Les soins dentaires en Belgique sur la période 2011-2015 - ÉTUDE Quels recours aux soins ? Quels remboursements ? Quels coûts pour la famille ?
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
ÉTUDE Les soins dentaires en Belgique sur la période 2011-2015 Quels recours aux soins ? Quels remboursements ? Quels coûts pour la famille ?
Une publication des Mutualités Libres Rue Saint-Hubert, 19 - 1150 Bruxelles T 02 778 92 11 - F 02 778 94 04 commu@mloz.be — Rédaction > Rudy Van Tielen Güngör Karakaya Coordination > Karima Amrous Layout > Marinella Cecaloni Photos > Shutterstock Remerciements à Michel Devriese Société de médecine dentaire www.mloz.be (©) Mutualités Libres /Bruxelles, mai 2017 (N° d’entreprise 411 766 483)
Les soins dentaires en Belgique sur la période 2011-2015 Quels recours aux soins ? Quels remboursements ? Quels coûts pour la famille ? Table des matières 06 Objectif, données et classification 08 Population de l’étude 09 Recours aux soins dentaires 13 Nature des soins lors d’un contact avec le dentiste 20 Analyse des dépenses de l’assurance obligatoire (AO) pour les soins dentaires 29 Analyse des tickets modérateurs à charge du patient pour les soins dentaires 32 Analyse des coûts supplémentaires sur les prestations remboursables et des coûts non couverts par l’AO 35 Conclusion 37 Recommandations des Mutualités Libres 38 Références + Annexes
ÉTUDE Les soins dentaires en Belgique sur la période 2011-2015 Quels recours aux soins ? Quels remboursements ? Quels coûts pour la famille ? Une bouche saine est un indicateur de bonne santé, car des dents ou des gencives abîmées peuvent provoquer de graves maladies. L’OMS le répète depuis des années : «La santé bucco-dentaire est ❝ L’étude analyse le essentielle pour l’état général et la qualité de la vie». Parmi les facteurs de risque des affections bucco-dentaires figurent, outre une hygiène insuffisante de la bouche, la mauvaise alimentation, le tabagisme et une consommation problématique d’alcool. Certaines maladies bucco-dentaires peuvent avoir des conséquences sur la santé globale (pathologies inflammatoires, accouchements recours aux soins précoces...). Les bactéries de la bouche peuvent migrer par la voie sanguine dans tout l’organisme : le cœur, les sinus, les reins, les yeux, les articulations. Afin de suivre et de traiter les affections dentaires ainsi bucco-dentaires et d’aider le patient à mettre en place des mesures de prévention adaptées à sa que les dépenses situation, une visite de contrôle est recommandée chaque année. moyennes pour Cette recommandation est-elle bien suivie en Belgique ? Selon nos sources, une personne sur deux ne consulte pas son dentiste annuellement. Ces chiffres l’assurance maladie sont confirmés par les résultats de l’enquête de santé 2013 réalisée par l’Institut Scientifique de et le patient. Santé Publique (ISSP) : environ 40% des personnes interrogées1 déclarent ne pas se rendre chez le dentiste chaque année. ❞ Cette sous-consommation constitue un problème de santé publique. L’une des priorités des auto- rités publiques est d’améliorer la santé bucco-dentaire de la population et de garantir l’accès aux soins, notamment pour les groupes les plus démunis (BIM ou bénéficiaires de l’intervention majo- rée). Les soins dentaires financés par l’Etat représentaient 878 millions d’euros en 2015, soit 3% des dépenses des soins de santé mais ce montant est nettement sous-estimé car il se rapporte à la prise en charge par l’assurance obligatoire (AO) via les organismes assureurs. La part supportée par le patient (ticket modérateur) constitue, pour certains, un frein à la fréquentation du dentiste. L’argument souvent avancé de l’obstacle financier ne s’applique pas dans tous les cas. En effet, on remarque que même pour les soins dits «gratuits» - car le ticket modérateur est de 0 euro -, le patient ne se rend pas chez son dentiste. Les raisons invoquées sont le manque d’information sur l’importance des soins dentaires, la peur du dentiste, la négligence de la santé bucco-dentaire par certaines couches de la population qui ne la considèrent pas comme une priorité,… Face à ce constat, des initiatives ont été prises et des moyens financiers ont été dégagés afin de favoriser la promotion de la santé bucco-dentaire. En 2009, des mesures d’accessibilité financière ont été prises pour les enfants et les soins dentaires sont devenus gratuits jusqu’au 18ème anniversaire. Les soins dentaires, à l’exception des soins orthodontiques, sont donc remboursés à 100% des tarifs prévus par la convention dento-mutua- liste pour les enfants jusqu’au 18ème anniversaire. 4
Les bénéficiaires de l’intervention majorée (BIM) profitent de la même mesure pour quasi tous les soins dentaires à l’exception des prestations liées aux prothèses dentaires, aux implants oraux et à la radiographie. En 2015, un trajet des soins buccaux a été instauré. Cette mesure incite les patients à se rendre chez le dentiste chaque année et prévoit des sanctions financières pour la personne qui n’a pas consulté son dentiste au cours de l’année civile précédente. En effet, le montant de son ticket modérateur se verra majoré. Sensibilisées par la problématique, les Mutualités Libres ont déjà réalisé en 2012 une étude sur les coûts de soins dentaires qui analysait les dépenses en assurance obligatoire tout comme la partie supportée par le patient2. La présente brochure est une actualisation des résultats, en utilisant une base de données de la consommation en assurance obligatoire des affiliés sur la période 2011-2015 et en la complétant avec de l’information financière émanant des remboursements de l’assurance facultative Dentalia plus. Cette assurance, qui s’adresse aux affiliés des Mutualités Libres, couvre les frais dentaires restant à charge du patient, que ces soins soient remboursés ou non par l’assurance obligatoire. 