SIFCA BBB+/Stable/w-4 ANALYSE Juillet 2019 - CORPORATES
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CORPORATES www.wara-ratings.com SIFCA BBB+/Stable/w-4 ANALYSE Juillet 2019 Landry TIENDREBEOGO landry.tiendrebeogo@rating-africa.org +221 33 824 60 14 | +226 70 66 06 12 Hamza HAJI hamza.haji@rating-africa.org +221 33 824 60 14 | + 221 77 392 78 27
WEST AFRICA RATING AGENCY TABLE DES MATIÈRES __________________________________________________________________ NOTATION ................................................................................................................................................... 3 ÉVOLUTION DE LA NOTE DE LONG TERME ................................................................................................. 3 RÉSUMÉ ....................................................................................................................................................... 3 Points forts ............................................................................................................................................... 4 Points faibles ............................................................................................................................................ 5 CARTE DES SCORES ...................................................................................................................................... 6 PERSPECTIVE ................................................................................................................................................ 8 FACTEURS DE SUPPORT EXTERNE ............................................................................................................... 8 ANALYSE DES FACTEURS DE NOTATION INTRINSEQUE .............................................................................. 9 Facteurs environnementaux ................................................................................................................... 9 Environnement macroéconomique ..................................................................................................... 9 Environnement opérationnel ............................................................................................................. 10 Environnement sectoriel .................................................................................................................... 12 Facteurs qualitatifs ................................................................................................................................ 14 Produits – Distribution – Marque....................................................................................................... 14 Gouvernance et management ........................................................................................................... 16 Positionnement concurrentiel ........................................................................................................... 18 Facteurs financiers................................................................................................................................. 19 Rentabilité .......................................................................................................................................... 19 Liquidité.............................................................................................................................................. 20 Flexibilité financière ........................................................................................................................... 20 DONNEES FINANCIERES ET RATIOS ........................................................................................................... 22 SIFCA 2
WEST AFRICA RATING AGENCY NOTATION Echelle Régionale Internationale Méthodologie Corporate Corporate Notation de long terme BBB+ iB+ Perspective Stable Stable Notation de court terme w-4 iw-5 Surveillance Non Non ÉVOLUTION DE LA NOTE DE LONG TERME A- BBB+ BBB MAI2013 JUN2014 JUL2015 DEC2016 JUN2017 JUN2018 JUIL2019 RÉSUMÉ § La notation de long terme de SIFCA est « BBB+ », soit trois crans en dessous du plafond national ivoirien. La perspective est ramenée de « positive » à « stable » WARA a assigné à SIFCA la notation de long terme de ‘BBB+’ en devise régionale en juillet 2019. Cette notation se situe trois crans en-dessous du plafond national ivoirien, lequel s’établit –selon WARA– à ‘A+’. La notation de court terme de SIFCA sur l’échelle régionale de WARA est ‘w-4’. La perspective attachée à cette notation est ramenée à Stable. A titre de référence, les notations en devises internationales que WARA assigne à SIFCA sont : iB+/Stable/iw- 5. SIFCA 3
WEST AFRICA RATING AGENCY La notation intrinsèque de SIFCA, indépendamment de tout facteur de support externe, est de ‘BBB+’ selon WARA, ce qui équivaut à un score pondéré total de 2,82/6,00 (contre 2,79 en juin 2018), sans qu’aucun ajustement supplémentaire à la carte des scores n’ait été apporté. La notation de contrepartie à long terme en devise locale de SIFCA (BBB+) ne bénéficie d’aucun cran de support externe. Cependant, cette notation intègre les bénéfices multiples que retire le Groupe des relations étroites qu’il entretient avec son actionnaire stratégique, Wilmar. Depuis mars 2018 et la sortie d’Olam, Wilmar contrôle 100% de Nauvu, holding de droit mauricien, détenant directement 27% de SIFCA et des participations dans ses filiales PALMCI et SANIA. La notation intrinsèque de SIFCA (BBB+) s’appuie essentiellement sur les facteurs suivants : Points forts § La position de leader de SIFCA, premier employeur privé de Côte d’Ivoire, sur ses activités de référence : à fin 2018, le groupe est leader de la production de caoutchouc naturel en Côte d’Ivoire avec une part de marché de 27%. SIFCA est aussi leader de la production d’huile de palme en Côte d’Ivoire avec une part de marché d’environ 60%. En effet, PALMCI est la plus grande entreprise de production et de transformation des régimes de palme en huile brute d’Afrique de