DES ARBRES ET DES ARBUSTES POUR LA LORRAINE - Un investissement gagnant - Parc naturel régional des ...
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Sommaire I 1 Sommaire DES PAYSAGES ARBORÉS CONTRASTÉS, EN PERPÉTUELLE Directeur de la rédaction ÉVOLUTION 2 Thibaut Villemin LES RAISONS D’UN RETOUR DE L’ARBRE Comité de rédaction 8 Les arbres et les haies modèlent le paysage Fabien Liagre, Xavier Rochel, PnrL : Anne Philipczyk, Anne9 Vivier. Les arbres et les haies sont une source de biodiversité 10 Les arbres purifient l’eau Crédits photographiques 12 Fabien Liagre, Xavier Rochel, Conseil Général des Vosges, CAUE de la Meuse, François Les arbres et les haies sont des éléments essentiels pour une agriculture durable 13 Schwaab, Martine Bouchot, Vincent Asselot, Michel Jay, Michel Jacquemin, Raymond Les arbres et les haies protègent des effets climatiques 17 Sauvaire, Sébastien Pousse, Laurent Nevoux, Jean-Pierre Sarthou, Gaël Freyssinel, Et s’il devenait rentable de planter et de gérer ses arbres et ses haies ? 18 Olivier Hébrard, PnrL (Laurent Godé, Anne Philipczyk, Martin Kopf, Marine Verrier, Aurélie Toussaint, Pierre Guéniot,...). LES BOISEMENTS CHAMPÊTRES DE LA LORRAINE 22 Les haies Illustrations 23 La ripisylve Nicolas Girardin, Pierre Kieffer 24 Les bosquets Conception graphique 25 Les arbres isolés et remarquables Agence alligator design, juin 2012 25 L’arbre de façade 26 Les arbres têtards Impression 27 Imprimerie L’Huillier, juin 2012 Les alignements d’arbres 28 Les vergers familiaux et prés-vergers Remerciements 29 Agroforesterie ou comment reintroduire l’arbre Le Parcennaturel milieu régional cultivé oudepâturé Lorraine remercie toutes les31personnes qui ont apporté leur concours à la réalisation de cet ouvrage et en particulier : Xavier Rochel, Chantal Pradines, PLANTER, GÉRER : UN PROJET D’AVENIR Sébastien Pousse, Bertrand Cailly, Stéphanie Gysin, Martine 32 Bouchot, les Parcs naturels Definir son projet régionaux des Vosges du Nord et des Ballons des Vosges, la Communauté de Communes du 33 Un projet de territoire Chardon Lorrain ainsi que les membres du comité de pilotage 35 qui ont été à l’origine de cette initiative. Préparer son projet de plantation 37 Entretenir les arbres et les haies pour les préserver N° ISBN : 978-2-910317-07-2 40 Le plan de gestion 42 Où chercher l’information ? 43 Bibliographie 44
Des paysages arborés contrastés, en perpétuelle évolution I 3 Quoi de neuf sous les houppiers ? En 1976, l’Inra avait édité deux volumes mais aussi des auxiliaires des cultures, à de synthèse sur les avancées de la re- la protection des eaux, à la séquestration cherche autour du bocage. On pouvait du carbone et à l’atténuation des effets y voir les premières publications sur les du changement climatique… autant de rôles et surtout les risques liés à la dispa- services rendus pour la population qui rition des arbres. n’ont plus de prix aujourd’hui. En 1976, la France comptait 53 mil- Si cette réalité est devenue tangible d’un lions d’habitants. Elle en compte plus de point de vue économique, il ne faudrait 65 millions aujourd’hui. Dans le même pas non plus résumer l’intérêt de l’ar- temps, le linéaire de haies a été divisé bre champêtre à des enjeux financiers. par 2, en passant d’environ 1,2 million Planter un arbre est un acte qui nous de km à 600 000 km aujourd’hui. Si le projette dans l’avenir, c’est une prise de pétrole bon marché a été une des prin- conscience de la valeur de notre terre, et cipales causes de la disparition de l’ar- du patrimoine que nous allons léguer à bre champêtre, sa raréfaction relance nos enfants, un paysage différent dont il aujourd’hui la question de son retour est impossible d’estimer la valeur mar- dans le paysage rural hors forêt. Source chande. Imaginer un projet de plantation d’énergie redevenue aujourd’hui ren- doit être un plaisir avant tout. table mais également source de maté- riaux renouvelables indispensables pour C’est l’occasion d’étudier notre envi- Des paysages remplacer les produits synthétiques ou ronnement proche, de contribuer à son approvisionner les besoins de la chimie enrichissement, que ce soit depuis notre verte, l’arbre retrouve des couleurs. façade ou notre jardin de maison jusqu’à la plantation en plein champ. Diversité, arborés contrastés, Mais sa disparition progressive a égale- couleur, forme,… c’est aussi donner un ment mis en relief les rôles essentiels sens particulier à notre vision du pay- qu’il joue dans l’environnement et l’agri- sage dans lequel nous vivons. Puisse culture. Elle a créé des manques qui peu ce document de synthèse, réalisé par en perpétuelle évolution à peu ont représenté un coût bien réel le Parc naturel régional de Lorraine en pour les collectivités mais aussi pour les partenariat avec les acteurs du territoire agriculteurs. Contributions à la protection lorrain, inspirer votre projet et donner les des sols, au maintien de la faune sauvage clés nécessaires à sa bonne réalisation.
