Vision nocturne des animaux - FAUNE Elevage du cerf dans le Jura
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Revue mensuelle | www.chassenature.ch | N° 9 septembre 2018 FAUNE NATURE AGRICULTURE Vision nocturne Arolla, Elevage du cerf des animaux écrin des Alpes dans le Jura
La photo insolite
Mues dissymétriques
N
ous vous proposons une nouvelle fois des images Imaginez une morille posée à côté d’un bois de
de Léonard Lathion, notre correspondant valai- cerf. Approche faite, la morille n’est autre qu’un bois
san, qui nous raconte son étrange découverte du de cerf donnant l’impression d’un champignon ! Le
printemps : bois gauche est accompagné d’un moignon, posé à
«Surprenante et étrange découverte dans la forêt proximité, qui est en fait le bois droit et qui n’a vrai-
de Nendaz au moment où les grands cervidés rega- semblablement pas connu de développement.
gnent les hauteurs à la recherche de fraîcheur et de Accident, blessure, défaillance génétique ? Ces ques-
calme. tions demeurent sans réponses.
Si la concurrence est rude au concours des plus Seule certitude, si ce n’est certainement pas le plus
belles mues trouvées, le trophée en question se dis- beau ou le plus grand trophée de la saison, c’est à
tingue par le fait qu’un seul bois s’est développé. coup sûr celui qui laissera le plus d’interrogations.»
Envoyez vous aussi vos photos bizarres Appel aux photographes !
ou insolites à : redaction@chassenature.ch. Toute photo proposée par un non-abonné
Si leur qualité est suffisante pour l’impression, lui vaudra six mois d’abonnement gratuit
elles seront publiées ici avec vos explications. en cas de publication…
no 9 septembre 2018 | CHASSE ET NATURE | 3
ÉDITO
Le vautour, les cerfs
et les libellules
| Vincent Gillioz, rédacteur de Diana Chasse et Nature
L’
oiseau qui figure ce mois-ci en couverture est
réputé pour son vol majestueux. Réintroduit il y
a quelques décennies dans le sud de la France,
le vautour fauve est observé de plus en plus souvent
dans nos montagnes où il semble apprécier passer ses
vacances d’été. Charognard par excellence – il n’est pas
conçu pour prendre une proie vivante – c’est un véri-
table éboueur des montagnes, et il peut nettoyer une
carcasse en quelques jours. Il constitue de ce fait un
excellent maillon de l’écosystème.
Une cinquantaine d’individus ont pu être comptés cet
été en Gruyère et Guillaume Débieux – photographe
animalier – n’a pas voulu manquer leur passage, en mon-
tant au-dessus de Jaun pour capturer ce «gros planeur»
avec son appareil photo. Il n’a pas été déçu, puisqu’un
groupe d’une quarantaine d’individus est passé à sa
hauteur alors qu’il était à 2000 mètres, une occasion qui
lui a permis de nous proposer cette magnifique image.
Reconversion
Quand le lait ne paie plus, la viande de cerf peut s’avé-
rer être une bonne alternative. Et ce n’est pas Robert Retour des disparues
Cattin, agriculteur jurassien, qui va nous contredire. Si l’actualité n’est pas toujours réjouissante lorsqu’il
Soutenu par l’Aide suisse aux montagnards pour se re- s’agit de l’évolution de la biodiversité, l’Etat de Vaud
convertir dans l’élevage de cervidés, il doit commencer nous apprend que plusieurs espèces de libellules reco-
à vendre le fruit de sa production dès l’automne. Une lonisent des sites où elles n’avaient plus été vues depuis
aubaine pour les amateurs de venaison et surtout une des décennies. Enfin une bonne nouvelle ! L’information
excellente filière pour les restaurateurs qui proposent mérite d’être soulignée car elle démontre que la rena-
du gibier en saison, et qui ne trouvent pas suffisamment turation porte ses fruits et débouche sur des faits me-
d’offres auprès des chasseurs. Produite localement, surables. Et si nous partageons l’idée qu’une nature en
cette viande, même si elle n’est pas sauvage, va sans bonne santé est une condition au bon développement
aucun doute intéresser les professionnels du goût, qui de la chasse, nous ne pouvons que nous réjouir de ce
n’auront plus à se tourner vers des produits d’Europe constat.
de l’Est ou d’Asie, pas toujours très traçables. Cette En attendant de pouvoir apporter d’autres bonnes
piste ne devrait pas manquer d’interpeller d’autres ex- nouvelles, nous souhaitons à toutes et tous une belle
ploitants agricoles, en quête de diversification. ouverture de la chasse, et surtout une bonne lecture.
4 | CHASSE ET NATURE | n° 9 septembre 2018
SOMMAIRE
Nature
7
Arolla, écrin Revue mensuelle fondée en 1883
Organe officiel de la Société suisse
des Alpes
des chasseurs «La Diana»
www.chassenature.ch
ÉDITEUR
Texte Narcisse Seppey, photos Georges Laurent Diana Romande
Les Crettets 21
1342 Les Charbonnières
ÉDITEUR DÉLÉGUÉ
Faune
AdVantage SA
Sanglier, des dents Editions & Régie publicitaire
Avenue d’Ouchy 18, 1006 Lausanne
qui causent RÉDACTION
12
Vincent Gillioz
Texte et photos Daniel Girod Tél. 076 370 83 91
redaction@chassenature.ch
ABONNEMENTS
17
AdVantage SA
Actualité Avenue d’Ouchy 18, 1006 Lausanne
Tél. 021 800 44 37
L’élevage du cerf abo.chassenature@advantagesa.ch
comme alternative
PUBLICITÉ
Marianne Bechtel
Tél. 079 379 82 71
Texte Vincent Gillioz mac@bab-consulting.com
et photos Aide suisse aux montagnards AdVantage SA
Tél. 021 800 44 37
regie@advantagesa.ch
Délai de réservation :
Cynophilie le 1er du mois pour parution
dans l’édition du mois suivant
Les responsabilités MISE EN PAGES
cynophiles
l’atelier prémédia Sàrl
Tél. 079 830 61 38
Texte et photos Alain Rossier
20 julia.dubuis@lapm.ch
IMPRESSION
Imprimerie Saint-Paul
Boulevard de Pérolles 38
27
Faune 1700 Fribourg
Capacité visuelle
des animaux Tirage : 4000 exemplaires
sauvages N° 9 septembre 2018
Photo de couverture :
Texte Eva Junker, photos W. Dubouloz Guillaume Débieux
www.enterrefribourgeoise.com
Recette de chasse
Bécassine sur toast
Les articles publiés dans Diana
Chasse et Nature n’engagent que
leurs auteurs. Les documents
au foie gras poêlé envoyés ne sont pas restitués, sauf
accord préalable avec la rédaction.
