UN EXCÈS DE BONNES CHOSES ? - VOLUME 6 | LES POINTS DE VUE DE FRANKLIN TEMPLETON FIXED INCOME

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UN EXCÈS DE BONNES CHOSES ? - VOLUME 6 | LES POINTS DE VUE DE FRANKLIN TEMPLETON FIXED INCOME
UN EXCÈS DE
 BONNES CHOSES ?
 Avril 2021

VOLUME 6 | LES POINTS DE VUE DE FRANKLIN TEMPLETON FIXED INCOME
UN EXCÈS DE BONNES CHOSES ? - VOLUME 6 | LES POINTS DE VUE DE FRANKLIN TEMPLETON FIXED INCOME
Dans ce              L’évolution de la situation au cours des premiers mois de l’année a confirmé les pers-
numéro               pectives prudemment optimistes présentées dans nos point de vue trimestriels
                     précédents et a fait basculer la balance des risques macros et des risques d’investis-
                     sement à court terme et à moyen terme. Les campagnes de vaccination se sont
                     accélérées rapidement aux États-Unis et dans plusieurs autres pays, ouvrant la voie
                     à la réouverture des entreprises au cours des prochains mois. Début janvier, les
                     Démocrates américains ont pris le contrôle du Sénat en remportant les deux élections
                     de ballottage en Géorgie. Ils ont lancé la plus vaste expansion budgétaire jamais enre-
                     gistrée en temps de paix avec l’approbation d’un programme de relance budgétaire de
                     1 900 milliards de dollars, y compris de nombreux paiements aux ménages et aux
                     États, et ils évoquent à présent un programme d’investissement dans les infrastruc-
                     tures de 3 000 milliards USD. Pendant ce temps, la Réserve fédérale des États-Unis
                     (Fed) a répété que, quelle que soit l’ampleur des mesures de relance budgétaire, elle
                     compte maintenir sa politique extrêmement accommodante jusqu’à ce que le rétablis-
                     sement du marché de l’emploi ait atteint les catégories défavorisées et jusqu’à ce que
                     l’inflation ait dépassé l’objectif pendant un certain temps.
                     Les finances des ménages se portent déjà bien et l’économie a démontré jusqu’à
                     présent sa capacité à rebondir. En conséquence, nous pensons que la stimulation
                     budgétaire sans précédent augmente les chances d’une surchauffe de l’économe
                     américaine dans le courant de l’année et l’année prochaine. Le débat sur la reflation,
                     en veilleuse il y a encore trois mois, a repris de plus belle. Le consensus se range
                     encore plus ou moins à la position officielle rassurante de la Fed : les prévisions d’in-
                     flation vont rester bien ancrées, la pression à la hausse des salaires va rester modérée,
                     le rebond d’inflation restera temporaire et la Fed ajustera les politiques en douceur
                     une fois qu’elle aura atteint ses objectifs. Ce serait magnifique, mais nous pensons
                     qu’il serait inconscient d’ignorer les risques à ce stade : le gouvernement apporte une
                     stimulation impressionnante à une économie déjà en cours de relance alors que les
                     prix des matières premières sont déjà en hausse, ce qui témoigne à la fois de la
                     relance globale et des contraintes d’offre provoquées par la pandémie. Le rebond de
                     l’inflation pourrait dépasser les prévisions. Si tel est le cas, et si la politique reste
                     aussi accommodante, les prévisions d’inflation pourraient bien dépasser le niveau
                     attendu par la Fed. Pendant ce temps, l’augmentation considérable de la dette
                     publique viendra exacerber l’incertitude macroéconomique.
                     Les cours des marchés obligataires ont commencé à intégrer une partie de ces
                     risques. Les taux des bons du Trésor américain à 10 ans ont fait un bond au point de
                     dépasser nos propres prévisions déjà supérieures à celles du consensus, et la plupart
                     des analystes ont révisé leurs prévisions pour la fin de l’année à la hausse. Les taux se
                     sont stabilisés pour le moment, les marchés étant entrés dans une phase attentiste,
                     mais nous pensons que le risque continue de tendre vers une hausse supérieure aux
                     prévisions du consensus. En conséquence, limiter l’exposition à la duration reste un
                     élément essentiel de notre stratégie.

