19:30 - Philharmonie Luxembourg

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19:30 - Philharmonie Luxembourg
01.03.           2022 19:30
                 Salle de Musique de Chambre
Mardi / Dienstag / Tuesday
Quatuor à cordes

Chiaroscuro Quartet
Alina Ibragimova, Pablo Hernán Benedí violon
Emilie Hörnlund alto
Claire Thirion violoncelle
19:30 - Philharmonie Luxembourg
Henry Purcell (1659?–1695)
Fantasia a 4 en ut mineur (c-moll) Z 738 (1680)

Fantasia a 4 en ré mineur (d-moll) Z 739 (1680)

Fantasia a 4 en sol majeur (G-Dur) Z 742 (1680)

15’

Ludwig van Beethoven (1770–1827)
Streichquartett N° 1 F-Dur (fa majeur) op. 18 N° 1 (1799)
  Allegro con brio
  Adagio affettuoso ed appassionato
  Scherzo: Allegro molto – Trio
  Allegro
28’

—

Streichquartett N° 10 Es-Dur (mi bémol majeur) op. 74
  «Harfenquartett» / «Les Harpes» (1809)
    Poco Adagio – Allegro
    Adagio ma non troppo
    Presto, attacca:
    Allegrettto con variazioni
32’
19:30 - Philharmonie Luxembourg
De Kamelleknécheler
Martin Fengel
19:30 - Philharmonie Luxembourg
D’ombre et de lumière
    Clément Pauvert

                             A glooming peace this morning with it brings;
                               The sun, for sorrow, will not show his head.

               L’aurore de ce jour apporte avec elle une sombre paix,
                            Et de douleur le soleil a caché son visage.

                    William Shakespeare, Roméo et Juliette, scène finale

    Stèle funéraire et transmission organique
    Plus d’un siècle et demi sépare Henry Purcell et Ludwig van
    Beethoven mais la question de s’inscrire dans l’histoire d’un
    genre étroitement associé à la fois à son époque et à son instru-
    mentation se dessine d’un côté et de l’autre de la mer du Nord.
    Pour Purcell, il s’agit de la fantasia, un genre développé sous
    l’Angleterre des Tudor à la fin du 16e siècle et lié au consort de
    violes – même s’il a ici été transcrit pour un quatuor à cordes –,
    une pratique purement britannique qui s’étend jusqu’à la fin du
    17e siècle. Pour Beethoven, en revanche, c’est le quatuor à cordes,
    un genre dont l’instrumentation a toujours été fixe, depuis sa
    stabilisation au 18e siècle jusqu’à aujourd’hui. Il s’agit d’un genre
    si répandu qu’il serait presque possible de réaliser une histoire de
    la musique uniquement par le quatuor à cordes, dont la production
    de Beethoven serait alors l’une des pierres angulaires. Celui-ci a
    reçu l’enseignement de Joseph Haydn – que l’on surnomme le
    « père du quatuor à cordes » – tout en ayant été l’initiateur d’une
    certaine esthétique et tradition romantiques. À l’échelle de l’œuvre
    de Beethoven, du premier quatuor op. 18 jusqu’au dernier op. 135,
    en passant par le dixième quatuor op. 74, tous suivent l’évolution
    de son style et de ses préoccupations expressives, si bien qu’il
    consacre les dernières années de sa vie à l’écriture du quatuor
    à cordes.

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Entre les quatuors « classiques » de Wolfgang Amadeus Mozart
et de Haydn, et les quatuors « romantiques » de Felix Mendelssohn
Bartholdy et de Robert Schumann par exemple, Beethoven
semble être un pont dont le passage se fait en douceur et sans
rupture. Le quatuor transforme alors sa substance, son écriture,
par un glissement organique continu depuis le 18e siècle qui en
conserve la nature, maintenue en partie par son instrumentation,
qui refuse par définition la variabilité. Au contraire, la fantasia,
au siècle précédent, peine à se développer et sa pratique commence
à s’essouffler après environ un siècle d’existence. Peut-être pâtit-
elle d’une difficulté à se définir de manière précise : ses deux
caractéristiques principales sont le contrepoint, c’est-à-dire une
écriture où chaque instrument chante une ligne mélodique qui
s’entremêle avec les autres, et le fait qu’il soit inhérent à la pratique
du consort de violes, un ensemble d’instruments de la famille de
la viole de gambe. Ce sont paradoxalement ces deux caractéris-
tiques qui en constituent l’essence mais qui l’ont conduite à sa fin :
au fil du 17e siècle, on commence à préférer au contrepoint, un
peu archaïsant, le style de la mélodie accompagnée, et la famille
de la viole de gambe est progressivement supplantée par ses
cousins de la famille du violon.
Ainsi, à l’inverse de Beethoven qui compose ses quatuors alors
que le genre est à son apogée, lorsque Henry Purcell s’attelle à la
composition de fantasias entre 1679 et 1683, la fantasia et le
consort de violes ne se pratiquent quasiment plus et tombent en
désuétude, si bien qu’il semblerait même qu’il soit le dernier à
en avoir écrit, après Matthew Locke qui meurt quelques années
auparavant. Pourquoi écrire de la musique sciemment surannée,
alors qu’il devient même difficile de réunir un consort de violes
complet en 1680 ? En effet, on ne trouve pas de grandes innova-
tions dans la forme et l’écriture des fantasias de Purcell qui
auraient pu donner un nouveau souffle au genre : elles restent
pour la plupart guidées par une certaine combinatoire des motifs
musicaux. Est-ce cependant la raison pour laquelle les fantasias
de Purcell sont les dernières à notre connaissance ? Il semblerait
qu’il était déjà trop tard, mais que ce soit justement ce qui a
poussé Purcell à en écrire. Le fait que son œuvre pour consort
de violes ait été restreint à un cercle très intime laisse à penser

