Trimestriel d'actualité d'art contemporain: sept., oct.nov 2018 N 77 3€ - Flux News

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                                                                                                            P.P.
                                                                                                      bureau de dépôt
                                                                                                          Liège X
                                                                                                          9/2170

Trimestriel   d’actualité   d’art   contemporain :   sept.,   oct.nov   2018          •    N°77•                3€

                                                                         Atelier , Vis island , Thierry Tillier 2018.
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S o m m a i r e                                                                                                E                         d                  i                 t                   o
                                                                                                               Avec ce numéro, FluxNews renoue avec ses an-           Charlier en tête de file. (Il ne connaissait pas
                                                                                                               ciennes amours, le noir et blanc. Une justification    Thierry Tillier à l’époque)
2 Histoire d’un rituel à Montauban, un texte de Thibaut Wauthion sur le

                                                                                                               qui s’impose au vu l’austérité actuelle.               Jacques Charlier était pour Jan Hoet exportable et
                                                                                                               Ce tournant est aussi une manière de maintenir le      montrable en Flandre parce qu’il était compris du
travail de Samuel D’Ippolito.

                                                                                                               cap et de prendre les devants en se protégeant du      public local et international.
4 Bernard Villers au Botanique, par Sylvie Bacquelaine et Céline Eloy.

                                                                                                               risque de baisse de rentrées budgétaire venant des     Son successeur à la tête du SMAK, Philippe Van
6 Réenchanter le métier d’architexte, pavillon français à la Biennale d’archi-

                                                                                                               annonceurs habituels.                                  Cauteren est un peu le contrepoint du puncheur
tecture de Venise, un texte de Frédérique Van Leuven.
8 Biennale de Venise 2019, Les propos d’Eric van Hove
                                                                                                               Une bichromie qui va comme un gant avec le             qu’était Jan Hoet. De tendance humaniste, ouvert
                                                                                                               contenu de ce numéro qui est légèrement tourné         et curieux, il semble vouloir mener à terme une
                                                                                                               vers la résistance et la rémanence des flux. A         politique culturelle de rapprochement où le
9 Alda Greoli, la Ministre de la culture, répond à nos questions..

                                                                                                               l’instar de l’image de cover qui inspire à la re-      domaine conflictuel est laissé au vestiaire. Sa
10 Venise 2019 , Denis Gielen et Pierre Olivier Rollin animent le débat.

                                                                                                               traite rêvée pour un plan d’artiste en quête de        volonté de montrer une partie de sa collection aux
11 Albert Baronian, Philippe Van Cauteren et Luk Lambrecht, donnent égale-

                                                                                                               sens et de ressourcement. En réalité, c’est la         Brasseurs à Liège en témoigne. On attend la réci-
ment leur avis sur la question.

                                                                                                               photo de l’atelier de Thierry Tillier. Un artiste      procité avec curiosité. Nous ne pouvons qu’en-
                                                                                                               originaire de Namur qui a débuté sa carrière artis-    courager de telles initiatives.
12 Mai 68, ses devenirs, son futur. Un texte de Véronique Bergen.

                                                                                                               tique dans les années 70. Directement impliqué         Ce numéro sera presque entièrement consacré à
12 Interventions de Michel Couturier, Claude Lorent, Jean Marie Rikkers et

                                                                                                               dans l’aventure Fluxus, il concocte sa première        l’actualité vénitienne : proche et future. Le recen-
Daniel Vander Gucht dans le débat sur Venise .

                                                                                                               expo à Paris en 1975. A l’époque, Thierry Tillier      sement de la Biennale d’architecture est pris en
14/15 “C’est à nous de découvrir ce à quoi on nous fait servir”, un texte de

                                                                                                               a 20 ans et se tourne vers le mail art. Attiré par     compte par plusieurs intervenants, Luk
Pierre-Bal Blanc sur l’actualité contemporaine.
                                                                                                               l’assemblage d’images, il adopte par esprit de         Lambrecht nous parle du Lion d’or décerné à
                                                                                                               famille, les codes et l’esprit fluxus. On peut dire    Meg Stuart et Frédérique Van Leuven nous parle
15 Intervention de Colette Dubois dans le débat sur Venise.

                                                                                                               que Tillier est un radical pur et dur qui continue     du Pavillon français avec l’intervention de Patrick
16 La crème glaçée. Louis Annecourt nous parle de son périple vénitien.

                                                                                                               par amour de l’art. Il fait partie de cette grande     Bouchain. Le débat qui concerne le choix de deux
18 L’exposition d’Emilio Lopez Menchero à De Garage à Malines, un recense-

                                                                                                               masse d’artistes francophones qui continuent à         artistes flamands, Harald Thys et Jos De Gruyter,
ment de Colette Dubois.

                                                                                                               œuvrer dans l’art, sans marchands, sans soutiens,      pour représenter l’alternance francophone au
                                                                                                               sans galeries ...                                      Pavillon belge en 2019 occupe lui aussi une
19 Le Lion d’or 2018 décerné à Meg Stuart, un texte de Luk Lambrecht.. 20

                                                                                                               Ils sont nombreux mais restent totalement invi-        grande place dans nos colonnes. La ministre de la
“Silicon Brain. Expo de Jan Fabre à la Fondation Maeght, un texte de

                                                                                                               sibles pour tout un pan de décideurs culturels du      Culture Alda Greoli a bien voulu répondre à nos
Véronique Bergen.

                                                                                                               nord mais aussi, c’est plus grave, de décideurs du     questions ainsi qu’une série d’intervenants, direc-
21 Expo de Florence Louise Petetin à Liège, un texte de Judith Kazmierczak.

                                                                                                               sud du pays qui pensent que la Wallonie est un         teurs de musées, galeristes et collectionneurs.
Expo de Charles Mansion à la galerie Bouche à Paris par Jeanpascal Février.

                                                                                                               vaste désert culturel et qu’il n’y a pas d’artistes    Eric Van Hove, artiste soumissionnaire d’un
                                                                                                               de talents.                                            projet, nous relate ses difficultés relatives à la
22 Flux d’images. Projet de Vincen Beeckman, texte d’Annabelle Dupret. 23

                                                                                                               Mais qui a dit que les artistes wallons n’existent     nature complexe d’une procédure administrative
Claude Léveque à Marseille, un texte de Michel Voiturier. Theâtre de Liège,

                                                                                                               pas ? D'où vient cette phrase ? Il semblerait que ce   contraignante. Annabelle Dupret nous parle du
“Cocon” de Dominique Roodthooft, par Judith Kazmierczak.

                                                                                                               soit Jan Hoet qui ait sorti cette citation. J’ai eu    très beau projet photographique de Vincen
24 Expo de Dieter Roelstraete à la Fondazione Prada par Yoann Van Parys.

                                                                                                               beau chercher dans mes archives, je n’ai point         Beeckman : porter à Venise Claude et Lili, une
                                                                                                               trouvé d’entretien qui en faisait mention. J’ai        famille montoise qu’il a suivi durant de longs
25 Expo collective à l’Ikob, un ercensement de Romain Masquelier.

                                                                                                               juste retrouvé ses commentaires dans le Flux 48        mois. Un projet défendu par Dirk Snauwaert, qui
Measurement, interview de Christophe Veys par Colette Dubois.