2   Un excès de bonnes choses ?
UN EXCÈS DE BONNES CHOSES ? - VOLUME 6 | LES POINTS DE VUE DE FRANKLIN TEMPLETON FIXED INCOME
Comme nous l’avions prévu dans nos
dernières perspectives trimestrielles,
l’avancement des campagnes de vacci-
                                              Dans l’ensemble, nous pensons que les mois et
nation est un élément différentiateur         trimestres à venir vont connaître la consolida-
important entre les pays, ce qui pro-
voque une grande hétérogénéité de la
                                              tion d’une relance robuste aux États-Unis et
relance mondiale. L’Europe, en particu-       dans l’ensemble de l’économie mondiale, et
lier, a déçu. Sa campagne de vaccina-
tion accuse un retard important par rap-      que l’Europe rattrapera son retard plus tard
port aux États-Unis et au Royaume-Uni,
et certains grands pays, dont la France,
                                              dans l’année. Outre les vaccinations, la poli-
l’Allemagne et l’Italie, ont été contraints   tique budgétaire joue un rôle essentiel dans la
d’imposer une nouvelle série de confine-
ments qui retarderont inévitablement la       relance, notamment aux États-Unis.
relance sur le continent. Étant donné
que le stimulus budgétaire européen est       de la relance européenne est un frein,       budgétaires aillent trop loin et que
nettement moins important qu’aux              mais la dynamique américaine plus forte      l’énorme stimulus budgétaire, favorisé
États-Unis et que la Banque centrale          va soutenir la relance chinoise déjà         par une politique monétaire extrême-
européenne (BCE) semble plus divisée          solide et consolider les progrès déjà        ment favorable, entraîne une surchauffe
en interne et moins résolue que la Fed,       accomplis dans la maîtrise des infec-        de l’économie et des pressions inflation-
la relance européenne sera sans doute         tions en Asie. Même si les contraintes       nistes dépassant les attentes et le vœux
non seulement plus tardive, mais aussi        au niveau de l’offre y contribuent égale-    de la banque centrale. Nous ne pensons
moins dynamique. En conséquence, le           ment, la remontée des cours des              pas que l’inflation va s’envoler, mais
risque d’inflation et de taux d’intérêt est   matières premières témoigne de l’amé-        étant donné que les responsables poli-
selon nous moins élevé en Europe              lioration des perspectives de croissance     tiques ont à présent jeté toutes leurs
qu’aux États-Unis. Les taux obligataires      mondiale. Une croissance mondiale plus       forces dans la bataille, la gestion de
vont ressentir la pression à la hausse        forte aidera les marchés émergents à         l’inflation sera sans doute plus difficile
des taux des bons du Trésor américain,        assainir leurs bilans et renforcera les      qu’ils ne le pensent et l’affirment. Cette
mais les facteurs internes sont moins         fondamentaux de la dette. Les exporta-       situation pourrait provoquer une volati-
forts. Dans l’ensemble, nous gardons          teurs de matières premières devraient en     lité et un stress accrus sur les marchés
par conséquent une vision optimiste des       être les principaux bénéficiaires. Ceci      financiers, où l’assouplissement moné-
marchés obligataires européens et nous        étant, la hausse probable des taux des       taire prolongé a déjà suscité des valori-
privilégions un profil de duration légère-    bons du Trésor américain constitue une       sations extrêmes dans toutes les classes
ment plus long qu’aux États-Unis. Nous        source de difficultés potentielle pour la    d’actifs.
pensons aussi que les divisions appa-         dette des marchés émergents, comme           Nous continuons de percevoir certaines
rentes au sein de la BCE risquent de          en témoigne un début d’année morose          opportunités sur le marché, mais pas
pousser les investisseurs à mésestimer        pour les obligations en devises locales et   plus. Comme nous l’avons observé à de
les prévisions de hausses des taux, ce        en devises fortes qui n’est pas sans rap-    multiples reprises depuis le début de la
qui créera des opportunités ponctuelles       peler le « Taper Tantrum » de 20131. La      crise, la gestion active restera essen-
dans les obligations d’État de la péri-       sélection des titres et l’analyse fonda-     tielle pour marcher sur la corde raide
phérie. La lenteur de la campagne de          mentale seront d’une importance capi-        entre l’amélioration des fondamentaux
vaccination et le retard de relance nous      tale pour identifier les meilleures oppor-   et les valorisations trop élevées. Nous
poussent aussi à être plus prudents sur       tunités de hausse des taux.                  pensons qu’une analyse approfondie des
les segments du haut rendement euro-          Dans l’ensemble, nous pensons que les        fondamentaux et une sélection minu-
péen plus directement exposés aux res-        mois et trimestres à venir vont connaître    tieuse des titres, selon l’approche indi-
trictions imposées face à la COVID-19.        la consolidation d’une relance robuste       quée à la section « Contextes secto-
La volatilité des taux pourrait créer         aux États-Unis et dans l’ensemble de         riels » de ces perspectives, seront indis-
quelques opportunités d’achat intéres-        l’économie mondiale, et que l’Europe         pensables pour négocier ces marchés.
santes sur le marché européen des obli-       rattrapera son retard plus tard dans         Les investisseurs obligataires doivent
gations d’entreprises investment grade.       l’année. Outre les vaccinations, la poli-    aussi rester agiles et se préparer à gérer
Les perspectives macroéconomiques             tique budgétaire joue un rôle essentiel      la volatilité accrue à venir alors que
plus robustes aux États-Unis nous             dans la relance, notamment aux États-        nous nous préparons à découvrir si la
rendent aussi plus optimistes quant aux       Unis. Pour l’avenir, nous pensons que        relance reflationniste tant attendue
perspectives de la croissance mondiale        les marchés vont se concentrer de plus       risque d’aller trop loin.
et des marchés émergents. La lenteur          en plus sur le risque que les mesures

                                                                                                    Un excès de bonnes choses ?    3
UN EXCÈS DE BONNES CHOSES ? - VOLUME 6 | LES POINTS DE VUE DE FRANKLIN TEMPLETON FIXED INCOME
Paramètres           Perspectives générales
                     en matière de risques
                                                       Bons du Trésor américain           Bons du Trésor américain
                                                                                          protégés de l'inflation (TIPS)
                                                                                                                                   Obligations d'État
                                                                                                                                   de la zone euro
sectoriels                PERSPECTIVE                       PERSPECTIVE                        PERSPECTIVE                              PERSPECTIVE

                     Obligations d'État japonaises     Titres adossés à des créances      Titres adossés à des créances            Titres adossés à des créances
                                                       hypothécaires d'agence (MBS)       hypothécaires résidentielles             hypothécaires commerciales
                                                                                          (RMBS)                                   (CMBS)
                          PERSPECTIVE                       PERSPECTIVE                        PERSPECTIVE                              PERSPECTIVE

                     Titres adossés à des actifs       Obligations d’entreprises          Obligations d’entreprises                Obligations d'entreprises à haut
                     (ABS)                             investment grade américaines       investment grade européennes             rendement américaines
                          PERSPECTIVE                       PERSPECTIVE                        PERSPECTIVE                              PERSPECTIVE

                     Obligations d'entreprise à haut   Prêts à taux variable              Titres adossés à des prêts aux           Dette des marchés émergents
                     rendement libellées en euros                                         entreprises (CLO)                        (ME)
                          PERSPECTIVE                       PERSPECTIVE                        PERSPECTIVE                              PERSPECTIVE

                     Obligations d'entreprises des     Obligations municipales
                                                                                          Comprendre le graphique du pendule
                     marchés émergents
                                                                                                                   PERSPECTIVE
                          PERSPECTIVE                      PERSPECTIVE
                                                                                          Vision baissière                                 Vision haussière
                                                                                       Vision modérément                                   Vision modérément
                                                                                                baissière                                  haussière
                                                                                  Vision neutre sans motif                                 Vision neutre sans
                                                                                         de préoccupation                                  motif d'optimisme
                                                                                                                       Neutre

                                                                                          Les flèches indiquent une variation depuis la fin du dernier trimestre.

