19:30 - Philharmonie Luxembourg
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01.03. 2022 19:30 Salle de Musique de Chambre Mardi / Dienstag / Tuesday Quatuor à cordes Chiaroscuro Quartet Alina Ibragimova, Pablo Hernán Benedí violon Emilie Hörnlund alto Claire Thirion violoncelle
Henry Purcell (1659?–1695) Fantasia a 4 en ut mineur (c-moll) Z 738 (1680) Fantasia a 4 en ré mineur (d-moll) Z 739 (1680) Fantasia a 4 en sol majeur (G-Dur) Z 742 (1680) 15’ Ludwig van Beethoven (1770–1827) Streichquartett N° 1 F-Dur (fa majeur) op. 18 N° 1 (1799) Allegro con brio Adagio affettuoso ed appassionato Scherzo: Allegro molto – Trio Allegro 28’ — Streichquartett N° 10 Es-Dur (mi bémol majeur) op. 74 «Harfenquartett» / «Les Harpes» (1809) Poco Adagio – Allegro Adagio ma non troppo Presto, attacca: Allegrettto con variazioni 32’
D’ombre et de lumière Clément Pauvert A glooming peace this morning with it brings; The sun, for sorrow, will not show his head. L’aurore de ce jour apporte avec elle une sombre paix, Et de douleur le soleil a caché son visage. William Shakespeare, Roméo et Juliette, scène finale Stèle funéraire et transmission organique Plus d’un siècle et demi sépare Henry Purcell et Ludwig van Beethoven mais la question de s’inscrire dans l’histoire d’un genre étroitement associé à la fois à son époque et à son instru- mentation se dessine d’un côté et de l’autre de la mer du Nord. Pour Purcell, il s’agit de la fantasia, un genre développé sous l’Angleterre des Tudor à la fin du 16e siècle et lié au consort de violes – même s’il a ici été transcrit pour un quatuor à cordes –, une pratique purement britannique qui s’étend jusqu’à la fin du 17e siècle. Pour Beethoven, en revanche, c’est le quatuor à cordes, un genre dont l’instrumentation a toujours été fixe, depuis sa stabilisation au 18e siècle jusqu’à aujourd’hui. Il s’agit d’un genre si répandu qu’il serait presque possible de réaliser une histoire de la musique uniquement par le quatuor à cordes, dont la production de Beethoven serait alors l’une des pierres angulaires. Celui-ci a reçu l’enseignement de Joseph Haydn – que l’on surnomme le « père du quatuor à cordes » – tout en ayant été l’initiateur d’une certaine esthétique et tradition romantiques. À l’échelle de l’œuvre de Beethoven, du premier quatuor op. 18 jusqu’au dernier op. 135, en passant par le dixième quatuor op. 74, tous suivent l’évolution de son style et de ses préoccupations expressives, si bien qu’il consacre les dernières années de sa vie à l’écriture du quatuor à cordes. 4
Entre les quatuors « classiques » de Wolfgang Amadeus Mozart et de Haydn, et les quatuors « romantiques » de Felix Mendelssohn Bartholdy et de Robert Schumann par exemple, Beethoven semble être un pont dont le passage se fait en douceur et sans rupture. Le quatuor transforme alors sa substance, son écriture, par un glissement organique continu depuis le 18e siècle qui en conserve la nature, maintenue en partie par son instrumentation, qui refuse par définition la variabilité. Au contraire, la fantasia, au siècle précédent, peine à se développer et sa pratique commence à s’essouffler après environ un siècle d’existence. Peut-être pâtit- elle d’une difficulté à se définir de manière précise : ses deux caractéristiques principales sont le contrepoint, c’est-à-dire une écriture où chaque instrument chante une ligne mélodique qui s’entremêle avec les autres, et le fait qu’il soit inhérent à la pratique du consort de violes, un ensemble d’instruments de la famille de la viole de gambe. Ce sont paradoxalement ces deux caractéris- tiques qui en constituent l’essence mais qui l’ont conduite à sa fin : au fil du 17e siècle, on commence à préférer au contrepoint, un peu archaïsant, le style de la mélodie accompagnée, et la famille de la viole de gambe est progressivement supplantée par ses cousins de la famille du violon. Ainsi, à l’inverse de