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qu’elle n’était pas destinée à être plus largement répandue.
    Il s’agirait alors d’un exercice de composition, pour développer
    son écriture du contrepoint dans un style déjà poli par une
    époque passée, comme aujourd’hui on pratiquerait l’écriture
    dans les styles anciens.

    On ne peut toutefois s’empêcher de penser que la densité musicale
    des œuvres destinées à cet effectif dépasse largement le cadre
    d’un exercice. À l’écoute de ces fantasias, on est frappé, bouleversé
    par ces harmonies très douloureuses et sensiblement nouvelles à
    l’époque de Purcell. Il serait inconcevable que ce déchirement
    qui transparaît d’une torsion constante de l’harmonie ne soit
    qu’une dimension subsidiaire au prétexte d’un exercice de
    contrepoint. Pourtant, lorsque l’on s’intéresse à la vie de Henry
    Purcell en 1680, date à laquelle sont écrites les Fantasias a 4, elle
    n’a rien d’affligeante : il se marie dans l’année et sa carrière de
    compositeur commence à prendre un essor durable. Alors que
    pleure cette musique ? C’est, peut-on imaginer, la musique
    elle-même. En fin de compte, Purcell écrit ici un hommage
    – dans le sens d’une rétrospection – à une époque musicale
    révolue, édifiant en quelque sorte une stèle mortuaire, qui à
    la fois signe la limite du genre et pleure sa disparition.

    Clair-obscur
    Mais ce caractère intensément sombre est toujours nuancé par
    une section plus rapide qui apporte une certaine clarté. Cette
    section contrastante vient directement de la fantasia élisabéthaine
    du 16e siècle, dont la forme était bien souvent structurée en une
    section lente développant par le contrepoint un bref thème,
    suivie d’une section rapide, dont le motif principal était dérivé
    de celui de la partie lente, comme éclairée par une lumière plus
    vive. Cette utilisation plus rapide d’un même motif est particu-
    lièrement flagrante dans la Fantasia Z 739, avec le très reconnais-
    sable intervalle de quarte qui revient lors de la partie rapide notée
    simplement « Brisk » (« vif »). Avec ses nombreuses dissonances
    abruptes, cette fantasia est peut-être la plus poignante de toutes
    – rivalisant toutefois avec la précédente (Z 738) –, car même lors

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Gravure de Henry Purcell par Robert White (1683)

de la partie rapide, l’on est pénétré par ce rythme d’empressement
qui laisse poindre une certaine inquiétude. D’ailleurs, ce n’est pas
cette vivacité qui termine la fantasia : une ultime partie lente,
reprenant encore l’intervalle de quarte comme motif caractéristique,
vient conclure la pièce. À l’écoute de ces harmonies torturées
tantôt lancinantes, tantôt plus vives, on peut voir surgir l’image
d’une Madeleine pénitente de Georges de la Tour, chez qui, quelques
décennies plus tôt, de l’obscurité totale, la douce lumière d’une
bougie fait ressortir les ombres.
Dans les quatuors de Ludwig van Beethoven, le contraste de
vitesse et de caractère n’est pas une spécificité puisqu’il est inhérent
à toute œuvre de plusieurs mouvements. Ici, la différence d’éclairage
peut probablement se trouver du côté des tonalités qui assom-
brissent ou rendent brillantes les cordes des instruments du quatuor.
Ainsi, la tonalité de fa majeur du Quatuor à cordes op. 18 N° 1