4   Un excès de bonnes choses ?
UN EXCÈS DE BONNES CHOSES ? - VOLUME 6 | LES POINTS DE VUE DE FRANKLIN TEMPLETON FIXED INCOME
Synthèse et perspectives macroéconomiques
de Franklin Templeton Fixed Income
Le pari de la reflation                         150 millions de personnes (soit           Dans l’ensemble, les ventes au détail
À mesure que les perspectives d’un              29,2 % de la population) ayant reçu       dépassent désormais largement leurs
retour à la normale s’améliorent, une           au moins une dose de vaccin au            niveaux d’avant la crise (11 % de plus
forte augmentation de l’activité écono-         31 mars4. Partout dans le pays, les       qu’en février 2020), mais avec un glisse-
mique aux États-Unis est à présent              États commencent à lever les confi-       ment de plus de 2 points de pourcen-
devenue le scénario de base des mar-            nements et à autoriser la réouverture     tage en faveur des biens et au détriment
chés financiers. Les marchés précèdent          des entreprises. Le rythme de levée       des services. Les dépenses totales
l’économie depuis le début de la relance        des restrictions varie toutefois d’un     (mesurées par l’indice des dépenses de
au 3e trimestre (T3) 2020 et la ten-            État à l’autre.                           consommation personnelle, PCE), qui
dance reflationniste s’est poursuivie en     • Les responsables des politiques bud-       incluent également le secteur des ser-
2021, grâce notamment à l’accélération         gétaires et monétaires sont résolus        vices, sont encore 2,6 points de pour-
du déploiement des vaccins et à l’adop-        à risquer plutôt une surchauffe de         centage en deçà de leurs niveaux
tion de l’American Rescue Plan doté            l’économie que le contraire. Ils           d’avant la crise. Avec un autre pro-
d’un budget de 1 900 milliards de dol-         pensent que l’insuffisance des             gramme de relance comprenant des
lars (8,4 % du produit intérieur brut          mesures de relance a contribué à la        transferts directs de 1 400 dollars (dont
[PIB])2. Le taux du bon du Trésor améri-       lenteur de la relance après la crise       le versement a commencé en mars), une
cain à 10 ans a passé la barre des             financière mondiale, et sont détermi-      prolongation des allocations de chômage
1,70 % (son niveau le plus élevé depuis        nés à ne pas refaire la même erreur.       de 300 dollars/semaine avec assouplis-
janvier dernier), la courbe des taux s’est     En conséquence, malgré un stimulus         sement des conditions d’admissibilité et
fortement raidie (le spread 2-10 ans est       budgétaire sans précédent en temps         une prolongation de la durée maximale
au plus large depuis plus de 5 ans)3, les      de paix, la Fed s’est engagée à main-      à 79 semaines ainsi qu’une augmenta-
marchés d’actions ont continué d’at-           tenir une politique monétaire extrê-       tion du crédit d’impôts pour les enfants,
teindre de nouveaux records absolus et         mement accommodante avec des               la demande et les dépenses vont conti-
les prix des matières premières sont           taux d’intérêt nuls et un maintien         nuer de s’orienter en majorité vers les
repartis à la hausse, ce qui confirme le       des achats d’actifs au moins à leur        biens jusqu’à ce que la mobilité soit
scénario reflationniste.                       rythme actuel de 120 milliards USD/        entièrement rétablie et que les consom-
                                               mois jusqu’à ce que le marché de           mateurs aient retrouvé une confiance
Sur quoi se base ce scénario ?                                                            suffisante pour consacrer à nouveau de
                                               l’emploi soit tout à fait rétabli et que
Trois facteurs alimentent ce consensus                                                    l’argent aux services de contact.
                                               l’inflation ait dépassé l’objectif de
reflationniste :
                                               2 % pendant un certain temps.              Cette différence importante entre les
• L’économie a déjà montré sa capa-                                                       secteurs touchés le plus durement par
                                             Mais qu’est-ce que les indicateurs éco-
  cité à rebondir lors de la levée des                                                    les restrictions et ceux qui ont tiré un
                                             nomiques nous apprennent sur la dyna-
  restrictions au 3e trimestre 2020 ;                                                     avantage du télétravail et des achats en
                                             mique actuelle de la relance ?
  le soutien budgétaire de l’année der-                                                   ligne se manifeste aussi par un écart de
  nière a poussé l’épargne des               Le consommateur                              plus en plus important entre les
  ménages à des niveaux records, et          Les ventes au détail aux États-Unis ont      ménages dont les membres ont gardé
  les consommateurs ont de grosses           entamé l’année 2021 en fanfare avec          leur emploi et ceux qui ont perdu des
  envies de dépenses accumulées.             une hausse de 7,6 % en glissement            emplois et des revenus, mais aussi entre
• Le nombre de nouvelles infections          mensuel en janvier faisant suite à trois     les prévisions de consommation des
  est à la baisse aux États-Unis, et le      mois de baisse consécutifs dus à la          diplômés universitaires (dont les attentes
  taux de positivité et le nombre d’ad-      recrudescence des infections en hiver et     se sont stabilisées) et celles des non-di-
  missions dans les hôpitaux ont             aux restrictions imposées aux entre-         plômés (dont les attentes continuent de
  baissé de plus de 50 % depuis leurs        prises5. Cette hausse de janvier traduit     baisser). En conséquence, même si l’in-
  sommets de janvier 2021. En consé-         à la fois l’assouplissement progressif       dice des attentes des consommateurs
  quence, l’impression se répand que         des restrictions et la dernière série de     de l’Université du Michigan a grimpé en
  la pandémie est progressivement            paiements de 600 dollars dans le cadre       mars, il reste nettement inférieur à son
  maîtrisée. Le rythme des vaccina-          du programme de relance et de 300            niveau d’avant la crise en février 2020
  tions a continué de s’accélérer, avec      dollars supplémentaires en allocations       et les attentes des particuliers en ce qui
  2,9 millions de doses administrées         de chômage fédérales.                        concerne leur situation financière per-
  par jour en moyenne et plus de                                                          sonnelle future se sont dégradées6.

                                                                                                    Un excès de bonnes choses ?   5
La hausse des prévisions d’inflation est                         largement ces vents défavorables et faire                         des États-Unis avaient freiné les recru-
un autre obstacle à la confiance des                             grimper encore plus l’épargne excéden-                            tements. Ce chiffre global dissimule
consommateurs. Le taux d’inflation pour                          taire (2 000 milliards USD, soit ~10 %                            quelque peu la véritable ampleur des
l’année à venir s’élevait à 3,1 % en                             du PIB en janvier), un effet renforcé                             créations d’emplois en février : le sec-
mars, contre 2,5 % à la fin de l’année                           encore par la relance en V des salaires.                          teur des services a ajouté 513 000
2020, les groupes de revenus les plus                            Dans l’ensemble, la santé financière                              emplois, dont 355 000 rien que pour
faibles et du tiers moyen manifestant                            générale des consommateurs est restée                             les loisirs et l’hôtellerie/restauration
les inquiétudes les plus importantes.                            intacte grâce au soutien du gouverne-                             (+286 000 pour les restaurants) dans
Les attentes d’inflation ont probable-                           ment. Contrairement à ce qui s’est                                ce qui pourrait bien annoncer une envo-
ment été poussées à la hausse par                                passé après la crise financière mondiale,                         lée au cours des mois à venir. On
l’augmentation de 25 % des prix                                  nous pensons que le patrimoine net des                            observe aussi d’importantes créations
moyens des carburants depuis le début                            ménages va continuer d’augmenter au                               d’emplois dans le secteur manufactu-
de l’année (au point d’atteindre leur                            cours des prochains trimestres après                              rier, le commerce de détail, les services
point le plus haut depuis 21 mois avec                           avoir atteint un record de 130 200 mil-                           professionnels et aux entreprises et les
2,87 USD/gallon en mars) et par la                               liards de dollars (754 % des revenus                              soins de santé. Les conditions météoro-
hausse des prix des aliments (augmen-                            disponibles) au 4e trimestre 20208.                               logiques difficiles ont probablement
tation des prix dans l’épicerie de 3,5 %                                                                                           freiné l’emploi dans la construction, ce
                                                                 Le marché du travail
en glissement annuel en février)7. Une                                                                                             qui a provoqué une baisse du nombre
                                                                 Le nombre d’emplois salariés aux États-
augmentation continue des prévisions                                                                                               total d’heures de travail par semaine.
                                                                 Unis a augmenté de 379 000 en février
d’inflation pourrait saper encore plus la                                                                                          L’accélération ininterrompue du recrute-
                                                                 2021, dépassant les prévisions du
confiance des consommateurs.                                                                                                       ment de travailleurs temporaires (histo-
                                                                 consensus après trois mois pendant les-
Les cycles supplémentaires de relance                                                                                              riquement un indicateur prédictif fiable
                                                                 quels la vague hivernale de cas de
budgétaire au cours des trimestres à                                                                                               de la croissance globale de l’emploi) est
                                                                 COVID-19 et les mauvaises conditions
venir devraient toutefois compenser                                                                                                cependant de bon augure pour le mar-
                                                                 météorologiques sur une grande partie
                                                                                                                                   ché du travail9.

