Regards croisés sur des quartiers de villas menacés et visites guidées Participez à notre action de plantation de haies d'espèces indigènes ...
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Regards croisés sur
des quartiers de villas menacés
et visites guidées
Participez à notre
action de plantation
de haies d’espèces
indigènes
no 114 - Septembre 2016
Association pour la propriété individuelle et pour
un habitat durable
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Association pour la propriété
individuelle et
SOMMAIRE
pour un habitat durable
SECTION GENÈVE ÉDITORIAL 5
Pic‑Vert Assprop Genève MAISON Le recensement architectural du canton mis à jour 7
32, ch. de Grange-Collomb
1212 Grand-Lancy
Densification de la zone villas et patrimoine 9
geneve.assprop.ch La densification de la zone villas ne pourra se faire sans nuances 10
Michel Schmidt, Président JARDIN Participez ! Plantation de haies d’espèces indigènes, l’action se poursuit ! 12
Alain Burri, Vice-Président
Le jardin, havre de biodiversité 14
COMITÉ
Jean‑Claude Michellod, La Charte des Jardins 16
Michel Schmidt,
QUALITÉ DE VIE Zones villas et santé 17
Commission juridique
Frédéric Berney, Trésorier CAHIER SPÉCIAL Regards croisés sur 11 quartiers de villas menacés de disparition
Alain Gaumann, Energie
Marielena Gautrot, Christian
TERRITOIRE Zones villas à Vernier : zones de résistance, zones de mutation 19
Gottschall, Claude Miffon, Sauver la 5e zone ou la tuer de mille blessures ? 21
Marketing, Communication Le jardin, extrait d’une nouvelle de Dino Buzzati 23
Guy Girod, Assurances
Christina Meissner, Journal À VOTRE SERVICE « L’alu, c’est tendance » 25
et web
Alain Burri, Territoire
LA PLUME EST À VOUS Face au projet fou de développement de l’Aéroport
Christophe Ogi, Architecture de Genève Cointrin, les associations se regroupent 27
René Volery, Administration et
informatique
PERMANENCES
Charles Denogent, Architecture/Energie Soirée conférence : Apprendre à régler sa chaudière 28
Jean‑François Girardet Juridique Frais d’entretien d’un chemin faisant l’objet d’une servitude de passage 29
SECTION VAUD Fiscalité Projet de loi visant la réévaluation du parc immobilier genevois 30
et autres cantons
Notaire Le testament et les différentes formes de dispositions pour cause de mort 34
Assprop Vaud
65, Grand’Rue – 1296 Coppet Médiation Ma maison & mes voisins... 36
vaud.assprop.ch PIC-VERT ASSPROP GENÈVE Pic-Vert, trente ans d’engagement sans relâche 38
Pierre‑Alain Schmidt, Président
Jérôme Zagury, Vice‑Président
et trésorerie ASSPROP
COMITÉ 32, ch. de Grange Collomb ‑ 1212 Grand-Lancy
Michel Schmidt, Juridique
Guy Dériaz, Christian Administration et secrétariat :
Gottschall et Christophe Ogi, le matin de 8h30h à 12h30 (fermé le mercredi)
Aménagement et architecture ✆ 022 810 33 20 / Fax 022 810 33 21
Guy Girod, Assurances
Lionel Baruchet, Bancaire et info@assprop.ch ‑ www.assprop.ch
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Edward Cassels, Informatique Permanences téléphoniques gratuites
et web
Gérard Produit, ASSURANCES SÉCURITÉ JURIDIQUE
Communication Tous les jours 24h/24 Conseils gratuits et tarifs privilégiés. Pour toutes questions sur les droits de la propriété
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T. 022 308 68 79 ✆ 022 777 16 18 SPGC, Stéphanie Haenni, Marc Rosset et Hervine
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ÉDITORIAL
temps que l’Etat réalise le risque ciation ainsi qu’à Madame Christina
découlant de cette attention por- Meissner, membre du Comité, pour
tée aux propriétaires. Risque d’un obtenir de plus amples informations
départ vers des prairies plus vertes. à ce sujet.
C’est donc très fière du chemin par- Enfin, comme je l’ai annoncé lors
couru et consciente des défis qui de la dernière assemblée générale,
Michel Schmidt
Président Pic-Vert l’attendent, que l’association fête l’association fera prochainement
Assprop Genève cette année son 30ème anniversaire. paraître un document explica-
tif synthétisant sa position et ses
Aussi, le présent numéro comprend objectifs futurs pour la protection
Comme vous le savez, l’associa- 2002 avant d’être élue au Conseil un cahier spécial dans lequel vous des zones villas ainsi que de la
tion Pic-Vert Assprop Genève a fédéral, a participé à l’une de ses pourrez admirer des aquarelles de faune et la flore qui s’y trouvent.
le plaisir de fêter cette année assemblées générales. la peintre Marion Jiranek qui a pris Ce document en cours de prépa-
son 30ème anniversaire. comme modèles quelques quartiers ration par les membres du Comité
Je souhaite rappeler ici que la répu- de villas parmi tant d’autres que aura pour objectif de répondre à
Au fil des années, l’association a tation de l’association provient égale- l’association souhaite préserver. la position du Conseil d’Etat, telle
construit sa réputation sur la base ment des victoires qu’elle a connues Vous y lirez notamment une pré- qu’elle ressort de son rapport sur la
de ses engagements marqués dans dans la sauvegarde des zones villas et sentation de ces quartiers, ainsi que mise en œuvre de la politique can-
la défense sans concession des pro- la protection de vos droits. Le simple des témoignages d’habitants sou- tonale du logement dans le cadre
priétaires de biens immobiliers. fait que le nombre de ses membres cieux de les conserver. de la réalisation du plan directeur
n’ait pas diminué au cours de ces cantonal 2030 (RD 1108).