1 Nous avons voulu répondre aux questions suivantes : Van der Heyden J, Charafeddine • Quel est le recours aux soins (préventifs, curatifs, orthodontiques et par implants) ? R (éd.). Enquête de santé 2013. Rapport 1: Santé et Bien-être. • Observe-t-on des différences en fonction de l’âge, du sexe, ou du fait de bénéficier de l’interven- WIV-ISP, Bruxelles, 2014 https://his. tion majorée ? wiv-isp.be/fr/SitePages/Rapports_ complets_2013.aspx • Quelles sont les dépenses publiques et privées3 que ces soins génèrent ? 2 • Est-il possible de mesurer le coût total de certains traitements comme l’orthodontie, les implants Leclercq A., Les coûts des soins ou prothèses amovibles ? dentaires pour l’assurance obligatoire et pour le patient. • Quelles sont les recommandations à adresser aux pouvoirs publics, aux prestataires de soins dont Etudes MLOZ 2012. 40 pages. les dentistes, aux patients, aux mutualités ? http://www.mloz.be/fr/ publication/les-coûts-des-soins- dentaires-pour-lassurance- Cette étude comporte des limites. Tout d’abord, la période de référence (2011-2015) ne prend pas obligatoire-et-pour-le-patient en considération les effets du trajet de soins buccaux qui a débuté en 2016. Ensuite, la nature même 3 En ce qui concerne les dépenses des données administratives ne permet pas d’émettre des hypothèses sur la qualité des soins offerts privées, outre le ticket modérateur, et sur les raisons de la non fréquentation des dentistes par certaines tranches de la population. il s’agit des coûts supplémentaires non officiels que nous avons déterminés sur base des demandes de remboursement des affiliés des Mutualités Libres Rudy Van Tielen et Güngör Karakaya, qui ont souscrit à l’assurance Experts Matières économiques et scientifiques facultative Dentalia plus. Département Représentation et Etudes des Mutualités Libres 5
01 Objectif, données et classification 1. Objectif de l’étude L’étude analyse d’abord le recours aux différents types de soins dentaires ainsi que les dépenses moyennes pour l’assurance obligatoire et à charge du patient sur une période allant de 2011 à 2015. Les résultats sont présentés en fonction de l’âge du patient, de son genre et de son statut social (bénéficiaire d’une intervention majorée ou non). Ensuite, pour avoir une vue d’ensemble de la charge financière des soins dentaires pour les patients, nous avons analysé les coûts supplémentaires demandés par les dentistes pour les prestations dentaires non remboursables mais aussi pour des prestations remboursées. 2. Données disponibles L’analyse est basée d’une part sur les données réelles de remboursement des prestations de soins de santé des affilié(e)s des Mutualités Libres (MLOZ) qui ont eu au moins une prestation de soins dentaires remboursée entre 2011 et 2015 et d’autre part, sur les données issues des remboursements pour les affilié(e)s qui ont souscrit l’assurance dentaire Dentalia Plus. Les prestations liées à la stomatologie ont été exclues des présentes analyses car elles sont majoritairement réalisées par des médecins stomatologues pour des prestations à caractère plus médical que les prestations dentaires. 3. Classification des soins dentaires Les soins dentaires recouvrent un ensemble de soins différents qui peuvent être regroupés en 7 groupes : • les soins préventifs • les soins conservateurs ou curatifs • les extractions dentaires • les soins parodontaux • les traitements orthodontiques • les prothèses amovibles et les implants dentaires • les radiographies Les soins préventifs Les traitements préventifs ont pour but de prévenir les soins conservateurs, les soins de parodontologie et les extractions dentaires. Ils varient selon l’âge du patient et englobent principalement les prestations suivantes : • L’examen buccal en vue d’un diagnostic ou du traitement d’une affection. • Le nettoyage prophylactique (détartrage). Les soins conservateurs Les soins conservateurs sont destinés à résoudre les affections de la dent (affection de l’émail, de la dentine et de la pulpe des dents,…). Ces traitements visent à ôter les tissus malades de la dent puis à restaurer les parties endommagées d’une dent à l’aide d’un matériau pour lui redonner sa forme et son usage. Les soins conservateurs recouvrent principalement le traitement des caries au moyen d’amalgame d’argent (de moins en moins fréquemment) ou de matériaux synthétiques dont la teinte se rapproche de celle de la dent (composites, verres ionomères, …). Les extractions Les extractions concernent les dents et les racines. Des prestations spécifiques sont prévues pour les bénéficiaires jusqu’à 18 ans, à savoir des extractions de dents lactéales (dents de lait) ou des dents définitives, notamment dans le cadre des extractions préventives orthodontiques. Pour les adultes, il ne s’agira évidemment que des extractions de dents définitives. Entre 18 et 53 ans, le remboursement des extractions est possible dans des conditions spécifiques liées à la présence de certaines pathologies ou handicap (ostéomyélite, chimiothérapie, ….)4. 6
