DIMANCHE FOCUS & CHALIWATÉ - REVUE DE PRESSE - Carré-Colonnes
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SOMMAIRE PRESSE AUDIOVISUELLE La 1ère, Le Mug : Interview de Focus & Chaliwaté - Elodie de Sélys et Xavier Vanbuggenhout - 13 novembre 2019 La 1ère, Journal parlé : Reportage - Africa Gordillo - 14 novembre 2019 La 1ère, Soir Première, Grand Angle : Chronique - Africa Gordillo - 14 novembre 2019 Musiq3, L’info culturelle de 7h30 : Interview de Focus & Chaliwaté - Christine Pinchart - 14 novembre 2019 La Une, Journal télévisé : Reportage - Africa Gordillo - 17 novembre 2019 Musiq3, L’info culturelle de 17h : Interview de Focus et Chaliwaté - François Caudron - 21 no- vembre 2019 PRESSE QUOTIDIENNE Mad : Avant-papier - Catherine Makereel - 6 novembre 2019 La Libre Belgique : Avant-papier - Laurence Bertels - 8 novembre 2019 La Libre Belgique : Critique - Laurence Bertels - 14 novembre 2019 La Meuse : Critique - 14 novembre 2019 Le Soir : Critique - Catherine Makereel - 15 novembre 2019 De Standaard : Critique - Filip Tielens - 22 novembre 2019 Mad : Les tops de la semaine - 27 novembre 2019 Arts Libre : Choix étoilés - 27 novembre 2019 Vers l’Avenir : Critique - Françoise Lison - 30 novembre 2019 PRESSE MAGAZINE Le Vif : Avant-papier (article thématique) - Estelle Spoto - 19 septembre 2019 Moustique : Annonce - Eric Russon - 28 novembre 2019 PRESSE INTERNET Le Soir + : Critique - Catherine Makereel - 13 novembre 2019 Focus Vif : Critique - Estelle Spoto - 14 novembre 2019 RTBF.be/culture : Chronique - Africa Gordillo - 14 novembre 2019 Le Rayon Vert : Critique - Sébastien Barbion - 21 novembre 2019 SisterArt : Critique - 23 novembre 2019 Karoo : Critique - Thibaut Mareschal - 25 novembre 2019 Demandez le programme : Critique - Laure Primerano - 28 novembre 2019 RTBF.be/culture : Critique - Christian Jade - 28 novembre 2019
C’est pas scènes tous les jours le spectacle Dimanche DE LA SEMAINE Après le succès de la petite forme, « Backup », à Edim- bourg, les compagnies Chali- waté et Focus créent la forme longue, « Dimanche ». Première en Belgique avant une tournée dans le monde entier. N otre maison brûle et nous regardons ailleurs », disait l’autre. Mais Di- manche, qui débute en fait mardi, nous n’allons pas zieuter ailleurs. Au contraire, le temps d’un spectacle, nous al- lons nous observer dans le miroir, scruter nos stratégies de déni au quotidien et jusqu’à l’absurde pour mener nos petites vies tran- quilles. « Ce spectacle parle de notre façon d’être au monde, résume la cocréatrice Julie Tenret. On vit dans une drôle d’époque : on a l’impression de vivre un cauchemar de fin du monde, on sait beaucoup de choses par in- ternet et on a conscience de l’urgence d’agir mais, en même temps, il y a un déni néces- saire pour pouvoir vivre avec. Il y a une peur générale mais une certaine impuissance aus- si. On ne sait pas quoi faire ! » Si le propos est politique, la forme ne fait pas du tout dans le manifeste moralisateur. Fusion de la compagnie Chaliwaté (à qui l’on doit des perles comme Jetlag ou Josephina) et de Julie Tenret (qui nous avait éblouis avec Silence), Dimanche opte pour une poé- « Dimanche » opte pour une poésie ultravisuelle, un théâtre gestuel burlesque pour dépeindre sie ultravisuelle, un théâtre gestuel bur- une humanité en total décalage avec son époque, saisie par le chaos des dérèglements clima- lesque et des marionnettes entre surréalisme tiques. © DR et onirisme pour dépeindre une humanité en total décalage avec son époque, saisie par le Et c’est avec ce soutien, ainsi que celui d’opé- pour tenter de préserver son quotidien. chaos des dérèglements climatiques. Un rateurs belges comme le Théâtre de Namur, « C’est écrit, mis en scène et joué par nous rythme à la Buster Keaton, un univers à la les Tanneurs à Bruxelles ou la Maison de la trois, mais il y a une solide équipe derrière Wes Anderson avec ses ludiques maquettes culture à Tournai que l’équipe – Julie Tenret, nous, à la vidéo, la scéno, la musique ou les miniatures et son humour loufoque : tout ce- Sicaire Durieux et Sandrine Heyraud – a pu marionnettes, précise Sandrine Heyraud. Ce la nous avait déjà conquis dans la petite se lancer dans la production d’une forme qui nous réunit, c’est la poésie et le côté arti- forme, Backup, présentée au festival XS en longue intitulée Dimanche, qui tournera de sanal. Les vidéos par exemple ne sont pas des 2018. Dans un blizzard à dévisser les pin- la Nouvelle-Zélande au Royaume-Uni en images de synthèse mais tout a été réalisé en gouins de la banquise, une petite fourgon- passant par Hong Kong. Mais, pour le mo- miniature. On a d’abord passé un long mo- nette emmenait trois reporters parcourir le ment, c’est en Belgique que se crée ce spec- ment à table pour écrire le scénario et puis, monde pour filmer des espèces en voie de tacle en deux parties. au contact, du plateau, on a beaucoup ré- disparition. Des objets détournés, une vidéo En parallèle de l’expédition polaire déjà écrit. On se filme, on visionne et on garde une soignée, un ours grandeur nature, des ice- évoquée se déclinera un autre volet, plus in- infime partie. Notre démarche est très ciné- bergs périlleux : sans un mot mais avec une time. « Il s’agira d’un huis clos, en famille, matographique. On conçoit un spectacle mise en scène précise, le spectacle nous fai- un dimanche », dévoile Sicaire Durieux. comme un film. » sant fondre comme une calotte glaciaire. Tandis qu’une maisonnée jouit d’une pause CATHERINE MAKEREEL dominicale, les éléments vont se déchaîner COMME UN FILM tout autour. Alors que les murs tremblent, ▶ Du 12 au 16/11 au Théâtre de Namur. Du 19 au 30/11 Acclamée ensuite au Fringe à Edimbourg, que le déluge s’annonce, que tout se trans- aux Tanneurs, Bruxelles. Les 3 et 4/12 à la Maison de la la petite forme a d’ailleurs attisé les appétits forme et s’effondre, on voit se déployer la culture de Tournai. Le 6/12 à la Maison de la culture de festivals en Australie ou aux Etats-Unis. surprenante inventivité de l’être humain Famenne-Ardenne, Marche. Mad Mercredi 6 novembre 2019 Page 31
