, glucose, calcium and plasmatic gastrine, have
                                   been shown to exhibit circadian oscillation. The role of social rhythm in behaviors and its
                                   influence on circadian rhythms in humans is now obvious. It has been shown that the lack
                                   of concentration and irritability increased continuously during Ramadan month and reached
                                   its peak at the end of the month. Mood and vigilance are significantly decreased during the
                                   fasting month. Several authors have stated that the course of bipolar illness may be affected
                                   by the changes in social rhythm that occur during Ramadan (fasting month). Studies which have
                                   been devoted to this topic are sparse. Kadri et al., in 2000, studied 20 bipolar patients during
                                   the fasting month of Ramadan of 1417 (Hegirian calendar, corresponding to January 1997).
                                   Diagnosis of bipolar disorder was made according to ICD-10 criteria. Patients were assessed
                                   during the week before Ramadan, the second and the fourth weeks of the fasting month and
                                   the first week after its end, with the Hamilton Depression and Bech-Rafaelsen scales. The
                                   plasma concentration of lithium was also assessed. The main finding of the study was that 45%
                                   of the patients relapsed, 70% during the second week, and the remaining patients at the end
                                   of Ramadan. These relapses were not related to plasma concentration of lithium. Most of the
                                   relapses were manic (71,4%). Patients who did not relapse had more insomnia and anxiety during
                                   the second and third weeks of the study. The side effects of lithium increased and were seen in
                                   48% of the sample, mostly dryness of the mouth with thirst and tremor. However, Farooq et al. in
                                   2006 studied 62 bipolar patients during the fasting month of Ramadan 1427 (from 25 September
                                   to 24 October 2006). Serum lithium, electrolytes, Hamilton Depression Rating Scale (HDRS) and
                                   Young Mania Rating Scale (YMRS) were assessed, one week before Ramadan, mid Ramadan
                                   and one week after Ramadan. The side effects and toxicity were measured by symptoms and
                                   signs checklist. There was no significant difference in mean serum lithium levels at three time
                                   points. The scores on HDRS and YMRS showed significant decrease during Ramadan (F = 34,12,
                                   P = 0,00, for HDRS and F = 15,6, P = 0,000 for YMRS). Also the side effects and toxicity did not
                                   differ significantly at the three point’s assessment.
                                   Conclusion. — All physiologic parameters are influenced by the circadian rhythm, which is
                                   influenced in its turn by the food rhythm. So far, the results of these two main studies, with
                                   opposite results, do not help us advise bipolar patients to fast or not to fast. Other studies in
                                   this field are badly needed.
                                   © L’Encéphale, Paris, 2013.

Introduction                                                       de cet article est d’explorer l’impact du jeûne sur le trouble
                                                                   bipolaire à travers les données scientifiques existantes. Nous
Pendant le mois de Ramadan, l’un des cinq piliers de l’Islam,      rappelons dans un premier temps la physiologie du rythme
le jeûne est un devoir pour tous les Musulmans adultes et          circadien et l’impact du jeûne du mois de Ramadan sur celle-
sains. Durant ce mois, il y a une rupture importante et            ci, puis nous analysons les études qui ont exploré l’impact
brutale des rythmes chronobiologiques et une restriction           du Ramadan sur le trouble bipolaire.
de sommeil avec changement de l’horaire des repas, de la
durée et l’horaire du sommeil, du cycle activité/repos. Le         Rythme circadien
rythme social joue un rôle important dans la phase de remise
à zéro des rythmes circadiens chez des sujets humains [1,2].       Le rythme circadien est l’ensemble des processus physio-
Plusieurs études [3—5] ont établi un lien entre les perturba-      logiques rythmiques ayant une période d’environ 24 heures
tions de ces rythmes et les troubles de l’humeur. L’objectif       [6]. Son rôle principal, chez l’homme, est d’optimiser le
308                                                                                                          S. Eddahby et al.