et sa sauce au vin
46
Tous droits de reproduction (articles
et illustrations) réservés pour tous
pays. La reproduction de tout ou
d’Antoine Patrick Caestecker
partie de textes et d’illustrations doit
faire l’objet d’un accord préalable
avec la rédaction.
2 La photo insolite par Léonard Lathion | 5 Les actus par Vincent Gillioz
15 Le coin du pêcheur : Paradis du saumon et du crabe par Vincent Gillioz
23 Poster : Le retour de libellules très rares texte source DTE-VD
26 Portfolio par Alain Maibach | 31 Les infos | 47 Jeu
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smartphone et consultez notre site
Internet
5
LES ACTUS
Epidémie mettent en péril. La raréfaction
Maladie de Carré en Valais des insectes due à l’utilisation
de néonicotinoïdes a également
La présence de la maladie de nui. Les chiffres sont criants : on
Carré a été avérée dans plusieurs dénombrait, en Suisse, encore
régions du Bas-Valais. Canidés quelque 120 000 alouettes en
et mustélidés sauvages en sont 1990, aujourd’hui on n’en compte
les victimes. Les chiens peuvent plus qu’entre 20 000 et 30 000.
aussi l’attraper à la suite d’un n’ont malheureusement pas été
simple contact et elle est mortelle couronnées de succès. Rien de
dans la plupart des cas. Elle est notable n’a cependant été cons-
d’ailleurs aussi appelée maladie
du jeune chiot. Les humains sont Conservation taté côté Suisse où la situation est
restée normale malgré la séche-
par contre épargnés. Certains L’Arboretum fête ses 50 ans resse. Les responsables locaux
symptômes de cette maladie n’ont pas remarqué de mortalité
de Carré peuvent faire penser particulière, même si le Doubs
à la rage par le comportement était en période d’étiage. Tous les
anormal des animaux sauvages acteurs se sont interrogés sur la
atteints, mais le pays en reste différence de situation entre les
exempt. Les chiens doivent être deux portions de rivière. Résur-
vaccinés chaque année pour que gences de l’eau infiltrée en amont
la protection soit efficace. sur le parcours français ? La ques-
tion reste toujours ouverte.
Site naturel unique en Suisse,
l’Arboretum de l’Aubonne, situé
sur les pentes du vallon éponyme, Birdlife
fête ses 50 ans. Quatre mille Nouveau directeur du centre
espèces et variétés d’arbres y ont nature de La Sauge
été plantées. Elles sont admirées
par 50 000 personnes par an. Créé Ancien directeur du Musée
en 1968, grâce à l’argent touché d’histoire naturelle de La Chaux-
en compensation de forêts cou- de-Fonds ainsi que du Zoo du
Avifaune pées lors de la construction de
l’autoroute A1, l’Association de
Bois du Petit Château, Arnaud
Maeder a été nommé à la direc-
Régression de l’effectif tion du centre nature BirdLife de
de l’alouette des champs l’Arboretum national du vallon
de l’Aubonne (AAVA), constituée La Sauge, à Cudrefin. Il rempla-
L’intensification des cultures de- cette même année, a acheté le cera Anna Lisa Mascitti, qui a
puis le siècle passé a entraîné une Domaine Stettler de 7,4 hectares souhaité retourner à l’enseigne-
baisse spectaculaire de l’effectif et a commencé son aventure. ment après deux ans de mandat.
de l’alouette des champs, dont Aujourd’hui, le directeur Pascal Arnaud Maeder est un biologiste
la situation semble aujourd’hui Sigg souhaite que l’Arboretum se qui s’est formé en France, aux
alarmante. Même si son plumage profile comme un pôle de compé- universités de Grenoble et de
lui permet d’échapper aux préda- tence incontournable pour tous Rennes. Il a ensuite effectué son
teurs, les fauches à répétition, les les professionnels qui ont un lien doctorat sur l’écologie des four-
pesticides et herbicides, la dis- avec les arbres. mis des bois à l’Université
parition des bordures herbeuses, de Lausanne. Arnaud Maeder
ainsi que la diminution de la di- va ainsi poursuivre la mission
versité des cultures et l’utilisation de sensibilisation de Birdlife :
de plastique pour recouvrir les Faune piscicole faire prendre conscience à la
population de l’importance de la
champs de culture maraîchère, la Hécatombe de poissons
sur le Doubs sauvegarde de la biodiversité.
La partie française du Doubs,
entre Pontarlier et Morteau, a
vécu une hécatombe de poissons
durant la canicule. La rivière
s’est retrouvée quasiment à sec
et les tentatives désespérées des
pêcheurs pour sauver le poisson
6 | CHASSE ET NATURE | no 9 septembre 2018
LA CLASSIQUE D’ABORD, UN SILENCE MAJESTUEUX...
Soudain, votre cœur bat la chamade ; dans les
TANT broussailles, un bruit attire votre attention…
Vo u s s e r r e z v o t r e B A R M K 3 C o m p o s i t e B r o w n H C
AT TENDUE A d j u s t a b l e a v e c u n e s a i n e i m p a t i e n c e . Vo u s s e n t e z q u e l a
sortie de l’animal est imminente, que le fameux « passage
» aura lieu d’un moment à l’autre…
Il vous est si familier – et cependant,
il demeure si impressionnant !