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offre une certaine projection du son due à la vibration par sym-
    pathie des cordes à vide, qui ont une sonorité plus brillante.
    Au contraire, la tonalité de mi bémol majeur du Quatuor à cordes
    op. 74 assombrit déjà la sonorité des instruments, de façon plus
    manifeste encore lorsque le deuxième mouvement, Adagio ma
    non troppo, passe par la bémol majeur puis même la bémol mineur,
    car aucune corde à vide ne peut y vibrer. La projection du son
    est donc bien moindre et il en résulte une sonorité très sombre
    et enfermée sur elle-même qui donne à la mélodie plaintive du
    violon, dans son registre médium, une dimension presque dérobée.
    Mais, chez Beethoven, un exemple d’atmosphère nocturne plus
    flagrant se trouve peut-être dans l’Adagio affettuoso ed appassionato
    du Quatuor N° 1 op. 18, publié en 1801. Ce mouvement lui
    aurait été inspiré par la scène finale de Roméo et Juliette de William
    Shakespeare, probablement créée à Londres où vécut Henry
    Purcell. Cette anecdote, qui a été relatée par un ami du composi-
    teur, Karl Amenda, a longtemps été considérée comme fantaisiste
    avant d’être confirmée par la découverte de notes manuscrites de
    Beethoven à propos de cette même scène de Roméo et Juliette dans
    laquelle Roméo vient s’ôter la vie aux côtés de Juliette qu’il croit
    morte. Cette dernière, se réveillant dans l’effroyable découverte
    du cadavre de Roméo, se poignarde avec son couteau pour le
    rejoindre. On retrouve dans cette scène, qui se déroule de nuit
    dans un cimetière, l’idée d’une obscurité lugubre. La musique
    devient presque narrative et emprunte aux topiques de l’opéra
    tragique : trémolos, accents, ruptures. B   ­ eethoven note même à
    la marge quelques indications (en français car il possédait une
    version française de la pièce de Shakespeare) sur les événements
    tirés de la scène : « Il prend le tombeau » alors que la musique
    devient diaphane. « Désespoir » lors des derniers sursauts rapides
    du violon, espacés par de lourds silences : peut-être hésite-t-il.
    Mais finalement, « Il se tue » lors du fa suraigu du violon accom-
    pagné par les notes répétées fortissimo des autres cordes. Puis
    quelques mesures encore finissent de suggérer ce tableau
    d’épouvante.

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Roméo et Juliette, Frank Bernard Dicksee (1884)

En revanche, dans le cas du Quatuor à cordes op. 74, composé
quelques années plus tard, en 1809, on ne sait pas si Beethoven
a puisé son inspiration dans une source extra-musicale. Mais la
musique elle-même pourrait peut-être nous dire quelque chose
de la différence d’éclairage. En effet, si le quatuor a été surnommé
« Les Harpes », c’est en référence aux passages où les instruments
du quatuor jouent en pizzicato, c’est-à-dire en pinçant les cordes
avec le doigt, dans les premier et deuxième mouvements.

On retrouve ces pizzicatos notamment lors du début de l’Allegro
du premier mouvement, de façon alternée entre les instruments.
Pourtant, ce motif de « harpe », qui ici fait vraiment office de
thème, possède une double identité : bien sûr le pizzicato fait

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Portrait de Ludwig van Beethoven par Joseph Willibrord Mähler (1804)

