Vers une prise en charge interdisciplinaire de la scoliose idiopathique juvénile et de l'adolescent intégrant le pédicure podologue

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Vers une prise en charge interdisciplinaire de la scoliose idiopathique juvénile et de l'adolescent intégrant le pédicure podologue
IFPEK Rennes
             Institut de Formation en pédicurie podologie

       Vers une prise en charge
    interdisciplinaire de la scoliose
idiopathique juvénile et de l’adolescent
   intégrant le pédicure podologue
       Mémoire d’initiation à la démarche de recherche
          Diplôme d’état de pédicure podologue

                           Emilie Amêlant
                              Mai 2019
Vers une prise en charge interdisciplinaire de la scoliose idiopathique juvénile et de l'adolescent intégrant le pédicure podologue
PRÉFET DE LA RÉGION BRETAGNE
DIRECTION REGIONALE
DE LA JEUNESSE, DES SPORTS
ET DE LA COHÉSION SOCIALE
Pôle formation-certification-métier

                             Diplôme d’Etat de Pédicurie-Podologie

      Travaux de fin d’études : Mémoire d’initiation à la démarche de recherche

     Conformément à l’article L 122-4 du code de la propriété intellectuelle du 3 juillet 1992 : « toute
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     J’atteste sur l’honneur que la rédaction des travaux de fin d’études, réalisée en vue de l’obtention
     du diplôme d’Etat de Pédicurie-Podologie est uniquement la transcription de mes réflexions
     et de mon travail personnel.

     Et, si pour mon argumentation, je copie, j’emprunte un extrait, une partie ou la totalité de pages
     d’un texte, je certifie avoir précisé les sources bibliographiques.

     Le…………….………….

     Signature de l’étudiant :

     Fraudes aux examens :
     CODE PENAL, TITRE IV DES ATTEINTES A LA CONFIANCE PUBLIQUE
     CHAPITRE PREMIER : DES FAUX
     Art. 441-1 : Constitue un faux toute altération frauduleuse de la vérité, de nature à causer un préjudice et accomplie par
     quelque moyen que ce soit, dans un écrit ou tout autre support d’expression de la pensée qui a pour objet ou qui peut avoir
     pour effet d’établir la preuve d’un droit ou d’un fait ayant des conséquences juridiques.
     Le faux et l’usage de faux sont punis de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende.
     Loi du 23 décembre 1901, réprimant les fraudes dans les examens et concours publics.
     Art. 1er : Toute fraude commise dans les examens et les concours publics qui ont pour objet l’entrée dans une administration
     publique ou l’acquisition d’un diplôme délivré par l’Etat constitue un délit.
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REMERCIEMENTS

J’adresse ma gratitude éternelle à ma directrice de mémoire, Bernadette Boutsoque pour son
écoute, son soutien, ses remarques et sa disponibilité. Je remercie les différents formateurs,
ainsi que les professionnels pour leur participation et leur contribution à ce mémoire et lors mes
études. Je remercie Dr Heyman pour son accueil, sa bienveillance, et ses conseils.
Je tiens à remercier :
Mes parents qui m’ont permis de faire cette formation,
Mes deux petites sœurs, Marion et Léa, qui m’ont inspirées pour ce mémoire, et qui
m’encouragent chaque jour,
Mes grands-parents qui m’ont toujours soutenu,
Manon, mon amie de toujours, ma fidèle supportrice, pour sa relecture du mémoire et ses
encouragements,
Mes colocataires, Mathilde, Marie-Laure, Aliénor, Morgane et Julie pour leurs disponibilités,
leurs encouragements, l’aide à la mise en page et la relecture du mémoire,
Mes camarades de classe, en particulier Eloïse, Lucile et Elise, pour leurs bons conseils,
L’équipe Fight Ness Gym de Rennes et mes partenaires d’entrainement, pour m’avoir
encouragée sur le tatami comme dans la vie.
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SOMMAIRE

Introduction ......................................................................................................... 1
   I.   Qu’est-ce que la Scoliose ? .................................................................. 3
  A. Définition ........................................................................................................................................ 3
   a. Une définition tridimensionnelle ................................................................................................ 3
   b. Une approche biomécanique ...................................................................................................... 3
   c. La classification des scolioses .................................................................................................... 5
   d. Les étiologies .............................................................................................................................. 5
   e. Les retentissements ..................................................................................................................... 6
  B. Tout commence par le dépistage .................................................................................................... 6
   a. Qui peut être amené à dépister ? ................................................................................................. 6
   b. Le dépistage par le pédicure podologue ..................................................................................... 7
    c. Le diagnostic clinique et radiologique........................................................................................ 7
    d. L’évolutivité et le pronostic ........................................................................................................ 8
II. Comment est-elle prise en charge ? .............................................................. 9
  A. Les recommandations de l’HAS ..................................................................................................... 9
  B. L’Examen clinique........................................................................................................................ 10
   a. Déroulement du 1er examen clinique par les différents professionnels de santé ...................... 10
   b. La prise en charge par le pédicure podologue .......................................................................... 12
  C. Les Traitements ............................................................................................................................ 12
   a. Le suivi régulier ........................................................................................................................ 12
   b. Corset orthopédique.................................................................................................................. 13
   c. La kinésithérapie ...................................................................................................................... 14
   d. L’éducation thérapeutique ........................................................................................................ 15
   e. La chirurgie .............................................................................................................................. 16
   f. Le taping ................................................................................................................................... 16
III. Vers une prise en charge améliorée… ...................................................... 17
  A. Un point sur la communication interprofessionnelle actuelle....................................................... 17
  B. Les pistes d’amélioration vues par un pédiatre en médecine physique et réadaptation ................ 17
  C. Mise en place fictive d’un parcours de soin coordonné................................................................ 18
IV. Stage en médecine physique et réadaptation avec Dr H. Pédiatre. ....... 23
  A. Déroulement de la consultation .................................................................................................... 23
  B. Entretien........................................................................................................................................ 24
Conclusion .......................................................................................................... 24
Bibliographie...................................................................................................... 26
ANNEXES .......................................................................................................... 29
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«Tu n’es pas responsable de ce qu’on a fait de toi, mais tu es responsable de ce que tu fais de
                        ce que l’on a fait de toi » Jean Paul Sartres.