                                                                                                               quand je lui posais la question de savoir pourquoi     n’a pas été retenu par le jury. Placer l’humain au
26 Le MUDAM au carrefour des arts et des sciences par Michel Voiturier.

                                                                                                               il préférait Charlier à Lizène. Il m’avait répondu     centre de la circulation d’images n’est probable-
27 Résidence de Sandra Ancelot à la Non Maison par Ludovic Demarche.

                                                                                                               que pour lui, il y avait deux sortes d’artistes        ment pas un sujet gagnant aujourd’hui...
28 La chronique d’Aldo Guillaume Turin sur Hiroshi Sugimoto, Chris Marker,

                                                                                                               wallons : les franco latins, parmi ceux-ci on re-      Véronique Bergen nous rappelle avec justesse
                                                                                                               trouvait Jacques Lizène et Lennep et puis il y         qu’il faut absolument cesser de réouvrir le livre
Pierre Tal Coat.

                                                                                                               avait les franco germaniques avec Jacques              de Mai 68 afin de continuer à l’écrire au présent.
30 Expo de Gerard Bérréby à l’Hôpital                  Notre-Dame à la Rose, texte de
Michel Voiturier.

         Histoire d’un rituel à Montauban-Buzenol

                                                                                             ces artistes prenaient place sur tout le    bale pratiqué jadis dans le sud de         vie devant elle à Montauban si per-
                                                                                             site de Montauban depuis la maison de       l’Afrique. Ce nom fait référence à des     sonne ne se décidait à la retirer...
                                                                                             la forge jusqu’au musée lapidaire situé     cornes magiques censées apporter ri-
                                                                                             sur une butte surplombant la vallée.        chesse et puissance à leurs proprié-       Lenaka a été créée pour le lieu et
                                                                                             Tantôt fragiles, tantôt robustes, elles     taires ainsi que guérir certaines          procède d’une résonance toute particu-
                                                                                             utilisent les spécificités historiques ou   maladies. Ces cornes évidées de            lière avec celui-ci. Intégrée dans cet
                                                                                             naturelles du lieu pour donner à cer-       chèvres servaient à contenir une           endroit très particulier, l’œuvre répond
                                                                                             taines parties un nouveau sens, une         bouille faite de peau et de graisse        au contexte naturel et historique de
                                                                                             seconde nature…                             humaine mélangées à diverses plantes.      Montauban par ses matériaux, sa signi-
                                                                                                                                         Le rite en lui-même consistait donc à      fication et ses références rituelles. Elle
                                                                                             Lenaka                                      extraire ces parties du corps humain       prend part au milieu naturel du site
                                                                                             Dès l’approche du CACLB, une œuvre          pour les cuire et les verser dans ces      tout en répondant aux vestiges histo-
                                                                                             attire tout particulièrement l’attention.   cornes, dites Lenaka.                      riques. Des ruines qui deviennent le
                                                                                             Se confondant dans un premier temps         Pour créer cette œuvre, l’artiste s’est    cadre d’un centre d’art, des bois morts
                                                                                             avec les ruines de l’ancienne forge, un     adonné à une pratique de plusieurs se-     qui deviennent une sculpture, c’est
                                                                                             entrelac de branches et de bois, sorte      maines, récoltant des bois morts à         l’histoire de la seconde nature…
                       « Lenaka », sculpture de Samuel D’Ippolito
                                                                                             de fossile d’habitat d’une civilisation     travers toute la région pour les mettre
                                                                                             disparue jadis, apparaît rapidement aux     bout à bout et créer « une structure,                           Thibaut Wauthion
                                                                                             yeux du visiteur. Créée à l’aide de         une espèce de vortex initiatique et as-
   Dans le fond d’une vallée, de part et       Cet été, le Centre d’Art Contemporain         larges tronçons de bois morts, cette        pirant » selon ses propres termes.         Site de Montauban-Buzenol
   d’autre d’un cours d’eau, des ruines        du Luxembourg belge (CACLB) y ac-             œuvre de Samuel D’Ippolito domine           Lenaka symbolise les échanges et les       Rue de Montauban
   et d’anciens vestiges préindustriels        cueillait l’exposition « Seconde              une vaste partie du terrain à côté des      expériences avec autrui dont chaque        B-6743 BUZENOL (ETALLE)
   côtoient et accueillent de façon régu-      nature » qui invitait 7 artistes à investir   ruines et du cours d’eau. Formée d’ou-      personne se nourrit pour se construire
   lière les œuvres d’artistes désireux        ce lieu : Samuel D’Ippolito, Benoît           vertures de toutes tailles et de toutes     et pour évoluer.
   dialoguer avec ce site, riche d’une         Félix, François Génot, Claudie                formes, elle fait écho au parcours de
   histoire de plusieurs siècles, et avec      Hunzinger, Thomas Loyatho, Philippe           l’artiste qui s’ouvre toujours davantage    Intégration durable ?
   la nature qui l’entoure et qui la re-       Luyten et Jean-Georges Massart.               sur ses passions et ses besoins artis-      Depuis plusieurs mois, en arrivant au
   conquiert petit à petit. Art, nature et     Jouant de discrétion ou à l’inverse           tiques.                                     CALCB à Montauban, tout visiteur
   histoire se rencontrent à travers le        d’une monumentalité se confrontant            L’œuvre en question porte le titre de       peut apprécier cette œuvre de Samuel
   site de Montauban.                          aux ruines historiques, les œuvres de         « Lenaka », mystérieux rituel canni-        D’Ippolito qui a sans doute une longue
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« La couleur manifeste »
                                                                                                                      ou quand elle revendique
Bernard
Bernard Villers
        Villers expose
                expose au
                       au Botanique,
                          Botanique :vue
                                      vueexpo
                                          expode©l’expo © Kris Mouchaers
                                                  Kris Mouchaers
                                                                                                                      une place de choix

                                                                                                Donner à lire la
Du 13 septembre au 28 octobre,                leur (huile ou acrylique essentielle-

                                                                                                 couleur, à voir
l’artiste plasticien Bernard Villers          ment) intègre le support et le révèle
explore les potentialités de la couleur       dans son environnement.
dans une exposition présentée au              Si l’oeuvre possède un côté minima-

