Art-O-Rama, cap sur l'international - Le Quotidien de l'Art
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LOUVRE Les réserves de Liévin inaugurées le 8 octobre p.4 ARCHÉOLOGIE Découverte du plus grand site de sacrifice d’enfants au Pérou p.6 Jeudi 29 août 2019 - N° 1778 FOIRES Art-O-Rama, cap sur l'international p.7 LAFAYETTE ANTICIPATIONS Rebecca Lamarche- Vadel remplace François Quintin p.5 CANADA Caillebotte reste au pays du multiculturalisme p.4 www.lequotidiendelart.com 2€
Jeudi 29 août 2019 - N°1778 11 LE CHIFFRE DU JOUR milliards L’accord envisagé avec les Sackler pour la crise des opioïdes L’information a été annoncée hier en exclusivité par NBC News. La famille Sackler, au centre du scandale des morts par overdose d’opioïdes, aurait accepté un accord transactionnel pour mettre fin aux poursuites qui la visent – notamment pour son médicament OxyContin – soit actuellement quelque 2000 actions légales recensées aux États-Unis. La famille est connue pour ses actions de mécénat envers de grands musées (Metropolitan à New York, Royal Academy à Londres, etc.) et le retrait récent de son nom des salles du Louvre avait eu un large écho (voir QDA du 18 juillet). Elle abandonnerait le contrôle de la société pharmaceutique Purdue Pharma qu’elle détient (non cotée en bourse, avec quelque 5000 employés à travers le monde). Cela se ferait par une mise en liquidation pour qu’elle soit restructurée sous forme d’une fiducie contrôlée par les différentes collectivités plaignantes et gérée par trois experts indépendants. La famille fournirait en outre un apport de 3 milliards de dollars en numéraire. L’ensemble de ces actifs est actuellement évalué entre 11 et 12 milliards de dollars. Les négociations, qui impliquent de nombreux procureurs et avocats, sont menées sous la direction d’un juge de Cleveland, Daniel Polster, qui a demandé un rapport d’étape pour le 30 août. Lundi dernier, dans cette même affaire des opioïdes, un juge de l’Oklahoma a condamné une autre entreprise, Johnson & Johnson, à 572 millions de dollars de dommages et intérêts. RAFAEL PIC Retrouvez toutes nos offres d’abonnement sur : lequotidiendelart.com/abonnement Le Quotidien de l’Art est édité par Beaux Arts & cie – sas au capital social de 1 968 498 euros – 9 Boulevard de la Madeleine – 75001 Paris – rcs Nanterre n°435 355 896 cppap 0319 W 91298 issn 2275-4407 www.lequotidiendelart.com – un site internet hébergé par serveur express, 16-18, avenue de l’europe – 78140 Vélizy, France 80. Président Frédéric Jousset Directrice générale Marie-Hélène Arbus Directeur de la publication Jean-Baptiste Costa de Beauregard Éditrice junior Marine Lefort Directeur de la rédaction Fabrice Bousteau Le Quotidien de l’Art : Rédacteur en chef Rafael Pic (rpic@lequotidiendelart.com) Rédactrice Alison Moss (amoss@lequotidiendelart.com) L’Hebdo du Quotidien de l’Art : Conseillère éditoriale Roxana Azimi Rédactrice en chef adjointe Magali Lesauvage (mlesauvage@lequotidiendelart.com) Rédactrice Marine Vazzoler (mvazzoler@lequotidiendelart.com) Contributeurs de ce numéro Sophie Bernard, Françoise-Aline Blain, Laure Martin, Pedro Morais , Vincent Noce Directeur artistique Bernard Borel Maquette Anne-Claire Méry Iconographe Lucile Thepault Secrétaire de rédaction Manon Michel Régie publicitaire advertising@lequotidiendelart.com tél. : +33 (0)1 87 89 91 43 Dominique Thomas (directrice), Peggy Ribault (Pôle Art), Hedwige Thaler (Pôle hors captif) Studio technique studio@beauxarts.com Abonnements abonnement@lequotidiendelart.com - tél. : 01 82 83 33 10 - © ADAGP, Paris 2019, pour les œuvres des adhérents. Visuels de Une Antoine Grulier, Vue des tentes (une sur trois), tubes en cartons, bandes de platres, t-shirts colorés,lit de camp, tissus sérigraphiés, faïences émaillées, sérigraphie sur papier, dimensions variables. - Les bains douches - Marseille 2015. 2/