Des paysages arborés contrastés, en perpétuelle évolution I 4 Des paysages arborés contrastés, en perpétuelle évolution I 5 chênes, hêtres, érables, aulnes, saules, L’arbre et la haie sur les cartes Cependant les haies apparaissent On notera que les ripisylves* sont ra- viornes, cornouillers, noisetiers, pom- et plans du XVIIIe siècle parfois : rement représentées le long des cours miers, mirabelliers,… • autour d’un quartier de cultures (par- d’eau soit parce qu’elles n’existaient pas, Leur interprétation n’est pas toujours celles formant un ensemble parfois dé- soit parce que les cartographes ne pre- Associées étroitement à la diversité aisée : il faut dissocier ce qui relève d’une limité par des chemins). On peut alors naient pas le soin de les indiquer. géologique et pédologique, elles sont représentation d’éléments paysagers les interpréter comme un vestige d’un de véritables marqueurs des territoires de ce qui relève plutôt de conventions assolement réglé par quartier avant la lorrains, plateaux calcaires, plaines ar- cartographiques ou esthétiques. Néan- Paysage aux abords de Haut-Clocher généralisation de l’assolement triennal, (57) en 1728 et le même paysage gileuses, alluviales ou gréseuses, côtes, moins, leur étude peut amener quelques • sur de courtes distances, en bordure aujourd’hui. Si les prés vergers ont vallées encaissées ou larges… éléments clés sur l’importance des ar- des jardins clos à l’arrière des maisons, régressé, on peut encore les voir bres et des haies dans les villages et les appelés aussi les meix. Elles contribuent nettement dans le paysage autour du La Lorraine offre une grande diversité tous les trois ans, il était interdit de clôtu- village. Les parcelles ont été remem- champs aux XVIIIe et XIXe siècles. alors à renforcer la ceinture végétale de paysages remarquables : montagnes rer les parcelles. brées peu à peu mais l’openfield reste vosgiennes, plaines humides parsemées autour des villages, la dominante depuis trois siècles. Les Ainsi, alors que dans les régions bocagè- Il n’y a pas de système de haie organisé d’étangs, succession de côtes qui ryth- • en limite, entre champs et prés pour prairies qui bordaient la rivière ont res, les haies qui clôturent les champs et comme dans le bocage. La clôture des ment le plateau lorrain, lui-même décou- séparer les pâturages des terres labou- également été partiellement rempla- les prés forment un maillage dense et ré- parcelles par la haie semble à peu près cées par des grandes cultures. Notez pé par les grandes vallées alluviales qui rées ou autour de cultures fragiles pour gulier, en Lorraine, leur réseau est lâche inexistante dans les terres cultivées. la présence au sud de la photo de la les protéger, sillonnent la région du Nord au Sud… Les et n’arrête pas le regard. ripisylve aujourd’hui mais absente • en limite d’un canton, d’un finage, dans le dessin de 1728. Oubli, esthé- paysages agricoles sont très attrayants. d’une prairie de condition privilégiée, tisme ou réalité ? Les forêts, les cultures, les prairies et les Les arbres et les haies à proximité des d’un domaine isolé, d’un ban de vaine villages compacts s’imbriquent les uns villages, en fond de vallons, le long des pâture,… Ces haies pouvaient être alors dans les autres et dessinent ces paysa- cours d’eau, des chemins, des routes… inscrites dans des documents judiciaires, ges de champs ouverts, « l’openfield », si sont néanmoins très déterminants dans comme « confins immuables », en dépit Source : Archives départemen- copyright www.geoportail.fr caractéristiques de l’Est de la France. les paysages lorrains. tales de la Meurthe-et-Moselle, © 2011 - ign de leur fragilité. cliché Xavier Rochel La présence des arbres et des haies est Les boisements champêtres participent intimement liée à l’histoire des paysages à l’identité régionale en dessinant une ruraux. En Lorraine, ils ont été façonnés trame végétale où localement s’entre- Sur ce plan de la fin du XVIIe siècle indiquant la limite entre les bans de Xirxange et Moussey (57), une ligne de saules par les pratiques agraires de l’assole- mêlent, selon une densité variable, di- conduits en têtards borde la rivière. Aucune haie ni ripisylve ment triennal* et de la vaine pâture*, verses formes arborées (haies, bosquets, sur ce plan, mais ce bel alignement de saules témoignant de dès le XIIIe siècle et ce jusqu’à la fin du arbres isolés, vergers, alignements de l’ancienneté de cette pratique en Lorraine et sans doute de XIXe siècle. fruitiers,…). son importance économique relative pour les agriculteurs. On représente souvent les éléments remarquables, faciles à déce- ler dans le paysage, ou les éléments représentant un capital Pour permettre au bétail de pâturer les Ces formations végétales sont com- important pour les villageois à l’époque. chaumes des terres laissées au repos posées de très nombreuses espèces : Sources : Archives Départementales de la Meurthe-et-Mo- selle, clichés Xavier Rochel *Assolement triennal : l’assolement est la division des terres en parties distinctes, appelées soles, consacrées chacune à une culture donnée et faisant l’objet d’une rotation tous les 3 ans. *La vaine pâture : droit d’usage qui permet de faire paître gratuitement son bétail en dehors de ses terres, dans les bords des chemins, les friches, les terres nues de leurs cultures, les bois de haute futaie, les taillis de plus de 4 ou 5 ans. *Ripisylve : végétation arbustive et arborée installée sur les berges d’un cours d’eau.
