REVUE DE PRESSE INAUGURATION DU THÉÂTRE APRÈS TRAVAUX - Théâtre Vidy-Lausanne
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REVUE DE PRESSE
INAUGURATION DU THÉÂTRE
APRÈS TRAVAUX
© Margot Sparkes
REVUE DE PRESSE INAUGURATION DU THÉÂTRE APRÈS TRAVAUX PHILIPPE QUESNE - Cosmic Drama pp.1-2 PRESSE ÉCRITE «Je souhaitais sonder notre galaxie, mais pas comme Jeff Bezos» Le Temps, Alexandre Demidoff | 30.12.22 AUDIO « Cosmic Drama » de Philippe Quesne au théâtre Vidy-Lausanne RFI, Muriel Maalouf | 23.01.23 LINA MAJDALANIE/RABIH MROUÉ - Hartaqat (Hérésies) pp.3-6 PRESSE ÉCRITE Une sexualité libérée, un cimetière à Oslo et autres hérésies de Majdalanie et Mroué L’Orient Le Jour, Joséphine Hobeika | 23.01.23 HARTAQAT : UN TRIO POUR LE DIRE Mouvement, Aïnoha Jean-Calmettes | 23.01.23 Souhaib Ayoub : « La liberté aide à desserrer les nœuds de la langue et ceux du corps » L’Orient Le Jour, Joséphine Hobeika | 23.01.23 AUDIO «Hérésies» de Lina Majdalanie et Rabih roué au théâtre Vidy-Lausanne RFI, Muriel Maalouf | 24.01.23
LA RIBOT - DIEstinguished pp.7
PRESSE ÉCRITE
LA RIBOT : RÉENCHANTEMENT TECHNOLOGIQUE
Mouvement, Aïnoha Jean-Calmettes | 25.01.23
JEANNE BALIBAR - Les Historiennes pp.8-10
PRESSE ÉCRITE
«Jouer, c’est comme entrer en transe»
Le Temps, Alexandre Demidoff | 21.01.23
AUDIO
Rencontre Vertigo avec Jeanne Balibar au Théâtre de Vid
RTS, Vertigo, Anne Laure Gannac | 26.01.23
VIDÉO
Rendez-vous culture: La comédienne francaise Jeanne Balibar retrace le destin de femmes hors
du commun dans une lecture théâtrale intitulée «Les Historiennes»
RTS, 12h45 | 26.01.23
VIDY
pp.11-56
PRESSE ÉCRITE
Le théâtre historique de Vidy Lausanne fait peau neuve
Sceneweb | 04.01.23
Le Théâtre de Vidy-Lausanne dévoile son nouvel écrin
Bluewin, ATS | 11.01.23
Les projecteurs s’allument à nouveau à Vidy
LFM, Julie Marti | 11.01.23
Le Théâtre de Vidy-Lausanne dévoile son nouvel écrin
RTN, ATS | 11.01.23
Le Théâtre Vidy- Lausanne dévoile son nouvel écrin moderne swissinfo.ch | 11.01.23 Veni, Vidy, vernis 24 heures, Natacha Rossel | 11.01.23 Le Théâtre de Vidy-Lausanne dévoile son nouvel écrin Blick, ATS | 11.01.23 Le Théâtre Vidy-Lausanne dévoile son nouvel écrin moderne Radio Lac, ATS KEYSTONE | 11.01.23 Transformé, le Théâtre de Vidy peut voir grand Le Temps, Alexandre Demidoff | 12.01.23 Vidy, «c’est un petit miracle» La Liberté, Raphaël Besson | 12.01.23 À Vidy, la machinerie du théâtre est mise sur orbite 24 heures, Natacha Rossel | 12.01.23 « Une vraie mise à niveau et une montée en puissance » 24 heures, Boris Senff | 12.01.23 En images: A Lausanne, le Théâtre de Vidy change de dimension, visite guidée Le Temps, Alexandre Demidoff | 13.01.23 Les métamorphoses de Vidy Le Courrier, Cécile Dalla Torre | 13.01.23 Le lustre retrouvé du Théâtre de Vidy Le Temps, Alexandre Demidoff | 13.01.23 Vidy-Lausanne : Les métamorphoses d’un théâtre de création 24 heures, Natacha Rossel | 13.01.23 Vincent Baudriller: «Ma vie est faite de tribus, je leur dois tout» Le Temps, Alexandre Demidoff | 13.01.23 Er setzt auf Deutschschweizer und hat Erfolg Thunertagblatt, Philippe Reichen | 16.01.23
Le Théâtre de Vidy-Lausanne a terminé sa mue Le Matin Dimanche | 16.01.23 Une cité du théâtre au bord de l’eau 24 heures, Natacha Rossel | 18.01.23 Lausanne Cités, J. Dubuis | 18.01.23 Ouverture réussie ! Voici 4 spectacles à voir au Théâtre Vidy-Lausanne Les Inrockuptibles, Patrick Sourd | 23.01.23 Le nouveau Vidy-Lausanne, un théâtre humain plus vivant que jamais L’Œil d’Olivier, Olivier Frégaville-Dratian d’Amore | 23.01.23 La chronique de Philippe Dubath Journal de Morges, Philippe Dubath | 27.01.23 BLOG Le nouveau visage du théâtre de Vidy-Lausanne avec vue sur le Liban Mediapart, Jean-Pierre Thibaudat | 30.01.23 AUDIO Le Théâtre de Vidy à Lausanne inauguré mercredi après sa rénovation RTS, 12h30, Coralie Claude | 11.01.23 Vincent Baudriller, « réouverture du théâtre de Vidy » RTS, Vertigo, Anne Laure Gannac | 11.01.23 Club Cake avec Vincent Baudriller, Théâtre de Vidy RTS, Club Cake | 12.01.23 Un’antologia ticinese; Rinnovato il Théâtre de Vidy a Losanna, di Mattia Pelli RSI, Alphaville, Mattia Pelli | 18.01.23 Das Lausanner Theater «Vidy» erstrahlt in neuem Glanz SRF, Jörg André | 18.01.23 L’invité de 17h24 du 23.01.2023 : Ouverture Théâtre Vidy Rouge FM, 16H-19H Le Rezo | 23.01.23
VIDÉO 12h45 RTS, 12h45 | 11.01.23 Vestige de l’Expo 64, le théâtre de Vidy devait être éphémère. 60 ans plus tard, il vient d’être rénové RTS, 19h30 | 11.01.23 Un nouvel écrin pour Vidy La Télé | 11.01.23 Le résumé de l’actualité romande RTS, Couleurs locales | 11.01.23 Le Fil Rouge avec Vincent Baudriller RedLine Radio | 23.01.23
Revue de presse
Cosmic Drama
Philippe Quesne
Le Temps, 30.12.22
28 Espace VENDREDI 30 DÉCEMBRE 2022
diens et comédiennes dans une fusée! Nous
avons lu des textes ensemble, nous avons dan-
sé, chanté, toujours dans un climat de douceur
qui est le seul dans lequel je peux avancer.
La fiction que nous découvrons est donc née
sur le plateau?
Il ne pouvait en être autrement. Ce qui surgit
dépend de la personnalité des gens avec qui
je fantasme et des imaginaires que nous bras-
sons. Nous nous sommes retrouvés avec une
foison de références, Stalker, par exemple, le
film d’Andreï Tarkovski. Le personnage prin-
cipal guide un écrivain et un professeur dans
la Zone, champ miné mais propice à la réali-
sation des vœux les plus improbables. Toutes
ces couches d’imagination et de pensée fi-
nissent par se décanter et donner naissance
à la fable.