     penser au pincement des cordes d’une harpe, mais c’est surtout
     le fait qu’il s’agisse d’un arpège – le jeu successif des notes d’un
     même accord – qui le caractérise. Cette double identité le conforte
     dans son appellation « harpistique », pourrait-on dire, puisque le
     mot « arpège » est directement dérivé du mot « harpe ». D’ailleurs,
     l’arpège passe, au centre du mouvement, des pizzicatos au jeu à
     l’archet sans pour autant perdre son essence et se retrouve, à la
     fin, sur deux plans différents : en pizzicato au violoncelle et à
     l’alto et à l’archet au premier violon. Mais au moment où l’arpège
     atteint son point culminant d’intensité, il y a un renversement
     tout à fait inopiné : au niveau perceptif, l’arpège passe du premier
     plan à l’arrière-plan, et un motif mélodique venant du premier
     thème apparaît, voyageant du second violon à l’alto, comme
     prenant enfin son essor. De là vient une sorte de dialectique des
     plans sonores : le motif de « harpe », qui faisait office de thème
     au début de l’Allegro, passe, lors de ce point culminant, du premier
     plan d’intensité à l’accompagnement de la mélodie qui, au début,
     ne faisait presque qu’introduire le passage aux pizzicatos. Alors
     qu’en fin de compte, la « harpe » était présente à nos oreilles
     avant même que l’on ne s’en aperçoive. À l’incipit même du
     mouvement, après l’introduction lente, trois notes débutent
     l’Allegro : un arpège de mi bémol majeur.
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Le martèlement sévère et la grande effusion de joie chaotique du
troisième mouvement, Presto, tranche peut-être avec le caractère
lugubre et déploré des fantasias, même si parfois la peine s’éclaircit,
notamment dans la Fantasia en sol majeur Z 742, sans jamais être
vraiment joyeuse, sans jamais être moins pénétrante. S’il existe
un intermédiaire entre ces deux atmosphères, il pourrait s’agir du
premier Quatuor à cordes op. 18 de Beethoven. La douce allégresse
des mouvements rapides pondère l’effusion de joie du Presto de
l’op. 74 et finit d’apporter à ce camaïeu d’ombre et de lumière sa
nuance intermédiaire, alors que la référence à Roméo et Juliette
du deuxième mouvement pourrait en être un des tons les plus
assombris, le texte comme la musique se terminant dans
l’obscurité la plus totale.

Ce texte a été écrit par Clément Pauvert, étudiant du Département
Musicologie et Analyse du Conservatoire National Supérieur de
Musique et de Danse de Paris dans le cadre d’un partenariat
entre la Philharmonie Luxembourg et le CNSMDP.

Dernière audition à la Philharmonie

Henry Purcell Fantasia a 4 en ut mineur Z 738
  24.11.2010 Carteto Casals
Fantasia a 4 en ré mineur Z 739
  Première audition
Fantasia a 4 en sol majeur Z 742
  02.05.2016 Elias Quartet

Ludwig van Beethoven Streichquartett op. 18/1
  18.03.2019 Quatuor Ébène

Ludwig van Beethoven Streichquartett op. 74 «Harfenquartett» /
  «Les Harpes»
    25.01.2018 Julia Fischer Quartett

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Musikalische Fantasie
Frank Sindermann

Als Henry Purcell am 21. November 1695 in der Mitte seines
Lebens verstarb, war er bereits der bekannteste britische Kompo-
nist seiner Zeit. Sein Grabstein trägt die Inschrift «Here lyes Henry
Purcell Esq., who left this life and is gone to that blessed place where only
his harmony can be exceeded.» Doch wer war jener Mann, dessen
Harmonien nach Meinung der Zeitgenossen nur im Himmel
übertroffen werden konnten und dem man schon zu Lebzeiten
den Ehrentitel «Orpheus britannicus» verliehen hatte?

Purcells genaues Geburtsdatum ist nicht bekannt, ebenso wenig
sind seine Verwandtschaftsverhältnisse abschließend geklärt; man
weiß aber immerhin, dass er seine Ausbildung als Chorknabe in
der Chapel Royal erhielt. Zu seinen Lehrern gehörten renom-
mierte Komponisten wie John Blow und Matthew Locke. Schon
als junger Mann hatte Purcell zwei bedeutende Organistenämter
inne, unter anderem an der Westminster Abbey, neben deren
Orgel er später beigesetzt wurde. Erste Erfolge als Komponist
feierte Purcell mit Schauspielmusiken unter anderem zu
­Shakespeare’schen Werken; berühmt wurde er aber vor allem
 durch seine geistlichen Werke und Oden für das Königshaus.
 Knapp 40 Werke schuf Purcell für das Musiktheater, unter ihnen
 seine noch heute sehr beliebte erste Oper Dido and Aeneas.
 Didos Lamento-Arie «When I am laid in earth» gehört zu den
 Höhepunkten der Operngeschichte.

Purcells Instrumentalmusik erfreute sich ebenfalls großer Beliebt-
heit; allerdings wurde sie teilweise erst nach Purcells frühem Tod
herausgegeben. Die Fantasien entstanden vermutlich im Jahre