Des paysages arborés contrastés, en perpétuelle évolution I 6 Des paysages arborés contrastés, en perpétuelle évolution I 7 Après une forte période d’arrachage de Cela pose la question de l’importance fertiliser les sols, pour lutter contre les Les allées d’arbres haies, on constate depuis 1990 un ra- que l’on accorde à l’arbre dans le paysa- ravageurs des cultures…, Deux rangées d’arbres bien ordonnés lentissement de cette pratique qui est ge rural lorrain. Si dans l’openfield, le ré- • alors que les espaces artificialisés aug- autour d’une voie - chemin, rue, route,… : dû aux différentes politiques publiques seau des haies et des arbres reste relati- mentent sous la pression de l’urbanisa- voilà une allée. Ce terme, que l’on préfè- mises en œuvre pour soutenir financiè- tion et de l’aménagement du territoire, vement peu dense, cela suffit-il pour dire rera aux périphrases habituelles, exprime rement la plantation et l’entretien des que l’arbre champêtre n’est pas néces- d’imaginer et créer un paysage adapté la parenté historique entre les planta- haies. Cependant, ce soutien aux haies saire ou utile ? Bien qu’un grand nombre tions des jardins à la française et celles ne s’applique pas toujours aux arbres aux nouveaux enjeux de l’agriculture et de haies en Lorraine soient spontanées, du monde rural, en tirant profit des expé- des routes de campagne, des avenues ou épars, aux fruitiers de haute-tige et aux les éléments de l’étude historique nous riences passées, des boulevards. Il reflète également le bosquets dont les surfaces continuent de reculer. montrent que leur présence dans le pay- rôle fondamental et le rayonnement de la sage agricole et leur maintien n’est pas de réfléchir à la place de l’arbre dans le France en la matière : c’est le terme allée La reconnaissance des différents pro- le fruit du hasard. cadre d’un développement du territoire - ou un terme apparenté - qu’emploient duits et services que procurent les haies, de qualité et d’une agriculture moderne, de manière analogue de nombreux pays alignements d’arbres et arbres épars est Ne serait-il pas judicieux aujourd’hui, rentable pour les agriculteurs et pour la européens aujourd’hui encore. Loin d’être Les alignements d’arbres le long des rou- bénéficient de la propriété et des profits Aux XXe et XXIe siècles certainement une condition nécessaire • alors que les agriculteurs supportent société ? un patrimoine du passé, les allées ont tes constituent en Lorraine un patrimoine du bois. Elles pouvaient également faire pâturer les bêtes sur les emprises utili- La modification des pratiques agrico- pour redonner à ces éléments boisés la des coûts économiques importants pour une place de choix à jouer en matière historique. En effet, ce sont les ducs de place qu’ils méritent. sées pour l’alignement des arbres. Dans les et le remembrement des terres, le de culture, de paysage, de tourisme et Lorraine, Léopold Ier (1690-1729) et Fran- le royaume de France les plantations se développement des infrastructures et d’environnement, comme le montre le çois III (1729-1737), qui se préoccupent rapport « Infrastructures routières : les poursuivent jusqu’en 1789, en bordure des zones artificialisées, conduisent à de l’état des routes et chemins dans leur l’abandon progressif des haies, vergers, allées d’arbres dans le paysage », pu- des routes pour alimenter en bois l’armée duché. Ils seront les précurseurs d’une alignements. Globalement, les arbres et blié par le Conseil de l’Europe dans et affirmer son pouvoir central. Au XIXe politique de construction des routes qui les haies représentent aujourd’hui moins le cadre des travaux d’accompagne- siècle, l’effort de plantation s’étend aux continuera sous le règne de Stanislas canaux et aux cimetières. A cette pério- de 2 % de la surface agricole. Comme ment de la Convention Européenne (1737-1766). Celui-ci ordonne que tou- de, les alignements sont entièrement créés dans la plupart des pays européens, le du Paysage, à partir des expérien- tes les routes soient plantées d’arbres. et gérés par l’administration des Ponts et maillage des haies en France, très lié à ces des différents pays. Les communes assurent leur plantation Chaussées et rapportent de l’argent à l’Etat l’élevage et à la propriété rurale, a été di- et leur entretien. En contrepartie, elles en période de pénurie de bois. visé par 4 depuis les années 1950.
Les raisons pour un retour de l’arbre I 9 Les arbres et les haies modèlent le paysage Les arbres, les haies, les bosquets fauché), constitue une particularité Les plantations amèneront de la fraî- rythment le paysage, guident le regard, des paysages lorrains. cheur et une ambiance apaisante le donnent de la profondeur aux perspec- long des chemins qui ceinturent les vil- tives, soulignent les courbes du relief, Il en est de même pour les arbres lages. En renforçant ou recréant cet écrin introduisent de la verticalité dans les plai- d’alignement. Fortement liés à l’histoire végétal, elles assurent des transitions nes… Sur les vastes plateaux agricoles de la région, ils sont les repères indis- douces entre les espaces bâtis et le pay- ou dans les espaces urbains fortement pensables des espaces agricoles très sage agricole. minéralisés, ils rompent la monotonie ouverts. Entre leurs troncs, qui forment et donnent au territoire un caractère de véritables colonnades, ils encadrent Plus qu’un simple ornement, les arbres vivant par la variété de couleurs, formes, les vues sur les paysages traversés. Leur ou les arbustes structurent les espaces, feuilles, fleurs et fruits qu’ils offrent. voûte, sous laquelle l’ambiance lumi- les mettent en valeur ou les cachent, les neuse change au rythme des heures et caractérisent et favorisent la biodiversité Les arbres et les haies permettent de se des saisons, crée un espace intime. dans les milieux urbains. Les jardins, les repérer, parfois de nommer les lieux et places publiques, les monuments, le les éléments du paysage. Plus imper- p e t i t patrimoine bâti, les bâtiments ceptiblement, ils nous renseignent sur publics, les parkings, la leur histoire. voirie, les terrains de sport, les zones artisa- Certaines structures ar- nales, les lotissements… borées revêtent un ca- peuvent être arborés. ractère identitaire. Ainsi, le pré planté d’arbres fruitiers de haute-tige, les raisons appelé aussi pré- verger (pâturé ou pour un retour De l’arbre Fruits de viorne obier