LES CRAINTES DE L’INFLATION ONT INFLUENCÉ LES ATTENTES DES CONSOMMATEURS
Illustration 1 : Situation financière personnelle et prévisions d’inflation
Janvier 2016 - février 2021
Niveau de l’indice                                                                                                                                                      Pour cent
  140                                                                                                                                                                      3,5 %

    135                                                                                                                                                                    3,2 %

    130                                                                                                                                                                    2,9 %

    125                                                                                                                                                                    2,6 %

    120                                                                                                                                                                    2,3 %

          2016                           2017                          2018                               2019                           2020                   2021
      Évolution prévue de la situation financière (à 1 an) (gauche)        Évolution prévue des prix : médiane (à 1 an) (droite)

Prévision médiane d’inflation à un an – par tranche de revenus
million
4,5 %
4,0 %
                                                                                                                                                                       3,50 %
3,5 %                                                                                                                                                                  3,50 %
3,0 %                                                                                                                                                                  2,90 %
2,5 %
2,0 %
1,5 %

          2016                           2017                          2018                               2019                           2020                   2021
      33 % inférieurs       33 % intermédiaires          33 % supérieurs
Sources : Franklin Templeton Fixed Income Research, University of Michigan.

6         Un excès de bonnes choses ?
Les rapports de l’Institute for Supply         SITUATION DE L’EMPLOI PAR RAPPORT AUX NIVEAUX D’AVANT LA CRISE
Management (ISM) pour janvier et               Illustration 2 : Emploi et chômage par raison – au-delà du niveau de février 2020
février confirment aussi une augmenta-         Février 2020 - Février 2021
tion de la demande sur le marché du            En millions
travail plus importante que ne l’in-            30
diquent les chiffres globaux de l’emploi.
L’emploi dans le secteur manufacturier          20
et les services a continué de progresser
                                                10                                                                                                                 5,56M
résolument et dépassé les pics cycli-                                                                                                                              2,19M
ques observés avant la crise en 202010.          0                                                                                                                 1,59M
Des preuves anecdotiques semblent                                                                                                                                 -8,42M
aussi indiquer que les entreprises ren-        -10
contrent des difficultés de recrutement.
Cela peut s’expliquer en partie par des        -20

motifs sectoriels (les travailleurs des
                                                      Févr.      Mars   Avr.    Mai       Juin     Juil.     Août    Sept.   Oct.   Nov.   Déc.    Jan.   Févr.
secteurs des loisirs et de l’hôtellerie/res-
                                                      2020                                                                                         2021
tauration pourraient rencontrer des diffi-
                                                  Emploi total      Pertes d’emplois temporaires           Pertes d’emplois permanentes    Personnes inactives
cultés à changer de secteur et être réti-
cents à le faire s’ils pensent que les         Sources : Franklin Templeton Fixed Income Research, BLS.
recrutements vont repartir à la hausse
pendant l’année), et en partie par le          Il faudra encore progresser beaucoup                                 d’inflation important et durable : les
nombre de travailleurs qui ont quitté le       pour que le marché de l’emploi se réta-                              salaires, les cours des matières pre-
marché du travail pour des raisons de          blisse complètement, mais l’augmenta-                                mières et la politique budgétaire.
santé ou faute d’infrastructures d’ac-         tion du nombre d’emplois en février
                                                                                                                    Secteur des services : des salaires pous-
cueil des enfants. Ces problèmes d’offre       confirme qu’avec l’accélération des vac-
                                                                                                                    sés à la hausse par une pénurie de main-
vont probablement s’atténuer à mesure          cinations et la réouverture de l’écono-
                                                                                                                    d’œuvre ?
que la pandémie recule.                        mie, la création d’emplois devrait elle
                                                                                                                    Les postes vacants dans le secteur des
                                               aussi s’accélérer, en particulier dans les
La Fed souhaite un redressement nette-                                                                              services continuent de surprendre à la
                                               secteurs des services de contact.
ment plus prononcé et large du marché                                                                               hausse et ont rapidement retrouvé leurs
de l’emploi, et cela prendra du temps.                                                                              niveaux de 2017-2018, contrairement
                                               Où chercher l’inflation ou la                                        à ce qui s’était passé sur le marché de
L’emploi hors secteur agricole reste infé-
rieur de près de 9,5 millions à son
                                               désinflation ?                                                       l’emploi après la crise financière mon-
niveau de février 202011, tandis que des       Trois facteurs méritent toute notre                                  diale. On notera que la relance en V des
indicateurs tels que le taux de sous-em-       attention pour déterminer si, cette fois,                            postes vacants a commencé avant le
ploi ou U-6 (11,1 %), la participation au      nous devons nous attendre à un regain                                stimulus budgétaire de décembre. Une
marché du travail (61,4 %) et le ratio
emploi-population (57,6 %) ont atteint         DYNAMIQUE DE L’EMPLOI : LES POSTES VACANTS ONT RETROUVÉ
un plateau ces derniers mois, ce qui           RAPIDEMENT LEURS NIVEAUX DE 2017-2018
indique la persistance d’une réserve de        Illustration 3 : Postes vacants dans les services et l’industrie manufacturière
main-d’œuvre sur le marché du travail.         Janvier 2001 – février 2021
Par ailleurs, le nombre de chômeurs de         Pour cent
longue durée (27+ semaines et plus)            6%
s’établit à 4,15 millions (~42 % du                                                                                                                               5,12 %
nombre total de chômeurs), tandis que          5%
le nombre de personnes en dehors du                                                                                                                               4,00 %
                                               4%
marché du travail reste supérieur de
5,66 millions au niveau de février             3%
2020. La Fed a également souligné que
le rétablissement du marché de l’emploi        2%
ne profite aux travailleurs faiblement
                                               1%
qualifiés et aux personnes appartenant
à des minorités que dans ses dernières
phases, comme on a pu l’observer avant               01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21

la pandémie.                                         Taux des postes vacants – Services          Taux des postes vacants – Secteur manufacturier
                                               Sources : Franklin Templeton Fixed Income Research, U.S. Bureau of Labor Statistics.

