DIMANCHE FOCUS & CHALIWATÉ - REVUE DE PRESSE - Carré-Colonnes

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DIMANCHE FOCUS & CHALIWATÉ - REVUE DE PRESSE - Carré-Colonnes
DIMANCHE
FOCUS & CHALIWATÉ

                    © TRISTAN GALAND - ATELIER DESIGN
REVUE DE PRESSE
DIMANCHE FOCUS & CHALIWATÉ - REVUE DE PRESSE - Carré-Colonnes
SOMMAIRE

PRESSE AUDIOVISUELLE
La 1ère, Le Mug : Interview de Focus & Chaliwaté - Elodie de Sélys et Xavier Vanbuggenhout - 13
novembre 2019
La 1ère, Journal parlé : Reportage - Africa Gordillo - 14 novembre 2019
La 1ère, Soir Première, Grand Angle : Chronique - Africa Gordillo - 14 novembre 2019
Musiq3, L’info culturelle de 7h30 : Interview de Focus & Chaliwaté - Christine Pinchart - 14
novembre 2019
La Une, Journal télévisé : Reportage - Africa Gordillo - 17 novembre 2019
Musiq3, L’info culturelle de 17h : Interview de Focus et Chaliwaté - François Caudron - 21 no-
vembre 2019

PRESSE QUOTIDIENNE
Mad : Avant-papier - Catherine Makereel - 6 novembre 2019
La Libre Belgique : Avant-papier - Laurence Bertels - 8 novembre 2019
La Libre Belgique : Critique - Laurence Bertels - 14 novembre 2019
La Meuse : Critique - 14 novembre 2019
Le Soir : Critique - Catherine Makereel - 15 novembre 2019
De Standaard : Critique - Filip Tielens - 22 novembre 2019
Mad : Les tops de la semaine - 27 novembre 2019
Arts Libre : Choix étoilés - 27 novembre 2019
Vers l’Avenir : Critique - Françoise Lison - 30 novembre 2019

PRESSE MAGAZINE
Le Vif : Avant-papier (article thématique) - Estelle Spoto - 19 septembre 2019
Moustique : Annonce - Eric Russon - 28 novembre 2019

PRESSE INTERNET
Le Soir + : Critique - Catherine Makereel - 13 novembre 2019
Focus Vif : Critique - Estelle Spoto - 14 novembre 2019
RTBF.be/culture : Chronique - Africa Gordillo - 14 novembre 2019
Le Rayon Vert : Critique - Sébastien Barbion - 21 novembre 2019
SisterArt : Critique - 23 novembre 2019
Karoo : Critique - Thibaut Mareschal - 25 novembre 2019
Demandez le programme : Critique - Laure Primerano - 28 novembre 2019
RTBF.be/culture : Critique - Christian Jade - 28 novembre 2019
DIMANCHE FOCUS & CHALIWATÉ - REVUE DE PRESSE - Carré-Colonnes
C’est pas

                                                                                                                                                                 scènes
tous les jours                                                                                                             le spectacle
Dimanche                                                                                                                           DE LA
                                                                                                                                  SEMAINE

Après le succès de la petite
forme, « Backup », à Edim-
bourg, les compagnies Chali-
waté et Focus créent la
forme longue, « Dimanche ».
Première en Belgique avant
une tournée dans le monde
entier.