Les raisons pour un retour de l’arbre I 10 Les raisons pour un retour de l’arbre I 11 Les arbres et les haies Le geai des chênes, la mésange à longue queue, les La baisse de sont une source de biodiversité Lorsque les haies et bosquets ne sont carabes forestiers par exemple utilisent la haie comme plus en nombre suffisant, les animaux couloir de déplacement. Entre une mare, une forêt et une la diversité des espèces circulent plus difficilement. prairie, les animaux circulent plus aisément s’ils peuvent profiter de l’abri et de la protection qu’offrent les arbres et ornithologiques La haie est constituée de plusieurs strates En vieillissant, il devient creux en son Davantage exposés à la prédation en milieu ouvert, ils se risquent moins à traverser de vas- les arbustes. Ce sont aussi des repères utiles pour qu’ils n’est pas inéluctable s’orientent. Les chauves-souris suivent les lisières de floristiques * qui sont autant de milieux centre alors que la périphérie continue tes étendues. La faune a alors moins de facilité à bois, les alignements d’arbres ou les haies quand elles Comme partout en France, avec l’appau- de vie pour une faune diversifiée. Pour à se développer. Il s’y forme un terreau se nourrir et se reproduire. Trop isolées, certaines chassent. vrissement des paysages (l’urbanisation les plus riches, 1 200 espèces animales favorable à une flore dite épiphyte *. populations comme par exemple le lièvre, la des campagnes et des ceintures de ville, (insectes, oiseaux, reptiles, batraciens, Les oiseaux cavernicoles tel le rouge- rainette verte… sont menacées de disparition. monotonie des paysages agricoles), plu- rongeurs, autres mammifères…) ont été queue à front blanc s’installent dans les sieurs espèces sont aujourd’hui menacées recensées dans ces milieux. La haie cavités pour y nicher. Les troncs évidés Préserver les variétés fruitières ou certaines espèces en Lorraine. Replanter des haies, créer des diversifiée, à la fois touffue et ensoleillée, constituent souvent le refuge hivernal de ligneuses dans les champs ou les jardins, c’est aussi arbres têtards ou maintenir des arbres frui- offre une source de nourriture tout au petits mammifères comme les chauves- contribuer au maintien de la biodiversité par la sauve- tiers contribuent à offrir gite, lieu de repro- long de l’année à de nombreuses espè- souris, le lérot et les hérissons. Les insectes garde d’un patrimoine génétique diversifié. Les nom- duction et nourriture pour les oiseaux. Par- ces qui s’y installent et s’y reproduisent xylophages comme le petit capricorne breuses variétés anciennes de fruitiers, adaptées à leur comme le rouge-gorge, le pinson des ar- mi les espèces en danger, on peut citer la se nourrissent du bois vieillissant. milieu, permettent d’avoir un étalement de la maturité bres… Les grives consomment les baies pie-grièche grise, la pie-grièche écorcheur, des floraisons ou des fructifications garantissant les récol- variées, le merle apprécie les nombreux Les haies, rypisilves, alignements le moineau friquet, ou encore le tarier des tes en cas d’aléas climatiques ainsi que la diversité de saveurs et vers et insectes. d’arbres et bosquets ont une fonction prés. Pourtant, certaines espèces comme d’utilisation des fruits. En outre, plus les variétés sont nombreuses, essentielle de corridors écologiques*. En la chouette chevêche sont d’efficaces Le bois mort des taillis et des haies plus les capacités d’adaptation des espèces aux changements reliant les différents réservoirs de biodi- auxiliaires pour l’agriculteur car cette der- vieillissantes est favorable à de nom- climatiques et de résistance aux maladies sont importantes. versité*, ils créent un réseau favorable nière se nourrit de campagnols, véritables breux coléoptères dont certains sont aux déplacements des animaux et à la fléaux en agriculture. pourvus de grandes pattes et de dispersion des végétaux. Les boisements puissantes mandibules, comme par champêtres font partie intégrante de la exemple les capricornes. Trame Verte et Bleue * du territoire. Les arbres isolés sont également de Les haies jouent un rôle de liaison par- Ebring (57) vue du ciel. véritables tours de Babel écologiques. ticulièrement important entre des îlots On comprend l’importance des alignements boisés des bords Écorces, branches, cavités, feuilles… forestiers et les différents milieux naturels. de routes et surtout des haies (à droite) pour assurer une offrent le gîte, le couvert et le perchoir à bonne connexion biologique entre les massifs forestiers au de nombreux oiseaux, chauves-souris et Avec les jardins, elles servent également nord et au sud de la commune… Les alignements d’arbres autres petits mammifères… des relais pour la faune et la flore entre facilitent le franchissement des voies de circulation par les les espaces urbains et agricoles. Champignons et moisissures qui se développent sur les arbres et les arbustes font partie oiseaux. Les saules têtards et les vieux fruitiers L’arbre, de la biodiversité. accueillent souvent la chouette chevê- Dans les espaces bâtis, les arbres et les une tour de Babel écologique. che dans leurs cavités. L’arbre têtard * haies sont déterminants pour favoriser et * Écosystème : ensemble formé par une association ou communauté d’êtres vivants qui développent un réseau d’échanges entre les individus qui la composent et leur milieu est un écosystème * à lui tout seul. maintenir la biodiversité. (géologie, pédologie, climat,…). Pie-grièche écorcheur *Epiphyte : se dit des plantes qui poussent en se servant d’autres plantes comme support. * Strate floristique : étage de végétation : strate herbacée, strate arbustive, strate arborée. * Corridors écologiques : voies de déplacement empruntées par la faune et la flore qui relient les réservoirs de biodiversité. * Arbre têtard : arbre auquel on a coupé le tronc ou les branches maîtresses, à une hauteur plus ou moins * Réservoirs de biodiversité : zones vitales, riches en biodiversité où les espèces peuvent réaliser l’ensemble de leur cycle de vie (reproduction, alimentation, abri,…). élevée pour provoquer le développement de rejets (repousses végétales) périodiquement coupés aux mêmes points de coupe. * Trame Verte et Bleue : elle est constituée de l’ensemble des continuités écologiques des différents milieux naturels (milieux forestiers, prairiaux, aquatiques et humides,…).