Subitement, le gibier se présente à vous, à distance
i d é a l e … Vo u s é p a u l e z , v o u s s u i v e z . L e g e s t e e s t a s s u r é ; l e
souffle, retenu. Le rythme de vos tirs et les battements
de votre cœur se confondent en une parfaite harmonie.
Grandeur de l’instant.
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7
NATURE
Arolla, écrin des Alpes
| Texte Narcisse Seppey | Photos Georges Laurent
UNIQUE ET GRANDIOSE, LE VALLON D’AROLLA FAIT PARTIE DES PERLES DU PAYS. NARCISSE SEPPEY
NOUS PROPOSE, AVEC LES IMAGES DE GEORGES LAURENT, UNE VISITE ÉCLAIRÉE DES LIEUX EN DEUX
VOLETS. CE MOIS-CI, IL NOUS RACONTE LA NATURE, LE PAYSAGE, ET LES HABITANTS DE CETTE MER-
VEILLEUSE VALLÉE.
Le lac Bleu, une perle turquoise qui émerveille le promeneur.
L
e nom de ce lieu n’implique les crêtes qui cernent cet écrin isolé les cicatrices de la rudesse des élé-
aucune recherche étymologi- du monde, proches de 4000 m. Face ments naturels, on s’incline avec un
que. L’arole, qui entoure la à un arbre millénaire, dont les fortes respect qui interdit d’y toucher.
station de tous côtés, est le seul racines embrassent un bloc rocheux
arbre de cette taille qui supporte la de plusieurs mètres pour s’implan- Nature et paysage
rudesse du climat de ce vallon dont ter dans un sol maigrement nourri- Dès la station franchie, le vallon
la base affiche 2000 m d’altitude, et cier, et le tronc tortueux qui porte d’Arolla laisse une impression de
Le hameau de Ouartsé et le Pigne d'Arolla. 8 | CHASSE ET NATURE | no 9 septembre 2018
9
cirque coupé du monde, sculpté bâtisses qu’elle abrite. Au-dessus dont les Valdotains partagent un
au cours de quelques millions d’an- d’elle, une dépression creusée par langage commun parfaitement com-
nées, rongé par les glaciers aussi la première glaciation a offert son préhensible de part et d’autre. Ce
puissants que patients. La végéta- gîte au lac Bleu dont les reflets cé- phénomène repose sur les relations
tion s’y trouve souvent rampante, lestes ne cessent d’ébahir les pro- ancestrales qui liaient Evolénards et
les arbres émergents étant gobés cessions de promeneurs. Valdotains, dont les échanges com-
par les avalanches insensibles aux – En période froide, les parois gla- merciaux étaient fréquents grâce
effets de leurs droits de passage, cées au bas des Veisivi assou- aux commodités offertes par le col
hormis l’arole dont la souplesse per- vissent les capacités sportives des de Collon, même pour le transit du
met de supporter les bousculades grimpeurs qui jouent les araignées bétail.
et de réparer les dégâts en mission sous les yeux stupéfaits des spec- Il en va de même pour le logement
continue. tateurs occupant les premières qui repose sur la pierre abondante
Le décor du vallon d’Arolla est des loges sur la rive opposée. Les dans la région et complétée par le
plus impressionnants par la conti- moins audacieux s’éclatent à ski mélèze et l’arole chargés de rendre
nuité des parois rocheuses qui l’en- ou à peaux de phoque sur la neige les chambres plus chaleureuses.
tourent de tous côtés et enserrent naturellement cristalline qui, dès Contrairement au reste du val
avec parcimonie sa base offerte à la les bourrasques de novembre, d’Hérens dont les toitures étaient
végétation. prend la place de l’herbage estival le plus souvent en bardeaux ou ta-
sur les pentes modérées. villons, les habitations de la région
Le cercle alpin d’Evolène sont couvertes en dalles
– La longue chaîne des Aiguilles Les habitants et leur genre de vie de pierre, exploitées puis fendues
Rouges, dont les crépuscules La population locale, installée à sur place. Les autres communes hé-
particulièrement éclairés laissent demeure à Arolla depuis le début rensardes ne disposent pas naturel-
l’impression d’une lumière incor- du XXe siècle et la découverte de la lement de ce type de roche.
porée dans la roche, sépare le vocation touristique de cette région,
vallon d’Arolla de celui de Grande porte les symptômes de la rudesse Dominant Satarma, la marmotte
Dixence. naturelle de cette région. Six mois sculptée dans le rocher.
– La chaîne des Veisivi en fait autant sous la neige puis un jour sur trois
sur la rive droite, ses sept pointes rincé par l’orage et l’averse propres
entre la Petite Veisivi et l’Aiguille à ces fonds de vallées constituent le
de la Tsa marquant la limite avec lot annuel ordinaire de la vie en ces
le vallon de Ferpècle. lieux. La météo y joue un rôle dé-
– Les massifs les plus imposants terminant tant dans sa fourniture de
font frontière avec l’Italie. Le Mont neige et de glace que de soleil pour
Collon et le Pigne d’Arolla tolèrent en jouir. Les résidents se forgent
de sinueux passages glaciaires une stature adaptée à leur fonction
exploités depuis longtemps entre professionnelle évolutive selon les
Arolla et le val d’Aoste. Leurs périodes de l’année. A part les com-
crêtes sommitales complètent la merçants, les professeurs de ski se
blanche couronne royale qui en- muent en guides de montagne, voire
cadre le vallon d’Arolla. même en paysans attachés à la race
– Ce cirque mêlé de roche et de des combatives vaches d’Hérens.
glace abrite précieusement des Les habitants d’Arolla conservent
beautés dont Dame Nature a gé- naturellement les us et coutumes
néreusement doté ce bout du transmis par leurs devanciers. Le
monde. La marmotte rocheuse patois demeure de mise dès que la
sculptée avec une patience mul- discussion se pratique entre per-
timillénaire au-dessus de Satarma sonnes indigènes. Son maintien
laisse le sentiment d’une mère at- s’appuie encore sur une situation
tentive à la sécurité des modestes identique au bas du versant sud
La remointse de Pra Gra et le Mont-Collon.