                                         Introduction

Ce mémoire de fin d’études a pour but de valider mon diplôme d’état de pédicure podologue
en juin 2019. Dans le cadre de ma formation, je me suis quelques fois confrontée à des patients
atteints de scolioses idiopathiques. Mais c’est mon vécu personnel qui m’a donné envie
d’approfondir ce sujet.
La scoliose idiopathique a une incidence de 3% en France. Elle touche plus majoritairement les
filles que les garçons.(Dr Mary, 2011) Dans ce sujet, nous allons nous intéresser aux patients
atteints de scolioses idiopathiques juvéniles et de l’adolescent.
La scoliose est une déformation tridimensionnelle de la colonne vertébrale dans le plan frontal,
horizontal et sagittal. Elle se distingue d’une attitude scoliotique par une gibbosité, marqueur
de la scoliose, par la rotation des corps vertébraux (SOFCOT, 2016). Elle survient
principalement chez les enfants, et a un risque d’aggravation maximale pendant l’adolescence.
C’est pourquoi je me suis demandée de quelles manières et par quels moyens le pédicure
podologue pouvait prendre en charge cette pathologie. En me documentant, j’ai découvert que,
malgré les troubles posturaux engendrés par cette pathologie, les pédicures podologues
n’apparaissaient pas dans les recommandations de l’HAS sur la prise en charge des scolioses
idiopathiques ayant un angle de cobb > 25°.
Je me suis alors posée plusieurs questions.
Premièrement, est-ce que les professionnels de santé tels que les chirurgiens orthopédiques
pédiatriques, les médecins rééducateurs, les rhumatologues, les masseurs kinésithérapeutes, et
surtout les médecins généralistes connaissaient notre métier et nos différents champs de
compétences ? Car ce sont eux qui prennent principalement en charge cette pathologie comme
nous le verrons plus tard.
En deuxième année, j’ai participé à des séminaires interprofessionnels, notamment sur la
connaissance du métier de pédicure podologue par les autres étudiants en santé. Très vite, j’ai
réalisé que notre métier était mal connu et méconnu des différents étudiants, futurs
professionnels de santé. Alors si ces derniers ne savent pas quel est notre métier et nos différents
champs d’action, comment peuvent-ils réorienter les patients ?
Deuxièmement, je me suis renseignée sur les connaissances de la scoliose idiopathique lors de
la formation initiale, sur les différentes pratiques en fonction des pédicures podologues ainsi
que les différentes formations continues ouvertes aux pédicures podologues dans ce domaine.

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Ces différents questionnements m’ont permis d’aboutir à ma question de recherche : Comment
le pédicure podologue peut-il contribuer à une prise en charge interdisciplinaire efficiente d’un
patient atteint d’une scoliose idiopathique juvénile et de l’adolescent ?
Dans un premier temps, nous définirons la scoliose idiopathique et nous nous demanderons
dans quelles circonstances est-elle dépistée. Dans un second temps, nous verrons comment elle
est prise en charge, ainsi que les différents acteurs. Nous aborderons également les différents
traitements et les recommandations de l’HAS. La troisième partie sera constituée par une
proposition de parcours de soin intégrant le podologue. Début février, j’ai pu assister aux
consultations « scoliose » du Dr H. pédiatre en médecine physique et réadaptation, suite
auxquelles j’ai pu avoir un entretien me permettant d’échanger davantage sur cette pathologie.
Cela constituera la dernière partie.

Problématique :
En quoi la mise en place d’un parcours de soin coordonné, intégrant le pédicure podologue,
améliorerait la prise en charge d’un patient atteint d’une scoliose idiopathique ?

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I.    Qu’est-ce que la Scoliose ?
      A.     Définition
              a. Une définition tridimensionnelle
La scoliose idiopathique est le trouble rachidien le plus fréquent chez l’enfant et l’adolescent.
C’est une déformation tridimensionnelle de la colonne vertébrale. Elle se déforme dans le plan
frontal, sagittal et horizontal. (Dufour, 2018) La différence entre une scoliose et une attitude
scoliotique se fait par la présence d’une gibbosité, c’est-à-dire une rotation des corps vertébraux
dans le plan horizontal. Le diagnostic de la scoliose est posé par l’examen clinique et l’examen
radiologique, où l’on doit pouvoir observer une déviation frontale, latérale et horizontale se
traduisant par une gibbosité. (N. Khouri et al., s. d.)
La scoliose idiopathique concerne 0,5 à 2% des 8-15 ans et touche 8 fois plus les filles que les
garçons. (Anon, s. d.).
Une scoliose se mesure radiologiquement grâce à l’angle de Cobb. Cet angle représente
« l’intersection de deux droites tangentielles, l’une au plateau supérieur de la vertèbre limite
supérieure, l’autre au plateau inférieur de la vertèbre limite inférieure. Les conventions
médicales veulent qu’un angle inférieur à 10 degrés ne soit pas considéré comme une scoliose
à part entière » (Regnier Orthopédie, 2001).