Jeudi 29 août 2019 - N°1778 L’IMAGE DU JOUR Photo Gerald Y. Plattner. Erwin Wurm, House Attack Wurm casse la baraque Performances, Rageur, Erwin Wurm, 58 ans au moment des faits (2012), enfonce ses poings avec autant 2012. de sérieux que de frénésie dans une masse de terre parfaitement cubique, évocation d’une architecture moderniste au dessin fin et racé. Puis viennent coups de coude, kicks et volées de bâton jouissifs altérant les volumes parfaits, chamboulant la matière comme les certitudes. Auteur dans les années 1990 des One Minute Sculptures – ces performances minimales révélant la vanité du geste artistique –, célèbre pour ses maquettes de bâtiments et objets « engraissés » ou encore ses performances pour pull-overs, Wurm s’attaque littéralement, dans les plus récentes House Attack Performances, au monumental, au canon et à la norme. Organisée par le musée d’art contemporain de Marseille (en travaux jusqu’en 2020) dans trois lieux de la ville (musées Cantini, des Beaux-Arts et Vieille Charité), la triple exposition replace l’artiste autrichien dans l’héritage d’une certaine veine germanique d’un art pince-sans-rire à la Fischli & Weiss, à la fois performatif, formaliste et burlesque. MAGALI LESAUVAGE « Erwin Wurm », jusqu’au 15 septembre, musée Cantini, musée des Beaux-Arts, chapelle du Centre de la Vieille Charité, Marseille, culture.marseille.fr/node/613 3/
Jeudi 29 août 2019 - N°1778 LES 6 ESSENTIELS DU JOUR LOUVRE Les réserves de Liévin inaugurées le 8 octobre CANADA Caillebotte reste au pays du multiculturalisme Le Canada a son Caillebotte. Depuis samedi, Iris bleu (1892) est accroché à Toronto au musée de l’Ontario. Mettant un terme à deux ans et demi de saga judiciaire, il a été acheté pour quelque 1,2 million de dollars canadiens (environ 800 000 euros) au marchand londonien Richard Green. La cour d’appel fédérale a interdit en avril la sortie de ce tableau à l’« importance exceptionnelle » pour le patrimoine. Richard Green l’avait acquis en 2016 aux enchères à Toronto pour 678 500 dollars. L’exportation en avait été suspendue, mais la maison de ventes RSHP Mutabilis. Heffel objectait que cette création française, venue d’Europe dans les années 1960, ne justifiait pas de lien avec le « patrimoine national du pays ». Un juge lui avait, dans un premier temps, donné raison. « Le Canada est un pays qui s’est formé sur une Vue de synthèse du futur Centre de conservation du Louvre de Liévin. grande variété de traditions culturelles », lui a-t-il été répondu La date d’ouverture du centre de conservation du pour, finalement, annuler son jugement. Nathalie Bondil, du Louvre à Liévin (Hauts-de-France) vient d’être musée de Montréal, avait pris la tête de neuf musées et annoncée. D’ici 4 ans, 250 000 œuvres, pour bibliothèques pour lancer ce recours. Le risque pour eux était de l’essentiel des pièces archéologiques – actuellement perdre tous les avantages fiscaux liés aux dons et acquisitions éparpillées dans plus de 60 sites diférents au sein des trésors de l’Antiquité à l’art moderne, dès lors que leur du Louvre à Paris et à l’extérieur – auront été ancrage « national » ne transférées dans ce nouvel équipement situé à serait pas démontré. proximité du Louvre-Lens. Conçu à la façon d’une Dans la dernière loi de forteresse Vauban par les architectes britanniques finances, le chapitre Rogers Stirk Harbour + Partners, le bâtiment de des déductions 18 500 m2 au toit végétalisé, dont la première pierre fiscales pour dons a avait été posée le 8 décembre 2017, ne sera pas été révisé en éliminant ouvert au grand public. Le budget de l’opération, la relation avec estimé à 60 millions d’euros, dont 42 millions l’histoire nationale. pour la construction, est inancé par l’État, les VINCENT NOCE collectivités locales et l’Union européenne. Le coût ago.ca de fonctionnement sera intégralement pris en charge par le Louvre. C’est en septembre 2013 que la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, Wikicommons avait annoncé le transfert d’une grande partie des réserves du Louvre ain de les protéger d’une Gustave Caillebotte, éventuelle crue de la Seine. FRANÇOISE-ALINE BLAIN Iris bleus, jardin du Petit