Spécial Salon du Bourget - Ministère de la Transition ...
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AVIATION Civile Le Magazine de la Direction Générale de l’Aviation Civile Spécial Salon du Bourget 18 - 24 juin 2007 M i n i s t è r e d e l ’ É c o l o g i e d u D é v e l o p p e m e n t e t d e l ’ A mé n ag e m e n t d u r a b l e s – Juin 2007 / N° 341 / 3,05 C
©Airbus SAS 2005 Grand angle Moteur Trent 900 (Rolls Royce) en phase de test. Publication de la Direction générale de l’Aviation civile. Ministère de l’Écologie du Développement et de l’Aménagement durables. Éditée par SC 1 50, rue Henry-Farman - 75720 Paris Cedex 15. Tél. : standard 01 58 09 43 21. - rédaction : 01 58 09 46 16. - Fax : 01 58 09 42 80 - http://www.aviation-civile.gouv.fr // Directrice de la publication Marie Bertin // Conception réalisation Stratis Presse - 16 bis, avenue Parmentier 75011 Paris. Tél. : 01 55 25 54 54. Fax : 01 55 25 54 55. e-mail‑stratis@stratis-online.com // Rédaction en chef Laurence Brun-Potard (DGAC), Pierre Thomassin (Stratis) • Responsable de projet Denis Couty • Secrétariat de rédaction Philippe Brandily • Direction artistique Chrystelle Briand, Marie-Anne Gominet • Couverture Airbus SAS 2005// Ont collaboré à ce numéro Germain Chambost, Olivier Constant, Henri Cormier, Béatrice Courtois, Régis Noyé, Jean-Luc Tinland // Impression Imprimerie Léonce Deprez • Commission paritaire : 0510B07366. Reproduction autorisée sous réserve de la rédaction. Le numéro 3,05 . Abonnement 26 . AVIATIONCivile 341 Juin 2007
AVIATION Civile Le Magazine de la Direction Générale de l’Aviation Civile Juin 2007 n° 341 / 3,05 e 04/05 Entretiens avec Alain Juppé, ministre d’État, ministre de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement durables et Dominique Bussereau, secrétaire d’État aux transports 06 Té le x 07 L’ i n t e r v i e w 08/17 Recherche Charles Edelstenne, président du groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales. Le futur s’écrit aujourd’hui 08/17 Recherche Le futur s’écrit aujourd’hui_08 Entretien avec Janez Potocnik, commissaire européen à la science et à la recherche_09/10 Clean Sky : à la recherche du futur avion vert_10/11 SESAR : la nouvelle stratégie européenne_12/13 Matériaux composites : le Groupe Latécoère monte en puissance_14/15 Airbus : changement de cap_16/17 18/27 Hélicoptères L’industrie française : 18/27 Hélicoptères des ambitions à la hauteur de ses qualités_18 L’industrie française L’EC175 d’Eurocopter : un cheval de bataille franco-chinois_19 Des ambitions Les moteurs d’hélicoptères : à la hauteur la stratégie gagnante de Turbomeca_20/21 de ses qualités Le Cabri de Bruno Guimbal : la belle initiative privée_22/23 Les hélicoptères de demain : discrétion et sécurité_24/25 Utilisation de l’hélicoptère : vers le vol « IFR basse altitude »_26/27 Coopération 28 /33 C o o p é r a t i o n Aéronautique : le savoir-faire français s’exporte_28 Cambodge : la DPAC en rôle d’expert_29 Ukraine : le respect des normes_30 Afrique : transfert de compétences_31 Amérique centrale / Amérique latine : une remise à niveau_32 Inde : Coopération industrielle et institutionnelle_33 34/35 Escale Aéronautique 28/33 Bienvenue au Salon du Bourget !_34/35 Le savoir-faire français s’exporte AVIATIONCivile 341 Juin 2007
Te l e x Un turboréacteur Aerospace Vallée Différend pour avions légers États-Unis/Europe C’est le concept sur lequel travaille depuis dix ans Price Induction (pro- C’ est la première fois que le pôle de compétitivité « Aerospace Vallée » apparaîtra en tant que tel au Salon du Bourget. Labellisé officiellement par l’État en juillet 2005, ce pôle associe quelque 500 entreprises, centres L’Europe a répondu au début du mois de février dernier aux argu- noncer « price » à la française), une de recherche, centres de formation et institutions, implantés dans les deux ments soulevés par les États-Unis PME installée dans le Sud-Ouest. Et régions du Sud-Ouest, Midi-Pyrénées et Aquitaine, qui regroupent près de pour contester le mode de soutien ce concept est devenu réalité depuis 94 000 emplois industriels, soit le tiers des effectifs aéronautiques en France. des États de l’Union européenne que le premier moteur DGEN 380 La mise en œuvre des pôles de compétitivité vise, notamment, à apporter un à Airbus. La décision du groupe a tourné au banc en octobre 2006. soutien financier à des projets de recherche et développement, associant des de travail de l’OMC (Organisa- Après une phase de mise au point, il PME, des laboratoires et centres de recherche ainsi que, généralement, de tion mondiale du commerce) sera présenté au Salon du Bourget. grandes entreprises. Ce dispositif doit permettre de compléter les soutiens est attendue pour la fin du mois En fait, il s’agit d’équiper une nouvelle européens, ainsi que les soutiens nationaux spécifiques de la DPAC aux projets d’octobre 2007. Pour l’Europe, ce catégorie d’appareils, les « Personal à caractère stratégique des entreprises aéronautiques. Parmi les différents soutien se manifeste par l’octroi Light Jets », conception moderne de instruments de soutien disponibles, le Fonds unique interministériel, spécifi- d’avances remboursables aux nos monomoteurs quadriplaces de quement créé et auquel contribue la DPAC (1), est géré par le ministère de l’In- grands programmes, à hauteur de voyage datant de la fin du siècle der- dustrie. Les collectivités territoriales, au premier rang desquelles les Régions, 33 % maximum du coût de déve- nier. Ceux-ci seraient bimoteurs, pèse- sont