                                                (1) Schéma représentant un angle de Cobb.
                                                (Ameli, s. d.)

               b. Une approche biomécanique
Le rachis représente la colonne vertébrale. (Anon, s. d.) Il doit être considéré comme un tout
fonctionnel. La colonne vertébrale repose sur la ceinture pelvienne. L’autre extrémité est
constituée par la ceinture scapulaire, une cage thoracique et un crâne. (I.kapandji, 2011, p.289)
La colonne vertébrale peut se décomposer en 4 parties :
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-   Le rachis cervical, composé de 7 vertèbres,
   -   Le rachis thoracique, composé de 12 vertèbres,
   -   Le rachis lombaire, composé de 5 vertèbres,
   -   Le sacrum, constitué par la fusion de 5 vertèbres sacrées et prolongé par le coccyx,
       vestige de notre passé, formé par la fusion de 4 à 6 vertèbres coccygiennes soudées.
       (I.kapandji, 2011, p.324-318‑304)
Grâce à l’évolution, l’Homme est passé de la quadrupédie à la bipédie. En position quadrupède,
le rachis était convexe vers le haut. Le passage à une station érigée a entrainé une modification
des courbures rachidiennes. A présent, l’Homme possède 3 courbures : (I.kapandji, 2011,
p.291)
   -   Une cyphose dorsale
   -   Une lordose lombaire
   -   Une cyphose cervicale
A la naissance, le rachis lombaire est concave en avant pour atteindre une convexité (lordose
lombaire) vers l’âge de 10 ans où il atteindra sa courbure définitive.
Afin de garder une structure rigide et souple, le rachis s’est doté d’une structure musculo-
ligamentaire haubanée, qui s’apparente aux mâts d’un navire. (I.kapandji, 2011, p.291)
Le premier mât est posé sur le bassin et s’élève jusqu’à la tête. « Le second système de haubans
musculaires est disposé sur la ceinture scapulaire formant un losange à grand axe vertical et à
petit axe transversal ». A chaque étage vertébrale des « tendeurs ligamentaires et musculaires »
sont présents et permettent à la manière de haubans de maintenir la structure rachidienne.
(I.kapandji, 2011, p.291‑292)
Lors d’une position hanchée, le poids du corps est transféré sur un seul membre inférieur,
entrainant une bascule du bassin du côté opposé au pied en appui. Le rachis suit cette
modification et emprunte un trajet sinueux. En effet « il est d’abord convexe dans sa partie
lombaire vers le côté du membre en décharge, ensuite concave dans sa partie dorsale et enfin
convexe. » (I.kapandji, 2011, p.292)
« Afin de parer à ce déséquilibre, les tendeurs musculaires ajustent automatiquement leur
tension pour rétablir l’équilibre, ceci sous l’influence des réflexes médullaires et du système
nerveux central. Il s’agit donc là d’une adaptation active grâce à l’ajustement permanent du
tonus postural des différents muscles de la posture par le système extra-pyramidal. »
(I.kapandji, 2011, p.292)
Comme nous venons de le voir, le corps s’adapte continuellement aux différentes postures.
Nous pouvons en déduire que lorsqu’une bascule pelvienne est présente, le corps compensera
exactement comme nous venons de le voir, mais ces mécanismes ne sont pas faits pour perdurer
dans le temps, sans quoi, des compensations pourront se mettent en place.

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c. La classification des scolioses
Il existe différents types de scoliose.
Les scolioses sont idiopathiques dans 80 à 90% des cas. Elles sont dites :
    -   « du nourrisson » lorsque ceux-ci ont entre 0 et 1 an.
    -   « infantiles » lorsque les enfants sont âgés de 1 à 3 ans, dans ce cas, le risque évolutif
        est très important.
    -   « juvéniles 1-2-3» lorsque les enfants sont âgés de 3 ans jusqu’à la puberté. Ici 70% des
        scolioses sont évolutives et 50% seront traités chirurgicalement.
    -   « de l’adolescent » c’est-à-dire à la puberté, la scoliose sera plus stable, et l’évolution
        sera                                                                              modérée.

                                                                         (2) (N. Khouri et al.,
        s. d.)

Le second type de scoliose sont les scolioses secondaires. Elles représentent 10 à 20% des cas.
Elles sont dites secondaires puisqu’elles sont la conséquence d’une pathologie sous-jacente.
Les scolioses secondaires sont d’origine malformative, neuro-musculaire ou autres. (Diard et
al., 2019). Ce type de scoliose présente une grande évolutivité et entraîne des raideurs et des
douleurs, contrairement à la scoliose idiopathique qui ne doit pas être douloureuse. (Dr H.,
2018)

                 d. Les étiologies
Les origines de la scoliose idiopathique restent inconnues malgré les recherches. Cependant,
des pistes sont explorées du côté des facteurs génétiques, endocriniens ou même neurologiques.
(N. Khouri et al., s. d.) En effet, ces facteurs pourraient avoir une part prépondérante dans la
déclaration d’une scoliose idiopathique. Nous savons, par exemple, que la fréquence de cette
déformation est multipliée par 10 lorsque l’un des parents au premier degré est touché !
(Regnier Orthopédie, 2014)
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e. Les retentissements
Il existe des conséquences d’ordre fonctionnels, en effet la scoliose peut entraîner une
dégénérescence et usure plus rapide des disques à cause de problèmes mécaniques. Il existe
également un problème esthétique avec une asymétrie du tronc et une asymétrie mammaire.
((86) CHU de Bordeaux : centre de référence pour la chirurgie du dos - YouTube 2018)
Néanmoins, la déviation des corps vertébraux entraîne dans les cas sévères de scoliose
thoracique, des problèmes pulmonaires et, dans les formes les plus graves, des problèmes
cardiaques.
L’adolescence est une période charnière pendant laquelle le corps subit de multiple
changements. Les mal-êtres physiques et psychologiques sont accrus pendant cette période de
bouleversement hormonal. C’est pourquoi, il est simple de comprendre que lorsque le port du
corset est fortement préconisé, il peut être difficile à respecter pour l’adolescent. Surtout lorsque
celui-ci doit être porté à l’école. C’est pourquoi depuis 2013, il est maintenant proposé à tous
les patients de suivre des séances d’éducation thérapeutique (ETP). L’ETP participe à
l’amélioration de la santé mais également à la qualité de vie du patient et à celle de ses proches.
« Les objectifs sont d’améliorer la compliance aux traitements orthopédiques, et la
compréhension de la scoliose et son évolution ». (Centre médico-chirurgical de réadaptation
des Massues, 2013). Au préalable, un diagnostic éducatif sera établi et permettra la prise en
charge du patient dans sa globalité afin de fixer avec lui ses objectifs. Dans un second temps
des ateliers individuels ou par groupe (de 2 à 5 personnes) seront mis en place. (Dr H., 2019).
Les différents podologues que j’ai sondés ne connaissent pas l’existence de l’ETP. Une
connaissance de la prise en charge globale du patient est nécessaire pour converger vers le but
commun : une prise en charge efficiente du patient. Cette prise en charge commence dès le
dépistage, c’est le thème abordé dans la prochaine partie.