A partir du 53ème anniversaire, les extractions sont remboursées sans condition. Rappelons que la pré- sente analyse ne concerne pas les soins prodigués par un stomatologue. Cette précision est importante car de nombreuses extractions dentaires sont réalisées en milieu hospitalier par des stomatologues. Les raisons de ces extractions «chirurgicales» sont multiples et dépassent le cadre de l’étude. Les soins parodontaux La parodontologie a été inscrite dans la nomenclature de l’INAMI. Le remboursement par l’assurance obligatoire de l’examen parodontal est autorisé depuis janvier 2006 et les détartrages sous-gingivaux depuis le 1er mai 2009. Le bilan parodontal avec le test DPSI5 a été classé, dans cette étude, dans la rubrique parodontologie et non dans les soins préventifs. Le détartrage sous-gingival est remboursé, par quadrant dentaire et une fois toutes les trois années civiles, à partir du 18ème jusqu’au 55ème anniversaire. Les traitements orthodontiques L’orthodontie ou orthopédie dento-faciale traite des anomalies de forme des mâchoires et de position des dents. Aucun traitement orthodontique ne peut être commencé ni poursuivi dans une bouche où les dents n’ont pas d’abord été soignées. Actuellement, nous devons distinguer le traitement orthodontique de première intention (à partir du 1er juillet 2008) du traitement orthodontique régulier. • Le traitement orthodontique de première intention (TOPI) est un traitement qui est destiné à de jeunes enfants et vise à corriger dès que possible certains défauts de croissance de la mâchoire, de la position des incisives ou le manque de place pour les dents définitives. • Le traitement orthodontique régulier, plus long et plus complexe, est remboursé via une série de forfaits (un forfait de début de traitement (code 305631-305642), un forfait pour des séances de traitement orthodontique régulier (code 305616-305620) et un forfait pour interruption de traitement (code 305653-305664), etc.) moyennant l’introduction de la demande de remboursement (notification au médecin-conseil) avant le 15ème anniversaire. L’intervention de l’assurance maladie peut se faire jusqu’à l’âge de 22 ans. Une prolongation au-delà du 22ème anniversaire ou des dérogations à la limite d’âge peuvent être accordées exceptionnellement sur avis du conseil technique dentaire. Les prothèses amovibles et implants oraux La prothèse dentaire amovible (ou dentier) est indiquée en cas de perte de la denture (accidentelle, ou suite à une maladie: parodontite, caries), plus particulièrement chez le patient âgé. Elle a bien sûr un rôle 4 Cette dérogation est introduite esthétique mais permet surtout de réhabiliter la mastication et la phonation6. depuis le 01/06/2007. Si les conditions de l’article 6, § 3 bis Les prothèses amovibles complètes ou partielles ne sont remboursées qu’à partir du 50ème anniversaire, ne sont pas remplies, l’extraction sauf si le patient souffre d’une ou plusieurs affections particulières détaillées dans la législation7. La entre 18 et 53 ans n’est pas remboursée par l’assurance condition d’âge de 50 ans concerne le placement d’une prothèse amovible et les actes sur prothèse obligatoire. comme les réparations. 5 Dutch parodontal screening Les implants oraux ne sont remboursables qu’à partir du 70ème anniversaire, en cas de dysfonctionnement index : index de santé gingival et parodontal. grave d’une prothèse amovible complète. 6 Le dentier corrige l’affaissement Les radiographies de la bouche et jour un rôle dans le rétablissement de la phonation : Tout comme en médecine générale ou spécialisée, la médecine dentaire fait également appel à la notamment pour prononcer les radiologie pour pouvoir diagnostiquer et prévoir le traitement le plus adapté. Nous devons distinguer consonnes «dentales» (d et t), qui nécessitent que la langue prenne plusieurs types de radiographies dont le remboursement est conditionné selon la fréquence d’utilisation appui sur les dents. et l’indication : 7 • radiographie intra- et extrabuccale (pas de limitation) Ces dérogations concernent des situations où le patient ne doit • radiographie panoramique (limitation à une fois toutes les 2 années civiles) pas forcément être âgé de 50 ans • téléradiographie cranio-faciale (limitation à une fois toutes les 2 années civiles) pour pouvoir être remboursé de sa prothèse. Selon la pathologie • Conebeam CT dentaire (limitations très restrictives). et l’âge du bénéficiaire, il faudra l’accord soit du médecin conseil Depuis 2009, les conditions de remboursement pour la radiographie dentaire sont devenues de plus en soit du conseil technique dentaire.. plus strictes. 7
02 Population de l’étude La nomenclature INAMI permet un remboursement des consultations chez les dentistes généralistes ou spécialistes (en orthodontie ou parodontologie) pour un grand nombre de prestations. Nous avons compté plus ou moins 150 prestations remboursables différentes en ambulatoire. Le tableau 1 reprend le nombre absolu de personnes qui ont eu recours à des soins dentaires pour chacune des années étudiées. TABLEAU 1 NOMBRE D’AFFILIÉ(E)S DES MUTUALITÉS LIBRES QUI ONT EU RECOURS À DES SOINS DENTAIRES, 2011-2015 Affilié(e)s ayant recours à % d’affilié(e)s ayant recours Année Nombre total d’affilié(e)s des soins dentaire à des soins dentaires 2011 1 006 786 2 048 424 49,1% 2012 1 026 851 2 074 706 49,5% 2013 1 052 879 2 105 028 50,0% ❝ Un Belge sur 2014 2015 1 072 822 1 156 967 2 124 962 2 148 128 50,5% 53,9% deux (54%) a vu son dentiste en De 2011 à 2015, la proportion d’affiliés ayant recours aux soins dentaires passe de 49 à quasi 54%. 