                                                                                                                               Un excès de bonnes choses ?            7
réouverture plus complète de l’économie
devrait suffire, à elle seule, à ramener le
nombre de postes vacants aux niveaux
                                              Vu le nombre élevé d’emplois vacants, la
observés en 2018-2019. Si les offres          remontée en V des salaires (hors transferts du
d’emploi, notamment dans les services,
se maintiennent avec le rétablissement        gouvernement) et l’épargne excédentaire déjà
de la demande, les salaires pourraient        énorme et en augmentation constante, cette sti-
bien augmenter plus rapidement que
prévu. On observe déjà certains signes        mulation budgétaire massive pourrait bien pro-
de cette hausse.
                                              voquer un cas d’école d’inflation provoquée par
Alors que la hausse des salaires
horaires en mars et avril de l’année der-     la demande une fois que l’économie rouvrira
nière était due aux pertes d’emplois
parmi les travailleurs faiblement rému-
                                              entièrement et que la demande se rétablira.
nérés (un effet de composition), les          l’attention se porte désormais sur l’opti-   même si une partie de cette hausse
salaires du secteur des service pour-         misation des flux de trésorerie au détri-    s’explique par la baisse de 4,1 % du
raient bien bénéficier aujourd’hui d’une      ment des projets d’augmentation des          dollar pondéré en fonction des échanges
pénurie de main-d’œuvre. Cette pénurie        capacités futures.                           au cours de la même période, elle est
pourrait bien s’atténuer à mesure que         Face à l’augmentation prévue de la           due aussi en partie au redressement de
les travailleurs confiance et rejoignent le   demande du fait de la réouverture com-       l’activité économique et de la demande
marché du travail, mais la dynamique          plète des économies, les baisses de          dans le monde entier12. La faiblesse du
salariale dépendra dans une large             production de l’OPEP+ et la modération       dollar américain a certainement provo-
mesure de la vitesse d’augmentation           de la production pétrolière américaine       qué une augmentation des prix des
relative de l’offre et de la demande de       vont probablement alimenter une              importations hors pétrole par rapport
main-d’œuvre.                                 hausse des coûts de l’énergie à l’avenir.    à la période d’avant la crise, après une
                                              Les prévisions d’inflation, quant à elles,   période de tendance d’inflation négative
Hausse des cours du pétrole
                                              pourraient augmenter plus durablement        tout au long de 2019 et début 2020.
Le cours du pétrole brut West Texas
Intermediate a grimpé à environ               sans déclencher de hausse significative      En outre, l’augmentation des prix des
60 USD/baril, soit une augmentation           des principales dépenses de consom-          producteurs dans leur ensemble conti-
de 23 %+ en glissement annuel pour            mation personnelle (PCE) réalisées           nue de suivre de près l’indice ISM
atteindre son niveau le plus élevé en         jusque bien plus tard (effets de dérivée     Manufacturing Business Prices Index,
plus de deux ans. Le Fed va probable-         seconde du filtre des prix plus élevés de    avec une corrélation de 0,72 entre ces
ment ignorer l’augmentation des prix          l’énergie à un stade ultérieur).             deux indicateurs depuis 200513. La
des denrées alimentaires et de l’énergie,                                                  hausse persistante des cours des
                                              Augmentation du coût des intrants
affirmant que ces hausses seront certai-                                                   matières premières et la possibilité
                                              Les prix d’autres matières premières
nement temporaires. Plusieurs facteurs                                                     d’une baisse du dollar US pourraient
                                              sont également en hausse. Le dernier
indiquent pourtant que l’évolution                                                         donc se traduire par une augmentation
                                              relevé de l’indice des directeurs
récente des cours du pétrole pourrait                                                      des prix des intrants/de production pour
                                              d’achats (PMI) dans le secteur manufac-
bien être plus définitive.                                                                 les entreprises – nous constatons déjà
                                              turier affiche sa hausse la plus rapide
                                                                                           une hausse régulière de l’inflation de
Tout d’abord, l’optimisme quant à la          en trois ans (60,8 en février contre 58,7
                                                                                           base des biens mesurée par l’indice des
croissance mondiale et la vitesse de la       en janvier), et les coûts des matériaux
                                                                                           prix à la consommation (IPC).
relance économique américain ont pro-         ont connu leur plus forte augmentation
voqué une révision des cours du pétrole       depuis 2008, y compris neuf mois             Un stimulant budgétaire conçu pour une
d’ordre macroéconomique.                      consécutifs de hausse des prix des           relance similaire à celle qui a suivi la crise
Deuxièmement, l’OPEP+ a confirmé son          matières premières en raison de diffi-       financière mondiale ?
engagement à maintenir sa politique de        cultés d’approvisionnement. Les coûts        Étant donné que la courbe de Phillips
production de pétrole, ce qui suppose         des matières premières augmentent            s’est aplatie au cours de la dernière
une forte baisse de l’offre pour laisser le   dans le monde entier, et les entreprises     décennie et que la crise financière mon-
temps aux marchés d’épuiser les stocks        manufacturières européennes signalent        diale a laissé de profondes cicatrices éco-
importants et d’exploiter les capacités       la plus forte hausse du coût des             nomiques et politiques, les responsables
excédentaires. Troisièmement, les             intrants depuis près de 10 ans. L’indice     politiques estiment que le risque d’en
dégâts financiers que la pandémie a           CRB Raw Industrials Spot Price Index a       faire trop est bien moins grave que le
causés aux grands groupes pétroliers          grimpé de plus de 25 % depuis février        risque de ne pas en faire assez. Mais la
comme Exxon, Chevron et BP font que,          2020 (et pendant 11 mois consécutifs         situation économique actuelle n’est pas
dans le secteur de l’huile de schiste,        après l’effondrement de mars 2020) et,       la même qu’après la crise de