      B.     Tout commence par le dépistage
              a. Qui peut être amené à dépister ?
Chaque année, l’enfant de 0 à 18 ans doit subir un examen clinique général, par le médecin
généraliste ou le pédiatre, dans lequel il y a un examen du dos. Le dépistage peut se faire
également lors d’une visite chez le médecin pour un certificat médical, en vue d’une pratique
sportive. Cependant, les kinésithérapeutes et les podologues sont amenés à regarder le dos de
leur patient plus souvent et de par ce fait, dépistent des scolioses passées aux travers du maillage
médical. Ils leur conseillent de se rapprocher de leur médecin traitant en vue d’un rendez-vous
avec des médecins rééducateurs ou bien des chirurgiens orthopédiques pédiatriques. (Dr H.,
2019).
La fondation Yves Cotrel finance la recherche sur les pathologies de la colonne vertébrale.
(Fondation Cotrel, s. d.). L’Académie de médecine et la Fondation Yves Cotrel, ont publié une

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vidéo afin d’aider les parents à dépister les scolioses sur la base d’un examen clinique simple.
(Scoliose: détecter le facilement chez l’enfant 2014) (Regnier Orthopédie, 2014).
En France, il existe deux visites médicales scolaires obligatoires au cours de la sixième et
douzième année par l’arrêté du 3 novembre 2015 relatif à la périodicité et au contenu des visites
médicales et de dépistage obligatoires prévues à l’article L.541-1 du code de l’éducation.
(Anon, s. d.). La première est réalisée par un médecin scolaire et la seconde, par une infirmière
scolaire. Ces visites permettent un examen clinique, et une évaluation de la situation clinique
de l’enfant.
Les visites médicales scolaires permettent d’ajouter un maillon à la chaîne du dépistage de la
scoliose idiopathique juvénile et de l’adolescent. Le dépistage scolaire réalisé permet de
communiquer avec le médecin traitant par le biais des parents.

              b. Le dépistage par le pédicure podologue
Le dépistage d’une scoliose par le podologue se fait lors d’un bilan podologique. C’est l’une
des rares professions de santé où les patients sont en sous-vêtements. Cela permet de pratiquer
« un examen du rachis dans les trois plans de l’espace et une recherche de rotation des corps
vertébraux dans le plan horizontal » à la recherche d’une gibbosité. Pour se faire, nous
demandons au patient de faire une antéflexion du tronc (cf. ANNEXE 1) (P1, 2019, p.11‑12).
Dans le plan frontal, nous objectivons l’alignement des épineuses. Enfin, dans le plan sagittal,
nous regardons les flèches cervicales et lombaires. Pour mesurer la flèche cervical, le fil à plomb
doit être tangent au sommet du pli inter-fessier et à l’apex de la cyphose. La flèche représente
la distance entre le fil à plomb et l’épineuse de C7, qui est habituellement de 40mm. Pour la
flèche lombaire, le fil à plomb est positionné comme dans la première mesure. Ici on observe
la distance entre le fil à plomb au creux de la lordose à l’épineuse de L2. La distance est
également de 40mm. (De Mauroy, 2011).

Lorsque le podologue dépiste une scoliose, il réoriente son patient « vers son médecin pour un
bilan radiologique, et si besoin le podologue intervient dans un second temps ». (P1, 2019,
l.17‑18)
Les podologues que j’ai interrogés sont amenés à dépister 3 à 6 scolioses par an en moyenne.
(P1, 2019, l.37) (P2, 2019, l.29)

               c. Le diagnostic clinique et radiologique
Le diagnostic clinique se fait par la présence d’une déviation de la colonne dans le plan frontal
sagittal et horizontal, avec la persistance d’une gibbosité en position assise antéfléchie. Elle
peut être mesurée à l’aide d’un scoliomètre que l’on passe sur la colonne vertébrale. (Dr H.,
2018).
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Le fait d’assoir le patient va permettre d’annuler les effets des bascules de bassin et des ILMI.
Le diagnostic radiologique se fait par clichés, sur lequel on mesure l’angle de Cobb, sur une
radiographie du rachis de face. L’imagerie est importante pour le diagnostic afin de confirmer
le caractère idiopathique de la scoliose. (Diard et al., 2019). Par la suite l’imagerie permettra de
préciser l’évolutivité cette dernière.

               d. L’évolutivité et le pronostic
Le pronostic dépend du risque évolutif. Il s’évalue en fonction de la maturation sexuelle, ainsi
que de la vitesse de croissance et de l’âge osseux. Ce dernier se définie par le degré de
maturation de l’os par rapport à l’âge. (Ameli, s. d.) Il est déterminé avec une radiographie du
poignet ou du bassin en fonction de l’âge. Le bassin est évalué en stade Risser. Les stades Risser
sont côtés de 0 à 5 ; 5 étant attribués lorsque la croissance est terminée. Connaître le Risser
permet d’évaluer les risques d’évolution de la scoliose. (Dufour, 2018). Nous savons que 30%
des scolioses vont évoluer à la puberté. (Dr H., 2018).
Afin de statuer et d’objectiver sur l’évolution d’une scoliose idiopathique, Mme Duval-
Beaupère a décrite des lois évolutives en les portant sur un diagramme. « Elles ont été établies
en traçant pour chaque cas, un diagramme portant en abscisse l’âge du patient (1cm = 1 an) et
en ordonnée l’angulation scoliotique (2cm = 10dégré) mesurée en position couchée, tout au
long de la croissance d’un enfant scoliotique non traité ». (N. Khouri et al., s. d.)