Un “Dimanche” en famille… TRISTAN GALAND-ATELIER DESIGN Pendant que le monde brûle autour d’elle, une famille s’accroche à son quotidien. 42 La Libre Belgique - vendredi 8 novembre 2019
Scènes ■ La création belge “Back up” vient d’obtenir l’Award du théâtre total Infos pratiques au prestigieux festival d’Edimbourg. “Dimanche”, par les compagnies Focus et Chaliwaté. Écriture, mise en scène et interprétation : Julie Tenret, Sandrine Heyraud et Sicaire Durieux. ■ De bon augure pour sa version À Namur : Au Théâtre royal de Namur, du 12 au 16 novembre. longue, “Dimanche”, très attendue. Infos : 081.22.60.26 ou www.theatredenamur.be. À Bruxelles : Au Théâtre des Tanneurs, du 19 au ■ Le climat sous les feux de la rampe. 30 novembre. Infos : 02.512.17.84 ou www.lestanneurs.be Rencontre Laurence Bertels une histoire qui se raconte autour du changement. Qui sont-ils ? É videmment, partir jouer en Australie, en Nouvelle- Quel angle avez-vous choisi ? Dès que Chaliwaté est arrivée Zélande, à Taïwan et à New York un spectacle qui S.D. : Le thème de Dimanche, c’est le décalage entre l’hyper aux Rencontres jeunes publics, à traite du réchauffement climatique peut sembler urgence, le besoin d’agir et le fait de résister dans son quoti- Huy, en 2011, avec son spectacle paradoxal… dien. Comme un déni. Ce qui nous plaisait, c’était de voir Ilo, tendrement surréaliste, la Mais comment résister ? Surtout lorsqu’il s’agit ces personnes qui essayent à tout prix de maintenir quel- compagnie a fait sensation. de petites compagnies, aussi artisanales que talentueuses, que chose. On suit deux histoires en même temps. D’une Entre autres grâce à l’incroyable issues, qui plus est, du secteur jeune public, et qui répon- part, il y a cette famille qui s’apprête à passer un dimanche à charisme et à la belle complicité dent aux doux noms de Chaliwaté et de Focus (voir ci- la maison, malgré les objets qui fondent, le vent qui décorne des artistes, Sandrine Heyraud contre). Une belle histoire qui prouve combien il faut à les bœufs et le déluge qui fait rage. La famille semble ignorer et Sicaire Durieux, alors unis à la tout prix poursuivre ses rêves, même si les structures des- ce qui se passe à l’extérieur et veut préserver son quotidien ville comme à la scène, passés dites compagnies restent fragiles et que les artistes conti- jusqu’à l’absurde. De l’autre, on suit une équipe de repor- tous deux par l’école du mime, nuent à s’en sortir uniquement grâce à l’huile de coude. ters, de bras cassés, partis filmer les dernières espèces ani- celle de Félicien Marceau, mais Unis autour du projet Dimanche, version longue de Back males en voie de disparition. aussi de Jacques Lecoq et de up, présenté et plébiscité au festival XS l’an dernier, les J.T. : Parallèlement, on suit cette cellule familiale dans l’in- Etienne Decroux. Suivront voici carrément mis sur orbite depuis qu’ils ont obtenu le time, où on donne à voir ces gens en total décalage avec leur l’inoubliable Joséphina, douceur prestigieux “Total Theater Award” au Fringe, ce festival époque. On est partis d’un constat avec le décalage qui burlesque sur fond de Llohoona, d’Edimbourg qui est à la scène anglo-saxonne ce qu’Avi- existe entre la peur que les politiques n’agissent pas du tout entre danse et théâtre visuel, gnon est au monde dramatique francophone. Un prix à grande échelle et l’urgence qu’il y a à agir. Au quotidien, multiprimée au Canada, en auquel ils n’auraient sans doute jamais osé rêver. on a du mal à intégrer cette réalité. Il y a donc un véritable Amérique du Sud, en Espagne, Avant de traverser les océans, Dimanche, un sujet dans déni. Pour le montrer, nous mettons les personnages dans avant d’être réellement l’air du temps, qui dépeint le portrait d’une humanité, en une situation quotidienne. découverte chez nous, ou encore total décalage avec son époque, saisie par le chaos des dé- Jetlag, de la même tenue. règlements climatiques et des cataclysmes Prenez-vous position ? en cours et à venir, se jouera au “petit” “On est S.D. : On ne tient pas un discours moral, Nightshop, aujourd’hui Théâtre des Tanneurs, à Bruxelles, au Théâ- frontal. rebaptisée Focus, a créé, pour tre royal de Namur, à Marche ou encore à très pessimistes, S.H. : Il ne s’agit pas de théâtre documen- sa part, un véritable séisme aux Arlon. car aucune mesure taire. Rencontres de Huy, également, Pour l’heure, c’est à l’École des arts de J.T. : Nous avons tout de même un point de en 2013, avec sa première Braine-l’Alleud que nous rencontrons les prise n’est assez vue politique. Nous sommes tous responsa- création, Silence, dont chacun artistes en répétition, autour d’un hélicop- forte… Et on est bles, mais les politiques ne prennent pas les sortait très ému, voire en tère prêt à décoller et d’une camionnette décisions. Ce n’est pas pour rien que Greta larmes. Un spectacle customisée posés sur une table, le tout à di- très optimistes…” Thunberg n’est pas écoutée. Or les chiffres bouleversant sur la vieillesse, mension enfantine puisqu’il s’agit princi- Julie Tenret sont effrayants. On est très pessimistes, car racontée avec des marionnettes palement de jouets de récupération. de la Cie Focus. aucune mesure prise n’est assez forte pour hyperréalistes en silicone à sauver la planète. Et on est très optimistes taille humaine. Tout était dit en Vous avez une magnifique tournée qui s’annonce, mais com- parce qu’on croit en l’être humain, en la capacité d’un ren- peu de mots, graines d’humour ment gérez-vous le fait de partir au bout du monde alors que versement. On espère que notre foi en l’entraide ressort et de nostalgie. “Attention, chef- vous nous sensibilisez au réchauffement climatique ? aussi dans le spectacle. d’œuvre !”, avait-on envie Sandrine Heyraud : C’est vrai… (sourires), mais nous reste- d’écrire à l’issue de la rons un mois