8    Un excès de bonnes choses ?
2007-2009. Plus de 13 millions d’em-
plois perdus, soit 60 % des pertes d’em-
plois, ont été recréés en moins d’un an
                                              En 2021, les États-Unis vont probablement
dans une économie qui n’a pas encore          connaître la plus forte hausse de leur PIB réel
entièrement réouvert. À titre de compa-
raison, après la crise financière mondiale,   depuis près de 40 ans. Le montant étourdissant
il a fallu environ 4 ans pour récupérer       des stimulus budgétaires et les plus de
60 % des emplois perdus. Pourtant, alors
même que les offres d’emplois retrouvent      2 000 milliards de dollars d’épargne excédentaire
rapidement leur niveaux d’avant la
COVID-19, l’ampleur et le ciblage des
                                              après le prochain cycle de transferts gouverne-
derniers cycles de relance budgétaire         mentaux pourraient alimenter la plus forte flam-
semblent conçus pour une situation iden-
tique à celle qui a fait suite à la crise     bée de consommation depuis des décennies.
financière mondiale.
                                              prendre pour compenser les voyages           aides aux entreprises, aux restaurants,
Vu le nombre élevé d’emplois vacants,         annulés. L’épargne va donc probablement      aux compagnies aériennes, aux gouver-
la remontée en V des salaires (hors           augmenter de manière permanente et           nements des États et aux pouvoirs
transferts du gouvernement) et                être investie dans des actifs financiers.    locaux représentent quant à elles 560
l’épargne excédentaire déjà énorme et                                                      milliards USD. Même si nous ne pen-
en augmentation constante, cette sti-         Perspectives économiques                     sons pas que la mise en œuvre effective
mulation budgétaire massive pourrait                                                       du stimulus budgétaire sera inférieure
                                              américaines
bien provoquer un cas d’école d’inflation                                                  aux niveaux prévus, les différences de
                                              En 2021, les États-Unis vont probable-
provoquée par la demande une fois que                                                      prévisions de croissance entre notre scé-
                                              ment connaître la plus forte hausse de
l’économie rouvrira entièrement et que                                                     nario de base et notre scénario haussier
                                              leur PIB réel depuis près de 40 ans. Le
la demande se rétablira. L’ampleur et la                                                   dépendent de la vitesse à laquelle les
                                              montant étourdissant des stimulus bud-
durée de cette hausse de l’inflation                                                       aides directes aux ménages à faibles
                                              gétaires et les plus de 2 000 milliards
dépendront de la dynamique salariale,                                                      revenus et aux chômeurs seront dépen-
                                              de dollars d’épargne excédentaire après
de la réaction des prévisions d’inflation                                                  sées (et du pourcentage de ces aides
                                              le prochain cycle de transferts gouver-
et de la réaction politique. Ceux qui                                                      qui sera dépensé). Étant donné que la
                                              nementaux pourraient alimenter la plus
s’attendent à une hausse modérée et                                                        propension marginale à consommer tend
                                              forte flambée de consommation depuis
temporaire de l’inflation soulignent que                                                   à être plus élevée pour les ménages à
                                              des décennies. Le tableau en page sui-
les prévisions d’inflation restent ancrées                                                 faibles revenus, nous prévoyons une ten-
                                              vante présente nos perspectives mises
et que la hausse des salaires n’a guère                                                    dance à la hausse de la croissance. Le
                                              à jour. La distribution des vaccins, le
dépassé les 3 % sur les dix dernières                                                      scénario de base se fonde toutefois sur
                                              soutien budgétaire passé et à venir, les
années, même quand le chômage a                                                            l’hypothèse que les ménages à faibles
                                              dépenses de consommation qui en
atteint des points bas records. Mais les                                                   revenus consacreront un pourcentage
                                              découlent et la politique fiscale du pré-
prévisions d’inflation pourraient aug-                                                     plus important des paiements directs et
                                              sident Joe Biden pourraient influer sur
menter encore plus si l’inflation effec-                                                   des allocations de chômage à l’épargne
                                              la croissance, le chômage et l’inflation à
tive augmente et si les responsables                                                       et/ou au remboursement de dettes exis-
                                              des degrés divers, représentés par trois
politiques maintiennent une politique                                                      tantes par rapport au scénario haussier.
                                              scénarios. L’issue la plus probable selon
monétaire très conciliante – comme ils
                                              nous se situe entre notre scénario de        Le scénario de base suppose sur le
ont promis de le faire. Par ailleurs, la
                                              base et notre scénario haussier, et plus     maintien d’un rythme de vaccination
dynamique salariale dépendra dans une
                                              proche du scénario haussier, la solidité     modéré à rapide. La politique fiscale
large mesure de la vitesse de redresse-
                                              du secteur des services et la propension     aurait un effet nettement moins impor-
ment relative de la demande et de
                                              des ménages à consommer faisant la           tant que dans le scénario baissier
l’offre de main-d’œuvre.
                                              différence entre ces deux scénarios.         (décrit ci-dessous), mais il resterait un
La surchauffer pourrait aussi s’exprimer                                                   risque d’augmentation de l’impôt des
                                              Sur les 1 900 milliards USD affectés
en partie par une augmentation du prix                                                     sociétés, tandis que d’autres mesures
                                              à l’American Rescue Plan, on s’attend
des actifs. À mesure que l’épargne excé-                                                   pourraient viser à taxer les plus riches
                                              à ce que 1 200 milliards soient déployés
dentaire continue d’augmenter, le pour-                                                    (augmentation du taux d’imposition
                                              sur l’exercice 2021. Les aides aux parti-
centage de ces fonds qui finira par être                                                   pour la tranche de revenus supérieure,
                                              culiers et aux ménages, sous la forme de
dépensé est moins important : peu                                                          augmentation des droits de succession
                                              chèques de relance et d’allocation de
importe ce qu’on a raté pendant la pan-                                                    et plafonnement des déductions pour
                                              chômage, représentent 640 milliards
démie, il y a une limite au nombre de                                                      les contribuables les plus fortunés).
                                              USD sur les montants dont le déploie-
jours de congé qu’il est possible de                                                       Le projet de loi actuel prévoit des
                                              ment est prévu sur l’exercice 2021. Les