Beethoven qui compose ses quatuors alors que le genre est à son apogée, lorsque Henry Purcell s’attelle à la composition de fantasias entre 1679 et 1683, la fantasia et le consort de violes ne se pratiquent quasiment plus et tombent en désuétude, si bien qu’il semblerait même qu’il soit le dernier à en avoir écrit, après Matthew Locke qui meurt quelques années auparavant. Pourquoi écrire de la musique sciemment surannée, alors qu’il devient même difficile de réunir un consort de violes complet en 1680 ? En effet, on ne trouve pas de grandes innova- tions dans la forme et l’écriture des fantasias de Purcell qui auraient pu donner un nouveau souffle au genre : elles restent pour la plupart guidées par une certaine combinatoire des motifs musicaux. Est-ce cependant la raison pour laquelle les fantasias de Purcell sont les dernières à notre connaissance ? Il semblerait qu’il était déjà trop tard, mais que ce soit justement ce qui a poussé Purcell à en écrire. Le fait que son œuvre pour consort de violes ait été restreint à un cercle très intime laisse à penser 5
qu’elle n’était pas destinée à être plus largement répandue. Il s’agirait alors d’un exercice de composition, pour développer son écriture du contrepoint dans un style déjà poli par une époque passée, comme aujourd’hui on pratiquerait l’écriture dans les styles anciens. On ne peut toutefois s’empêcher de penser que la densité musicale des œuvres destinées à cet effectif dépasse largement le cadre d’un exercice. À l’écoute de ces fantasias, on est frappé, bouleversé par ces harmonies très douloureuses et sensiblement nouvelles à l’époque de Purcell. Il serait inconcevable que ce déchirement qui transparaît d’une torsion constante de l’harmonie ne soit qu’une dimension subsidiaire au prétexte d’un exercice de contrepoint. Pourtant, lorsque l’on s’intéresse à la vie de Henry Purcell en 1680, date à laquelle sont écrites les Fantasias a 4, elle n’a rien d’affligeante : il se marie dans l’année et sa carrière de compositeur commence à prendre un essor durable. Alors que pleure cette musique ? C’est, peut-on imaginer, la musique elle-même. En fin de compte, Purcell écrit ici un hommage – dans le sens d’une rétrospection – à une époque musicale révolue, édifiant en quelque sorte une stèle mortuaire, qui à la fois signe la limite du genre et pleure sa disparition. Clair-obscur Mais ce caractère intensément sombre est toujours nuancé par une section plus rapide qui apporte une certaine clarté. Cette section contrastante vient directement de la fantasia élisabéthaine du 16e siècle, dont la forme était bien souvent structurée en une section lente développant par le contrepoint un bref thème, suivie d’une section rapide, dont le motif principal était dérivé de celui de la partie lente, comme éclairée par une lumière plus vive. Cette utilisation plus rapide d’un même motif est particu- lièrement flagrante dans la Fantasia Z 739, avec le très reconnais- sable intervalle de quarte qui revient lors de la partie rapide notée simplement « Brisk » (« vif »). Avec ses nombreuses dissonances abruptes, cette fantasia est peut-être la plus poignante de toutes – rivalisant toutefois avec la précédente (Z 738) –, car même lors 6
Gravure de Henry Purcell par Robert White (1683) de la partie rapide, l’on est pénétré par ce rythme d’empressement qui laisse poindre une certaine inquiétude. D’ailleurs, ce n’est pas cette vivacité qui termine la fantasia : une ultime partie lente, reprenant encore l’intervalle de quarte comme motif caractéristique, vient conclure la pièce. À l’écoute de ces harmonies torturées tantôt lancinantes, tantôt plus vives, on peut voir surgir l’image d’une Madeleine pénitente de Georges de la Tour, chez qui, quelques décennies plus tôt, de l’obscurité totale, la douce lumière d’une bougie fait ressortir les ombres. Dans les quatuors de Ludwig van Beethoven, le contraste de vitesse et de caractère n’est pas une spécificité puisqu’il est inhérent à toute œuvre de plusieurs mouvements. Ici, la différence d’éclairage peut probablement se trouver du côté des tonalités qui assom- brissent ou rendent brillantes les cordes des instruments du quatuor. Ainsi, la tonalité de fa majeur du Quatuor à cordes op. 18 N° 1 7