N
        otre maison brûle et nous regardons
        ailleurs », disait l’autre. Mais Di-
        manche, qui débute en fait mardi,
nous n’allons pas zieuter ailleurs. Au
contraire, le temps d’un spectacle, nous al-
lons nous observer dans le miroir, scruter
nos stratégies de déni au quotidien et jusqu’à
l’absurde pour mener nos petites vies tran-
quilles. « Ce spectacle parle de notre façon
d’être au monde, résume la cocréatrice Julie
Tenret. On vit dans une drôle d’époque : on a
l’impression de vivre un cauchemar de fin
du monde, on sait beaucoup de choses par in-
ternet et on a conscience de l’urgence d’agir
mais, en même temps, il y a un déni néces-
saire pour pouvoir vivre avec. Il y a une peur
générale mais une certaine impuissance aus-
si. On ne sait pas quoi faire ! »
   Si le propos est politique, la forme ne fait
pas du tout dans le manifeste moralisateur.
Fusion de la compagnie Chaliwaté (à qui l’on
doit des perles comme Jetlag ou Josephina)
et de Julie Tenret (qui nous avait éblouis
avec Silence), Dimanche opte pour une poé-         « Dimanche » opte pour une poésie ultravisuelle, un théâtre gestuel burlesque pour dépeindre
sie ultravisuelle, un théâtre gestuel bur-         une humanité en total décalage avec son époque, saisie par le chaos des dérèglements clima-
lesque et des marionnettes entre surréalisme       tiques. © DR
et onirisme pour dépeindre une humanité en
total décalage avec son époque, saisie par le      Et c’est avec ce soutien, ainsi que celui d’opé-   pour tenter de préserver son quotidien.
chaos des dérèglements climatiques. Un             rateurs belges comme le Théâtre de Namur,          « C’est écrit, mis en scène et joué par nous
rythme à la Buster Keaton, un univers à la         les Tanneurs à Bruxelles ou la Maison de la        trois, mais il y a une solide équipe derrière
Wes Anderson avec ses ludiques maquettes           culture à Tournai que l’équipe – Julie Tenret,     nous, à la vidéo, la scéno, la musique ou les
miniatures et son humour loufoque : tout ce-       Sicaire Durieux et Sandrine Heyraud – a pu         marionnettes, précise Sandrine Heyraud. Ce
la nous avait déjà conquis dans la petite          se lancer dans la production d’une forme           qui nous réunit, c’est la poésie et le côté arti-
forme, Backup, présentée au festival XS en         longue intitulée Dimanche, qui tournera de         sanal. Les vidéos par exemple ne sont pas des
2018. Dans un blizzard à dévisser les pin-         la Nouvelle-Zélande au Royaume-Uni en              images de synthèse mais tout a été réalisé en
gouins de la banquise, une petite fourgon-         passant par Hong Kong. Mais, pour le mo-           miniature. On a d’abord passé un long mo-
nette emmenait trois reporters parcourir le        ment, c’est en Belgique que se crée ce spec-       ment à table pour écrire le scénario et puis,
monde pour filmer des espèces en voie de           tacle en deux parties.                             au contact, du plateau, on a beaucoup ré-
disparition. Des objets détournés, une vidéo         En parallèle de l’expédition polaire déjà        écrit. On se filme, on visionne et on garde une
soignée, un ours grandeur nature, des ice-         évoquée se déclinera un autre volet, plus in-      infime partie. Notre démarche est très ciné-
bergs périlleux : sans un mot mais avec une        time. « Il s’agira d’un huis clos, en famille,     matographique. On conçoit un spectacle
mise en scène précise, le spectacle nous fai-      un dimanche », dévoile Sicaire Durieux.            comme un film. »
sant fondre comme une calotte glaciaire.           Tandis qu’une maisonnée jouit d’une pause                                           CATHERINE MAKEREEL
                                                   dominicale, les éléments vont se déchaîner
COMME UN FILM                                      tout autour. Alors que les murs tremblent,         ▶ Du  12 au 16/11 au Théâtre de Namur. Du 19 au 30/11
  Acclamée ensuite au Fringe à Edimbourg,          que le déluge s’annonce, que tout se trans-        aux Tanneurs, Bruxelles. Les 3 et 4/12 à la Maison de la
la petite forme a d’ailleurs attisé les appétits   forme et s’effondre, on voit se déployer la        culture de Tournai. Le 6/12 à la Maison de la culture
de festivals en Australie ou aux Etats-Unis.       surprenante inventivité de l’être humain           Famenne-Ardenne, Marche.
                                                                                                                          Mad Mercredi 6 novembre 2019 Page 31
DIMANCHE FOCUS & CHALIWATÉ - REVUE DE PRESSE - Carré-Colonnes
Un “Dimanche”
                                                  en famille…
     TRISTAN GALAND-ATELIER DESIGN

                                           Pendant que le monde brûle autour d’elle,
                                           une famille s’accroche à son quotidien.

42                                   La Libre Belgique - vendredi 8 novembre 2019
DIMANCHE FOCUS & CHALIWATÉ - REVUE DE PRESSE - Carré-Colonnes
Scènes
               ■ La création belge “Back up” vient
               d’obtenir l’Award du théâtre total                                                                       Infos pratiques
               au prestigieux festival d’Edimbourg.                                                                     “Dimanche”, par les compagnies Focus et Chaliwaté.
                                                                                                                        Écriture, mise en scène et interprétation : Julie Tenret,
                                                                                                                        Sandrine Heyraud et Sicaire Durieux.
               ■ De bon augure pour sa version                                                                          À Namur : Au Théâtre royal de Namur, du 12 au 16 novembre.
               longue, “Dimanche”, très attendue.                                                                       Infos : 081.22.60.26 ou www.theatredenamur.be.