associées et contribuent au soutien financier des projets sélectionnés. loppement, selon un accord passé raient environ 1,7 tonne, voleraient à Deux autres pôles à vocation aéronautique, ASTech en région Ile-de-France en juillet 1992 entre les deux par- quelque 230 nœuds (426 km/h) à et PEGASE en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, pourraient être labellisés ties. Les crédits ainsi alloués sont une altitude de 12 000 pieds (environ d’ici la fin 2007, et permettre ainsi à l’ensemble des acteurs de la recherche remboursés par les industriels au 4 000 mètres), et pourraient parcourir et de l’industrie aéronautique française de prendre part à cet élan. fur et à mesure du déroulement jusqu’à 700 nautiques (1 296,40 kilo- (1) Direction des Programmes Aéronautiques et de la Coopération. de chaque programme, au prorata mètres). Fruit d’une équipe de jeunes Répartition géographique des principaux établissements du succès de celui-ci. Après rem- ingénieurs motivés, aidés par leurs boursement, le programme donne aînés, ce nouveau moteur ne man- Nontron lieu au versement de redevances. Lesparre- que pas d’atouts : une masse (moteur Médoc Blaye Périgueux Outre-Atlantique, le soutien prend équipé) de 65 kg, un niveau de bruit Sarlat- FRANCE la forme de subventions à la recher- Libourne inférieur à 55 dBA, des dimensions BORDEAUX Bergerac la-Canéda che, plafonnées à hauteur de 4 % réduites et une faible consommation. OCEAN ATLANTIQUE Arcachon Langon Gourdon Figeac du chiffre d’affaires du secteur civil Marmande Villeneuve- En outre, le démarrage et la génération sur-Lot Rodez du constructeur concerné, c’est-à- Cahors électrique sont assurés par un alter- AQUITAINE dire Boeing. Agen nateur/démarreur en prise directe sur Nérac Montauban Après le lancement du Boeing 787, Dax Condom le corps Haute Pression (1) et tous les Mont-de- MIDI-PYRÉNÉES Albi les États-Unis ont dénoncé l’accord Marsan accessoires du moteur sont entraî- Auch TOULOUSE de 1992, et engagé une procédure Bayonne Mirande nés par moteur électrique, concept Muret contentieuse devant l’Organisa- novateur qui a justifié le soutien de Oloron- Pau Tarbes Montpellier tion mondiale du commerce. Ils Sainte-Marie la DPAC. 4 Saint- Pamiers Bagneres- Gaudens Foix Narbonne ont repris l’argument selon lequel Argelès- — Régis Noyé Gazost de-Bigorre Saint-Girons MER les avances remboursables euro- ©ICOM MEDITERRANEE (1) Partie du moteur située en aval ESPAGNE Perpignan péennes étaient en réalité des Andorra du compresseur. subventions déguisées. « C’est évidemment faux, souligne Élisa- ANIBAL, hélice silencieuse… beth Dallo, sous-directrice « Affai- res européennes et coopération L e vol à voile serait un sport parfaitement silencieux s’il ne fallait remorquer les planeurs avec des avions… Afin de réduire le bruit de ces remorqueurs, l’Onera (1) a défini et réalisé, en coopération avec la société lyonnaise Duc Hélices et la FFVV (2), une hélice permettant de gagner 10 dB sans réduire ses performances de plus de 3 %. internationale » à la DPAC. Notre système est beaucoup plus sain que le leur. Chez eux, les fonds octroyés Sous le nom de ANIBAL (Atténuation du NIveau de Bruit des Avions Légers), ce projet soutenu par la DPAC est sont sans contrepartie. l’un des axes de recherche pour une aviation légère plus écologique. ANIBAL intègre les trois principaux facteurs En Europe, ils donnent lieu à rem- de réduction sonore : une épaisseur minimale des pales (assurée grâce à une fabrication en composite carbone), boursement… » En réplique à la une charge peu élevée sur chaque pale (grâce à un nombre de pales qui passe de 2 à 5), et une vitesse réduite en plainte des États-Unis, l’Europe extrémité de pale (grâce à un diamètre ramené de 1,93 m à 1,68 m). Après avoir passé avec succès l’épreuve des a déposé plainte contre les sub- essais statiques en début d’année chez Duc Hélices, l’hélice ANIBAL, entraînée par un moteur de 180 chevaux, ventions publiques à Boeing. C’est devait effectuer des essais dynamiques au printemps sur le banc du SEFA (3) . Ces essais d’endurance, prévus sur le 14 juin 2007 que les autorités une cinquantaine d’heures, ouvriront la voie à des essais en vol programmés pour juin 2007. américaines devraient répondre aux (1) Office National d’Études et de Recherches Aéronautiques. arguments européens déposés à (2) Fédération Française de Vol à Voile. (3) Service d’Exploitation et de la Formation Aéronautique. Genève, le 22 mars. AVIATIONCivile 341 Juin 2007
L’intervi e w Essais au banc pour C h a rle s Ede l st e n ne , ©GIFAS le moteur SaM 146 président du Gifas Le moteur franco-russe SaM 146, Le Groupement des industries françaises destiné à équiper le biréacteur de aéronautiques et spatiales (GIFAS) annonce une 100 places SSJ 100 développé par Sukhoi, devait entamer au année 2006 « particulièrement intéressante » printemps en Russie des essais pour le secteur. Restent de nombreux défis à de certification sur un banc à l’air relever qui supposent un engagement fort libre, entièrement nouveau. Le de l’État. Le point avec son président. moteur étant suspendu avec sa nacelle en haut d’un mât, donc hors effet de sol, ce banc permettra de réaliser, d’une part, les essais de Comment se porte l’industrie aéronautique caractérisation des performances, française ? d’autre part, les essais spéciaux de Les bons résultats de 2006 confirment ceux de 2005 certification (ingestion d’oiseaux, et sont en ligne avec le dynamisme du trafic aérien d’eau, de grêle, etc.) et les besoins des compagnies