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1680. Ihr Kompositionsanlass ist allerdings unklar; denn die
     kontrapunktische Fantasie alter Schule, wie sie sich bei alten
     Meistern der englischen Consortmusik – etwa Locke oder
     ­Gibbons – findet, galt 1680, als Purcell seine Beiträge zur Gat-
      tung komponierte, bereits als altmodisch und entsprach in ihrer
      Strenge nicht mehr dem Bedürfnis nach galanter, leichterer
      Unterhaltung, wie sie der französische oder der italienische
      barocke Stil verkörperten. Auch über die Besetzung herrscht
      Unklarheit, da diese vom Komponisten nicht vorgeschrieben
      wurde. Gegen eine traditionelle Besetzung mit Instrumenten der
      Gambenfamilie spricht vor allem die Komposition selbst, da die
      Lage einiger Stimmen den Tonumfang der Violen überschreitet.
      Doch auch auf die Vertreter der moderneren Geigenfamilie
      passen einige Stellen nur mit Anpassungen. Ist also von einer
      gemischten Besetzung auszugehen? Dies ist ebenso wenig gesichert
     wie die Frage, ob die Fantasien überhaupt jemals aufgeführt
     wurden. Einiges spricht dafür, dass es sich bei den Werken in
     erster Linie um Kompositionsübungen gehandelt haben könnte,
     die gar nicht unmittelbar für das praktische Musizieren bestimmt
     waren, sondern eher die Auseinandersetzung Purcells mit einem
     Musikstil der Vergangenheit widerspiegeln. Die vielen ungelös-
     ten Fragen im Bezug auf die Fantasien rücken sie in die Nähe
     von Johann Sebastian Bachs nicht minder rätselhafter Kunst der
      Fuge, deren exemplarisch-abstrakter Charakter auch immer wieder
     die Frage aufgeworfen hat, ob sie nicht eher zum Studieren als
     zum Musizieren gedacht gewesen sei. Eine weitere Parallele ist
     die meisterhafte Qualität, mit der in beiden Fällen kontrapunkti-
     sche Prinzipien zur Vollendung geführt wurden, die zum Zeit-
     punkt der jeweiligen Komposition bereits als veraltet galten.

     Wurde der Begriff «Fantasie» in Klassik und Romantik als
     Sammelbegriff für allerlei Werke in freier Form verwendet, die
     mitunter wie improvisiert wirken konnten, folgen Purcells
     Fantazias, so seine eigene Schreibweise, strengen Satzprinzipien.
     Dies bedeutet jedoch nicht, dass sie nicht fantasievoll oder origi-
     nell gestaltet wären; jede der drei im heutigen Konzert erklingen-
     den Fantasien hat einen ganz eigenen Ausdruckscharakter und
     unterscheidet sich sehr deutlich von den anderen. Die These

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Henry Purcell

aufgreifend, es handele sich bei diesen Werken um Kompositions-
übungen, lässt sich feststellen, dass Purcell sich in jeder der
Fantasien eine andere Aufgabe gestellt hat, die er nicht nur
theoretisch, sondern auch musikalisch überaus ansprechend
gemeistert hat.

Die Fantasie in c-moll ist besonders kunstvoll gestaltet. Bratsche
und Violoncello beginnen gleichzeitig und tragen charakteristi-
sche musikalische Themen vor, die danach von den Violinen
aufgegriffen und organisch miteinander verwoben werden.
Während das Thema der Bratsche gleich im Anschluss vom
Violoncello übernommen wird, greifen die Violinen zunächst
das Thema des Violoncellos auf. Die Themenenden und
-anfänge überlappen sich, sodass ein kontinuierliches Geflecht
musikalischer Bezüge entsteht. Dabei ergeben sich teils grelle
harmonische Reibungen, die dem elegischen Charakter der

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Fantasie schmerzvolle Akzente hinzufügen. In einem kontrastie-
     renden schnelleren Abschnitt der Fantasie hellt sich die Stim-
     mung etwas auf, doch dies ist nur von kurzer Dauer; im Gegen-
     satz zum komplexen Beginn des Stücks ist der Satz hier aber
     deutlich schlichter und rhythmisch homogener gestaltet. Auffäl-
     lig sind vor allem die in Halbtonschritten absteigenden Passagen,
     die man in der damaligen Musiktheorie als «Passus duriusculus»
     (harter/schwerer Gang) bezeichnet und mit dem Gefühl von
     Schmerz oder Trauer verbunden hat. Ein weiterer Einwurf in
     schnellerem Tempo bleibt ebenfalls nur kurze Episode; schon
     bald klingt die Fantasie in elegischer Stimmung aus.