10 | CHASSE ET NATURE | no 9 septembre 2018
L’habillement des résidents
d’Arolla, bien que modernisé grâce
aux nouvelles matières disponibles,
s’inspire toujours des formes et co-
loris du passé. Les costumes d’Evo-
lène, particulièrement ceux des
dames, varient selon les fêtes et évé-
nements personnels. Ils comptent
sans conteste parmi les plus décorés
des Alpes.
Les habitants d’Arolla ne sont
pas seuls à aimer leur vallon. De
nombreux propriétaires de vaches
de la race d’Hérens, dont Evolène
compte parmi les régions les plus L’alpage de l’Etoile et la chaîne des Veisivi.
importantes du Valais en la ma-
tière, rejoignent leur mayen un mois
avant l’inalpe et le retrouvent pour
quelques semaines après la désalpe
qui intervient dès la mi-septembre.
La vie au mayen, parmi les fleurs al-
pines au printemps et les forêts aux
teintes chaleureuses en octobre, est
le cadeau annuel pour le paysan qui
ne trouve guère de temps pour des
vacances à l’étranger. Le tourisme,
tant estival qu’hivernal, complète la
présence humaine pour les mêmes
attraits.
Les trois sports hivernaux, à savoir
le ski de piste, le ski de fond et l’at-
taque des parois vertigineuses, font
suite aux trois principaux sports de
bonne saison qui attirent les amou-
reux de la marche en moyenne mon-
tagne, les alpinistes attirés par un Féerie automnale au mayen de la Mairesse.
sommet de rêve, et enfin les adeptes
de la grimpe aussi vertigineuse à la
montée qu’au retour.
Pour la fine bouche, Arolla est en-
core au cœur de la Patrouille des
Glaciers dont elle occupe la position
centrale, tant pour la frontière des
deux types de parcours que pour
l’approvisionnement et la sécurité.11
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FAUNE
Sanglier, des dents
qui causent
| Texte et photos Daniel Girod
IMPORTANTE S’IL EN EST, LA CONNAISSANCE DE L’ÂGE DES SANGLIERS PRÉSENTS AU TABLEAU DE
CHASSE FOURNIT DE PRÉCIEUX RENSEIGNEMENTS SUR L’AVENIR D’UNE POPULATION. A CETTE FIN,
POUR ÉVITER LA FASTIDIEUSE INSPECTION DES MOLAIRES, UNE MÉTHODE SIMPLE ET RAPIDE REPOSE
SUR L’ANALYSE DES INCISIVES.
Cette vue en coupe permet de montrer que la plus grande partie des dents est située dans le maxillaire.
L
a chute certes sectorielle mais et efficace, l’analyse du tableau de de porter un jugement d’âge est sou-
parfois importante des popu- chasse. Outre le poids des animaux vent avancé pour éviter de procéder
lations de sangliers conduit qui peut, même à âge égal, énormé- à cette opération. Bien sûr, quand
inexorablement à une meilleure éva- ment varier d’un individu à l’autre, l’animal est froid il est quasiment im-
luation du nombre de bêtes noires l’examen de la dentition est riche possible de lui ouvrir suffisamment la
présentes sur un territoire. Pour cela, d’enseignements. L’argument de la mâchoire pour observer les molaires
le chasseur dispose d’un outil simple difficulté d’atteindre les molaires afin (voir encadré Deux classes d’âge).13
La lecture des incisives va permettre
de contourner la difficulté. Au-delà
de 3 mois, le sanglier est doté de trois
paires d’incisives à sa mâchoire infé-
rieure. Tout d’abord de lait, ces dents
vont évoluer vers leur version défini-
tive au fur et à mesure que l’animal
vieillit.
Dents de remplacement
On distingue très bien les deux incisives centrales à la section trapézoïdale, les deux canaux
Quelques mois après la naissance, latéraux et le renflement central. Une incisive latérale a été retirée pour bien montrer son
les six incisives ont une section profil circulaire et l’apparition de la dent définitive. L’animal est dans sa deuxième année.
presque circulaire et se terminent
en pointe. Le remplacement de la
première paire d’incisives intervient siment 2 ans. Cette catégorie cons- ment dit de la dentition, les dents
entre 13 et 15 mois, c'est-à-dire à la titue par ailleurs une large part du définitives ont un profil très diffé-
charnière entre la classe jeune et le tableau de chasse. En effet, et c’est rent des incisives de lait. En effet, la
début de la classe adulte. Le rempla- bien regrettable, les populations de section presque circulaire originelle
cement de la deuxième paire d’inci- sangliers n’ont généralement pas le fait place à une coupe transversale
sives se positionne quant à lui entre temps de vieillir suffisamment. En en forme de trapèze. Deux canaux
19 et 22 mois. L’animal a donc qua- ce qui concerne l’examen propre- latéraux séparés par un renflement
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central sillonnent la face intérieure
Vue sous un autre angle,
de l’incisive, marquant ainsi le pas- la distinction est très nette entre
sage au stade définitif de cette dent. les différentes incisives, et la seconde
molaire confirme la deuxième année.
Comme cela a été mentionné précé-
demment, c’est entre 13 et 15 mois
que cette transformation intervient
pour les deux incisives centrales.
Puis, à l’entrée dans sa deuxième
année, c’est à dire entre 19 et
22 mois, le processus de changement
des incisives du sanglier se poursuit.
A l’instar des deux premières, les
deux incisives latérales de lait sont
remplacées par leurs versions dé-
finitives. Le sanglier est donc dans
sa deuxième année dès lors que les
deux incisives situées de part et
d’autre des deux centrales ont pris
leur profil trapézoïdal crénelé.