2015. C’est une Le tableau 2 précise les caractéristiques de la population de l’étude en tenant compte du genre de l’affilié(e) (homme (H)/femme (F)) et de son statut social (bénéficiaire ou non d’une intervention majorée). progression de 5% Nous constatons que les femmes recourent proportionnellement plus que les hommes aux soins par rapport à 2011. dentaires et ce, quel que soit le statut social de l’affilié(e)e et l’année. ❞ TABLEAU 2 RÉPARTITION DES AFFILIÉ(E)S DES MUTUALITÉS LIBRES AYANT RECOURS À DES SOINS DENTAIRES EN FONCTION DU SEXE (H/F) ET DU STATUT SOCIAL (BIM/NON BIM), 2011-2015 % d’affilié(e)s ayant recours à des soins Année Statut Genre dentaires selon le statut et le genre H 36,5% BIM F 41,6% H+F 39,4% 2011 H 47,1% non-BIM F 53,9% H+F 50,5% H 40,6% BIM F 46,5% H+F 43,9% 2015 H 51,9% non-BIM F 58,7% H+F 55,3% Parmi les BIM, 43,9% ont consulté un dentiste en 2015 (39,4% en 2011) alors que ce taux est de 55,3% pour les non BIM (50,5% en 2011). Cette différence pose question car diverses mesures financières ont été prises pour améliorer l’accès aux soins dentaires des personnes précarisées. Nous en reparlerons ultérieurement lors de l’analyse des remboursements à charge de l’assurance obligatoire. 8
03 Recours aux soins dentaires Nous reprenons les 2 indicateurs utilisés dans la précédente étude des Mutualités Libres sur les soins dentaires8, à savoir : • la fréquence ou le nombre de contacts avec le dentiste au cours des 5 années d’observation ; • la régularité des contacts ou le nombre d’années au cours desquelles au moins un contact a eu lieu avec un dentiste. Fréquence des visites chez le dentiste au cours des 5 années (2011-2015) La figure 1 présente le recours aux soins dentaires des affilié(e)s entre 2011 et 2015 (selon leur âge en 2015). Sur les 5 années étudiées, 22% de ceux-ci, tout âge confondu, n’ont eu aucun contact avec un dentiste. FIGURE 1 ESTIMATION DU RECOURS AUX SOINS DENTAIRES DES AFFILIÉ(E)S DES MUTUALITÉS LIBRES EN 2015 SUR LA PÉRIODE DE 2011 À 2015 100% ❝ Un Belge sur cinq 80% (22%) n’a pas 60% vu son dentiste pendant 5 années 40% consécutives. ❞ 20% 0% 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100 ■ pas de recours ■ 1 ou 2 contacts ■ 3 ou 4 contacts ■ 5 ou 6 contacts ■ 7 contacts ou plus Parmi la cohorte des enfants de 5 à 12 ans, 15% n’ont pas vu un dentiste sur cette période de 5 années. Pour les adolescents de 13 à 18 ans, la proportion de non recours aux prestations d’un dentiste est de 10% alors que 50% de ces adolescents ont eu plus de 5 contacts avec un dentiste sur les 5 ans. Nous verrons plus loin que cela peut s’expliquer par l’importance relative des recours à des prestations liées à l’orthodontie. Après l’âge de 18 ans, le non recours à un dentiste augmente pour atteindre 30% à 30 ans. Ce taux de non recours diminue ensuite à 20% à 40 ans pour rester stable jusqu’à 65 ans. Les dentistes ont une explication pour ce non recours aux soins dentaires des jeunes adultes de 20 à 30 ans. Il s’agit d’individus qui quittent le giron familial pour des raisons d’études supérieures ou de fonda- tion d’une famille. Pour eux, les soins dentaires ne sont pas une priorité et les parents ne sont plus là pour les inciter à aller chez le dentiste. Au-delà de 65 ans, le non recours à un dentiste augmente et dépasse les 60% au-delà de 90 ans, vraisem- 8 blablement pour des raisons liées à leur mobilité, à leur santé générale et/ou à leur institutionnalisation Leclercq (2012). en maison de repos. 9
En étudiant la cohorte des individus nés en 2011 et ayant atteint l’âge de 4 ans en 2015, nous constatons que 42% de ceux-ci n’ont jamais vu un dentiste. Cette constatation interpelle car il existe des recommandations internationales qui préconisent une première visite lorsque les premières dents apparaissent puisque c’est le moment pour le dentiste de donner ou rappeler aux parents les conseils pour la prévention des problèmes dentaires des enfants. Une deuxième visite est ensuite conseillée lorsque toutes les dents de lait sont «sorties», vers 2,5 – 3 ans9,10. Nous pouvons dès lors nous interroger sur cette absence de fréquentation du dentiste des enfants de moins de 4 ans puisqu’il n’existe pas de frein financier. Nous avançons comme explication un manque d’information des parents qui pourraient croire que, puisque les dents de lait doivent tomber, des soins sur ces dents seraient inutiles. Régularité du recours aux soins dentaires Nous avons considéré que les contacts sont réguliers si nous observons des contacts au cours de 3 années différentes au moins sur les 5 années étudiées. Le terme «régularité» n’a pas un caractère normatif. Chaque individu, chaque âge a ses spécificités propres en termes de santé bucco-dentaire. Sur la période 2011-2015, la figure 1 nous a montré que la majorité des affilié(e)s ne consultent pas un dentiste chaque année. La figure 2 stratifie la population de l’étude en fonction du nombre d’années civiles, consécutives ou non, au cours desquelles elle a eu (ou non) un contact avec un dentiste. FIGURE 2 RÉPARTITION DE LA POPULATION ÉTUDIÉE EN FONCTION DU NOMBRE D’ANNÉES AVEC AU MOINS UNE VISITE AU CABINET DU DENTISTE SUR LA PÉRIODE 2011-2015 100% 80% 60% 40% 20% 0% 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 ■ 5 années ■ 4 années ■ 3 années ■ 2 années ■ 1 année ■ pas de recours Nous pouvons remarquer une répartition quasi égale de la population en 5 strates (en dehors du non 9 recours) : American Academy of pediatric dentistry : Guideline on Periodicity • 35% des affilié(e)s voient le dentiste chaque année ou au moins 4 années sur 5. Ce taux fluctue avec of Examination, Preventive Dental l’âge et est maximum pour la cohorte de 10 à 18 ans avec quasi 50%. Autrement dit, près de la moitié Services, Anticipatory Guidance/ Counseling, and Oral Treatment for des enfants âgés de 10 à 18 ans se sont rendus au moins 4 années sur 5 chez le dentiste. Infants, Children, and Adolescents. • 30% des adolescents voient le dentiste chaque année. Revised 1992, 1996, 2000, 2003, • 60% des adolescents vont au moins 1 fois tous les 2 ans chez le dentiste. 