                                                                                                       les mots
Botanique à Bruxelles.                        liste, qu’on pourrait à priori trouver
                                              classique ou revu, les trucs et astuces
Sous le commissariat de Cécile Van-           dont use l’artiste pour l’animer et la
dernoot et Daniel Dutrieux, l’exposi-         faculté de ce dernier a exprimer une
                                                                                          « Donner à lire la couleur, à voir les
tion rassemble des oeuvres d’époques          idée intelligente simplement en font un
                                                                                          mots », cette citation de Bernard
variées, associées selon leurs affinités.     ensemble original.
                                                                                          Villers traduit le lien étroit qui existe
dans un parcours libre non chronolo-          Sur les tables, au murs, au sol ou dans
                                                                                          entre peinture et livre dans son œuvre.
gique. En parallèle, les éditions « La        les airs, les oeuvres de l’atelier reflè-
lettre volée » publie un ouvrage consa-       tent une recherche construite et            Deux pratiques presque indissociables
cré au travail de l’artiste sous le titre «   constante, avec cette idée du work in       tant les préoccupations de l’une rejoi-
Voyons voir ».                                progress liée à tout type de démarche       gnent celles de l’autre, et ce même si
A l’occasion de cette exposition immi-        obsessionnel. La couleur est ici pré-       elles sont apparues à des moments dif-
nente, j’ai pu rencontrer l’artiste dans      texte au jeu, au questionnement, au         férents chez l’artiste. Peinture et livre
son atelier.                                  développement de l’imaginaire .             se nourrissent mutuellement autour des
Peintre et éditeur bruxellois né en           Un pli qui fait naître deux couleurs        questions de perception et d’expé-
1939, Bernard Villers est diplômé de          d’un monochrome, un disque de               rience de la matière et de la couleur.
l’école nationale supérieure des arts         lumière blanche côtoyant un disque          Peu importe l’étendue des formes que
visuels de La Cambre (section peinture        noir peint ou encore un support troué       prend le travail…
monumentale, dirigée par Paul Del-            dont la couleur fluo posée au verso se
vaux puis Jo Delahaut). Il développe          réfléchit vers un mur blanc, les            L’espace « livre » est devenu un des
également une activité d’éditeur à tra-       exemples d’oeuvres ou l’artiste             terrains de jeu de Bernard Villers qui
vers les éditions du Remorqueur.              explore le côté ludique et poétique de      crée, successivement, les éditions « Le
Depuis de nombreuses années, il               la couleur sont nombreux.                   Remorqueur » (1976), « Le Nouveau
conçoit une oeuvre plastique singulière       Si les effets visuels retiennent l’atten-   Remorqueur » (2003) et « Le Dernier
centrée sur la couleur et les supports        tion de l’artiste, l’intérêt spécifique     Remorqueur » (2016). Non sans une
variés qu’elle peut couvrir. Sujet            pour les contrastes se révèle sous des      certaine économie de moyens, l’artiste
même de son travail (il confirme qu’il        formes diverses, soulignant le côté         développe son travail à travers plus de
ne dessine pas mais qu’il remplit des         incertain ou volontairement imparfait       150 livres, parus sous des formats
surfaces), la couleur et ses potentialités    de l’oeuvre, investissant les lignes de     divers (dépliant, leporello, livre). A
sont déclinées à travers de multiples         failles. Une oeuvre rectangulaire bico-     partir de formes simples et de couleurs
processus (association, réflexion,            lore, composée de deux planches             en aplat, il questionne tout de cet
contraste notamment) rendant compte           peintes coupées maladroitement et           espace particulier. Le pli, la transpa-
de la nécessité de la démarche de             réassemblées, illustre bien cet aspect.     rence du papier, l’impression des cou-
l’artiste. Si la couleur est fondamen-        La ligne de rupture chaotique contraste     leurs et des lettres, le vide et le plein
tale, elle prend vie en résonnant avec        ici singulièrement avec l’aspect régu-      qui s’installent sur la page, tout parti-
le support utilisé, la lumière, l’environ-    lier de la forme géométrique. On            cipe de la plasticité de ce médium et        de la page (Simultané, Successif,
nement global ou encore le point de           retrouve cette idée dans des oeuvres        donne lieu à un nouveau langage.             2002). Ou encore pour que le papier
                                                                                                                                       efface petit à petit une phrase pour en
vue du spectateur. L’artiste s’amuse et       conçues à partir de grandes feuilles
nous amuse en révélant la part de             blanches déchirées et recollée par          Mais si cet espace est terrain de jeu        révéler une autre (Cristal, 2012).
magie de phénomènes quotidiens à              l’arrière avec du scotch orange.            pour l’artiste, il l’est aussi pour le
priori banals, tels que des ombres ou         A travers son oeuvre, l’artiste interroge   lecteur. Car un livre d’artiste est avant    Le rapport que le lecteur entretient
des reflets.                                  aussi les couleurs dans leurs fonde-        tout une expérience qui se veut intime       avec les œuvres imprimées de Bernard
Au fil de la visite, une toile que Ber-       ments, leurs matérialités .Elles réson-     entre l’objet en soi et lui. Une expé-       Villers trouve une correspondance
nard Villers excelle sobrement à tisser       nent dans des compositions mouvantes        rience qui l’emmène dans un univers          dans la manière dont le spectateur
relie cet ensemble de travaux sur la          faites d’ éléments colorés prenant des      non seulement visuel mais aussi phy-         observe ses peintures et installations.
couleur. La sensation d’une oeuvre            formes aussi diverses que des cageots,      sique, sensiblement vécu par le lecteur.     Là aussi, le visiteur doit prendre le
unique et maitrisée, quoique parfois          des cartes de fonction ou encore des        Les livres de Bernard Villers ne déroge      temps de se laisser émerger par les
volontairement bancale, apparait. Ani-        rectangles de bois du format d’un livre.    pas à la règle. Et si par nature ils ne se   jeux d’ombre, de réflexion, de cou-
                                                                                                                                                                                    En février dernier Bernard Villers exposait au
mée par une logique certaine, l’oeuvre        Ce travail, qui évoque à l’évidence la      découvrent jamais d’un seul regard,                                                       Comptoir du Livre à Liège. Une occasion
                                                                                                                                       leurs. L’acte de voir et celui de lire re-   pour le visiteur de découvrir un des terrains
se révèle contrastée à bien des points        palette du peintre et sa gamme de ton       chez l’artiste, les manipuler prend une      lèvent d’une même expérience, se             de jeu privilégié de l’artiste: L’espace livre.
de vue, et si elle fonctionne souvent à       est tout a fait révélateur de la passion    toute autre dimension. Il faut douce-        mêlant l’un à l’autre. Il ne peut en être    Un espace de liberté extaordinaire ou le coté
l’économie de moyen ce n’est que              de l’artiste pour son sujet.                ment se laisser imprégner par le geste       autrement quand on donne à lire la           espiègle de l’artiste nous piège à chaque bout
pour être plus percutante.                    Cette courte visite dans l’atelier de       et observer lentement pour que se dé-        couleur et à voir les mots.                  de champ. A travers des jeux de regards nous
                                                                                          voilent les jeux de transparence, de
Toujours à l’affut de formes sortant de       Bernard Villers révèle un artiste vrai,
                                                                                                                                                                                    devenions, à notre tour, l’acteur principal
                                                                                          lignes, de contrastes, de plis. Pour
l’ordinaire et répondant à ses attentes,      plongé dans un travail personnel et
l’artiste utilise une grande variété de       entêtant, ou la couleur est au centre du                                                                             Céline Eloy      d’un processus créatif en devenir.
                                                                                          qu’une ligne puisse s’incliner légère-                                                                                             L.P.
supports et collecte des objets du quo-       propos et ou la magie opère. Vous
                                                                                          ment vers le bas au fil des pages (Pente     expo Bernard Villers
tidien pour leurs qualités formelles.         avez jusqu’au 28 octobre pour vous
                                                                                          douce, 1979). Pour que des zones             Botanique, jusqu’au 28/10
Que ce soit sur du papier, des mor-           faire votre idée au Botanique.
                                                                                          blanches se remplissent de zones colo-
ceaux de bois de formes diverses, des
                                                                                          rées (Sexus, 2017). Pour qu’un disque
cageots ou des fonds de sièges, la cou-                           Sylvie Bacquelaine
                                                                                          de couleur continue d’exister au-delà
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Réenchanter le métier d’architecte
“Lieux infinis”, le pavillon français de la Biennale d’architecture de Venise

                                                                                                                                                                                          changer les lois et « passer les murs ».
                                                                                                                                                                                          Le paradoxe qui nous saisit ici est juste-
                                                                                                                                                                                          ment cette présence forte de projets
                                                                                                                                                                                          « off » au coeur même d’une institution
                                                                                                                                                                                          aussi monumentale qu’est la Biennale
                                                                                                                                                                                          de Venise.