Bien qu’apolitique, l’association trente dernières années, mais au Des balades dans lesdits quartiers
entretient régulièrement le dialogue contraire augmenté, et cela malgré sont également organisées en sep- Profitant du présent numéro pour
avec nos élus pour faire entendre sa les pressions de plus en plus impor- tembre et octobre de cette année au vous remercier tous de votre fidélité
voix et par conséquent la vôtre. Elle tantes visant l’urbanisation de ces bout desquelles vous pourrez discu- au cours de ces dernières années, je
est ainsi fréquemment auditionnée zones, permet de le démontrer. ter autour d’un apéritif. Je vous ren- vous transmets mes plus cordiales
par le Grand Conseil lors de l’éla- voie au site Internet de notre asso- salutations. n
boration de projets de lois ayant un Mais le chemin est encore long et
impact sur les droits de propriété. semé d’embuches ! Les proprié-
taires de villas ont de plus en plus
Un grand nombre de Conseillers l’impression d’être dans le viseur
d’Etat lui ont d’ailleurs fait l’hon- de l’Etat, que ce soit en matière
neur de participer à ses assemblées d’aménagement du territoire ou de
générales depuis sa création en fiscalité. On leur explique d’une part
exposant leurs opinions et objectifs que leurs terrains devront abriter à
dans la conduite de notre Canton. terme des immeubles dont 30%
d’appartements seront des loge-
A titre d’exemple, l’ancienne ments sociaux, pour ensuite sou-
Conseillère fédérale, Madame tenir qu’il est dans l’intérêt collectif Entretien & Rénovation de chauffages toutes énergies
Micheline Calmy-Rey, qui était d’augmenter la valeur fiscale de leur
alors responsable à Genève du bien immobilier à travers la réforme
Département des Finances jusqu’en en cours sur la fiscalité. Il est grand
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Erratum
L’article intitulé « Après la lutte des classes, la lutte des généra-
tions… », rédigé par Monsieur Christian Gottschall dans notre journal
du mois de juin 2016, a suscité un certain nombre de réactions, parti-
culièrement celle du Conseiller d’Etat, Antonio Hodgers.
En effet, à la lecture du premier paragraphe de cet article, la mise
entre guillemets du texte pouvait laisser supposer qu’il s’agissait
d’une citation de Monsieur Antonio Hodgers ce qui n’est absolument
pas le cas.
La mise entre guillemets a été choisie pour synthétiser, selon la com-
préhension de Christian Gottschall, le fond de la pensée exprimée
par Monsieur Antonio Hodgers dans l’article paru dans le journal « Le
Temps » du 29 mars dernier. Il ne s’agit nullement des propos expri-
més directement par Monsieur Hodgers.
Par soucis de correction et de transparence, Christian Gottschall et
l’association souhaitaient préciser ce qui prècède.
septembre 2016 - Pic Vert n° 114 - 5
ÉDITORIAL
Pierre-Alain Schmidt
Président Assprop Vaud
© celeste clochard - fotolia.com
Canton de Vaud,
changement de paradigme en terme d’aménagement du territoire
Les règles en matière d’aména- place future de la législation qu’il densification minimale. Ailleurs, que de telles situations entraîne-
gement du territoire vont évoluer propose et en poussant les com- dans bon nombre de communes, ront des procédures entre les héri-
de manière extrêmement sensible munes à faire des zones réservées tout développement ou délivrance tiers, entre l’héritier et la commune
dans le canton de Vaud. Cette évo- (articles 77 et 135 LATC). Plus de de permis de construire seront tout qui dézone son bien, voire même
lution aura des effets importants 70 oppositions auraient récemment simplement supprimés. entre la commune et le canton qui
sur le droit des propriétaires. En été déposées par le département contraint cette dernière à dézoner.
effet, le Grand Conseil vaudois est vaudois à l’occasion d’enquêtes Les textes proposés sont à tout
appelé à se prononcer prochaine- publiques liées à la délivrance d’un le moins inquiétants. Ils sont de Eu égard à l’impact sociétal majeur
ment sur le projet de la 4ème révision permis. nature à créer des conflits très qu’aura une telle législation, et
du plan directeur cantonal et sur importants entre particuliers, entre l’importance des problèmes évo-
la nouvelle loi sur l’aménagement Il est évident que les propriétaires les propriétaires et les autorités qués ci-dessus, on peut encore
du territoire et des constructions. touchés par de telles oppositions communales et cantonales, voire espérer quand même que la légis-
La lecture attentive du projet de seront confrontés à des situa- même entre les communes et le lation proposée sera largement
ces dispositions laisse apparaître tions extrêmement difficiles où ils canton. S’ils rentrent en vigueur, revue et amendée par le Grand
la volonté politique de concentrer peuvent même craindre de ne pas ils engendreront également très Conseil vaudois et que ce dernier
pratiquement toutes constructions recevoir de réelles indemnisations probablement un clivage entre la saura s’inspirer d’autres solutions
nouvelles dans les villes ou respecti- eu égard à la jurisprudence très res- ville et la campagne et des rivali- retenues par d’autres cantons. On
vement les communes considérées trictive en la matière. tés intercommunales de nature à peut d’autant plus l’espérer qu’il
comme centres et de restreindre prétériter gravement la recherche serait quand même curieux qu’une
de manière drastique tout déve- Les projets préparés par le dépar- d’une harmonie dans le développe- législation qui fait fi de toutes les
loppement dans les autres com- tement de Madame la Conseillère ment de notre canton. réflexions et planifications inter-
munes. A entendre le canton, 75% d’Etat Jacqueline de Quattro pré- communales de cette dernière
des communes vaudoises seraient conisent un véritable changement La mise en place d’une telle légis- décennie et qui réduit à la peau
surdimensionnées. Le canton veut de paradigme en terme d’aména- lation risque également de débou- de chagrin l’autonomie commu-
mettre en place des dispositions gement du territoire et des droits cher sur une grave insécurité pour nale qui a fait les beaux jours du
légales qui pourront contraindre des particuliers. Il organise une le droit des propriétaires, voire formidable développement qu’a
les communes considérées comme politique de centralisation « à la engendrer des contradictions entre connu le canton, laisse indifférents
surdimensionnées à supprimer genevoise » où toutes les véritables le droit privé et le droit public. les responsables des communes qui
purement et simplement des droits décisions seront prises par le can- Le processus de suppression des seraient durablement impactées par
à bâtir sur des parcelles construc- ton. Sous prétexte d’une volonté droits à bâtir créera des situations de telles mesures.