Les coutures du spectacle sont visibles: on
voit les coulisses, les projecteurs en tant que
tels sont à un moment magnifiés. Pourquoi
rappeler l’envers du décor?
Je suis sensible à des artistes comme Jean-
Luc Godard et Georges Perec. Ils nous sub-
juguent tout en nous montrant leurs ficelles,
leurs trucs. Ils dénoncent le sacré de leur
création, mais ne l’empêchent pas. Ils ont le
sérieux des enfants quand ils brodent leurs
histoires.
Dans leur combinaison couleur chlorophylle, les personnages de «Cosmic Drama» sont investis d’une mission de la plus haute importance:
Comment définiriez-vous votre théâtre?
soigner les météorites neurasthéniques… Autant dire que le destin de la galaxie est entre leurs mains. (Martin Argyroglo/Vidy) Je crée sur scène des communautés bien-
veillantes. Elles ne se déchirent pas, elles
cherchent des solutions pour améliorer le
destin commun. Elles montrent au public
qu’il y a d’autres mondes possibles et qu’il
faut prendre soin de tout ce qui vit. Quand je
Scènes m’intéresse aux taupes, je dis aussi que l’hu-
main ne peut pas être le seul guide pour la
«Je souhaitais sonder notre galaxie, vie terrestre. Mon destin à moi, c’est d’inviter
modestement à regarder la planète différem-
ment. Je le fais par le biais de fables absurdes.
En ce sens, j’ai 7 ans et demi et je joue avec les
mais pas comme Jeff Bezos» Schtroumpfs.
L’écologie est-elle un moteur?
Les fables que je propose sont des éloges de
la décélération. Notre travail a été qualifié de
théâtre de la douceur. Je me reconnais dans
cette formule. Nous essayons de concevoir des
L’artiste français Philippe nautes dans des combinaisons vert grenouille alors même que l’avenir de la planète nous fables empathiques.
en train de soigner un astéroïde dépressif. obsède. J’ai eu envie de puiser dans ce vivier
Quesne inaugurera la Leur mission? Rendre leur légèreté à des des éléments de fable, qui viennent aussi bien Vous êtes un poète médecin, au fond?
corps célestes désorbités. de Blade Runner, le roman de Philip K. Dick J’essaie de réparer symboliquement le monde.
nouvelle salle du Théâtre Vous avez dit co(s)mique? Allégorique qui a inspiré le film de Ridley Scott, que de la Ces cosmonautes sont les bergers de la ga-
en tout cas, grisant aussi, lyrique encore. science-fiction chinoise. Mon quintet vient de laxie. Le merveilleux, le réenchantement sont
de Vidy le 18 janvier Cette odyssée célèbre aussi bien la solidarité loin! Les membres de l’équipage sont déten- des mots qui comptent pour eux et pour moi.
des femmes et des hommes de bonne volon- teurs de petites capsules littéraires qui sont
avec «Cosmic Drama», té que le deus ex machina de nos vols planés leurs trésors et peut-être même leurs antidé- Que voudriez-vous faire vivre au public?
nocturnes. Le 18 janvier, elle inaugurera au presseurs. Sur la planète où ils atterrissent, ils Qu’il voyage à sa guise! Qu’il rêve aussi et qu’il
une fabuleuse odyssée Théâtre de Vidy la toute nouvelle salle Apo- sont réenchantés par des astéroïdes. Et l’envie invente ses fables. Ce qui me touche, c’est
théloz, agrandie, modernisée, transfigurée leur prend de monter un spectacle. quand les gens disent: «J’ai envie de voler avec
intergalactique où en somme. Jeff Bezos et Elon Musk n’ont qu’à eux.» J’aspire à plonger le spectateur dans des
bien se tenir: le vaisseau de Philippe Quesne Aviez-vous une idée précise quand vous avez mondes merveilleux. Dans Cosmic Drama,
des cosmonautes soignent est beaucoup moins onéreux et beaucoup plus commencé à répéter? j’aime qu’il puisse être ébloui par des pierres
démocratique que ceux dont ils caressent la Non, je n’avais pas de scénario, de texte établi, en polystyrène. Mon souhait est que le public
en musique des astéroïdes chimère. Et on ne parle pas de l’empreinte de ligne directrice. J’avais juste le désir d’une ait envie de rejoindre l’équipage, de partir en
carbone! Philippe Quesne est un ingénieur de odyssée. J’ai réellement embarqué mes comé- mission avec lui. ■
dépressifs songes, ça permet d’aller loin.
D’où viennent vos fables?
Alexandre Demidoff Mon théâtre prend sa source dans mes rêve-
t @alexandredmdff ries d’enfant. Le monde de l’utopie se referme
à l’âge adulte, comme si on était condamné à
un principe de réalité. Je milite pour une tran- Un opéra-comique
sition plus douce.
sur une planète de rêve
Quel enfant étiez-vous?
E
J’inventais des solutions pour la planète. Et Cinq interprètes, acrobates et tiquent un chagrin d’amour. Tout l’enjeu
nfant, Philippe Quesne a marché j’enterrais ma première taupe. J’avais 6 ans et chanteurs, invitent à une randonnée alors est de le purger de sa bile noire.
sur la lune. Il a aussi sympathisé demi et mon chat l’avait tuée. Je l’ai mise dans musicale étourdissante qui célèbre Cela serait tarte si ce n’était pas aussi
avec une pieuvre aux tentacules une boîte à camembert et je l’ai enterrée céré- la machinerie théâtrale joueur et musical. Pour réveiller la libido
dantesques, draguée depuis un monieusement. Je me passionnais pour la BD, de ce corps céleste, ces psychanalystes du
hublot du Nautilus, le sous-marin le cinéma et la vie des bêtes. Je m’inventais Ces cinq bienheureux planent et vous ciel ressuscitent les gestes de plaisirs bien
du capitaine Nemo. Il s’est encore infiltré dans des jeux aussi. Mon père était scénographe et les enviez. Ils rêvent couchés dans leur terrestres. Ils transforment cette plaine
une fourmilière, jouissant soudain du privi- je passais du temps au théâtre. Assez naturel- capsule spatiale comme dans une crypte saturnienne en music-hall. Un piano les
lège du lilliputien, afin d’assister au couron- lement, j’ai suivi une filière artistique aux Arts préhistorique. Dans un instant, passé le fait chanter. Un projecteur aux rayons cin-
nement d’une fourmi reine. décos. A la sortie de l’école, je ne me suis pas vu générique – ces météores qui pleuvent glants comme ceux de Phébus les incite à
Le metteur en scène français, 52 ans, travailler seul. Je voulais créer des univers en sur un écran, aspirés par une symphonie swinguer, grisés par la girandole de leurs
n’a en vérité accompli aucun de ces exploits. bande. Je me suis alors tourné vers le théâtre. hollywoodienne – ils atterriront sur une rubans or. Des harnais tombés des cintres
Mais il les a rêvés. Son théâtre, depuis vingt planète. Ils auront l’air éberlués dans leur leur inspirent bientôt un ballet en apesan-
ans, sonde des champs où ni Shakespeare ni Qu’est-ce qui est à l’origine de «Cosmic combinaison vert chlorophylle, mais il ne teur. Cosmic Drama est une ode aux illu-
Molière ni Tchekhov ne se sont aventurés. Il Drama»? faut pas se fier aux mines ébaudies de ces sions comiques et aux solidarités qui les
examine d’autres vies que les nôtres, celle des Je ne séparerais pas cette pièce de Fantasma- randonneurs de l’espace. Ils ont une mis- sous-tendent.