     Die Fantasie d-moll ähnelt der vorangegangenen im Ausdrucks-
     gestus, wartet aber mit einem anderen kompositorischen Kunst-
     griff auf. Kaum hat die Bratsche den ersten Takt ihres Themas
     gespielt, setzt sogleich die erste Violine kanonartig mit demsel-
     ben Thema ein; allerdings spielt sie dieses in Umkehrung, das
     heißt, in gespiegelter Bewegungsrichtung. Die absteigende Ton-
     folge verwandelt sich dadurch in eine emporstrebende. Diese
     beiden Varianten ein- und desselben Themas wandern im weiteren
     Verlauf durch die Stimmen und werden auf unterschiedlichste
     Weise miteinander verknüpft. Kontrapunktische Verfahren wie
     dieses sind für ungeübte Ohren äußerst schwer zu erfassen,
     sorgen jedoch gleichsam hinter den Kulissen dafür, dass die
     Musik nicht beliebig wirkt, sondern eine innere Logik und
     Geschlossenheit vermittelt, die man vielleicht nicht konkret
     nachvollziehen, aber auf jeden Fall spüren kann. Auch diese
     Fantasie wartet mit einem schnelleren Teil auf, der durch eine
     rhythmisch prägnante Figur gekennzeichnet ist.

     Die Fantasie in G-Dur wirkt deutlich freundlicher als die beiden
     anderen. Dies liegt nicht nur an der Durtonart, die generell mit
     positiven Emotionen in Verbindung gebracht wurde, sondern
     auch am spielerischen Schlussteil mit seiner durch die Stimmen
     wandernden fortlaufenden Bewegung, die schnell vergessen
     macht, dass sich die Stimmung im Mittelteil des Stücks bedenk-
     lich eingetrübt hatte.

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Ludwig van Beethoven 1814 porträtiert durch Louis Letronne

Ebenso wie Henry Purcell orientierte sich auch Ludwig van
Beethoven bei der Komposition seiner ersten Streichquartette an
berühmten Vorbildern. Während jedoch Purcells Fantasien als
Würdigung einer bereits im Niedergang begriffenen Kunstform
zu verstehen sind, erfreute sich das von Joseph Haydn erfundene
Streichquartett in Wien zunehmender Beliebtheit, als Beethoven
1801 seine ersten Werke in dieser Besetzung veröffentlichte.
Dabei entstand das als N° 1 bezeichnete Streichquartett in F-Dur
eigentlich gar nicht als erstes; der Geiger Ignaz Schuppanzigh
hatte aber wohl Beethoven überredet, jenes Quartett als erstes
zu veröffentlichen, das dem Vorbild Haydns am ehesten ent-
sprach und dem Publikum damit besser gefallen dürfte als die
teils experimentelleren übrigen Quartette aus Opus 18.

Dabei geht auch das F-Dur-Quartett bereits weit über das Vor-
bild Haydns hinaus. Dies zeigt sich vor allem im Kopfsatz, der
im Grunde nur auf einem zweitaktigen musikalischen Motiv

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beruht, das von Anfang bis Ende das Geschehen bestimmt.
     Das durchaus vorhandene Seitenthema verblasst angesichts
     dessen fast völlig. Eine derartige Konzentration des kompositori-
     schen Materials hatte es bis dahin nicht gegeben. Man könnte
     sagen, Beethoven hat in diesem Satz die motivisch-thematische
     Arbeit auf die Spitze getrieben. Der theatralische zweite Satz
     soll auf die Grabszene aus Shakespeares Romeo und Julia zurück-
     gehen, was den opernhaften Gestus und die extreme Leidenschaft-
     lichkeit plausibel erklären würde. Das rasante Scherzo lässt vom
     ursprünglichen Tanzcharakter des dritten Satzes kaum noch
     etwas erkennen. Beim Finale handelt es sich um ein sogenanntes
     Sonatenrondo, in dem der für ein Rondo bezeichnende Wechsel
     zwischen einem Refrain und alternierenden Couplets mit der
     Gliederung in die Formteile Exposition, Durchführung und
     Reprise im Sinne eines Sonatensatzes verknüpft wird. Auffällig
     ist vor allem die Länge dieses spielerischen Satzes, den Beethoven
     offenbar als Gegengewicht zum ebenfalls sehr ausgedehnten
     Kopfsatz konzipiert hat.

     Spätestens mit den Streichquartetten der mittleren Schaffens-
     periode suchte Beethoven in jedem einzelnen Quartett nach
     individuellen Lösungen für die satztechnischen und formalen
     Herausforderungen der Gattung, was sich schon daran zeigt,
     dass Beethoven nach den Sammlungen op. 18 und op. 59
     seine Streichquartette nur noch als Einzelwerke veröffentlichte.
     Publikum und Kritik reagierten immer wieder mit Unverständ-
     nis auf Beethovens innovative Ideen. So bemängelte der Rezen-
     sent der Leipziger Allgemeinen musikalischen Zeitung am Streich-
     quartett Es-Dur op. 74, in ihm sei das «Unähnlichste phantastisch»
     miteinander verbunden. Heute lässt sich dieser Vorwurf nur
     noch schwer nachvollziehen, da das Quartett deutlich weniger
     die damaligen Konventionen sprengt als andere Werke des
     Komponisten.

