Stage dans le cadre du LIFE Prairies bocagères en Fagne-Famenne et Calestienne

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Stage dans le cadre du LIFE Prairies bocagères en Fagne-Famenne et Calestienne
Université catholique de Louvain
                Faculté d'ingénierie biologique, agronomique et environnementale

    Stage dans le cadre du LIFE Prairies bocagères en Fagne-
                    Famenne et Calestienne

Marie Lanotte, BIRL1345

Maître de stage : Thibault Goret, Namur (Belgique)
                                                                                   Juin 2014
Stage dans le cadre du LIFE Prairies bocagères en Fagne-Famenne et Calestienne
Remerciements

Je tiens à remercier mon maitre de stage, Thibault Goret, pour son enthousiasme, son dynamisme, sa
disponibilité et ses solutions originales à tout problème. Je remercie l'équipe de Natagora pour leur
accueil dans les bureaux à Namur et pour la bonne ambiance qui y régnait. En particulier, Pierrette
Nyssen, responsable du groupe de travail Plecotus ainsi que tous les membres du groupe pour leurs
multiples conseils, leur grande disponibilité et le partage de leurs connaissances sur le sujet. Mes
remerciements également à l'asbl Jeunes et Nature pour l'organisation du camp thématique
chauves-souris, aux responsables et participants de ce camp pour l'excellente ambiance et l'entraide
mutuelle.

Finalement, je tiens à remercier ma maman pour son aide dans la rédaction de ce rapport.

La photo de couverture représente un paysage bocager de Revogne (M. Lanotte, Juillet 2013)

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Stage dans le cadre du LIFE Prairies bocagères en Fagne-Famenne et Calestienne
Table des matières
Remerciements ....................................................................................................................................... 2
1. Mots-clés et nombre de caractères..................................................................................................... 4
2. Activités prestées ................................................................................................................................ 5
3. Introduction ......................................................................................................................................... 7
4. Description du contexte ...................................................................................................................... 8
   4.1. Présentation des projets LIFE ....................................................................................................... 8
   4.2. LIFE Prairies bocagères ................................................................................................................. 9
       4.2.1. But ......................................................................................................................................... 9
       4.2.2. Organisation .......................................................................................................................... 9
       4.2.3. Partenaires .......................................................................................................................... 10
   4.3. Contexte physique ...................................................................................................................... 11
   4.4. Contexte socio-économique....................................................................................................... 12
5. Analyse du fonctionnement .............................................................................................................. 13
   5.1. Organisation globale .................................................................................................................. 13
   5.2. Contraintes ................................................................................................................................. 13
       5.2.1. Humaines ............................................................................................................................. 13
       5.2.2. Temporelles ......................................................................................................................... 13
       5.2.3. Suivi ..................................................................................................................................... 14
       5.2.4. Naturelles: géographiques, climatiques .............................................................................. 14
       5.2.5. Matérielles........................................................................................................................... 14
       5.2.6. Financement ........................................................................................................................ 15
   5.3. Développement d'une contrainte, contrainte humaine ............................................................ 15
6. Approfondissement d'une thématique: la protection des chauves-souris ....................................... 17
   6.1. Biologie ....................................................................................................................................... 17
   6.2. Services éco systémiques ........................................................................................................... 18
   6.3. Menaces ..................................................................................................................................... 18
   6.4. Solutions ..................................................................................................................................... 19
   6.5. Suivi ............................................................................................................................................ 20
7. Conclusion ......................................................................................................................................... 22
8. Résumé .............................................................................................................................................. 23
9. Références bibliographiques ............................................................................................................. 24
Annexes ................................................................................................................................................. 26

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Stage dans le cadre du LIFE Prairies bocagères en Fagne-Famenne et Calestienne
1. Mots-clés et nombre de caractères

Conservation de la nature
Restauration de prairies
LIFE Prairies bocagères
Chauves-souris
Cartographie

Nombre de caractères (espaces compris): 52 822

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Stage dans le cadre du LIFE Prairies bocagères en Fagne-Famenne et Calestienne
2. Activités prestées

Mon stage s'est divisé en trois grandes parties.
La première consistait à repérer, sur base d’images satellites, la présence de
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haies dans une zone de 5 km de rayon autour des quatre colonies de chauves-
                                                                                         par ArcGIS, colonie de Revogne
souris visées par le projet LIFE Prairies bocagères (Région de Fagne-Famenne et                    (M. Lanotte)
Calestienne).
Les projets LIFE sont des instruments pour la protection et conservation de la nature, financés par la
Commission Européenne. Le projet LIFE Prairies bocagères a pour but la restauration de prairies
bocagères1 en Fagne-Famenne et Calestienne.
Ce travail cartographique consistait à préparer le terrain pour la suite du projet.
Ensuite, il s'agissait de redessiner ces haies sur une nouvelle couche en système SIG (Système
d’Information Géographique), grâce au logiciel ArcGIS (Fig. 1).
Une "couche" en SIG peut s'assimiler à un "calque" sur lequel on dessine la présence d’éléments du
paysage tel que des haies ou d'autres informations jugées utiles pour le projet (réserves naturelles,
sites Natura2000, ...). Elle est indépendante des images satellites mais se superpose à celles-ci.
Pour réaliser ce travail, une définition détaillée de la notion "haies" a dû être précisée. Nous avons
adopté la suivante: un alignement d'arbres ou d'arbustes indigènes2, de moins de 20 m de large, de
plus de 20 m de long et dont l’espacement entre deux individus ligneux est de maximum de 5 m.
Ensuite, pour chaque colonie, j’ai sélectionné un certain nombre de zones à vérifier sur le terrain. Les
zones visées sont celles concernées par le projet LIFE (Fig. 4), ou des zones de connexion entre deux
massifs forestiers. Enfin, après vérification sur le terrain, les corrections ont été reportées sur la
couche SIG.
Pour la fin de mon stage, j'ai rejoint un camp Jeunes et Nature (asbl) sur la thématique des chauves-
souris. Ce camp alternait des formations théoriques sur la biologie des chauves-souris en journée,
des captures de ces chauves-souris à différents endroits en soirée (trajets en vélo) et des mesures
morphologiques de ces animaux.