(3)     Diagramme         de      Duval-Beaupère         (N.     Khouri       et      al.,    s. d.)

                                                                                                  8
Une scoliose est dite évolutive dans deux cas :
   -    Lorsque la courbure de la déformation est d’au moins 15° au départ, et qu’elle progresse
        de 5° entre deux consultations (soit 4 à 6 mois).
   -    Soit lorsque la déviation est d’emblée supérieure à 30°, quel que soit l’âge du patient.
        (Ameli,                                                                            s. d.)

II. Comment est-elle prise en charge ?
       A.   Les recommandations de l’HAS
« La Haute Autorité de Santé (HAS) est une autorité publique indépendante à caractère
scientifique créée par la loi du 13 août 2004 relative à l’assurance maladie » (HAS, 2008)
Dans un premier temps, l’HAS préconise aux professionnels de santé qui prennent en charge
les patients de faire un bilan initial qui comprend le diagnostic et l’évaluation. Les objectifs des
différents professionnels sont d’établir le diagnostic d’une scoliose structurale, de repérer les
scolioses non idiopathiques et de caractériser la scoliose avec notamment son évolutivité. Puis
dans un second temps, il faudra planifier la prise en charge en fonction de son caractère évolutif
ou non, ainsi que les modalités thérapeutiques qui en découlent.
L’HAS liste les professionnels suivant pour le bilan initial : médecin généraliste, pédiatre,
médecin scolaire, médecin du travail, infirmière scolaire, chirurgien orthopédiste pour enfant
ou adulte, médecin de médecine physique et réadaptation, rhumatologue, masseur-
kinésithérapeute et radiologue.
Dans un second temps l’HAS préconise une prise en charge thérapeutique avec les
professionnels ci-dessus et les suivants : la psychologue , le psychomotricien et
l’orthoprothésiste. Cette prise en charge a pour objectif de prévenir l’aggravation de la
déformation et d’assurer une éducation thérapeutique pour le patient et/ou l’entourage. Elle note
également que cette prise en charge se doit d’être pluridisciplinaire, ce qui nécessite la
collaboration et la coordination de la part des différents professionnels impliqués.
Les traitements orthopédiques préconisés sont le corset et le plâtre, en fonction de l’expérience
de l’équipe soignante. Puis en cas d’échec thérapeutique, un traitement chirurgical pourra être
proposé.
De plus, il y est inscrit que la kinésithérapie est prescrite en association du traitement
orthopédique, afin d’entretenir les amplitudes articulaires vertébrales et costo-vertébrales, de
renforcer les muscles érecteurs du rachis, d’entretenir la fonction respiratoire et de travailler la
statique vertébrale.
Dans un dernier temps, le suivi est recommandé. En période de croissance, les consultations
sont espacées de 6 mois, sauf en cas de fort risque évolutif, ils seront de 4 mois. Les suivis ont
pour but d’apprécier le caractère évolutif afin de réévaluer et réadapter le projet thérapeutique

                                                                                                  9
ainsi que les objectifs. A l’âge adulte, L’HAS conseille des rendez-vous de suivi tous les 5 ans
si le patient n’a pas de douleurs particulières ou s’il n’y a pas d’accouchement. Durant les
consultations du suivi, le professionnel de santé aborde les points suivants :
   -   Lors de l’anamnèse, il recherche des symptômes douloureux, il faut alors penser à une
       pathologie sous-jacente.
   -   Mesure du patient debout ainsi et assis.
   -   Examen du tronc, avec la mesure de la gibbosité.
   -   Surveillance du stade de maturation sexuelle.
   -   Pratique d’un examen neurologique musculaire et articulaire.
   -   Ajuste l’éventuelle orthèse.
Le suivi se fait par les mêmes professionnels de santé cités ci-dessus.
Les podologues, bien que professionnels de santé spécialistes de la posture, ne figurent pas
systématiquement dans les parcours de soin mis en place par les médecins traitants.

       B.    L’Examen clinique
              a. Déroulement du 1er examen clinique par les différents professionnels de santé
Afin de mieux comprendre le rôle essentiel du podologue dans le dépistage de la scoliose
idiopathique lors d’un bilan podologique ou postural, nous allons comparer l’examen clinique
réalisé par un podologue et un médecin rééducateur.
Lorsque le médecin rééducateur reçoit un patient adressé pour une scoliose, un bilan
radiologique a été effectué au préalable. Le médecin va alors réaliser un examen clinique, qui
permettra d’écarter des scolioses secondaires, et de poser le diagnostic de scoliose idiopathique.
Comparaison de l’examen clinique du podologue et d’un pédiatre, dans un service de médecine
physique                                 et                                    réadaptation.

 Examen clinique                 Podologue                        Médecin rééducateur

 Rachis, plan frontal            Le patient fait une antéflexion du tronc à la recherche de
                                 décrochés des apophyses épineuses, recherche de bascule de
                                 bassin.

                                                                  Evaluation de la réductibilité
                                                                  de la gibbosité en position
                                                                  allongé sur table

                                                                                               10
Test de Schober (distance
                                                                   doigts-sol) afin d’évaluer la
                                                                   souplesse du rachis

 Rachis, Plan sagittal            Mesure des flèches lombaires, cervicales

 Rachis, plan horizontal, Test d’Adam, recherche de Test                d’Adam,
 debout, puis assis       gibbosité                 recherche/mesure de la
                                                    gibbosité      avec      un
                                                    scoliomètre (c.f. ANNEXE
                                                    2)

 Bassin plan frontal              Pente du sacrum

 Bassin plan sagittal             Les versions      des    hémi
                                  bassins

 Bassin plan horizontal           Les girations

 ILMI                             Mesure des ILMI                  Mesure de ILMI + appuis
                                                                   clichés radiographiques

 En complément                    Recherche            d’épines Différents tests pour exclure
                                  irritatives                   les scolioses secondaires
                                  Examen du tonus postural