taupes ou des insectes, celle des revenants goria, cabaret pour pianos esseulés, mais sans sion thérapeutique: soigner les météorites Souvent, les coutures du spectacle
mêmes qui ont aussi leur termitière. Les titres acteurs, inspiré d’un dénommé Robertson qui, neurasthéniques. Il en va du destin de la ressortent. C’est la signature de Philippe
de ses pièces donnent une idée de la texture à la fin du XVIIIe siècle, prétendait faire revenir galaxie et de nos âmes. Quesne. Il aime suggérer la machinerie
et de l’esprit de l’œuvre: La Démangeaison des les morts. J’ai eu l’idée de ces deux pièces pen- sous l’artifice, les coulisses derrière le fan-
ailes, D’après nature, La Mélancolie des dra- dant la pandémie. La planète s’arrêtait et je me tasme contagieux. Avec lui, le spectateur
gons, La Nuit des taupes. demandais dans quel monde je voulais vivre. Je Un ballet en apesanteur n’est jamais tout à fait dupe. Il a vue sur la
Toutes les dimensions du vivant happent suis fasciné par l’idée qu’il y a peut-être d’autres Cosmic Drama est une fable élémen- salle des machines. Il est libre de se lais-
Philippe Quesne. Même celles – à vrai dire formes de vie dans d’autres galaxies que la taire, aussi lyrique que caressante, aussi ser transporter ou pas. Mais la vérité est
surtout celles – qui sont inaccessibles. Il est nôtre. J’avais envie d’aller ailleurs au fond, burlesque que rêveuse. C’est son magné- qu’il est difficile de résister à l’opéra tantôt
devant vous, justement, dans un café parisien, mais pas comme Jeff Bezos! Je ne voulais pas tisme. Philippe Quesne et ses interprètes jazzy tantôt élégiaque de ces visiteurs du
visage et corps moelleux comme les mille- conquérir Mars ou Jupiter, mais inventer sur se projettent dans un futur de science-fic- soir. Ils s’apprêtent à décoller. Une autre
feuilles de nos goûters enfantins. La veille, il scène le biotope d’une harmonie. tion pour revenir aux origines de nos céré- mission. Vous êtes dans leur fusée et vous
faisait léviter le public de la MC93, cette nef monials et de nos jeux d’enfant. Des cos- planez. ■ A. Df
populaire qui vibre à Seine-Saint-Denis, aspi- C’est une tentative de science-fiction monautes, donc, se penchent sur un gros
rée par la capsule spatiale de son merveilleux théâtrale… caillou gris taupe, comme des chirurgiens «Cosmic Drama», Théâtre de Vidy,
Cosmic Drama. On y découvrait cinq astro- Oui, c’est un genre peu exploité au théâtre, au-dessus d’un cœur patraque. Ils diagnos- Lausanne, du 18 au 22 janvier.
Théâtre Vidy Lausanne 1
Revue de presse
Cosmic Drama
Philippe Quesne
RFI, 21.01.23
Théâtre Vidy Lausanne 2
Revue de presse
Hartaqat (Hérésies)
Lina Majdalanie/Rabih Mroué
L’Orient Le Jour, 23.01.23
Théâtre Vidy Lausanne
Revue de presse
Hartaqat (Hérésies)
Lina Majdalanie/Rabih Mroué
Mouvement, 23.01.23
Théâtre Vidy Lausanne 4Revue de presse
Hartaqat (Hérésies)
Lina Majdalanie/Rabih Mroué
L’Orient Le Jour, 23.01.23
Théâtre Vidy Lausanne 5Revue de presse
Hartaqat (Hérésies)
Lina Majdalanie/Rabih Mroué
RFI, 24.01.23
Théâtre Vidy Lausanne 6Revue de presse
DIEstinguished
La Ribot
Mouvement, 25.01.23
Théâtre Vidy Lausanne 7Revue de presse
Les Historiennes
d’après Charlotte de Castelnau-L’Estoile, Anne-Emmanuelle
Demartini et Emmanuelle Loyer
Jeanne Balibar
Le Temps, 21.01.23
SAMEDI 21 JANVIER 2023 Culture 25
Scènes
«Jouer, c’est comme
entrer en transe»
La comédienne française Jeanne Balibar salue
le destin de trois femmes hors du commun dans
«Les Historiennes», lecture sidérante en forme de
soulèvement, au Théâtre de Vidy les 27 et 28 janvier
Alexandre Demidoff
t @alexandredmdff
U
ne porte s’ouvre et elle est là, pour être suivis à l’oral, même si le théâtre fait
soyeuse comme une camarade ça depuis la nuit des temps. Pensez au théâtre
de toujours. Ce samedi matin, grec et élisabéthain, aux grands discours de
Jeanne Balibar vous accueille à Tirésias ou de Cassandre.
Montreuil, dans le studio où elle
enregistre un nouvel album. Pour la rejoindre, Qu’est-ce qui vous a surprise quand vous
vous êtes descendu à la station Robespierre et avez plongé dans l’histoire de Violette
vous vous êtes engouffré dans la rue Garibaldi. Nozière?
Un air de révolution dans le bleu de l’hiver. La A sa sortie de prison, Violette s’est fait appeler
comédienne est épique, mais en zigzag, on ne Germaine tout le reste de sa vie. Elle a repris le
se refait pas. La veille à Bobigny, dans la nef prénom de sa mère, alors que tout le problème
chavirée de la MC93, elle a habité des vies de est la confusion entre sa mère et elle. Son père
femmes dans Les Historiennes. Une perfor- l’a traitée comme si elle était la mère! C’est dé-
mance. Un soulèvement. ment, non?
Pendant quatre heures – avec un entracte
– elle a ourlé de lumière trois passagères du Des journalistes ont attaqué Delphine Seyrig
temps, hors du commun et exemplaires: Vio- avec une grande violence, lui reprochant
lette Nozière, abusée par son père qu’elle finit ses prises de position féministes.
par tuer en 1933; Delphine Seyrig, cette actrice Cet acharnement ne serait plus possible
dont l’étrangeté était la grâce et qui n’a cessé aujourd’hui…
de contester le joug masculin sur le cinéma et Ah bon? Les mêmes choses n’ont-elles pas été
Dans «Les Historiennes», Jeanne Balibar vous accueille comme dans sa chambre d’ado.
la société; Pascoa Vieira, une esclave angolaise écrites sur Adèle Haenel? La différence, c’est
Elle vous plonge dans les turbulences de vies fracturées et courageuses. (Mathilda Olmi)
accusée par l’Eglise de bigamie. Chacun de que très peu de gens défendaient Delphine
ces destins évoque la camisole de force d’une Seyrig.
société patriarcale.
Anne-Emmanuelle Demartini retrace le De quoi Delphine Seyrig est-elle pionnière? sa carrière comme un bouchon au fil de l’eau. cette drogue-là. Elle a à voir avec la transe. Je
premier dans Violette Nozière, la fleur du mal Elle n’est pas précurseure et c’est ça qui est C’est vraiment ça pour moi. En revanche, Del- découvre des choses de moi incontrôlables,
(Ed. Champ Vallon), Emmanuelle Loyer pré- très grave: à chaque génération, des femmes phine Seyrig a joué un rôle dans ma vie et ça, parce que je n’ai pas la force de les contrôler.
pare, elle, un livre sur Delphine Seyrig, Char- dénoncent la violence patriarcale, mais le c’est un truc très amusant. J’ai expérimenté ça dans les dix spectacles que
lotte de Castelnau-L’Estoile a raconté le cou- facteur de répétition reste trop grand. Ce qui j’ai joués pour le metteur en scène allemand
rage de Pascoa dans Pascoa et ses deux maris. fait qu’on pense qu’elle est pionnière, c’est Quel rôle a-t-elle joué? Frank Castorf avec qui j’ai vécu.