Semaine 1: du 10/07/2013 au 12/07/2013
   o Mercredi 10: Familiarisation avec le logiciel ArcGis 10. Début de la cartographie du réseau de
       haies de la colonie de Couvin.
   o Jeudi 11: Cartographie du réseau de haies de la colonie de Couvin.
   o Vendredi 12: Vérification sur le terrain du travail réalisé par ordinateur sur la colonie de
       Couvin. Les principales sources d'erreurs proviennent des lisières, qui répondent aux critères
       de haies, à des haies d'origine non indigène et à des interruptions de plus de 5 mètres du
       réseau de haies, qui n'ont pas été détectées à l'échelle utilisée pour la cartographie par
       ordinateur. Changement de position d'un capteur SM2 près de la colonie de Revogne. Le
       SM2 est un appareil qui enregistre les ultrasons des chauves-souris lors de leur passage.

Semaine 2: du 15/07/2013 au 19/07/2013
   o Lundi 15: Correction du réseau de haies de la colonie de Couvin suite à la visite sur le terrain.
       Cartographie du réseau de haies de la colonie de Vaucelles. Le projet LIFE n'intervenant
       qu'en Belgique, la partie du cercle de 5 km de rayon située en France ne devait pas être
       cartographiée.
   o Mardi 16: Le matin, vérification sur le terrain du travail réalisé par ordinateur sur la colonie
       de Vaucelles. L'après-midi, changement de position d'un capteur SM2 près de la colonie de
       Revogne.

1
  "On appelle bocage une région où les champs et les prés sont enclos par des levées de terre portant des haies
ou des arbres marquant les limites de parcelles de tailles et de formes différentes, à l'habitat dispersé en
fermes et hameaux." (Futura sciences)
2
  Les espèces exotiques (tuya, laurier,…) sont exclues de cette définition

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Stage dans le cadre du LIFE Prairies bocagères en Fagne-Famenne et Calestienne
o   Mercredi 17: Correction du réseau de haies de la colonie de Vaucelles suite à la vérification
        sur le terrain. Encodage de fiches ornithologiques. Il s'agit d'anciennes fiches (depuis les
        années 70) qui n'ont pas encore été encodées dans la base de données AVES (association de
        protection des oiseaux).
    o   Jeudi 18: Cartographie du réseau de haies des colonies de Rochefort et de Revogne.
    o   Vendredi 19: Vérification sur le terrain du travail réalisé par ordinateur sur la colonie de
        Rochefort.

Semaine 3: du 22/07/2013 au 26/07/2013
   o Mardi 23: Correction du réseau de haies de la colonie de Rochefort suite à la vérification sur
       le terrain. Cartographie du réseau de haies de la colonie de Revogne.
   o Du mercredi 24 au vendredi 26: Vérification sur le terrain du travail réalisé par ordinateur sur
       la colonie de Revogne.
   o Jeudi 25: Visite d'une prairie maigre de fauche avec bande refuge pollinisateurs (MAE 9 :
       Mesures agri-environnent). Il y a eu un malentendu avec l'agriculteur, qui a fauché toute la
       prairie (sauf la bande refuge), alors que le responsable du projet LIFE voulait moissonner des
       graines sur la moitié. Discussion avec le conservateur des réserves de la région, puis
       l'agriculteur pour trouver des alternatives. Récolte de graines de rhinanthes (Rhinanthus
       minor) à Behotte (près de Rochefort). Le rhinanthe est une plante hémiparasite qui est
       utilisée dans le cadre du projet LIFE Prairies bocagères pour appauvrir les prairies au niveau
       nutriments et permettre le retour des dicotylées et donc augmenter la biodiversité.

Semaine 4: du 29/07/2013 au 04/08/2013
   o Du lundi 29 au mercredi 31: Statistiques sur les différentes colonies. Il s'agissait de calculer la
       fiabilité du travail réalisé par ordinateur, la densité du réseau de haies, la surface des zones
       boisées, leur proportion par rayon de 5 km,... Pour chaque colonie, il a fallu ajouter quelques
       couches, par exemple une couche dédiée aux zones boisées.
   o Jeudi 1: Vérification de la présence de colonies connues de chauves-souris dans des combles
       (église de Gemmenich, abbaye de Val-Dieu). Cependant, les températures étaient trop
       élevées et toutes les chauves-souris s'étaient cachées dans des recoins, ou étaient trop
       agitées pour pouvoir les compter. Leur présence est toutefois attestée car le sol était
       recouvert de ‘guano’ (excréments des chauves-souris).
   o Vendredi 2: Début du camp "chauve-souris" près de Beauraing. Présentation du protocole de
       capture, du projet LIFE et de l’association Plecotus. Exercice de montage et démontage de
       filets pour capturer les chauves-souris. Capture de chauves-souris dans une étable.
   o Samedi 3: Présentation d'un film sur les chauves-souris (Forget). Repérage des endroits de
       capture pour le soir. Capture de chauves-souris dans les bois de Revogne, dans le rayon de 5
       km de la colonie.
   o Dimanche 4: Formation sur les sons émis par les chauves-souris. Capture dans une réserve
       naturelle (réserve naturelle du Grand Quarti, commune de Beauraing et de Houyet). Capture
       d'une femelle de grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum, espèce très rare) et pose
       d'un émetteur sur celle-ci.

Semaine 5: du 05/08/2013 au 07/08/2013
   o Lundi 5: Recherche de l’individu grand rhinolophe dans les environs de l’endroit de capture.
       Nous ne l'avons pas trouvé. Comptage en émergence dans la colonie de Rochefort, pour
       déterminer leurs points d’entrée et de sortie de la maison. Capture à Lam-soul.
   o Mardi 6: Gestion dans la réserve de Behotte, dégagement de mares favorables au triton
       crêté (Triturus cristatus) (une des six espèces visées par le projet LIFE Prairies bocagères). Il
       s'agit de couper tous les arbres autour et jusque dans la mare et d'enlever les branches. En
       soirée, capture de chauves-souris dans une ferme, à Hour.
   o Mercredi 7: Capture dans une ferme, à Etrave.