Le tableau nous montre beaucoup de similitudes entre les deux examens du rachis. Le
podologue pratique cet examen à chaque bilan podologique, peu importe le motif de
consultation, ce qui favorise le dépistage de la scoliose. Il est donc important que les podologues
soient sensibilisés dès leurs études, comme il est enseigné actuellement, afin de réorienter en
cas de dépistage ou de suspicion vers les médecins traitants dans un premier temps.
En fonction des examens cliniques, le podologue met en place un traitement par semelles
orthopédiques si nécessaire.
Le médecin rééducateur propose au patient le traitement le plus adapté. Puis, il le reverra tous
les 4 à 6 mois, en fonction de l’évolution de la déformation. De plus, il lui propose des séances
d’éducation thérapeutique dès la mise en place du corset. Enfin, il conseille la pratique d’une
activité physique et sportive, « la scoliose en elle-même ne contre indique pas l’activité
sportive ». (Dr H., 2019)

                                                                                                11
b. La prise en charge par le pédicure podologue
Le pédicure podologue réalise l’examen clinique durant lequel il peut dépister une scoliose,
comme nous venons de le voir. D’après les différents entretiens informels que j’ai réalisés, les
pédicures podologues ne réalisent pas de tests spécifiques lors de la prise en charge des patients
atteints de scoliose idiopathique. Il utilise les tests habituels tels que le test du Bassani, de
chaînes stabilisatrices et l’épreuve posturo-dynamique. Notre rôle, en plus du dépistage, est
secondaire mais nécessaire. « Le podologue intervient lorsque des troubles morpho-statiques
podo pelviens sont associés à la scoliose ou lorsqu’un trouble du tonus postural est détecté à
l’examen » (P1, 2019, p.2). En plus de son rôle de dépistage et de prise en charge, le podologue
réoriente automatiquement vers le médecin traitant, lors d’un dépistage. (P2, 2019, l.15‑16)
Bien que les podologues ne figurent pas dans les recommandations de l’HAS, certains médecins
rééducateurs, hospitaliers spécialistes de la scoliose, généralistes et des ostéopathes orientent
les patients vers des podologues.
Une étude publiée le 29/07/16, a démontré les effets des semelles biomécaniques à court terme
s’appuyant sur 3 paramètres (l’angle de la scoliose, l’obliquité pelvienne, et les rotations du
tronc). (Park et al., 2016). En effet les 3 paramètres ont évolués favorablement sur le groupe
qui porte les orthèses plantaires par rapport au groupe témoin qui lui, n’a pas observé
d’amélioration des différents paramètres. Ces différents paramètres ont été observés avec un
scanner DIERS formetric 4D, un moyen de reconstruction en 4 dimensions sans émissions de
rayonnement.                   (Park                et                  al.,                2016).
Une autre étude a démontré que les semelles posturales n’avaient pas d’effet sur la scoliose.
Les différents types de semelles peuvent-ils avoir des effets différents sur la scoliose ? C’est ce
que nous démontre les résultats de ces études. (Noll, Steitz et Daentzer, 2017)

      C.     Les Traitements
              a. Le suivi régulier
Le suivi de le scoliose se fait par imagerie. Cependant les radiographies standards émettent des
rayonnements très irradiants, pouvant entrainer par leur répétition et leur forte intensité des
atteintes cutanées, ophtalmologiques, hématologiques, et cellulaires pouvant provoquer des
cancers (Dossier CHST, 2006). C’est en 1992 que le système d’imagerie révolutionnaire : EOS
vu le jour, grâce aux travaux de recherche du français Georges Charpak. Cette technologie
innovante permet une imagerie 4 à 10 fois moins irradiante qu’une radiographie standard. De
ce fait EOS est devenu la méthode de référence pour le suivi des scolioses de l’enfant, qui doit
effectuer des radiographies de suivi tous les 4 à 6 mois. Le logiciel permet de reconstruire en 3
dimensions le rachis de façon très précise en un seul cliché, lors d’une phase d’acquisition
durant 10 à 20 secondes). (Centre Imagerie point Médical, s. d.) Elle permet également des
mesures automatisées, une reproductibilité et une très bonne qualité d’image (Dufour, 2018).
Cette technologie répond à un enjeu important : la radioprotection pour la population
                                                                                                12
pédiatrique, en réduisant chez l’enfant les risques de développer des cellules cancéreuses à l’âge
adulte. (Dr Morel, 2019). Cette technologie novatrice mérite d’être davantage connue. En effet,
en 2018, un sondage a été réalisé dans l’ex région midi Pyrénées, sur la connaissance par les
médecins (généralistes et pédiatres) du système EOS. Parmi les sondés, 28% ne connaissaient
pas l’existence de cette nouvelle technologie (DUFOUR, 2018, p.18‑22). EOS est un
investissement couteux mais nécessaire, il n’est pas encore présent sur tout le territoire français
mais se démocratise peu à peu.

               b. Corset orthopédique
Jusqu’à la fin du 18ième siècle, les médecins utilisaient des techniques propres à chacun. Par
exemple, Thomas Levacher de la Feutrie (1739-1824) utilisait des corsets en extension : tuteurs
adaptés au bassin et maintenus aux aisselles. David Van Gesscher (1792) fut le premier à
utiliser des corsets avec appuis latéraux, que l’on utilise encore aujourd’hui bien que la
technique ait évoluée.
D’autres techniques consistaient à étirer le rachis la nuit grâce à un lit orthopédique à extension
complété par le port d’un corset la nuit. (Jean-André Venel 1740-1791) (Kohler, 2017)
Toutes ces techniques sont maintenant réglementées et un consensus a été prit pour le choix du
traitement. (uniformisation des techniques).
Le corset orthopédique est le traitement le plus utilisé pour prendre en charge une scoliose
idiopathique. Il existe 3 types de corsets : les corsets actifs, passifs et en hypercorrection.
                                  (4) Le corset actif le plus rependu est le corset de Milwaukee
                                  (image ci-contre). Cette orthèse est utilisée chez le petit
                                  enfant. Il permet un meilleur développement des capacités
                                  thoraciques jusqu’à l’âge de 8/9ans. (Orthofiga, s. d.)
                                  Le principe est le suivant : l’enfant, pour échapper aux
                                  différents appuis, va vouloir s’auto-agrandir.
                                  Les résultats de ce corset sont très bons, puisqu’il permet,
                                  dans la majorité des cas, d’annuler l’aggravation pubertaire
                                  prévisible. (Mary, 2003)

                                                                                                13
(5) Corset passif : Corset de Munster (Anon, s. d.)