                                                                                                                                                                                          Si la ville se construit en marchant, une
                                                                                                                                                                                          pensée sur l’architecture se construit ici
                                                                                                                                                                                          en prenant le temps de regarder, de ten-
                                                                                                                                                                                          ter de comprendre, de rencontrer et de
                                                                                                                                                                                          participer à cette effervescence conti-
                                                                                                                                                                                          nue. Le visiteur peut lui y découvrir
                                                                                                                                                                                          d’autres façons d’habiter le monde.
                                                                                                                                                                                          Pour ma part, j’ai quitté ces lieux avec
                                                                                                                                                                                          une sensation d’enthousiasme et de
                                                                                                                                                                                          bonheur.

Pavillon français, vue de l’intérieur, © FVL                                                                                                                                              Rendez-vous encore, le 1er octobre avec
                                                                                                                                                                                          l’Académie de l’urbanisme urbain, les
« L’homme habite, et ainsi il prend            rencontre plus souvent en sciences                                                                                                         2-3 octobre avec « Barbara, laboratoire
place parmi les humains. Pour cela, il         sociales qu’en architecture : coopéra-                                                                                                     autour de la programmation habitée »,
lui faut un lieu où inscrire son corps,        tion, bienveillance, envie de faire, col-                                                                                                  les 4-6 octobre avec « Stalker et Bien-
sa subjectivité, son histoire, sa citoyen-     lectif, pouvoir d’agir, espaces de liberté                                                                                                 nale Urbana », les 11-13 octobre avec
neté.                                          et de gratuité, présence… Utopie ?                                                                                                         Patrick Bouchain / la preuve par sept, et
Habiter, c’est mettre de soi en un lieu,       Peut-être, mais portée et concrétisée de                                                                                                   enfin les 20-21 octobre avec « La
ce qui est fort différent d’être logé.         manière très pragmatique et rigoureuse                                                                                                     Ferme du bonheur, le lido rural ».
                                                                                              ce qui est déjà là, inventer un «brico-        Pepe, celle dont on voudrait toujours
S’il ne peut habiter, l’homme ne peut          dans cette posture modeste qui est celle
                                                                                              lage organisé». Il faut réutiliser des         passer le portail cadenassé. Devenue          « Ce qui compte n’est pas de vivre plus
prendre place et cela s’appelle                de nos nouveaux architectes : archi-
                                                                                              matériaux. On ne prélève pas, on ne            résidence d’artistes, elle accueille plu-    longtemps mais de transmettre la vie.
aujourd’hui l’exclusion.                       tecte-concierge, coordinateur de « ça »,
                                                                                              déverse pas.                                   sieurs dizaines de participants depuis       L’architecture devrait ressembler à
L’aider à habiter, cela s’appelle lutter       organisateur, gardien… Partout il faut
                                                                                                                                             l’ouverture et jusqu’à la fin de la Bien-    cela : désir, alliance, tendresse, pas-
contre l’exclusion »                           aménager des espaces hors-normes,
                                                                                              Patrick Bouchain nous offre une lecture        nale, dans un joyeux désordre bien           sage... » 4.
(Jean Furtos).                                 parfois pollués, réutiliser les matériaux,
                                                                                              inattendue de la plupart des demandes          organisé. Cela sent bon le bois frais, des
                                               négocier constamment avec les autori-
                                                                                              de bâtiments publics contemporains ; ils       tentes poussent dans le jardin sauvage,                     Frédérique Van Leuven
Jean Furtos n’est pas architecte, il est       tés et assurer un travail de gouvernance
                                                                                              émanent d’une plainte, d’une demande           les hamacs sont immenses, les douches
psychiatre, et s’intéresse à la matière la     et d’écoute au quotidien, car vivre
                                                                                              adressée aux candidats à l’élection, dont      sont jeux de lumières, on y retrouve les     Freespace, 16e édition de la Biennale
plus difficile à traiter : la souffrance       ensemble ne va pas de soi.
                                                                                              on ne se donne pas la peine d’analyser         habitants de nos « Lieux infinis ».          d’architecture de Venise, jusqu’au 25
sociale. Il poursuit : « Il existe une pré-
                                                                                              ce qu’elle recouvre. Qu’est-ce que la          Radio Grenouille, FM 88.8 à Marseille,       novembre 2018.
carité qui ne crée pas de lien, mais de        Construire un bâtiment est toujours un
                                                                                              demande d’une piscine municipale ?             capte les sons chaque jour. Ateliers,
l’isolement, de la paranoïa, de la             acte politique. Parcourir le site magni-
                                                                                              Pour les uns, c’est montrer son corps          expérimentations concrètes, workshops         Furtos J. et Laval C., « L’individu
mélancolie sociale, et que l’on observe        fique du Grand-Hornu, ce joyau de
                                                                                                                                                                                          1

                                                                                              dénudé, pour d’autres prendre un verre,        de construction, conférences et apéros       post- moderne et sa souffrance dans un
dans le climat international de la mon-        l’architecture industrielle si vaste et tel-
                                                                                              rencontrer des gens, se dépenser ou se         mêlent les intervenants dont la SNCF         contexte de précarité- Introduction à
dialisation des flux d’argent, des biens       lement clos, me laisse à chaque fois un
                                                                                              détendre… Est-ce vraiment une piscine          n’est pas le moindre. Séminaires de tra-     une clinique de la disparition » in
et des personnes, produisant des effets        peu perplexe. Comment une construc-
                                                                                              rectangulaire en béton, sans arbres ni         vail entre les occupants des dix lieux       Confrontations Psychiatriques n°39,
très ressemblants en France, à Bamako          tion voulue une cité ouvrière modèle
                                                                                              fleurs, qui satisfera la demande ? Une         sur les thématiques qui leur sont trans-     1998
ou en Australie » 1.                           peut-elle être aussi totalitaire ? Ne
                                                                                              réponse close va toujours générer de           versales : la précarité, la gouvernance
                                               serait-ce pas lié à son aspect total, Henri
                                                                                              l’insatisfaction, et donc d’autres             commune, le temporaire, l’horizonta-           Ils sont décrits dans l’intéressant cata-
Une même question habite autant les            de Gorge ayant « tout » pensé pour
                                                                                                                                                                                          2