tibles sans d’ailleurs prendre le soin de simplification, le rôle des com- dramatiques. Ce sera par exemple
de préciser la nature exacte des munes qui disposaient jusqu’à le cas des héritiers d’une succes- Quoi qu’il en soit, nous suivrons
indemnisations éventuelles liées aujourd’hui d’une autonomie en la sion où l’un s’est vu recevoir des attentivement l’évolution de ce
à la suppression de ces droits. Le matière sera réduit à la simple exé- biens mobiliers et l’autre un ter- dossier et ne manquerons pas de
canton a déjà commencé, dans les cution d’une politique cantonale. rain constructible sur lequel il aura vous tenir informés. Dans l’inter-
communes en question, une poli- même pu obtenir un financement valle, notre permanence juridique
tique d’opposition à la délivrance Dans les centres où il faudra densi- par hypothèque, où le droit à bâtir reste à disposition de nos membres
de permis de construire qui sont fier, le propriétaire n’aura pas seu- en question sera purement et et des propriétaires pour les rensei-
pourtant conformes à la législation lement le droit, mais il aura surtout simplement supprimé sans réelle gner de manière plus personnelle et
en vigueur en invoquant la mise en l’obligation de construire avec une contrepartie. On peut être certains précise. n
6 - Pic Vert n° 114 - septembre 2016
MAISON
Le recensement architectural
du canton mis à jour
moine constitue une composante à ses dispositions. Dès l’été de cette Depuis 1976, plus de 22 000 objets
majeure de l’aménagement du année-là, le Département des tra- ont été recensés dans le can-
territoire (fiche A15, « Préserver et vaux publics (actuel Département ton qui compte au total plus de
mettre en valeur le patrimoine »). de l’aménagement, du logement et 87 000 bâtiments. Les enquêtes
Or, le maintien et la protection de l’énergie, DALE) confiait à l’his- les plus anciennes ont par consé-
de la substance patrimoniale sup- torienne de l’art Monique Bory le quent quarante ans et les connais-
posent au préalable une excellente soin d’examiner chaque noyau vil- sances acquises ne couvrent pas
connaissance du tissu urbain ; le lageois afin de déterminer la fonc- l’ensemble du territoire cantonal.
Sabine Nemec-Piguet recensement architectural est en ce tion primitive, l’histoire et la valeur Précisons enfin que les recherches
Directrice générale sens un instrument essentiel de la patrimoniale des édifices anciens, menées dans les années 1970-1990
de l’Office du patrimoine et planification urbaine. et de proposer des mesures de ne répondent pas complètement
des sites du canton de Genève conservation. Les investigations aux préoccupations actuelles ni à
Dans le canton de Genève, le n’ont dès lors jamais cessé, tout en l’évolution des connaissances en
recensement architectural est né étant réorientées, en se concen- architecture. En effet, tandis qu’on
La définition du Plan directeur avec l’adoption le 4 juin 1976 de trant par exemple sur des époques privilégiait dans les années 1970
cantonal 2030, adopté le 20 sep- la loi sur la protection des monu- ou des thèmes particuliers, ou en l’architecture rurale et ancienne,
tembre 2013 par le Grand Conseil, ments, de la nature et des sites étant limitées à des secteurs géo-
a permis de rappeler que le patri- (LPMNS L 4.05) et conformément graphiques restreints. u
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MAISON
on est aujourd’hui davantage
conscient de l’intérêt des réalisa-
tions contemporaines nées depuis
les années 1920.
L’adoption du Plan directeur canto-
nal 2030 a par conséquent requis de
mettre à jour le recensement archi-
tectural et de compléter les connais-
sances. Mis en œuvre par l’office du
patrimoine et des sites et l’office de
l’urbanisme (DALE), le programme
se fixe pour objectif de couvrir
l’ensemble du canton, afin d’identi-
fier et de documenter les bâtiments
dignes d’intérêt, puis de protéger
les plus remarquables. Il prévoit en
© SITG
outre de mettre les résultats à la
disposition du public via le Système Recensement architectural du canton de Genève, carte et données disponibles en ligne (voir ci-dessous).
d’information du territoire genevois
(http://ge.ch/sitg/).