métabolisme et l’utilisation de l’énergie pour soutenir le          Certains facteurs peuvent conduire à la désynchronisa-
maintien des processus vitaux de l’organisme [7]. Il per-        tion de la structure circadienne endogène. Ils peuvent être
met l’adaptation d’un organisme vivant aux variations des        externes concernant des modifications de l’environnement
facteurs extérieurs, en particulier la photopériode. Prati-      (décalage horaire, travail posté, anesthésie...) ou interne
quement toutes les variables biologiques et les fonctions        (vieillissement, cancer. . .) [29]. Cette désynchronisation
physiologiques tels la température corporelle, le cycle          entraîne des perturbations des rythmes circadiens provo-
activité—repos et la sécrétion de nombreuses hormones            quant fatigue, mauvaise qualité de sommeil, ainsi que
(mélatonine, cortisol, hormone de croissance), expriment         troubles de la mémoire, de l’appétit et de l’humeur [23].
des fluctuations journalières prévisibles et régulières de leur
rythme [8]. Le rythme circadien est contrôlé par une horloge     Ramadan et rythme circadien
interne principale localisée chez l’homme dans les noyaux
suprachiasmatiques. Ainsi, le rythme circadien est biologi-
                                                                 Le mois du Ramadan est considéré dans la tradition musul-
quement inscrit dans le système nerveux central tout en
                                                                 mane comme étant le meilleur mois, pendant lequel se
étant modulé par des facteurs externes appelés synchroni-
                                                                 déroule la nuit du destin (laylat al-qadr). Au cours de cette
seurs (Zeitgebers) [9].
                                                                 dernière, le Coran fut révélé au prophète Mohammed. Le
                                                                 Ramadan se produit au neuvième mois du calendrier lunaire.
Rythme circadien et prise alimentaire                            Il dure entre 29 et 30 jours et peut débuter à n’importe
                                                                 quelle saison de l’année grégorienne. Ainsi, la durée du
                                                                 jeûne varie entre 11 heures et 18 heures par jour selon la
Chez l’homme adulte, l’un des mécanismes par lequel la
                                                                 saison. Durant cette période de jeûne, il est interdit de man-
prise alimentaire pourrait constituer un synchroniseur a été
                                                                 ger, de fumer, de boire et d’avoir des relations sexuelles du
suggéré par la balance des acides aminés plasmatiques sui-
                                                                 lever jusqu’au coucher du soleil.
vant un repas riche en glucides ou en protides [10]. L’heure
de la prise alimentaire entraîne une grande variété de modi-
fications des rythmes des variables biologiques [11—13]. Une      Prise alimentaire
étude des rythmes biologiques pendant le mois du Rama-
dan [14], portant sur le pH gastrique, l’insuline, le glucose,   Les repas sont obligatoirement pris durant la nuit. Leur
le calcium et la gastrine plasmatique, a montré une modi-        fréquence varie entre deux et trois principaux selon les
fication de leur profil circadien. Cette dernière persiste         cultures. Le premier, constant, est le repas de la rupture du
pour certaines variables un mois après le rétablissement du      jeûne. Il se situe immédiatement après le coucher du soleil ;
nombre et des horaires des repas. Une autre étude [15],          le second, le dîner, se prend à des horaires variables selon
menée avant et pendant le mois de Ramadan sur les taux           les coutumes de la région concernée. Il est servi en moyenne
circulants de mélatonine, d’hormones stéroïdes et hypophy-       trois à quatre heures après le premier repas mais certaines
saires a montré également une modification de leur profil          familles le prennent une heure ou deux heures après le pre-
circadien, or la qualité de synchroniseur de la prise alimen-    mier repas. Vient enfin le dernier repas qui se situe entre
taire.                                                           une heure et une demi-heure avant le lever du jour. La qua-
                                                                 lité de ces repas change également : ils sont généralement
                                                                 plus riches en glucides et en lipides et moins riches en eau
Rythmes circadiens et rythmes sociaux                            et en crudités.

Les synchroniseurs prépondérants chez l’homme sont               Rythmes sociaux
essentiellement de nature socio-écologique, comme les
alternances lumière—obscurité et veille—sommeil. À cet
                                                                 La nécessité de se nourrir pendant la nuit influence le som-
égard, il faut souligner l’importance du sommeil dans la
                                                                 meil chez les pratiquants. Ce dernier se trouve raccourci de
structure des rythmes circadiens [16—18]. Ce rôle a été
                                                                 deux heures environ, décalé de trois à quatre heures et sou-
bien mis en évidence chez l’homme par les expériences de
                                                                 vent entrecoupé par le dernier repas en fin de nuit. Aussi,
privation de sommeil [19,20]. D’autres études ont montré
                                                                 un grand nombre de Musulmans jeûneurs passent une grande
l’importance de la lumière dans l’entraînement du système
                                                                 partie de leur temps à prier le soir à la mosquée : prière
circadien chez l’homme [21,22]. Dans les conditions de tra-
                                                                 « tarawih ». C’est une prière qui se pratique au-delà des cinq
vail s’accompagnant d’une inversion ou de modifications
                                                                 prières usuelles. Par ailleurs, les veillées « ramadanesques »
importantes des horaires de la vie sociale, comme le travail
                                                                 sont marquées par les réunions familiales et la multiplication
posté ou de nuit, l’horloge biologique n’est plus en phase
                                                                 des invitations à domicile le soir et par les différentes pra-
avec l’environnement. Cela entraîne des troubles connus
                                                                 tiques religieuses. Les horaires de travail varient d’un pays
sous le terme d’intolérance au travail posté [23,24]. Les fac-
                                                                 à l’autre. Généralement, il commence plus tard le matin
teurs exogènes interviennent de façon sensible sur le rythme
                                                                 et finit quelques heures avant le Ftour, il est raccourci en
circadien de la température, de la pression artérielle, des
                                                                 durée.