sur place et tout le reste de la tournée se fera On vous doit d’inoubliables spectacles tels “Silence”, plus pro- représentation. en camionnette – pour les décors – et en train, pour nous, si che de la marionnette, ou “Joséphina”, dans le registre du théâ- c’est nécessaire. tre visuel et sensuel. Comment mêler vos savoir-faire ? J.T. : On avait envie d’unir nos talents. Il y aura de l’acteur, de Le sujet important, essentiel sans doute, que vous embrassez l’objet. C’est un spectacle très visuel, presque sans parole. risque aussi d’être omniprésent sur scène… S.D. : C’était avant tout une belle aventure au niveau hu- Sicaire Durieux : On y travaille depuis trois ans. On ne par- main et artistique. Nos outils se mélangent bien, de façon lait pas encore tellement de cette thématique à cette épo- naturelle. que. J.T. : Nous avons passé beaucoup de temps à écrire un scéna- S.H. : De toute façon, on aimerait que chaque théâtre s’en rio. On voulait raconter une histoire, et comme on rêve tous empare, avec son écriture singulière. Au plus on en parle, au les trois en images, on avait envie d’imaginer un théâtre plus on aura des chances de conscientiser tout le monde. filmé. Nous avons donc rassemblé nos outils. Dans l’objet ou Julie Tenret : Au départ, on voulait d’abord choisir le thème la marionnette, le geste joue comme dans la danse. Il s’agis- de notre spectacle, car on s’inspire de sujets de société, sait donc d’une partition minutieuse et longue à écrire, liée même si on part de l’intime pour en parler. Il était clair que par nos trois personnalités, par le rythme. On s’est aussi le climat était au centre de nos inquiétudes. Notre premier rencontrés pour notre engagement autour du corps. travail consistait donc à voir comment la forme pouvait se mettre au service du fond. Et la forme dans notre travail a Avez-vous travaillé avec un climatologue ? beaucoup de sens. L’objet, l’acteur, le geste autour de cet ob- J.T. : Non, on a regardé beaucoup de documentaires, mais, jet est déjà révélateur. On est dans une écriture très cinéma- comme on part de l’intime pour toucher à l’universel, cela tographique, avec des échelles, des points de vue différents, ne nous a pas paru nécessaire. vendredi 8 novembre 2019 - La Libre Belgique 43
Un “Dimanche” peu reposant… nent un documentaire sur les espè- Scènes Visuel, total, tendre ces animales en voie de disparition. et réaliste, une création, sur Serrés dans leur camionnette, ils activent leurs essuie-glaces, pendant le climat, à voir… d’urgence. que l’arbre magique se balance au rétroviseur. Arrivé en Arctique, le trio filme, tant bien que mal – perche Critique Laurence Bertels devant l’objectif, caméra défaillante – la banquise qui craquelle et nous D imanche… Ce jour d’ennui, de déchire. Grandeur nature, une ourse chaleur ou de mensonge. Ce polaire et son petiot se blottissent jour choisi par les compagnies l’un contre l’autre, sur une surface de Focus et Chaliwaté, unies pour une glace qui se rétrécit au point de me- création, dont la version courte, nacer la vie de la maman. Âmes sen- Back-Up, vient d’obtenir l’Award du sibles, s’abstenir… théâtre total au Fringe, prestigieux Commentée en yaourt bulgare, la festival d’Edimbourg. Une recon- scène est diffusée à la télévision dans VIRGINIE MEIGNÉ naissance inouïe pour deux “petites” cet intérieur coquet où tout semble compagnies belges, qui leur assure normal, malgré les défaillances qui une tournée internationale, de New apparaissent au fil des dimanches et York à l’Australie, en passant par leur des reportages. terre natale, la Belgique (voir La Libre Julie Tenret donne magnifiquement vie à sa marionnette grandeur nature. Les ventilateurs tournent à plein du 8/11/19). régime, comme les pales de l’héli- C’est dire si l’attente était grande, role, visuel, sonore et universel, tant coptère-jouet chargé d’hélitreuiller mardi soir, au Théâtre royal de Na- par la forme élue que par le fond dé- les reporters. La chaleur devient in- mur, pour la création de Dimanche, fendu. Le fond, celui que touche no- soutenable. La grand-mère, animée et si le résultat fut à la hauteur des tre humanité, à force de faire sem- avec humanité par Julie Tenret, n’y espérances même si, première blant, de persister, coûte que coûte, à Du théâtre résiste pas. Pas plus que le Flamand oblige, la machine doit encore être vivre sur terre, caillou de l’univers d’objet, rose qui vient s’écraser sur la fenêtre. un peu huilée. Il est vrai que le col- qui s’érode à vue d’œil. La maison s’éventre aux vents dé- lectif, composé de Julie Tenret (Fo- sans parole, chaînés, qui n’empêchent pas le cou- Tendre et angoissant cus), Sicaire Durieux et Sandrine sonore, visuel ple – les toujours aussi charismati- Heyraud (Chaliwaté), réunis à l’écri- Tendre et drôle, mais aussi réaliste ques Sandrine Heyraud et Sicaire ture, à la mise en scène et à l’inter- et angoissant, Dimanche s’écoute et universel, Durieux –, de fêter Noël autour prétation, a multiplié les audaces et autant qu’il se regarde, grâce à une tant par la d’une volaille pour une scène ébou- décuplé d’inventivité pour une créa- bande sonore remarquable, person- riffante, sonnant le climax d’une tion habitée par la magie du cinéma nage à part entière, qui, entre la Cal- forme choisie pièce sur le climat, à voir d’urgence. – avec ses gros plans, travellings et las et Simon and Garfunkel, chu- que par le fond autres zooms – mêlée au charme de chote à nos oreilles l’appel de la pla- U Namur, jusqu’au 15/11 au Théâtre l’artisanat, à la puissance évocatrice nète, du désert aux fonds marins en défendu. royal. Infos : www.theatredenamur.be des objets et marionnettes, qui par- passant par les glaciers. ou 081 22 60 26. Bruxelles, du 19 au fois vivent plus que les humains. Avec, pour point de départ, des re- 30/11, aux Tanneurs. Infos : www.tan- Du théâtre d’objet, donc, sans pa- porters, un peu bras cassés, qui tour- neurs.be ou 02 512 17 84. Bonne pêche à Liège tionnelle