dans le but d’examiner, de pho- sur la base d’une échelle de quatre l’instruction des demandes d’autori-
Les opérations consistent à la fois tographier et de décrire toutes les notes : « exceptionnel », « intéres- sation de construire et de la prépa-
dans des recherches documentaires, parties extérieures des édifices. L’en- sant », « intérêt secondaire », « sans ration de projets de développement
afin d’analyser les cadastres anciens, semble des données recueillies sont intérêt ». Des informations complé- urbain. Le recensement permet de
les dossiers de requêtes en autorisa- ensuite synthétisées dans des fiches, mentaires sont disponibles sur le site dégager une vision d’ensemble sur
tion de construire et la bibliographie, chaque bâtiment bénéficiant par ail- Internet, à l’adresse www.geneve- des communes ou des quartiers ;
et dans des visites sur le terrain, leurs d’une évaluation patrimoniale patrimoine.ch. il oriente l’adoption des mesures
de protection ; il fournit enfin une
Le recensement architectural matière première incontournable
n’ayant pas de valeur légale, ces pour l’étude de l’architecture régio-
investigations et leurs conclusions nale. Autant dire, que ses résultats
restent indicatives mais sont au sont attendus par tous les acteurs
combien précieuses dans le cadre de du patrimoine. n
Consultez les données patrimoniales de Genève:
http://ge.ch/sitg/cartes/professionnelles
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8 - Pic Vert n° 114 - septembre 2016
Densification de la zone villas et patrimoine
« Longtemps diabolisées par les architectes eux-mêmes, les zones
villas sont pourtant, dans des villes qui se densifient, des poumons
de verdure, des respirations dans la ville, où paradoxalement le
régime de la propriété privée rejoint celui de l’intérêt public. N’est-
il pas venu le temps de comprendre la chance que représentent
ces zones pour Genève en termes de développement durable ? A
l’heure où les métropoles, pour des raisons liées au changement cli-
matique, projettent des plans de végétalisation, Genève, possède
jusqu’en pleine ville des zones de villas cohérentes, qui constituent
un agrément pour tout le voisinage. Aujourd’hui on pourrait s’éviter
le processus systématique et grossier de la table rase sous quelque
prétexte que ce soit. Mais pour ce faire il faudrait préalablement
que l’Etat reprenne un vrai pouvoir décisionnel et raisonné dans
l’aménagement de son territoire et cesse de le brader à des privés
dont le principal intérêt est de faire affaire. »
Dr Leïla el-Wakil, professeure d’histoire de l’architecture, Unité
d’histoire de l’art, UNIGE
« Est-il encore possible d’opposer aux raisons technocra‑ «Nous devons dire aux urbanistes qu’ils ne travaillent
tiques et financières un sursaut de la raison esthétique pas sur une page blanche.
et des aspirations sociales des habitants ? » On construit sur un territoire vivant, sur un patrimoine
Erica Deuber Ziegler, historienne de l‘art et ancienne députée au Grand naturel ou bâti, d’où la nécessité de faire un travail de
Conseil recensement patrimonial en amont de toute planification
Extrait issu de l’article « Sur le Plateau des Semailles au Grand Lancy : territoriale.»
marre des barres » paru dans le Journal Alerte, de Patrimoine suisse,
été 2013. Antonio Hodgers, Conseiller d’Etat
Les jardins des villas ?
«Des espaces verts privés qui profitent à tous les habitants, véritables poumons de verdure
en ville pour les écoliers, les mères de famille comme les promeneurs du dimanche ...et de la
semaine.»
Bernard Lescaze, historien, ancien président du Grand Conseil et habitant du Mervelet.
septembre 2016 - Pic Vert n° 114 - 9
MAISON
La densification de la zone villas
ne pourra se faire sans nuances
de très belles rencontres. J’ai eu la
chance d’œuvrer pour et avec des
représentants d’associations dont
j’admire profondément le courage,
la dévotion, l’optimisme et la téna-
cité. Je tiens à les saluer ici tout
particulièrement (je sais qu’ils se
reconnaîtront). Sans eux, les belles
Lauren Baddeley perspectives de projet et l’espoir
de nouveaux quartiers plus convi-
Architecte EPFL viaux ne seraient rien. Ces per-
Membre de la Commission sonnes n’ont rien abandonné. Elles
consultative pour l’Aménagement ont travaillé dur, négocié âprement
du Territoire parfois, mais sans jamais refuser le Le Vieux-Carouge, un exemple d’urbanisation tenant compte du parcellaire.
dialogue ou le compromis. Elles se
battent inlassablement pour la mise niable, mais il s’agit de ne pas ver- tion pour les quartiers historiques
Que d’aventures depuis la dernière en œuvre d’une ville plus belle, ser dans la démagogie. Le seul fait tient, bien entendu, à la qualité
fois que j’ai eu la chance de rédi- plus heureuse et contribuent ainsi de loger nos enfants ne suffit pas. des architectures finement ouvra-
ger un billet pour le journal Pic- au bien commun. Qu’elles soient C’est aussi une belle qualité de vie gées, mais aussi à la question des
Vert! J’écrivais, en effet, il y a de fières de ce qu’elles sont et de leur que nous voulons leur offrir, une échelles employées. Les quartiers
cela 4 ans, mais il me semble que grande contribution. ville agréable, attractive et sociale- anciens sont plus compacts et sou-
c’était hier. Nous venions d’ache- ment cohérente. vent plus denses que notre périphé-
ver, au sein de la CAT (Commis- Saluons aussi certains de nos poli- rie urbaine, alors qu’ils maintiennent
sion consultative pour l’Aménage- tiques, issus de divers milieux, qui, Aujourd’hui, nous leur destinons des gabarits plus bas. Les façades
ment du Territoire), un travail de de par leur ouverture d’esprit et encore, et je m’en inquiète, une sont « rythmées », tandis que l’har-
réflexion relatif à la densification de leur empathie ont été des alliés triste banlieue. L’urbanité d’une monie est garantie par l’appareillage
la zone villas dans le cadre de l’éla- dans les divers débats qui nous pré- modernité compromise, de normes des matériaux (naturels : enduits
boration du nouveau Plan Direc- occupent. En ce sens, une énorme sans cesse alourdies, le résultat minéraux, pierre, bois) et le respect
teur Cantonal. Approchée par des victoire a été, pour nous le vote de d’une conception basée sur des de proportions ou d’alignements.