Les raisons pour un retour de l’arbre I 12 Les raisons pour un retour de l’arbre I 13 Les arbres et les haies sont des éléments Les arbres purifient l’eau essentiels pour une agriculture durable La haie constitue un obstacle physique Les arbres et les arbustes limitent la Un capital sol protégé à l’écoulement superficiel des eaux (le diffusion des éléments chimiques comme le phosphore ou le phosphate 20 % des sols en France sont touchés ruissellement). Par contre, les racines utilisés en agriculture et transportés par l’érosion, qui provoque ravinements, des végétaux qui la composent favori- L’arbre est le seul être végétal capable de « digérer » la roche mère, à de grandes profondeurs. coulées de boues et glissements de par les particules de terre. Par leur sent leur infiltration. Il va ainsi faire remonter à la surface des oligo-éléments souvent essentiels pour la vie des terrains. Ces effets sont coûteux pour système racinaire, ils recyclent une plantes. En amont de la haie, le talus va retenir les éléments organiques pouvant être empor- Pour limiter les problèmes d’érosion, on placera des haies partie des éléments minéraux lessivés tés par les eaux (1). La profondeur de sol à l’amont peut être supérieure de plusieurs dizaines l’agriculteur comme pour la collectivité. perpendiculairement au sens de la pente. En bas de pente, on Une parcelle d’un hectare possédant ou ruisselés tel que l’azote. de centimètres à celle de l’aval (2). L’enracinement des arbres facilite l’infiltration de l’eau et le Les parcelles agricoles cultivées perdent essaie de bloquer les ruissellements pour forcer l’eau à s’infiltrer 50 m de haies perpendiculaires à la pen- stockage de carbone en profondeur grâce à la décomposition des racines fines annuelles (3). plus de sol que la nature n’en forme. En et à maintenir les éléments fins du sol transportés par l’eau. te peut stocker entre 150 et 375 m3 d’eau Disposés sur l’ensemble de la par- Cet effet racinaire stimule la vie biologique des sols (champignons, bactéries et pédofaune) ce sol cultivé, avec la pente, la vitesse de celle, les arbres sont également de qui améliore la structure des sols aux abords de la haie. durant les périodes pluvieuses. L’eau l’écoulement de l’eau peut doubler et la ainsi interceptée permet la régulation du véritables « filtres à nitrates ». Les quantité totale de matière transportée plantations d’arbres associées aux croît dans un rapport de 1 à 64. débit des cours d’eau et la réduction des « Grâce » à la concurrence des cultu- cultures pratiquées en agroforesterie * risques d’inondations en aval des riviè- moderne évitent souvent que toute res, céréales ou prairies, les arbres de Pour limiter le phénomène, c’est l’en- plein champ sont obligés de s’enraci- semble de la gestion de la parcelle qu’il res. L’eau s’infiltre lentement et alimente pollution azotée se diffuse dans la ner en profondeur. Dans une parcelle les nappes souterraines. Cela permet de nappe. Associés à une gestion des faut revoir (travail simplifié du sol, non d’agroforesterie, avec une cinquan- soutenir le débit d’étiage * d’une rivière apports d’engrais et à un travail du taine d’arbres à l’hectare, il se forme labour, enherbement et maintien des ils limitent la formation de congères *. les essences et de privilégier les espèces sol adapté, les arbres deviennent des en quelques années un filet racinaire haies, des bosquets, des vergers sur les ou d’une source captée pour l’alimenta- à feuillage caduc afin de conserver une outils performants pour protéger les sous la zone racinaire de la culture. pentes). Par leur enracinement dense et Une haie brise-vent est constituée en tion en eau potable. De plus, une partie Ce filet est extrêmement efficace pour certaine perméabilité à la haie. Une haie eaux superficielles et souterraines. leur implantation, les arbres et les haies général de 3 strates : une strate herba- de l’eau stockée dans le sol reste dispo- le filtrage des nitrates et le recyclage bien fournie et continue, offre une pro- des éléments minéraux qui sont mis contribuent à la fixation du sol en surface cée, une strate arbustive et une strate nible pour les plantes, notamment en et en profondeur. Pour plus d’efficacité, arborescente. Sa largeur varie entre tection sur une surface dont la profon- à disposition de la culture… période sèche… les projets de plantations ou les actions 6 à 8 m. Il est préférable de diversifier deur représente 15 à 20 fois sa hauteur et de préservation et de gestion des struc- diminue de 20 à 30 % la vitesse du vent. tures arborées doivent se faire à l’échelle Si la baisse de rendement est notable au d’un bassin versant. pied des arbres, ou des haies, on consta- te une hausse de rendement grâce à Une protection climatique cette protection, 100 m à l’intérieur de la des animaux et des cultures parcelle, après la haie. Les phénomènes Les haies et les bosquets protègent de verse* sur les céréales et de lacéra- les cultures, les animaux et les bâtiments La température peut s’élever de 5°C derrière tion des feuilles sont atténués et l’évapo- du vent, de la pluie et du soleil. En la haie en cas de vent froid hivernal. Le froid transpiration de la culture peut diminuer hiver, bien orientés par rapport au vent, « ressenti » est nettement plus faible. de 20 à 30 % lors des fortes chaleurs. Les éléments polluants sont emportés * Débit d’étiage : débit moyen le plus bas d’un cours d’eau. par les eaux de ruissellement... * Congère : amas de neige résultant de l’action du vent. * Agroforesterie : mode d’exploitation des terres agricoles associant des plantations d’arbres à * Verse des céréales : accident de végétation, dû à des intempéries (forte pluie, vent, etc.), à des attaques parasitaires ou à des accidents physiologiques, (excès d’azote provoquant une croissance exagérée des tiges) touchant certaines des cultures ou des pâturages. cultures qui se trouvent couchées au sol, entraînant le plus souvent une baisse importante du rendement, voire la perte de la récolte.