aériennes des pays Ces essais font suite aux premiè- à forte croissance. Ils illustrent notre savoir-faire res rotations du moteur, effectuées et la capacité de notre industrie à profiter de la depuis l’été 2006, qui ont déjà per- croissance mondiale. mis de démontrer la poussée maxi- male certifiable de 18 000 livres (1) . Quels sont les défis à relever dans les années Ils précèdent les essais en vol, à venir ? qui sont prévus dès juin, au banc Ils sont nombreux : le taux de change euro-dollar qui d’essais volant sur un Illiouchine affecte notre capacité d’autofinancement et réduit 76 modifié. nos marges de 40 % ; la montée en puissance de nou- Le SSJ100, quant à lui, devrait faire velles concurrences ; la globalisation de l’industrie //—Se donner les moyens sa « sortie d’atelier » en septembre aéronautique. Ces trois facteurs fragilisent la chaîne prochain. Moteur entièrement nou- des fournisseurs. Enfin, les contraintes nouvelles de la réussite —// veau, le SaM 146 est développé par fixées par les réglementations en matière d’environ- Snecma et Saturn, au sein d’une nement et la raréfaction de la ressource pétrolière société commune à 50/50, de droit constituent également des enjeux importants. français, baptisée PowerJet. Il est Pour y répondre, les industriels mènent une straté- L’innovation et la recherche sont au cœur de dérivé du démonstrateur DEM21, gie active pour leur développement à l’international, cette industrie. Qu’est ce que le GIFAS attend de qui avait fait l’objet d’un contrat mais ils demandent au gouvernement une politique l’État français et de la Commission européenne de la DPAC, au début des années de soutien aux exportations, notamment au profit dans ce domaine ? 2000. Il bénéficie d’un soutien sous des PME et dans le secteur de la Défense. La R&D est, en effet, un enjeu majeur pour notre forme d’avances remboursables. industrie. Le succès actuel de nos matériels est le (1) Une livre équivaut à 0,453 kg de poussée. résultat des investissements en R&D que nous avons La bonne santé de l’industrie faits au cours des vingt dernières années. Le soutien public, coordonné et harmonisé entre aéronautique française institutions nationales et européennes est, dans ce Avec une croissance significative du chiffre d’affaires domaine, essentiel. Aux États-Unis, la R&D aéro- de 9 % à périmètre constant (32,1 milliards d’euros), nautique vient d’être déclarée priorité nationale. l’industrie aéronautique et spatiale française se porte En France, les crédits de la DPAC(1) ont reculé de bien. Le maintien des commandes à un très haut 53 % depuis 1990 et le budget des études amont de niveau (50,2 milliards d’euros) a contribué à cette la DGA(2), bien qu’en progrès depuis 4 ans, a reculé progression. Les livraisons à l’exportation ont atteint de 37 % depuis 1990 (en euro constant). 18,7 milliards d’euros, soit le plus haut niveau jamais Le GIFAS demande que soit mise en place une véri- enregistré. L’activité des équipementiers poursuit sa table politique de recherche aéronautique et spatiale, progression (+ 13 %), tant sur le marché français civile et militaire, dotée des moyens budgétaires qu’à l’exportation. Enfin, près de 9 000 salariés ont à la hauteur des enjeux et des ambitions de notre été recrutés en 2006, ainsi que 8 000 salariés inté- pays. 4 rimaires en équivalent temps plein. Les effectifs du — Propos recueillis par Béatrice Courtois ©SNecma secteur s’établissent à 132 000 personnes. (1) Direction des Programmes Aéronautiques et de la Coopération. (2) Délégation Générale pour l’Armement. AVIATIONCivile 341 Juin 2007
R e c h e r c he Le futur s’écrit Entretien avec Janez Potocnik, aujourd’hui Commissaire européen à la science et à la recherche Pour quelle raison la durée du European Sky ATM Research » qui ©Communauté européenne 2007 7e Programme cadre de recher- concerne un système amélioré de Le futur de l’aviation est toujours à inventer ! che et développement (PCRD) gestion du trafic aérien en coopéra- passe à sept ans, contre quatre tion avec Eurocontrol. Les sommes La nécessité de réduire les émissions de gaz ans auparavant ? allouées à ces deux projets sont res- à effet de serre, la hausse du prix du pétrole Pour le 7e PCRD, une période de pectivement de 850 et 350 millions sept ans a été retenue dans un d’euros, ce qui porte à 2,2 milliards et les perspectives de raréfaction de cette souci d’harmonisation avec la d’euros le montant global de sou- ressource à moyen terme, la saturation prochaine planification budgétaire de l’Union tiens directs à l’aéronautique. européenne. Cela étant, je pense Il convient également de men- de l’espace aérien occidental, l’émergence qu’une période plus longue pré- tionner la création d’un nouvel sente l’avantage de donner plus de organisme, le Conseil européen des compagnies à « bas coûts », l’apparition stabilité et moins d’incertitude aux de la recherche, qui sollicite des de nouvelles exigences en matière de sûreté, chercheurs européens. En même contributions du secteur de l’in- temps, ce programme a été conçu génierie, parmi d’autres disci- ou encore la concurrence entre les constructeurs de façon à permettre, tout au long plines scientifiques. Comme les d’avions sont autant d’éléments qui viennent de son existence, son adaptation à meilleurs projets seront récom- et des passagers, enfin l’explora- Quel premier bilan peut-on l’émergence de nouveaux besoins pensés, il est impossible de dire tion d’innovations radicales pour tirer de la mise en place et du bouleverser des schémas considérés