l’Ouest. Le groupe est aussi un acteur majeur dans la filière sucrière ivoirienne. § Une bonne gouvernance du groupe agro-industriel, fort d’une vision et d’une stratégie claires, renforcées par un soutien permanent de ses actionnaires et partenaires de référence, ainsi que par l’efficacité et l’expertise de son équipe dirigeante. § Sur le long terme, une demande mondiale de caoutchouc naturel et d’huile de palme soutenue, étant donnés : i) pour le caoutchouc naturel, l’absence d’un produit de substitution bénéficiant de propriétés équivalentes ; et ii) pour l’huile de palme, un besoin croissant d’oléagineux pour la consommation alimentaire, que les autres huiles, plus coûteuses, ne parviendront pas à satisfaire. En effet, l’huile de palme est l’huile la plus consommée dans l’espace UEMOA avec la Côte d’Ivoire constituant la plus grande consommatrice d’huile végétale en volume dans la zone, avec une domination pour l’huile de palme (35% des quantités totales consommées) § La transformation progressive de SIFCA en un groupe agro-industriel plus recentré et mieux organisé. SIFCA se comporte aujourd’hui non pas comme une holding financière, mais comme un groupe davantage syncrétique, organisé autour de sa société mère ; le surcroît d’efficacité provient d’un pilotage plus contraignant des filiales, d’une mutualisation des fonctions transversales, et d’une recherche systématique de synergies, ce qui permet au Groupe d’envisager une amélioration incrémentale de sa rentabilité. Le mode opérationnel reste le même avec un lien fonctionnel et un lien opérationnel pour chaque filiale. C’est dans cette lignée que le Groupe a décidé de migrer vers un système d’information plus adapté aux activités de ses filiales sur la période de 2013-2018 avec SAP, un système mono-ERP. En effet, SIFCA est soucieuse de son image d’une holding forte avec des outils de gestion performants. Auparavant, le Groupe utilisait plusieurs applications, ce qui rendait la consolidation des états financiers compliquée et la maintenance très onéreuse. § La poursuite, en bas de cycle, de la mise en œuvre des politiques d’optimisation des coûts et d’augmentation de capacités de productions, de telle sorte à abaisser le point mort (ou seuil de rentabilité) afin de renforcer la résilience du groupe face à la volatilité des cours. En 2018, le Groupe a réalisé une perte nette consolidé de 14,9 milliards de FCFA, en raison de la poursuite de SIFCA 4
WEST AFRICA RATING AGENCY la baisse des cours avec des plus bas historiques atteints durant l’exercice que ce soit pour le caoutchouc naturel et l’huile de palme. Cela n’a pas empêché le groupe de poursuivre ses investissements dans les trois filières avec notamment la signature d’une convention de prêt PROPARCO de l’Agence Française de développement (AFD) pour 90 millions d’euros (ou 54 milliards de FCFA). Points faibles § Un environnement opérationnel instable, animé par des dissensions politiques récurrentes pesant sur la politique économique du pays. La menace terroriste dans la région est désormais à prendre en compte. § La dépendance de la majeure partie de l’activité de SIFCA aux cours mondiaux du caoutchouc naturel et de l’huile de palme : Malgré sa diversification géographique et celle de ses produits, SIFCA reste tributaire des cours (exogènes) de matières premières, de surcroît corrélés entre eux. Leur niveau pèse donc directement sur le chiffre d’affaires, les marges et les résultats de SIFCA. Les cours du caoutchouc naturel et de l’huile de palme se sont avérés très volatils entre 2014 et 2018. § La difficulté pour le groupe d’imposer des produits finis dérivés de l’huile de palme sur le marché ivoirien sous une marque à forte valeur ajoutée, permettant par la même occasion de réduire la dépendance aux cours de l’huile de palme dans la cristallisation de la part du chiffre d’affaires extrait de SANIA, la filiale responsable de la transformation de l’huile de palme brute en oléine (huile de table) et de sa commercialisation. § Des faiblesses opérationnelles notamment i) au niveau du contrôle des importations frauduleuses de caoutchouc naturel, de sucre et d’huile de palme ainsi que des pratiques déloyales sur l’accès aux régimes de palme des planteurs ; ii) au niveau de la qualité des processus industriels que le Groupe cherche à améliorer pour réduire les coûts de production, notamment sur le segment de l’huile de palme, et se prémunir d’une éventuelle baisse du cours des matières premières ; et iii) quant à la faiblesse des marges dans la filière sucrière, érodées par l’ampleur des investissements nécessaires au renouvellement de l’outil industriel et par des facteurs naturels exogènes (insectes et virus). § Une augmentation attendue de la dette du Groupe : les investissements en capacité, nécessaires au demeurant, supposent pour SIFCA, un recours plus important à l’endettement, tant en devise locale qu’en euros. WARA intègre dès à présent dans sa note les effets bilanciels d’un usage plus agressif du levier financier. SIFCA 5
WEST AFRICA RATING AGENCY CARTE DES SCORES 2019 FACTEURS DE NOTATION DES CORPORATES Pondération Score Score pondéré FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX 25% 3,64 0,91 FNI.C1 Environnement macroéconomique EM 10% 3,75 0,38 Maturité 3% 4,00 0,12 Volatilité 2% 4,80 0,10 Diversité 2% 3,00 0,06 Soutenabilité 3% 3,30 0,10 FNI.C2 Environnement opérationnel EO 7% 4,00 0,28 Gouvernance systémique 3% 4,00 0,12 Infrastructure 2% 4,00 0,08 Information 2% 4,00 0,08 FNI.C3 Environnement sectoriel ES 8% 3,20 0,26 Pression concurrentielle 4% 3,40 0,14 Degré de maturité 4% 3,00 0,12 FACTEURS QUALITATIFS 40% 2,56 1,03 FNI.C4 Produits - Distribution - Marque PM 15% 2,13 0,32 Diversité des produits - Gamme 5% 3,50 0,18 Distribution et parts de marché 5% 1,90 0,10 Reconnaissance de la marque 5% 1,00 0,05 FNI.C5 Gouvernance et management GM 15% 2,90 0,44 Gouvernance idiosyncrasique 5% 2,70 0,14 Qualité de la gestion stratégique 5% 2,50 0,13 Qualité de l'exécution opérationnelle 5% 3,50 0,18 FNI.C6 Positionnement concurrentiel PC 10% 2,70 0,27 Compétitivité prix 3% 3,00 0,09 Compétitivité hors-prix 3% 2,80 0,08 Développement - Technologie - Innovation 4% 2,40 0,10 FACTEURS FINANCIERS 35% 2,51 0,88 FNI.C7 Rentabilité RE 10% 3,10 0,31 Marge de profit 4% 4,00 0,16 Rotation des actifs 3% 3,00 0,09 Levier financier 3% 2,00 0,06 FNI.C8 Liquidité LQ 10% 2,00 0,20 Liquidité des actifs 5% 3,00 0,15 Refinancement et gestion de la liquidité 5% 1,00 0,05 FNI.C9 Flexibilité financière FF 15% 2,47 0,37 Couverture des intérêts par les cashflows 8% 2,00 0,16 Dette en années de cashflows 7% 3,00 0,21 SCORE PONDÉRÉ TOTAL 2,82 AJUSTEMENT SCORE PONDÉRÉ TOTAL AJUSTÉ 2,82 NOTATION INTRINSÈQUE BBB+ SIFCA 6