offre une certaine projection du son due à la vibration par sym- pathie des cordes à vide, qui ont une sonorité plus brillante. Au contraire, la tonalité de mi bémol majeur du Quatuor à cordes op. 74 assombrit déjà la sonorité des instruments, de façon plus manifeste encore lorsque le deuxième mouvement, Adagio ma non troppo, passe par la bémol majeur puis même la bémol mineur, car aucune corde à vide ne peut y vibrer. La projection du son est donc bien moindre et il en résulte une sonorité très sombre et enfermée sur elle-même qui donne à la mélodie plaintive du violon, dans son registre médium, une dimension presque dérobée. Mais, chez Beethoven, un exemple d’atmosphère nocturne plus flagrant se trouve peut-être dans l’Adagio affettuoso ed appassionato du Quatuor N° 1 op. 18, publié en 1801. Ce mouvement lui aurait été inspiré par la scène finale de Roméo et Juliette de William Shakespeare, probablement créée à Londres où vécut Henry Purcell. Cette anecdote, qui a été relatée par un ami du composi- teur, Karl Amenda, a longtemps été considérée comme fantaisiste avant d’être confirmée par la découverte de notes manuscrites de Beethoven à propos de cette même scène de Roméo et Juliette dans laquelle Roméo vient s’ôter la vie aux côtés de Juliette qu’il croit morte. Cette dernière, se réveillant dans l’effroyable découverte du cadavre de Roméo, se poignarde avec son couteau pour le rejoindre. On retrouve dans cette scène, qui se déroule de nuit dans un cimetière, l’idée d’une obscurité lugubre. La musique devient presque narrative et emprunte aux topiques de l’opéra tragique : trémolos, accents, ruptures. B eethoven note même à la marge quelques indications (en français car il possédait une version française de la pièce de Shakespeare) sur les événements tirés de la scène : « Il prend le tombeau » alors que la musique devient diaphane. « Désespoir » lors des derniers sursauts rapides du violon, espacés par de lourds silences : peut-être hésite-t-il. Mais finalement, « Il se tue » lors du fa suraigu du violon accom- pagné par les notes répétées fortissimo des autres cordes. Puis quelques mesures encore finissent de suggérer ce tableau d’épouvante. 8
Roméo et Juliette, Frank Bernard Dicksee (1884) En revanche, dans le cas du Quatuor à cordes op. 74, composé quelques années plus tard, en 1809, on ne sait pas si Beethoven a puisé son inspiration dans une source extra-musicale. Mais la musique elle-même pourrait peut-être nous dire quelque chose de la différence d’éclairage. En effet, si le quatuor a été surnommé « Les Harpes », c’est en référence aux passages où les instruments du quatuor jouent en pizzicato, c’est-à-dire en pinçant les cordes avec le doigt, dans les premier et deuxième mouvements. On retrouve ces pizzicatos notamment lors du début de l’Allegro du premier mouvement, de façon alternée entre les instruments. Pourtant, ce motif de « harpe », qui ici fait vraiment office de thème, possède une double identité : bien sûr le pizzicato fait 9