Les raisons pour un retour de l’arbre I 14 Les raisons pour un retour de l’arbre I 15 Lézard des souches À l’école Les haies de cyprès (schéma 1) sont moins efficaces que les haies de • Les détritivores et les organismes « ingénieurs » du sol comme le lombric, d’essences mellifères* (robinier, pom- mier sauvage, tilleul à petites feuilles, de la patience Favoriser les « auxiliaires »* feuillus (schéma 2 et photo). Une haie de feuillus qui conserve une certaine perméabilité filtre davantage le vent et empêche les tour- participent quant à eux à la dégradation troène, aubépine, cassis, cornouiller,…) Restaurer un milieu biologique prend L’amélioration de la productivité agricole billons qui se forment quand la haie est trop imperméable comme celle de la matière organique, au recyclage est intéressante pour la production api- cependant du temps. Dès les premières est souvent passée par l’agrandissement de cyprès, d’épicéas ou de thuyas… des nutriments et à la structuration du cole mais aussi l’arboriculture, le maraî- années après la plantation des arbres, les des parcelles et la diminution de la diver- sol. Les litières aériennes (couches de chage et l’ensemble des productions qui premiers changements sont visibles. Mais sité des cultures produites. La raréfaction feuilles mortes) et racinaires (décom- ont besoin d’une pollinisation naturelle il faut attendre plusieurs années avant d’at- des habitats et la baisse des ressources position de la matière organique dans assistée (colza, tournesol,...). teindre un milieu stable et fonctionnel. Les alimentaires naturelles pour la faune le sol) des arbres apportent nourriture Les haies constituent une source d’ali- premières années, la réintroduction d’arbres sauvage qui en résultent ont conduit à et énergie à la flore bactérienne et aux mentation, essentielle à l’entrée mais ou de bandes enherbées peuvent même fa- une baisse importante de la biodiversité, champignons microscopiques qui vont aussi à la sortie de l’hiver, où les besoins voriser quelques temps certains ravageurs, entrainant du même coup une diminution se fixer à leur tour sur les racines des physiologiques des abeilles sont impor- avant que la nature ne reprenne le dessus. des services qu’elle rend à l’agriculteur. cultures et favoriser leur alimentation et tants. Une haie diversifiée présente un leur résistance naturelle. étalement des floraisons du mois de L’ombre des houppiers favorisera la présence Les haies, bosquets, lisières, lianes, ar- des reptiles, le feuillage abritera les hérissons et Attention aux fausses idées : un auxiliaire bustes et arbres offrent une multitude La haie joue également un rôle positif février à septembre. les araignées, les branches offriront des postes peut s’avérer être le prédateur d’un autre Schéma 1 dans la protection intégrée des vergers. d’habitats et de ressources. Ils profitent d’observation pour les oiseaux et rapaces qui auxiliaire. Ainsi, on oublie souvent que cer- aux auxiliaires qui interviendront plus En effet, un grand nombre de pollinisa- Les haies, comportant notamment des réguleront les campagnols… tains carabes sont des omnivores qui s’atta- efficacement en cas d’attaques de ra- teurs profitent des fleurs pour pondre arbres morts ou des arbres têtards, sont quent volontiers aux lombrics. L’objectif est vageurs*. Un milieu diversifié est plus leurs œufs dont les larves seront des des sites de nidification intéressants pour de parvenir à un équilibre naturel entre les stable, les populations présentes s’auto- prédateurs importants de pucerons ou les abeilles sauvages et solitaires ainsi différentes populations. régulent entre elles… Le risque de pullu- d’autres ravageurs des cultures. que pour les bourdons nichant dans le sol lation ou d’épidémie est diminué. Les haies mellifères au pied de la haie ou dans les rameaux creux. Ces milieux sont primordiaux dans Observer avant d’agir Une haie comportant une diversité les paysages d’openfield lorrains. Il est difficile de diriger la biodiversité… Il ne suffit pas de planter quelques arbres Schéma 2 pour installer un système efficace de pro- tection des cultures. Les pratiques agri- coles et l’aménagement à l’échelle du Mais la biodiversité* « utile », c’est aussi territoire sont également des facteurs le travail des pollinisateurs et de la faune clés. En limitant les perturbations par le Les coccinelles, gran- du sol : travail du sol, en préférant les essen- des dévoreuses de • Les insectes pollinisateurs (abeilles, pucerons, illustrent bien ces de provenance locale, en créant cette diversité de besoins, papillons, frelons, …) sont essentiels à des corridors biologiques, l’agricul- dans le temps et dans l’es- la reproduction de nombreuses plantes. teur favorise une diversité globale pace : au début du printemps, Plus de 80 % des espèces agricoles adaptée qui peut être utile aux cultu- Syrphe adulte Abeille Oeufs de syrphe sur un épis de blé. 50 % des coccinelles se trou- cultivées européennes ont besoin des vent dans les jachères florales et res. Observer et comprendre ce qui pollinisateurs pour leur reproduction. Les se passe aux alentours de la par- 50% sont dans les haies. En juin, * Auxiliaire : les organismes auxiliaires en protection des cultures détruisent les organismes nuisibles des cultures. la plupart des coccinelles migrent fleurs au pied des arbres ou sur les ar- celle, cela donne des idées pour Le carabe n’est pas le seul intéressé par bres sont des relais idéals pour attirer et * Ravageur : un insecte ravageur est un insecte nuisible pour les cultures agricoles, pour les arbres et la végétation en général. dans les jachères, d’où elles coloni- le choix des essences à introduire sent les cultures. En automne, elles re- les limaces. Par exemple, les faucheux, * Biodiversité : diversité des organismes vivants. maintenir les pollinisateurs, surtout si la en plein champ. tournent dans les milieux semi-naturels. hérissons, musaraignes, crapauds, couleuvres, lézards participent aussi au floraison intervient juste avant la florai- * Essence mellifère : plante qui produit du nectar et/ou du pollen récoltés par les abeilles qui les transforment en miel. Certaines plantes sont principalement nectarifères festin. son de la culture en place. (ex : robinier faux-acacia) ou pollinifères (ex :noisetier commun).