WEST AFRICA RATING AGENCY SPTA NI.C De: A: 1,00 1,24 AAA 1,25 1,49 AA+ 1,50 1,74 AA 1,75 1,99 AA- 2,00 2,24 A+ 2,25 2,49 A 2,50 2,74 A- 2,75 2,99 BBB+ 3,00 3,24 BBB 3,25 3,49 BBB- 3,50 3,74 BB+ 3,75 3,99 BB 4,00 4,24 BB- 4,25 4,49 B+ 4,50 4,74 B 4,75 4,99 B- 5,00 5,24 CCC+ 5,25 5,49 CCC 5,50 5,74 CCC- 5,75 5,99 CC/C SIFCA 7
WEST AFRICA RATING AGENCY PERSPECTIVE La perspective attachée à la note de SIFCA est ramenée à stable (contre positive en juin 2018). WARA justifie cette perspective par la baisse prononcée des cours du caoutchouc et de l’huile de palme sur l’exercice 2018 ainsi que l’absence de remontée durable sur 2019. Les investissements récents et à venir du Groupe sont nécessaires : ils ne permettront évidemment pas d’anesthésier la dépendance de SIFCA aux cours mondiaux des matières premières, qui sont un facteur exogène, mais ils rendront moins probable l’occurrence d’un exercice déficitaire, en abaissant de manière incrémentale le seuil de rentabilité du Groupe. C’est la meilleure résilience de SIFCA face à cette volatilité, au demeurant consubstantielle à la nature du Groupe. Une amélioration de la notation de SIFCA est tributaire : i) d’une hausse significative et durable des cours mondiaux pour les filières caoutchouc et huile de palme dont le Groupe reste tributaire pour ses achats et ses ventes ; ii) la poursuite du processus de strict contrôle des coûts ; iii) du succès des plans d’investissement nécessaires pour moderniser l’outil industriel et augmenter les capacités de production actuelles des différentes filiales, se matérialisant par la baisse régulière du point mort; iv) de la saturation de l’outil de production avec des intrants de bonne qualité; et v) du développement de produits finis oléagineux portés par une ou plusieurs marques fortes sur le marché local et régional à même de mieux cristalliser les marges de cette filière. Une détérioration de la notation de SIFCA serait la conséquence : i) de la baisse significative et durable des cours du SICOM pour le caoutchouc naturel et du CPO CAF Rotterdam pour l’huile de palme ; ii) de la perte de parts de marché de SIFCA sur ses marchés domestiques, régionaux et internationaux, selon les filières ; iii) d’une nouvelle crise politique, sociale ou sanitaire affectant la Côte d’Ivoire ; iv) de retards ou contraintes rédhibitoires en matière d’investissements destinés à moderniser et/ou augmenter les capacités de production ; ou v) d’un recours à l’endettement que WARA jugerait excessif, voire difficilement soutenable à long terme. A titre de référence, WARA estime que la probabilité d’occurrence des scénarios favorables est égale à celle des scénarios défavorables à moyen terme, ce qui signifie en d’autres termes que la notation actuelle de SIFCA contient autant de possibilités de rehaussement que de risques d’abaissement. SIFCA 8
WEST AFRICA RATING AGENCY ANALYSE DES FACTEURS DE NOTATION INTRINSEQUE Facteurs environnementaux Environnement macroéconomique § L’environnement macroéconomique est marqué par une tendance de croissance qui repose principalement sur le secteur primaire… § … une population relativement pauvre § … et un contexte politique incertain à l’approche des élections de 2020 La Côte d’Ivoire est d’abord un pays agricole ; par conséquent, la sensibilité encore élevée de l’économie ivoirienne à la volatilité des cours mondiaux des matières premières non transformées est un facteur négatif de notation. Le secteur primaire emploie la moitié de la population active. Par conséquent, il y a assez peu de tension et de flexibilité sur le marché du travail, ce qui contribue à freiner le développement des secteurs secondaires et tertiaires. Le secteur agricole ivoirien, peu intensif d’un point de vue technologique, demeure encore vulnérable à des chocs exogènes, notamment aux variations climatiques inattendues. La Côte d’Ivoire est le premier producteur et exportateur mondial de cacao, qui représente à lui seul la moitié de ses exportations ; le café, l’anacarde, l’huile de palme et le caoutchouc naturel sont parmi les autres matières premières agricoles pour lesquelles la Côte d’Ivoire dispose d’un avantage comparatif. L’économie ivoirienne est donc sensible aux fluctuations des prix internationaux des matières premières et, dans une moindre mesure, aux conditions climatiques. Par exemple, les températures élevées de 2012 ont été à l’origine de l’une des plus mauvaises récoltes de cacao de la décennie. De la même manière, la période de très forte croissance qui a immédiatement précédé la guerre civile était due à un emballement des prix du cacao en 2010, qui a atteint cette année son point le plus élevé en 33 ans. La population ivoirienne est en moyenne anormalement pauvre, ce qui place la consommation intérieure très en-deçà de son potentiel. C’est aussi un facteur négatif de notation. Un Ivoirien sur deux vit en-dessous du seuil de pauvreté, et l’espérance de vie moyenne est de 53,6 ans. Le PIB par habitant n’a franchi la barre symbolique des 1000 USD qu’en 2008. C’est la raison pour laquelle les autorités souhaitent organiser la sortie progressive du secteur primaire, sans pour autant lui tourner le dos, vers l’agro-industrie et aussi les mines (notamment d’or) ainsi que les hydrocarbures, qui permettraient de financer la montée en gamme de l’économie ivoirienne. En outre, le secteur primaire tend à générer des comportements de recherche de rente, peu productifs. Cela dit, l’économie ivoirienne a bien résisté à la crise de 2008, année pendant laquelle la croissance fut de 2%, puis de 4% pendant les deux années qui ont suivi. Seul le choc de la guerre civile post-électorale de 2011 a eu raison de la tendance de croissance soutenue de l’économie ivoirienne. Le PIB s’est contracté de 5,9% en 2011, qui fut une année de déflation massive. Conformément à la plupart des prévisions, la croissance a très vite recouvré une tendance vigoureusement haussière, et même supérieure au SIFCA 9