                                                                                              demandes… Et si on se mettait à analy-         lité, le financement.                        logue « Lieux Infinis », Ed. Encore
professionnels de la santé mentale que         assurer la productivité de sa mine ? Une
                                                                                              ser ce que recouvre la demande ? À                                                          Heureux. La Ferme du Bonheur (Nan-
les architectes, celle de la dimension         architecture peut-elle constituer le fer-
                                                                                              l’heure où les thérapies brèves sont en        C’est bien la démocratie qu’il s’agit        terre), La Friche de la Belle de Mai
politique de notre métier et des postures      ment d’une révolution ? L’histoire nous
                                                                                              pleine explosion et où la plainte qui          enfin d’inventer. Ça ne va pas de soi.       (Marseille), Les Ateliers Médicis (Cli-
que nous y occupons, bien traduite par         dit que les ouvriers, au cours d’une
                                                                                              sourd à travers tout est celle de la soli-     Les pionniers ce ce travail, Yvonne et       chy-sous-Bois-Montfermeil), La
le sous-titre de « Lieux infinis » :           révolte en 1830, ont détruit sa maison et
                                                                                              tude, d’un bonheur toujours insatisfait,       Lucien Kroll, dont Patrick Bouchain a        Grande Halle (Colombelles), L’Hôtel
Construire des bâtiments ou des lieux ?        les installations minières. La roue
                                                                                              le propos est percutant. Et si on              montré la rétrospective au Lieu Unique       Pasteur (Rennes ), Le Centquatre
                                               tourne, les anciens sites industriels ne
                                                                                              construisait ensemble, au fur et à             à Nantes, les anciennes Biscuiteries LU      (Paris), Le tri postal (Avignon), Les
Ce questionnement est porté par trois          sont ni vivants ni morts, fantômes fasci-
                                                                                              mesure qu’on avance ? Si le secret était       qu’il a réaménagées dans ce processus        Grands Voisins (Paris), le 6B (Saint-
commissaires, Nicola Delon, Julien             nants dans le lointain ; des milliers
                                                                                              justement le non fini ? Mais comment           collectif qu’il soutient à travers tout,     Denis) et La Convention (Auch)
Choppin et Sébastien Heymard,                  d’hectares sont en friche, inutilisés, telle
                                                                                              faire ?                                        aiment à raconter la lutte au corps à
membres du collectif d’architectes             la ZAD de Notre Dame des Landes…
                                                                                                                                             corps, jamais gagnée, qu’il faut mener        https://blogs.mediapart.fr/les-invites-
« Encore heureux » ; ils se disent géné-       1600 hectares, c’est l’emprise foncière
                                                                                                                                                                                          3

                                                                                              Un vaporetto relie les deux espaces où         avec les autorités pour défendre ce qui      de-mediapart/blog/060418/comme-la-
reux généralistes à la croisée des             du projet d’Aéroport du Grand Ouest
                                                                                              les questions se déploient. Le premier         s’oppose à toutes les normes instituées      zad-de-notre-dame-des-landes-defen-
genres ; ils conçoivent des expositions,       qui exige 150 millions d’Euros en com-
                                                                                              est le pavillon français des Giardini.         en architecture : refuser de donner une      dons-dautres-manieres-d-habiter
des jeux, des installations, des bâti-         pensation de l’abandon du projet, et
                                                                                              Rien de spectaculaire. Dix maquettes,          maquette finie, accepter le processus
ments. Ils organisent l’occupation de          dans l’attente, la terre est abandonnée.
                                                                                              chacune abritant une petite vidéo du           qui veut qu’une œuvre ne se crée que          Patrick Bouchain, Construire autre-
lieux désaffectés, à récupérer, à trans-       Comme le souligne Patrick Bouchain,
                                                                                                                                                                                          4

                                                                                              projet présenté, comment chacun s’est          dans un cheminement à plusieurs qui          ment, Actes Sud.
former, réinvestis collectivement ; ce         l’architecte dont s’inspirent directement
                                                                                              construit et vit ; des mots qui font rêver ;   remet sans cesse tout en question. Tenir
sont dix d’entre eux2, aux quatre coins        nos commissaires, voici des jeunes qui
                                                                                              un cabinet de curiosités de 250 objets         bon sur le fait qu’un projet, c’est juste-
de France, qui nous occupent. Chacun           occupent de manière douce une nature
                                                                                              venus de ces différents lieux, suspendus       ment ce qui n’est pas défini avant sa
est une expérimentation singulière.            qui va être abîmée. Ils la protègent. Ils
                                                                                              comme des outils aux murs du pavillon,         réalisation. Accepter l’éphémère. Chan-
Dans l’ancien centre de tri postal d’Avi-      érigent des constructions écologiques,
                                                                                              telle la roue du tri postal qui permet         ger la fonction d’un lieu, ou retourner à
gnon, accueil de nuit de personnes SDF,        ils réutilisent la matière sans polluer la
                                                                                              l’élection par tirage au sort des              son origine, comme il l’a fait avec Bar-
réparation de vélos, court-métrages,           terre, ils prouvent qu’ils peuvent vivre
                                                                                              membres du bureau de l’association ou          tabas dans les anciennes écuries royales
artistes au travail et cantine. A l’Hôtel      en autosuffisance, qu’une friche peut
                                                                                              la clef imposante de l’Hôtel Pasteur qui       de Versailles. Subir de manière heu-
Pasteur de Rennes, l’ancienne faculté          devenir un territoire nourricier… Et ils
                                                                                              passe de main en main depuis 5 ans.            reuse les différents modes d’appropria-
des sciences (1/2 hectare de bâtiment),        doivent partir parce qu’ils ne sont pas
                                                                                              Création, ici aussi, d’un atlas mondial        tion. Penser le coût de chaque chose.
ateliers d’art et de sciences, sport, cours    officiellement « agriculteurs », alors
                                                                                              des lieux infinis constitué par les spec-      Repenser certaines normes tout en res-
de français pour réfugiés, thérapies de        qu’ils font une autre agriculture, de bon
                                                                                              tateurs. Le second espace est au Lido,         pectant rigoureusement d’autres qui ont
groupe, culture de champignons et              sens, humaine ! Il co-signe à cette occa-
                                                                                              grâce à l’opportunité saisie d’une colla-      leur sens, les questionner. Utiliser « le
entraînement de pompiers. Il y a La            sion un texte collectif« Comme à la
                                                                                              boration entre le collectif « Encore           droit contre le droit » en allant lire le
Ferme du Bonheur à côté de la Faculté          ZAD de Notre-Dame-des-Landes,
                                                                                              Heureux » et l’association vénitienne          Code du Droit Rural et Forestier à
de Nanterre, La Grande Halle à Colom-          défendons d’autres manières d’habi-
                                                                                              Biennale Urbana qui occupe des lieux           Notre Dame des Landes pour prouver la
belles, le Centquatre à Paris où l’on          ter »3. Nos architectes affirment une
                                                                                              désaffectés de Venise. Il est magique.         légitimité des Zadistes à occuper le lieu,
danse… Ce qui relie tous, ce sont des          posture simple : les ressources mon-
                                                                                              C’est l’ancienne caserne Guglielmo             car il faut créer une jurisprudence pour
mots, toujours traduits en actes, qu’on        diales s’épuisent, il faut construire avec
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  Comment redorer l’image de l’artiste francophone?
  Pour Jacques Lizène la réponse à cette question semble claire: “L’artiste wallon n’est pas à redorer,
  mais il doit être à dorer”. Après ce qui vient de se passer, la règle de la réciprocité s’impose. “Et
  pour les flamands la même chose” (en 2021). Peter Morrens en créant cette installation à La
  Boverie à Liège, n’avait pas imaginé que sa phrase aurait pu être si d’actualité...