comme dans le cadre des programmes de à l’avance quelles sommes seront le transport aérien du futur. fonctionnement des « plates- travail annuels, sans omettre la allouées à l’aéronautique. formes technologiques » ? durablement établis. possibilité de sa révision à mi-par- Avec les Initiatives technologi- Je pense que les plates-formes Ces exemples illustrent la complexité croissante cours si des modifications essen- Quels sont les grands axes de la ques conjointes(1), comme Clean technologiques européennes sont tielles s’avéraient nécessaires. recherche pour l’aéronautique Sky ou SESAR, le 7e PCRD intro- un exemple parfait de ce que nous du « système de transport aérien ». Il faut dans ce 7e PCRD ? duit de nouveaux types d’ins- sommes capables de faire lorsque en tenir compte pour orienter la recherche : pour La part du budget destinée à l’aé- L’objectif général dans le domaine truments pour la recherche. nous travaillons ensemble à l’échelle ronautique s’élève à 2,2 milliards de la recherche aéronautique est Qu’est-ce que la Commission européenne. Dans le secteur aéro- ©Virginie Valdois/Air France être encore plus pertinente, celle-ci devra, à d’euros. Qu’est-ce que cela repré- de satisfaire les besoins futurs de attend de ces nouveaux outils? nautique, par exemple, les indus- sente par rapport aux précédents notre société en termes de trans- Les Initiatives technologiques triels se sont mis d’accord sur une l’avenir, mieux associer les compétences PCRD ? Quelle est la signification port, d’environnement, de sécurité conjointes ont pour objectif de vision de ce que doit devenir leur et s’appuyer sur des approches systémiques. de cet effort budgétaire accru ? et de sûreté, tout en assurant la créer des partenariats public-privé industrie d’ici à 2020 et ils ont éla- On ne saurait établir une compa- compétitivité internationale de l’in- dans un nombre réduit de domaines boré un agenda de recherche pour La voie a été ouverte par le Conseil consultatif raison directe entre le 7e et le 6e dustrie aéronautique européenne très spécifiques, considérés comme atteindre cet objectif. Ce programme PCRD, dans la mesure où le nou- et des chercheurs. stratégiques pour la compétitivité de recherche est devenu la base du pour la recherche aéronautique en Europe veau programme présente une Les six principaux domaines de européenne, mais pour lesquels programme de recherche européen, (ACARE) (1) avec, notamment, en 2004, structure vraiment différente. recherche dans l’aéronautique davantage d’innovations et de ruptu- ainsi qu’un cadre pour la recherche Ce que je peux dire, c’est qu’avec sont en concordance avec l’Agenda res technologiques sont nécessaires. aéronautique nationale grâce à la seconde édition de son agenda stratégique 1,1 milliard d’euros, le budget alloué stratégique de recherche établi L’idée est de créer des partenariats l’implication de groupes « miroir » de recherche. Le 7 Programme cadre communautaire de recherche et développement e à la recherche collaborative « clas- par le Conseil consultatif pour la qui permettent de rassembler une nationaux. Dans l’ensemble nous sique » en aéronautique est en légère recherche aéronautique en Europe masse critique suffisante pour créer pouvons augmenter l’efficacité de de l’Union européenne (PCRD) offre maintenant l’opportunité de mettre en œuvre progression dans le 7e programme (ACARE). Nous allons donc couvrir une dynamique capable de fédérer notre recherche et éviter la disper- par rapport aux précédents. des thèmes tels que l’amélioration et de catalyser la recherche dans de sion, tout en donnant à l’industrie cette démarche dans les domaines de développement prioritaires du transport aérien : En outre, le 7e PCRD soutiendra des qualités environnementales du tels domaines, associant des finan- ce dont elle a besoin. les initiatives « Clean Sky », en ce qui concerne la performance environnementale, et SESAR, de nouvelles initiatives de parte- transport aérien, la réduction du cements publics et privés, et faisant nariats public-privé sous la forme temps de transport, l’adaptation en sorte que la recherche soit à la Est-ce que les objectifs fixés en matière de modernisation du système de gestion du trafic aérien, permettront, en effet, d’entreprises conjointes. Pour l’aé- du système de transport aérien fois bien coordonnée et réponde aux dans l’Agenda stratégique de de conduire la recherche aéronautique en Europe de manière davantage intégrée. 4 ronautique, celles actuellement aux usagers, l’amélioration de besoins de l’industrie européenne. l’ACARE pour le secteur aéro- en discussion sont l’initiative leur satisfaction et de la sécurité, L’objectif suprême est de faire de nautique à l’horizon 2020 sont — Jean-Luc Tinland technologique conjointe « Clean la réduction des coûts et l’amélio- l’Europe le chef de file mondial dans toujours d’actualité, ou bien (sous-directeur de la recherche et du développement à la DPAC) Sky » pour l’industrie aéronauti- ration de l’efficacité économique, la le développement de nouvelles tech- ont-ils évolué depuis leur der- (1) Advisory Council for Aeronautics Research in Europe. que européenne et SESAR « Single protection et la sûreté des aéronefs nologies dans ces domaines. nière mise à jour en 2004 ? === AVIATIONCivile 341 Juin 2007 AVIATIONCivile 341 Juin 2007