WEST AFRICA RATING AGENCY cycle précédent, i.e. avant 2011. La croissance réelle a atteint 10,7% en 2012, et n’est jamais passée en-dessous de la barre des 7,5% au cours des cinq années qui ont suivi. Le contexte politique semble stabilisé, mais des soubresauts épisodiques continuent de secouer le pays et le rassemblement d’union nationale, forcément temporaire, laisse désormais poindre des stratégies latérales à mesure que les échéances électorales approchent. Le Président de la République, Alassane OUATTARA, avait renouvelé la coalition gouvernementale entre son Rassemblement des Républicains (RDR) et le Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) en novembre 2012. La coalition s’est ensuite étendue à l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire (UDPCI), au Mouvement des forces d’avenir (MFA), et à l’Union pour la Côte d’Ivoire (UCI), à la veille des législatives de 2016, dans un grand rassemblement d’union national et de gouvernement, le RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix). Cette coalition n’avait pas pour vocation de se transmuer en parti politique, mais le RDR (le parti présidentiel) et l’UDPCI sautent le pas et le transforment en parti politique en juillet 2018, sans que les autres membres de la coalition ne l’approuvent : le PDCI, le MFA et l’UCI se retrouvent de facto dans une posture d’opposition politique implicite. La prochaine élection présidentielle est prévue pour 2020, et le Chef de l’Etat ne se présentera pas à nouveau. Le jeu est donc très ouvert. L’un des favoris est Amadou Gon COULIBALY, le Premier Ministre. Parmi les autres ambitions présidentielles bien nettes figurent deux autres membres du cercle restreint du président : Guillaume SORO, Président de l’Assemblée Nationale, et Hamed BAKAYOKO, Ministre de la Défense. Ce dernier est devenu un acteur clé du RDR, tandis que les soutiens de Guillaume SORO sont moins clairement identifiés. Un PDCI dans l’opposition, si ce n’est explicite du moins implicite, laisse aussi entendre une probable candidature d’Henri Konan BEDIE. La concurrence des poids lourds du paysage politique ivoirien pour la succession du Président OUATTARA rend l’issue des élections présidentielles et législatives de 2020 très incertaines, et laisse la porte ouverte à tous les scénarios, ce qui est un facteur de risque élevé pour la notation. Environnement opérationnel § La politique structurelle de la Côte d’Ivoire est très bien pensée et exécutée de manière vigoureuse… § La diversification structurelle de son économie est bonne § Les infrastructures se renforcent de manière spectaculaire Le premier PND 2010-2015 a été un indéniable succès ; le second, couvrant la période 2016-2020, se place dans la continuité ambitieuse du précédent, et il est en passe de transformer l’outil de production ivoirien. C’est un facteur positif de notation. Deux mots d’ordre sous-tendent le PND 2016-2020 : industrialisation et externalités. L’objectif d’industrialisation est consubstantiel d’une transformation structurelle de l’économie ivoirienne, du secteur primaire essentiellement agricole vers le secteur secondaire prioritairement agro-industriel, en s’appuyant sur ce qui différencie la Côte d’Ivoire, à savoir ses ressources naturelles abondantes. Cela devrait aussi nourrir davantage de diversification SIFCA 10
WEST AFRICA RATING AGENCY économique, notamment à l’export, afin de réduire la dépendance du pays a sa filière café- cacao. Dans la même veine, en renforçant le contenu en valeur ajoutée de la production ivoirienne, l’élasticité-prix de ses exportations devrait se contracter de manière incrémentale et, avec elle, la vulnérabilité de l’économie ivoirienne à la volatilité des cours des matières premières. De manière concomitante, la politique économique structurelle ivoirienne met l’accent sur la nécessité de continuer à dynamiser son réseau d’infrastructures en général, y compris celui des transports en particulier, afin de générer des externalités positives, de désenclaver les zones agricoles et d’améliorer l’efficacité des flux commerciaux. L’économie ivoirienne est intrinsèquement diversifiée, mais ses sources de valeur ajoutée ne le sont pas encore. C’est là tout l’enjeu du PND 2016-2020 : enrichir le contenu en valeur ajoutée et en emplois de la croissance ivoirienne. WARA analyse la dynamique de la notation de la Côte d’Ivoire selon la grille suivante. i) Les avantages comparatifs de la Côte d'Ivoire résident essentiellement dans ses ressources naturelles abondantes, lesquelles constituent son principal capital et son patrimoine le plus déterminant. ii) Eu égard à son histoire récente, la Côte d'Ivoire n'a pas pu pleinement valoriser ce patrimoine, d'où le phénomène de rattrapage qui se solde par des taux de croissance réelle spectaculaires. iii) Ces taux de croissance, les plus élevés de la sous-région et stables au cours des 7 dernières années, se sont produits malgré la volatilité des cours des matières premières, ce qui semble être un paradoxe a priori. iv) Ce paradoxe s'explique par le fait que la croissance est alimentée non pas par les exportations, ni même par la consommation intérieure, mais par les investissements, notamment en infrastructures, financés par le budget de l'Etat et donc par la dette. v) C'est un pari keynésien qui comporte aussi une dimension structurelle : la transformation structurelle