                                                                                                                        À Bruxelles : Au Théâtre des Tanneurs, du 19 au
               ■ Le climat sous les feux de la rampe.
                                                                                                                        30 novembre. Infos : 02.512.17.84 ou www.lestanneurs.be

                 Rencontre Laurence Bertels                          une histoire qui se raconte autour du changement.                               Qui sont-ils ?

É
         videmment, partir jouer en Australie, en Nouvelle- Quel angle avez-vous choisi ?                                                            Dès que Chaliwaté est arrivée
         Zélande, à Taïwan et à New York un spectacle qui S.D. : Le thème de Dimanche, c’est le décalage entre l’hyper                               aux Rencontres jeunes publics, à
         traite du réchauffement climatique peut sembler urgence, le besoin d’agir et le fait de résister dans son quoti-                            Huy, en 2011, avec son spectacle
         paradoxal…                                                  dien. Comme un déni. Ce qui nous plaisait, c’était de voir                      Ilo, tendrement surréaliste, la
           Mais comment résister ? Surtout lorsqu’il s’agit ces personnes qui essayent à tout prix de maintenir quel-                                compagnie a fait sensation.
de petites compagnies, aussi artisanales que talentueuses, que chose. On suit deux histoires en même temps. D’une                                    Entre autres grâce à l’incroyable
issues, qui plus est, du secteur jeune public, et qui répon- part, il y a cette famille qui s’apprête à passer un dimanche à                         charisme et à la belle complicité
dent aux doux noms de Chaliwaté et de Focus (voir ci- la maison, malgré les objets qui fondent, le vent qui décorne                                  des artistes, Sandrine Heyraud
contre). Une belle histoire qui prouve combien il faut à les bœufs et le déluge qui fait rage. La famille semble ignorer                             et Sicaire Durieux, alors unis à la
tout prix poursuivre ses rêves, même si les structures des- ce qui se passe à l’extérieur et veut préserver son quotidien                            ville comme à la scène, passés
dites compagnies restent fragiles et que les artistes conti- jusqu’à l’absurde. De l’autre, on suit une équipe de repor-                             tous deux par l’école du mime,
nuent à s’en sortir uniquement grâce à l’huile de coude.             ters, de bras cassés, partis filmer les dernières espèces ani-                  celle de Félicien Marceau, mais
  Unis autour du projet Dimanche, version longue de Back males en voie de disparition.                                                               aussi de Jacques Lecoq et de
up, présenté et plébiscité au festival XS l’an dernier, les J.T. : Parallèlement, on suit cette cellule familiale dans l’in-                         Etienne Decroux. Suivront
voici carrément mis sur orbite depuis qu’ils ont obtenu le time, où on donne à voir ces gens en total décalage avec leur                             l’inoubliable Joséphina, douceur
prestigieux “Total Theater Award” au Fringe, ce festival époque. On est partis d’un constat avec le décalage qui                                     burlesque sur fond de Llohoona,
d’Edimbourg qui est à la scène anglo-saxonne ce qu’Avi- existe entre la peur que les politiques n’agissent pas du tout                               entre danse et théâtre visuel,
gnon est au monde dramatique francophone. Un prix à grande échelle et l’urgence qu’il y a à agir. Au quotidien,                                      multiprimée au Canada, en
auquel ils n’auraient sans doute jamais osé rêver.                   on a du mal à intégrer cette réalité. Il y a donc un véritable                  Amérique du Sud, en Espagne,
  Avant de traverser les océans, Dimanche, un sujet dans déni. Pour le montrer, nous mettons les personnages dans                                    avant d’être réellement
l’air du temps, qui dépeint le portrait d’une humanité, en une situation quotidienne.                                                                découverte chez nous, ou encore
total décalage avec son époque, saisie par le chaos des dé-                                                                                          Jetlag, de la même tenue.
règlements climatiques et des cataclysmes                                              Prenez-vous position ?
en cours et à venir, se jouera au “petit”                   “On est                    S.D. : On ne tient pas un discours moral,                     Nightshop, aujourd’hui
Théâtre des Tanneurs, à Bruxelles, au Théâ-                                            frontal.                                                      rebaptisée Focus, a créé, pour