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Stage dans le cadre du LIFE Prairies bocagères en Fagne-Famenne et Calestienne
3. Introduction

Mon stage s'est déroulé en Belgique, dans le cadre du projet LIFE Prairies bocagères. Les projets LIFE
sont des projets pour la restauration et la conservation de la nature, soutenus financièrement par la
Commission Européenne dans le cadre des réseaux Natura2000 (Directives "Oiseaux" (79/409/CEE)
et 'Habitats' (92/43/CEE)). Un projet LIFE est conçu à l'initiative de quelques partenaires (asbl,
DEMNA,…) qui doivent ensuite monter leur projet et faire la demande de financement auprès du
fonds LIFE.
Le projet LIFE Prairies bocagères vise à restaurer la qualité des prairies bocagères de Fagne-Famenne
et Calestienne (Sud du Sillon Sambre-et-Meuse). Ces prairies bocagères, habitats prioritaires
Natura2000 abritent plusieurs espèces en danger d'extinction et font l'objet de protection dans le
cadre de Natura2000. Parmi ces espèces, les chauves-souris représentent un groupe
particulièrement vulnérable. Mon stage consistait à cartographier le réseau de haies des sites à
restaurer ainsi que vérifier la présence de chauves-souris sur le terrain. La première partie de ce
travail se déroulait principalement dans les bureaux de Natagora avec quelques visites de vérification
sur les sites potentiels. Pour la seconde partie, de recensements de ces espèces, j'ai rejoint un camp
organisé par Jeunes et Nature (asbl) à Rochefort.

Etant sensibilisée aux problèmes de conservation de la nature et la gestion des milieux, je voulais
profiter de mon stage pour voir ce qui se faisait en pratique. Je souhaitais faire de la gestion de
milieux semi-naturels, de préférence par pâturage. J'ai donc envoyé mon CV et ma lettre de
motivation à de nombreuses personnes en Europe, sans obtenir de réponse positive. Ayant déjà
rencontré Thibault Goret, je me suis ensuite adressée à lui, sachant qu'il était devenu le responsable
d'un projet de restauration dans le cadre d'un LIFE. Il m'a accueillie chaleureusement. J'ai pu ainsi
m'intégrer pendant un mois dans le projet LIFE Prairies bocagères.

Je n'ai pas eu de difficulté à trouver les informations globales qui m'étaient nécessaires. Par contre,
pour trouver des références scientifiques et des rapports d'activités, la tâche s'est avérée plus ardue
car, d'une part, un tel projet est très appliqué, et d'autre part il n'a débuté qu'au printemps 2012.

Ce rapport de stage se centre donc sur ce projet LIFE Prairies bocagères. Il est divisé en trois grandes
parties. Une première partie décrit le contexte général, l'explication des projets LIFE et leurs finalités,
du projet LIFE Prairies bocagères avec ses objectifs, son organisation, ses principaux acteurs et les
sites visés. La deuxième partie se focalise sur le fonctionnement du projet et ses contraintes.
Finalement, la dernière partie concerne la biologie des chauves-souris, et le suivi de leurs
populations.

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Stage dans le cadre du LIFE Prairies bocagères en Fagne-Famenne et Calestienne
4. Description du contexte

4.1. Présentation des projets LIFE
La majorité des informations reprises dans ces paragraphes est issue du site
(http://ec.europa.eu/environment/life/index.htm). Sauf indication contraire, les références
concernent ce site web.
Le terme "LIFE" signifie "L'Instrument Financier pour l'Environnement". Il s'agit d'un programme par
lequel l'Union Européenne soutient des projets de conservation de la nature et environnementaux au
sein de ses Etats membres, pour répondre aux
recommandations du réseau Natura2000.
Ces projets LIFE s'intéressent soit à des espèces
prioritaires (Directive CEE, "oiseaux",...) (chauves-
souris, moule perlière,...) soit des habitats prioritaires
(tourbières, prairies bocagères,...).
Le réseau Natura2000 est formé de sites européens
qui concrétisent la mise en œuvre des Directives
européennes 'Oiseaux' (79/409/CEE) de 1979 et
'Habitats' (92/43/CEE) de 1992. Ces directives visent à
protéger un ensemble de sites et d'espèces considérés
prioritaires à l'échelle européenne. Le but du réseau
Natura2000 est de contribuer à la conservation de la
                                                                        Fig. 2: Réseau Natura2000 en Wallonie
biodiversité sur tout le territoire, sans négliger le côté
                                                             MRW/DGRNE/CRNFB - 03.02.2004 (http://biodiversite.wallonie.be)
socio-économique. Ainsi, l'exploitation de ces sites
n'est pas interdite. Les Etats membres sont tenus de rendre un rapport sur l'état de la conservation
des espèces et des habitats tous les 6 ans à la Communauté Européenne, le but étant d'améliorer cet
état.
En Wallonie, 240 sites couvrant 220 000 hectares font partie de ce réseau. Ce réseau s'étend sur tous
types de sols, avec des caractéristiques hydrologiques, géologiques, pédologiques et climatiques
diversifiées (Fig. 2).
En Wallonie, les projets LIFE "Nature et biodiversité" représentent un investissement de 211 millions
d'euros depuis 1992. La durée moyenne de ces projets varie entre 36 et 96 mois. Les projets LIFE
"politiques et gouvernances de l'environnement" ont une durée moyenne de 24 à 48 mois.