battements cardiaques, du calibre bronchique. Ces fonc-
tions augmentent avec les activités physique ou mentale et
diminuent pendant le sommeil [25]. De même, on connaît           Irritabilité
le rôle de la lumière dans la suppression de la sécrétion de
la mélatonine [26,27] ainsi que le lien entre la sécrétion de    Il a été démontré, dans le cadre d’un travail effectué par
l’hormone de croissance, de la prolactine et le sommeil [28].    Kadri et al. sur l’irritabilité pendant le mois de Ramadan
Ramadan et trouble bipolaire                                                                                               309

[30], que celle-ci augmente régulièrement pendant la jour-       bipolaires. Par ailleurs, d’autres travaux non publiés ont
née, durant le mois de Ramadan et atteint son pic à la fin du     exploré l’effet du jeûne du mois de Ramadan sur l’usage
mois. La consommation des psychostimulants (café et thé) et      de drogues et d’alcool [41]. Cent jeûneurs consommateurs
le niveau d’anxiété suivent la même évolution. L’irritabilité    d’au moins une substance ont été inclus dans l’étude (92 %
augmente de façon plus importante chez les fumeurs par          étaient consommateurs de cigarettes, 33 % du haschich, 6 %
rapport aux non-fumeurs.                                         du kif, 11 % de psychotropes et 39 % d’alcool avant le mois
                                                                 de jeûne). La majorité (92 %) était de sexe masculin, l’âge
La concentration                                                 moyen était de 31,38 années. Les évaluations ont eu lieu
                                                                 une semaine avant et les deuxième et quatrième semaines
                                                                 du mois de jeûne. La consommation quotidienne de ciga-
Afifi [31] avait trouvé, durant le mois de Ramadan, une dimi-
                                                                 rettes est passée de 20 à 15 entre avant et durant le mois
nution de la capacité à se concentrer et une diminution de
                                                                 de Ramadan, celle du haschich de 5,17 à 4,24 joints par jour
l’activité quotidienne chez 50 % d’une population étudiée
                                                                 entre avant et durant le mois de Ramadan. En revanche, la
composée de 265 étudiants universitaires.
                                                                 consommation de psychotropes a connu une augmentation
                                                                 durant le mois. En moyenne, la consommation d’alcool a été
L’humeur et la vigilance                                         arrêtée 24,5 jours avant le début du mois. Environ la moitié
                                                                 des personnes (58,5 %) ont respecté les 40 jours d’abstinence
D’autres auteurs ont trouvé que l’humeur et la vigilance         avant le démarrage du Ramadan. À noter que cette période
diminuent significativement à 9 h du matin et à 16 heures         d’abstinence est dictée comme nécessaire, socialement.
durant le mois de Ramadan [32,33].                               Elle n’a aucune base religieuse, puisque la consommation
                                                                 d’alcool est interdite à tout moment de l’année. Aucun
                                                                 patient n’a présenté de delirium tremens. Cependant des
Le chronotype et la somnolence                                   répercussions négatives sur la vie sociale des participants
                                                                 ont été importantes : augmentation de l’irritabilité, de
Taoudi-Benchekroun M et al. [34] et Bahammam [35] ont            l’insomnie, du retard et de l’absentéisme professionnels.
exploré le chronotype et la somnolence diurne, respective-           La périodicité de certaines maladies mentales et
ment avant et pendant le mois du Ramadan. Ces travaux            l’altération de certains rythmes sont décrites depuis la fin
ont montré que le pourcentage des sujets qui dorment             du xixe siècle, voire le début du xxe avec Kraepelin [42].