                                                                                                     Un excès de bonnes choses ?       9
FRANKLIN TEMPLETON FIXED INCOME : PERSPECTIVES DE CROISSANCE AUX ÉTATS-UNIS
Illustration 4 : Scénarios d’évolution du PIB réel ( % en glissement trimestriel [T/T]), du chômage et de l’inflation aux États-Unis
En mars 2021
             PIB réel ( % annualisé T/T)               Taux de chômage ( %)                  Inflation des prix à la consommation ( %            PIB réel (évolution annuelle)
                                                                                             en glissement annuel)
                  Scénario Scénario de      Scénario       Scénario Scénario de   Scénario                                                            Scénario Scénario de       Scénario
                   baissier      base       haussier        baissier      base    haussier        Scénario Scénario de        Scénario                 baissier      base        haussier
                                                                                                   baissier      base         haussier
2020–T4             4,3 %           4,3 %    4,3 %           6,7 %        6,7 %    6,7 %                                                 2020          -3,5 %         -3,5 %      -3,5 %
                                                                                                    1,2 %         1,2 %         1,2 %
                                                                                                                                         2021            4,8 %         6,1 %       6,9 %
2021-T1             4,2 %           5,3 %    6,4 %           6,2 %        6,0 %    5,9 %
                                                                                                    1,5 %         1,7 %         1,9 %    2022            3,8 %         4,3 %       4,7 %
2020-T2             5,0 %           8,3 %   10,2 %           6,0 %        5,6 %    4,9 %
                                                                                                    2,3 %         2,8 %         3,2 %
2020-T3             3,7 %           5,6 %    7,1 %           6,0 %        5,4 %    4,3 %
                                                                                                    2,0 %         2,6 %         2,7 %            PIB réel (T4/T4)
2021-T4             4,8 %           6,7 %    8,0 %           5,6 %        4,4 %    3,9 %
                                                                                                    1,8 %         2,2 %         2,4 %                 Scénario Scénario de       Scénario
                                                                                                                                                       baissier      base        haussier
2022-T1             3,3 %           3,2 %    3,0 %           5,5 %        4,5 %    3,9 %
                                                                                                    1,6 %         2,2 %         2,3 % 2020             –2,4 %        –2,4 %      –2,4 %
2022-T2             3,2 %           3,0 %    2,9 %           5,3 %        4,3 %    3,9 %
                                                                                                    1,8 %         2,1 %         2,1 % 2021              4,4 %          6,5 %      7,9 %
2022-T3             3,0 %           2,2 %    2,0 %           5,1 %        4,2 %    3,7 %
                                                                                                    1,9 %         2,0 %         2,0 % 2022              3,5 %          2,9 %      2,7 %
2022-T4             4,2 %           3,2 %    2,9 %           4,7 %        4,0 %    3,5 %
                                                                                                    1,9 %         1,9 %         2,0 %
L’italique indique une prévision.
Source : Franklin Templeton Fixed Income Research.

augmentations d’impôts ciblant princi-                           annuelle en glissement trimestriel au 2e                         à elles, ont évité la baisse et stagné avec
palement les revenus des entreprises, la                         trimestre (T2) 2021, suivie par une crois-                       une croissance relativement plate en glis-
rémunération des dirigeants d’entre-                             sance plus faible en T3 en raison de l’ef-                       sement trimestriel (respectivement 0,3 %
prises et une restriction des déductions                         fet de base plus élevé et une économie                           et 0,4 %). L’Italie a été le seul pays parmi
pour les entreprises et les particuliers.                        terminant l’année 2021 en force grâce à                          les « quatre grands » à s’approcher des
Même si sa probabilité nous semble                               la période des fêtes. En raison des effets                       prévisions les plus pessimistes, avec une
faible, le scénario baissier représente                          de base particulièrement faibles, nous                           contraction de -1,9 % de son PIB réel en
une situation dans laquelle le volume de                         prévoyons une accélération de l’inflation                        glissement trimestriel14.
dépenses déçoit et où une version ren-                           dans tous les scénarios au 2e trimestre                          La consommation des ménages a reculé
forcée du programme fiscal du gouver-                            2021, avec une croissance moyenne en                             de 3,0 % en glissement trimestriel au
nement Biden se réalise : augmentation                           glissement annuel de 2,3 % dans le scé-                          4e trimestre 2020 après une envolée
du taux d’impôt des sociétés à 28 %,                             nario de base et de 2,5 % dans le scéna-                         record de 14,1 % au 3e trimestre
hausse des impôts sur les plus-values                            rio haussier. Les inflations moyennes des                        2020, tandis que l’investissement privé
de capital et impôt sur salaire de                               scénarios de base et haussier convergent                         a grimpé de 1,6 % et donné un coup
12,4 % pour les revenus supérieurs                               par contre vers 2 % en 2022.                                     e fouet favorable après une croissance
à 400 000 USD. En prévision de ce                                                                                                 de 13,9 % au trimestre précédent. La
scénario, les entreprises pourraient frei-                       Europe : un double creux                                         demande externe nette a contribué
ner le recrutement et les investisse-                            moins prononcé que prévu,                                        négativement au PIB, l’augmentation de
ments, ce qui ralentirait la relance.                            mais qui pourrait durer plus                                     3,5 % des exportations ayant été neu-
                                                                                                                                  tralisée par une augmentation de 4,1 %
Le scénario haussier suppose une maî-                            longtemps
trise généralisée de la pandémie, tant                                                                                            des importations. La consommation pri-
                                                                 Le PIB réel de la zone euro a reculé au
au niveau des vaccinations que de la                                                                                              vée s’est montrée relativement rési-
                                                                 4e trimestre 2020 sous l’effet d’une deu-
restriction de la propagation du virus.                                                                                           liente, ce qui témoigne d’une réadapta-
                                                                 xième vague de la pandémie et de confi-
La politique fiscale est plus diffuse que                                                                                         tion des comportements de consomma-
                                                                 nements plus stricts. Le recul de -0,7 %
dans les deux scénarios précédents :                                                                                              tion dans le nouveau monde marqué par
                                                                 en glissement trimestriel (taux annualisé
augmentation du taux minimum d’impôt                                                                                              la pandémie que l’on a légèrement
                                                                 de -4,9 % en glissement trimestriel) a
sur les sociétés, impôts sur salaire pour                                                                                         sous-estimée. Le rétablissement des
                                                                 pourtant été, une fois de plus, moins
les revenus de plus de 400 000 USD,                                                                                               restrictions de distanciation sociale
                                                                 grave que les prévisions du consensus
augmentation du taux maximum d’im-                                                                                                a été très variable entre les pays, et
                                                                 (-2,4 %), que les projections de la BCE
pôt sur le revenu, plafonnement des                                                                                               même au sein des différents pays, cer-
                                                                 de décembre (-2,2 %) et que nos prévi-
déductions individuelles pour les plus                                                                                            taines mesures ayant été ciblées au
                                                                 sions antérieures (-2,0 %). La France
fortunés et doublement de l’impôt sur                                                                                             niveau régional afin de ne pas surchar-
                                                                 a surpris à la hausse avec une baisse de
les revenus provenant de l’étranger (ou                                                                                           ger les systèmes de santé locaux.
                                                                 PIB réel de seulement -1,4 % en glisse-
une combinaison de ces mesures).                                                                                                  Néanmoins, les vitesses et approches
                                                                 ment trimestriel, alors que les autorités
                                                                                                                                  différentes de réouverture des com-
Dans les trois scénarios, nous prévoyons                         françaises prévoyaient un recul de
                                                                                                                                  merces non essentiels ont eu une
une augmentation de la croissance                                -4,0 %. L’Allemagne et l’Espagne, quant