2007, 2009, 2013. http://www. aapd.org/media/policies_ • Entre 20 et 30 ans, moins de 10% vont chaque année chez le dentiste et 30% y vont au moins 3 années guidelines/g_periodicity.pdf. sur 5. 10 European Academy of paediatric • 20% des affilié(e) de 40 à 75 ans vont chaque année chez le dentiste. dentistry:http://www.eapd.eu • Au-delà de 75 ans, la «régularité» des contacts diminue significativement. 10
Caractéristiques des affilié(e)s et régularité des contacts avec un dentiste Le recours aux soins dentaires peut être vu sous l’angle de la régularité selon la définition donnée en début de paragraphe, à savoir au moins 3 contacts avec un dentiste sur les 5 années analysées. Seules les personnes qui ont eu au moins un contact avec un dentiste ont été retenues pour les représentations graphiques qui suivent et les taux qui s’y rapportent. Dans l’ensemble, tout âge, toute région et tout statut confondus, 52% des affilié(e)s s’avèrent être réguliers. Cette «régularité» atteint, voire dépasse, les 55-60% entre 10 et 18 ans et entre 40 et 70 ans. Entre 20 et 40 ans, nous retrouvons les caractéristiques des «starters» (jeunes adultes), à savoir une régularité qui retombe à 40% comme pour les personnes de plus de 85 ans. La figure 3 décrit, par âge et par statut social (en 2015), la régularité des affilié(e)s des Mutualités Libres entre 2011 et 2015. Les bénéficiaires d’une intervention majorée (BIM) ont un comportement différencié entre 10 et 18 ans et entre 20 et 35 ans. En effet, il semble que les BIM recourent proportionnellement moins que les non BIM à un dentiste pendant l’adolescence mais étonnamment plus fréquemment entre 20 et 35 ans. Bien que les écarts soient moins marqués au-delà de l’âge de 40 ans, les non BIM ont systématiquement plus fréquemment recours à un dentiste que les BIM. La différence pendant l’adolescence, en défaveur des BIM, pourrait s’expliquer par un recours moindre aux soins orthodontiques qui s’avèrent assez onéreux. Nous le verrons plus loin dans l’analyse des coûts. FIGURE 3 ESTIMATION DE LA RÉGULARITÉ DES CONTACTS DES AFFILIÉ(E)S MLOZ AVEC UN PRESTATAIRE DE L’ART DENTAIRE SELON LE STATUT SOCIAL ET LA RÉGION, 2011-2015 - BELGIQUE 11
FIGURE 4 ESTIMATION DE LA RÉGULARITÉ DES CONTACTS DES AFFILIÉ(E)S MLOZ AVEC UN PRESTATAIRE DE L’ART DENTAIRE SELON LE STATUT SOCIAL ET LA RÉGION, 2011-2015 - RÉGIONS ❝ Le statut social, le genre, l’âge et la région ont Au niveau régional, il y a également une différence à mettre en évidence. Dans l’ensemble, les affiliés en Flandre semblent être moins réguliers que ceux des 2 autres régions. une influence sur Nous mettons en annexe 2 la même répartition de la régularité mais selon le sexe de l’affilié(e). Quelle la fréquence des que soit la région, les femmes sont plus régulières que les hommes. contacts avec le En conclusion, le statut social, le genre, l’âge et la région ont une influence sur la fréquence des contacts avec le dentiste et en particulier leur régularité (3 contacts sur 5 ans). dentiste et en particulier leur régularité. ❞ 12
04 Nature des soins lors d’un contact avec le dentiste Occurrence des différents types de soins entre 2011 et 2015 Nous rappelons qu’un affilié(e) sur 2 consulte un dentiste dans l’année. Le tableau 3 complète cette information et donne une idée du pourcentage des individus qui ont recours aux soins dentaires regroupés selon la nature du soin. TABLEAU 3 POURCENTAGE DES INDIVIDUS AYANT EU UNE CONSULTATION CHEZ LE DENTISTE SELON LE TYPE DE SOINS DISPENSÉS, MLOZ (2011-2015) Prothèse Soins Année Extractions Orthodontie Parodontologie Prévention amovibles/ Radiographie conservateurs implants 2011 7,1% 6,0% 4,1% 76,3% 4,5% 41,6% 50,4% 2012 7,1% 6,1% 4,5% 76,9% 4,3% 41,3% 49,8% 2013 7,0% 6,1% 5,1% 77,7% 4,2% 40,6% 49,0% 2014 7,2% 6,4% 5,6% 78,4% 4,2% 38,9% 48,4% 2015 7,0% 6,0% 6,3% 80,3% 3,8% 36,6% 45,8% Entre 2011 et 2015, le pourcentage d’individus qui ont eu un contact avec un dentiste pour un acte lié à de la prévention est passé de 76,3% à 80,3%. En d’autres termes, en 2015, 19,7% des affilié(e)s ont eu un contact avec un dentiste pour un autre type de prestation que la prévention. Environ 40% des individus ont eu au moins un acte lié à la radiographie. Une personne sur 2 s’est présentée chez le dentiste pour des soins conservateurs, principalement pour le traitement de caries. Ces 3 postes (prévention, radiographie et soins conservateurs) concernent a priori l’ensemble de la population ayant eu au moins une consultation chez le dentiste. Par contre, les 4 autres postes concernent plus spécifiquement certains groupes ou âges de la popula- tion. Ainsi, les extractions ne concernent qu’environ 7% des individus. Mais, en fait, les extractions sont principalement réalisées entre 10 et 18 ans (travail préparatoire à certains traitements orthodontiques) et à partir de 53 ans, âge pour lequel un remboursement de l’assurance obligatoire est instauré. Un raisonnement identique doit se faire pour l’orthodontie (prestation réalisée et remboursée jusqu’à l’âge de 22 ans maximum) et pour les prothèses dentaires amovibles et les implants (remboursement à partir de 50 ans). Les implants sont remboursés à partir de 70 ans. 13