                                                                  Depuis 1992, les programmes LIFE ont
                                                                  cofinancé quelque 3954 projets de
                                                                  protection de l'environnement en
                                                                  Europe, soit une contribution
                                                                  d'environ 3,1 milliards d'euros. Dans
                                                                  ces projets LIFE, l'Union Européenne
                                                                  contribue financièrement à 50%, ou
                                                                  75% dans certains cas; les régions,
                                                                  asbl,    ou     autres     partenaires
                                                                  interviennent pour le reste.
             Fig. 3: Historique du programme LIFE
                                                                  Depuis 1992, quatre cycles de LIFE
      (http://ec.europa.eu/environment/life/index.htm)
                                                                  ont été complétés: LIFE I de 1992 à
1995; LIFE II de 1996 à 1999; LIFE III de 2000 à 2006 et LIFE + de 2007 à 2013 (Fig. 3).
En décembre 2013, le budget pour la période 2014-2020 a été établi à 3,4 milliards d'euros. Ce
nouveau programme couvre 3 priorités:
1) Environnement et rendements des ressources exploitées,
2) Nature et biodiversité,
3) Gouvernance environnementale, information et communication vis-à-vis du grand public.

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Stage dans le cadre du LIFE Prairies bocagères en Fagne-Famenne et Calestienne
En Région wallonne, ce sont 160 projets qui ont été cofinancés par l'Union Européenne depuis 1992,
pour un total de 170 millions d'euros sur 396 millions. Parmi ces projets LIFE, 91 concernent l'axe 1
pour les politiques et gouvernances de l'environnement, 67 l'axe 2 pour la conservation de la nature
et 2 l'axe 3 pour la communication.
Sept projets LIFE sont en cours. Il s'agit des LIFE Herbages, Prairies bocagères, Ardennes Liégeoises,
ELIA-RTE, Lomme, Papillons et Hélianthème.
Les projets LIFE cherchent à acquérir ou rétablir des milieux particuliers. Il y a donc une grande
diversité de sites concernés, avec leurs caractéristiques propres. Les projets LIFE concentrent leurs
actions sur les réserves déjà reconnues ou des sites faisant partie du réseau Natura2000, en
encourageant les agriculteurs et propriétaires des alentours à y participer et à reprendre la gestion à
la fin du projet.

4.2. LIFE Prairies bocagères
La majorité des informations reprises dans ces paragraphes est issue du site
(http://www.lifeprairiesbocageres.eu). Sauf indication contraire, les références concernent ce site
web.

4.2.1. But
Le projet LIFE Prairies bocagères (2012-2019) a pour but la restauration des prairies bocagères de
Fagne-Famenne et de Calestienne (Fig. 4). Les réseaux de haies dans les bocages ont eu de nombreux
rôles au cours du temps: délimiter et protéger l'espace agricole en conservant les sols, améliorer la
productivité (notamment par l'apport de matière organique), qualité des eaux (freiner la vitesse
d'écoulement et favoriser son infiltration dans le sol), filtrage des nitrates et dégradations des
substances actives, faire office de brise-vents, favoriser la biodiversité,… (Liagre, F.)

                                                                               Vaucelles                                     Revogne
                                                                               s
   Fig. 4: Les régions concernées par le LIFE Prairies bocagères. (D’après http://www.lifeprairiesbocageres.eu (à droite) et
                http://commons.wikimedia.org/wiki/File:R%C3%A9gions_naturelles_de_Belgique.jpg (à gauche))

Le projet concerne 150 hectares de prairies. Son but est d'établir un réseau de prairies à haute valeur
biologique où se retrouveront les éléments nécessaires à la survie de six espèces menacées: le triton
crêté (Triturus cristatus, amphibien), la pie-grièche écorcheur (Lanius collurio, oiseau), l'agrion de
Mercure (Coenagrion mercuriale, libellule) et trois espèces de chauves-souris: le murin à oreilles
échancrées (Myotise marginatus), le petit rhinolophe (Rhinolophus hipposideros) et le grand
rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum). La restauration de trois habitats prioritaires est également
visée par ce projet LIFE: prairies maigres de fauche, prairies humides du Molinion et mégaphorbaies.

4.2.2. Organisation
Ce projet a été initié en association avec Natagora et Virelles-Nature et est cofinancé par la
Commission Européenne à hauteur de 50 %.

                                                                                                                         9
Stage dans le cadre du LIFE Prairies bocagères en Fagne-Famenne et Calestienne
Le responsable de ce projet est Thibault Goret. Après ses études de bioingénieur, il a été pendant
plusieurs années conseiller MAE (mesures agro-environnementales) à l'UCL pour la région de Fagne-
Famenne. Il a ensuite été gérant d'une ferme biologique en Andalousie. Il est rentré en Belgique
lorsque le poste de responsable du projet LIFE Prairies bocagères lui a été proposé (comm. pers.).
Une équipe formée de trois équivalents plein temps est engagée pour la durée de ce projet. De
nombreux bénévoles, Natagora et plus particulièrement les régionales et commissions de gestion
locales de Famenne et d'Entre-Sambre-et-Meuse, ont déjà et auront un rôle important à jouer dans
ce projet.
Comme trois des espèces visées par le projet LIFE sont des chauves-souris, une bonne coopération
est nécessaire avec Plecotus, le groupe thématique sur les chauves-souris de Natagora. Celui-ci aide
et participe à la collecte de données, ainsi qu'à leur analyse. C'est dans ce cadre qu'un camp dédié
aux chauves-souris a été organisé en août 2013 pour les jeunes (asbl Jeunes et Nature).
Mon travail pendant les premières semaines consistait à repérer le réseau de haies dans un rayon de
cinq kilomètres autour des colonies de chauves-souris connues. En effet, les chauves-souris se
déplacent le long de haies ou d'autres éléments linéaires du paysage pour chasser. Pour le petit
rhinolophe, un espace vide (interruption du réseau de haies) de 5 mètres dans une haie est un
obstacle suffisant pour qu'il n'aille pas plus loin et néglige un terrain de chasse peut-être intéressant.
Il est donc important de connaitre les réseaux de haies pour pouvoir déduire les routes utilisées par
les chauves-souris, et permettre au projet LIFE d'augmenter le potentiel d'accueil par la restauration
et plantation de haies.
De plus, des enregistreurs d'ultra-sons ont été placés à différents endroits dans ces zones pour
déterminer leur fréquentation par les chauves-souris. L'analyse des enregistrements permet de
déterminer quelle espèce était présente à quel endroit et à quel moment. Au cours de mon stage, un
enregistrement d'un petit rhinolophe a été réalisé près d'un arbre au milieu d'une prairie, à
beaucoup plus de cinq mètres d'une haie. La distance de cinq mètres n'est pas absolue, les
conditions climatiques influencent les distances parcourues. De même, d'autres éléments du
paysage, les bords d'un champ de maïs, par exemple, peuvent être utilisés comme route de vol (Site
Plecotus). Ces observations permettent donc de mieux connaître ces espèces menacées.