Portrait de Ludwig van Beethoven par Joseph Willibrord Mähler (1804) penser au pincement des cordes d’une harpe, mais c’est surtout le fait qu’il s’agisse d’un arpège – le jeu successif des notes d’un même accord – qui le caractérise. Cette double identité le conforte dans son appellation « harpistique », pourrait-on dire, puisque le mot « arpège » est directement dérivé du mot « harpe ». D’ailleurs, l’arpège passe, au centre du mouvement, des pizzicatos au jeu à l’archet sans pour autant perdre son essence et se retrouve, à la fin, sur deux plans différents : en pizzicato au violoncelle et à l’alto et à l’archet au premier violon. Mais au moment où l’arpège atteint son point culminant d’intensité, il y a un renversement tout à fait inopiné : au niveau perceptif, l’arpège passe du premier plan à l’arrière-plan, et un motif mélodique venant du premier thème apparaît, voyageant du second violon à l’alto, comme prenant enfin son essor. De là vient une sorte de dialectique des plans sonores : le motif de « harpe », qui faisait office de thème au début de l’Allegro, passe, lors de ce point culminant, du premier plan d’intensité à l’accompagnement de la mélodie qui, au début, ne faisait presque qu’introduire le passage aux pizzicatos. Alors qu’en fin de compte, la « harpe » était présente à nos oreilles avant même que l’on ne s’en aperçoive. À l’incipit même du mouvement, après l’introduction lente, trois notes débutent l’Allegro : un arpège de mi bémol majeur. 10
Le martèlement sévère et la grande effusion de joie chaotique du troisième mouvement, Presto, tranche peut-être avec le caractère lugubre et déploré des fantasias, même si parfois la peine s’éclaircit, notamment dans la Fantasia en sol majeur Z 742, sans jamais être vraiment joyeuse, sans jamais être moins pénétrante. S’il existe un intermédiaire entre ces deux atmosphères, il pourrait s’agir du premier Quatuor à cordes op. 18 de Beethoven. La douce allégresse des mouvements rapides pondère l’effusion de joie du Presto de l’op. 74 et finit d’apporter à ce camaïeu d’ombre et de lumière sa nuance intermédiaire, alors que la référence à Roméo et Juliette du deuxième mouvement pourrait en être un des tons les plus assombris, le texte comme la musique se terminant dans l’obscurité la plus totale. Ce texte a été écrit par Clément Pauvert, étudiant du Département Musicologie et Analyse du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris dans le cadre d’un partenariat entre la Philharmonie Luxembourg et le CNSMDP. Dernière audition à la Philharmonie Henry Purcell Fantasia a 4 en ut mineur Z 738 24.11.2010 Carteto Casals Fantasia a 4 en ré mineur Z 739 Première audition Fantasia a 4 en sol majeur Z 742 02.05.2016 Elias Quartet Ludwig van Beethoven Streichquartett op. 18/1 18.03.2019 Quatuor Ébène Ludwig van Beethoven Streichquartett op. 74 «Harfenquartett» / «Les Harpes» 25.01.2018 Julia Fischer Quartett 11
Musikalische Fantasie Frank Sindermann Als Henry Purcell am 21. November 1695 in der Mitte seines Lebens verstarb, war er bereits der bekannteste britische Kompo- nist seiner Zeit. Sein Grabstein trägt die Inschrift «Here lyes Henry Purcell Esq., who left this life and is gone to that blessed place where only his harmony can be exceeded.» Doch wer war jener Mann, dessen Harmonien nach Meinung der Zeitgenossen nur im Himmel übertroffen werden konnten und dem man schon zu Lebzeiten den Ehrentitel «Orpheus britannicus» verliehen hatte? Purcells genaues Geburtsdatum ist nicht bekannt, ebenso wenig sind seine Verwandtschaftsverhältnisse abschließend geklärt; man weiß aber immerhin, dass er seine Ausbildung als Chorknabe in der Chapel Royal erhielt. Zu seinen Lehrern gehörten renom- mierte Komponisten wie John Blow und Matthew Locke. Schon als junger Mann hatte Purcell zwei bedeutende Organistenämter inne, unter anderem an der Westminster Abbey, neben deren Orgel er später beigesetzt wurde. Erste Erfolge als Komponist feierte Purcell mit Schauspielmusiken unter anderem zu Shakespeare’schen Werken; berühmt wurde er aber vor allem durch seine geistlichen Werke und Oden für das Königshaus. Knapp 40 Werke schuf Purcell für das Musiktheater, unter ihnen seine noch heute sehr beliebte erste Oper Dido and Aeneas. Didos Lamento-Arie «When I am laid in earth» gehört zu den Höhepunkten der Operngeschichte. Purcells Instrumentalmusik erfreute sich ebenfalls großer Beliebt- heit; allerdings wurde sie teilweise erst nach Purcells frühem Tod herausgegeben. Die Fantasien entstanden vermutlich im Jahre 13