Occurrence des différents types de soins selon l’âge en 2015 La figure 5 reprend l’occurrence, calculée sur la période de 5 années (2011-2015), des différents types de soins en fonction de l’âge en fin de période (2015). Au cours des 5 années d’observation, nous remarquons que quelques soins concernent plus certains âges : • A 10 ans, 55% des enfants ont déjà eu un soin conservateur pour traiter un épisode de carie et 55% une radiographie dentaire. Plus de 80% de ces enfants ont eu au moins une visite de prévention et 20% ont commencé un traitement orthodontique (de première intention). • A 12 ans, 35% des enfants ont eu au moins une extraction dans les 5 années (la plupart de ces extractions concernent bien évidemment des dents de lait ou des extractions pour raisons orthodontiques). • Entre 13 et 18 ans, 50% de la cohorte ont au moins envisagé un traitement orthodontique régulier. • 70% des enfants de 14-18 ans ont eu au moins une radiographie dentaire. • A 75 ans, 30% ont eu des prestations liées à des prothèses amovibles ou des extractions. FIGURE 5 % DES AFFILIÉ(E)S AYANT EU AU MOINS UNE CONSULTATION CHEZ LE DENTISTE, SELON LE TYPE DE SOINS ET L’ÂGE DE L’AFFILIÉ(E) EN 2015 ❝ À 10 ans, plus de la moitié des enfants (55%) se sont déjà fait soigner pour une carie (au moins). ❞ Les extractions concernent en premier lieu les adolescents puis les personnes de plus de 50 ans. Dans le premier cas, les extractions sont liées au traitement orthodontique et dans le second cas, à la pose de prothèses dentaires amovibles. La courbe liée à l’orthodontie «suit» la courbe des extractions pour les adolescents. Leurs allures sont similaires mais tous les traitements orthodontiques ne requièrent pas nécessairement une extraction. La courbe concernant les prestations de nature préventive «domine» toutes les autres courbes, quels que soient les types de soins et l’âge. Nous devons toutefois constater qu’après l’adolescence, la prévention passe de 70% à 60% pour la cohorte de 20 à 30 ans. A nouveau, cela s’explique par le comportement spécifique des jeunes adultes qui négligeraient leur santé bucco-dentaire en se lançant dans la vie active hors du contrôle des parents. 14
Fréquence des contacts avec le dentiste par type de soins selon l’âge en 2015 La figure 6 rend compte de la fréquence des différents types de contacts, observée entre 2011 et 2015, selon l’âge en fin de période (2015). Tout type de soins confondus, les affilié(e)s entre 30 et 80 ans présentent une moyenne de 9 contacts avec un dentiste sur la période de 5 ans étudiée. Les adolescents ont des moyennes nettement plus élevées : 12 contacts à 13 ans et 10 contacts à 18 ans (avec un maximum de 17 contacts à 15 ans). Pour eux, l’inducteur des visites chez le dentiste est l’orthodontie puisque, en moyenne, nous pouvons constater, par affilié(e) de 16-17 ans, 13 séances sur une période de 5 ans. FIGURE 6 NOMBRE MOYEN DE CONTACTS CHEZ LE DENTISTE, SELON L’ÂGE ET SELON LA NATURE DES SOINS, MLOZ PÉRIODE 2011-2015 Les contacts pour des soins préventifs sont en moyenne plus élevés parmi les enfants et les adolescents : la fréquence est d’un peu plus de 4 contacts en moyenne en 5 ans. A partir de 20 ans, la fréquence des contacts pour des soins conservateurs dépasse celle de la prévention. A partir de 70 ans, le nombre de contacts diminue graduellement. Nous constatons que la fréquence des soins liés aux prothèses dentaires amovibles (à partir de 53 ans), à la parodontologie (à partir de 15 ans), et à la radiographie reste plus ou moins constante quel que soit l’âge, soit environ 2 contacts par affilié(e) sur 5 ans. 15
Influence du genre et du statut social sur la nature du contact avec un dentiste Comme pour n’importe quel type de soins de santé, le genre et le statut social ont une influence sur la nature des contacts avec un dentiste. Les figures 7 à 9 montrent l’influence de ces deux paramètres. Nous avons mentionné plus haut la simi- larité des courbes entre les extractions et l’orthodontie chez les adolescents. La figures 7 illustre cette constatation et précise l’impact du sexe et du statut social du bénéficiaire. FIGURE 7 PROPORTION D’AFFILIÉ(E)S AYANT EU AU MOINS UNE PRESTATION LIÉE À UNE EXTRACTION DENTAIRE OU UN TRAITEMENT ORTHODONTIQUE AU COURS DES 5 ANS, SELON LE GENRE ET LE STATUT SOCIAL, 2011-2015 Les extractions Sur la période étudiée de 5 ans, nous observons une fréquence élevée d’extractions dentaires (au moins une dent) pour les jeunes âgés de 10 à 20 ans, et ceci peu importe le statut social (figure 7). Nous ne remarquons pas de différence significative entre les femmes et les hommes. Sur la période étudiée, l’assurance obligatoire rembourse les extractions de dents lactéales (ou dents de lait) et des dents défi- nitives jusqu’à l’âge de 18 ans. Pour les adultes, les extractions ne sont remboursées que dans le cadre de certaines affections, ce qui limite la fréquence à moins de 4% jusqu’à l’âge de 53 ans, âge à partir duquel le remboursement n’est plus conditionnel. De 60 ans jusqu’à 85 ans, nous constatons que 30% des diverses cohortes d’âges ont eu au moins une extraction au cours de la période étudiée. Orthodontie Le traitement orthodontique a pour objet de modifier la position des dents afin d’en améliorer l’appa- rence et le fonctionnement. Un «mauvais» positionnement peut rendre les dents plus susceptibles à la carie, favoriser les pathologies de la gencive. La figure 7 montre que les BIM ont en proportion moins d’orthodontie classique régulière. Pour l’ortho- dontie de première intention, la différence n’est pas perceptible. Systématiquement, les jeunes filles recourent plus souvent à l’orthodontie que les garçons et ce, quel que soit le statut social de l’affilié(e). Soins conservateurs Ces soins conservateurs recouvrent principalement la pose d’un matériau, soit un amalgame soit une résine composite, pour obturer les caries. Lorsqu’une carie a atteint un stade avancé, le recours à des traitements spécifiques (dévitalisation ou pulpectomie) est nécessaire afin d’éviter les abcès (infections bactériennes). 16