Une esclave entre Angola, Brésil et Portugal au que celles qui l’ont précédée ont été invisi- Quand j’étais petite, j’écoutais en boucle un
XVIIe siècle (Ed. PUF). Ces historiennes sont bilisées. Les demi-mondaines du XIXe, qui disque des Quatre saisons de Vivaldi dont Delphine Seyrig dit que jouer, c’est donner
des amies d’adolescence de l’actrice. Elles lui étaient traitées de prostituées, étaient sou- elle était la récitante. Ce disque a détermi- le meilleur de soi-même. Qu’est-ce que cela
ont offert la matière d’un spectacle qui est vent de grandes artistes qui se battaient pour né toute mon existence. Je l’adorais. Après, signifie pour vous?
aussi un geste autobiographique, une façon de avoir de la liberté, de l’égalité, de la sororité. quand j’ai découvert le cinéma d’auteur, Bai- On n’apprend pas à jouer, mais à être au plus
se chercher dans le miroir de l’autre. Si on pense que Delphine Seyrig est pion- sers volés de François Truffaut ou L’Année libre de soi-même.
nière, c’est qu’on a éradiqué les traces de ses dernière à Marienbad d’Alain Resnais, j’ai
D’où vient «Les Historiennes»? prédécesseures. retrouvé sa présence qui avait enchanté mon Avec le temps, devient-on plus libre?
Il y a des gens qui, quand ils lisent, sont pris enfance. Je ne pouvais qu’aimer ce cinéma On a moins peur, tout simplement. L’expé-
corps et âme dans la lecture. Et ça se trans- dont elle était la voix! rience existentielle que je vis sur scène a à
forme immédiatement chez eux en matière voir avec ça: je peux regarder la peur en face.
théâtrale. C’est mon cas. C’est de ça que j’avais Quel lien faites-vous entre le métier C’est pour cette raison que j’y retourne tou-
envie de faire un spectacle. Ensuite, il y a une «La comédienne de comédienne et celui d’historienne? jours. Ce qui ne veut pas dire que j’ai moins
part de hasard aussi. Nous racontons l’une et l’autre l’épopée des le trac. Je l’ai toujours autant! Mais je sais de
comme l’historienne âmes humaines. mieux en mieux jouer avec la peur, la déjouer.
C’est-à-dire? Frank Castorf m’a fait faire de ce point de
Je crois beaucoup au hasard en art. Quand le
livre d’Anne-Emmanuelle Demartini est sor-
racontent l’épopée Vous avez failli être historienne. D’où vient
cette passion?
vue un bond phénoménal. J’avais tellement
la trouille quand j’ai commencé à jouer en al-
ti, son éditeur a organisé une petite lecture
dans une librairie à Paris. Anne-Emmanuelle
des âmes humaines» C’est un goût pour l’histoire comme littéra-
ture, avec sa dimension romanesque, son
lemand de ne pas y arriver, de ne pas même
pouvoir retenir cette langue étrangère. Avec
m’a sollicitée. On a sélectionné les passages. côté poésie de l’absurde. Si j’ai envisagé ce Frank, nous partagions cette visée, dans le tra-
On s’est dit que ça pourrait faire une pièce de métier, c’est que l’histoire est pour moi un vail artistique et dans notre vie privée: trou-
théâtre d’une heure. Il se trouve que j’ai été in- art avec des représentations à déconstruire. ver un lieu où se battre avec les armes les plus
vitée ensuite à New York où il y avait une ré- Mais aujourd’hui, n’est-ce pas plus difficile «L’art comme processus de connaissance» est nobles possible contre la peur.
trospective de mes films. Un festival, dont le d’effacer? le titre qu’Emmanuelle Loyer donne à la der-
nom est Crossing the Line m’a offert une carte Que Dieu vous entende… nière partie de son projet autour de Delphine Quelles sont ces armes?
blanche. Je me suis dit que c’était l’occasion de Seyrig. Cette conception me parle depuis que La poésie et la sensibilité.
passer une limite. J’ai demandé à deux autres Vous êtes pessimiste… je suis toute petite.
amies historiennes des textes. C’est comme J’ai peur. Voyez ce qui se passe autour du Charlotte de Castelnau-L’Estoile,
cela que c’est né. Vincent Baudriller et Caro- droit à l’avortement. Ce qui est frappant au- Vous lisez pendant quatre heures, après avoir Anne-Emmanuelle Demartini et Emmanuelle
line Barneaud du Théâtre de Vidy m’ont pro- jourd’hui, c’est que cette question du droit des joué à Vidy pendant trois heures «Bajazet – en de Loyer sont vos amies de toujours.
posé de produire la reprise du spectacle. femmes fédère les mouvements progressistes considérant Le Théâtre et la peste», d’après Qu’est-ce qui vous soude?
autour du féminisme, de l’éco-féminisme, des Racine et Antonin Artaud. Quel est l’effet de la Il y a un mystère de l’amitié aussi grand que
Vous lisez ces pages pendant quatre heures. luttes intersectionnelles. Mais elle soude aus- durée sur l’interprète que vous êtes? le mystère de l’amour. En amour, il y a le mo-
Lit-on un texte comme on le joue? si les groupes réactionnaires fascistoïdes qui Dans Les Historiennes, elle a une signification ment du coup de foudre où tout est déjà là.
Ce n’est pas très différent. Pour certains ac- ont le vent en poupe partout. C’est pour cela pour moi: elle rappelle que les gestes féminins Déjà on sait qu’on est en train de se dire des
teurs, comme Gérard Depardieu, l’opération que j’ai très peur. d’émancipation s’inscrivent dans une his- secrets sans parole, des secrets qu’on ignore
se fait immédiatement: ils déchiffrent le toire très longue. On n’expédie pas cela en une probablement soi-même. C’est ça, le moment
texte et le jouent dans la seconde, comme les Delphine Seyrig vous inspire-t-elle par sa heure pour filer au restaurant ensuite. Main- du coup de foudre. L’histoire d’amour déplie
musiciens. façon de construire sa carrière, son idée tenant, ces traversées de longue haleine ont cette certitude qui apparaît soudain comme
du métier? un effet physique sur moi. un éclair dans la nuit. En amitié, c’est pareil. A
Vous paraissez très libre dans la partie Non! Ni l’un ni l’autre! Je n’ai jamais construit 17 ans, on s’est rencontrées, on aimait mettre
consacrée à Delphine Seyrig. A quoi cela ma carrière et je n’ai aucune idée du métier. Lequel? les mêmes chansons au jukebox, dans le café
tient-il? Une ivresse. J’ai découvert ça en 2003 avec les en face du lycée. En réalité, à l’intérieur de ça,
Cette partie est fragmentaire et je n’ai pas à Mais vous défendez une vision de votre art, douze heures du Soulier de satin de Paul Clau- il y avait déjà le fait qu’on allait traverser la vie
me soucier de faire passer un raisonnement. non? del. Nous pouvions jouer deux intégrales le ensemble, la vie dans toutes ses composantes,
C’est comme un feu d’artifice. Pif, paf! C’est Sincèrement, non. J’avance à l’instinct, pof, là week-end. Le dimanche, j’entrais en scène déjà amoureuse, maternelle, artistique. Et c’est ce
plus impressionniste. Alors qu’avec les deux où le vent me porte. Il me propose plusieurs épuisée et je me découvrais des ressources qu’on a fait. ■
autres textes, il faut que je donne la possibilité directions. Je prends celle qui me parle le plus. pour rééditer une performance ultra-phy-
au public de suivre une argumentation, à par- Forcément, ça construit une cohérence. C’est sique. C’est comme les gens qui courent le «Les Historiennes», Théâtre de Vidy,
tir de textes qui ne sont pas faits normalement Jeanne Moreau qui disait qu’elle construisait marathon. On se défonce dans l’effort. J’aime Lausanne, les 27 et 28 janvier.