R e c h e r c he À ma connaissance l’édition 2004 de l’Agenda stratégique de recherche d’ACARE est toujours Clean Sky À la recherche du futur valable. C’est sur la base de cette version que nous avons établi notre programme de travail 2007 pour l’aéronautique. Mais l’idée est jus- tement de permettre des évolutions de ce genre de programme afin de prendre en compte de nouvelles questions telles que la proposi- avion vert tion d’inclure l’aviation dans le Comment concilier développement durable et augmentation du trafic aérien ? schéma européen d’échanges de droits d’émission. Bien entendu, En imaginant de nouveaux outils destinés à dynamiser et à optimiser les efforts notre programme de travail, validé de recherche en Europe via des partenariats établis entre le public et le privé chaque année, pourra refléter de telles modifications. et un mode de fonctionnement transversal. Telle est la raison d’être de l’initiative ©Airbus 2007 - S. Ramadier Au regard des difficultés technologique conjointe Clean Sky. rencontrées aujourd’hui par D Airbus, les efforts consentis evant la croissance annon- vert, explique Jean-Luc Tinland, soutenue par la DPAC et portée en termes d’innovation tech- cée du trafic mondial pour sous-directeur de la Recherche et par 9 sociétés européennes(5), nologique vous semblent-ils ce début de siècle, la réduc- du Développement à la DPAC(2), Clean Sky fait partie de ces dis- h Essais en vol de l’A380 au-dessus du Canada. suffisants pour permettre au tion de l’impact environnemental « il faut travailler sur des idées très positifs novateurs qui doivent constructeur aéronautique de du transport aérien constitue novatrices qui permettent d’intro- notamment avoir un impact fort relever les défis à venir ? un défi majeur pour l’industrie duire des technologies de rupture sur la compétitivité industrielle et les systèmes et l’« éco-concep- efficacement la maturation d’une présumée des industriels au sein au mieux les principes de transpa- Le programme aéronautique du 7e aéronautique. En témoignent les là où on n’arrive plus à progresser la croissance, et contribuer à des tion » (voir encadré). L’intérêt de technologie », note Bruno Stoufflet, de cette instance d’évaluation rence et d’équité, et l’efficacité du PCRD est conçu pour répondre aux objectifs fixés pour le secteur par de façon significative ». Dans le but objectifs politiques plus vastes. ce dispositif est de décloisonner directeur de la Prospective et technologique, auxquels seront processus de décision. Le schéma besoins à venir de l’industrie aéro- ACARE(1) qui visent à obtenir, de développer ces programmes de Une des particularités de Clean les différents domaines pour de la Stratégie scientifique chez bien évidemment associés des actuellement à l’étude propose nautique grâce à la recherche. Nous d’ici à 2020, une diminution du recherche au sein du 7e PCRD(3), Sky tient à un mode d’organisation leur permettre de développer Dassault Aviation. centres de recherche européens, d’organiser Clean Sky autour sommes donc ici dans un registre bruit par 2, une baisse de 50 % la Commission européenne a donc articulant des démonstrateurs de manière intégrée de grandes tels que l’ONERA en France ou d’un conseil exécutif composé différent des problèmes industriels des émissions de C02 et de 80 % lancé, dès 2004, le concept de l’Ini- technologiques, sortes de plates- démonstrations technologiques et Allier les objectifs le DLR (Deutsches Zentrum für des industriels porteurs du projet que connaît Airbus en ce moment. des émissions de Nox (oxydes tiative technologique conjointe(4), formes « aéronefs » (avion de plus de vérifier le plus rapidement pos- environnementaux et le Luft-und Raumfahrt) en Allema- et de la Commission européenne, Cela dit, les efforts actuels dans la d’azote), ainsi que la réduction une structure juridique spécifique de 100 places, avion d’affaires, sible la validité d’une orientation. pragmatisme du marché gne, illustre le pragmatisme d’une des « plates-formes » pilotées par recherche et le développement de l’impact environnemental lors basée sur le principe d’un parte- avion régional et hélicoptère) Les industriels réunis dans Clean Pour atteindre cet objectif, démarche de recherche intégrée un ou deux industriels respon- concernent toute la chaîne d’ap- des phases de fabrication et de nariat public-privé et sur des et trois « plates-formes » trans- Sky auront, par exemple, à plan- Clean Sky s’est doté d’un éva- autour d’objectifs environnemen- sables de l’avancement des tra- provisionnement de l’industrie (y retrait de service de l’avion. Pour règles de fonctionnement et de versales destinées à travailler cher sur un concept d’aile « intel- luateur de technologies destiné taux collectifs et répondant, dans vaux devant le conseil exécutif, compris Airbus) ; ainsi, la recher- y parvenir et créer cet avion plus gouvernance inédites. Fortement respectivement sur les moteurs, ligente » dont les réductions de à identifier les technologies et le même temps, aux réalités du et d’une assemblée générale che contribue-t-elle clairement à charges en vol offriraient de réels les concepts les plus promet- marché des industriels. Un autre incluant tous les partenaires. la mise au point des technologies gains en termes de performance et teurs et à en analyser les gains atout de Clean Sky réside dans la Une question ardue et longue- pour les générations futures d’avi- Vers une fabrication plus écologique des avions de retombées environnementales. potentiels. Tout à fait nouveau mobilisation de ressources impor- ment débattue par les différents ons civils. Nous soutenons les avi- tantes issues du public (800 mil- acteurs de Clean Sky, mais « qui onneurs européens, naturellement, Au