1680. Ihr Kompositionsanlass ist allerdings unklar; denn die kontrapunktische Fantasie alter Schule, wie sie sich bei alten Meistern der englischen Consortmusik – etwa Locke oder Gibbons – findet, galt 1680, als Purcell seine Beiträge zur Gat- tung komponierte, bereits als altmodisch und entsprach in ihrer Strenge nicht mehr dem Bedürfnis nach galanter, leichterer Unterhaltung, wie sie der französische oder der italienische barocke Stil verkörperten. Auch über die Besetzung herrscht Unklarheit, da diese vom Komponisten nicht vorgeschrieben wurde. Gegen eine traditionelle Besetzung mit Instrumenten der Gambenfamilie spricht vor allem die Komposition selbst, da die Lage einiger Stimmen den Tonumfang der Violen überschreitet. Doch auch auf die Vertreter der moderneren Geigenfamilie passen einige Stellen nur mit Anpassungen. Ist also von einer gemischten Besetzung auszugehen? Dies ist ebenso wenig gesichert wie die Frage, ob die Fantasien überhaupt jemals aufgeführt wurden. Einiges spricht dafür, dass es sich bei den Werken in erster Linie um Kompositionsübungen gehandelt haben könnte, die gar nicht unmittelbar für das praktische Musizieren bestimmt waren, sondern eher die Auseinandersetzung Purcells mit einem Musikstil der Vergangenheit widerspiegeln. Die vielen ungelös- ten Fragen im Bezug auf die Fantasien rücken sie in die Nähe von Johann Sebastian Bachs nicht minder rätselhafter Kunst der Fuge, deren exemplarisch-abstrakter Charakter auch immer wieder die Frage aufgeworfen hat, ob sie nicht eher zum Studieren als zum Musizieren gedacht gewesen sei. Eine weitere Parallele ist die meisterhafte Qualität, mit der in beiden Fällen kontrapunkti- sche Prinzipien zur Vollendung geführt wurden, die zum Zeit- punkt der jeweiligen Komposition bereits als veraltet galten. Wurde der Begriff «Fantasie» in Klassik und Romantik als Sammelbegriff für allerlei Werke in freier Form verwendet, die mitunter wie improvisiert wirken konnten, folgen Purcells Fantazias, so seine eigene Schreibweise, strengen Satzprinzipien. Dies bedeutet jedoch nicht, dass sie nicht fantasievoll oder origi- nell gestaltet wären; jede der drei im heutigen Konzert erklingen- den Fantasien hat einen ganz eigenen Ausdruckscharakter und unterscheidet sich sehr deutlich von den anderen. Die These 14
Henry Purcell aufgreifend, es handele sich bei diesen Werken um Kompositions- übungen, lässt sich feststellen, dass Purcell sich in jeder der Fantasien eine andere Aufgabe gestellt hat, die er nicht nur theoretisch, sondern auch musikalisch überaus ansprechend gemeistert hat. Die Fantasie in c-moll ist besonders kunstvoll gestaltet. Bratsche und Violoncello beginnen gleichzeitig und tragen charakteristi- sche musikalische Themen vor, die danach von den Violinen aufgegriffen und organisch miteinander verwoben werden. Während das Thema der Bratsche gleich im Anschluss vom Violoncello übernommen wird, greifen die Violinen zunächst das Thema des Violoncellos auf. Die Themenenden und -anfänge überlappen sich, sodass ein kontinuierliches Geflecht musikalischer Bezüge entsteht. Dabei ergeben sich teils grelle harmonische Reibungen, die dem elegischen Charakter der 15
Fantasie schmerzvolle Akzente hinzufügen. In einem kontrastie- renden schnelleren Abschnitt der Fantasie hellt sich die Stim- mung etwas auf, doch dies ist nur von kurzer Dauer; im Gegen- satz zum komplexen Beginn des Stücks ist der Satz hier aber deutlich schlichter und rhythmisch homogener gestaltet. Auffäl- lig sind vor allem die in Halbtonschritten absteigenden Passagen, die man in der damaligen Musiktheorie als «Passus duriusculus» (harter/schwerer Gang) bezeichnet und mit dem Gefühl von Schmerz oder Trauer verbunden hat. Ein weiterer Einwurf in schnellerem Tempo bleibt ebenfalls nur kurze Episode; schon bald klingt die Fantasie in elegischer Stimmung