membres d’associations de quartier, la motion M 2115 par une majorité plans financiers et des quantités à Nulle nécessité donc de dénigrer
intéressés par les réflexions issues du Grand Conseil (http://ge.ch/ atteindre. La ceinture périurbaine (comme je l’ai souvent observé) cet
dudit travail, j’ai eu la chance, par grandconseil/data/texte/M02115. me paraît ainsi toujours plus laide, attrait pour des quartiers dont les
la suite, d’œuvrer dans le cadre de pdf). toujours plus large. Elle engloutit règles urbanistiques sont en réalité
divers projets urbanistiques « alter- inlassablement de très beaux quar- simples, rationnelles et parfaite-
natifs » permettant aux habitants et Force est de constater, néanmoins, tiers et des pans entiers d’un patri- ment adaptables à notre architec-
aux propriétaires concernés par la que le sort réservé aux quartiers de moine bâti et paysager tant appré- ture contemporaine (notamment
densification d’illustrer leurs aspi- villas ainsi que la qualité urbanis- cié, mais trop discret pour qu’il en là où le parcellaire est déjà dense).
rations urbaines par des proposi- tique et morphologique des muta- soit fait grand cas. Les modernes qui ont souhaité
tions d’aménagement concrètes. tions urbaines ne fait pas l’objet rompre, de façon compréhensible,
Nous avons cherché à retrouver d’une attention suffisante. Cette Il s’agit donc, à mon sens, de réflé‑ avec l’insalubrité qui les précédait,
les contours de quartiers à taille qualité urbaine est dans tous les chir aux aspects suivants : inspirés par une industrialisation en
humaine, structurés et « orga- esprits, mais sa mise en œuvre est plein essor, nous ont amené la flui-
niques » à la fois, permettant, dans chose/cause abstraite. Modernisme et classicisme dans la dité des espaces, la luminosité et la
la plupart des cas, une densification « tradition » urbanistique : rationalité des villes nouvelles. Leur
à la parcelle qui offre indépendance La ville que nous planifions contribution doit être mise à profit,
et liberté, liberté de rester chez soi, aujourd’hui est pourtant celle qui Lorsque je demande aux habitants mais ne doit pas figer la réflexion
liberté d’investir, liberté de s’en accueillera nos enfants demain. Le dans quels quartiers, plus denses urbanistique contemporaine et pré-
remettre à d’autres. slogan populaire de ces dernières que leur quartier de villas, ils pour- venir l’avènement d’un urbanisme
années a été « du logement pour raient se projeter, ils me parlent de qui réconcilierait les avantages de la
Ces travaux ont été l’occasion nos enfants ». La nécessité de loger villes anciennes ou, très souvent, « cité » moderne avec l’attrait de la
d’expériences passionnantes et les générations futures est indé- du Vieux-Carouge. Cette admira- ville « classique ».
10 - Pic Vert n° 114 - septembre 2016Une pratique administrative qui Mais la pratique administrative doit économe, mais il doit aussi rester de mieux se comprendre. Dans tous
façonne la ville de demain être allégée, car elle devient désor- « sensé », adapté à son contexte. les projets discutés, négociés, chaque
mais confiscatoire et n’offre pas Recentrons-nous sur le projet partie a su faire un pas vers l’autre.
Dans le cadre de ces travaux, ma suffisamment d’espace à l’inno- urbain et architectural, avant de le Dialogue et respect mutuel per-
principale inquiétude a été l’ef- vation, à la créativité et aux aspi- contraindre par des quantités ou des durent. Les souhaits des habitants ou
frayante érection en dogmes abso- rations d’une population qui joue, indices de densité parfois mal et très des riverains font désormais partie de
lus d’une foultitude de critères nor- pourtant, le jeu de la densification. grossièrement appréhendés. la « donne », indéniablement. Enfin,
matifs ou administratifs dont per- des concessions importantes ont été
sonne ne souhaite se distancer pour Quantité versus économie des sols Malgré les efforts qui seront donc obtenues dans la planification, sur la
aboutir. Les barres de 6 à 10 étages, encore nécessaires, ne renonçons pas base des propositions fournies. De
les « plots » ou les « sucres » sont Si nos ressources foncières, si pré- à nos rêves. Poursuivons nos efforts nouvelles ouvertures voient le jour et
ainsi devenus les seuls modèles réa- cieuses, ne sauraient être gaspillées, et soutenons la « réforme ». Enga- les idées progressent.
listes pour Genève… la densification ne pourra se faire geons-nous pour la Genève de nos
sans nuances. La ville de demain a enfants, pour une « cité radieuse », Je ne puis malheureusement pas
En voyageant un peu et en contem- besoin de respirations, d’une part, une Genève où la liberté d’agir et de clore mon intervention par un quel-
plant les réalisations audacieuses ou mais aussi de conserver les traces disposer de son bien participe du bien conque bilan, aucun des processus
les quartiers innovants qui se créent d’un héritage bâti ou de paysages commun et de la qualité urbaine. initiés n’est à ce jour achevé. Tout
un peu partout, on regrettera le car- façonnés par les générations pré- est en cours, et tant reste à faire. Le
can local qui fixe ou qui fige désor- cédentes, d’autre part. Il est ainsi Je conclurai en précisant que, si futur donnera peut-être ainsi rai-
mais jusqu’au plus petit détail. important d’envisager, dans le cadre les processus participatifs engagés son à l’engagement sans faille des
d’une mutation progressive, la nous ont mené à débattre parfois, diverses associations de quartier.