de l'économie vers l'agro-industrie, c'est-à-dire la translation de la valeur ajoutée du secteur primaire (agricole) vers le secteur secondaire (agro-industriel). vi) La raison sous-jacente de ce "pari structurel" est la montée en gamme de l'économie ivoirienne, à même de réduire l'élasticité-prix des exportations (trop élevée pour les matières premières brutes, plus faible pour les matières premières transformées). C'est tout le défi du PND. vii) La limite vraisemblable de l’exercice est que le PND est à 60% tributaire des investissements privés, notamment étrangers, lesquels considèrent comme hypothèses tant la stabilité politique, qui commence par la lisibilité et la prévisibilité des urnes en 2020, que le maintien de taux de croissance élevés. viii) Or rien ne laisse entendre que la transition politique se fera en douceur. L’imprévisibilité politique reste le risque majeur qui pèse sur la notation de la Côte d'Ivoire. ix) A cela s'ajoutent l'inadéquation du capital humain, la relative fragilité des institutions, l'attractivité encore insuffisante du territoire et la possible volatilité des normes. x) Au total, l'économie ivoirienne est encore structurellement très en-deçà de son potentiel. Les indices de gouvernance, de climat des affaires, de compétitivité et de développement humain s’améliorent, mais restent relativement faibles en valeur absolue. Pour mesurer les facteurs institutionnels, WARA s’appuie sur les indices de gouvernance de la Banque Mondiale, les indices de compétitivité du World Economic Forum et les indices de développement humain du PNUD. En comparaison du Bénin, du Sénégal et, dans une certaine mesure, du Burkina Faso, les indices de la Côte d’Ivoire restent en général dans les deuxième et troisième quartiles, comme l’indique le tableau ci-dessous. C’est un facteur négatif de notation. SIFCA 11
WEST AFRICA RATING AGENCY INDICES BEN BKN CDI GNB MAL NGR SEN TOG Sources Indice de contrôle de la corruption -0.55 -0.11 -0.52 -1.56 -0.63 -0.65 0.09 -0.71 Banque Mondiale Indice d'efficacité de l'Etat -0.64 -0.59 -0.74 -1.77 -0.94 -0.67 -0.32 -1.13 Banque Mondiale Indice de stabilité politique et d'absence de violence 0.05 -0.92 -1.09 -0.60 -1.91 -1.30 -0.04 -0.74 Banque Mondiale Indice de qualité de la réglementation -0.47 -0.44 -0.36 -1.18 -0.57 -0.68 -0.15 -0.79 Banque Mondiale Indice d'état de droit -0.62 -0.40 -0.63 -1.44 -0.78 -0.68 -0.15 -0.71 Banque Mondiale Indice de liberté et responsabilité politiques 0.38 0.06 -0.27 -0.80 -0.26 -0.41 0.32 -0.62 Banque Mondiale Rang "Doing Business" (climat des affaires) 151 148 139 176 143 144 140 156 Banque Mondiale Indice global de compétitivité (valeur) 44.4 43.9 47.6 N/D 43.6 N/D 49.0 N/D World Economic Forum Indice global de compétitivité (rang mondial) 123 124 114 N/D 125 N/D 113 N/D World Economic Forum Indice de développement humain (valeur) 0.515 0.423 0.492 0.455 0.427 0.354 0.505 0.503 PNUD Indice de développement humain (rang mondial) 163 183 170 177 182 189 164 165 PNUD Premier quartile Deuxième quartile Troisième quartile Quatrième quartile Environnement sectoriel § Les marchés cibles de SIFCA (caoutchouc naturel, huile de palme et sucre de canne) sont tous les trois structurellement attractifs. § Mais ils restent néanmoins très cycliques et n’obéissent pas à la même logique Dans un marché excédentaire, les cours mondiaux du caoutchouc ont enregistré une baisse de 17% sur l’exercice 2018. En effet, les cours moyens du caoutchouc sur le marché international sont passés d’une moyenne annuelle de 1,65 USD le kilogramme en 2017 à 1,37 USD le kilogramme en 2018. Alors que la production augmente (passant de 9 millions de tonnes en 2014 à 13,54 millions en 2017), la demande peine à suivre le rythme (13,22 millions de tonnes). Résultat : les cours sont au plus bas depuis 5 ans avec un plancher à 1,35 USD atteint en novembre 2018. La remontée des prix mondiaux du caoutchouc naturel pourrait être compliquée en 2019 en raison d’une baisse de la demande chinoise et de l’abondance des approvisionnements. A plus long terme, il est toutefois probable que le marché sortira durablement du creux de cycle et que les cours atteindront des niveaux plus favorables. Selon les référentiels internationaux du secteur, les stocks de caoutchouc devraient continuer à augmenter légèrement jusqu’en 2022 où la demande deviendra supérieure à l’offre permettant ainsi une résorption progressive des stocks. La Côte d’Ivoire occupe le septième rang mondial et le premier rang africain des producteurs de caoutchouc naturel. La production de caoutchouc naturel s’établit à 640 000 tonnes en 2018 contre 591 000 tonnes en 2017, soit + 8%. Sur les cinq dernières années, la production ivoirienne a été multipliée par deux (+106%) contribuant, bien que marginalement par rapport aux acteurs asiatiques, à la baisse des cours. Ils sont aujourd’hui 165 000 producteurs indépendants répartis sur 600 000 hectares de plantation. Cette tendance devrait se poursuivre puisque l’Association des professionnels du caoutchouc de Côte d’Ivoire (APROMAC) table une production de 2 millions de tonnes en 2023 soit dans un horizon de 5 ans. En matière d’huile de palme, les cours ont baissé de 16% sur l’exercice 2018. Le cours mondial moyen de l’huile de palme de l’exercice 2018 s’est établi à 620 USD/T contre 736 USD/T en 2017. Durant les sept dernières années, les cours mondiaux de l’huile de palme SIFCA 12