tre royal de Namur, à Marche ou encore à               très pessimistes,               S.H. : Il ne s’agit pas de théâtre documen-                   sa part, un véritable séisme aux
Arlon.                                               car aucune mesure                 taire.                                                        Rencontres de Huy, également,
  Pour l’heure, c’est à l’École des arts de                                            J.T. : Nous avons tout de même un point de                    en 2013, avec sa première
Braine-l’Alleud que nous rencontrons les               prise n’est assez               vue politique. Nous sommes tous responsa-                     création, Silence, dont chacun
artistes en répétition, autour d’un hélicop-           forte… Et on est                bles, mais les politiques ne prennent pas les                 sortait très ému, voire en
tère prêt à décoller et d’une camionnette                                              décisions. Ce n’est pas pour rien que Greta                   larmes. Un spectacle
customisée posés sur une table, le tout à di-         très optimistes…”                Thunberg n’est pas écoutée. Or les chiffres                   bouleversant sur la vieillesse,
mension enfantine puisqu’il s’agit princi-                 Julie Tenret                sont effrayants. On est très pessimistes, car                 racontée avec des marionnettes
palement de jouets de récupération.                        de la Cie Focus.            aucune mesure prise n’est assez forte pour                    hyperréalistes en silicone à
                                                                                       sauver la planète. Et on est très optimistes                  taille humaine. Tout était dit en
Vous avez une magnifique tournée qui s’annonce, mais com- parce qu’on croit en l’être humain, en la capacité d’un ren-                               peu de mots, graines d’humour
ment gérez-vous le fait de partir au bout du monde alors que versement. On espère que notre foi en l’entraide ressort                                et de nostalgie. “Attention, chef-
vous nous sensibilisez au réchauffement climatique ?                 aussi dans le spectacle.                                                        d’œuvre !”, avait-on envie
Sandrine Heyraud : C’est vrai… (sourires), mais nous reste-                                                                                          d’écrire à l’issue de la
rons un mois sur place et tout le reste de la tournée se fera On vous doit d’inoubliables spectacles tels “Silence”, plus pro-                       représentation.
en camionnette – pour les décors – et en train, pour nous, si che de la marionnette, ou “Joséphina”, dans le registre du théâ-
c’est nécessaire.                                                    tre visuel et sensuel. Comment mêler vos savoir-faire ?
                                                                     J.T. : On avait envie d’unir nos talents. Il y aura de l’acteur, de
Le sujet important, essentiel sans doute, que vous embrassez l’objet. C’est un spectacle très visuel, presque sans parole.
risque aussi d’être omniprésent sur scène…                           S.D. : C’était avant tout une belle aventure au niveau hu-
Sicaire Durieux : On y travaille depuis trois ans. On ne par- main et artistique. Nos outils se mélangent bien, de façon
lait pas encore tellement de cette thématique à cette épo- naturelle.
que.                                                                 J.T. : Nous avons passé beaucoup de temps à écrire un scéna-
S.H. : De toute façon, on aimerait que chaque théâtre s’en rio. On voulait raconter une histoire, et comme on rêve tous
empare, avec son écriture singulière. Au plus on en parle, au les trois en images, on avait envie d’imaginer un théâtre
plus on aura des chances de conscientiser tout le monde.             filmé. Nous avons donc rassemblé nos outils. Dans l’objet ou
Julie Tenret : Au départ, on voulait d’abord choisir le thème la marionnette, le geste joue comme dans la danse. Il s’agis-
de notre spectacle, car on s’inspire de sujets de société, sait donc d’une partition minutieuse et longue à écrire, liée
même si on part de l’intime pour en parler. Il était clair que par nos trois personnalités, par le rythme. On s’est aussi
le climat était au centre de nos inquiétudes. Notre premier rencontrés pour notre engagement autour du corps.
travail consistait donc à voir comment la forme pouvait se
mettre au service du fond. Et la forme dans notre travail a Avez-vous travaillé avec un climatologue ?
beaucoup de sens. L’objet, l’acteur, le geste autour de cet ob- J.T. : Non, on a regardé beaucoup de documentaires, mais,
jet est déjà révélateur. On est dans une écriture très cinéma- comme on part de l’intime pour toucher à l’universel, cela
tographique, avec des échelles, des points de vue différents, ne nous a pas paru nécessaire.