sein de Clean Sky, Dassault Aviation sera chargé de copiloter le démonstrateur technologique consacré à lions d’euros financés par la a bien progressé », assure Jean- mais également les motoristes, les l’« éco-conception ». Une « plate-forme » plus exploratoire que les autres et qui aura la particularité de se pencher //—Clean Sky fait partie de ces dispositifs novateurs Communauté européenne) autant Luc Tinland. Une étape également équipementiers et les fournisseurs sur l’ensemble de la chaîne de fabrication pour prendre en compte l’impact environnemental dans l’élaboration qui doivent notamment avoir un impact fort sur la que du privé (800 millions d’euros incontournable pour permettre de systèmes embarqués afin de même des produits, et cela, tout au long de leur cycle de vie. compétitivité industrielle et la croissance.—// apportés par les industriels), sur à l’avion vert du XXIe siècle de ©Dassault Aviation développer des produits de haute Dans un contexte réglementaire de plus en plus exigeant, ce une période — 7 ans — qui donne prendre son envol… 4 technologie pouvant être fournis démonstrateur technologique explorera, notamment, les solu- « On doit franchir aujourd’hui une dans le domaine civil, cet outil vraiment le temps de concevoir et — Henri Cormier aux constructeurs aéronautiques tions permettant d’éliminer les composants toxiques, d’élaborer nouvelle étape dans la mesure où de pilotage de la recherche devra réaliser les bons démonstrateurs. (1) Advisory Council for Aeronautics Research dans le monde entier. Je crois que des processus de fabrication moins gourmands en énergie et on n’a pas réussi à atteindre le « prendre en compte l’ensemble À travers cette initiative techno- in Europe. (2) Direction des Programmes Aéronautiques des initiatives telles que ACARE et d’obtenir, dans le domaine des composites, des fibres plus recy- niveau de maturité pour certaines des possibilités technologiques, logique conjointe, il s’agit enfin et de la Coopération. Clean Sky renforceront notre coo- clables. Il s’agit également, explique Bruno Stoufflet, d’examiner technologies, notamment en ce qu’elles soient spécifiques à cha- d’engager un processus de ratio- (3) Programme Cadre de Recherche pération avec l’industrie aéronau- « comment aller vers des avions plus propres grâce à l’utilisation qui concerne les réductions des que “plate-forme” ou communes, nalisation des coûts en évitant et Développement. tique, en lui donnant une véritable exclusive de l’énergie électrique à bord ». Avec une ambition impacts environnementaux. Clean pour éclairer les choix et permettre les phénomènes de duplication. (4) JTI : Joint Technology Initiative. (5) Airbus, Dassault Aviation, Safran, Thales, possibilité de renforcer sa position pour le constructeur français : intégrer ces technologies très Sky doit permettre de limiter les de réaliser les démonstrateurs les Reste, néanmoins, à définir les Eurocopter, Rolls-Royce, Agusta Westland, globale. 4 novatrices dans la prochaine génération d’avions d’affaires. risques inhérents au lancement plus pertinents », souligne Jean- règles de gouvernance de ce nou- Alenia Aeronautica, Liebherr Aerospace. Saab (1) Joint Technology Initiative. d’un programme en menant plus Luc Tinland. La forte implication veau dispositif, afin de concilier Aerospace, EADS CASA. 10 AVIATIONCivile 341 Juin 2007 AVIATIONCivile 341 Juin 2007 11
R e c h e r c he du trafic aérien. Prestataires de ©Virginie Valdois/Air France services de navigation aérienne européens, utilisateurs de l’espace aérien, principaux gestionnaires d’aéroports…, plus d’une tren- taine de membres du consortium SESAR(2) ont déjà établi de concert un état des lieux du contrôle aérien actuel et dressé une liste de leurs attentes pour l’avenir. Ils travaillent désormais à élaborer le concept opérationnel, une propo- sition d’architecture et à identifier les technologies du futur système européen de contrôle aérien. Une collaboration tout à fait nouvelle qui doit permettre de concilier préoccupations individuelles et intérêts collectifs, « en se mettant d’accord sur des solutions qui ne sont pas des compromis au plus petit commun dénominateur », assure Christian Dumas. ©Skyguide ad hoc SESAR Quelles que soient les solutions technologiques retenues, le tra- h Grâce à une meilleure stratégie vail collectif développé lors de de l’innovation, le programme européen devrait accroître La nouvelle stratégie européenne cette première phase devrait les capacités du contrôle aérien, donc déboucher sur la déter- augmenter la sécurité, réduire cette structure autonome vise, budget spécifique à la recherche mination d’axes de recherches les impacts environnementaux en outre, à faire entrer tous les innovante qui pourra échapper et maîtriser les coûts. précis et consensuels. Tout le financements de la recherche au pilotage de la “Joint underta- monde devrait ainsi s’accorder dédiés au futur système de ges- king”. Au bout du compte, cette Lancé en novembre 2005, le programme européen SESAR (Single European Sky ATM sur les pistes qui devront être ad hoc associant la Commission à tion du trafic aérien dans son réorganisation de la recherche explorées dans des domaines Eurocontrol, auxquels devraient seul périmètre d’action et d’en devrait faire du programme Research) définit de nouvelles modalités pour la recherche dédiée à la gestion du trafic comme la gestion optimisée se joindre des prestataires de ser- optimiser ainsi l’utilisation. SESAR le principal vecteur de la aérien. Elles