     Den Beinamen verdankt das «Harfen-Quartett» dem ersten Satz,
     der mit gezupften Passagen und gebrochenen Akkorden teilweise
     an Harfenklänge erinnert. Der Satz beginnt mit einer langsamen
     Einleitung, die von der ersten Violine direkt in den schnellen

18
Hauptsatz geführt wird. Dessen gesangliches, sehr gleichmäßig
gebautes Hauptthema wird von Violine und Viola vorgetragen.
Ein prägnantes zweites Thema, das traditionell zu erwarten gewe-
sen wäre, sucht man vergebens, stattdessen ist die Coda, der
Schlussteil des Satzes, besonders lang und wartet mit einer Über-
raschung auf: einem völlig unvermittelt einsetzenden virtuosen
Violinsolo. Vielleicht ist dies eines jener Elemente, das dem
Rezensenten zu «phantastisch» erschien? Zart und zurückhaltend
klingt der Satz aus. Der gefühlvolle langsame Satz ist als freie
Rondoform angelegt, deren betörendes Hauptthema wie ein
Lied ohne Worte anmutet, das es den Zuhörenden überlässt,
ihren je ganz eigenen Text zu unterlegen. Dieser Refrain wechselt
mit zwei Couplets, deren zweites durch seinen optimistischen
Charakter für eine spürbare Aufhellung sorgt. Das an dritter
Stelle stehende moll-Scherzo ist in seiner schulmeisterlichen
Unerbittlichkeit als Parodie auf Kontrapunktstudien verstanden
worden, die Beethoven verhasst gewesen sein sollen. Dies betrifft
vor allem den Dur-Mittelteil, dessen Tempoanweisung «Più
presto quasi prestissimo» ähnlich skurril anmutet wie die augen-
zwinkernd durchexerzierte musikalische Gelehrsamkeit. Beim
Finale handelt es sich um einen Variationssatz, dessen schlichtes
Thema in sechs Variationen umspielt und rhythmisch variiert
wird. Da Beethoven das Grundgerüst der Vorlage nicht wesent-
lich antastet, lässt sich das Thema in jeder Variation gut wieder-
erkennen. Mit zwei überraschend zurückhaltenden Schlussakkor-
den endet das Streichquartett. Mag es auch nicht so revolutionär
neu oder innovativ sein wie andere Werke der mittleren Schaffens-
periode – bei genauerem Hinhören offenbart sich auch in diesem
Quartett Beethovens ganze musikalische Fantasie.

Frank Sindermann M. A. (* 1978), Studium der Musikwissen-
schaft und Kulturwissenschaften in Leipzig, Tätigkeit als ange-
stellter und freiberuflicher Museumspädagoge, seit 2013 Lehr-
kraft für besondere Aufgaben am Zentrum für Lehrerbildung
und Schulforschung der Universität Leipzig.

                                                                     19
Letzte Aufführung in der Philharmonie

     Henry Purcell Fantasia a 4 en ut mineur (c-moll) Z 738
       24.11.2010 Cuarteto Casals
     Fantasia a 4 en ré mineur (d-moll) Z 739
       Erstaufführung
     Fantasia a 4 en sol majeur (G-Dur) Z 742
       02.05.2016 Elias Quartet

     Ludwig van Beethoven Streichquartett op. 18/1
       18.03.2019 Quatuor Ébène

     Ludwig van Beethoven Streichquartett op. 74 «Harfenquartett»
       25.01.2018 Julia Fischer Quartett

20
“ Cultivons l’art
      d’être responsables ! ”
         Nos institutions culturelles jouent un rôle primordial
                dans la préservation des liens sociaux.
   Partenaires de confiance depuis de nombreuses années, nous
continuons à les soutenir, afin d’offrir la culture au plus grand nombre.

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Mieux vivre ensemble
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la musique et du domaine social, la Fondation EME
oeuvre pour permettre l’inclusion et apporter de la
dignité aux personnes fragiles ou en détresse.
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Interprètes
Biographies