                                                                                                                             Plus de quatre pages de débat autour de la polémique soulevée par le choix de représenta-
                                                                                                                             tion belge du Pavillon de Venise. Avec la réponse de la Ministre, nous avons voulu faire
                                                                                                                             participer à ce débat des personnalités du monde de l’art. Nous vous invitons à découvrir
                                                                                                                             leurs réponses qui vous permettront, nous l’ésperons, d’y voir plus clair.

                                                                                                                             Interventions de : Alda Greoli (Ministre de la Culture) Pascale Viscardy (Attaché
                                                                                                                             Administration) Jean Marie Rikkers (collectionneur) Daniel Van DerGucht (Edition La
                                                                                                                             Lettre Volée BXL), Albert Baronian (Galeriste), Colette Dubois (journaliste), Michel
                                                                                                                             Voiturier (journaliste), Eric Van Hove (artiste ), Denis Gielen (directeur MACs), Pierre
                                                                                                                             Olivier Rollin (directeur BPS 22), Claude Lorent (journaliste), Philippe Van Cauteren (di-
                                                                                                                             recteur SMAK) , Luk Lambrecht (directeur CC Strombeek), ....

                                                                                                                             Pour cette édition 2019, le pavillon belge sera représenté par deux artistes flamands, Harald Thys
                                                                                                                             et Jos De Gruyter, sous commissariat d’Anne-Claire Schmitz. Cette décision fait suite à un appel
                                                                                                                             d’offres qui préconisait la coopération entre les deux communautés. Nous avons tenté de joindre
                                                                                                                             les deux artistes pour qu’ils nous parlent de leur projet “Mondo Cane”. Ils préfèrent ne pas en
                                                                                                                             parler pour le moment. La cotation du jury pour les lauréats a été rendue publique: 94/100.
                                                                                                                             (Détail: 50/50 partie artistique, 20/20, scénographie, 16/20, Budget, 8/10 communication) . Le
                                                                                                                             budget prévu est de 450.000 euros ( une hausse de 21 % par rapport aux 370000 euros en 2015).

                                                                                                                             Face à cette nomination, une lettre ouverte rédigée par Catherine Mayeur et cosignée par une
                                                                                                                             vingtaine de personnes était publiée dans "La Libre" et "De Morgen". Elle titrait "Les artistes
                                                                                                                             francophones n’existent-ils pas ?". Dans cette lettre, signataires flamands confondus, personne
                                                                                                                             n’a contesté le talent des deux artistes néerlandophones Harald Thys et Jos De Gruyter, mais
                                                                                                                             plutôt les complications d’une procédure et l’invisibilité des artistes francophones qui seront
                                                                                                                             exclus de Venise pour huit ans.

 Mur des Brasseurs. L’intervention à la craie de Peter Morrens dans le cadre de En Piste, à la Boverie 2018. © FluxNews

 Eric Van Hove: “ L’art qui entre au Pavillon ne
 devrait pas se retrouver coincé par des règles
 aussi étroites et impersonnelles.”
                                                                                                                                                                                                      Eric Van Hove, © FluxNews

 Eric Van Hove était un des 13 sou-             « Splitzing » de 1971, impliquant              plein-temps, une rémunération                un moment clef de sa carrière ?              accomplir quelque chose de poignant,
 missionnaires pour Venise. Nous lui            d’emprunter 1000 livres à la KUL et            minimum en cas de remise d’offres est        Comme en cuisine, un ouvrage artis-          et non se retrouver écrasé par la
 avons demandé quel était son res-              1000 livres à l’UCL afin de recompo-           la moindre des choses à faire sans quoi      tique a besoin de temps pour naître :        contrainte comme un ouvrier à qui l’on
 senti par rapport à cette procédure            ser ce moment-monument de l’histoire           seuls ceux qui ont les moyens de             obliger l’artiste choisi à réaliser ça en    demande l’impossible tout en lui
 d’appel d’offres lancée pour sélec-            nationale. Jeune artiste à l’époque,           perdre ce temps-là peuvent soumettre         si peu de temps c’est manquer de             faisant sentir qu’en fait il a de la
 tionner l’artiste devant représenter           seuls une centaine de gens au plus             un dossier. Ou alors, se dire que vu le      respect envers celui-ci et son travail.      chance d’avoir un boulot.
 la Communauté française à la                   auront vu ce travail, et dans le cadre du      peu de temps laissé à l’artiste pour re-     Les instances culturelles du pays de-
 Biennale de Venise 2019.                       pavillon national j’étais séduit par le        mettre offre puis pour l’implémenter         vraient mettre tout en œuvre pour sou-       J’avoue ne pas avoir compris pourquoi
                                                fait que cette œuvre était dépourvue           une fois sélectionné (rappelons que les      tenir l’artiste choisi pleinement, et cela   la composition du jury était rendue pu-
 Eric Van Hove : Beaucoup de choses             d’ego. La réponse du gouvernement a            œuvres doivent être inédites) seuls un       commence par lui donner le temps né-         blique avant la sélection, car cela
 ont été dites ces derniers temps dans la       été de dire que cette œuvre n’était pas        certain type de travail et d’œuvres          cessaire à mûrir une proposition, puis       invite presque la manipulation et le co-
 presse belge à ce sujet. La chose que je       « inédite » puisqu’elle avait été              peuvent effectivement concourir :            le temps nécessaire à une implémenta-        pinage dans une communauté aussi
 retiens de cette expérience c’est la fai-      montrée en 2010… J’ai proposé de re-           l’appel et la sélection devraient se faire   tion dans des conditions optimales.          petite que le monde de l’art belge :
 blesse de l’institution nationale cultu-       composer alternativement une autre             dans les six mois qui suivent la der-                                                     voilà une bien mauvaise idée. J’avoue
 relle à comprendre ce dont l’art a             section de cette bibliothèque d’un             nière biennale, afin de donner le temps      Par exemple, quand j’ai pris connais-        ne pas avoir compris, pour les mêmes
 besoin, ce que cela veut dire que d’être       million huit cent mille livres mais en         aux professionnels invités à remettre        sance de l’appel d’offres il me restait      raisons, pourquoi la liste des soumis-
 artiste, et ce qu’implique la position où      vain. S’entendre dire qu’un artefact           offre, la possibilité de proposer et de      six semaines pour proposer quelque           sionnaires était ensuite rendue elle
 cet appel d’offres reléguait ces der-          historique national était « déjà vu » et       réaliser quelque chose de vraiment ma-       chose de puissant et de juste, qui de        aussi publique avant même que le jury
 niers. La procédure d’appel d’offres           n’était pas assez « inédit » est aberrant.     gistral. Quand je vois que le dossier        plus devait pouvoir être mis en œuvre        ne se réunisse, pour ensuite rendre pu-
 utilisée était infantilisante et empreinte                                                    d’un artiste comme Hans Op de Beeck          en quelques mois. Comme la plupart           blique les notes « scolaires » de
 de lâcheté. L’État a pourtant le loisir        C’est cohérent avec l’appel d’offres           a été refusé car il y manquait une           des artistes ayant le niveau requis pour     chacun ?
 de choisir sa procédure de sélection, et       certes, mais c’est la preuve que ce            annexe, on peut s’imaginer le pro-           un tel dossier, j’avais déjà deux expo-      L’État doit-il vraiment en rajouter une
 devrait le faire avec bienveillance et         dernier manque cruellement de jugeote          blème; même pour obtenir un visa             sitions muséales personnelles prévues        couche sur la jalousie, les ragots et les
 fermeté, mais en se donnant les                et d’ambition : l’art qui entre au             Schengen, l’appliquant a le droit de ra-     en 2019, ce qui impliquait -en cas de        commérages ? A part donner une am-
 moyens d’oser et de réussir quelque            Pavillon ne devrait pas se retrouver           jouter un complément de dossier si           sélection- que je devais pouvoir « im-       biance nocive et exacerber l’esprit de
 chose de grand.                                coincé par des règles aussi étroites et        celui-ci s’avère incomplet pour une          proviser » Venise dans un agenda déjà        compétitivité -plutôt que l’esprit révo-
 La quantité de règles et d’impératifs          impersonnelles. C’est le genre de              raison ou une autre.                         très rempli… Au final, j’étais soulagé       lutionnaire par exemple- je ne vois
 administratifs liés à cet appel, ce            règles bêtes qui auront inspiré à                                                           de ne pas avoir été sélectionné car je       vraiment pas ce que cela apporte à ce
 champ de mines, est en directe contra-         Duchamp son urinoir, il y a un siècle.         L’Etat a deux ans pour lancer cette          savais que si j’étais pris j’aurais plongé   processus de sélection, au contraire.
 diction avec la nature même du proces-         Cet appel d’offres se voulait démocra-         procédure de sélection, alors pourquoi       ma femme et notre jeune fils dans une        Il faut absolument refondre ce système
 sus artistique, avec sa raison d’être.         tique mais en fait, la longue liste de         attendre la dernière minute pour lancer      année de tourmente et de stress intense      de sélection en mettant en avant les
 Par exemple, la première œuvre à la-           prérequis et le format même du dossier         l’appel d’offres, ne laissant que deux       qui risquait qui plus est de miner la        valeurs belges, qui pourtant ne
 quelle j’ai pensé en voyant l’appel était      et de la procédure à suivre, déformée          mois pour proposer quelque chose de          qualité des autres expositions prévues.      manquent pas.
 une installation que j’avais proposée à        par la peur du quand dira-t-on et le po-       cohérent, pour ensuite annoncer les ré-      Pourquoi tout ça ? À quoi bon ? Venise
 l’ISELP en 2010 au moment de la crise          litiquement correct, mènent droit au           sultats si tardivement, sachant que          devrait être un moment sacré dans la
 politique nationale ces années-là : la         contraire. Par exemple, dès qu’un              celui qui est choisi devra tout à coup       carrière d’un artiste, et ce dernier ou
 reconstitution d’un rayonnage de la bi-        appel d’offres -comme c’est le cas ici-        réaliser un travail immense en               cette dernière devrait recevoir le
 bliothèque de Louvain d’avant le               nécessite un à deux mois de travail            quelques mois pour ce qui devrait être       temps, le respect et l’aide nécessaire à
Biennale de Venise
                                                                                                                                                                                           2019 /Pavillon belge
                                                                                                                                                                                           Débat d’idées