WEST AFRICA RATING AGENCY brute ont connu une baisse continuelle, chutant ainsi de près de 45% depuis 2012. La chute des cours de l’huile de palme brute résulte essentiellement de l’augmentation de l’offre, notamment en Indonésie et en Malaisie, de la baisse du prix du baril de pétrole qui rend la transformation de l’huile de palme en biocarburant non compétitive, et du ralentissement de la consommation en Chine et en Inde. Tous ces facteurs ont eu pour conséquence un excès de stock d’huile de palme brute sur le marché mondial, d’où une baisse plus prononcée des cours en 2018. En Côte d’Ivoire, la production nationale de régimes de palme a connu, de 2017 à 2018, une forte baisse aussi bien au niveau du verger des plantations industrielles que de celui des plantations villageoises, en raison du phénomène agricole naturel du « repos végétatif ». Cependant, l’Afrique et particulièrement notre zone géographique, reste profondément déficitaire en huile végétale et dépendante des importations. Comparé aux autres oléagineux servant à la fabrication d’huile, le palmier à huile est de loin la source la plus productive et donc la plus rentable. Par conséquent, il est probable que la part de l’huile de palme dans la consommation mondiale d’huile de table continue de croître au point de surpasser toutes les autres. L’huile de palme constitue 35% des volumes d’huiles végétales produites dans l’espace UEMOA, comparée aux autres huiles (arachide, coton, autres). La demande mondiale d’huile végétale augmente de 4% tous les ans (3% dans la zone UEMOA), plus vite que la production. La demande mondiale d’huiles végétales a suivi la tendance dominatrice des huiles moins chères telles que les huiles de palme et de soja. En effet, l’huile de palme est en tête des échanges mondiaux d’huiles végétales avec 54% des importations mondiales d’huile végétale dans le monde. Ce développement s’explique en partie par la montée en puissance de la sous-filière en Asie (Indonésie et Malaisie), le fait que le palmier donne de loin l’un des meilleurs rendements d’huile à l’hectare. L’huile de palme s’est ainsi imposée comme l’huile par excellence des échanges mondiaux en augmentant régulièrement ses parts de marché au détriment de toutes les autres huiles. Le marché de SIFCA dans la filière oléagineuse est essentiellement régional, ce qui rend le Groupe relativement moins tributaire des cours mondiaux, sans en être pour autant complètement détaché. Tous ces éléments constituent des facteurs positifs de notation. Enfin, en matière de sucre, SIFCA est en situation de duopole et le marché reste protégé. C’est un facteur positif de notation. En effet, dès son indépendance, la Côte d’Ivoire a fait le choix de l’autonomie en sucre, voire de l’exportation des excédents en sucre le cas échéant. Aujourd’hui, les deux producteurs de sucre de canne du pays, dont Sucrivoire (filiale de SIFCA), parviennent à couvrir les besoins domestiques. Les prix à la vente au consommateur final sont fixés exclusivement sur le plan domestique, en fonction des coûts de production et des choix des autorités publiques. Par conséquent, SIFCA/Sucrivoire restent décorrélés des cours internationaux ; leur enjeu réside davantage dans i) la compression des charges afin d’améliorer les marges, et ii) l’augmentation des capacités de production afin de servir un marché en forte croissance et qui recourt de plus en plus aux importations, ce qui risque de mettre à mal les protections dont il bénéficie jusqu’ici. SIFCA 13
WEST AFRICA RATING AGENCY Facteurs qualitatifs Produits – Distribution – Marque § SIFCA possède une expertise reconnue et des partenariats précieux dans les filières du caoutchouc naturel, de l’huile de palme et du sucre de canne. § C’est un facteur positif de notation. SIFCA maîtrise la chaîne de valeur de ses activités : la production de caoutchouc naturel, la transformation de l’huile de palme et la production de sucre de canne. En effet, pour ces trois activités sur lesquelles SIFCA se concentre aujourd’hui, le Groupe, à travers différentes filiales, i) récolte la matière première sur ses plantations détenues en propre et/ou achète celle produite par les planteurs villageois, pour ensuite ii) usiner les produits finis, et enfin iii) commercialiser ces produits. Crée en 1964, le Groupe SIFCA est le premier employeur privé de Côte d’Ivoire et continue à jouir d’une bonne réputation sur son marché domestique malgré les plans sociaux engagés pour la maitrise des coûts. SIFCA est un acteur majeur du marché du caoutchouc naturel (produit à partir du latex d’hévéa) en Afrique. La Côte d’Ivoire reste le marché de prédilection du Groupe SIFCA. Cela dit, à travers sa « holding caoutchouc » SIPH, SIFCA a entamé une diversification géographique avec des filiales opérant aujourd’hui au Ghana, au Nigéria et au Libéria. Le pôle caoutchouc de SIFCA dispose d’un certain nombre d’avantages comparatifs de nature technique : outre le fait de posséder ses propres plantations d’hévéas, il maîtrise aussi les risques associés à ses produits, comme le risque lié aux maladies (issues de champignons ou de bactéries) auxquelles sont sensibles les hévéas. La demande en caoutchouc naturel étant très soutenue, la production du Groupe SIFCA est rapidement vendue sur les marchés où les prix sont fixés par le cours du SICOM, un des marchés internationaux de matières premières. La clientèle finale est diversifiée et internationale ; Michelin, actionnaire de SAPH et de SIPH, est le premier client et achète environ 16% de la production de SAPH, par le biais de SIPH. Depuis 2015, SAPH fait des efforts considérables (et parfois douloureux) en matière de réduction des charges, d’amélioration de la qualité, et d’extension de ses capacités d’usinage. La combinaison de ces trois décisions stratégiques est en effet la seule à même de comprimer le point mort et donc de renforcer la résilience de la filière caoutchouc face à la volatilité du SICOM. SIFCA est aussi un acteur majeur du marché de l’huile de palme en Côte d’Ivoire. Bien que le Groupe soit aussi présent au Sénégal et au Libéria, la quasi-totalité du pôle oléagineux de SIFCA se situe aujourd’hui en Côte d’Ivoire, principalement avec les filiales PALMCI (qui récolte les régimes de noix de palme et les transforme en huile brute) et SANIA (qui raffine cette huile brute et la transforme en oléine et autres produits finis qu’elle commercialise). La filière oléagineuse reste un pilier essentiel de SIFCA du fait de sa croissance soutenue, et des parts de marché croissantes dans toute la région. WARA constate que cette volonté stratégique de SIFCA de donner plus d’importance au pôle oléagineux se fait dans une optique de commercialisation sous différentes marques de produits de consommation courante (huile de table et margarine notamment), leur donnant ainsi plus de valeur ajoutée pour cristalliser des SIFCA 14