aus. Die Fantasie d-moll ähnelt der vorangegangenen im Ausdrucks- gestus, wartet aber mit einem anderen kompositorischen Kunst- griff auf. Kaum hat die Bratsche den ersten Takt ihres Themas gespielt, setzt sogleich die erste Violine kanonartig mit demsel- ben Thema ein; allerdings spielt sie dieses in Umkehrung, das heißt, in gespiegelter Bewegungsrichtung. Die absteigende Ton- folge verwandelt sich dadurch in eine emporstrebende. Diese beiden Varianten ein- und desselben Themas wandern im weiteren Verlauf durch die Stimmen und werden auf unterschiedlichste Weise miteinander verknüpft. Kontrapunktische Verfahren wie dieses sind für ungeübte Ohren äußerst schwer zu erfassen, sorgen jedoch gleichsam hinter den Kulissen dafür, dass die Musik nicht beliebig wirkt, sondern eine innere Logik und Geschlossenheit vermittelt, die man vielleicht nicht konkret nachvollziehen, aber auf jeden Fall spüren kann. Auch diese Fantasie wartet mit einem schnelleren Teil auf, der durch eine rhythmisch prägnante Figur gekennzeichnet ist. Die Fantasie in G-Dur wirkt deutlich freundlicher als die beiden anderen. Dies liegt nicht nur an der Durtonart, die generell mit positiven Emotionen in Verbindung gebracht wurde, sondern auch am spielerischen Schlussteil mit seiner durch die Stimmen wandernden fortlaufenden Bewegung, die schnell vergessen macht, dass sich die Stimmung im Mittelteil des Stücks bedenk- lich eingetrübt hatte. 16
Ludwig van Beethoven 1814 porträtiert durch Louis Letronne Ebenso wie Henry Purcell orientierte sich auch Ludwig van Beethoven bei der Komposition seiner ersten Streichquartette an berühmten Vorbildern. Während jedoch Purcells Fantasien als Würdigung einer bereits im Niedergang begriffenen Kunstform zu verstehen sind, erfreute sich das von Joseph Haydn erfundene Streichquartett in Wien zunehmender Beliebtheit, als Beethoven 1801 seine ersten Werke in dieser Besetzung veröffentlichte. Dabei entstand das als N° 1 bezeichnete Streichquartett in F-Dur eigentlich gar nicht als erstes; der Geiger Ignaz Schuppanzigh hatte aber wohl Beethoven überredet, jenes Quartett als erstes zu veröffentlichen, das dem Vorbild Haydns am ehesten ent- sprach und dem Publikum damit besser gefallen dürfte als die teils experimentelleren übrigen Quartette aus Opus 18. Dabei geht auch das F-Dur-Quartett bereits weit über das Vor- bild Haydns hinaus. Dies zeigt sich vor allem im Kopfsatz, der im Grunde nur auf einem zweitaktigen musikalischen Motiv 17
beruht, das von Anfang bis Ende das Geschehen bestimmt. Das durchaus vorhandene Seitenthema verblasst angesichts dessen fast völlig. Eine derartige Konzentration des kompositori- schen Materials hatte es bis dahin nicht gegeben. Man könnte sagen, Beethoven hat in diesem Satz die motivisch-thematische Arbeit auf die Spitze getrieben. Der theatralische zweite Satz soll auf die Grabszene aus Shakespeares Romeo und Julia zurück- gehen, was den opernhaften Gestus und die extreme Leidenschaft- lichkeit plausibel erklären würde. Das rasante Scherzo lässt vom ursprünglichen Tanzcharakter des dritten Satzes kaum noch etwas erkennen. Beim Finale handelt es sich um ein sogenanntes Sonatenrondo, in dem der für ein Rondo bezeichnende Wechsel zwischen einem Refrain und alternierenden Couplets mit der Gliederung in die Formteile Exposition, Durchführung und Reprise im Sinne eines Sonatensatzes verknüpft wird. Auffällig ist vor allem die Länge dieses spielerischen Satzes, den Beethoven offenbar als Gegengewicht zum ebenfalls sehr ausgedehnten Kopfsatz konzipiert hat. Spätestens mit den Streichquartetten der mittleren Schaffens- periode suchte Beethoven in jedem einzelnen Quartett nach individuellen Lösungen für die satztechnischen und formalen Herausforderungen der Gattung, was sich schon daran zeigt, dass Beethoven nach den Sammlungen op. 18 und op. 59 seine Streichquartette nur noch als Einzelwerke veröffentlichte. Publikum