de l’opéra de Bizet conçue compréhension du spectateur est plus l’âge du personnage, Annick Musique Retour à l’ORW, par Yoshi Oïda pour l’Opéra-Comi- facilitée ici par la diction parfaite de Massis reste une Leïla d’une très avec Plasson, des “Pêcheurs que de Paris et déjà montée à Liège la distribution : deux Français, deux en 2015 est assez plaisamment re- Wallons, couvés qui plus est par un belle présence scénique et, si un vi- brato prononcé (qui tend à se rétré- de perles” façon Oïda. posant. Certes, comme souvent chef français expert dans ce réper- cir au fil de la soirée) affecte parfois dans les reprises, la toire. l’intelligibilité du texte, la projec- direction d’acteurs tion, l’intonation et la richesse des L es nationalistes flamands en fe- manque parfois de Transparence nuances restent admirables. Excel- raient leurs choux gras s’ils s’in- netteté, et il est çà et Deux ans après ses lents aussi, le Zurga de Pierre OPÉRA ROYAL DE WALLONIE-LIÈGE téressaient à la culture : dans le là quelques bras bal- débuts à la Monnaie, Doyen (parfois un peu moins précis domaine de l’opéra, entre commu- lants. Mais le met- Michel Plasson fait, à dans le registre aigu) mais avec un nautés française et flamande, les teur en scène japo- 86 ans, ses débuts magnifique sens du mot, et le Nou- différences de conception sont tel- nais sait raconter dans la fosse du rabad de l’inusable Patrick Delcour. les qu’il n’y a pas besoin de concer- une histoire et souli- Théâtre royal, et sa Après quelques flottements en dé- tation sur la programmation ! Opéra gner ses éléments lecture est un bon- but de soirée, les chœurs de Pierre flamand et Opéra royal de Wallonie essentiels, tandis heur de transpa- Iodice trouvent rapidement leur (ORW) peuvent, à moins d’un an que les décors de rence et d’élégance. équilibre et, sans être exception- d’intervalle, afficher tous deux Les Tom Schenk, d’un Cyrille Dubois Le héros de la soirée nels, assurent avec le soin requis Pêcheurs de perles (et, demain, Don exotisme discret Nadir et héros de la soirée. est le ténor Cyrille leurs pages essentielles. Carlos), mais ce sont des œuvres dif- inspiré du kabuki et Dubois, Nadir mira- Nicolas Blanmont férentes que l’on voit. joliment éclairés, se révèlent à nou- culeux de suavité et de grâce et Après les détournements puérils veau esthétiques et fonctionnels. dont la romance du premier acte U Liège, Théâtre royal, les 14 et et peu convaincants du collectif FC À la différence aussi de la récente est un moment béni, mais ses collè- 16 novembre à 20h ; Bergmann, revoir la vision tradi- production de l’Opéra flamand, la gues ne sont pas en reste. Si elle n’a www.operaliege.be 42 La Libre Belgique - jeudi 14 novembre 2019
Le Soir Vendredi 15 novembre 2019 20 culture Les lycéens bouclent PRIX LITTÉRAIRES l’automne littéraire français Karine Tuil, après vie spirituelle telle qu’elle est décrite par Allan Kardec dans Le livre des esprits, l’Interallié, reçoit le lecture sulfureuse s’il en est. Mais, après tout, si l’Église croit que la Goncourt des lycéens. Vierge est apparue à Lourdes, pourquoi d’autres défunts ne se manifesteraient- Ceux du Renaudot ils pas aux vivants ? couronnent le premier Sur la crête qui sépare le rationnel de l’irrationnel, la romancière tient un roman de Victoria Mas, équilibre précaire – le lecteur qui aurait de moindres talents d’équilibriste risque « Le bal des folles ». cependant de choir en attendant le clou du spectacle, ce bal des folles promis pour la mi-carême et qui est aussi atten- du par les internées que par le public qui PIERRE MAURY s’y pressera en quête de sensations fortes. V ictoria Mas, fille de Jeanne Mas, Le très populaire Goncourt des ly- s’est fait mieux qu’un prénom en céens, qui se moque bien de savoir si les publiant son premier roman en livres lus figurent déjà ou non au palma- août. Le bal des folles. Après quelques rès des autres prix d’automne, va à Ka- prix mineurs chargés d’anticiper la rine Tuil pour Les choses humaines, ro- charge de la cavalerie, Le Renaudot des man couronné pas plus tard que la veille lycéens vient de la consacrer. Victoria Mas, fille de Jeanne Mas, par les vieilles barbes du prix Interallié. En 1885, la Salpêtrière est un lieu remporte Le Renaudot des lycéens La parole des femmes violées aura au maudit où s’entassent des folles mais pour « Le bal des folles ». © D.R. moins, cette année, bénéficié d’un for- aussi et surtout des femmes dont la fa- midable effet transgénérationnel ! Et mille ou la société ne veut plus, pour de sure, y avoir toute sa place : sa révolte bénéficiera désormais de l’ascenseur ha- bonnes ou, plus souvent, de mauvaises contre les idées reçues, sa volonté d’être, bituel vers les sommets des meilleures raisons. Eugénie, par exemple, fille de bien que femme, une personne à part en- ventes. Contaminées en 2019 par la ty- bonne famille où l’on est notaire de père tière la désignent à l’opprobre familial et rannie des sujets, condamnées peut-être en fils, souffre d’être considérée comme collectif. pour des années à faire passer ceux-ci quantité négligeable – juste bonne à ma- Pendant ce temps, Charcot multiplie avant la littérature. Encore ces sujets-ci rier et surtout pas à manifester son goût ses expériences d’hypnose. Il maîtrise la méritent-ils d’être traités, et en urgence. pour la conversation à fleurets non mou- méthode – jusqu’à un certain point car chetés, la lecture et la pensée. nous assisterons à un accident en même En outre, c’est son principal défaut temps que l’assemblée qui se presse aux après celui d’être du sexe féminin, elle séances dans l’espoir, souvent comblé, Le bal des folles est dotée d’un pouvoir singulier : elle d’assister à d’excitantes scènes d’hysté- VICTORIA MAS voit les esprits de certains morts, entend rie. Albin Michel ce qu’ils lui disent, engage avec eux des 250 p. Geneviève, attirée par la médecine de- 18,90 € relations qu’elle n’a pas choisies mais qui puis son plus jeune