Chiaroscuro Quartet
Fondé en 2005, le Chiaroscuro Quartet, défini par le magazine
Gramophone comme «un précurseur en matière d’interprétation
authentique de la musique de chambre classique», joue du
répertoire classique et du premier romantisme sur des cordes
en boyaux et avec des archets d’époque. La sonorité unique du
quatuor – décrite par le journal The Observer comme «choquante
pour l’oreille au meilleur sens du terme» – suscite l’enthousiasme
du public et de la critique dans toute l’Europe. La discographie
du quatuor comprend des captations d’œuvres de Mozart,
Beethoven, Schubert, Mendelssohn et Haydn. Les publications
futures sont consacrées à l’opus 18 de Beethoven et aux Quatuors
«Prussiens» de Mozart. Le quatuor a reçu en 2015 le Preis der
Deutschen Schallplattenkritik pour son enregistrement du
Quatuor KV 421 de Mozart et du Quatuor op. 13 de Mendelssohn.
Parmi les partenaires de musique de chambre de l’ensemble
figurent Kristian Bezuidenhout, Trevor Pinnock, Jonathan Cohen,
Cédric Tiberghien, Nicolas Baldeyrou, Chen Halevi, Malcolm
Bilson, Christian Poltéra et Christophe Coin. Les débuts du
quatuor au Wiener Konzerthaus et au Carnegie Hall de New York,
ainsi qu’une tournée au Japon ont été enregistrés. D’autres
temps forts ont été des concerts au Festival d’Édimbourg, au
Concertgebouw d’Amsterdam, au Wigmore Hall de Londres et
au Théâtre du Jeu de Paume à Aix-en-Provence, ainsi qu’à la
Pierre Boulez Saal de Berlin. Depuis 2009, les membres du
quatuor sont Artistes en résidence à Port-Royal des Champs
où ils proposent une série de concerts dédiée aux quatuors à

                                                                     23
Chiaroscuro Quartet
photo: Eva Vermandel
cordes de Mozart. Au cours de la saison 2021/22, ils se produisent
     notamment au Festival de Gstaad et entreprennent une tournée
     au Japon et en Suède. Citons également une résidence au
     Turner Sims Concert Hall de Southampton.

     Chiaroscuro Quartet
     Das 2005 gegründete Chiaroscuro Quartet, das vom Magazin
     Gramophone als «Wegbereiter für die authentische Aufführung
     hochklassischer Kammermusik» bezeichnet wurde, spielt
     Musik der Klassik und Frühromantik auf Darmsaiten und mit
     historischen Bögen. Der einzigartige Klang des Quartetts – von
     der Zeitung The Observer als «im besten Wortsinne schockie-
     rend für die Ohren» beschrieben – wird von Publikum und Kritik
     in ganz Europa hoch gelobt. Die Diskographie des Quartetts
     dokumentiert Einspielungen von Werken Mozarts, Beethovens,
     Schuberts, Mendelssohns und Haydns. Zukünftige Veröffentli-
     chungen umfassen Beethovens op. 18 und Mozarts «Preußi-
     sche» Quartette. Das Quartett erhielt 2015 den Preis der
     Deutschen Schallplattenkritik für seine Einspielung von Mozarts
     Quartett KV 421 und Mendelssohns Quartett op. 13. Zu den
     Kammermusikpartnern des Ensembles zählen Kristian
     Bezuidenhout, Trevor Pinnock, Jonathan Cohen, Cédric Tiberghien,
     Nicolas Baldeyrou, Chen Halevi, Malcolm Bilson, Christian Poltéra
     und Christophe Coin. Mit Begeisterung wurden die Debüt-
     konzerte des Quartetts im Wiener Konzerthaus und in der New
     Yorker Carnegie Hall sowie eine Konzertreise nach Japan aufge-
     nommen. Weitere Höhepunkte waren Auftritte beim Edinburgh
     International Festival, im Concertgebouw Amsterdam, in der
     Londoner Wigmore Hall und im Théâtre du Jeu de Paume in
     Aix-en-Provence sowie im Pierre Boulez Saal in Berlin. Seit 2009
     sind die Mitglieder des Quartetts Artists in residence in Port-
     Royal des Champs, wo sie eine den Streichquartetten Mozarts
     gewidmete Konzertreihe veranstalten. In der Saison 2021/22
     treten sie unter anderem beim Gstaad Festival auf und unter-
     nehmen Tourneen nach Japan und Schweden. Zu nennen ist
     außerdem eine Residenz in der Turner Sims Concert Hall in
     Southampton.

26
Kids’ Phil
Yoga at the Phil
Livestreams
Concerts
OPL Offstage
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    /PhilharmonieLux

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     Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte 2022
     Pierre Ahlborn, Président
     Stephan Gehmacher, Directeur Général
     Responsable de la publication: Stephan Gehmacher
     Rédaction: Charlotte Brouard-Tartarin, Dr. Christoph
     Gaiser, Dr. Tatjana Mehner, Anne Payot-Le Nabour
     Design: Pentagram Design Limited
     Imprimé par: Print Solutions
     Tous droits réservés.

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