und Kritik reagierten immer wieder mit Unverständ- nis auf Beethovens innovative Ideen. So bemängelte der Rezen- sent der Leipziger Allgemeinen musikalischen Zeitung am Streich- quartett Es-Dur op. 74, in ihm sei das «Unähnlichste phantastisch» miteinander verbunden. Heute lässt sich dieser Vorwurf nur noch schwer nachvollziehen, da das Quartett deutlich weniger die damaligen Konventionen sprengt als andere Werke des Komponisten. Den Beinamen verdankt das «Harfen-Quartett» dem ersten Satz, der mit gezupften Passagen und gebrochenen Akkorden teilweise an Harfenklänge erinnert. Der Satz beginnt mit einer langsamen Einleitung, die von der ersten Violine direkt in den schnellen 18
Hauptsatz geführt wird. Dessen gesangliches, sehr gleichmäßig gebautes Hauptthema wird von Violine und Viola vorgetragen. Ein prägnantes zweites Thema, das traditionell zu erwarten gewe- sen wäre, sucht man vergebens, stattdessen ist die Coda, der Schlussteil des Satzes, besonders lang und wartet mit einer Über- raschung auf: einem völlig unvermittelt einsetzenden virtuosen Violinsolo. Vielleicht ist dies eines jener Elemente, das dem Rezensenten zu «phantastisch» erschien? Zart und zurückhaltend klingt der Satz aus. Der gefühlvolle langsame Satz ist als freie Rondoform angelegt, deren betörendes Hauptthema wie ein Lied ohne Worte anmutet, das es den Zuhörenden überlässt, ihren je ganz eigenen Text zu unterlegen. Dieser Refrain wechselt mit zwei Couplets, deren zweites durch seinen optimistischen Charakter für eine spürbare Aufhellung sorgt. Das an dritter Stelle stehende moll-Scherzo ist in seiner schulmeisterlichen Unerbittlichkeit als Parodie auf Kontrapunktstudien verstanden worden, die Beethoven verhasst gewesen sein sollen. Dies betrifft vor allem den Dur-Mittelteil, dessen Tempoanweisung «Più presto quasi prestissimo» ähnlich skurril anmutet wie die augen- zwinkernd durchexerzierte musikalische Gelehrsamkeit. Beim Finale handelt es sich um einen Variationssatz, dessen schlichtes Thema in sechs Variationen umspielt und rhythmisch variiert wird. Da Beethoven das Grundgerüst der Vorlage nicht wesent- lich antastet, lässt sich das Thema in jeder Variation gut wieder- erkennen. Mit zwei überraschend zurückhaltenden Schlussakkor- den endet das Streichquartett. Mag es auch nicht so revolutionär neu oder innovativ sein wie andere Werke der mittleren Schaffens- periode – bei genauerem Hinhören offenbart sich auch in diesem Quartett Beethovens ganze musikalische Fantasie. Frank Sindermann M. A. (* 1978), Studium der Musikwissen- schaft und Kulturwissenschaften in Leipzig, Tätigkeit als ange- stellter und freiberuflicher Museumspädagoge, seit 2013 Lehr- kraft für besondere Aufgaben am Zentrum für Lehrerbildung und Schulforschung der Universität Leipzig. 19
Letzte Aufführung in der Philharmonie Henry Purcell Fantasia a 4 en ut mineur (c-moll) Z 738 24.11.2010 Cuarteto Casals Fantasia a 4 en ré mineur (d-moll) Z 739 Erstaufführung Fantasia a 4 en sol majeur (G-Dur) Z 742 02.05.2016 Elias Quartet Ludwig van Beethoven Streichquartett op. 18/1 18.03.2019 Quatuor Ébène Ludwig van Beethoven Streichquartett op. 74 «Harfenquartett» 25.01.2018 Julia Fischer Quartett 20
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Interprètes Biographies Chiaroscuro Quartet Fondé en 2005, le Chiaroscuro Quartet, défini par le magazine Gramophone comme «un précurseur en matière d’interprétation authentique de la musique de chambre classique», joue du répertoire classique et du premier romantisme sur des cordes en boyaux et avec des archets d’époque. La sonorité unique du quatuor – décrite par le journal The Observer comme «choquante pour l’oreille au meilleur sens du terme» – suscite l’enthousiasme du public et de la critique dans toute l’Europe. La discographie du quatuor comprend des captations d’œuvres de Mozart, Beethoven, Schubert, Mendelssohn et Haydn. Les publications