La figure 8 montre à nouveau que les femmes, tout âge et statut social confondus, recourent plus à un dentiste, même pour les soins conservateurs. L’impact du statut social semble jouer jusqu’à l’âge de 40 ans pour les deux sexes, les BIM ayant davan- tage recours à des soins conservateurs. A 40 ans, l’effet s’inverse. Les non BIM sont proportionnellement plus concernés par les soins conserva- teurs que les BIM. Cela est d’autant plus perceptible pour les hommes. Les soins conservateurs sont réalisés jusqu’à des âges avancés puisqu’à 80 ans, 40% des individus y ont encore recours. Cela confirme le fait que les générations actuelles conservent leurs dents beaucoup plus longtemps que celles du passé. FIGURE 8 PROPORTION D’AFFILIÉ(E)S AYANT EU AU MOINS UNE PRESTATION LIÉE À DES SOINS CONSERVATEURS AU COURS DES 5 ANS, SELON LE GENRE ET LE STATUT SOCIAL, 2011-2015 ❝ Les publics fragilisés (BIM) sont plus nombreux à recouvrir à une prothèse amovible (dentier). ❞ Prothèses amovibles et les implants dentaires Les dents naturelles sont bien sûr les meilleures qu’on puisse avoir dans la bouche. Toutefois, des extrac- tions dentaires sont nécessaires et/ou inévitables dans certaines circonstances. La pose d’une prothèse dentaire amovible (un dentier) s’avère alors indispensable. L’assurance obligatoire prévoit un remboursement pour les adultes à partir de 50 ans (ou plus tôt s’il y a un contexte médical dûment circonscrit). La figure 9 montre que les BIM sont proportionnellement plus nombreux à avoir un contact avec un dentiste pour une prothèse amovible (et beaucoup plus rarement pour des implants dentaires). Après 80 ans, il n’y a plus de différence entre les BIM et les non BIM. Il est probable aussi que l’état dentaire soit meilleur chez les non BIM, ce qui expliquerait le plus faible recours à des prothèses amovibles. 17
FIGURE 9 PROPORTION D’AFFILIÉ(E)S AYANT EU AU MOINS UNE PRESTATION LIÉE À DES PROTHÈSES AMOVIBLES OU DES IMPLANTS DENTAIRES AU COURS DES 5 ANS, SELON LE GENRE ET LE STATUT SOCIAL, 2011-2015 Radiographie dentaire Les radiographies aident le dentiste à déceler les problèmes avant qu’ils n’apparaissent, à poser le dia- gnostic et constituent de ce fait une aide à la planification du traitement. Il est évident que la radiographie n’est pas nécessaire pour toutes les prestations ou lors de chaque visite. L’INAMI a introduit des limitations quant au nombre de radiographies qui sont remboursées par période de temps. Cela a permis de limiter quelques abus de facturation qui avaient été constatés dans le passé et, en termes de santé publique, diminuer l’exposition aux rayons. Les adolescents de la cohorte 15-18 ans ont déjà eu au moins une radiographie pour presque 80% d’entre eux (figure 10). Les différences en fonction du statut social et du sexe sont identiques à celles observées pour l’orthodontie. Ces radiographies sont à mettre en rapport avec les pourcentages consta- tés pour les soins conservateurs et l’orthodontie (les pics des traitements orthodontiques classiques réguliers entre 15-18 ans sont reconnaissables). Par contre, entre 20 et 45 ans, les BIM sont proportionnellement plus concernés par les radiographies que les non BIM et les femmes plus que les hommes. A partir de 60 ans, la tendance s’inverse. FIGURE 10 PROPORTION D’AFFILIÉ(E)S AYANT EU AU MOINS UNE PRESTATION DE RADIOGRAPHIE AU COURS DES 5 ANS, SELON LE GENRE ET LE STATUT SOCIAL, 2011-2015 18
Prévention Il ne faut pas attendre d’avoir mal aux dents pour consulter un dentiste. Un examen buccal régulier est nécessaire si l’on veut dépister précocement les problèmes. Un détartrage périodique est également nécessaire chez de nombreuses personnes. Diverses mesures, notamment financières, ont été prises ces dix dernières années pour inciter la popu- lation à consulter annuellement un dentiste. Pour les jeunes de moins de 18 ans et pour les adultes BIM, la gratuité des soins dentaires est assurée. Pour les adultes non BIM, un ticket modérateur est demandé. Les tickets modérateurs ont été modulés selon le comportement «régulier» du patient. C’est le concept de «trajet de soins bucco-dentaires» introduit en 2016. La figure 11 montre que le recours à au moins une visite avec une ou des prestations liées à la préven- tion approche les 90% pour les enfants de 10 à 18 ans. A partir de 20 ans, les courbes des hommes et des femmes et celles des BIM et non BIM se séparent nettement en faveur des femmes et des BIM. Les femmes font donc plus de prévention que les hommes et les BIM plus que les non BIM. Vers 40 ans, la proportion de BIM et non BIM s’inverse mais la différence hommes-femmes se maintient. Avec l’âge, la proportion d’individus qui ont eu recours à des prestations de prévention diminue pour atteindre 30 à 50% au-delà de 90 ans, selon le statut social. FIGURE 11 ❝ Les femmes font PROPORTION D’AFFILIÉ(E)S AYANT EU AU MOINS UNE PRESTATION DE PRÉVENTION AU COURS DES 5 ANS, SELON LE GENRE ET LE STATUT SOCIAL, 2011-2015 plus de prévention que les hommes. ❞ 19