Théâtre Vidy Lausanne 8Revue de presse
Les Historiennes
d’après Charlotte de Castelnau-L’Estoile, Anne-Emmanuelle
Demartini et Emmanuelle Loyer
Jeanne Balibar
RTS, Vertigo, 26.01.23
Théâtre Vidy LausanneRevue de presse
Les Historiennes
d’après Charlotte de Castelnau-L’Estoile, Anne-Emmanuelle
Demartini et Emmanuelle Loyer
Jeanne Balibar
RTS, 12h45, 26.01.23
Théâtre Vidy LausanneRevue de presse
Vidy
Sceneweb, 04.01.23
Théâtre Vidy Lausanne 11Revue de presse
Vidy
Bluewin, 11.01.23
Théâtre Vidy Lausanne 12Revue de presse
Vidy
LFM, 11.01.23
Théâtre Vidy LausanneRevue de presse
Vidy
RTN, 11.01.23
Théâtre Vidy Lausanne 14Revue de presse
Vidy
swissinfo.ch, 11.01.23
Théâtre Vidy Lausanne 15Revue de presse
Vidy
24 heures, 11.01.23
Théâtre Vidy Lausanne 16Revue de presse
Vidy
Blick, 11.01.23
Théâtre Vidy Lausanne 17Revue de presse
Vidy
Radio Lac, 11.01.23
Théâtre Vidy Lausanne 18Revue de presse
Vidy
Le Temps, 12.01.23
Théâtre Vidy LausanneRevue de presse
Vidy
La Liberté, 12.01.23
Théâtre Vidy LausanneRevue de presse
Vidy
24 heures, 12.01.23
Théâtre Vidy Lausanne 21Théâtre Vidy Lausanne 22
Revue de presse
Vidy
24 heures, 12.01.23
Théâtre Vidy LausanneRevue de presse
Vidy
Le Temps, 13.01.23
Théâtre Vidy Lausanne 24Théâtre Vidy Lausanne 25
Revue de presse
Vidy
Le Courrier, 13.01.23
le MAG CULTURE
CULTURE
LE COURRIER
VENDREDI 13 JANVIER 2023
19
La nouvelle salle de répétition à l’est du bâtiment (sur la droite) se fond dans le décor. Son enveloppe métallique en inox est la même que celle de l’ancienne salle Charles Apothéloz, au fond, à gauche. MATHIEU GAFSOU
A Lausanne, le Théâtre de Vidy rouvre ses portes après deux ans et demi de travaux.
Retour sur une transformation réussie dans l’esprit de Max Bill
LES MÉTAMORPHOSES DE VIDY
CÉCILE DALLA TORRE malgré tout poursuivie durant conservant cette belle façade et aucune dalle de béton. C’est plément d’âme qu’est la culture, rection en 2013 après l’intérim
les travaux, des infrastructures d’inox, qui rappelle «les reflets un petit miracle que cet objet du défend Grégoire Junod. Lau- de René Zahnd et Thierry Tordj-
annexes ayant accueilli une a rgentés du lac», selon le patrimoine, et lieu d’art scé- sanne investit beaucoup dans man, rappelle Grégoire Junod.
Scène X «J’avais décidé de ne programmation réduite. théâtre. Miser sur «la transfor- nique, soit toujours là», se féli- ce secteur. Elle n’est plus seule- Les artistes locaux (50%,
pas construire des bâtiments Pourtant, «rien n’a changé mation et le réemploi pour réno- cite le syndic. Un lieu qui figure ment une capitale olympique.» précise Vincent Baudriller) y
spectaculaires mais d’essayer de l’extérieur», constate le syn- ver, agrandir et moderniser» parmi les théâtres les plus im- En témoignent son nouveau produisent leurs créations,
d’être économique et d’éviter dic de Lausanne Grégoire Ju- cette institution phare a porté portants d’Europe. Le coût du pôle muséal Plateforme 10; la comme François Gremaud avec
toute dépense inutile.» Le mini- nod, qui n’a pas oublié les spec- ses fruits. Tour d’horizon. rénovation du palais de Beau- la réussite de Phèdre!, d’abord à
malisme de l’architecte zuri- tacles du directeur Matthias lieu, «plus grand théâtre de vocation pédagogique, qui
chois Max Bill (1906-1994)
– pour ne pas employer le mot
«sobriété» à la mode – est d’une
Langhoff, vus adolescents à la
fin des années 1980.
Le syndic socialiste de la Ville
1 Un théâtre éphémère
Entre terre et eau, le site de
l’Expo 64 ne devait être en place
«C’est un petit
miracle que
Suisse», à hauteur de 45 mil-
lions de francs; la création d’une
future Maison du cinéma ou
poursuit sa tournée et qu’on de-
vrait pouvoir revoir bientôt.
Vidy accueille aussi des artistes
étonnante actualité à l’heure de évoque aussi un théâtre com- que six mois, sur un parc de encore l’ouverture prochaine internationaux tel·les que Gi-
la crise multifactorielle que plètement «démembré et dé- 600 000 m2. «Une très grande
cet objet du d’un club de jazz au Flon, doté de selle Vienne, qui a notamment
nous traversons. charné», lors de sa dernière vi- exposition avec dix infrastruc- patrimoine 30 studios de musique. présenté L’Etang de Robert Wal-
Le concepteur du théâtre de site du chantier. Seule la struc- tures. Ont été gardés les 10% de ser, joué par Adèle Haenel.
soit toujours là»
l’Exposition nationale suisse de
1964 aurait sans doute vu d’un
bon œil la rénovation de son site
ture métallique et ses gros po-
teaux oranges tenaient encore
debout. Le soutien à cette dé-
l’une d’entre elles», pointe l’ar-
chitecte. De concert avec le met-
teur en scène Charles Apothé-
Grégoire Junod 2 Modèle de tournée 3 Mise aux normes
Après Matthias Langhoff,
Vidy est ensuite dirigé par René «Les normes de sécurité et
par le cabinet d’architectes marche mémorielle s’inscrit loz, Lausanne décide alors de Gon zalez, qui le rebaptise d’énergie changent et le monde
Pont12 sur les rives du Léman, dans une politique culturelle conserver le théâtre, que Max «théâtre au bord de l’eau»; il en du spectacle évolue», résume
dévoilée à la presse mercredi. particulièrement dynamique – Bill voulait de 800 places projet, essentiellement financé fait un lieu de création et de l’architecte. Une mise en confor-
Désormais équipé de cinq salles, tandis qu’à Genève, une salle du – jauge qu’il aurait finalement par la Ville et complété par Vidy tournée réputé, avant de décé- mité en termes techniques et de
Vidy-Lausa nne rouv re ses patrimoine, elle aussi rénovée, réduite quasiment de moitié, de (2,5 m i l l ions) dépa sse le s der en 2012. Jusqu’à 1000 re- sécurité (désamientage, issues
portes après deux et ans et demi trouve une seconde jeunesse mèche avec le futur directeur 27,7 millions de francs – il fau- présentations par année y sont de secours, etc.) s’imposait pour
de travaux conséquents, avec (lire page suivante). des lieux, pour une configura- dra au final compter environ données, la moitié sur place, ce bâtiment devenu obsolète.