futures sont consacrées à l’opus 18 de Beethoven et aux Quatuors «Prussiens» de Mozart. Le quatuor a reçu en 2015 le Preis der Deutschen Schallplattenkritik pour son enregistrement du Quatuor KV 421 de Mozart et du Quatuor op. 13 de Mendelssohn. Parmi les partenaires de musique de chambre de l’ensemble figurent Kristian Bezuidenhout, Trevor Pinnock, Jonathan Cohen, Cédric Tiberghien, Nicolas Baldeyrou, Chen Halevi, Malcolm Bilson, Christian Poltéra et Christophe Coin. Les débuts du quatuor au Wiener Konzerthaus et au Carnegie Hall de New York, ainsi qu’une tournée au Japon ont été enregistrés. D’autres temps forts ont été des concerts au Festival d’Édimbourg, au Concertgebouw d’Amsterdam, au Wigmore Hall de Londres et au Théâtre du Jeu de Paume à Aix-en-Provence, ainsi qu’à la Pierre Boulez Saal de Berlin. Depuis 2009, les membres du quatuor sont Artistes en résidence à Port-Royal des Champs où ils proposent une série de concerts dédiée aux quatuors à 23
Chiaroscuro Quartet photo: Eva Vermandel
cordes de Mozart. Au cours de la saison 2021/22, ils se produisent notamment au Festival de Gstaad et entreprennent une tournée au Japon et en Suède. Citons également une résidence au Turner Sims Concert Hall de Southampton. Chiaroscuro Quartet Das 2005 gegründete Chiaroscuro Quartet, das vom Magazin Gramophone als «Wegbereiter für die authentische Aufführung hochklassischer Kammermusik» bezeichnet wurde, spielt Musik der Klassik und Frühromantik auf Darmsaiten und mit historischen Bögen. Der einzigartige Klang des Quartetts – von der Zeitung The Observer als «im besten Wortsinne schockie- rend für die Ohren» beschrieben – wird von Publikum und Kritik in ganz Europa hoch gelobt. Die Diskographie des Quartetts dokumentiert Einspielungen von Werken Mozarts, Beethovens, Schuberts, Mendelssohns und Haydns. Zukünftige Veröffentli- chungen umfassen Beethovens op. 18 und Mozarts «Preußi- sche» Quartette. Das Quartett erhielt 2015 den Preis der Deutschen Schallplattenkritik für seine Einspielung von Mozarts Quartett KV 421 und Mendelssohns Quartett op. 13. Zu den Kammermusikpartnern des Ensembles zählen Kristian Bezuidenhout, Trevor Pinnock, Jonathan Cohen, Cédric Tiberghien, Nicolas Baldeyrou, Chen Halevi, Malcolm Bilson, Christian Poltéra und Christophe Coin. Mit Begeisterung wurden die Debüt- konzerte des Quartetts im Wiener Konzerthaus und in der New Yorker Carnegie Hall sowie eine Konzertreise nach Japan aufge- nommen. Weitere Höhepunkte waren Auftritte beim Edinburgh International Festival, im Concertgebouw Amsterdam, in der Londoner Wigmore Hall und im Théâtre du Jeu de Paume in Aix-en-Provence sowie im Pierre Boulez Saal in Berlin. Seit 2009 sind die Mitglieder des Quartetts Artists in residence in Port- Royal des Champs, wo sie eine den Streichquartetten Mozarts gewidmete Konzertreihe veranstalten. In der Saison 2021/22 treten sie unter anderem beim Gstaad Festival auf und unter- nehmen Tourneen nach Japan und Schweden. Zu nennen ist außerdem eine Residenz in der Turner Sims Concert Hall in Southampton. 26
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La plupart des programmes du soir de la Philharmonie sont disponibles avant chaque concert en version PDF sur le site www.philharmonie.lu Die meisten Abendprogramme der Philharmonie finden Sie schon vor dem jeweiligen Konzert als Web-PDF unter www.philharmonie.lu your comments are welcome on www.facebook.com/philharmonie Impressum © Établissement public Salle de Concerts Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte 2022 Pierre Ahlborn, Président Stephan Gehmacher, Directeur Général Responsable de la publication: Stephan Gehmacher Rédaction: Charlotte Brouard-Tartarin, Dr. Christoph Gaiser, Dr. Tatjana Mehner, Anne Payot-Le Nabour Design: Pentagram Design Limited Imprimé par: Print Solutions Tous droits réservés. 28
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