L’Etat doit s’assurer de conditions conservation de certaines parcelles, ces derniers ont apporté leur lot de
cadres et de résultats effectifs afin de certains ensembles, voire de cer- réjouissances aussi. Ils ont, notam- Alors pour tout ce qu’elles ont déjà
que la ville demeure harmonieuse tains quartiers. Le projet urbain doit ment, permis aux uns et aux autres apporté et tout ce qu’elles apporte-
et que la cohésion sociale perdure. impérativement demeurer compact, de se rencontrer, de se connaître et ront encore, MERCI à elles. n
septembre 2016 - Pic Vert n° 114 - 11JARDIN
Participez !
Plantation de haies d’espèces indigènes,
l’action se poursuit !
à sa charge la moitié du montant de
Ü
Céligny
la plantation.
Hermance
Inscrivez-vous vite ! Versoix
Collex-Bossy Anières
S’arrêter en si bon chemin aurait Genthod Corsier
été franchement dommage. Aussi,
Bellevue
Collonge-Bellerive Gy
d’un commun accord avec la direc-
Meinier
Pregny-Chambésy
Grand-Saconnex
Meyrin Jussy
tion générale de l’agriculture et de Genève-Petit-Saconnex
Cologny
Vandoeuvres
Choulex
Christina Meissner
Presinge
la nature de l’Etat de Genève, notre
Satigny
Vernier Puplinge
Membre du comité
Genève-Cité
action est reconduite cet automne
Genève-Eaux-Vives
Dardagny Thônex
Russin Chêne-Bourg
Genève-PlainpalaisChêne-Bougeries
Aire-la-Ville
2016. Si votre participation est rete- Bernex
Onex Lancy
Carouge
Cartigny
nue car votre projet présente un Avully
Confignon
Veyrier
intérêt certain pour la nature, la moi-
Plan-les-Ouates
A ce jour, 54 propriétaires de villas Laconnex Perly-Certoux Troinex
Avusy
ont participé à notre action de plan- tié des coûts de la plantation sera
Chancy Soral Bardonnex A.CAD_COMMUNE
tation de haies d’espèces indigènes prise en charge jusqu’à concurrence
© DGAN
Projet Haies Pic-Vert
en zone villas lancée en 2012. Deux du montant total accordé pour cette 0 2 4 8 12
Kilomètres
Source: © SITG\DGNP
kilomètres de haies ont été plantés action. Alors, inscrivez-vous sans tar-
soit plus de 2000 arbustes d’espèces der ! Les premiers inscrits seront les Plan de situation des plantations de haies d’espèces indigènes dans le
indigènes. Dans de nombreux cas, il premiers servis. cadre de l’action Pic-Vert
s’agissait de remplacer des haies de
laurelles ou de thuyas, très à la mode Dès que vous nous aurez renvoyé le
il y a quelques dizaines d’années, coupon réponse, nous vous propo- coût. Il vous conseillera sur le choix à mars 2017. Alors, n’hésitez plus !
mais totalement stériles et qui n’ap- serons de prendre contact avec un des espèces, en fonction du lieu, du Pour plus de diversités, de couleurs,
portent rien à la nature. L’Etat, qui arboriculteur spécialiste des espèces sol, de l’ensoleillement et de l’es- de parfums et de vie dans votre jar-
désire favoriser la nature en ville, a indigènes avec lequel vous pourrez pace à disposition. Les plantations din, rien de tel que les espèces indi-
participé au financement en prenant discuter de votre projet et de son se dérouleront de novembre 2016 gènes. n
Coupon à renvoyer avant le 15 octobre 2016 à Pic-Vert Assprop Genève, 32, ch. Grange-Collomb, 1212 Grand-Lancy
Je désire participer à l’action de plantation de haies d’espèces indigènes.
Nom :....................................................................................................................... Prénom :..............................................................................
Adresse :...............................................................................................................................................................................................................
Commune et code postal :...................................................................................................................................................................................
Tél :...................................................................................................................Email :...........................................................................................
Longueur / largeur de la haie à planter (mètres) :..........................................................
S’agit-il d’un projet auquel participent plusieurs propriétaires (plantation d’une haie en limite de parcelle par exemple) ?................................
Si oui combien ?...................................................................................................................................................................................................
12 - Pic Vert n° 114 - septembre 2016Les étapes
d’une plantation
réussie
• Conseil et choix des espèces
(en fonction des désirs
mais aussi du sol,
de l’ensoleillement, de
l’espace, etc.)
• Eventuellement, arrachage
préalable de plantes existantes
• Ameublissement du sol Haies d’espèces indigènes plantées grâce à notre action.
• Mise en place des arbustes
• Amendement
(compost)
• Arrosage
Nature en ville : des haies mais aussi des arbres !
• Mise en place de copeaux Tout comme les haies d’espèces indigènes, la végétation arborée fournit gîte et nourriture à la faune sau-
(préserve l’humidité, protège vage. Lui redonner une place en milieu urbain, c’est directement contribuer au maintien d’une nature riche et
et facilite l’entretien des diversifiée jusqu’au cœur de zones d’habitation. Si vous disposez de l’espace nécessaire à l’implantation d’un
jeunes plantations) arbre, n’hésitez pas à prendre contact avec la Direction Générale de l’Agriculture et de la Nature du canton de
Genève !
Pour toute information : Alicia Tanner, DGAN, alicia.tanner@etat.ge.ch, Tel 022 388 55 57
Participez à l’inventaire « Dans un espace urbain toujours plus dense, le jardin,
précieux lieu de rencontres, est essentiel à notre qualité
de la Nature en Ville ! de vie » Alain Berset, Conseiller fédéral chef du dépar-
tement fédéral de l’intérieur qui parraine la campagne
Le centre SOS Hérissons a mis au point un questionnaire qui répond 2016, Année du Jardin.
directement aux objectifs de la loi genevoise sur la biodiversité. Il a été
transmis à toutes les personnes qui ont apporté, parrainé, adopté des
hérissons au centre mais toute personne soucieuse de la préservation Balades dans les quartiers de villas
de la biodiversité peut le remplir, car plus les données seront nom-
Une occasion unique de découvrir des chemins propices à la balade,
breuses plus elles seront significatives. au-delà des haies et des grilles des jardins particuliers mais surtout de
rencontrer des habitants prêts à vous faire partager leur histoire et celle
de leur quartier. Des visites guidées vous sont proposées dans onze
quartiers de villas (voir cahier spécial en milieu de journal).