                                                                                                                                   vendredi 8 novembre 2019 - La Libre Belgique            43
DIMANCHE FOCUS & CHALIWATÉ - REVUE DE PRESSE - Carré-Colonnes
Un “Dimanche” peu reposant…
                                                                                                                                                         nent un documentaire sur les espè-
           Scènes Visuel, total, tendre                                                                                                                  ces animales en voie de disparition.
           et réaliste, une création, sur                                                                                                                  Serrés dans leur camionnette, ils
                                                                                                                                                         activent leurs essuie-glaces, pendant
           le climat, à voir… d’urgence.                                                                                                                 que l’arbre magique se balance au
                                                                                                                                                         rétroviseur. Arrivé en Arctique, le
                                                                                                                                                         trio filme, tant bien que mal – perche
                 Critique Laurence Bertels                                                                                                               devant l’objectif, caméra défaillante
                                                                                                                                                         – la banquise qui craquelle et nous

          D
                  imanche… Ce jour d’ennui, de                                                                                                           déchire. Grandeur nature, une ourse
                  chaleur ou de mensonge. Ce                                                                                                             polaire et son petiot se blottissent
                  jour choisi par les compagnies                                                                                                         l’un contre l’autre, sur une surface de
           Focus et Chaliwaté, unies pour une                                                                                                            glace qui se rétrécit au point de me-
           création, dont la version courte,                                                                                                             nacer la vie de la maman. Âmes sen-
           Back-Up, vient d’obtenir l’Award du                                                                                                           sibles, s’abstenir…
           théâtre total au Fringe, prestigieux                                                                                                            Commentée en yaourt bulgare, la
           festival d’Edimbourg. Une recon-                                                                                                              scène est diffusée à la télévision dans

                                                                                                                                       VIRGINIE MEIGNÉ
           naissance inouïe pour deux “petites”                                                                                                          cet intérieur coquet où tout semble
           compagnies belges, qui leur assure                                                                                                            normal, malgré les défaillances qui
           une tournée internationale, de New                                                                                                            apparaissent au fil des dimanches et
           York à l’Australie, en passant par leur                                                                                                       des reportages.
           terre natale, la Belgique (voir La Libre   Julie Tenret donne magnifiquement vie à sa marionnette grandeur nature.                              Les ventilateurs tournent à plein
           du 8/11/19).                                                                                                                                  régime, comme les pales de l’héli-
             C’est dire si l’attente était grande,    role, visuel, sonore et universel, tant                                                            coptère-jouet chargé d’hélitreuiller
           mardi soir, au Théâtre royal de Na-        par la forme élue que par le fond dé-                                                              les reporters. La chaleur devient in-
           mur, pour la création de Dimanche,         fendu. Le fond, celui que touche no-                                                               soutenable. La grand-mère, animée
           et si le résultat fut à la hauteur des     tre humanité, à force de faire sem-                                                                avec humanité par Julie Tenret, n’y
           espérances même si, première               blant, de persister, coûte que coûte, à                   Du théâtre                               résiste pas. Pas plus que le Flamand
           oblige, la machine doit encore être        vivre sur terre, caillou de l’univers                       d’objet,                               rose qui vient s’écraser sur la fenêtre.
           un peu huilée. Il est vrai que le col-     qui s’érode à vue d’œil.                                                                           La maison s’éventre aux vents dé-
           lectif, composé de Julie Tenret (Fo-                                                                sans parole,                              chaînés, qui n’empêchent pas le cou-
                                                      Tendre et angoissant
           cus), Sicaire Durieux et Sandrine                                                                 sonore, visuel                              ple – les toujours aussi charismati-
           Heyraud (Chaliwaté), réunis à l’écri-        Tendre et drôle, mais aussi réaliste                                                             ques Sandrine Heyraud et Sicaire
           ture, à la mise en scène et à l’inter-     et angoissant, Dimanche s’écoute                         et universel,                             Durieux –, de fêter Noël autour
           prétation, a multiplié les audaces et      autant qu’il se regarde, grâce à une                      tant par la                              d’une volaille pour une scène ébou-
           décuplé d’inventivité pour une créa-       bande sonore remarquable, person-                                                                  riffante, sonnant le climax d’une
           tion habitée par la magie du cinéma        nage à part entière, qui, entre la Cal-                 forme choisie                              pièce sur le climat, à voir d’urgence.
           – avec ses gros plans, travellings et      las et Simon and Garfunkel, chu-                       que par le fond
           autres zooms – mêlée au charme de          chote à nos oreilles l’appel de la pla-                                                            U Namur, jusqu’au 15/11 au Théâtre
           l’artisanat, à la puissance évocatrice     nète, du désert aux fonds marins en                        défendu.                                royal. Infos : www.theatredenamur.be
           des objets et marionnettes, qui par-       passant par les glaciers.                                                                          ou 081 22 60 26. Bruxelles, du 19 au
           fois vivent plus que les humains.            Avec, pour point de départ, des re-                                                              30/11, aux Tanneurs. Infos : www.tan-
             Du théâtre d’objet, donc, sans pa-       porters, un peu bras cassés, qui tour-                                                             neurs.be ou 02 512 17 84.