WEST AFRICA RATING AGENCY marges plus importantes et s’éloigner de la trop grande dépendance aux cours de l’huile de palme. Les produits issus du pôle oléagineux de SIFCA (oléine en vrac et produits finis de consommation courante) sont distribués à hauteur de 1/3 en Côte d’Ivoire et 2/3 dans la sous- région. Malgré l’image souvent négative associée aujourd’hui à l’huile de palme, la demande devrait s’accélérer dans les années à venir en raison i) de l’absence d’une huile de substitution pouvant être produite dans des quantités comparables sur les terres disponibles, et ii) aux besoins croissants d’oléine, en lien avec la démographie, pour les produits de consommation courante. Enfin, SIFCA est l’un des deux acteurs présents sur le marché du sucre en Côte d’Ivoire, sous couvert d’une protection étatique permettant une fixation des prix selon les coûts de production. L’année 2018 n’a pas été une bonne année pour la SUCRIVOIRE : la production de la société a baissé en 2018 jusqu’à atteindre son seuil de rentabilité, soit 83 469 tonnes contre 90 935 tonnes en 2017. En effet la campagne de production 2017-2018 a été marquée par des attaques d’insectes foreurs et de la virose mosaïque, dont les effets conjugués ont considérablement impacté les rendements et la teneur en sucre. Cette baisse de production a amené la société à commercialiser du sucre importé autorisé par le Gouvernement, avec des marges nettement en deçà de celles du sucre produit par SUCRIVOIRE. WARA juge positivement le caractère pluriactivités de SIFCA et l’accélération de sa diversification géographique pour sortir de son exposition très importante au marché ivoirien. Cependant, cette diversification reste relative, du fait que plus de 60% du résultat du Groupe est réalisé en Côte d’Ivoire et que les secteurs du caoutchouc naturel et de l’huile de palme sont tous deux fortement tributaires des cours des matières premières dans la fixation de leur prix et par conséquent de la réalisation de leur chiffre d’affaires. WARA note que les deux activités de production de caoutchouc et d’huile de palme sont fortement corrélées (avec un coefficient de corrélation d’environ 90% en 2016 et 2017) ce qui expose donc les résultats du Groupe à la baisse concomitante des cours de ces matières premières. C’est un facteur négatif de notation. Le Groupe SIFCA s’intéresse davantage aux énergies renouvelables. En vue de valoriser la biomasse générée par les activités agro-industrielles et de répondre aux besoins en énergie dans un continent où le taux d’électrification est de moins de 40%, le Groupe SIFCA développe le projet BIOKALA, qui vise à produire de l’électricité à partir de la valorisation des résidus issus des plantations de palmiers à huile. Pour le moment, ces développements sont neutres pour la notation de SIFCA. A plus long terme, en revanche, si cette activité venait à prendre une ampleur significative, cela signifierait que la dépendance du Groupe aux cours mondiaux des matières premières serait diluée par ces nouvelles activités décorrélées et que le groupe arriverait à optimiser ses coûts, eu égard au fait que le poste de charges le plus important pour toutes les activités est l’énergie. Cela deviendrait sans doute un facteur positif de notation. SIFCA 15
WEST AFRICA RATING AGENCY Gouvernance et management § SIFCA est un groupe solide qui a su s’entourer d’une équipe de dirigeants et de partenaires parfaitement adaptés à une vision très claire de son développement agro-industriel. § Des améliorations organisationnelles sont en cours pour renforcer les synergies. La stratégie du Groupe SIFCA est construite sur le développement de ses métiers « caoutchouc naturel » et « huile de palme », qui représentent la plus grande part du chiffre d’affaires du Groupe. Cette stratégie se décline en quatre axes principaux : i) l’optimisation de l’existant avec un abaissement des prix de revient, subséquent à l’augmentation des capacités et à une stricte maitrise des charges, ii) la recherche permanente de l’amélioration de la qualité des produits, iii) la croissance organique des sociétés existantes, et enfin iv) la recherche d’opportunités de croissance externe en dehors de la Côte d’Ivoire pour acquérir des plantations déjà génératrices de cash-flows. Le Libéria, où la filiale CRC a obtenu du gouvernement de porter ses superficies exploitables en hévéa de 8.000 ha à 35.000 ha (échelonnés sur plusieurs années), représente un relais de croissance important pour le Groupe, grâce aux vastes espaces disponibles, aux conditions naturelles très favorables au palmier et à l'hévéa et à la proximité des bases ivoiriennes du Groupe (proximité de MOPP fait qu’aucun investissement industriel n’est requis). Quant au Nigéria, il représente le principal marché ouest africain d’huile de palme. Il semble opportun pour le Groupe, de par sa présence, d’aborder à moyen terme cette activité en produisant localement. L'objectif est de développer une activité palmier au voisinage des activités du Groupe dans l’hévéa. A cet effet, les négociations sont en cours pour l’acquisition de nouvelles terres propices au développement de l'hévéa et du palmier. La même discipline de croissance des capacités de production et d’extension des surfaces de culture s’applique à l’activité sucrière. Enfin, le Groupe continue de renforcer les synergies entre ses filières, notamment en matière de frais généraux, de gestion du personnel, d’outils d’information de gestion (SAP) et de centralisation de la trésorerie et d’une partie du financement de la croissance. WARA estime qu’en termes de gouvernance et de management, le fait que le capital de SIFCA soit partagé entre les actionnaires historiques (les familles Billon et Lambelin) et des groupes industriels d’envergure