entre autres une salle supplé- A Vidy, le cofondateur de tion idéale. 10% supplémentaires, en raison l’autre en tournée. Si René Gon- Les bureaux de l’administration
mentaire, une grande salle mo- Pont12, François Jolliet, et son «C’était une construction des aléas de la construction et zalez l’ouvre au cirque, son ac- ont fait l’objet d’une «transfor-
dernisée et mise aux normes, et équipe, ont ainsi réussi la éphémère qui a été bâtie il y a des crises en cours. tuel directeur Vincent Baudril- mation douce», tandis qu’une
un foyer, La Kantina, plus spa- prouesse de faire du neuf avec soixante ans. Sous la grande «Une ville qui se développe ler l’élargit à la danse et à la partie a été refaite à neuf, avec
cieux. L’activité du théâtre s’est du vieux, en quelque sorte, salle, il n’y avait que de la terre doit toujours apporter ce sup- performance – il en prend la di- le désossement •••
Théâtre Vidy Lausanne 26MAG À LA UNE
20 leWEEK-END
••• complet de la salle Apothéloz triques ont été refaits à neuf
– les travaux effectués dans les – les nouveaux équipements,
années 1990 pour stabiliser notamment l’éclairage, ont été
l’enveloppe n’ont pas suff i. choisis pour permettre de dimi-
S’ajoute aussi la construction nuer la consommation élec-
d’une nouvelle salle de répéti- trique de 40%.
tion particulièrement spa-
cieuse.
8 Planter des arbres
Au niveau des espaces
4 La nouvelle salle
C’est la «grande nouveauté»
dont rêvait Vincent Baudriller:
verts, six arbres ont dû être
abattus afin d’agrandir Vidy.
Pour chaque arbre coupé, trois
construit à l’est du bâtiment, ce sont replantés, conformément
nouveau module se fond totale- au Plan climat et à l’«Objectif
ment dans l’ancien et abrite un canopée» de la Ville. Au total,
très grand espace de répétition, une vingtaine d’arbres seront
équipé d’un «grill» technique plantés, s’engage la conseillère
(pour y fixer décors et projec- municipale.
teurs). La Salle 23 a été conçue
pour désengorger la grande
salle, où les spectacles sont al-
ternativement créés et répétés. L’entrée de Vidy et la salle Apothéloz (Salle 64) refaite à neuf.
9 Dans la continuité
Les architectes du cabinet
Pont12 se taillent désormais une
Les séries de représentations MATHIEU GAFSOU belle réputation dans les arts de
seront ainsi plus longues. Deux la scène romands. Ce sont eux
spectacles pourront avoir lieu qui ont reconstruit le Théâtre de
en même temps sur le site, avec Carouge, tout en pierre, qui a
des séances de médiation dans ouvert ses portes début 2022
les petites salles, prévoit le di- – l’ancienne bâtisse de 1972 a
recteur. été complètement rasée.
«La transformation de Vidy
5 Grande salle
transformée
Offrant 430 places, la grande
est radicalement différente.
Nous avons reconstruit Ca-
rouge à neuf, avec une grande
salle a été étendue de cinq salle et une petite. Ce qu’on
mètres pour gagner quelques perd en liberté ici, on le gagne
r a n gé e s s up p l é m e nt a i r e s en continuité. Une continuité
(50 fauteuils) et installer une dans le temps, dans la durabili-
régie technique qui faisait dé- té», plaide François Jolliet, qui
faut, relève l’architecte lors de la avoue avoir visité l’Expo 64 en-
visite. Alors que le rapport Une vue 3D de Vidy montre sa structure modulaire (tatamis). DR fant, à l’âge de 8 ans («ce ter-
scène-salle était déséquilibré, le rain incroyable»). Alors que les
plateau étant trop haut, le sol a travaux de Carouge se mon-
été rehaussé, avec une nouvelle architectes distincts, ils ont été peut, lui, accueillir 250 per- taient à 53 millions de francs,
courbe des sièges. Mais surtout, renommés en fonction de leur sonnes (notre édition du 1er sep- on n’est pas loin de la moitié du
une machinerie complètement année de construction. La tembre 2017). coût pour Lausanne, pointe-t-il
automatisée avec un nouveau Salle 64, ancienne salle Charles encore.
grill équipé de 37 perches rem-
place la machinerie manuelle
manœuvrée par les cintriers.
Apothéloz, est désormais tech-
niquement équipée pour ac-
cueillir de grosses productions
7 «Un condensé
de défis»
Respecter le patrimoine, s’adap-
«Une bénédiction du système
de Max Bill, c’est d’être de plain-
pied. Un peu comme si on suivait
Six loges lumineuses avec internationales. ter en termes d’écologie et ren- une route, on ne s’élève pas, il
vue sur le lac, équipées de sani- Avant d’être une boîte noire forcer le lien avec l’environne- n’y a pas d’escalier», commente
taires, se succèdent à l’étage, à de 115 places, la Salle 96 (ex- ment: un condensé de défis qui l’architecte. Et de souligner
proximité de la grande salle. salle René Gonzalez réalisée par ont été menés à bien, selon Na- qu’avec sa trame modulaire de
Une amélioration notable alors Rodolphe Luscher) ressemblait tacha Litzistorf, conseillère mu- cinq mètres sur cinq qui évoque
que les anciennes, dans la cave, à une cabane en verre dans les nicipale chargée du logement, des tatamis, facile à multiplier,
étaient très humides, baignées arbres, trop petite pour répéter de l’environnement et de l’archi- Max Bill avait le regard tourné
dans des odeurs d’égout. de grands spectacles. Dite La tecture. Aussi la rénovation im- vers le Japon. Et Vidy dans son
Passerelle, lieu de passage pour plique-t-elle une isolation ther- nouvel écrin, vers l’avenir... I
6 Cinq salles au total
Avec la nouvelle Salle 23,
Vidy comprend maintenant
les jeunes artistes, la Salle 76
vient d’être pourvue entre
autres d’un nouveau gradin de
mique de la façade, l’installation
de panneaux photovoltaïques et
la végétalisation des toits. Le
Vidy fête sa réouverture dès lundi par
un spectacle jeune public, suivi mardi de
Cosmic Drama de Philippe Quesnes et
cinq espaces de représentation 100 places. Le Pavillon en bois, chauffage, la ventilation et les d’un mois de spectacles, Vidy-Lausanne,
et de travail. Conçus par quatre ou Salle 17, conçu par l’EPFL, installations sanitaires et élec- www.vidy.ch
Théâtre Vidy Lausanne 27Revue de presse
Vidy
Le Temps, 13.01.23
J.A. 1209 Genève / www.letemps.ch
CHF 5.– / France € 5.- SAMEDI 14 ET DIMANCHE 15 JANVIER 2023 / N° 7520
La dangereuse quête
de perfection des sportifs
SANTÉ Toujours plus vite, tou- # Le cycliste français Théo Non- # «On ne peut pas atteindre
jours plus fort… Jusqu’à l’effon- nez a mis fin à sa carrière en 2021 l’excellence sans viser la perfec-
drement? Si tous les athlètes ne pour cette raison. La nageuse tion. Un des défis consiste à ne
sont pas victimes des consé- australienne Cate Campbell, pas se perdre dans l’obsession de
quences psychologiques de cette plusieurs fois médaillée olym- la perfection», dit la psychologue
pression, la prévalence de ce type pique, a dû redéfinir en profon- Meriem Salmi. L’autre à rebondir
de mal augmente deur son rapport au sport vers une vie repensée
Entre-Temps ● ● ● PAGES 18, 19
Architecture Le Théâtre de
Vidy, biographie d’un mal-
aimé qui a su trouver sa place
En Iran, l’ogre de la répression
pages 22, 23
Vidéo Plongée dans
l’écosystème des clips,
où les Romands s’illustrent
page 24
Documentaire Sur les pas
de celui qui, le premier, a fait
entrer le cinéma en Suisse
page 25
Portrait Joan Mitchell, la
américaine en majesté à Paris
page 26
Enquête En racontant son
grand-oncle disparu, Douna
Loup révèle les liens entre les
absents et nous
pages 28, 29
Réédition La gouaille
soixante-huitarde de Gaston
Cherpillod est de retour
page 30
Colonies Dans les entrailles
du musée africain de
Bruxelles, entre «non-dits,
regrets et nostalgie
inavouable»
page 32
SOULÈVEMENT Le dessinateur de presse syro-palestinien Hani Abbas donne ici sa vision des exactions à l’œuvre dans le régime des mollahs. Chappatte
Roman «J’ai eu sera de retour en février. (HANI ABBAS)
faim de retrouver
la langue
«malaussénienne»:
rencontre avec
Sur le domaine Entre Thonon et Au Brésil, un putsch fomenté
des Rasses, en depuis longtemps?