Gennevilliers, louvre.fr/centre-de-conservation-du-louvre 1892, huile sur toile, 55,2 x 46,3 cm. LES TÉLEX DU 29 AOÛT Le dessinateur de BD italien Matteo Mattioli, créateur des personnages Pinky le lapin rose et Joe Galaxy, est mort vendredi dernier à Rome à l’âge de 75 ans / Quatre artistes rejoignent la galerie Perrotin : Claire Tabouret (également représentée par Almine Rech et Night Gallery), Genesis Belanger, Emily Mae Smith et Gabriel de la Mora (qui fera l’objet d’une première exposition pendant la FIAC, du 12 octobre au 21 décembre) / Le président tchèque a nommé mardi un nouveau ministre de la Culture, Lubomír Zaorálek, du parti social-démocrate CSSD, mettant un terme à une crise politique de trois mois (AFP) / Après la soirée « AfroHouse » du 4 août, marquée par la présence de costumes vestimentaires d’inspiration coloniale, l’AfricaMuseum de Tervuren a annoncé travailler sur un plan d’action éthique. 4/
Jeudi 29 août 2019 - N°1778 LAFAYETTE ANTICIPATIONS Rebecca Lamarche-Vadel remplace François Quintin Conçu comme un véritable laboratoire de la création contemporaine, Lafayette Anticipations, émanation de la Fondation d’entreprise Galeries Lafayette, a ouvert le 10 mars 2018 dans un immeuble du Marais, autrefois occupé par le BHV, après une restructuration complète par l’agence OMA de Rem Koolhaas. Après 18 mois d’activité, son directeur, François Quintin (précédemment à la fondation Cartier, à la direction du FRAC Champagne-Ardennes puis à la galerie Xippas) va passer le relais à Rebecca Lamarche-Vadel. Née en 1986, celle-ci a commencé sa carrière au ministère de la Culture et au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, a passé trois ans à Berlin, puis sept ans en tant que curatrice au Palais de Tokyo (2012- 2019), où elle a notamment assuré les cartes blanches à Tino Sehgal et Tomás Saraceno. Elle vient d’être nommée commissaire de la prochaine Biennale de Riga, attendue en mai 2020 (voir QDA du 25 avril). Pour Guillaume Houzé, Photo DSL Studio président de Lafayette Anticipations et directeur de l’image et du mécénat du groupe Galeries Lafayette, il s’agit « d’écrire un chapitre 2 dans la continuité », et non pas de tout bouleverser. Le bâtiment dont l'intérieur a été redessiné par Rem Koolhaas pour accueillir Il rend hommage à François Quintin, « à mes côtés depuis 10 ans, Lafayette Anticipations. qui a suivi avec moi le chantier de la construction et conçu l’identité du projet. Toute sa programmation est maintenue, jusqu’au 2e semestre 2020. Elle se prépare longtemps à l’avance, 12 ou parfois 24 mois en amont. Elle comprend des rendez-vous très attendus, notamment avec Katinka Bock ce mois d’octobre, ou avec Martin Margiela à l’été prochain, dont ce sera la première véritable rétrospective en tant qu’artiste. » Passage de témoin en octobre L’arrivée de Rebecca Lamarche-Vadel est programmée pour le 1er octobre et le départ de François Quintin le 15 octobre, ofrant deux courtes semaines de passation de pouvoir. Si Guillaume Houzé se dit satisfait de la fréquentation avec 200 000 visiteurs sur la première année, on peut penser que les diférents festivals en ont drainé l’essentiel mais que les expositions exigeantes, parfois ardues - comme celle, inaugurale, consacrée à Lutz Bacher -, n’ont pas eu l’écho attendu. Le budget n’étant pas négligeable (21 millions d’euros sur 5 ans), il est possible que des membres du collège des fondateurs (qui comprend notamment la dame de fer, Ginette Moulin, Philippe Houzé, président du directoire, ou Ugo Supino, chief inancial oicer) aient poussé vers une programmation plus grand public et plus ouverte sur le quartier. Comment Rebecca Lamarche-Vadel imprimera-t-elle sa marque ? « La production des œuvres des artistes est un aspect fondamental qui DR. sera poursuivi », nous conie la nouvelle directrice déléguée. Il lui faudra sans doute être épaulée, après le départ de Charles Aubin et Hicham Khalidi. « Des curateurs extérieurs internationaux pourront être invités à présenter des expositions ou projets, de manière à enrichir le programme d’autres voix et trajectoires. » Rebecca Lamarche-Vadel, qui nous avait conié à une autre occasion son souci de « réenchantement » dit vouloir « ouvrir la fondation à un large public, qui puisse y trouver, grâce aux artistes et aux créateurs qui l’habitent, des pistes pour imaginer et sonder des présents et futurs désirables. » Rendez- vous à l’automne 2020 pour voir la « patte Lamarche-Vadel ». RAFAEL PIC lafayetteanticipations.com 5/