Les raisons pour un retour de l’arbre I 16 Les raisons pour un retour de l’arbre I 17 Les arbres et les haies protègent Période de floraison des principales essences mellifères Jan Fév Mar Avr Mai Juin Juil Aoû Sept Oct Nov Déc des effets climatiques Cornouiller mâle Saule Les derniers rapports d’expertise scien- Contrairement aux idées reçues, un arbre Noisetier tifique de l’Inra le confirment : la sta- se nourrit essentiellement de l’air et non Aulne Glutineux gnation des rendements des principales du sol ! Plus de 99 % de sa composi- Les alignements d’arbres et les parcs cultures en France et en Europe est due tion provient du carbone qu’il prélève de arborés régulent les effets climatiques (vent, Bouleau chaleur,...) dans les grandes agglomérations. Frêne Une larve de coccinelle à la poursuite de pucerons aux effets du changement climatique. La l’atmosphère… La quantité de gaz carbo- sur un bouton de fleur de rosier. hausse des températures printanières et nique absorbée lors de la photosynthèse Peuplier du stress hydrique à des moments clés par les arbres en pleine croissance est Poirier des cycles culturaux favorisent la bais- plus grande que la quantité libérée lors La question de la protection climatique Alisier blanc se des rendements. La réintroduction de leur respiration et de leur décomposi- se pose surtout pour les communes de Merisier d’arbres sous forme de haies brise-vent tion. Ainsi, les arbres et arbustes vigou- grande taille. Dans les aménagements Erable et de parcs arborés à faible densité dans reux, adaptés aux conditions pédoclima- urbains, on observe des concentrations les parcelles crée un microclimat qui atté- tiques séquestrent dans leurs tissus une de chaleur dues à l’imperméabilisation Bourdaine nue les effets du changement climatique quantité non négligeable de carbone. Il des sols, à l’utilisation de revêtements Chêne (sécheresse, vent, humidité excessive…). est stocké dans les troncs, branches et sombres, à la rareté de la végétation Pommier racines mais également dans la matière et au confinement de l’air lié aux habi- Alisier blanc organique du sol issue de la dégradation tations denses et de grande hauteur. Alisier Torminal des racines et de la litière de feuilles. Pour limiter ces effets, outre le choix des Cormier matériaux, il est possible de concevoir Dans les zones urbanisées ou d’activités, des aménagements à caractère natu- Framboisier mais aussi autour des villages, les arbres rel (bandes enherbées, parcs, arbres Sainfoin et les arbustes participent à l’épuration d’alignement, étangs et fontaines). Sureau de l’air. Ils contribuent à diminuer le Châtaignier taux de gaz carbonique, à neutraliser les autres polluants atmosphériques (ozone, Trèfle, luzerne souffre…), à filtrer les poussières et les Tilleul pollens, à rafraichir l’air ambiant. Dans Phacélie le cadre du changement climatique, ils Lierre sont donc une composante essentielle de la climatisation naturelle des lieux Haie avec un cerisier en fleur. d’habitation dans les villes et les villa- Reconnues pour leur grande qualité mellifère. ges. En interceptant les rayons solaires, ils permettent de réduire le rayonnement absorbé par les surfaces minérales. Ils offrent des lieux d’ombrage effica- ces, modifient l’écoulement de l’air et améliorent la qualité des eaux de ruissel- lement.
Les raisons pour un retour de l’arbre I 18 Les raisons pour un retour de l’arbre I 19 Et s’il devenait rentable de planter et de gérer ses arbres et ses haies ? La rentabilité du bois énergie 15 à 20 ans après la plantation des Recommandation pour Dans les années soixante-dix, le bois mais également de l’animation territo- La qualité paysagère : produire du bois énergie énergie n’a pas pu faire face au pétrole riale. Si des aides publiques sont possi- des retours positifs indirects haies, l’exploitation commence à bon marché. Les matériaux plastiques se bles pour l’investissement de départ, il devenir rentable. Un recépage au ras et préserver la biodiversité généralisant, le bois d’œuvre est presque est important de bien clarifier le projet Les arbres et les haies mettent en valeur des souches est réalisé tous les 5 à les paysages et les villages en les ren- L’exploitation pour le bois énergie par devenu un produit de luxe. Les arbres et sur le long terme. 10 ans. La coupe intervient lorsque le Aptitude de certaines essences recépage, n’est pas forcément mauvaise pour dant plus attractifs pour le tourisme vert les haies ont ainsi perdu de leur intérêt diamètre des tiges atteint 10 cm. pour la production de biomasse énergie la biodiversité… En effet, elle se fera tous les et le bien-être ambiant. parce qu’ils devenaient moins rentables. Pour du bois d’oeuvre 7 à 10 ans, ce qui permet de ne pas trauma- La productivité d’une haie est très Nom français Croissance Capacité à rejeter tiser chaque année, la faune abritée par la Aujourd’hui, la raréfaction du pétrole, La clef de la rentabilité du projet de plan- variable. Il faut compter 15 à 45 MAP Érable champêtre * ** haie comme on peut le voir dans les entretiens l’accroissement de la population, la tation avec un objectif de bois de qualité réside dans la régularité des soins don- (Mètre Cube Apparent*) de plaquet- Érable sycomore ** ** annuels au broyeur ou au lamier. Une fois la baisse des ressources minières ou le tes à la récolte pour 100 m de haies durcissement des normes environne- nés aux arbres, avec des interventions Érable plane ** ** haie recépée, on n’intervient plus jusqu’à la de taille et d’élagage chaque année sur des terrains appropriés. Selon prochaine coupe ce qui permet à la faune de mentales sont autant de facteurs qui Aulne glutineux *** ** pendant les 10 à 15 premières années l’isolation de l’habitation, 100 m peu- se réinstaller progressivement dans les re- changent la donne. Quand on plante Bouleau verruqueux *** ** suivant la plantation. vent donc suffire pour le chauffage pousses des arbres et arbustes. Par contre, un arbre, on se projette dans l’avenir. Charme * *** annuel d’une maison moyenne. Selon il faut éviter le recépage des haies sur un li- Et dans 30 ans, l’avenir joue plutôt en Châtaignier ** *** Pour le bois énergie le rythme d’intervention, il faut donc néaire trop important sur une seule année. faveur de l’arbre, véritable matériau et au minimum un kilomètre de haie Noisetier * *** Sachant que la durée de rotation prévue, source d’énergie renouvelable ! Un projet collectif augmentera la renta- pour envisager un projet autonome Frêne commun *** ** on planifie les coupes annuelles sur 2 ou bilité et les effets indirects positifs pour en énergie. En doublant ce linéaire, En Lorraine, la forêt a toujours été la la collectivité. Par exemple, un projet Peuplier *** ** 3 endroits différents de l’exploitation pour principale ressource en bois, l’une des l’exploitant conforte la rentabilité du Saules blanc, marsault, cassant *** ** éviter la disparition de 2 à 300 m de haie monté en Société Coopérative d’Intérêt plus importantes de France. Aujourd’hui, projet car, outre l’assurance de d’un seul tenant. 