Alda Greoli: «Chaque occupation du Pavillon continuera
de se faire en lien avec une des deux Communautés.»
FluxNews : Poursuivre une politique          la scène artistique de la Communauté
culturelle de coopération avec la            française. C’est en tout cas mon point
Flandre est un point fort dans votre         de vue.
politique culturelle mais ne pour-
rions-nous pas imaginer le pavillon          Au-delà de cet aspect, il convient de
belge proposant en même temps des            garder à l’esprit que la procédure mise
artistes issus des deux communau-            en place pour sélectionner le projet du
tés?                                         pavillon 2019 reposait sur l’objectif de
                                             retenir le projet artistiquement le
Alda Greoli: Déterminer clairement et        meilleur. Il revenait au jury, spécia-
définitivement l’appartenance commu-         lement constitué pour l’occasion par
nautaire des artistes relève de la           l’administration, d’analyser les projets
mission impossible. Tout artiste domi-       reçus (et jugés recevables) sous cet
cilié ou résidant en Wallonie ou à           angle. Comme dans tout concours et
Bruxelles est éligible aux aides dispen-     marché public, les candidats savent
sées dans le cadre du décret relatif aux     qu’ils peuvent gagner comme perdre.
arts plastiques. Pour la Communauté          Ce n’est pas parce qu’un projet n’est,
française, un artiste est un artiste,        en définitive, pas retenu dans le cadre
quelle que soit son origine, sa langue,      d’un concours que cela jette l’opprobre
sa religion, etc. Ce raisonnement,           sur l’ensemble du parcours de son
valable dans le cadre de l’application       porteur. De nombreux artistes de la
du décret, l’est également dans le cadre     Communauté française disposent
d’une procédure de marché public. La         d’une belle visibilité et sont reconnus
Communauté française a envoyé ces            tant au niveau national qu’internatio-                                                                                                     Pavillon belge, © Piero Fabbri
dernières années à Venise autant des         nal. Le cas d’Edith Dekyndt, invitée à
natifs de Liège ou de Bruxelles que des      réaliser une œuvre au sein du pavillon
artistes et commissaires d’origine es-       central lors de la Biennale de Venise
pagnole, française, grecque et oui…          en 2017, démontre le phénomène. La          abandonner la procédure de marché            Sven Gatz (Open VLD) a décidé de           et la Flandre respectivement en 2013 et
flamande. Parmi les candidats cette          nouvelle génération n’est pas en reste :    public qui favorise l’artiste entre-         ne plus faire en 2019 de pavillon off      2015, ont été laborieux. Le schéma qui
année, on retrouvait aussi des artistes      Xavier Mary, jeune artiste né en 1982       preneur, essentiellement doué pour           à Venise pour la Flandre. Peut-on          était habituellement observé évolue et
d’origine française ou sud-africaine,        à Liège, dispose déjà d’un beau par-        réaliser des dossiers ? Cette procé-         rêver et imaginer dans le futur un         les collaborations se sont peu à peu
par exemple. Et je m’en réjouis. Leur        cours (y compris à l’étranger).             dure privilégie l’administratif au           pavillon off francophone subsidié          renforcées. L’objectif à terme est bien-
point commun ? Développer l’art en                                                       dépend du créatif.                           par la Flandre ?                           sûr que les deux communautés et leurs
Communauté française ! Par ailleurs, la      Si les artistes bruxellois existent, les                                                                                            artistes y trouvent leur compte en pro-
Communauté flamande soutient éga-            artistes wallons n’existent toujours        C’est bien un jury d’experts qui a           Pourquoi la Flandre subsidierait-elle,     posant des installations dont la qualité
lement des artistes vivant et travaillant    pas. Il y a un grand problème de re-        proposé les artistes mais sur base d’un      dans le futur, un événement collatéral     première sera d’être à la hauteur du
à Bruxelles pour des raisons inhérentes      présentation de l’artiste wallon au         marché public. Sans connaître les            francophone si elle-même a pris            plateau international de la Biennale de
à la construction institutionnelle de la     niveau national et international.           détails de la procédure française, rele-     l’option de ne pas organiser un évé-       Venise. Chaque occupation du
Belgique.                                    Comment gérer démocratiquement              vons tout de même que celle-ci a             nement « off » en 2019 ?                   Pavillon continuera de se faire en lien
                                             la représentation d’artistes wallons        conduit nos voisins à désigner l’alba-                                                  avec une des deux Communautés mais
Il en résulte que des artistes – le cas de   dans le futur si des Francophones du        nais Anri Sala (résidant à Berlin) pour      La question est surtout de savoir si le    sans que la qualité de l’auteur (outre sa
Francis Alÿs (né à Anvers, ayant passé       sud du pays ne sont pas repris dans         la représenter en 2013. En tout état de      pavillon de 2021 sera organisé par la      résidence) et surtout, ses origines, soit
une partie de son enfance dans le pa-        le jury de sélection pour Venise ?          cause, il apparaît, pour des raisons dé-     Flandre sur base d’une dynamique si-       un critère. C’est contraire-même à
jottenland avant d’étudier l’architec-                                                   mocratiques évidentes, qu’une procé-         milaire à celle adoptée par la             l’idée que je me fais de l’expression
ture à Tournai) – sont souvent               Analyser la scène artistique de la          dure de désignation, quelle que soit         Communauté française. Sans préjuger        artistique.
considérés comme « relevant des deux         Communauté française en termes              son cadre et ses étapes, ne peut être li-    de l’avenir et des futures décisions, je
Communautés » car ils sont où ont été        « d’artistes bruxellois » d’un côté et      bellée de façon à désigner un projet sur     peux, en tout cas, affirmer que les ré-    Entretien réalisé par mail entre Alda
soutenus, à plusieurs reprises, par          « d’artistes wallons » de l’autre est non   base des origines du ou des artistes.        flexions émises de part et d’autre de la   Greoli (Ministre de la Culture) et
celles-ci.                                   seulement réducteur mais également          Opter pour une politique du « fait du        frontière linguistique (et partagées       Lino Polegato.
                                             contreproductif. Je m’explique.             prince » serait tout autant dramatique       entre les administrations respectives)
Le cas du duo formé par Harald Thys                                                      et insatisfaisante à terme. Quant à la       concernant les modalités d’organisa-
et Jos De Gruyter illustre bien cette si-    Bruxelles occupe une place importante       procédure de marché public, elle n’est,      tion d’une présence belge à Venise ont
tuation. Certes nés en Flandre, les deux     comme lieu de création contempo-            ni plus ni moins, que le fruit de l’obli-    beaucoup évolué ces dernières années.
artistes vivent et travaillent à Bruxelles   raine. Naturellement, les artistes ont      gation légale de transparence et             Les événements collatéraux, organisés
depuis de nombreuses années. En              tendance à s’y établir comme Paris est      d’équité de traitement que la                à Venise par la Communauté française
2017, ils ont notamment pris part à une      un pôle d’attractivité pour nombre          Communauté française se doit d’obser-
exposition collective organisée à            d’artistes dans d’autres disciplines. Le    ver pour confier une somme aussi im-
l’ISELP (un centre d’art bruxellois          cas de Xavier Mary, cité à l’instant,       portante à un lauréat pour concrétiser
soutenu de longue date par la                illustre ce propos.                         le projet de représentation pavillon-