Inspection poussée
Incisives, mode d’emploi
Si l’on peut mener une inspection Pour examiner les incisives, il n’est pas nécessaire d’avoir un couteau ou
plus poussée vers l’arrière de la mâ- un quelconque autre instrument. Il suffit d’abaisser la lèvre inférieure et
choire, on pourra noter que la qua- de lever la lèvre supérieure avec une main pour voir parfaitement le profil
trième prémolaire est désormais bi- des incisives. On peut éventuellement améliorer l’éclairage des dents à
lobée et que la deuxième molaire est l’aide d’une lampe de poche. C’est ensuite la forme ronde et effilée des
sortie. Quand les animaux entrent incisives qui détermine s’il s’agit de dents de lait ou de dents définitives.
dans leur troisième année de vie,
les deux incisives centrales com-
mencent à s’user. Les troisièmes circulaire et effilée. Puis, dans sa sives prend à peine cinq minutes.
incisives disposées beaucoup plus deuxième année, les deux incisives Ce n’est pas une perte de temps
latéralement sont nettement plus centrales deviennent définitives. compte tenu des renseignements
arrondies à leur extrémité que les Et enfin, dans sa troisième année, essentiels que cette analyse apporte
autres. les deux latérales deviennent à leur à la connaissance de la pyramide
En résumé, dans sa première an- tour définitives. des âges d’une population et, par
née, le sanglier porte six incisives La détermination de l’âge d’un conséquent, des prélèvements que
de lait caractérisées par une section sanglier grâce à l’examen des inci- l’on peut espérer.
Deux classes d’âge
La répartition entre les sangliers de moins de 15 mois et ceux de plus de 15 mois donne une image rapide
et fidèle de la structure d’une population. En effet, sans consigne de tir particulière, les animaux de moins de
15 mois doivent représenter au moins 60 % du tableau de chasse. Outre la détermination rapide par les inci-
sives, une précision supplémentaire peut être apportée par la quatrième prémolaire qui présente trois lobes
pour les animaux âgés de moins de 15 mois et deux lobes pour les autres. La répartition entre la classe jeune
et la classe adulte est donc très simple à réaliser.15
LE COIN DU PÊCHEUR
Colombie britannique,
paradis du saumon
| Texte Vincent Gillioz | Photos DR
LES DÉTROITS DE GEORGIA ET JUAN DE FUCA, SITUÉS ENTRE LE NORD-OUEST DES ETATS-UNIS, LA
CÔTE OUEST DU CANADA ET L’ÎLE DE VANCOUVER, SONT RÉPUTÉS POUR LEUR FAUNE MARITIME
PARTICULIÈREMENT RICHE. PLUSIEURS ESPÈCES DE SAUMON Y TRANSITENT CHAQUE ANNÉE, POUR
LE BONHEUR DES ORQUES, DES OURS, ET BIEN SÛR DES PÊCHEURS.
On trouve des guides de pêche qui proposent des sorties à la journée dans la plupart des petits ports
des détroits de Juan de Fuca et de Georgia.
L
a pêche au saumon au Canada Toutes ont en commun de naître et gration peut être très étendue. Le
n’existe pas ! En effet, dans ce mourir en eau douce, et de passer sockey se rapproche par exemple, à
vaste pays, le poisson convoi- une partie de leur vie en migration, l’extrême de son voyage, du nord du
té est presque toujours appelé par en mer après un long périple. Après Japon. Le chinook évolue quant à lui
le nom de son espèce spécifique. On l’éclosion, les jeunes restent sur les jusqu’au large des îles Aléoutiennes,
va au sockeye, humpback, chinook lieux de leur naissance pendant une alors que le pink reste dans le golf
ou encore au coho. Même à table, durée variable, puis entament leur de l’Alaska. Au niveau des tailles,
les cartes des établissements qui les périple vers la mer, durant deux à elles sont aussi diverses que variées.
servent n’utilisent jamais le nom gé- six ans, pendant lesquels ils vont Le humpback, le plus petit, pèse gé-
nérique. grossir avant que l'heure de la re- néralement 3 à 4 kilos alors qu’il est
La différence entre chacune de production ne les ramène sur le lieu possible de ramener, en haute mer,
ces espèces est plus ou moins ténue. de leur naissance. La zone de mi- des chinooks de 50 kilos. La plupart16 | CHASSE ET NATURE | no 9 septembre 2018
des espèces cessent de se nour-
rir lorsqu’elles reviennent en eau
douce. Les prises faites en rivière ou
en lac sont ainsi généralement plus
petites et moins charnues que celle
faites en mer. Le saumon fait partie intégrante de la nourriture des ours.
La survie des uns dépend de celles des autres.
Equilibre écologique subtil
L’animal à la chaire plus ou moins
rose s’appréhende volontiers de mai Les périodes de pêche, les zones, un lourd plomb (environ 7 kilos), à
à décembre selon les espèces dans la taille des individus, le nombre de une profondeur donnée, selon l’es-
le dédale d’îles, fjords et détroits si- prises sont précisément détermi- pèce convoitée, entre 10 et 80 mè-
tués entre la frontière étasunienne nées. Chaque pêcheur a le devoir tres. Un clip monté le long du câble
et l’île de Vancouver, à la traîne, où d’inscrire les détails de ses prises du plomb prend la ligne de la canne
il transite à la recherche de son lieu au retour de la pêche, via le site à pêche, munie d’un leurre. Lorsque
de naissance pour se reproduire. internet du département en charge le poisson mord, la ligne sort du clip
Le fleuve Fraser, long de 1300 kilo- du dossier. Même les preneurs de avec la tension, elle remonte, et le
mètres, et qui se jette dans la mer à permis journalier doivent se plier à pêcheur peut alors travailler le pois-
Vancouver, constitue un des bassins cette exigence. son pour le ramener à bord.
de reproduction particulièrement Durant la traîne, le pilote du ba-
importants dans le pays. Plus au Technique appropriée teau va tenter de suivre une ligne de
nord, les grands fleuves de l’Alaska, La pêche récréative au saumon sonde régulière. La plupart des em-
comme le Yokon, sont également est très pratiquée dans la région de barcations sont équipées de deux
des espaces incontournables pour le Vancouver et sur l’île éponyme, qui moteurs, un gros pour se déplacer
cycle de vie du saumon, notamment fait un peu moins que la taille de de site en site, et un plus petit qui
le king. la Suisse. Elle requiert un matériel permet de traîner à 3-4 kilomètre/
La pêche de chaque espèce est spécifique, et relativement onéreux, heure, sans consommer trop de car-
très réglementée, que l’on soit au ce qui ne dissuade pas les adeptes. burant.