doivent, à terme, optimiser le système de contrôle aérien européen. des trajectoires, les outils avan- vices de navigation aérienne et Attention, prévient néanmoins modernisation du contrôle aérien cés d’aide à la décision pour les des industriels. Forte d’un budget Christian Dumas, à maintenir en Europe. Un programme qui contrôleurs, la gestion du trafic de 2,1 milliards d’euros étalés sur le fameux équilibre entre l’in- a pour ambition de contribuer «L es techniques de base vols annuels attendus d’ici à 2020, nés », explique Christian Dumas, ment de la part des usagers était sur les aéroports, les systèmes de 7 ans, cette structure aura pour dispensable rationalisation des à accroître substantiellement la utilisées par le contrôle et les défis à relever en termes directeur de projet SESAR. Une qu’ils ne se sentaient pas dans communication air-sol, la navi- mission de piloter et coordonner efforts de recherche et la néces- capacité de l’infrastructure en aérien datent de plu- de recherche et développement analyse partagée par Dominique la boucle de décision, que leurs gation par satellite, ou encore le les orientations précédemment saire dynamique de l’innovation : Europe, à augmenter la sécurité sieurs décennies. SESAR vise sont pour le moins ambitieux. En Stammler, adjoint au sous-direc- intérêts n’étaient pas assez pris en maintien des séparations grâce arrêtées dans le schéma directeur « On entend dire aujourd’hui que du contrôle aérien d’un facteur 10 à effectuer un véritable bond premier lieu, SESAR devra mettre teur chargé de la planification et compte ». Commencée à la fin 2005 à des systèmes embarqués. Au- et, en particulier, les actions de seuls 8 % des projets de recherche (division par 10 du nombre d’ac- technologique… », déclarait, en sur pied une organisation et un delà de cette phase de définition, recherche et développement qui ATM(3) sont réellement utilisés par cidents rapporté à l’heure de vol), novembre 2005, Jacques Barrot, processus de travail permettant //—La réorganisation de la recherche devrait faire financée à hauteur de 60 millions auront été définies. Un des prin- la suite. C’est effectivement très à diminuer de 10 % l’impact envi- commissaire européen en charge d’optimiser les actions de recher- d’euros par la Commission euro- cipaux apports de cette « Joint faible, mais pensez qu’à l’avenir ronnemental du trafic aérien et à du programme SESAR le principal vecteur des Transports. Nouveau grand che et d’éviter la dispersion des péenne et Eurocontrol (chacun undertaking », souligne Domi- 95 % de ces projets vont débou- diviser par 2 le coût du contrôle programme communautaire, efforts et des moyens financiers de la modernisation du contrôle aérien en Europe.—// pour moitié), et qui va nécessi- nique Stammler, réside dans sa cher sur des réalisations concrètes, aérien. 4 lancé à la suite de GALILEO, dus au manque de coordination ter un effort équivalant à près de capacité « à rassembler un certain relève de l’utopie. Pour ne pas tuer — Henri Cormier SESAR a pour objectif d’élaborer et à une traditionnelle culture de la stratégie à la DSNA(1), qui et s’étalant jusqu’en mars 2008, la 3 000 hommes/mois durant deux nombre de ressources financières l’innovation, il faut accepter que (1) Direction des Services de la Navigation un système européen de nouvelle du « chacun pour soi ». « Dans souligne les difficultés à mettre première phase de ce programme, ans, SESAR entamera une étape ou humaines d’origines différentes la recherche puisse parfois aussi aérienne. génération pour la gestion du tra- le domaine de la gestion du trafic en phase les orientations de la dite de « définition », a donc pour de développement jusqu’en 2013. et à les utiliser de la manière la ne pas aller dans le bon sens. » (2) Auxquels vient s’ajouter un groupe d’une vingtaine de membres associés, composé fic aérien dans les deux décennies aérien, il faut bien reconnaître que recherche avec les attentes sur le objectif d’initier une démarche Une autre organisation se met- plus cohérente en couvrant tous Pour cette raison, la seule entorse de centres de recherche, d’industriels et à venir. L’enjeu est de taille, au la Recherche et le Développement terrain : « Avant de lancer SESAR, participative impliquant tous les tra alors en place, via une “Joint les points importants et en évitant à ce principe de non-dispersion d’associations représentant les personnels. regard des quelque 16 millions de n’étaient pas vraiment coordon- le message qui revenait régulière- acteurs concernés par la gestion undertaking”, une entité juridique les redondances ». La création de des ressources concernera un (3) Air Traffic Management. 12 AVIATIONCivile 341 Juin 2007 AVIATIONCivile 341 Juin 2007 13