Pour participer aux balades, inscription obligatoire
geneve.assprop.ch/balades
Lien sur le questionnaire http://www.christinameissner.com/nature/
sos-herissons/questionnaire-sos-herissons-linventaire-nature-ville/
septembre 2016 - Pic Vert n° 114 - 13JARDIN
Le jardin, havre de biodiversité
Bertrand von Arx
Directeur Service de la Biodiversité
Direction générale de l’Agriculture
et de la Nature
Département de l’Environnement,
des Transports et de l’Agriculture
Notre canton est riche en valeurs
naturelles, animaux et plantes sau-
vages. Nous le devons partiellement
© Pierre-André Magnin
aux jardins qui jouent un rôle impor-
tant! Ils sont des pièces maitresses
de la grande mosaïque des milieux
naturels nécessaires à la biodiversité.
Bien sûr, lorsqu’on évoque la
nature ou la biodiversité, on pense
avant tout aux réserves naturelles, trouver les conditions favorables à Bien sûr, certaines qualités doivent rapport à un gazon uniforme équi-
aux forêts ou aux cours d’eau. A son développement. être réunies pour assurer cette fonc- valent à un désert pour l’animal qui
juste titre! C’est en effet là que tion de refuge. D’abord, il est pré- traversera ou essayera d’y trouver
la faune et la flore indigènes sont Les jardins vont, eux, faire office de férable que le jardin soit composé de la nourriture. Le lézard, le pic-
les plus riches. Ces réservoirs per- milieux de substitution, c’est-à-dire d’une mosaïque de milieux diffé- vert ou le rouge-gorge se sentiront
mettent à celles-ci de se reproduire, qu’ils vont permettre à de nom- rents comprenant des espèces indi- chez eux. Mais parfois des espèces
de trouver nourriture et abri. C’est breuses espèces de la flore et de gènes. Par exemple, avec un mur plus remarquables apparaîtront
là aussi qu’on va trouver la plus la faune de trouver des conditions de pierres sèches, quelques arbres moyennant un entretien extensif
grande variété de milieux différents favorables ressemblant à leur habi- vieillissants et un coin non tondu, et adapté : les orchidées, comme
qui permet à chaque espèce de tat d’origine disparu. son esthétique sera améliorée par l’Ophrys abeille.
14 - Pic Vert n° 114 - septembre 2016De plus, ce jardin naturel sert aussi Une mention particulière pour les
d’habitat pour les animaux qui jardins anciens qui n’ont pas eu à
ne craignent pas la présence de subir le cataclysme d’une construc-
l’homme, voire même qui l’appré- tion récente, et qui ainsi ont gardé
cient. un cortège de végétaux et un sol
possédant une maturité particuliè-
Enfin, la plupart de ces espèces rement favorable à la biodiversité.
sont utiles au jardin. Le hérisson
viendra se nourrir des limaces, le Ainsi, dans la vision cantonale
rouge-queue ou les chauves-sou- de la protection et du dévelop-
ris se gaveront d’insectes. pement de la biodiversité, le rôle
des jardins est multiple : refuge,
Les animaux et même les plantes relais, garde-manger, etc. Et au
se déplacent à travers le canton final, on constate que plus un jar-
et même au-delà. Là encore, les din est riche en couleurs (et donc
jardins, formant un réseau dans le en fleurs), plus il est agréable
tissu bâti ou dans les zones villas, pour ses différents occupants,
contribuent à ce besoin indispen- son propriétaire d’abord, bien
sable de migration des animaux, sûr ! Mais aussi toute une cohorte
sur terre, en l’air ou par les milieux d’espèces.
aquatiques. Les crapauds ou les
tritons, par exemple, se déplacent Et plus la biodiversité sera riche et
par l’intermédiaire d’étangs ou de diversifiée, plus elle sera capable
© Pierre-André Magnin
petites gouilles aménagées dans les de réagir aux changements clima-
jardins. tiques et sociétaux. Notre rapport
au jardin a aussi évolué !