           Bonne pêche à Liège
                                                      tionnelle de l’opéra de Bizet conçue compréhension du spectateur est                               plus l’âge du personnage, Annick
           Musique Retour à l’ORW,                    par Yoshi Oïda pour l’Opéra-Comi- facilitée ici par la diction parfaite de                         Massis reste une Leïla d’une très
           avec Plasson, des “Pêcheurs                que de Paris et déjà montée à Liège la distribution : deux Français, deux
                                                      en 2015 est assez plaisamment re- Wallons, couvés qui plus est par un
                                                                                                                                                         belle présence scénique et, si un vi-
                                                                                                                                                         brato prononcé (qui tend à se rétré-
           de perles” façon Oïda.                     posant. Certes, comme souvent chef français expert dans ce réper-                                  cir au fil de la soirée) affecte parfois
                                                      dans les reprises, la                                   toire.                                     l’intelligibilité du texte, la projec-
                                                      direction d’acteurs                                                                                tion, l’intonation et la richesse des

          L
                es nationalistes flamands en fe-      manque parfois de                                       Transparence                               nuances restent admirables. Excel-
                raient leurs choux gras s’ils s’in-   netteté, et il est çà et                                  Deux ans après ses                       lents aussi, le Zurga de Pierre
                                                                             OPÉRA ROYAL DE WALLONIE-LIÈGE

                téressaient à la culture : dans le    là quelques bras bal-                                   débuts à la Monnaie,                       Doyen (parfois un peu moins précis
           domaine de l’opéra, entre commu-           lants. Mais le met-                                     Michel Plasson fait, à                     dans le registre aigu) mais avec un
           nautés française et flamande, les          teur en scène japo-                                     86 ans, ses débuts                         magnifique sens du mot, et le Nou-
           différences de conception sont tel-        nais sait raconter                                      dans la fosse du                           rabad de l’inusable Patrick Delcour.
           les qu’il n’y a pas besoin de concer-      une histoire et souli-                                  Théâtre royal, et sa                       Après quelques flottements en dé-
           tation sur la programmation ! Opéra        gner ses éléments                                       lecture est un bon-                        but de soirée, les chœurs de Pierre
           flamand et Opéra royal de Wallonie         essentiels,      tandis                                 heur de transpa-                           Iodice trouvent rapidement leur
           (ORW) peuvent, à moins d’un an             que les décors de                                       rence et d’élégance.                       équilibre et, sans être exception-
           d’intervalle, afficher tous deux Les       Tom Schenk, d’un               Cyrille Dubois           Le héros de la soirée                      nels, assurent avec le soin requis
           Pêcheurs de perles (et, demain, Don        exotisme        discret    Nadir et héros de la soirée. est le ténor Cyrille                       leurs pages essentielles.
           Carlos), mais ce sont des œuvres dif-      inspiré du kabuki et                                    Dubois, Nadir mira-                                              Nicolas Blanmont
           férentes que l’on voit.                    joliment éclairés, se révèlent à nou- culeux de suavité et de grâce et
             Après les détournements puérils          veau esthétiques et fonctionnels.         dont la romance du premier acte                          U Liège, Théâtre royal, les 14 et
           et peu convaincants du collectif FC          À la différence aussi de la récente est un moment béni, mais ses collè-                          16 novembre à 20h ;
           Bergmann, revoir la vision tradi-          production de l’Opéra flamand, la gues ne sont pas en reste. Si elle n’a                           www.operaliege.be

42   La Libre Belgique - jeudi 14 novembre 2019
DIMANCHE FOCUS & CHALIWATÉ - REVUE DE PRESSE - Carré-Colonnes
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Le Soir Vendredi 15 novembre 2019