Canada ou aux Etats-Unis. Maillons Les plus doués, et chanceux, peu- Les pêcheurs de saumon sont
indispensables de la chaîne alimen- vent cependant, s’ils disposent de généralement aussi pêcheurs de
taire des orques, mais également suffisamment de temps, remplir crabes. Il est en effet usuel de dépo-
des ours, le saumon, et surtout le leur congélateur ou leur fumoir, afin ser un ou deux casiers entre le port
sockey, fait l’objet d’une surveil- de profiter de la saveur exception- et le lieu de pêche, et de les récu-
lance toute particulière. La survie nelle de ce poisson lorsque la saison pérer au retour. Il est ainsi rare de
de ces deux prédateurs est directe- s’achève. rentrer bredouille. Et si le saumon
ment liée à celle de l’abondance de La pêche se pratique au down- ne répond pas à l’appel, le casier à
poissons. rigger, un outil qui permet de couler crabes est rarement vide.
Pêche touristique
La plupart des nombreux petits ports de la région des détroits de Georgia et Juan
de Fuca proposent des sorties de pêche à la journée. Les tarifs tournent autour
de CHF 500.– pour une demi-journée de pêche sur un bateau pouvant accueillir
quatre convives, en plus du guide de pêche. Les permis, en sus, coûtent une
vingtaine de francs par jour.
Plusieurs prestataires proposent également des séjours de pêche tout compris,
incluant le saumon, mais également le flétan, un autre excellent poisson.17
ACTUALITÉ
L’élevage du cerf
comme alternative
| Texte Vincent Gillioz | Photos Aide suisse aux montagnards
EXPLOITANT DU DOMAINE FAMILIAL DES PRAILATS, DANS LES FRANCHES MONTAGNES, ROBERT CATTIN
S’EST LANCÉ IL Y A DEUX ANS DANS L’ÉLEVAGE DU CERF, POUR PALLIER LE MANQUE DE RENTABILITÉ
DE LA PRODUCTION LAITIÈRE.
L
as de voir le prix du lait s’ef-
fondrer, au point de ne plus
pouvoir rentabiliser son ex-
ploitation, Robert Cattin s’est lancé
dans l’élevage de cervidés. Sa re-
conversion commence aujourd’hui à
porter ses fruits, et la vente directe
de sa viande débute cet automne.
Diversification mûrement
réfléchie
Lorsqu’il acquit le domaine fami-
lial en 2010, Robert Cattin ne pen-
sait pas abandonner la production
de lait. Pourtant, la dégringolade
du prix ainsi que les différentes
contraintes liées à ce type de pro-
duction l’ont poussé, avec son
épouse Flavie, à s’orienter vers des
solutions alternatives. L’idée n’est
pas née en une nuit, et la diversi- revenir aux valeurs qui nous sont décidant de se spécialiser dans l’éle-
fication a toujours fait partie des chères : proximité avec la nature, sim- vage de vaches allaitantes et de cerfs
projet de cet agriculteur jurassien, plicité, production d'aliments sains.» élaphes.
troisième du canton à se lancer Le jeune couple avait aussi à cœur
dans la production de viande de de pouvoir gagner sa vie tout en pro- Allègement du travail
cerfs. «Nous souhaitions nous affran- fitant mieux de sa famille. Après de Cette solution permet aujourd’hui
chir des directives imposées par les nombreuses réflexions et une grande à la famille de diversifier son exploi-
acheteurs-transformateurs de lait ou préparation en amont, les Cattin ont tation, mais aussi d’alléger sa charge
à tout autre type de production in- opté en janvier 2016 pour l’abandon de travail, ce qui lui permet de pra-
dustrielle, déclare-t-il. Nous voulions définitif de la production laitière en tiquer des activités annexes. Robert18 | CHASSE ET NATURE | no 9 septembre 2018
est en effet chauffeur de poids lourds génisses et veaux ainsi que qua- utilisé les arbres de leurs propres
pour une entreprise de déménage- rante-deux cervidés… Le spectacle pâturages boisés. Une vingtaine de
ment industriel et Flavie occupe un de ces cerfs, bichettes, biches, da- sapins ont ainsi été abattus et taillés
poste de droguiste à mi-temps à Ta- guets et faons, qui accourent quand au village par un charpentier pour
vannes. Cette possibilité de réaliser Robert et sa fille Méline arrivent leurs constructions. Celles-ci sont
des gains en parallèle leur a permis avec des céréales de l’exploitation amenées à contenir des box, ainsi
de surmonter la phase de transition pour les nourrir, mérite clairement qu’un local de contention pour l’ad-
initiale, à savoir constituer les deux d’être vu ! ministration de vermifuges et pour
troupeaux, et pour Robert effectuer la sélection des animaux.