Jeudi 29 août 2019 - N°1778 GALERIES Valérie Wille à la tête de Nathalie Obadia à Bruxelles L’antenne bruxelloise de la galerie Nathalie Obadia, ouverte en 2008, annonce le départ de Constance Dumas et l’arrivée de Valérie Wille à sa direction à compter de septembre 2019. Née en 1981, diplômée de l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers et titulaire d’un Master de management culturel de l’Université d’Anvers, elle a co-dirigé de 2010 à 2017 la galerie Fifty One à Anvers, spécialisée en Courtesy Galerie Nathalie Obadia. photographie. Durant cette expérience, elle a notamment contribué à l’organisation d’expositions de grandes figures de la discipline telles qu’Erwin Blumenfeld, Lisette Model ou encore Malik Sidibé. La prochaine exposition, inaugurée le 5 septembre, en même temps que le Brussels Gallery Weekend, sera consacrée à Nú Barreto, suivie par Andres Serrano en novembre. LAURE MARTIN nathalieobadia.com ARCHÉOLOGIE Découverte du plus grand site de sacrifice d’enfants au Pérou Photo Programa Arqueologico Huanchaco/AFP. Le 28 août 2019, sur le site de Pampa la Cruz, dans la station balnéaire de Huanchaco, à 700 kilomètres au nord de Lima, une équipe d’archéologues a découvert les restes de 227 enfants sacrifiés selon un rituel de la culture précolombienne Chimú. Cette civilisation, adoratrice de la lune, regroupée principalement sur la côte nord du Pérou jusqu’à l’actuel Équateur, a connu son apogée entre 900 et 1450 et a pris fin en 1475 lors de la conquête des Incas, adorateurs du soleil. Si, en juin 2018, un charnier de 56 enfants avait déjà été exhumé sur le même site ainsi qu’un autre de 140 enfants et 200 jeunes lamas, il s’agit ici, selon l’archéologue Feren Castillo, de la découverte « du plus grand site de sacrifice d’enfants ». Les enfants, âgés entre 4 et 14 ans, ont été offerts lors d’un rituel aux dieux afin d’apaiser leur colère et de réduire les catastrophes naturelles liées au phénomène climatique El Niño. Inhumés le visage tourné vers l’océan, certains enfants ont été découverts possédant encore de la peau, des cheveux ou des bijoux en argent aux oreilles. LAURE MARTIN (AVEC AFP) FOIRES Polyptyque, Marseille côté photo La deuxième édition de Polyptyque, organisée par le Centre Photographique Marseille, dirigé par Erick Gudimard, se tiendra du 30 août au 1er septembre. Cette foire, qui se veut représentative de la diversité de la création photographique contemporaine, réunit huit galeries – les françaises Binome, Sit Down, Courtesy galerie 127. Double V, Fisheye et Intervalle, la suédoise Vasli Souza, l’allemande Drawing Room et la marocaine 127 –, trois cartes blanches à des photographes de la région Sud ainsi que les Sara Imloul, cinq lauréats du Prix Polyptyque auxquels série Passage, la Vague, s’ajoute une poignée d’éditeurs. « Financé pour 2018. deux tiers par la Ville de Marseille, Polyptyque a Courtesy galerie 127. pour objectif de soutenir la création locale et de faire dialoguer institutions, galeries, auteurs et collectionneurs dans une ville qui n’a pas de galerie privée dédiée à la photo », explique Erick Carolle bénitah, Gudimard. Ayant accueilli 2 000 visiteurs série Jamais je ne t’oublierai, photo identité femme, l’année dernière, dont le FRAC qui y a fait des 2018. acquisitions, Polyptyque espère faire au moins aussi bien cette année. SOPHIE BERNARD centrephotomarseille.fr/polyptyque 6/