4.2.3. Partenaires
La Commission Européenne finance 50% de ce projet.
Le partenaire local principal est Natagora, qui fournit également les locaux et du matériel nécessaire.
Le dernier partenaire est Virelles-Nature, qui aura la responsabilité de développer des outils de
communication, comme la réalisation d'un film et d'un module didactique de découverte des prairies
bocagères à l'aquascope de Virelles. Ces deux partenaires financent les autres 50% du projet,
notamment grâce à des sponsors, dont l'Arboretum Wespelaar, IKEA et la fondation Laperre. Une
campagne d'appel aux dons de particuliers a également été organisée.
"L’asbl Virelles-Nature est une filiale de plusieurs associations majeures de protection de la nature
que sont le WWF,NATAGORA, AVES, RNOB."3
Finalement, de nombreux bénévoles de Natagora, plus particulièrement des régionales et
commissions de gestion locale des réserves de Famenne et Entre Sambre-et-Meuse, soutiennent ce
projet et y apportent une aide technique non négligeable.

Natagora
Natagora est une asbl issue du rapprochement en juin 2003 de deux autres asbl, AVES et Réserves
Naturelles et Ornithologiques de Belgique RNOB. Son but est de préserver le patrimoine naturel, plus
précisément en Région wallonne et Région bruxelloise. Elle concentre ses efforts sur l'arrêt de la
dégradation de la biodiversité et la restauration et la gestion de milieux particuliers (en équilibre
avec les activités humaines). (Site Natagora)

3
http://www.aquascope.be/divers/partenaires1.html

                                                                                                       10
Une des activités principales de Natagora est la sensibilisation et l'éducation du public. Pour ce faire,
Natagora organise de nombreuses conférences, stages, formations,... pour tout public, des enfants
aux adultes. De nombreux camps sont par exemple organisés pour les jeunes en été.
L'asbl Natagora est organisée en plusieurs groupes. Le premier représente les groupes de travail,
essentiellement portés par l'action des volontaires. Le second concerne les commissions de gestion,
qui s'occupent des réserves naturelles avec un double but: la gestion de la réserve et l'extension du
réseau de sites protégés par Natagora. Enfin, un dernier groupe rassemble les jeunes entre 12 et 25
ans.
Les principaux groupes thématiques sont les suivants: Raînne (batraciens et reptiles), Plecotus
(Chauves-souris) et plusieurs groupes de travail: Poissons, Mammifères non volants, Orthoptères
(insectes). D'autre part, le centre ornithologique Aves étudie les oiseaux, il comprend notamment,
pour les espèces en danger, un groupe de travail pour les hirondelles et un autre pour les busards.

A ce jour, Natagora possède 130 réserves naturelles, recouvrant 4300 hectares. Natagora agit
également auprès des propriétaires et agriculteurs, sur une surface de plusieurs milliers d'hectares
lors de programmes de restauration. Environ 150 agriculteurs wallons travaillent et réalisent une
production, sur plus de 500 hectares de prairies en réserves naturelles Natagora.
Les réserves naturelles sont gérées grâce à un plan de gestion établi pour chaque site. Ces sites sont
choisis pour leurs intérêts biologiques par rapport à la préservation de la nature. Il s'agit de milieux
prioritaires, type pelouses sèches, prés maigres, prairies humides, tourbières,... En rétablissant les
conditions d'équilibre dans ces systèmes, des espèces sensibles plus rares peuvent survivre dans ces
milieux et s'y développer. Le statut de réserve assure une protection forte et durable pour des
espèces animales et végétales en danger ainsi que pour les habitats car ces réserves permettent la
protection des derniers noyaux de population de ces espèces contre l'exploitation intensive et
l'urbanisation rapide.

Plecotus
Le groupe Plecotus est le groupe de travail de Natagora dédié aux chauves-souris. Il est également
membre de l'ONG internationale BatLife Europe. Le groupe Plecotus s'intéresse à l'observation,
l'étude, la protection des chauves-souris, ainsi que la sensibilisation et des activités d'éducation du
public. En plus de cela, il a mis en place le service "SOS chauves-souris", qui permet aux particuliers
de demander des conseils ou de signaler la présence d'une colonie de chauves-souris chez eux. (Site
Plecotus)
Lors du camp thématique organisé dans le cadre du projet LIFE et ouvert aux adolescents, des
intervenants de ce groupe nous ont fourni de nombreuses informations sur la vie de ces mammifères
volants. Nous avons également pratiqué le montage et démontage des filets servant à capturer les
chauves-souris. Notre rôle, en tant que stagiaires, était de placer les filets, repérer et signaler les
chauves-souris piégées et globalement, assister les personnes manipulant les chauves-souris. Seules
les personnes habilitées (vaccinées contre la rage, maladie toujours présente chez ces animaux) et
ayant une autorisation (du DNF) peuvent manipuler les individus (mesures poids, taille, sexe,...).

4.3. Contexte physique
Les colonies de chauves-souris que j'ai observées se situent à Revogne, Rochefort, Couvin et
Vaucelles, toutes incluses dans la région de Fagne-Famenne et de la Calestienne, dans la zone
délimitée pour le projet LIFE Prairies bocagères (Fig. 3).
La région de Fagne-Famenne dont l’altitude est comprise entre 140 et 300 m, est composée
essentiellement de terrains schisteux.
La Fagne se situe à l'Ouest de la Meuse, et la Famenne à l'Est, entre le Plateau du Condroz et le
Plateau ardennais. Les vallées sont traversées par des cours d'eau, dont la Lesse en Famenne. Cette
région est formée de roches schisteuses et schisto-gréseuses, qui génèrent des sols argileux
compacts, souvent superficiels, de mauvaise qualité.