âge – au contraire de ebook 12,99 € s’imposent à elle. Confiante dans l’appa- sa sœur Blandine, trop tôt disparue, qui rente bienveillance de sa grand-mère, avait voué sa vie à Dieu –, est d’une aide elle lui a confié qu’elle possédait ce don précieuse aux recherches de Charcot et, Les choses humaines parfois encombrant – et la grand-mère, par sa présence et sa constance d’hu- KARINE TUIL révélant son véritable visage, s’est em- meur, rassure les patientes. Mais la ren- Gallimard 341 p. pressée de la dénoncer à son fils, le père contre avec Eugénie remet en question 21 € d’Eugénie. Direction la Salpêtrière, chez les principes de l’hôpital auxquels elle ebook, 14,99 € les folles ! adhérait de tout son corps et de toute son Elle semble, dans une certaine me- âme. Elle entrevoit la possibilité d’une J’peux pas, « Dimanche », THÉÂTRE j’ai dérèglement climatique On est plus chaud, plus tier. Cette fois, le trio prolonge sa bio- risque de vous gâcher le plaisir, mais masse artistique dans une forme plus disons que vous serez sauvagement chaud que le climax ! Et ce longue qui commence dans le Grand éblouis par des phares dans la savane, climax, c’est « Dimanche », Nord, sur les talons d’une équipe de que vous grimperez sur une échelle reporters animaliers en quête d’es- suspendue à un hélicoptère ou que une merveille de théâtre pèces en voie d’extinction. Des petits vous vous promènerez dans une mai- d’objets et de marionnettes sapins en plastique, une fourgonnette son engloutie par les eaux et colonisée miniature, un coude en forme de mon- par d’étranges méduses. pour illustrer notre inertie tagne de neige, des loupiotes pour sug- Le plus fort, dans ce voyage domini- gérer un chalet de bois, des essuie- cal, c’est sa manière d’explorer une face au dérèglement glaces qu’on secoue en rythme : ce thématique anxiogène – l’urgence cli- climatique. En création à sont les objets et les corps qui com- matique – sans aucun pathos alar- posent le décor de cette fragile ban- miste. Dimanche réussit à tisser une Namur avant une tournée quise où nos documentaristes filment sorte de cauchemar de fin du monde en Belgique et à l’étranger. ce qu’il reste de nature. C’est finale- mais avec une acuité et une ironie ment la nature qui aura raison d’eux constantes pour souligner les stratégies avant qu’une famille d’ours polaires ne de l’être humain pour préserver son fasse aussi les frais de la fonte des confort quotidien jusqu’à l’absurde. Il CRITIQUE glaces. faut voir cette famille occupée à pour- CATHERINE MAKEREEL suivre ses activités dominicales alors Inventivité que tout s’effondre autour d’eux, que L a scène n’est pas à un paradoxe près. Avec Dimanche – créé mardi au Théâtre de Namur –, Julie Tenret, Avec une inventivité qui s’affole plus vite que le mercure dans les incendies en forêt amazonienne, l’équipe nous les meubles fondent (littéralement) sous la canicule et que les bourrasques emportent la table et la dinde du dî- Sicaire Durieux et Sandrine Heyraud embarque au cœur du pôle Nord (et ner. Chaque seconde se gorge de trou- prouvent qu’on peut carburer au dérè- plus tard dans des jungles tropicales vailles plus sûrement que notre atmo- glement climatique tout en prospérant ou sur des mers exotiques) sans grand sphère se charge de gaz à effet de à l’énergie renouvelable. Les compa- décor spectaculaire mais grâce à mille serre, à l’image des courbes de ce gnies Chaliwaté et Focus ont beau astuces sonores ou visuelles. Un cra- corps nu pour dessiner une dune de créer un spectacle sur les catastrophes quement déchirant pour évoquer des sable. Non, décidément, ces créateurs- naturelles à venir, leur théâtre pro- icebergs qui se détachent. Des images là sont tout sauf des artistes du… Di- pulse un imaginaire plus ébouriffant vidéo (plus vraies que nature alors que manche ! que les pales d’une éolienne. tout a été filmé avec des maquettes en Nous avions déjà eu un aperçu de studio) convoquent tornades et tsuna- Jusqu’au 16/11 au Théâtre de Namur. Du 19 au leur artisanat solaire dans Backup, pe- mis. Des marionnettes à taille réelle et 30/11 aux Tanneurs, Bruxelles. Les 3 et 4/12 à tite forme qui avait raflé des prix au manipulées avec brio suggèrent une la Maison de la culture de Tournai. Le 6/12 à la Fringe d’Edimbourg, leur ouvrant les faune en péril. Impossible de trop en Maison de la culture Famenne-Ardenne, portes de festivals dans le monde en- dire de ces expéditions foireuses au Marche. 20
De batterij van de aarde raakt leeg - De Standaard 25/11/19 09(48 Fien Buckens Fien Buckens Vorig jaar zagen we al een versie van 20 minuten CHALIWATÉ & FOCUS op Edinburgh Fringe. Back-up was er zo’n succes Dimanche dat programmatoren van Nieuw-Zeeland tot Ca- nada de lange versie blind boekten. Ook dat is een paradox: een theaterstuk over de klimaat- ramp zal hierna jarenlang de wereld afschuimen. Maar het is de Brusselse gezelschappen Chaliwaté en Focus gegund: publiek van overal zou dit stuk moeten zien – hopelijk valt ook Vlaanderen voor zoveel visu- ele poëzie. Dimanche snijdt heen en weer tussen twee verhaallijnen. We volgen drie na- tuurreporters (met een liefde voor Paul Simon) op zoek naar uitstervende dier- soorten. Maar hun hang naar spectaculaire beelden is niet zonder gevaar: op de noordpool, op de steppe en in de diepzee sneuvelt er telkens één reporter door een extreem natuurfenomeen. Daartegenover staan huiselijke taferelen op een lome, hete zomerdag zoals er steeds meer zullen volgen. Zelfs de kapstok en de tafel smelten in wonderlijke transformaties die doen denken aan de sculpturen van Erwin Wurm. Absurd hoe de bewoners proberen voort te leven alsof er niets aan de hand is. Het legt de vinger op onze inertie: schieten we pas écht wakker als oudjes massaal het loodje leggen van de hitte, zoals de inwonende oma hier? Pluchen ijsbeer Dimanche toont dit alles zonder woorden, maar in een prachtige combinatie van mime, objectentheater en video. In uitgepuurde scènes en met knappe thea- trale effecten creëert het een surreële, droomachtige wereld met oog voor detail – de kleine pluchen ijsbeer leek haast ‘echter’ te bewegen dan in een natuurdocumentaire. Maar aan het eind volgt een confronterende spiegel, wanneer de batterij van de aarde op is en er ook geen sprake meer is van de mensheid. Dimanche is een dystopische klimaatparabel, die evenwel een plezier is om te aanschouwen. FILIP TIELENS https://www.standaard.be/cnt/dmf20191121_04729459?articleha…910E831A2109CEA8122CA39355F8490F67A98571A0241B31C5E131906E Page 2 sur 3