Jeudi 29 août 2019 - N°1778 FOIRES Art-O-Rama, cap sur l’international La dernière édition avait été un tournant, déménageant provisoirement dans un immense hangar portuaire. Revenue pour cette 13e édition à la Friche la Belle de Mai, stimulée par la biennale Manifesta à l’horizon 2020, la foire marseillaise a passé un cap dans son ouverture européenne. Par Pedro Morais dimensions variables. Courtesy Alessandro Agudio et Fanta. Courtesy Basile Ghosn et Sans titre (2016). De gauche à droite : Basile Ghosn, Les atouts ont toujours été là mais sont désormais Untitled (bye), renforcés : une nouvelle génération d’artistes 2018. dynamiques en quête d’un autre mode de vie et d’une autre économie s’y est installée, à une échelle Alessandro Agudio, comparable à aucune autre ville française en dehors Un angolo Courtesy Lisetta Carmi et Antoine Levi. (Tipo vespasiano), de Paris (malgré le volontarisme de Montpellier). 2018, acier, Art-O-Rama le reconnaît, invitant dans ses murs deux projets curatoriaux remarqués l’année dernière dans Lisetta Carmi, le Off : les artistes Davide Bertocchi et Sergio I Travestiti, Verastegui proposent des vinyles d’artistes (Saâdane 1965-1971, impression moderne Afif, Pauline Curnier Jardin, Julien Discrit, Matthieu (2017) sur papier Hahnemühle , 40 × 30 cm. Édition 2/6 + I AP. Laurette…) et les curateurs Arlène Berceliot Courtin & Thibault Vanco ont nommé une sélection d’artistes particulièrement stimulante pour le prix Région Sud. qui nous rappellent le caractère matériel de l’univers Le secret de cette foire à échelle humaine (31 galeries dit virtuel. Plutôt que le cyber-espace, la foire expose dont deux tiers d’enseignes étrangères), tournée vers de nombreux artistes en train de réinventer l’espace le secteur exigeant de la création émergente, reste la domestique, s’attaquant aux frontières entre art, combinaison d’un regard international pointu et d’une artisanat et design : les rideaux du « Salon Tactile » de atmosphère locale unique, informelle et inclusive, Erika Hock (Cosar HMT, Düsseldorf) sont une portée par le dynamisme des artistes plus que des revisitation du stand moderniste de Mies van der Rohe institutions. et Lilly Reich, tandis que le duo HC (Lucas Hirsch, Düsseldorf) propose des céramiques inspirées de Attaque aux frontières... rituels de la vallée d’Aoste en Italie. La veine artisanale Les artistes présentés explorent questions et débats se prolonge dans les prothèses d’un corps qui traversent l’époque. Si Colin Snapp (Alexander disfonctionnel d’Alessandro Agudio (Fanta, Milan), les Levy, Berlin) s’intéresse au tourisme devenu peintures en bois investissant la mythologie de la fournisseur d’images pour les réseaux sociaux, Basile figure de l’artiste chez Mathis Collins (Crèvecoeur, Ghosn (Sans Titre 2016, Paris) confronte le passé et le Paris), les sculptures baroques et féministes de Kris futur des technologies d’impression et des utopies Lemsalu (Koppe Astner, Glasgow) ou les céramiques architecturales, tandis que Gillian Brett (C + N corporelles retournées comme un gant par Anna Canepaneri, Milan) emploie des débris technologiques Schachinger (Sophie Tappeiner, Vienna). /… 7/
Courtesy Ryan Mrozowski et Chapte r NY. Jeudi 29 août 2019 - N°1778 Ryan Mrozowski, Untitled (Pair), 2018), acrylique sur lin, 76 x 58,5 cm chacun. Courtesy Waldemar Zimbelmann et Althuis Hofland Fine Arts. Courtesy Dominique White et Veda. Waldemar Zimbelmann, Untitled, 2019, 55 x 78 x 11 cm. Dominique White, Fugitive of the State(less), Afro-futurisme et performances vocales 2019, voile détruite, feuilles de palmier, sisal goudronné, argile de kaolin, raphia, coquillages de cauris, crochet à viande La peinture n’hésite pas à se confronter à des motifs à deux griffes, taquet, ancre, 680 x 160 x 110 cm. refoulés par la modernité, à l’image de Jan Kiefer (Union Pacific, Londres) qui croise nature morte et économie vinicole pour interroger une certaine idée de la culture européenne, des fleurs dédoublées de Ryan Mrozowski (Chapter NY, New York), la mélancolie des Connexion avec Istanbul portraits nocturnes de Cédric Rivrain (Bonny Poon, Alors que le MOCO (Montpellier