                                                                                                      11
La zone de la Calestienne se situe au Sud
de la Fagne-Famenne (Fig. 5). Elle s'étend
sur une bande d'environ 10 km de large et
130 km de long. Elle a un relief marqué et
forme un plateau calcaire, ne subsistant le
plus souvent que sous forme de tiennes
(buttes allongées) avec quelques zones
schisto-gréseuses.        De      nombreux
phénomènes karstiques y prennent place.
L'altitude est légèrement plus élevée
qu'en Fagne-Famenne puisqu'elle varie
entre 200 et 350 mètres. Elle est formée
de nombreuses vallées encaissées,
parcourues par des cours d'eau, l'Eau
Blanche et l'Eau Noire, avec leurs
affluents. (Site biodiversité Wallonie)                       Fig. 5: Région Fagne-Famenne et Calestienne
                                                                  (http://www.acasecondaire.be/olloy/)
4.4. Contexte socio-économique
La Fagne-Famenne et la Calestienne sont situées loin de tout grand centre urbain. Le camp militaire
de Marche-en-Famenne est toutefois à prendre en compte au niveau offre d'emplois et population
locale. Les sols présentent de fortes contraintes pour l'agriculture, les zones agricoles sont
principalement des prairies.
La région de Fagne-Famenne est vouée à l'élevage (45% de sa surface) et à l'occupation par des bois
et forêts (plus de 50 %), qui sont essentiellement des taillis-sous-futaie de chênes. Elle est constituée
essentiellement d'argiles gonflants, ce qui empêche les cultures, en effet, le sol est trop sec en été et
trop humide en hiver. (C. Billen)
Les principales activités économiques en Calestienne se limitent à quelques brasseries ainsi que la
carrière de la Boverie, gérée par Lhoist Industrie, pour extraire le calcaire (chaux). Cette
multinationale est actuellement en conflit avec la brasserie de Rochefort pour l'approfondissement
de la carrière. L'abbaye de Rochefort s'inquiète de la qualité de l'eau pour le brassage de la bière
suite à l'approfondissement (172 m) de la carrière, tandis que Lhoist Industrie assure que la qualité
restera identique. (Site Carrière de la Boverie).
Ces deux régions présentent un des plus haut taux de chômage en Belgique: environ 13 % à Marche-
en-Famenne, contre une moyenne nationale d'environ 9%. La ville de Chimay a un taux de chômage
proche 19 % (L'avenir). Le taux de chômage est moindre à Marche-en-Famenne sans doute par la
présence du camp militaire.

                                                                                                            12
5. Analyse du fonctionnement

5.1. Organisation globale
Comme tout projet LIFE, le projet LIFE Prairies bocagères est parti du constat que les milieux
bocagers étaient en mauvais état de conservation. En effet, les nombreux amendements apportés à
ces prairies, arbres et haies détruits, ainsi que les mares et autres éléments aquatiques asséchés ont
modifié l'équilibre de ces prairies bocagères. (T. Goret, comm. pers.)
Les terrains sur lesquels se déroulent les projets LIFE, ou les activités des groupes thématiques d'asbl
telles que Natagora sont variés. Les projets LIFE cherchent à acquérir ou rétablir des milieux
particuliers (listés dans Natura2000), tandis que les groupes de travail (par exemple Plecotus), sont
actifs aux endroits où sont présentes leurs espèces d'étude. Natagora a donc une grande diversité de
sites de travail, avec des caractéristiques différentes et propres à chaque lieu. Les projets LIFE vont
concentrer leurs actions sur les réserves existantes et sur des sites potentiellement restaurables à
acheter ou à louer aux propriétaires.
Leur mise en œuvre et leur réussite à long terme requiert une série d'étapes.
Le projet LIFE Prairies bocagères a commencé en 2012 et se terminera en 2019. Il comporte plusieurs
objectifs. Premièrement, il faut préparer, c'est-à-dire inventorier l'état actuel des habitats et des
espèces, ainsi qu'étudier les techniques de restauration possibles, pour pouvoir ensuite appliquer les
plus efficaces à la restauration. Cette étude se fait grâce à des essais sur le terrain. Un an après le
début de ce projet, cette étape est presque atteinte. Le deuxième objectif consiste à protéger ces
sites en leur attribuant le statut de réserve naturelle. Le troisième objectif est la restauration des
sites. Pour cela, des interventions manuelles et/ou
mécaniques sont nécessaires (Fig. 6). Le quatrième objectif
est la gestion de ces réserves, pour le maintien d'un bon état
de conservation à long terme. Une association avec les
agriculteurs est alors nécessaire, car ils effectueront cette
gestion, tout en en retirant une production économiquement
viable. Le dernier objectif consiste à sensibiliser le public local
de l'intérêt de leur région, ainsi que les agriculteurs et les
gestionnaires, à la conservation de la nature et aux services
qui lui sont associés. Le projet consiste à mettre en place un
                                                                        Fig. 6: Dégagement d'une mare lors du stage avec les
système de suivi des espèces et des habitats pendant, mais
                                                                                participants du camp Jeunes et Nature
également après le projet. (T. Goret).
                                                                                  (http://www.lifeprairiesbocageres.eu)

5.2. Contraintes
5.2.1. Humaines
Comme le bon fonctionnement du projet se base essentiellement sur les bénévoles, une des
contraintes les plus importantes est humaine. Elle comprend l'inexpérience des gens amenés à
diriger ces projets ainsi que la disponibilité et la "bonne volonté" des bénévoles pour faire avancer ce
projet. Cette contrainte sera développée plus en détail par la suite.