entre 22 heures et minuit diminue avec une augmentation          Les premières études sur les rythmes et les troubles de
du nombre de personnes qui dorment au-delà de minuit.            l’humeur [13,43—45] ont mis en évidence des modifications
L’heure du réveil est aussi retardée. Le chronotype a changé     de la distribution temporelle, de l’excrétion urinaire des
significativement pendant le mois du Ramadan avec une aug-        17 cétostéroïdes chez les patients cyclothymiques. Dès les
mentation du pourcentage du chronotype vespéral et une           années 1960, Lobban et al. [46] et Moody et Alsopp [47]
diminution du pourcentage du chronotype matinal. La som-         évoquent une avance de phase du rythme biologique dans
nolence diurne augmente aussi d’une manière significative.        la dépression. De ces travaux naîtra en 1975 l’hypothèse de
                                                                 Papousek [48] sur l’origine chronobiologique des troubles de
Le sommeil nocturne                                              l’humeur. Plusieurs études [3—5,49] ont établi un lien entre
                                                                 les perturbations des rythmes circadiens et les troubles de
Roky et al. [36] ont exploré le sommeil nocturne pendant le      l’humeur. Le rythme social joue un rôle important dans la
mois de Ramadan. Ils ont montré que l’heure du sommeil est       phase de remise à zéro des rythmes circadiens chez les
retardée de 48 minutes au début et de 53 minutes à la fin du      humains [1,2]. Les « zeitstorers » peuvent induire des épi-
Ramadan en comparaison avec les horaires d’avant le mois.        sodes maniaques. Ces derniers englobent la privation de
L’heure du lever est retardée de 49 à 65 minutes au début et     sommeil [50,51], les voyages transméridiens [52], la per-
à la fin du Ramadan respectivement. Elle est restée retardée      turbation des rythmes sociaux [53,54]. Il a été montré
de 29 min pendant les 18 jours de récupération après le mois     que la privation de sommeil (patient que l’on empêche
du Ramadan.                                                      de dormir, en situation très contrôlée) peut faire passer
    Dans ces modifications des habitudes de vie pendant le        un patient bipolaire déprimé en phase hypomane dans 6 %
mois Ramadan, il existe indéniablement un changement du          des cas, voire en phase maniaque dans 5 % des cas [55].
rythme de vie impliquant particulièrement le sommeil, les        Par ailleurs, lorsque le sommeil est déplacé de façon bru-
repas et à moindre échelle l’alternance repos-activité. Il y a   tale, la relation temporelle entre le cycle veille/sommeil et
une rupture importante des rythmes chronobiologiques avec        l’horloge interne est perturbée. Ce changement peut altérer
une restriction de sommeil.                                      l’humeur pendant la période d’éveil. La prévalence élevée
                                                                 des troubles de l’humeur chez les travailleurs postés va dans
                                                                 le sens de cette hypothèse [56]. Il semble que les sujets
Ramadan et trouble bipolaire                                     avec trouble bipolaire présentent au cours des périodes
                                                                 intercritiques une instabilité émotionnelle qui les rendrait
Plusieurs travaux ont exploré l’impact du jeûne du mois de       plus vulnérables au stress [57]. Les épisodes thymiques des
Ramadan sur la santé du jeûneur [37—40]. Cependant, les          troubles bipolaires peuvent être déclenchés par le stress et
études sur Ramadan et les troubles psychiatriques sont peu       les événements de vie [58]. Le stress quotidien et les pertur-
nombreuses. Sur une recherche bibliographique approfon-          bations des routines peuvent générer des troubles du spectre
die, nous n’avons trouvé que deux études explorant l’impact      bipolaire [59]. Ainsi des thérapies basées sur la stabilisa-
du jeûne sur l’humeur chez les patients suivis pour troubles     tion des rythmes sociaux et des relations interpersonnelles,
310                                                                                                           S. Eddahby et al.