La qualité et la diversité doivent
être au rendez-vous ; clôtures Le jardin rend donc de nombreux
trop basses, buissons trop services! En plus d’être un lieu de
sombres, voire même parfois repos et de ressourcement, il devient couleurs improbables. En plus, il prié pour éviter que ce patrimoine
toxiques ou rives de bassins trop un lieu d’enchantement permanent absorbe les eaux lors de pluies trop ne s’estompe. Car malheureu-
raides sont autant de facteurs et de ravissement par les nom- abondantes. Que de richesses ! sement trop souvent ce n’est
limitants au bon développement breuses belles surprises et décou- que quand on a soif, qu’on réa-
de la biodiversité dans son jar- vertes provoquées par l’apparition Les jardins méritent donc consi- lise à quel point l’eau est un bien
din. de tel oiseau, chenille ou fleur aux dération et un entretien appro- précieux ! n
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septembre 2016 - Pic Vert n° 114 - 15La Charte des Jardins
La ville s’étend et se densifie. Et sol, tondre différemment pour lais- seulement des coins où dissimuler
pourtant nous avons besoin de ser des coins de prairie fleurir, créer leurs nids, mais aussi les chenilles
nature pour notre bien-être: le une petite ouverture dans sa bar- pour nourrir leurs poussins. De plus, la flore et de la faune qui rendent
chant des oiseaux, le vol coloré rière pour le passage des hérissons, les haies sauvages produisent divers l’espace urbain plus agréable à vivre
des papillons, les acrobaties des aménager un tas de bois et de cail- petits fruits qui nourrissent oiseaux pour tous. Les hérissons, les vers
écureuils… Or, pour conserver loux pour abriter les petits animaux, et petits rongeurs durant la saison luisants et les orchidées sauvages
ces sympathiques petits animaux éteindre l’éclairage extérieur quand froide. peuvent théoriquement s’installer
autour de nous tandis que le ter- il est inutile afin de ne pas déranger sur tous les terrains, si on y applique
ritoire s’urbanise, il faut leur offrir la faune nocturne, et opter pour des La zone villas a un grand potentiel les bonnes pratiques qui favorisent
de quoi se nourrir, se reproduire, se plantes indigènes sauvages le jour où de biodiversité la vie. Notre époque est justement
cacher et passer l’hiver. Le meilleur on le réaménage. en train de comprendre que la bio-
endroit pour les aider à survivre En résumé, la zone villas possède un diversité est une vraie richesse –
en toute saison est évidemment la L’importance des plantes indigènes énorme potentiel pour favoriser la nécessaire non seulement à notre
zone villas. C’est dans ce but qu’a sauvages Nature en ville. Et les propriétaires bien-être mais aussi à notre survie,
été lancée officiellement la Charte ont une forme de responsabilité car c’est elle qui assure la qualité de
des Jardins en 2010 (Année inter- La présence de plantes indigènes envers la communauté, puisqu’ils l’air que nous respirons, de l’eau que
nationale de la biodiversité) par les sauvages dans l’espace urbain peuvent créer sur leur terrain les nous buvons, et du sol sur lequel
services cantonaux de l’énergie et est une condition très importante conditions nécessaires à la survie de pousse notre nourriture. n
de l’environnement. Avant son lan- pour la survie de la faune. Prenons
cement, la Charte a profité d’une le cas d’un propriétaire qui choisit
large consultation qui a impli- de planter un cerisier du Japon à
qué l’Association des intérêts de la floraison spectaculaire. Au prin-
Conches, la commune de Chêne- temps, l’arbre se couvre de grosses
Bougeries, des spécialistes de la fleurs roses – c’est superbe. Mais
nature de l’Etat de Genève, ainsi ce cerisier est stérile. Il a été sélec-
que des professionnels du jardin. tionné uniquement pour ses quali-
tés esthétiques et produit des fleurs
Un état d’esprit, pas un label avec des organes sexuels atrophiés :
il n’y a pas de pollen ni de nectar
© Pierre André Magnin
La Charte des Jardins est un docu- pour les abeilles et les papillons ; il
ment de sept pages illustrées, qui n’y aura donc pas de cerises pour
explique 10 bonnes pratiques de les oiseaux (ni les humains), et il n’y
tonte, de plantation et d’entretien aura pas non plus de noyaux pour
pour favoriser la petite faune dans nourrir les écureuils et les gros-becs Jeune rouge-queue.
les jardins privés, comme dans les (des pinsons) durant l’hiver.
espaces verts qui entourent des
immeubles d’habitation, des écoles Si le propriétaire plante un cerisier La «biodiversité» des signataires
ou des institutions. La personne ou
l’organisme (commune, associa-
sauvage indigène (un merisier) ou
un cerisier à fruits, il profitera d’une
de la Charte des Jardins
tion, institution, etc.) qui signe la floraison certes moins spectacu- En Suisse, plus d’un millier de personnes et d’institutions ont déjà
charte s’engage moralement à en laire, mais il assurera la survie de signé la Charte des Jardins, affichant pour la plupart l’emblème de la
respecter l’esprit. Ce n’est pas un toute une faune au fil des saisons. Charte sur leur barrière ou leur portail. Des villes et des communes
label, ni un cahier des charges : il en font la promotion, certaines l’ayant même annexée à leur règle-
n’y a pas de contrôle. A ce titre, rien ne vaut une haie ment d’entretien des espaces verts publics (Porrentruy, JU). Des ins-
titutions ont aussi adhéré à la Charte, tels l’Ambassade des Etats-
constituée d’arbustes sauvages indi-
Unis à Genève, les Conservatoire et Jardin botaniques de Genève,
Les 10 bonnes pratiques de la Charte gènes variés – à ne pas confondre
le Jardin de la biodiversité à Neuchâtel ou l’Université de Lausanne.
ont l’avantage de pouvoir s’appliquer avec une haie mixte décorative L’École d’horticulture de Lullier (GE) applique également les bonnes
sur n’importe quel terrain, qu’il soit composée d’arbustes exotiques et pratiques de la Charte sur certains de ses terrains; elle les a aussi inté-
petit ou grand, bâti ou non-bâti, très souvent stériles. Au cours de l’évo- grées à la formation de ses élèves. On peut encore citer le Parc régio-
entretenu ou non. Même si la végé- lution, les arbustes sauvages et nos nal Gruyère-Pays d’Enhaut qui en fait la promotion pour motiver les
tation du jardin se compose d’une petits animaux ce sont mutuelle- propriétaires à accroître les richesses naturelles de cette belle région.
haie de laurelles, d’un gazon ras et ment adaptés : les diverses espèces
Renseignements
de rhododendrons exotiques, on de papillons y trouvent les feuilles
www.charte-des-jardins.ch
peut cesser d’utiliser des pesticides nécessaires à alimenter leurs che- Tél. 022 809 40 59
pour ne pas empoisonner la vie du nilles; et les oiseaux y trouvent non
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