5.2.2. Temporelles
Les personnes employées lors de ces projets sont toutes sur contrats temporaires. La plupart d'entre
elles ne sont pas des spécialistes du sujet particulier du LIFE et doivent donc se former en même
temps.
Les projets LIFE se déroulent sur des durées relativement courtes en termes de restauration de
milieux, ce qui signifie que les délais sont parfois courts pour mener à bien la réalisation de
l'entièreté du projet. Le LIFE Prairies bocagères a une durée de 7 ans, ce qui est plus long que les LIFE
précédents, qui avaient plutôt une durée de 5 ans (Site European Commission).

                                                                                                                13
Les autorités se sont rendues compte lors des LIFE précédents (LIFE I, II et III) que le temps laissé
pour compléter ces projets était fort court et donc les programmes LIFE + (de 2007 à 2013) ont pris
ce facteur en compte et ont augmenté la durée de certains projets (par exemple le LIFE Papillons).

5.2.3. Suivi
Comme les projets LIFE sont limités dans le temps, il n'est pas possible de faire un suivi à long terme
dans le cadre du projet en lui-même. Ce suivi doit donc être assuré par les particuliers qui ont
participé au LIFE et par les scientifiques du SPW (DEMNA). Des problèmes de financement
apparaissent également à long terme, car les contrats avec les co-financeurs et donateurs sont
terminés. Pour moi, ce suivi post LIFE est un des points qu'il faudrait améliorer, pour que les LIFE
puissent avoir un impact plus important sur le long terme. Des moyens humains et financiers
devraient être dégagés par la Région wallonne.
Il y a très peu de suivis sur les actions prises durant les LIFE, ou sur ce qui a bien fonctionné. Ce qui
veut dire que si un autre projet (pas spécialement dans le cadre d'un LIFE) commence sur la même
thématique, les acteurs recommencent sans profiter de l'expérience acquise. Je pense pourtant qu'il
ne serait pas trop contraignant de garder un compte-rendu de tout ce qui a été fait, pour pouvoir
servir de guidelines aux suivants et organiser des rencontres "partage d'expertise".

5.2.4. Naturelles: géographiques, climatiques
Les bureaux mis à disposition par Natagora se situent à Namur tout près de la
gare. Par contre, une grande partie du travail se fait sur le terrain, qui n'est pas
toujours accessible par les transports en commun. Ces sites se trouvent dans
des réserves, ou non, comme pour la reconnaissance de prairies qui vont être
achetées par le projet LIFE, ...
Les contraintes climatiques sont très importantes, notamment pour tout ce qui
concerne les récoltes. Les agriculteurs faisant partie du projet LIFE Prairies
bocagères doivent réaliser une fauche tardive (Fig. 7), après le15 juillet, et ce,
pour permettre aux plantes herbacées de compléter leur cycle de reproduction.
Cette année, à cause du long hiver, les fauches tardives ont été
particulièrement propices aux agriculteurs, qui, en fin de compte, ont eu des           Fig. 7: Fauche tardive avec bande
résultats similaires à ceux des autres agriculteurs qui ne pratiquent pas de                          refuge
fauche tardive. Bien sûr, ces fauches n'ont pas rempli leur rôle, vu que toutes      (http://www.lifeprairiesbocageres.eu)
les plantes n'ont pas pu compléter leur cycle de développement.
Des bandes refuges sont également demandées des agriculteurs. Il s'agit de laisser des bandes de 2
mètres de large le long de prairies, non fauchées. Ces bandes refuges permettent aux insectes,
principalement, de continuer à trouver de la nourriture même si le reste de la parcelle est fauché. J'ai
ainsi pu observer que ces bandes accueillent des quantités élevées de papillons.

5.2.5. Matérielles
Comme les actions de l'asbl Natagora et du projet LIFE sont réparties sur une zone de superficie
étendue, et que différentes personnes travaillent à différents endroits en même temps, la
disponibilité du matériel pose parfois problème. De plus, lors d'activités comme le dégagement d'une
mare, ce sont les mêmes outils, mais en grand nombre, qui sont nécessaires. Des bénévoles gardent
alors chez eux tout un stock de matériel: sécateurs, bêches,... que les membres du projet LIFE, ou
plus globalement de Natagora, peuvent venir emprunter quand ils en ont besoin.
Les locaux dans lesquels travaillent les personnes du projet LIFE ainsi que les ordinateurs sont prêtés
par Natagora pour la durée du projet.
Lors du camp "chauves-souris", nous nous déplacions entre les différents endroits à vélo. Les
membres de Plecotus qui nous accompagnaient pour les captures prenaient le matériel nécessaire
dans leur voiture. Il y a eu quelques soucis matériels sur les vélos. Mais pour les régler, nous

                                                                                                        14
dépendions de ces personnes motorisées car personne au camp ne disposait d'une voiture pour
emmener les vélos en réparation. Cette contrainte nous a parfois fait perdre beaucoup de temps.

5.2.6. Financement
Le LIFE Prairies bocagères rassemble une somme de 4,12 millions d'euros, dont 50% proviennent de
l'Union Européenne. Natagora rassemble 2,057 millions d'euros et Virelles rassemble 2,500 euros.
La majorité de cet argent contribue à l'achat de terrains à restaurer (41,26%) et au frais de personnel
(34,65%). Le reste du budget est utilisé pour l'achat de matériel, etc. (Voir annexe 4 pour détails). A
chacune des actions est associée une part financière pour le personnel, la subsistance, l'aide
extérieure si nécessaire, les infrastructures, l'équipement, l'achat ou la location des terres, et autres
couts.
La répartition du budget du projet entre postes financiers est bien établie ainsi que la planification
des dépenses, ce qui me semble important pour un projet de cette ampleur.