Contemporain) Paris) ou les fables de Waldemar Zimbelmann (Althuis exprimait son désir de créer une dynamique de réseau Hofland Fine Arts, Amsterdam), originaire de la décentrée au Sud, Art-O-Rama associe aussi à son minorité kazakh d’Allemagne. D’ailleurs, les questions programme 35 institutions du Sud de la France et d’identité, très présentes dans l’actuel débat, sont une collaboration avec la foire Contemporary Istanbul. abordées : les dessins défiant les stéréotypes d’une Et si le rôle catalyseur des foires tend à intégrer tous masculinité maghrébine chez Soufiane Ababri (Praz- les acteurs de l’écosystème de l’art, elles sont aussi Delavallade, Paris), les photos de la communauté confrontées à de nouveaux défis sociaux et transgenre italienne des années 1960 par Lisetta écologiques. Manifesta semble avoir fait un choix, en Carmi (Antoine Levi, Paris), les pays fictifs du Franco- rencontrant des interlocuteurs issus du champ social, Syrien Bady Dalloul (Poggi, Paris) ou les sculptures universitaire et militant, pour imaginer une biennale sous-marines inspirées par les mythes de la diaspora disséminée dans la ville, intéressé par l’histoire orale noire et l’afro-futurisme de Dominique White (VEDA, et les nouvelles formes de vie en collectivité. Est-ce Florence). À l’image de cette dernière, sont aussi très qu’Art-O-Rama, dans une ville qui reste un laboratoire attendues les performances vocales tumultueuses de pour les « tiers lieux » artistiques, saura imaginer la Nora Turato (LambdaLambdaLambda, Pristina) ou les foire du XXIe siècle? installations croisant rap, cinéma d’horreur et culture internet de la sexagénaire Jacqueline Fraser (Bonny Art-O-Rama, à la Friche la Belle de Mai, du 30 août au 1er septembre. Poon, Paris). art-o-rama.fr /… 8/
Jeudi 29 août 2019 - N°1778 Marseille, ville-laboratoire Quand Manifesta s’inspire des « tiers lieux », des espaces coopératifs et expérimentaux, et sa directrice Hedwig Fijen affirme que la biennale « sera un projet radicalement local », il faut garder à l’esprit que Marseille est depuis longtemps une ville laboratoire en ce domaine. Et pourrait même rappeler à l’équipe de la biennale comment les artistes se projettent déjà dans un futur en train de se définir. Le collectif Filles de Blédards cherche à réinventer les « identités de l’immigration » et invite une pléthore d’artistes autour de « nouveaux rituels » dans l’espace indépen- dant Voiture 14 : les performances « beurcore » de Sara Sadik, le rap pour barmitzva underground de Moesha 13 ou le crooner burlesque Mehdi Besnainou. Dans cette « capitale mondiale des blédards », plutôt que de subir les préjugés, ces artistes se les Jonathan Vidal, approprient et les transforment. À Bastide Projets exposent deux Programmed for love résidentes de Triangle : Josèfa Ntjam envisage la science-fiction (music theme), du point de vue de la culture noire, tandis que Shirley Bruno explore les passages entre monde matériel et immatériel de son 2018, tirage jet d’encre, fibre optique, impression sur héritage haïtien. Dans Sissi Club, l’un des plus prometteurs lieux tissu, bois. Lauréat du Prix indépendants de la ville, les curatrices Juliette Desorgues et Courtesy Jonathan Vidal. Région Sud 2019. Carolina Ongaro invitent à des lectures-performances pour des « écologies alternatives » par un tandem de femmes (Madison Bycroft, Georgia René-Worms, Dominique White). À Rond-Point Projects, la revue Phylactère propose une soirée autour de la fluidité des genres et le nouvel érotisme poétique de Etaïnn Zwer Prix Région Sud, et Simili Gum. La librairie éphémère « Séances Matérialistes » un appel aux jeunes talents réunit les publications innovantes de Material, Printed Matter, Issu des écoles d’art de la région, ce prix permet d’ancrer la foire Jean Boîte Éditions ou Mousse. Tandis qu’hors circuit s’inventent dans la jeune scène locale et présente cette année une des aventures collectives : « Le Collective » organise un Off dans sélection stimulante, dont la plupart des artistes