                                                                                                                                      Pascale Viscardy (Administration)
Communauté française). Comment,              Ce phénomène ne fige pas pour autant        naire. Rappelons, une nouvelle fois,
dans une telle situation, ne pas les         les artistes : ils bougent, exposent        que la Communauté française a mis en
considérer comme des artistes dispo-         tantôt en Wallonie au MAC’S ou à            place cette procédure à partir de 2015
sant d’un lien avec la Communauté            Espace 251 Nord, tantôt à Bruxelles au      en raison des recours au Conseil d’État      F.N.: La sélection des membres du jury fait elle écho à l'idée qu’il fallait une
française ?                                  Wiels ou encore en Flandre et à             intenté par un artiste déçu. Il s’agit       coopération plus grande entre la communauté francophone et flamande?
                                             l’étranger. Ce déficit présumé de visi-     d’une jurisprudence dont nous devons
La sélection de deux artistes néer-          bilité de l’artiste « wallon » est          tenir compte.                                Pascale Viscardy: Le jury a été établi et proposé à la Ministre par
landophones Harald Thys et Jos De            d’autant plus difficile à comprendre        Enfin, concernant la nature même de la       l’Administration et validé par le cabinet. Compétence et expertise en matière d’art
Gruyter est en soi une bonne chose,          que les signataires de la carte blanche     procédure qui favoriserait les artistes      contemporain, connaissance de la scène artistique nationale et expérience à l’in-
elle démontre la volonté d’ouverture         de la Libre Belgique ont précisément        « entrepreneurs coutumiers de la réali-      ternational ont guidé nos choix. Il a été en outre composé avec le souci de la
de la FWB mais elle fait in di rec -         pour mission de valoriser les artistes      sation de dossiers », il s’agit d’un faux    variété des profils incluant la parité et différentes générations.
tement penser que l’artiste franco-          de la Communauté française en               procès dans la mesure où le cahier de         Nous avons également eu à cœur de faire en sorte que les responsables de musées
phone n’existe pas ou n’est pas              Belgique comme à l’étranger. De nom-        charges était pédagogique et abor-           et structures subventionnés par la FWB qui ont la dimension internationale puis-
crédible au niveau d’une représenta-         breuses institutions (situées en            dable, accompagné d’un résumé expo-          sent être en capacité de postuler ce qui n’a pas manqué dans le chef notamment de
tion internationale. Dans ce cas de          Wallonie) disposent de subventions          sant clairement le cadre, les critères, la   Denis Gielen (Mac’s/HORNU), Laurent Jacob (Espace 251 Nord/LIEGE) et
figure, comment redorer l’image de           pour accomplir cet objectif. Il ne faut     composition du jury etc. Ce résumé           Pierre-Olivier Rollin (BPS 22/CHARLEROI).
l’artiste francophone ?                      pas tout réduire à Venise.                  avait été diffusé simultanément au
                                                                                         cahier de charges. Par ailleurs, l’admi-     Par ailleurs, je rappelle que les membres du jury sont connus depuis le lancement
Vous l’aurez compris à la teneur de la       La solution ? Le modèle français ne         nistration se tenait à la disposition de     du marché public et, jusqu’aujourd’hui, personne n’a eu à s’en plaindre.
réponse formulée à la question précé-        pourrait-il pas être pris en exemple ?      tout soumissionnaire potentiel pour ré-      Tout au contraire, on se réjouissait de la haute qualité de celui-ci.
dente, le duo doit être considéré (en        Un comité de spécialistes désigne un        pondre aux questions.                        Je peux, en outre, témoigner que le jury n’a eu, en toute impartialité, qu’un seul
fonction de critères objectifs et non        artiste qui désigne lui-même son                                                         objectif : déterminer le meilleur projet pour le pavillon belge à Venise dans le
discriminants) comme faisant partie de       commissaire ? Ne faudrait-il pas            Le ministre flamand de la Culture            cadre circonscrit par le marché public.
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