associées au maintien du traitement pharmacologique habi-         l’œdème pendant et après Ramadan et une augmentation
tuel, réduisent les symptômes dépressifs. Ces interventions       de l’agitation au cours du Ramadan.
minimisent aussi le risque de virage de l’humeur maniaque             Il est difficile d’expliquer ces résultats ; Kadri et al.
et améliorent la qualité de rémission des patients [60,61].       [63] avaient un petit échantillon de 19 patients (un patient
Le modèle de compréhension étiopathogénique des troubles          ayant abandonné l’étude pour une raison sociale avant la
bipolaires fait référence au modèle biopsychosocial. Sur un       deuxième évaluation). Ils ont préconisé deux évaluations
plan théorique, on peut décrire une succession causale : les      durant le mois de Ramadan. Farooq et al. [64] ont évalué
événements de vie sont à l’origine des dérèglements des           les patients une seule fois durant le mois de Ramadan à la
rythmes sociaux, générateurs de perturbation des rythmes          deuxième semaine et n’attribuent donc pas l’absence de
biologiques, qui entraînent des récurrences dépressives et        rechute dans leur étude à un manque d’observation ou de
maniaques [62].                                                   déclaration.
    Pendant le mois de Ramadan, l’inversion des rythmes               Farooq et al. ont observé une baisse continue des scores
alimentaires et sociaux favorise un coucher plus tardif.          HDRS et YMRS même après le Ramadan, ce changement
Associés aux modifications du sommeil, on observe des per-         dans les scores est probablement dû aux effets physiolo-
turbations du rythme circadien et de température [45].            giques du jeûne sur les symptômes somatiques de troubles
Kadri et al. [63] ont étudié des patients bipolaires jeû-         de l’humeur d’où l’intérêt d’évaluer la spiritualité sur un
neurs qui étaient euthymiques sous lithiothérapie pendant         plus grand nombre de patients. Bien que dans ces deux
au moins trois mois avant le démarrage de l’étude, et avant       études le taux moyen de lithium soit resté dans la four-
l’inclusion. Vingt patients bipolaires ont été inclus durant le   chette thérapeutique, il faut souligner que la dose moyenne
mois de Ramadan (1417, année hégirienne) correspondant            de lithium a été relativement faible. Les patients avec des
à janvier 1997. Les évaluations ont eu lieu une semaine           doses plus élevées auraient peut-être plus d’effets secon-
avant le mois de jeûne et les deuxième et quatrième               daires. De plus, la température moyenne pendant la période
semaines du mois de jeûne ainsi que la première semaine           de l’étude pakistanaise était autour de 30 ◦ C. Dans beaucoup
après la fin du mois de Ramadan. La symptomatologie                de pays tropicaux avec une grande population musulmane,
dépressive a été évaluée par l’échelle d’Hamilton et celle        les températures pendant l’été peuvent être beaucoup plus
de la manie par l’échelle de Bech-Rafaelsen. L’évaluation         hautes. Il est donc important d’étudier l’effet de jeûne dans
du taux plasmatique du lithium a suivi le même schéma.            des conditions climatiques différentes et d’évaluer aussi les
Le résultat le plus important était que 45 % des patients         rythmes sociaux par des mesures spécifiques. Hosseini et al.
avaient rechuté ; 70 % durant la deuxième semaine et le           en 2010 [65] ont évalué la prévalence du trouble bipolaire
reste à la fin du mois. Ces rechutes n’étaient pas corré-          (phase maniaque) chez les patients hospitalisés au service
lées aux variations des taux plasmatiques du lithium. La          psychiatrique de l’hôpital de Zare (Iran) durant le mois de
plupart des rechutes étaient de type maniaque (71,4 %).           Ramadan en comparaison avec les autres mois du calendrier
Ceux qui n’ont pas rechuté se sont plaints d’insomnie et          lunaire pendant quatre années successives de 2003 à 2006.
d’anxiété durant les deuxième et troisième semaines du            L’étude n’a pas trouvé de différence significative pour le
mois. Les effets secondaires du lithium avaient augmenté          nombre de patients hospitalisés pendant le mois de Rama-
et ont été observés dans 48 % de l’échantillon. Ils étaient       dan par rapport aux autres mois lunaires. Cependant, le
à type de sécheresse de la bouche, soif et tremblement.           taux d’hospitalisation avait particulièrement augmenté au
Les résultats de cette étude pilote indiquent que le mois         mois de Chawal (le premier mois suivant le Ramadan). Le
de Ramadan peut perturber l’état de l’humeur des patients         changement du rythme du sommeil (réduction de sommeil)
bipolaires.                                                       pendant le mois de Ramadan est fortement suspecté dans
    Farooq et al. en 2006 [64] ont étudié des patients bipo-      la rechute maniaque des patients bipolaires. L’impossibilité
laires jeûneurs qui étaient euthymiques sous lithiothérapie       de prise médicamenteuse au cours de la journée, la déshy-
pendant au moins trois mois avant le démarrage de l’étude,        dratation et les autres changements des rythmes sociaux
et avant l’inclusion. Soixante-deux patients bipolaires ont       influent le métabolisme des médicaments et les symptômes
été inclus durant le mois de Ramadan de l’an 1427 de              d’exacerbation du trouble bipolaire [66].