R e c h e r c he Matériaux composites Un acteur majeur dans l’aérostructure Le Groupe Latécoère, qui fêtera en 2007 ses quatre-vingt-dix années d’existence, est spécialisé dans les aérostructures. Il fournit des Le Groupe Latécoère monte tronçons de fuselage équipant, notamment, les Airbus A330/340 et A380, ainsi que des portes d’avions (1 500 produites en 2006) dont celles du tout nouveau Boeing 787. Le groupe est également présent dans les câblages embarqués, ainsi que dans l’ingénierie et les services. Avec un effectif de 3 400 personnes, dont 2 200 en France, le Groupe Latécoère a réalisé un chiffre d’affaires de 433 millions en puissance d’euros en 2006, en hausse de plus de 22 % par rapport à l’exercice précédent. Le Groupe Latécoère met actuellement en place toutes h Le site de Toulouse, où Latécoère à installé fibres de carbone – autant que sa structure de recherche et technologie : le Boeing 787 – au lieu des 40 % les structures lui permettant de devenir un partenaire le Centre de Compétence Composites. prévus originellement. Désireux de devenir un des par- majeur des grands constructeurs mondiaux tenaires de premier rang sur les dans le domaine des composites. de diamètre dans le courant de fuselages et portes passagers en l’année 2008. Ce démonstrateur composite et de réussir ainsi sa est la suite logique de l’évolu- mutation garante de la pérennité tion de l’introduction des pièces de l’entreprise, le Groupe Laté- S oucieux d’être présent L’objectif de cette nouvelle struc- composites dans les structures coère met donc tout en œuvre sur un marché qui croît ture de recherche et technologie, d’avions. Ce mouvement a d’abord pour, ainsi que le souligne Chris- de 9 % par an, Latécoère composée actuellement de cin- concerné les structures secondai- tian Beugnet, « être un partenaire n’a pas attendu l’avènement quante ingénieurs et techniciens, res (carénages ventraux, radôme, pour le fuselage de l’A350XWB des composites en aéronautique était de créer une équipe dédiée spoilers, gouvernes de direction), et, au-delà, pour les futurs pro- pour commencer à travailler sur aux composites, intégrant tous puis s’est étendu aux structures grammes des grands constructeurs ces nouveaux matériaux. Dès les les corps de métiers (conception, primaires comme les volets, cais- mondiaux. Parmi ceux-ci, figurent années 1980, l’équipementier calcul, préparation, fabrication, sons de dérives et stabilisateurs d’ores et déjà les appareils qui français a réalisé des nacelles outillage, qualité) afin de déve- horizontaux. Les composites remplaceront les Airbus A320 et ont ensuite touché les grandes Boeing 737 NG actuels ». 4 //—« Nous sentions que les composites allaient monter structures primaires de géomé- — Olivier Constant trie simple (poutres ventrales et (1) Le Groupe Latécoère s’apprête, par ailleurs, en puissance dans les structures d’avions. Nous avons à livrer un meuble en thermoplastique (carbone) cloisons de pressurisation), ainsi donc décidé, en 2002, de développer une stratégie que les grands sous-ensembles destiné à l’avion-cargo militaire A400M. (2) Direction des Programmes Aéronautiques industrielle pour anticiper ces évolutions. »—// primaires complexes, comme le et de la Coopération. caisson central de voilure et le de moteur en composite. Mais, lopper les activités composites caisson de voilure. Ainsi, le futur comme l’explique Christian pour tous les secteurs d’affaires A350XWB comportera 52 % de Beugnet, secrétaire général du de Latécoère et soutenir les pro- Groupe Latécoère, « nous sentions grammes en développement. h L’usine Letov, à Prague, filiale que les composites allaient monter Grâce à sa filiale tchèque Letov, de l’équipementier français. en puissance dans les structures acquise en 2000, le groupe a pu d’avions. Nous avons donc décidé, donner un nouveau coup d’ac- en 2002, de développer une stra- célérateur en créant à Prague tégie industrielle pour anticiper une usine dédiée à la fabrication ces évolutions. Cela s’est traduit, des éléments de porte composi- Pour autant, l’équipementier n’en site étant inéluctable, Latécoère trateur à l’échelle 1 sera livré en d’une section de fuselage cylin- dès cette année-là, par une prise tes, pour un investissement de a pas terminé avec les investisse- a lancé deux programmes de mai 2008. Labellisée par le pôle drique en composite. Le gain de de participation de 25 % dans la 20 millions d’euros. Cette unité ments de production. Il devrait, recherche et technologie majeurs. de compétitivité toulousain masse attendu est de l’ordre de société Corse Composites ». Le de production, implantée dans un en effet, décider à la mi-2007 de Dénommé COMDOR (COMposite Aerospace Vallée et financée à 20 % sur les éléments qui étaient groupe a, ainsi, été en mesure de pays à bas coûts de main-d’œu- construire une nouvelle usine DOoR), le premier vise à réaliser 50 % par la DPAC(2), cette nou- métalliques et qui seront désor- transférer toutes les productions vre, démarrera la production dédiée à la fabrication des élé- un démonstrateur d’une porte velle porte pourrait être indus- mais en carbone. Bénéficiant de série réalisées en composite industrielle de série des portes du ments de fuselage composites, sur passager en composite mono- trialisée aux alentours du milieu pour ce programme de l’appui vers sa nouvelle filiale. Les sur- Boeing 787 dans quelques mois. un site français. bloc. L’enjeu est de gagner 20 % de la prochaine décennie. de l’Agence pour l’Innovation faces libérées au sein de l’unité Latécoère fournira ainsi la pre- de masse par rapport aux portes Connu sous l’appellation de industrielle (A2I), Latécoère pré- de production toulousaine ont mière porte passager composite Virage technologique actuelles tout en améliorant la ADFUS (ADvanced FUSelage), voit de présenter ce démonstra- permis d’installer le Centre de au monde à être certifiée sur un La fabrication des fuselages et tenue en vieillissement, et cela, le second programme concerne teur correspondant à un fuselage Compétence Composites en 2004. avion civil(1). des portes en matériau compo- à un coût compétitif. Le démons- la réalisation d’un démonstrateur d’appareil de l’ordre de six mètres 14 AVIATIONCivile 341 Juin 2007 AVIATIONCivile 341 Juin 2007 15
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