05 Analyse des dépenses de l’assurance obligatoire (AO) pour les soins dentaires Les bases de données administratives de remboursement des Mutualités Libres permettent de répartir chaque prestation de soins dentaires en une dépense de l’assurance obligatoire et un coût éventuel pour le patient via le ticket modérateur. Les dépenses et coûts seront regroupés par grand groupe de prestations (prévention, soins conservateurs ou curatifs, orthodontie,…), par année civile, par genre, par âge et par statut social afin d’obtenir une granularité pertinente. Certains graphiques sont présentés sous forme de box-plots qui permettent d’appréhender visuellement de manière synthétique la distribution statistique de l’ensemble des montants calculés par individu pour les prestations de soins dentaires. Dépenses moyennes pour l’assurance obligatoire entre 2011-2015 La figure 12 montre qu’un affilié(e) des Mutualités Libres a induit une dépense moyenne relativement stable dans le temps ainsi qu’une variation autour de cette moyenne très similaire pour chacune des années de 2011 à 2015. FIGURE 12 DÉPENSES MOYENNES EN SOINS DENTAIRES POUR L’ASSURANCE OBLIGATOIRE, PAR AFFILIÉ(E) MLOZ (2011-2015) 20
En moyenne, une personne «consomme» des prestations dentaires remboursables pour un montant à charge de l’assurance obligatoire (AO) compris entre 130 et 140 € selon les années11. En 2015, mais cela est valable aussi pour les autres années, 5% des affilié(e)s ont nécessité des soins dentaires de plus de 440 € pour l’AO. La figure 13 et le tableau 4 détaillent la «composition» de cette moyenne de dépenses de l’assurance obligatoire selon les principaux groupes de prestations réalisées par un dentiste. FIGURE 13 DÉCOMPOSITION DE LA MOYENNE DES DÉPENSES ANNUELLES AO SELON LA NATURE DES SOINS DENTAIRES, EN VALEUR (€), MLOZ (2011-2015) Les parts relatives des diverses composantes de ces dépenses moyennes annuelles sont quasi iden- tiques d’une année à l’autre sur la période de 5 ans. Les conditions de remboursement et la valorisation des prestations dentaires ont peu évolué entre 2011 et 2015. TABLEAU 4 DÉCOMPOSITION DE LA MOYENNE DES DÉPENSES ANNUELLES AO SELON LA NATURE DES SOINS DENTAIRES, MLOZ (2011-2015) 2011 2012 2013 2014 2015 EXTRACTIONS 2,5% 2,5% 2,5% 2,6% 2,6% ORTHODONTIE 6,8% 7,0% 7,0% 7,1% 6,8% PARODONTOLOGIE 0,6% 0,7% 0,8% 0,9% 1,1% 11 PREVENTION 23,2% 23,7% 24,3% 24,8% 26,9% Une analyse de l’INAMI (SECM) a calculé qu’un patient recourant PROTHESES AMOVIBLES/IMPLANTS 9,7% 9,6% 9,4% 9,4% 9,0% aux soins dentaires «coûtait» en moyenne 158,32€ à l’assurance RADIOGRAPHIE 8,6% 8,5% 8,4% 7,7% 7,2% obligatoire en 2014. Cette SOINS CONSERVATEURS 48,5% 48,0% 47,7% 47,5% 46,4% moyenne est calculée pour l’ensemble de la population belge. Patiëntenprofiel TANDZORG, Preliminaire resultaten 27/10/2016. 21
Les frais à charge de l’assurance obligatoire concernent principalement 2 postes qui vont représenter ensemble environ 70% des dépenses publiques remboursées par les mutuelles. En premier lieu, les prestations liées aux soins conservateurs tels que le traitement des caries (dents lactéales et définitives) et les dévitalisations en cas de caries importantes (pulpotomie). Ces soins conservateurs représentent entre 45 et 50% des dépenses dentaires totales en AO pour les affilié(e)s des Mutualités Libres. En deuxième lieu, nous trouvons les dépenses des prestations liées à la prévention telles que l’examen buccal (possibilité de rembourser deux examens buccaux par an jusqu’à 18 ans puis limitation à une fois par an de 18 ans au 67ème anniversaire) et le détartrage (un remboursement par an). L’orthodontie et les prothèses amovibles représentent un poids assez faible dans les dépenses de l’assu- rance obligatoire. Pourtant, nous verrons que ces deux postes impactent fortement deux groupes bien spécifiques de la population qui ont besoin de ces soins dentaires. Le poids relatif de la radiographie diminue suite à des mesures de rationalisation, voire de rationnement via des conditions de remboursement plus strictes. ❝ Pour l’assurance Influence du genre, du statut social et de l’âge sur les dépenses de l’assurance obligatoire Homme Comme les dépenses moyennes en AO sont très semblables d’une année à l’autre, nous allons nous Femme concentrer sur les dépensesBIM de l’année 2015non-‐BIM en analysant l’influence BIM du genrenon-‐BIM et du statut social de maladie, les l’affilié(e). P5 21,60 € 16,38 € 21,60 € 16,38 € dépenses en soins La figure 14 Q1montre qu’il n’y a pas de 37,90 € entre différence 28,35 € de les dépenses 37,91 l’AO des€hommes 26,76 et des € femmes. Par contre,Median impact le statut social a un 58,93 très€ important 31,25 sur les € dépenses 60,00 de l’A€O. En moyenne, 32,84 €les rem- dentaires relatives boursements Q3 de l’AO pour les soins 142,44 dentaires€ sont 81,14 € 139,31 60% supérieurs pour un€affilié(e) BIM 74,02 par€rapport à un bénéficiaire à un affilié(e) P95non BIM. 435,25 € 246,26 € 433,94 € 243,31 € de l’indemnité Moyenne AO (INAMI/Mutuelle) 209,57 € 128,21 € 210,67 € 124,58 € FIGURE 14 majorée (BIM) sont 60% DÉPENSES MOYENNES AO SELON LE GENRE ET LE STATUT BIM, MLOZ (2015) supérieures à celles € 800 d’un non BIM. € 700 ❞ € 600 € 500 € 400 209,57 € 210,67 € € 300 128,21 € 124,58 € € 200 € 100 € -‐ BIM non-‐BIM BIM non-‐BIM Homme Femme 22
Vous pouvez aussi lire