| NOS CHOIX ÉTOILÉS | ★★ À la vie, à la mort mante”, a inspiré à Julien Fournier, acrobate et danseur, une blic.be Quand Jusqu’au 31 décembre Où Bruxelles, Le Public – 0800.944.44 – www.theatrelepu- pièce à l’intersection du cirque, du documentaire et de la La pièce à succès du Français Alexis Michalik retraçant la blic.be Quand Jusqu’au 31 décembre poésie visuelle. Intégrant des témoignages édifiants, les création laborieuse de Cyrano de Bergerac par Edmond Écrit par Bernard Cogniaux et Pierre-André Itin, À la vie, à mots de Laurence Vielle (en voix off), égrènent les condi- Rostand est désormais sur les planches du Public, jouée par la mort part d’un concept éthiquement dérangeant mais tions et conséquence de cette combustion intérieure. Forme une brillante brochette de comédiens belges. Sans être un plausible : programmer l’heure de sa mort afin que l’argent et fond, en adéquation parfaite jusque dans les décalages, copier-coller de l’original, cette version réinventée conserve économisé sur le paiement des retraites soit réinjecté dans forment un tout étourdissant et juste. (M.Ba.) toute la marque de fabrique de Michalik : du rythme, du un fonds public finançant des projets durables. Sans verser rythme et encore du rythme. Plaisir et émotions garantis dans le moralisme ou la culpabilisation, la pièce suscite in- pour ce beau moment de théâtre mêlant texte efficace, hu- telligement, entre réalité et fiction, le débat, servie par trois ★★★ Le Champ de bataille mour et vers, magnifiques, de Cyrano. (St. Bo.) excellents comédiens (Alexandre Von Sivers, Pietro Pizzuti Où La Louvère, Central – 064.21.51.21 – www.cestcen- et Edwige Baily) et une mise en scène habile de Michel Ka- tral.be Quand du 27 au 30 novembre cenelenbogen. (St. Bo.) Tiré du roman éponyme du journaliste Jérôme Colin, Le ★★★ En toute inquiétude champ de bataille est porté à la scène par Denis Laujol sous Où Verviers, Centre culturel régional – 087.39.30.30 – la forme d’un seul en scène confié à Thierry Hellin. Le comé- www.ccverviers.be Quand Le 3 décembre ★★★ Anti-héros dien incarne avec fougue et charisme une galerie de per- Pour ce solo, Jean-Luc Piraux rend hommage à son père à Où Bruxelles, Théâtre de la Toison d’Or – 02.510.05.10 – sonnages gravitant autour d’un quadra père d’un ado dont il travers le personnage de Séraphin, un “Monsieur Tout-le- www.ttotheatre.com Quand Jusqu’au 21 décembre ne parvient pas à gérer les assauts. Entre humour et ten- monde” promu (anti)héros de l’épopée du quotidien. On rit, Artiste brillant et dresse, cette pièce est un miroir implacable des galères que on se reconnaît, on est touché par la grâce et la verve de ce multiple – chanteur, tout parent d’ado(s) peut/pourra connaître. Et qu’est-ce que clown élégant qui ne va pas sans rappeler Dario Fo. (Ph.T.) homme de cinéma, c’est bon de déculpabiliser un peu ! (St. Bo.) de télé et de théâtre –, Achille Ridolfi ★★★★ L’Herbe de l’oubli éclaire, dans son ★★★ Crâne Où Bruxelles, Poche – 02.649.17.27 – www.poche.be premier one-man- Où Huy, Centre culturel – 085.21.12.06 – www.acte2.be Quand Jusqu’au 7 décembre show, les côtés som- Quand Le 27 novembre bres du métier d’ac- Très belle et forte création d’Antoine Laubin qui porte à la teur et de comédien scène le récit précis, intérieur, bouleversant, de l’opération où le paraître et que l’écrivain Patrick Declerck a connue le 27 mars 2013. l’image sont rois à On lui a enlevé une tumeur au cerveau près des zones du coups de menson- langage, avec une méthode étonnante de chirurgie éveillée. ges et d’impostures. (G.Dt) Le tout dans une mise en scène ludi- que et interactive si- ★★★★ Dimanche gnée Nathalie Uf- Où Bruxelles, Les Tanneurs – 02.512.17.84 – www.lestan- fner. (St.Bo.) neurs.be Quand Jusqu’au 30 novembre DR Visuel, total, tendre et réaliste, une création, sur le climat, à 2TÊTES voir… d’urgence, qui multiplie les audaces et décuplé d’in- ★★★ Burning (Je ne mourus pas et pourtant nulle vie ventivité pour une création, de Focus et Chaliwaté, habitée ne demeura) par la magie du cinéma et le charme de l’artisanat. Soufflant Entre révolte et onirisme, Tchekhov et Svetlana Alexievitch, Où Nivelles, Waux-Hall – 067 88 22 77 – www.centrecultu- comme un ouragan. (L. B.) prix Nobel de littérature, Jean-Michel d’Hoop raconte Tcher- reldenivelles.be Quand Du 3 au 7 décembre Et aussi Au Na- nobyl comme jamais. Du théâtre documentaire qui inter- tional (Bruxelles) du 3 au 7 décembre pelle pour un chassé-croisé d’hier et d’aujourd’hui, de co- Le burn out, cette “mécanique crématoire qui finira par ★★★ Edmond médiens et de marionnettes, de déchets radioactifs, qui dis- transformer l’employé trop zélé en petit tas de cendre fu- Où Bruxelles, Le Public – 0800.944.44 – www.theatrelepu- paraîtront dans 100 000 ans, et de légumes bio. (L.B.) 36 Arts Libre - mercredi 27 novembre 2019