                                Les corsets passifs sont les plus utilisés. Leur principe est
                                l’utilisation de pression, grâce à des mains d’appuis,
                                directement sur la gibbosité ou juste en dessous. Ce type de
                                corset a une action principalement sur la déformation frontale.
                                Le port de ce type de corset favorise la lordose, ce qui nécessite
                                des séances de kinésithérapie en complément. (Mary, 2003)

                              (6) Corset en hypercorrection : corset de Charleston (Orthèse
                              Prothèse Rive Sud, 2014)
                              Le principe de ce corset est d’incliner le rachis inversement à la
                              courbure de la déformation. Ce corset ne peut être porté que la
                              nuit. Les résultats sont plutôt « encourageants sur des courbures
                              uniques lombaires ou thoracolombaires prises en charge à des
                              angles inférieurs à 30 degrés ». (Mary, 2003)

               c. La kinésithérapie
Des séances de kinésithérapie peuvent être prescrites par des pédiatres ou généralistes sans port
de corset. Des séances de kinésithérapies isolées, n’ont pas pour objectif de ralentir l’évolution
de la scoliose mais de « limiter des phénomènes douloureux potentiels et être bénéfique à la
fonction respiratoire ». De plus, le kinésithérapeute peut conseiller le patient sur les principes
classiques d’hygiène du dos. (Porte et al., 2016).

                                                                                               14
En revanche il a été démontré l’efficacité de la kinésithérapie associée au traitement
orthopédique.
               d. L’éducation thérapeutique
Comme évoquée précédemment, le port du corset orthopédique peut être mal supporté,
physiquement et psychologiquement, par le jeune patient. Afin de favoriser et de faciliter le
port de celui-ci, les professionnels de santé qui prennent en charge les patients atteints de
scoliose idiopathique peuvent proposer une éducation thérapeutique aux patients ou aux tiers.
Une éducation thérapeutique initiale doit être proposée au patient « à un moment proche de
l’annonce du diagnostic de sa maladie chronique ou à tout autre moment de l’évolution de sa
maladie, si la proposition ne lui a pas été faite antérieurement ou s’il l’a, refusée », de plus
nous devons également « proposer une éducation thérapeutique de suivi régulier (ou de
renforcement) et si besoin de suivi approfondi (ou de reprise) tout au long de la maladie
chronique » (Anon, 2009, p.4)
L’éducation thérapeutique du patient (ETP) « vise à aider les patients à acquérir ou maintenir
les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique »
selon le rapport de OMS-Europe publié en 1996. (Anon, s. d.)
L’ETP vise à mobiliser ou acquérir deux compétences : les compétences d’auto-soin et
d’adaptation. (Anon, 2009, p.2)
Elle permet également de placer le patient au centre du processus en le rendant acteur de sa
maladie.
Afin de mettre en place un programme d’éducation thérapeutique il faut 4 étapes (Anon, 2009,
p.6) :
- L’élaboration d’un diagnostic éducatif
- La négociation des objectifs
- La planification et la mise en œuvre des séances d’ETP
- L’évaluation des compétences acquises

Selon la liste du code de la santé publique, « tout professionnel de santé impliqué dans la prise
en charge d’un patient ayant une maladie chronique » peut lui proposer une éducation
thérapeutique.(Anon, 2009, p.4)
Le professionnel de santé qui propose l’ETP peut le réaliser lui-même s’il est formé, ou bien
orienter son patient vers une équipe pluridisciplinaire. L’éducation thérapeutique doit être
réalisée par un professionnel formé, qui peut être le même que celui qui la propose, ou bien par
une prise en charge multi professionnelle.

                                                                                              15
Une éducation thérapeutique doit être individualisée, multi professionnelle et continue. Elle
permet « d’améliorer l’observance et la tolérance du corset ». (Dr H., 2019).
Dans certain cas, la scoliose continue de se dégrader. On orientera le patient vers un chirurgien
orthopédique.
               e. La chirurgie
Lorsque les déformations sont trop importantes, il est fortement conseillé de pratiquer une
opération de la colonne vertébrale, afin de limiter ses conséquences. Cette intervention a pour
objectif de stopper l’aggravation de la scoliose et éventuellement de redresser cette dernière
vers des valeurs plus normées. Une arthrodèse est alors pratiquée afin de fixer les vertèbres
entre elles grâce à des plaques et des vis en titane. Une greffe osseuse est également nécessaire
afin de solidifier la colonne vertébrale. Le risque le plus grave de l’intervention est
neurologique, car la moelle épinière peut être touchée. Cependant les risques sont contrôlés
grâce à un monitorage, qui surveille en permanence l’activité de la moelle épinière durant l’acte
chirurgical.
« L’opération nécessite une hospitalisation de 5 à 7 jours et une convalescence à la maison avec
des séances de kinésithérapie ».(SOFCOT, 2016). La reprise des sports non traumatisants comme
la natation, la course ou le vélo est possible au bout d’un mois après l’intervention. Puis 6 mois
pour les sports plus traumatisants tels que le ski ou le football. La pratique des sports de combats
n’est pas conseillée lorsque le patient possède une arthrodèse.
               f. Le taping
En échangeant avec une tutrice de stage, podologue posturologue, cette dernière m’a parlée
d’une nouvelle méthode à appliquer aux patients atteintes d’attitude scoliotique et de scoliose.
C’est une méthode qui consiste à appliquer des bandes adhésives et élastiques directement sur
la peau. Elles peuvent s’étendre jusqu’à 50% de leur longueur initiale. (P.DEBRAUX, 2013).
Elles permettent de diminuer la douleur, les œdèmes, de stabiliser les articulations mais
également de soutenir les muscles sans restreindre leurs mouvements, qu’ils soutiennent par
une action proprioceptive. (Goeffroy, 2012). L’objectif de la pose de taping de différentes
élasticités est de viser un relâchement musculaire et de calmer les tensions. (Maleville, 2019).
Certaines formations, destinées à des chirurgiens orthopédiques, kinésithérapeutes et
podologues principalement, dispensent la pose du taping dans le cas des scolioses idiopathiques
mais également dans le cas des attitudes scoliotiques.