10      Un excès de bonnes choses ?
incidence déterminante sur le résultat.                     43 des 53 pays de la région16, les cas de                  non essentiels et ferment les magasins
Les différents degrés de confinement et                     COVID-19 sont à présent en recul dans                      et les restaurants. La France a instauré
les différences de consommation qui en                      plusieurs pays de la zone euro, suivant en                 des couvre-feu et d’autres restrictions
résultent entraînent une relance hétéro-                    cela la tenance mondiale. La pression sur                  aux contacts sociaux, y compris l’exi-
gène par rapport aux niveaux de PIB                         les systèmes de santé européens s’est                      gence d’une autorisation écrite de sortie
d’avant la crise.                                           quelque peu allégée. Les hospitalisations                  entre le vendredi soir et le lundi matin,
Les chiffres de PMI récents confirment                      pour COVID-19 ont nettement baissé au                      tandis que l’Espagne maintient un
notre point de vue d’une relance inégale                    Royaume-Uni et se sont stabilisées à un                    couvre-feu national jusque début mai.
entre les secteurs. Le secteur manufac-                     niveau inférieur aux sommets atteints                      La plupart des pays de la zone euro vont
turier reste en mode d’expansion (PMI à                     précédemment en France, en Espagne et                      probablement maintenir des restrictions
57,9 en février, son point le plus haut en                  en Italie (malgré une légère détérioration                 à des degrés divers au moins sur la pre-
3 ans) depuis juillet 2020 tandis que les                   ces dernières semaines).                                   mière moitié de l’année 2021.
services, toujours mis à mal par les =                      L’endiguement de la pandémie a pro-                        Les nouveaux confinements vont proba-
maintien des restrictions liées au virus,                   gressé de manière inégale au sein du                       blement provoquer un nouveau recul, de
ont continué de reculer (PMI à 45,7 en                      bloc économique et reculé en partie                        sorte que la croissance au premier tri-
février) pour un sixième mois consécutif.                   début mars, avec de nouveaux pics                          mestre sera certainement sous pression.
Le net redressement de la demande                           inquiétants en Italie, en Grèce, en                        Même si un certain degré d’adaptation
extérieure, avec la plus forte augmenta-                    République tchèque et en Pologne et                        aux mesures liées au virus protège la
tion des nouvelles exportations depuis                      une inversion de la tendance à la baisse                   région contre des conséquences plus
janvier 2018, a également contribué à la                    en Allemagne, en France, en Suède et                       graves, la croissance européen reste lar-
performance du secteur manufacturier                        aux Pays-Bas. Le total des nouveaux cas                    gement tributaire de l’évolution de la pan-
au 4e trimestre 2020. La balance des                        a augmenté de 15,3 %17 dans la région                      démie et de la réaction politique face à
paiements courants de la zone euro a                        pour atteindre un peu plus d’1 million                     cette pandémie. La dynamique favorable
terminé l’année à 2,2 % du PIB, ce qui                      sur les deux premières semaines de                         dans le secteur industriel de la zone euro
marque un retour aux niveaux d’avant la                     mars, la première augmentation des                         ne suffira probablement pas à compenser
crise en raison d’une hausse soutenue                       infections après six semaines de baisse.                   le manque de confiance des consomma-
de l’excédent de biens au 4e trimestre                      L’intensification récente de la pandémie                   teurs et du secteur des services, qui va
2020 (jusqu’à 3 % du PIB)15.                                a entraîné de nouvelles restrictions de                    inévitablement peser à nouveau sur la
                                                            l’activité économique. L’Italie a annoncé                  croissance globale au 1er trimestre.
Une relance retardée
Après une deuxième vague pendant la                         de nouvelles restrictions dans la moitié
période des fêtes et en début d’année                       des 20 régions du pays, y compris dans                     Difficultés dans le déploie-
avec la propagation du nouveau variant                      des grandes villes telles que Rome,                        ment des vaccins
B.1.1.7 du virus découvert initialement au                  Milan et Venise à partir du 15 mars. Ces                   Le lancement de campagnes de vacci-
Royaume-Uni et détecté à présent dans                       restrictions interdisent les déplacements                  nation dans le monde entier début
                                                                                                                       2021 a suscité une vague d’enthou-
LE MANQUE DE CONFIANCE DES CONSOMMATEURS NEUTRALISE LA                                                                 siasme à l’idée de la fin de la crise de la
SOLIDITÉ DU SECTEUR INDUSTRIEL DANS LA ZONE EURO                                                                       pandémie. Le Royaume-Uni a été le
Annexe 5 : Sentiment économique, confiance dans l’industrie/les services,                                              premier à se lancer en approuvant son
indicateurs de confiance des consommateurs                                                                             premier vaccin contre la COVID-19 le
Janvier 2018 – février 2021
                                                                                                                       2 décembre, et il est en avance sur le
Pour cent                                                                                                     Indice   reste de l’Europe avec plus de 35 mil-
 20 %                                                                                                           120
                                                                                                                       lions de doses administrées (soit environ
10 %                                                                                                           110
                                                                                                                       46 % de la population totale). Alors que
                                                                                                                       l’Europe a été l’une des premières
  0%
                                                                                                               100     régions durement touchées par la pan-
-10 %                                                                                                                  démie au printemps dernier, le déploie-
                                                                                                               90      ment de vaccins a posé problème dès le
-20 %
                                                                                                                       départ en raison de problèmes d’appro-
                                                                                                               80
-30 %                                                                                                                  visionnement et d’un manque de capa-
                                                                                                               70      cités administratives. Avec 11 % de la
-40 %
                                                                                                                       population totale de l’UE ayant reçu au
        2018                          2019                            2020                            2021
                                                                                                                       moins une dose de vaccin a au 28 mars18
                                                                                                                       (soit un total de 69 millions de doses
    Confiance des                  Confiance dans les       Confiance dans          Indicateur du sentiment
    consommateurs (gauche)         services (gauche)        l’industrie (gauche)    économique (droite)
                                                                                                                       administrées), l’Europe est fort en
                                                                                                                       retard sur d’autres régions du monde.
Sources : Franklin Templeton Fixed Income Research, Commission européenne (DG ECFIN).

                                                                                                                                Un excès de bonnes choses ?    11
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