LES TOPS DE LA CINÉMA Sympathie pour le diable au cœur du chaos ★★★ spectateur ? Et l’adrénaline de sa vie en jeu ? De Guillaume de Fontenay, avec Niels Schneider, Ella Rumpf, Inspiré du livre de Paul Marchand, le film ques- Vincent Rottiers, 100 mn. tionne la position du journaliste comme il Sarajevo, novembre 1992, sept mois après le questionne l’utilité de la guerre. Filmé caméra début du siège, le plus long de l’histoire de la à l’épaule, dans le sillage de Paul, avec une guerre moderne, qui fera 12.000 morts. Le dimension documentaire, le film tente de reporter de guerre français Paul Marchand fut capter l’ambiguïté de la guerre, mettant aussi un des premiers journalistes sur les lieux. Il a bien en scène l’horreur vécue par les victimes tenté d’alerter la communauté internationale civiles que des élans amoureux ou une virée en du chaos dont il était témoin. Plongeant dans discothèque. C’est radical et humain, cru et les entrailles de ce conflit fratricide, convaincu pudique. Pas question pour le Québécois qu’un journaliste se doit d’être à l’endroit exact Guillaume de Fontenay, qui planche sur cette où on lui interdit d’être, il informe coûte que adaptation depuis 2005, d’embellir la guerre coûte depuis cette ville meurtrie où il n’y a plus ou d’insister sur le sang qui coule. Son souci : de codes sociaux, où tout se vit dans l’instant, être dans de la réalité du reporter. Réussir à sans lendemain. Mais face à l’opinion publique exprimer clairement la complexité d’un conflit molle et aux politiques sans réaction, il com- absurde. Et faire le portrait non pas hagiogra- pose avec son objectivité journalistique, le phique, mais humain et sans complaisance sentiment d’impuissance, un certain sens du d’un homme charismatique, grande gueule, devoir face à l’horreur et décide de prendre ambigu, à la fois dandy et tête brûlée, que parti pour rendre compte de l’absurdité de la Niels Schneider personnifie formidablement, situation et faire bouger les choses. adoptant son phrasé saccadé, son énergie, sa Rarement fiction n’a rendu compte de la réalité sensibilité à vif, le sentiment d’urgence qui du reporter de guerre de cette façon. Com- l’animait et ses failles. Sympathie pour le diable ment garder toute son objectivité face à l’hor- est un cri du cœur qu’il reste vital d’entendre. reur et la détresse ? Devenir acteur ou rester FABIENNE BRADFER DVD ROCK ET VARIÉTÉS JAZZ SCÈNES Le roi Lion Leonard Cohen George Enescu Un long «Dimanche» 100 % numérique d’outre-tombe Deconstructed de trouvailles ★★★★ ★★★★ ★★★ De Jon Favreau, 118 mn. Leonard Œdipe Redux Disney DVD Cohen : Bozar, Vingt-cinq ans « Thanks for mercredi 27, après l’œuvre the Dance » 21 h Disney originale, (Sony). George Jon Favreau donne Au mo- Enescu est une nouvelle et ment de le grand fabuleuse dimen- terminer la composi- sion au récit poignant d’un lion- production de l’album You Want teur roumain (1881-1955). Bozar ★★★★ ceau quittant la Terre des Lions, It Darker, Leonard a demandé à lui rend hommage pour Europalia Jusqu’au 30/11 aux Tanneurs, Bruxelles. Les convaincu d’avoir provoqué la son fils Adam de terminer sans Romania avec l’aide de Lucian 3 et 4/12 à la Maison de la culture de mort de son père. Il en fait une lui (s’il lui arrivait quelque Ban et Mat Maneri (photo). Le Tournai. version 100 % numérique faisant chose), les neuf chansons res- pianiste et le violoniste ont arran- Julie Tenret, Sicaire Durieux et preuve d’un réalisme sidérant. Le tantes sur lesquelles il avait gé l’opéra Œdipe d’Enescu pour le Sandrine Heyraud prouvent qu’on film suit scène par scène l’original déposé sa voix. Trois ans après sa faire entrer dans le jazz du XXIe peut créer un spectacle sur les mais dans ce copié-collé, l’émo- mort, voilà que paraît cet album siècle et ont rassemblé un groupe catastrophes naturelles à venir et tion et l’humour restent intacts. miraculeux entièrement inédit extraordinaire pour le jouer : propulser un imaginaire plus Grâce au fabuleux procédé numé- réalisé avec ses musiciens mais Louis Sclavis à la clarinette, Ralph ébouriffant que les pales d’une rique utilisé par Favreau, à l’effica- aussi Jennifer Warnes, Daniel Alessi à la trompette, Theo Bleck- éolienne. Entre marionnettes, cité du scénario qui n’a pas pris Lanois, Patrick Watson, Damien mann et Jen Shyu aux voix, John théâtre d’objet et prouesses une ride et au lyrisme des chan- Rice, Feist, Dustin O’Halloran et Hébert à la contrebasse et Tom physiques, la pièce vous em- sons écrites par Elton John et Tim Beck. Tous pour préserver au Rainey aux percussions. Un barque du pôle Nord aux jungles Rice. C’est magistral et magique. mieux l’esprit et le son inimitable concert unique. tropicales, sans parole mais avec En bonus, un making of captivant. du maître. Un véritable festin ! JEAN-CLAUDE VANTROYEN mille trouvailles visuelles. FABIENNE BRADFER THIERRY COLJON CATHERINE MAKEREEL Page 2 Mercredi 27 novembre 2019 Mad
Dans Dimanche, des compagnies Focus et Chaliwaté, une famille tente de maintenir son quotidien, malgré les cataclysmes. Un miroir à peine grossissant…
CULTURE THÉÂTRE RÉCHAUFFEMENT SUR LES PLANCHES Comment le théâtre peut-il participer à la prise de conscience de l’actuel écocide de la planète ? Deux nouveaux spectacles, Sabordage et Dimanche, répondent avec les armes de l’absurde et de l’humour. P AR E ST E LLE SP OT O ertains sujets s’avèrent si tastrophe de Tchernobyl ont donné lieu nucléaire : le National avec la nouvelle C prégnants, si urgents que à plusieurs créations, dès les années 1990 création de Fabrice Murgia, La Mémoire le théâtre ne peut que s’en et 2000 (Tchernobyl Now, Pripiat...). des arbres (voir Le Vif/L’Express du 4 sep- emparer. Il y a quelques an- L’accident nucléaire de Fukushima en tembre), sur la catastrophe d’Oziorsk, en nées, la crise des migrants 2011 et le prix Nobel attribué en 2015 à 1957 ; et le Théâtre de Poche avec Les En- a déboulé avec force sur les Svetlana Aleksievitch, auteure de La fants, de Lucy Kirkwood, fable postapo- scènes, saisissant les es- Supplication, récit basé sur la récolte de calyptique mettant deux scientifiques à prits d’une autre façon que plusieurs centaines de témoignages sur la retraite devant un fameux dilemme. les images d’actualité. Au- la catastrophe de 1986, ont réveillé cette Plus récemment, l’impact de l’activi- jourd’hui, après un été où les veine ces dernières années. Directement té humaine sur le réchauffement de la records de températures caniculaires inspiré par La Supplication, le spectacle