se sont déjà fait trois blockhaus de l’Escalette réunissant la nouvelle vague remarquer. Formé aux arts appliqués, Antoine Grulier s’intéresse marseillaise et plus si affinités (Wilfrid Almendra, Timothée dans ses céramiques, peintures et vidéos à l’esprit de révolte de Calame, David Douard, Estel Fonseca, Jean-Baptiste Janisset, l’adolescence et aux échos fragmentés de l’enfance, cherchant Yoan Sorin) tandis que Romancero Gitano réinvente le format des l’empathie plutôt que la dérision. Co-fondateur d’un des lieux expositions, ici chez le coiffeur Athena et sur internet (avec Pierre indépendants marquants de la ville (Belsunce Projects), Basile Gaignard, Benjamin Collet, Chloé Serre, Marc Etienne). Sans Ghosn s’intéresse aux utopies architecturales en questionnant oublier l’exposition au Fonds M-ARCO de Valérie Snobeck (vue à leur exportation géographique sans lien au contexte. Diplômée Lafayette Anticipations ou au Consortium, Dijon) et celles du de l'École supérieure d'art & de design de Marseille et de la réseau Marseille Expos. Central Saint Martins à Londres, Célia Hay emploie quant à elle la performance pour transformer la dimension documentaire de films qui captent des corps absents ou qui s’échappent d’eux-mêmes. Enfin, le duo Mountaincutters pratique une sculpture éphémère qui envahit l’espace avec des matériaux contaminés, de la poussière, du béton, de la terre ou de l’eau, les rapprochant d’archéologues qui composent un théâtre de matériaux de l’ère industrielle. Courtesy Célia Hay. Le Collective Célia Hay, Aphra and Aradia, Blockhaus de l’Escalette qui accueille 2018, film, 54 min, couleur 16/9. l’exposition organisée par Le Collective. 9/
Jeudi 29 août 2019 - N°1778 3 QUESTIONS À Martine Robin. Françoise Aubart. Martine Robin, directrice et Françoise Aubart, membre du comité de pilotage du salon Paréidolie Photo Jc Lett/Paréidolie. « Il y a un nombre grandissant de collectionneurs de dessin en région » Placée cette année sous la présidence de Jean de Loisy, directeur de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, la 6e édition du salon marseillais dédié au dessin contemporain (du 30 août au 1er septembre) dévoile ses orientations. Quelles sont les nouveautés de cette édition 2019 ? assurer un accueil particulier, avec seulement 15 ga- Après l’édition 2018 au J1, à proximité de la foire Art- leries invitées. On y compte des idèles (Bernard Jor- O-Rama, le salon retourne au château de Servières, dan, Martin Kudlek, Jean Brolly, Anne-Sarah Béni- dans le centre de Marseille, et dispose d’espaces plus chou...) et des nouvelles venues, comme Eric Dupont grands, environ 1000 m2. Par ailleurs, des cartes ou Moka. blanches sont proposées par le comité de pilotage à deux galeries (Jeune création/Cabane Georgina, de Qu’apporte le contexte particulier Paris et Marseille, et Asphodèle, d’Arles), des invita- de Marseille à Paréidolie ? tions à un artiste du territoire (Gilles Pourtier) et à Le salon vient en complément d’Art-O-Rama, son un curateur vidéo (Emilio Álvarez). Autre nouveau- aînée. Avec Polyptyque, salon consacré à la photo- té : nous invitons pour la première fois une galerie graphie, ce week-end est un temps fort à Marseille. en ligne, Moka. Il répond au nombre grandissant de collectionneurs sur le territoire, qui accèdent au marché de l’art no- Quelle sont les spécificités de Paréidolie par rapport tamment par le dessin, plus accessible. Par ailleurs, à d’autres salons de dessin contemporain ? Paréidolie initie la saison du dessin dans un réseau Le salon est l’un des seuls consacré à ce domaine en de galeries et d’institutions de la région. région qui ait une envergure européenne. Un tiers PROPOS RECUEILLIS PAR MAGALI LESAUVAGE. des galeries invitées sont étrangères (Madrid, Londres, Neuchâtel, Cologne, Barcelone). Par ail- Paréidolie, du 30 août au 1er septembre, leurs, nous souhaitons garder un format intimiste et château de Servières, Marseille (4e), pareidolie.net 10 /
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