5.3. Développement d'une contrainte, contrainte humaine
Le projet LIFE se base sur un partenariat avec des bénévoles, le groupe Plecotus, des agriculteurs et
l'asbl Jeunes et Nature (pour les camps). Le projet est dirigé par un chef de projet. Pour le LIFE
Prairies bocagères, il s'agit de Thibault Goret. Les chefs de projet sont des personnes très engagées,
motivées, enthousiastes, mais qui n'ont souvent aucune ou très peu de connaissances sur la
thématique du projet et plus précisément sur les techniques de restauration à mettre en œuvre. Les
bénévoles ne sont pas non plus spécialement formés pour ces projets. Ces projets LIFE reposent donc
sur un très faible effectif en personnel, qui doit être formé en un court laps de temps à des tâches
nouvelles. Dans ce cas, par contre, T. Goret, ayant été conseiller MAE durant plusieurs années, puis
agriculteur, les difficultés sont moindres.
Le LIFE Prairies bocagères repose ainsi beaucoup sur le groupe Plecotus pour tout ce qui concerne
l'expertise chauves-souris.
Le projet LIFE compte également sur des bénévoles. Ceux-ci sont un atout du projet LIFE, car ils
habitent dans le territoire et peuvent donc rapidement être sur place comme représentants du LIFE
lors de problèmes, ou pour les actions de gestion (dégagement ou creusement de mares,...). Ils
offrent également une grande diversité de compétences. Il faut tout de même prendre en compte
qu'il s'agit de bénévoles, et non de professionnels, avec des expertises variables. Le projet compte
également beaucoup sur leur bonne volonté, et bien sûr, leur disponibilité. Il faut donc bien cerner
le problème auquel le LIFE est confronté pour pouvoir envoyer le bénévole le plus apte à le résoudre.
Par exemple, j'ai rencontré un bénévole garagiste, très bricoleur, passionné par les chauves-souris. Il
avait un enregistreur de sons de chauves-souris à sa disposition mais ne s'en sortait pas pour le
traitement des données. Par contre, en une après-midi, il a amélioré un détecteur en lui ajoutant une
lanière pour le porter plus facilement, et surtout ne pas le perdre lors de traques de chauve-souris,
qui sont parfois assez hasardeuses.

Une chose essentielle entre tous les acteurs pour permettre le bon fonctionnement du projet est la
communication, entre le bureau et les volontaires, mais également avec les agriculteurs et acteurs de
terrain. Un autre exemple que j'ai rencontré durant mon stage est celui d'un agriculteur possédant
une prairie de haute valeur biologique, faisant partie du projet LIFE. Mon maître de stage voulait
faire moissonner cette prairie (par l'entreprise ECOSEM) pour récolter le mélange de graines et
pouvoir sursemer une autre prairie de faible valeur biologique en restauration, située à quelques
kilomètres. Il y a eu un malentendu entre lui et l'agriculteur car ce dernier a fauché la prairie, pensant
que le chef de projet comptait juste récupérer quelques ballots (une autre technique utilisée pour
ramener des graines dans une prairie). Pour finir, il a été décidé, avec le conservateur de la réserve,
de récupérer une partie des ballots de cette prairie et de faire une moisson de graines sur une partie
des zones refuges de cette même prairie.

                                                                                                       15
Vu le nombre de volontaires et bénévoles présents, la main d'œuvre lors des actions de gestion est
rarement un problème. Par contre, l'encadrement par des personnes compétentes, peut l'être.
Dans le cadre du camp sur les chauves-souris, il fallait deux personnes aptes à manipuler les chauves-
souris chaque soir, pour pouvoir former deux groupes de capture à deux endroits différents. Tout le
monde ne peut manipuler les chauves-souris, car ce sont les seuls animaux en Belgique encore
vecteurs de rage. Il faut donc être vacciné pour pouvoir manier ces mammifères en toute sécurité.
De plus, il faut savoir comment les manœuvrer. Finalement, une autorisation délivrée par le DNF
(Division Nature et Forêts) sur avis du Conseil Supérieur wallon de la Conservation de la Nature est
nécessaire pour pouvoir les capturer, déplacer des colonies ou poser un émetteur.

Le projet LIFE se base donc énormément sur le volontariat des personnes et leur disponibilité. Je ne
pense pas que ce soit un système de fonctionnement optimal. Une équipe plus étoffée de personnes
choisies pour leurs compétences et rémunérées rendrait leur implication plus prévisible. Cependant,
les projets LIFE comportent toujours un volet sensibilisation du public et le fait de motiver les
habitants de la région rend ce projet participatif et permet d'impliquer les acteurs locaux dans ces
enjeux environnementaux (et sociétaux).

Dans le cadre du camp, nous nous rendions d'un endroit à l'autre en vélo, sauf une nuit où le site
était trop éloigné (environ 35 km) et on nous y a emmenés en voiture, mais cela posait le problème
d'avoir assez de voitures pour emmener tout le monde en plus du matériel. Donc ce n'est pas tout
d'avoir des bénévoles, il faut également pouvoir fournir le matériel et les moyens de transport si
nécessaire.

Je ne trouve pas normal qu'un pays riche comme la Belgique se repose autant sur les bénévoles pour
la conservation de la nature. Etant donné que l'Union Européenne finance les projets LIFE à environ
50%, il me semble que la Région wallonne pourrait faire plus d'efforts pour ne pas baser la
conservation de la nature en grande partie sur des bénévoles. Pour moi, les aides financières que
peuvent recevoir les agriculteurs par le biais des MAE ne sont pas suffisantes, la Région wallonne
pourrait faire plus, par exemple, mieux rémunérer du personnel qualifié, encadrer des volontaires
locaux (avec rémunération minimale), engager des moyens humains et financiers pour le suivi à long
terme de ces actions de restauration. Et il serait utile de proposer une politique de conservation de la
nature en précisant des objectifs de restauration et de gestion en termes d'habitats et espèces
prioritaires, surfaces, budget, etc.
Néanmoins, je comprends l'importance des bénévoles, que ce soit pour la réalisation de projets ou
simplement pour le fait que des gens se soucient assez de la nature et sa conservation pour y
consacrer une partie de leur temps. Je trouve que cette participation est une bonne idée, car cela
permet une plus grande sensibilisation des gens s'ils sont directement impliqués dans les projets. De
plus, je ne pense pas que ces projets seraient réalisables, que ce soit sur la durée du projet ou sur le
long terme, sans l'action de ces bénévoles.

Malgré ces limites, je ne doute pas que ce projet LIFE puisse réaliser ses objectifs et réellement
permette de restaurer ces prairies bocagères.

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