                                                                                                 16
III.   Vers une prise en charge améliorée…
       A.    Un point sur la communication interprofessionnelle actuelle
 Je m’en suis inspirée de mes différents recueils de données afin de mettre en place un parcours
 de soin amélioré. Les points d’amélioration sont principalement : la communication
 interprofessionnelle ainsi que la connaissance des métiers des confrères.
 Actuellement, les échanges interprofessionnels se font par le biais de bilans/comptes rendus des
 différents intervenants, transmis par mail.(P2, 2019, l.20‑21). Il serait judicieux, pour améliorer
 la prise en charge des patients, de développer des consultations pluridisciplinaires, afin de
 favoriser les échanges de vive voix.
 Le dossier médical partagé (DMP) et la possibilité de dépôt de documents seraient une solution
 supplémentaire de communication interprofessionnelle. (P1, 2019, l.23‑24)
 En effet, dans le plan santé 2022, il est prévu que le DMP puisse recevoir des documents
 déposés par les professionnels de santé, afin de favoriser l’échange. La communication
 interprofessionnelle se fait par les bilans des différents intervenants, mais il existe peu de
 consultations pluridisciplinaires, le dossier médical partagé pourrait être une solution dans
 l’avenir.

        B.    Les pistes d’amélioration vues par un pédiatre en médecine physique et
              réadaptation
 Après un entretien avec le Dr H, pédiatre en médecine physique et réadaptation, il est ressorti
 plusieurs axes pouvant améliorer les prises en charges pluridisciplinaires des patients.
 D’après elle, dans un premier temps, une meilleure formation et information des médecins
 généralistes sur le dépistage de la scoliose idiopathique serait souhaitable, afin d’éviter de
 prendre en charge des scolioses déjà très évoluées, mais également une meilleure information
 sur le suivi.
 Dans un second temps, elle souhaiterait une meilleure collaboration entre les médecins et les
 masseurs kinésithérapeutes afin de cibler les actes à réaliser par ces derniers.
 Dans cette volonté de collaboration, il est important que le discours des différents
 professionnels soit universel afin d’éviter de perdre les patients. Tels que le choix des
 traitements par exemple.
 Une méconnaissance des différents champs de compétences des autres professionnels de santé
 crée des différents entre professionnels de santé.
 « Il faut être ouvert aux autres techniques qui vont favoriser la souplesse, diminuer la survenue
 de douleurs, avoir un bien être psychologique de l’enfant ». C’est une complémentarité qui
 permet une prise en charge globale et complète pour un patient. (Dr H, 2019)

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Grâce aux améliorations proposées par les professionnels de santé et à ma démarche de
réflexion qui constitue ce mémoire, j’ai souhaité regrouper ces informations et proposer un
parcours de soin amélioré.

      C.     Mise en place fictive d’un parcours de soin coordonné
Avec toutes les informations précédentes, on comprend mieux la nécessité de donner la priorité
à la prévention avec un dépistage de la scoliose vers la période pré pubère. La recherche de la
gibbosité et la surveillance de l’évolution de celle-ci surtout au moment de l’adolescence,
période critique d’évolution.
Après m’être documentée sur le sujet, je me suis alors demandée quelles améliorations
pouvions-nous apporter à ce qui existe déjà, et quelles sont les nouvelles pistes ?
Commençons par définir des notions essentielles lorsque nous parlons du parcours de soin
coordonné.
« Le parcours de soins coordonné a été mis en place par la loi du 13 août 2004 relative à
l'assurance maladie. Il consiste à confier à un médecin traitant les différentes interventions des
professionnels de santé pour un même assuré, dans un objectif de rationalisation des soins. »
(Anon, s. d., p.1)
Plus de 9 millions de patients sont déclarés en affection longue durée (ALD). « Il s’agit
d’affections dont la gravité et/ou le caractère chronique nécessitent un traitement prolongé et
une thérapeutique particulièrement coûteuse, et pour lesquelles le ticket modérateur est
supprimé. » (Ameli, 2017)
Les parcours de soin ont été mis en place, afin de permettre un accompagnement personnalisé
et coordonné du malade, mais également pour permette de réduire les coûts de prise en charge
face à des mauvaises orientations.
« Cette approche constitue l’une des voies les plus sûres de la qualité soignante et de l’efficacité
économique du système de santé, en ayant recours au bon moment à chaque compétence
professionnelle médicale, soignante et sociale, et en réduisant ce faisant les dépenses mal
orientées ou inadéquates. » (HAS, 2012)
Depuis juillet 2017, la scoliose structurale évolutive (dont l’angle est égal ou supérieur à 25°)
jusqu’à maturation rachidienne, est classée en ALD, pour laquelle il existe un guide auquel les
médecins peuvent se référer. (HAS, 2017).
Dans un souci de démarche de prévention, j’ai tenté d’établir un parcours de soin fictif (c.f.
annexe 6) pour la scoliose idiopathique juvénile et de l’adolescent qu’importe l’angle de Cobb
et le stade. Afin de tenter d’établir un parcours de soin, je me suis essentiellement basée sur le
guide – Affection longue durée : Scoliose structurales évolutive (dont l’angle est égal ou
supérieur à 25°) jusqu’à maturation rachidienne.

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