internationale est un facteur positif pour sa notation. En effet, le capital de SIFCA est dominé par les holdings de contrôle des familles Billon et Lambelin, Parme Investissement et Immoriv, qui détiennent 65,4% de SIFCA. Wilmar, spécialiste des matières premières agricoles (notamment de l’huile de palme), détient directement 27% de SIFCA, par le truchement de la holding Nauvu, laquelle figure aussi au capital de PALMCI et de SANIA. Dans le métier du caoutchouc, Michelin détient à la fois directement 14,8% du capital de SAPH et 33,7% du capital de SIPH. Au-delà de leur participation au capital du Groupe, ces partenaires de renom apportent aussi un soutien opérationnel et technique constant : i) Wilmar fait bénéficier SIFCA de sa maîtrise des processus opérationnels dans les plantations de palmier à huile et de son expertise dans le raffinage de l’huile de palme, ii) Michelin apporte une assistance technique au pôle caoutchouc pour la recherche et l’amélioration des performances agronomiques. Quant à Terra, il est en SIFCA 16
WEST AFRICA RATING AGENCY soutien de Sucrivoire. WARA constate que la qualité de ces partenariats et de ces ressources constitue un facteur positif de notation. Si l’équipe dirigeante de SIFCA est solide, compétente et expérimentée, WARA note cependant que la mise en place de certains processus décisionnels de groupe, indispensables à l’optimisation du fonctionnement de SIFCA, demeurent néanmoins très récents. SIFCA a progressivement structuré un département centralisé responsable du développement, des investissements et de la politique financière au niveau du Groupe. WARA constate que cette démarche permet à SIFCA de mieux articuler ses options stratégiques, tout en soutenant plus efficacement ses filiales dans leurs projets d’investissements. SIFCA a aussi choisi stratégiquement sur la période de 2013-2018 d’intégrer un outil de gestion informatique, SAP, pour son application progressive et unifiée sur toutes les filiales. Ce projet est une évolution majeure avec un retour sur investissement largement attendu par les filiales qui ont toutes adhéré à son application sur leurs métiers. En 2015, les filiales SAPH, SUCRIVOIRE et SANIA ont achevé l’implémentation du programme SAP qui est désormais fonctionnel partiellement chez PALMCI. Chez SIPH, le programme a démarré pour un module commercial et s’est accéléré en 2017 pour une finalisation en 2019. Le Groupe vise à terme un meilleur pilotage, une standardisation de ses processus et un meilleur contrôle de son activité. SIFCA 17
WEST AFRICA RATING AGENCY Positionnement concurrentiel § SIFCA domine clairement les marchés de la production de caoutchouc naturel et de l’huile de palme en Côte d’Ivoire § C’est un facteur positif de notation. Avec 27% du marché de la production de caoutchouc naturel en Côte d’Ivoire, SIFCA, à travers sa filiale SAPH, est leader sur son marché. Le reste du marché est réparti entre 13 autres acteurs, essentiellement de taille moyenne ou petite. Le concurrent le plus proche est SOGB, lequel détient 10% de part de marché. L’Afrique représente 5% de la production mondiale de caoutchouc naturel, plus de 90% de cette production étant concentrée en Asie et fortement fragmentée entre de petits producteurs. La Côte d’Ivoire concentre à elle seule plus de la moitié de la production africaine. Le Groupe SIFCA, dont les filiales caoutchouc opèrent en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Nigéria et au Libéria, possède une part de marché mondiale dépassant les 1% ; c’est donc un acteur incontournable, leader tant en Côte d’Ivoire qu’à l’échelle sous régionale. C’est un facteur positif de notation. Avec plus de 60% du marché de la production d’huile de palme en Côte d’Ivoire, SIFCA, à travers sa filiale PALMCI, domine incontestablement ce segment de marché. Le reste du marché reste fragmenté, et se caractérise par l’existence d’une multitude de « mini- huileries ». PALMCI œuvre efficacement à l’optimisation de ses coûts de revient en réduisant les charges non nécessaires et en optimisant son effectif. Cependant, le développement de la concurrence, quelques failles de gestion en 2016, des conditions climatiques défavorables en 2017 et le « repos végétatif » forcé en 2018 ont ralenti le déploiement de la stratégie opérationnelle au niveau de PALMCI en comparaison de SAPH. L’existence de SANIA, usine de raffinage née de l’association de SIFCA avec Wilmar, permet au Groupe de maîtriser la totalité de la chaîne de valeur de l’huile de palme. WARA constate que SIFCA a développé deux avantages comparatifs importants : i) la détention de la plus grande surface de plantations en propre (représentant 20% de sa production totale), aussi bien en hévéa qu’en palmiers à huile, qui lui permet de mieux gérer la qualité de sa production et de renforcer ses marges ; et ii) SIFCA dispose des outils industriels de production de caoutchouc naturel et de raffinage de l’huile de palme les plus denses de Côte d’Ivoire. SAPH possède en effet 5 usines de production de caoutchouc naturel en Côte d’Ivoire, réparties sur tout le territoire, et localisées sur les sites de plantation d’hévéas, ce qui minimise les distances, temps et coûts de transport (notamment de latex liquide, de meilleure qualité). La société a produit 172 952 tonnes de caoutchouc naturel en 2018 (y compris les achats aux planteurs villageois). Suite au programme d’extension et de modernisation de l’unité industrielle de Rapides Grah initié en 2014, les capacités d’usinage de SAPH ne cessent de se renforcer au fil du temps. De son côté, SANIA, dont le plus gros des achats de matières premières ont été réalisés avec la totalité de la production de PALMCI, traite chaque année plus de 300.000 tonnes d’huile de palme brute. L’intégration de fait des activités de PALMCI et de SANIA est un facteur positif de notation en ceci qu’elle permet un pilotage efficient de la chaine de valeur et une captation compétitive des marges. SIFCA 18
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