Daniel Pennac, qui clôt sa Machilly, une autoroute
grande saga
page 33
attendant l’or blanc «climaticide» POUVOIR Des documents retrouvés chez l’ex-mi-
nistre de la Justice de Jair Bolsonaro renforcent l’hy-
REPORTAGE Au départ des installations pothèse d’un coup d’Etat prévu de longue date par
Technologie Quand de cette station de ski du Jura vaudois, les ENVIRONNEMENT Les autorités du l’ancien président. ● ● ● PAGE 4
noms des sept téléskis restent invaria- Chablais français rêvent de désenclaver la
blement accompagnés d’une plaquette
région et de la sortir de son «trou routier»
pique de création littéraire rouge «fermé». Alors que le domaine des
Rasses avait réussi à tourner jusqu’en
pages 28, 34, 35 # Une fois n’est pas coutume, chasseurs SUPPLÉMENT
2015 sans aucune manne publique,
aujourd’hui, les acteurs du tourisme et écologistes se sont alliés pour Spécial Durabilité
Livre Face au «déni comme les habitants sont inquiets. s’opposer à ce projet vieux de 40 ans Comment les entreprises suisses
psychotique» du Mais Yvan Pahud, élu local et membre innovent-elles en matière de tran-
du comité de la société des remontées # Du côté des responsables du dossier, sition écologique? Solutions et plai-
consumérisme, le plaidoyer mécaniques, juge toutefois prématuré doyers à l’honneur dans ce cahier
d’un psychiatre pour la de tirer la prise. «Si par la suite nous on assure que des compensations spécial Durabilité réalisé sous la
frugalité enregistrons quatre ou cinq belles sai- environnementales sont prévues houlette de la «NZZ», en collabora-
sons d’affilée, nous risquons de regret- tion avec la plateforme de dialogue
page 37 ter ce choix.» ● ● ● PAGES 2, 3 ● ● ● PAGE 7 Sustainable Switzerland.
LE TEMPS 60002
Avenue du Bouchet 2 www.letempsarchives.ch INDEX Fonds ................................................12 SERVICE ABONNÉS:
1209 Genève Collections historiques intégrales: Journal de Genève, Avis de décès............................ 16 Bourses et changes ........... 14 www.letemps.ch/abos
Tél + 41 22 575 80 50 Gazette de Lausanne et Le Nouveau Quotidien. Convois funèbres ................ 16 Toute la météo ....................... 14 Tél. 022 539 10 75 9 771423 396605
C M Y K
Théâtre Vidy Lausanne 28Livres
Douna Loup sur
les traces d’un
grand-oncle disparu
dans la jungle
chilienne
samedi 14 janvier 2023
n° 1277 pages 28-29
Société
ChatGPT écrit.
Ce robot a-t-il
du talent? Réponse
d’un critique
littéraire
pages 34-35
Culture
Le lustre retrouvé
du Théâtre de Vidy
pages 22-23 et 38
(Emilien Itim pour Le Temps)
Théâtre Vidy LausanneThéâtre Vidy Lausanne
Revue de presse
Vidy
24 heures, 13.01.23
Théâtre Vidy LausanneThéâtre Vidy Lausanne
Théâtre Vidy Lausanne
Théâtre Vidy Lausanne
Revue de presse
Vidy
Le Temps, 13.01.23
38 Constellation SAMEDI 14 JANVIER 2023
«Ma vie est faite de tribus, je leur dois tout»
Parcours
Une vie au service des artistes.
A l’adolescence, Vincent Baudriller
anime le ciné-club de son lycée.
Après une école de commerce,
il postule au Festival d’Avignon où
il apprend le métier avant d’en devenir
le codirecteur en 2003. Le duo qu’il
forme avec la Franco-Suisse Hortense
Archambault marque l’histoire de la
manifestation par son audace et une
controverse qui fait date en 2005.
Après Avignon, il voulait une aventure
au moins aussi intense. Le Théâtre
de Vidy exauce ce vœu depuis 2014.
pendant les répétitions. Il a l’art d’éclairer
les enjeux des spectacles pour nous et pour
le public. Il y a Sophie Mercier, notre direc-
trice administrative et financière, qui gère
avec brio et humanité cette grande mai-
son, 115 collaboratrices et collaborateurs,
quatre salles, des spectacles en tournée
un peu partout. Il y a enfin Astrid Lavande-
ros, directrice de la communication et des
publics, une passionnée qui ne jure que par
la démocratisation de l’art. Leur présence,
leurs idées m’inspirent au quotidien. Et ce
(Julien Pacaud pour Le Temps)
n’est pas une formule!»
Romeo Castellucci, l’éclaireur
«Mon parcours a été marqué par un
artiste comme Romeo. Quand j’ai vu son
Giulio Cesare, d’après Shakespeare, en 1998,
Amoureux des artistes qu’il produit, le directeur du Théâtre j’ai eu un choc. J’ai découvert que le théâtre
pouvait avoir une puissance d’ébranlement
spirituelle, physique, intellectuelle sans
de Vidy, Vincent Baudriller, dévoile le casting de son cœur, équivalent. Ses spectacles me font toucher
cette énigme qu’est la vie. Mais je pourrais
en marge de la réouverture de sa grande salle rénovée citer bien d’autres personnalités, l’Espa-
gnole Angélica Liddell par exemple, dont La
casa de la fuerza m’a bouleversé. Ou encore
mercredi prochain. De son épouse, la photographe Dieudonné Niangouna et Faustin Linyekula
que je rencontre en 2006 quand on décide
d’ouvrir le Festival d’Avignon à des écritures
Ilka Kramer, à Jean-Luc Godard, il célèbre ses étoiles contemporaines qui viennent d’ailleurs.