100 m maximum semble Collectif permettra d’associer agricul- Tilleul à petites feuilles ** ** une forte pression s’exerce sur elle pour l’approvisionnement, il peut envisager être un bon compromis. De plus, on peut teurs et collectivités pour partager les Tilleul à grandes feuilles ** ** fournir également du bois énergie, du investissements de départ (plateforme la revente du volume excédentaire. imaginer laisser des îlots de quelques bois d’industrie (panneaux, papier) et du de stockage, matériel de déchiquetage). Le coût d’exploitation varie entre 12 mètres entre les bandes recépées qui ne bois d’œuvre. et 16 € par m3 de plaquettes séchées, En mobilisant un volume de bois plus important, le projet peut alors permettre selon les conditions de chantier, soit Les essences adaptées seront que rarement exploités afin de ser- vir de refuge à la faune présente dans les En Lorraine, la ressource en arbres, hors l’approvisionnement suffisant pour les 50 % du prix de revente possible pour une production de bois énergie tronçons de haies à vocation énergétique. massifs forestiers, est-elle suffisante agriculteurs, les bâtiments publics mais dans des projets montés en Société Ces îlots peuvent servir de production pour lâcher la tension ? De nouvelles aussi les particuliers. Pour les agricul- Coopérative d’Intérêt Collectif. Ces essences sont particulièrement d’autant qu’elles ne favoriseront pas la de bois d’œuvre afin de rentabiliser leur plantations alliant production de bois teurs, il devient rentable de planter. Et adaptées car elles repartent facilement biodiversité et l’accueil des auxiliaires. Le Sources : Rapport final du projet CAS DAR Agro- entretien. Ils contribuent également à d’œuvre ou d‘énergie et biodiversité ne pour la collectivité, ces aménagements foresterie 2009-11. Disponible sur le site www. de la souche après recépage. Il est tableau suivant présente des indications l’amélioration paysagère du site. pourraient-elles pas devenir un axe de supplémentaires offrent des avantages agroof.net. conseillé de diversifier les essences pour de vitesse de croissance mais celles-ci développement important ? multiples : paysage amélioré, chemins limiter les risques de non adaptation sont données pour des conditions de sols touristiques, protection de la qualité de d’une des essences choisies mais éga- adaptés au choix des essences. La coupe La rentabilité d’un projet de plantation l’eau, augmentation de la biodiversité, * MAP (Mètre Cube Apparent) : volume de lement pour limiter les risques sanitaires à ras, c’est-à-dire, pour la récolte du bois dépend de sa qualité et de son suivi, stockage de carbone… plaquettes après broyage (1m3 de plaquettes en cas de ravageurs ou de maladies. Les aura un bon rendement si elle est réali- séchées équivaut à 0,85 MAP). lignes monospécifiques sont à éviter, sée à rotation de 15 ans.
Les raisons pour un retour de l’arbre I 20 Les raisons pour un retour de l’arbre I 21 La haie truffière, un investissement sur le long terme ! La Lorraine possède des conditions éco- de noix, vin de prunellier, frênette et autres logiques favorables à deux truffes : Tuber préparations composent d’agréables apéri- mesentericum et Tuber uncinatum. Celles- tifs naturels et originaux. ci affectionnent les milieux ombragés pré Aux essences sauvages, il est possible forestiers et forestiers à dominante calcaire d’enrichir la haie de quelques pommiers, et les conditions pluviométriques de notre poirier, cognassiers, groseilliers, cassis- région. Se basant sur les observations des siers de diverses variétés anciennes ou conditions naturelles de développement de la truffe, des bandes boisées peuvent être méconnues. Champagne plantées. Elles sont composées des arbres Dans les petits jardins, les arbres fruitiers de fleurs de sureau truffiers (mycorhizés artificiellement) et des formés en espalier forment d’agréables Ingrédients : 12 ombelles de sureau, 650 g espèces compagnes (pommiers, merisiers, clôtures sans consommer trop d’espace. de sucre, 1 citron bio, 2 cuillères à soupe de alisiers, aubépines,…). Leur plantation est vinaigre de vin. structurée en trois lignes. Les essences truffières sont disposées au milieu de la Parcelle exploitée en agroforesterie Mettre les ombelles dans un grand bol avec Plantation de haies truffières (céréales et bois d’oeuvre). le zeste et le jus du citron, ajouter le sucre, haie. Les plantes compagnes installées en le vinaigre et couvrir avec 4 litres d’eau. Lais- périphérie permettront de créer un micro- ser infuser 24h. Filtrer et mettre en bouteille climat favorable à la production de truffes. à fermeture mécanique (les bouteilles avec capuchon à vis conviennent aussi très bien, La haie fruitière Et si vous plantiez des style bouteilles de jus ou d’alcool en verre). Outre l’intérêt qu’elles peuvent présenter truffiers dans vos haies ? Laisser reposer 15 jours, à boire très frais ! pour les oiseaux, les baies des Exemple d’un projet pas arbustes suscitent plaisir et comme les autres… gourmandise. En effet, à partir L’introduction de plants mycorhizés mycorhizés sont utilisées : noisetiers, des cormes, des cornouilles, des apporte une plus-value au projet de haie. chênes pubescents, tilleuls et charmes. cynorrhodons, des nèfles, ou des Sur les photos, le projet de haie répond Fruits du sureau Fleurs de tilleul On y associe des essences champêtres petites pommes sauvages, il est possible à plusieurs objectifs : protection contre d’intérêt faunistique adaptées au sol et de confectionner de délicieuses le vent, créer des espaces de faune sau- au climat (par ex : groseillier des Alpes, confitures ou pâtes de fruits. Les vage, favoriser les auxiliaires des cultures genévrier commun, aubépine, cerisier de noisettes, les noix, les châtai- et… produire des truffes. En mélangeant les essences, on crée une haie truffière Sainte-Lucie, amélanchier, fusain, ner- gnes se dégustent en automne naturelle dans laquelle la biodiversité est prun, cornouiller mâle, viorne lantane, ou l’hiver au coin du feu. Sirop ou importante. Pour cela, la haie est plan- camérisier à balai, sureau,...). De part et champagne de fleurs de sureau, vin Remarquable bille de noyer dont la tée en double ligne à 5 m d’espacement d’autre de la haie, on laisse un espace de valeur dépasse les 2 000 € pièce. entre les lignes. Différentes essences 10 m pour la production truffière.
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