une formation spécialisée d’éleveur Aménagements spécifiques La famille Cattin a monté ce pro-
de cerfs chez Agridea avec en plus Pour se lancer dans l’élevage des jet avec des fonds propres et ame-
trois cents heures de mentorat chez cerfs et des vaches allaitantes, Ro- né de nombreuses prestations per-
un éleveur aux Brenets. L’exploi- bert et Flavie ont dû revoir complè- sonnelles. L’exploitant a effectué la
tant a aussi réalisé, avec son père tement l’organisation et l’aménage- plupart des travaux avec l’aide de sa
Raymond, la construction de deux ment de leur exploitation, afin de famille. Le reste du financement a
abris pour les cervidés. Il a finale- l’adapter aux nouveaux troupeaux. été possible grâce à des crédits d’in-
ment mandaté une entreprise pour Le projet a exigé la transformation vestissement et une augmentation
l’aménagement des clôtures de l’en- de l’étable existante, avec une sta- d’hypothèque. Pour boucler com-
clos de 12 hectares. Les vingt-deux bulation entravée, en une stabu- plètement le budget, l’agriculteur
premières biches sont arrivées sur lation libre adaptée à la détention s’est tourné vers l’Aide suisse aux
le domaine début février 2017, le de vaches allaitantes. Les vaches montagnards, qui a accepté d’inter-
premier mâle au printemps de la laitières ont été inséminées par des venir pour permettre à l’ensemble
même année, et les premiers faons races à viande et ont permis une d’aboutir. Pour Pierre Lancoud, l’ex-
sont nés en juin. transition progressive. pert de cette fondation en charge du
Aujourd’hui, l’exploitation compte Les abris déjà cités ont été réa- projet, «cette reconversion dans un
quelque dix-sept vaches, quatre lisés par le père et le fils, qui ont marché de niche à fort potentiel est
Un domaine parfaitement adapté aux cerfs
Le domaine des Prailats se situe à 950 mètres d’altitude, à 2 kilomètres au-dessous du Béochet, à moins de
5 kilomètres du Noirmont. L’exploitation compte 35 hectares, dont 9 de pâturages boisés, terrain particulière-
ment apprécié par les cervidés. Les Cattin, parents de deux filles, Méline et Loane, représentent la quatrième
génération à exploiter le domaine que Robert a racheté à son père en 2010. Le bâtiment, qui abrite le rural et
les deux appartements qui logent les deux familles, date de 1760.19
Des années de recherche
et développement…
une excellente option qui permet d’assurer l’avenir de
toute une famille. Flavie et Robert pourront tous deux, La nouvelle cible électronique
grâce à cette solution, conserver leur activité annexe et
générer ainsi un revenu supplémentaire». pour le chasseur
Au-delà de l’aspect financier, ce projet a exigé un
énorme investissement personnel, et Robert Cattin
n’aurait pas pu mener cette entreprise à bien sans le
soutien de sa famille : ses parents Alice et Raymond qui
vivent sur place, ainsi que sa belle-famille qui est instal-
lée à une trentaine de kilomètres.
Reconversion réussie !
Aujourd’hui, le couple est enchanté de cette recon-
version. En plus de la vente directe de pommes de terre
des variétés Agria et Désirée qui existait déjà, Robert et
Flavie ont déjà mis en place la vente directe de viande
de demi-cerf pour cet automne. La boucherie Bilat des
Bois, réputée dans toute la région, est impliquée dans le
projet pour la découpe des animaux afin de préparer les
portions destinées aux clients. La commercialisation se
é a l pour
fera néanmoins au domaine des Prailats et uniquement ei d e
stèm ent d
sur réservation. La viande des quatre premiers daguets Le sy mplissem té du tir
est déjà vendue ! Robert Cattin abattra normalement
lui-même ses bêtes à la carabine. S’agissant d’animaux AC13 l’acco ation sûr
l’atte
s t
e
sauvages, il est en effet impossible de songer à un abat-
toir conventionnel. Les bêtes sont saignées sur place, L’AC13 est un système me de détection acoustique.
acoustique Com-
Com
et amenées dans l’heure à la boucherie, afin de respec- biné avec une unité de contrôle SIUS M95 ou un ordi-
ter le temps réglementaire. Les jeunes femelles sont nateur/portable, c’est un système facile à utiliser pour
pour l’heure destinée à agrandir le troupeau. La viande tous les calibres de chasse à partir de calibre .222 Rem.
de bœuf est quant à elle proposée en boucherie ou en La cible est connectée par câble ou par radio.
vente directe à la demande. ■ Utilisable avec différents cibles de chasse
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CYNOPHILIE
Les responsabilités
cynophiles
| Texte et photos Alain Rossier
« UN CHASSEUR SACHANT CHASSER SANS SON CHIEN N’EST PAS MEILLEUR QUE CELUI QUI PROFITE
ET JOUIT DE LA COMPLICITÉ D’UN AUXILIAIRE CANIN ! »
L’
utilisation d’un chien à la parvenir se heurtent à la Loi sur la solument normal de respecter stric-
chasse passe obligatoirement chasse et la protection des espèces tement la période de reproduction.
par un entretien sérieux de sauvages. Même sans vouloir à tout On peut sortir un chien courant à
l’animal tout au long de l’année, prix mettre nos compagnons en la longe, en le guidant sur des pas-
mais il ne s’agit pas simplement de présence de gibier, la période légale sages de gibier fréquents, mais on
lui donner à boire et à manger, il d’entraînement est courte, le déve- s’approche déjà d’un acte de chasse
faut aussi entretenir sa forme phy- loppement des cultures fait barrage avéré. Quant au lâcher proprement
sique et son mental sur le terrain. au découplé souhaité et cela ne nous dit, il est illusoire de pouvoir le faire
Certes, ces deux derniers points laisse plus beaucoup de possibilités en dehors de la période d’entraîne-
sont les plus difficiles à assurer, intéressantes pour travailler avec ment légale. Avec les chiens d’arrêt,
compte tenu que les moyens pour y des chiens de chasse. Il est aussi ab- il ne faut pas rêver, ce n’est guère21
plus facile, car cet animal a tout au- remettre l’animal dans sa caisse ou plus puissant. Certes, le «down» à
tant besoin de courir dans le vent simplement de le balader à la laisse distance n’est pas souvent utile à
pour capter les émanations d’oi- pendant un moment et de le lâcher la chasse, mais s’il est bien compris
seaux ou de mammifères ; enfin il un peu plus loin. Dès la reprise à par le chien, il fait partie des ordres
doit absolument pouvoir utiliser son la laisse, on commande «assis», on qui amènent à la soumission. Il est
instinct de «trouveur». C’est là que reprend la marche, on lui demande alors très important d’aller relever
le conducteur porte une respon- le «down» (couché) plusieurs fois, le chien que l’on a mis au «down»,
sabilité s’il entend obtenir un bon puis le «down» en le faisant rester le rappeler simplement pourrait lui
dressage, qui lui promettra aussi de sur place quelques instants. donner envie de se relever seul et
vivre de belles actions ! de filer pour son compte. Lors de
Le «down» à distance ces leçons d’obéissance, il ne faut
La base d’une entente cordiale ! Faire coucher un chien à dis- pas oublier la caresse et le mot flat-
Dès son plus jeune âge, il est né- tance peut être une opération utile teur chaque fois que le chien a bien
cessaire d’obtenir rapidement une lorsque le chien est loin de soi et répondu aux ordres. La croquette
confiance mutuelle avec son chien, s’apprête à traverser une route, peut être sa récompense, mais il
ce qui engendrera un attachement s’approche de trop près d’un groupe s’en souviendra vite et vous serez
naturel de l’animal à son, ou ses de promeneurs ou encore court obligé d’en avoir toujours dans vos
maîtres. En effet, la famille au com- au-devant d’un cheval qu’il pour- poches ! Pour encourager l’animal
plet devrait pouvoir entretenir une rait effrayer. Pour y parvenir, on à garder en mémoire ces réflexes
entente cordiale, car à un moment peut faire ce dressage à l’aide d’une d’obéissance, il est donc nécessaire
ou un autre, chaque personne sera longe et lorsque le chien est au bout d’entretenir cette entente cordiale.