Les rencontrer chez eux, à Brazzaville ou à
Kisangani, a bouleversé ma façon de penser
l’histoire et la responsabilité de l’Europe.
Alexandre Demidoff Tous ces artistes ont en commun d’avoir
t @alexandredmdff ouvert de nouveaux langages et élargi l’ho-
rizon. C’est ce qui me fait avancer.»
Jean-Luc Godard,
un mage en hiver
U
«Il m’accompagne depuis mon adoles-
ne vie en tribu. A la tête de 23 ans et je passais un entretien d’em- Deniaux en 1999 comme administratrice cence. Au lycée, je m’occupais du ciné-club
Vidy depuis 2014, le Français bauche. Il m’a engagé et fait confiance pour du festival. Au départ de Bernard Faivre et je programmais Pierrot le fou. Tout me
Vincent Baudriller construit porter un projet avec des artistes d’Amé- d’Arcier en 2003, nous nous sommes passionne chez lui: son art de déconstruire
en bande son histoire du rique du Sud. Tout s’est enchaîné: j’ai eu la mis à rêver ensemble. Jusqu’alors, nous le récit, de questionner le regard et le jeu, de
théâtre. Mercredi prochain, il chance de travailler avec Alain Crombec- étions les jeunes qui amenions des idées! penser l’histoire… Il m’a rattrapé à Avignon.
inaugurera la Salle 64 – référence à 1964, que, qui signait sa dernière édition comme Nous avons élaboré un projet et postulé à En 2010, l’écrivain Olivier Cadiot et le met-
année où elle a vu le jour – ou Charles directeur du festival, puis avec son succes- la direction du festival. Nous avions res- teur en scène Christoph Marthaler sont
Apothéloz, agrandie, modernisée, trans- seur, Bernard Faivre d’Arcier. pectivement 35 et 33 ans et a priori peu de nos artistes associés. On décide avec eux de
figurée. Dans la grande marée des soirs chances d’être choisis. Personne ne nous projeter Film Socialisme et La Chinoise en
de liesse, il aura une pensée pour ceux et connaissait en dehors d’Avignon. clin d’œil à l’édition de 1967.
celles qui l’ont forgé. »J’ai aimé notre duo, notre manière »Quand j’arrive à Vidy, Jean-Luc
C’est que Vincent Baudriller est «J’ai découvert grâce de codiriger, l’intégrité et l’immense Godard me rattrape encore. Un jour, son
attaché aux généalogies artistiques et sensibilité d’Hortense. Nous n’avions collaborateur m’appelle et me dit: «Jean-
spirituelles. A Lausanne comme à Avi- à Romeo Castellucci qu’un credo: être au service des artistes. Luc a envie de présenter son prochain film
gnon naguère, il entretient le feu sacré Et dialoguer avec eux. A chaque édition, dans un théâtre.» Je me rends chez lui. Et
de l’histoire, celui qui nourrit l’avenir. Ce que le théâtre pouvait nous associions un ou deux artistes qui je passe une matinée qui va bouleverser ma
matin d’hiver, dans son bureau, il déroule ouvraient le festival sur de nouveaux ter- vie. Je m’assois dans son fauteuil, dans son
la pelote des gratitudes, cette recon- avoir une puissance ritoires de pensée et de formes. salon et il me projette Le Livre d’image. Pen-
naissance qu’il voue aux femmes et aux »Avec Hortense, nous partagions un dant toute la projection, je l’entends mar-
hommes qui lui ont transmis la passion d’ébranlement autre désir, celui d’amener le théâtre dans cher à l’étage!
d’un art en mouvement et partageable. des zones un peu abandonnées par la Répu- »Il va passer ensuite quinze jours à
spirituelle, physique, blique. C’est tout le projet de la construc- Vidy pour monter le dispositif de projec-
tion de la FabricA, ce lieu de résidence et tion du film, en recréant son salon à la Pas-
Jean Vilar, l’aïeul intellectuelle de création qui a vu le jour en 2013 dans un serelle. Je le vois encore boire son café au
«J’ai sa photo sur mon bureau, chez quartier extra-muros d’Avignon. Hortense lait près de la fenêtre. Godard est LA réfé-
moi. Quand nous avons été nommés sans équivalent» poursuit aujourd’hui cette entreprise de rence pour toute une génération d’artistes
en 2003 à la tête du Festival d’Avignon, façon extraordinaire à la MC93, à Bobigny, de la scène!»
Hortense Archambault et moi, je me suis ville à la périphérie de Paris où l’accès à la
rendu à Sète, sa ville natale. J’ai tout lu de culture est un combat de tous les jours.»
Jean Vilar, ce metteur en scène et comédien »Ils m’ont offert leur confiance. Ber- Ilka Kramer, la femme de sa vie
qui voulait que Corneille et Shakespeare nard m’a nommé adjoint à la programma- «Ilka est photographe et elle partage
parlent à tous. En 1947, il s’installe dans la tion artistique. J’avais 30 ans et voyageais Caroline, Christian & Cie, ma vie depuis trente ans. Sa sensibilité,
Cité des Papes pas seulement pour créer partout à la recherche d’artistes singuliers. la famille de Vidy son regard sur le monde, sur la nature
une Semaine d’art, comme on l’appelait, Il m’a appris la puissance symbolique et «Le projet de Vidy est collectif. J’ai m’éclairent. Dans les tempêtes d’Avignon,
mais pour affirmer l’idéal d’une création politique du théâtre, son aptitude à poser grandi dans une famille nombreuse, avec elle m’a permis de garder le cap, d’affronter
pour tous. C’est ce qu’on a appelé la démo- des questions et à parler du monde.» quatre sœurs. A Lausanne, je travaille l’intensité du festival, les responsabilités
cratisation culturelle. Ce credo est le mien. »Alain, Gérard, Bernard représentent avec cinq frères et sœurs extraordinaire- énormes qui vont avec. Elle m’a aidé à res-
M’inspirent aussi son audace, sa façon de pour moi la pensée d’Avignon, c’est-à-dire ment engagés! Il y a Christian Wilmart, ter serein et juste. Comme elle est d’origine
répondre à la nouvelle génération, quand une foi dans l’art, une confiance dans le notre directeur technique, mon complice allemande, elle m’a aussi ouvert au monde
il programme par exemple La Chinoise de public, la certitude qu’on peut partager depuis trente ans. Je l’ai rencontré à Avi- germanique.
Jean-Luc Godard, en 1967, dans la cour du la création contemporaine avec le plus gnon, il m’a accompagné ici. Il rend pos- »Nous avons ensemble trois enfants,
Palais des Papes.» grand nombre.» sible l’impossible! trois jeunes adultes, Maya, Laszlo et Nora.
»Il y a Caroline Barneaud, directrice Les voir construire leur histoire m’enthou-
des projets artistiques, autre complice de siasme et m’enrichit chaque jour. Je dois
Gérard Deniaux, le parrain Hortense Archambault, la sœur longue date, qui s’engage sans compter tout à mes tribus, au fond.» ■
«Un jour, une porte s’est ouverte et je «Hortense a fait un stage de produc- pour les créateurs et créatrices. C’est avec
suis entré dans l’histoire du Festival d’Avi- tion avec moi à Avignon en 1994. Après elle que je construis nos programmations.
gnon. C’était le 24 décembre 1991 et Gérard d’autres aventures professionnelles, Il y a Eric Vautrin, notre dramaturge, dont
Deniaux en était l’administrateur. J’avais elle est revenue pour remplacer Gérard la finesse d’analyse accompagne les artistes
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