l’hégire (du 25 septembre au 24 octobre 2006). Les évalua-            La validité du Ramadan comme modèle pour étudier
tions ont eu lieu une semaine avant le mois de jeûne, la          l’impact des rythmes sociaux sur les patients bipolaires
deuxième semaine du mois de jeûne et la première semaine          demande encore à être confirmée sur des effectifs plus
après la fin du mois de jeûne. La symptomatologie dépres-          importants mais elle apparaît dès à présent comme un para-
sive a été évaluée par l’échelle d’Hamilton et celle de la        digme de recherche intéressant.
manie par l’échelle de Young. L’évaluation du taux plasma-
tique du lithium et des électrolytes (sodium, potassium et
chlore) a suivi le même schéma. Cette étude n’a pas relevé        Conclusion et recommandations
de différence significative pour la lithiémie ni pour le taux
plasmatique des électrolytes aux trois points d’évaluation.       Pratiquement tous les paramètres physiologiques humains
Aucun patient n’a rechuté au cours de l’étude. Il y avait         sont soumis à un rythme circadien quotidien, qui est lui-
des différences statistiquement significatives sur les deux        même influencé par le rythme alimentaire. Ces rythmes
scores HDRS et YMRS montrant une amélioration dans la             se trouvent altérés lors du mois de Ramadan et peuvent
dépression et la manie, pendant et après le Ramadan. Il n’y       affecter le cours de la maladie bipolaire. À ce jour, les
avait pas de différence significative pour les effets secon-       données de la littérature ne permettent pas d’aboutir à un
daires du lithium entre les trois points d’évaluation sauf        consensus sur l’impact du mois de Ramadan sur les patients
pour trois paramètres : réduction de la prise du poids et de      bipolaires. Conseiller les patients bipolaires sur le jeûne de
Ramadan et trouble bipolaire                                                                                                            311

Ramadan à l’instar des patients diabétiques est difficile. Le           [16] Czeisler CA, Weitzman ED, Moore-Ede MC, et al. Human sleep:
rompre peut provoquer de la culpabilité, de la stigmatisa-                  its duration and organization depend on its circadian phase.
tion et un mauvais lien socioreligieux. Ainsi, des réunions de              Science 1980;2010:1264—7.
consensus entre psychiatres et représentants de l’autorité             [17] Krauchi K. Thermoregulatory effects of melatonine in relation
                                                                            to sleepiness. Chronobiol Int 2006;23:475—84.
religieuse sont fortement suggérées. Des études ultérieures
                                                                       [18] Touitou Y. Synchronisation et désynchronisation de l’horloge
sont nécessaires pour évaluer l’impact des variations des
                                                                            biologique chez l’homme. L’Encéphale 2006;32(Suppl.
rythmes sociaux pendant le mois de Ramadan sur l’évolution                  2):834—9.
du trouble bipolaire avec un plus grand nombre de malades.             [19] Touitou Y. Biological clocks. Mechanisms and applications.
                                                                            Amsterdam: Elservier, Excerpta Medica; 1998.
                                                                       [20] Touitou Y. Mécanismes et physiopathologie des fonctions ryth-
                                                                            miques. Paris: Vernazobres; 2003, 423 p.
Déclaration d’intérêts
                                                                       [21] Duffy JF, Kronauer RE, Czeisler CA. Phase-shifting human cir-
                                                                            cadian rhythms: influence of sleep timing, social contact and
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en                 light exposure. J Physiol (Lond) 1996;495:289—97.
relation avec cet article.                                             [22] Duffy JF, Wright Jr KP. Entrainment of the human circadian
                                                                            system by light. J Biol Rhythms 2005;20:326—38.
                                                                       [23] Bordet R. Systéme mélatoninergique, rythmes biologiques
                                                                            et troubles de l’humeur. L’Encéphale 2006;32(Suppl. 2):
Références                                                                  802—9.
                                                                       [24] Costa G, Sartori G, Akerstedt T. Influence of flexibility and
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