appelée à s’occuper de cet animal de la corde, on lui donne l’ordre
familier. Il est donc important que du «down», ou «terre», ou encore Prêt pour la chasse…
l’on s’adresse à son chien avec un «couché», en levant les deux bras. Médor a reçu une bonne nour-
vocabulaire connu de tous, pour S’il n’obtempère pas, on va vers lui riture toute l’année, il a maintenu
qu’il saisisse rapidement le sens des pour le forcer à se coucher, puis un bon physique en ayant été sorti
mots, qui seront encore associés à on recule lentement en gardant régulièrement, il est entraîné à ré-
une gestuelle adaptée à toutes les les bras en l’air, tout en répétant pondre aux appels et aux ordres, il
situations. Ce dernier point est im- l’ordre. Lorsque le «down» est ac- est donc prêt pour aller à la chasse.
portant lorsque l’on se trouve en quis à la voix et à la longe, on double C’est un chien courant, quelques
promenade et que Médor n’enten- l’ordre par un long coup de sifflet à découplés sur son gibier de prédi-
dra pas forcément les ordres vo- roulette. A propos du sifflet, il est lection suffiront à le motiver dès les
caux. Mieux encore, la corne pour utile d’en avoir deux, l’un simple et premières sorties, mais attention
un chien courant, ou le sifflet pour strident et l’autre, le sifflet à roulette à ne pas l’user dès le début de la
un chien d’arrêt, surtout s’il y a du
vent, sont mieux entendus à plus
ou moins longue distance. Il est
donc nécessaire d’entretenir l’obéis-
sance, en formulant des ordres for-
mels qui feront de nos promenades
et de nos entraînements de vraies
parties de plaisir. Nos compagnons
à quatre pattes ne sont pas des
mécaniques qui répondent stricte-
ment aux ordres en tous temps et
en tous lieux, mais il est bon de ré-
péter souvent les leçons. Lorsqu’un
chien n’est vraiment pas à l’écoute
dès le début de la séance, il est
préférable de stopper le travail, de22 | CHASSE ET NATURE | no 9 septembre 2018
période légale. C’est un chien d’arrêt,
cela se complique un peu chez nous,
car pour le mettre en présence, c’est
bien le gibier qui manque. Certes,
on peut faire arrêter un chien sur un
gibier mort, sorti du congélateur, ou
simplement sur une aile de faisan ou
de bécasse, mais l’action ne saurait
se répéter trop souvent au risque
d’amener le chien à ne plus y croire.
J’ai eu un épagneul breton, passion-
né de chasse aux oiseaux, qui me
montrait avec beaucoup de force
dans le regard et une attitude qui en participer à une démonstration. Est- une utopie qui devient incompatible
disait long qu’il savait bien que ce ce que l’on apprend à conduire une avec la protection de l’environne-
leurre n’allait pas prendre l’envol et automobile simplement devant un ment rural, ainsi qu’avec une réelle
qu’il n’avait aucune raison de l’arrê- simulateur ? Nos auxiliaires à quatre gestion de la biodiversité. Cette at-
ter pour me faire plaisir ! Newlook, pattes ne sont pas des mécaniques, titude écologiste incorrecte pousse
pour ne pas le nommer, avait un ils ne sont pas non plus des tueurs de de plus en plus les extrémistes anti-
rapport naturel et il était capable de gibier et pour qu’ils soient et restent spécistes et les mouvements végans
prendre le leurre, ou la caille, donc performants, il y a un minimum de à devenir violents, irrespectueux du
sans l’arrêter, et de venir me l’appor- travail et de valeurs à respecter. travail et de la propriété d’autrui,
ter avec un regard plein de malice. et met en danger réel l’équilibre de
En Suisse romande, plusieurs asso- En préambule à l’ouverture la faune, l’élevage et les efforts des
ciations amicales organisent des en- Nous devons sans cesse le répéter, agriculteurs, qui doivent faire face à
traînements pour les chiens d’arrêt, la chasse n’est pas reconnue d’uti- de très nombreuses contraintes ma-
mais elles se heurtent aussi aux pro- lité publique par une certaine par- jeures. Pour maintenir la chasse du-
blèmes qui touchent à l’utilisation tie de la population. Cette prise de rable, les chasseurs doivent donc at-
d’oiseaux vivants pour un dressage position est de toute évidence due tester de toutes leurs connaissances
complet. L’hypersensibilité des mi- au fait de la méconnaissance de la et mettre en avant leur expérience
lieux de la protection animale a en- réalité faunistique des opposants à acquise sur le terrain, en phase avec
gendré toutes sortes d’interdictions notre activité. La volonté d’une par- le gibier et l’éthique qui est requise,
que les autorités officielles ont ava- tie d’entre eux à vouloir considérer pour profiter des milieux naturels et
lisées, parfois sans avoir accepté de les animaux à l’égal des hommes est de ce qu’ils nous offrent.
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