planète a infiltré les planches. En 2015, ont à nouveau été battus et où le Giec documentaire L’Herbe de l’oubli, de la Les Glaciers grondants, écrit et mis en (Groupe d’experts intergouvernemen- Compagnie Point Zéro, élu meilleur scène par David Lescot, abordait le su- tal sur l’évolution du climat) a rendu spectacle aux derniers Prix de la Cri- jet frontalement et était présenté au un rapport spécial alarmant, à l’heure tique, continue sa tournée cette saison théâtre des Abbesses pendant toute la où Greta Thunberg est devenue une (lire page 78). Deux théâtres bruxellois durée de la COP21 à Paris. Chez nous, icône mondiale et où on déplore que font aussi leur rentrée sur le thème du l’année dernière, Anne-Cécile Vanda- la déforestation en Amazonie a qua- lem imaginait dans Arctique un futur siment doublé sur un an, c’est le ré- proche où quelques personnes tentaient chauffement climatique qui s’impose LE SPECTACLE de rejoindre clandestinement le Groen- au cœur du monde du spectacle, à la land, nouvel eldorado d’air respirable suite des scientifiques et des rassem- DOCUMENTAIRE et de paix. blements citoyens. L’HERBE DE L’OUBLI Le mariage entre l’écologie et le théâtre, CONTINUE SA La possibilité d’une île PHILLIP SPEARS s’il est resté relativement discret, n’est Au sein du Collectif Mensuel, basé pas nouveau. Les dangers de l’énergie TOURNÉE CETTE à Liège et qui a récemment fait un nucléaire et plus particulièrement la ca- SAISON. carton avec le mash-up musico- « LE VIF • NUMÉRO 38 • 19.09.2019 77
CULTURE THÉÂTRE « cinématographico-théâtral de les visionnements de documentaires, humain à transformer un paradis en films hollywoodiens Blockbuster, la creusant notamment la collapsologie, enfer : Nauru, 21 kilomètres carrés pour décision d’aborder le sujet a été prise il soit « l’étude de l’effondrement de la près de 14 000 habitants, quelque part à y a un peu plus d’un an. « Au début d’une civilisation industrielle », popularisée mi-chemin entre l’Australie et Hawaii. nouvelle création, on se demande tou- par l’essai de Pablo Servigne et Raphaël Après la découverte de l’île par un na- jours : si c’était le dernier spectacle que Stevens Comment tout peut s’effondrer. vigateur britannique à la toute fin du l’on devait faire, de quoi voudrait-on Petit manuel de collapsologie à l’usage XVIIIe siècle, les quelques centaines parler ? expose Renaud Riga, membre des générations présentes (Seuil, 2015). d’autochtones seront colonisés et ver- du collectif. Il y a encore quelque an- « Mais après trois semaines, on était tous ront leurs terres creusées pour en tirer nées, l’injustice et les inégalités étaient réellement déprimés, poursuit Renaud le phosphate pur, utilisé comme en- ce qui nous paraissait le plus choquant. Riga. On s’est dit qu’on ne pouvait pas grais dans l’agriculture. Aux mains des Aujourd’hui, il y a pire : la destruction s’imposer ça, il fallait qu’on trouve une Anglais, puis des Allemands, puis des importante de notre milieu de vie, avec autre voie, qui permette aussi d’avoir un Australiens, Nauru acquiert son indé- potentiellement une destruction de vies peu d’espoir (1). » pendance en 1968. Les Nauruans voient humaines, qui touchera a priori d’abord Cette piste, ce sera le cas bien réel d’une dès lors leur niveau de vie augmenter, les plus démunis. » Le groupe d’artistes petite île dont le destin est la démons- jusqu’à se classer, en 1974, deuxième liégeois multiplie alors les lectures et tration même des capacités de l’être pays au monde en PIB par habitant (derrière l’Arabie saoudite). Mais la manne à phosphate n’est pas éternelle. EN PRATIQUE Son exploitation cesse définitivement en 2003 avec, pour conséquence, un • L’Herbe de l’oubli : du 26 novembre au 7 décembre au Théâtre de Poche à Bruxelles, du 9 au 14 janvier à l’Eden à Charleroi, les 15 et 16 janvier à la maison effondrement de l’économie de l’île. de la culture de Tournai, le 11 mars au centre culturel de Braine-le-Comte. Aujourd’hui, les Nauruans, gagnés par • La Mémoire des arbres : jusqu’au 22 septembre au Théâtre national à Bruxelles, des habitudes alimentaires probléma- les 22 et 23 janvier au NTGent. tiques et une mauvaise hygiène de vie, • Les Enfants : du 17 septembre au 10 octobre au Théâtre de Poche à Bruxelles. présentent un des taux d’obésité parmi • Sabordage : du 22 septembre au 3 octobre au Théâtre de Liège, du 21 au 24 les plus importants du monde (90 % octobre à l’Eden à Charleroi, du 6 au 8 novembre au théâtre le Manège à Mons, de la population est en surpoids) et une du 17 au 21 mars à l’Atelier Théâtre Jean Vilar à Louvain-la-Neuve, du 31 mars au espérance de vie qui a chuté à 59 ans 3 avril au Théâtre de Namur, les 23 et 24 avril au centre culturel de Verviers. pour les hommes (65 pour les femmes). • Dimanche : du 12 au 16 novembre au Théâtre de Namur, du 19 au 30 novembre au En 2009, le taux de chômage tournait théâtre les Tanneurs à Bruxelles, les 3 et 4 décembre à la maison de la culture de autour de 90 %. Tournai, le 6 décembre à la maison de la culture Famenne-Ardenne à Marche. Cette tragédie à l’échelle d’un pays était déjà apparue dans des livres (J’ai entraîné mon peuple dans cette aven- ture de Aymeric Patricot et la BD Les Vieux Fourneaux de Lupano et Cauuet). Au dernier Kunstenfestivaldesarts de Bruxelles, elle était au cœur de Pleasant Island (le surnom de Nauru) de Silke Huysmans et Hannes Dereere, une pièce de théâtre documentaire dont la narration était entièrement assurée par smartphones interposés. Elle n’a donc pas fini de faire parler. VÉRONIQUE VERCHEVAL « Il nous a semblé que l’exemple de cette île était représentatif de ce qui pourrait L’Herbe de l’oubli : nous arriver de pire. Ce n’est pas la faute retour à Tchernobyl, à pas de chance, ou à un ouragan qui leur plus de 30 ans après. serait tombé dessus : c’est la pensée éco- nomique qui a amené cette destruction. 78 LE VIF • NUMÉRO 38 • 19.09.2019
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