    20 culture

                       Les lycéens bouclent
    PRIX LITTÉRAIRES

                       l’automne littéraire
                       français
                       Karine Tuil, après                                                                          vie spirituelle telle qu’elle est décrite par
                                                                                                                   Allan Kardec dans Le livre des esprits,
                       l’Interallié, reçoit le                                                                     lecture sulfureuse s’il en est.
                                                                                                                      Mais, après tout, si l’Église croit que la
                       Goncourt des lycéens.                                                                       Vierge est apparue à Lourdes, pourquoi
                                                                                                                   d’autres défunts ne se manifesteraient-
                       Ceux du Renaudot                                                                            ils pas aux vivants ?
                       couronnent le premier                                                                          Sur la crête qui sépare le rationnel de
                                                                                                                   l’irrationnel, la romancière tient un
                       roman de Victoria Mas,                                                                      équilibre précaire – le lecteur qui aurait
                                                                                                                   de moindres talents d’équilibriste risque
                       « Le bal des folles ».                                                                      cependant de choir en attendant le clou
                                                                                                                   du spectacle, ce bal des folles promis
                                                                                                                   pour la mi-carême et qui est aussi atten-
                                                                                                                   du par les internées que par le public qui
                       PIERRE MAURY                                                                                s’y pressera en quête de sensations
                                                                                                                   fortes.

                       V
                                ictoria Mas, fille de Jeanne Mas,                                                     Le très populaire Goncourt des ly-
                                s’est fait mieux qu’un prénom en                                                   céens, qui se moque bien de savoir si les
                                publiant son premier roman en                                                      livres lus figurent déjà ou non au palma-
                       août. Le bal des folles. Après quelques                                                     rès des autres prix d’automne, va à Ka-
                       prix mineurs chargés d’anticiper la                                                         rine Tuil pour Les choses humaines, ro-
                       charge de la cavalerie, Le Renaudot des                                                     man couronné pas plus tard que la veille
                       lycéens vient de la consacrer.                Victoria Mas, fille de Jeanne Mas,            par les vieilles barbes du prix Interallié.
                          En 1885, la Salpêtrière est un lieu        remporte Le Renaudot des lycéens                 La parole des femmes violées aura au
                       maudit où s’entassent des folles mais         pour « Le bal des folles ». © D.R.            moins, cette année, bénéficié d’un for-
                       aussi et surtout des femmes dont la fa-                                                     midable effet transgénérationnel ! Et
                       mille ou la société ne veut plus, pour de     sure, y avoir toute sa place : sa révolte     bénéficiera désormais de l’ascenseur ha-
                       bonnes ou, plus souvent, de mauvaises         contre les idées reçues, sa volonté d’être,   bituel vers les sommets des meilleures
                       raisons. Eugénie, par exemple, fille de       bien que femme, une personne à part en-       ventes. Contaminées en 2019 par la ty-
                       bonne famille où l’on est notaire de père     tière la désignent à l’opprobre familial et   rannie des sujets, condamnées peut-être
                       en fils, souffre d’être considérée comme      collectif.                                    pour des années à faire passer ceux-ci
                       quantité négligeable – juste bonne à ma-         Pendant ce temps, Charcot multiplie        avant la littérature. Encore ces sujets-ci
                       rier et surtout pas à manifester son goût     ses expériences d’hypnose. Il maîtrise la     méritent-ils d’être traités, et en urgence.
                       pour la conversation à fleurets non mou-      méthode – jusqu’à un certain point car
                       chetés, la lecture et la pensée.              nous assisterons à un accident en même
                          En outre, c’est son principal défaut       temps que l’assemblée qui se presse aux
                       après celui d’être du sexe féminin, elle      séances dans l’espoir, souvent comblé,                         Le bal des folles
                       est dotée d’un pouvoir singulier : elle       d’assister à d’excitantes scènes d’hysté-                      VICTORIA MAS
                       voit les esprits de certains morts, entend    rie.                                                           Albin Michel
                       ce qu’ils lui disent, engage avec eux des                                                                    250 p.
                                                                        Geneviève, attirée par la médecine de-
                                                                                                                                    18,90 €
                       relations qu’elle n’a pas choisies mais qui   puis son plus jeune âge – au contraire de                      ebook 12,99 €
                       s’imposent à elle. Confiante dans l’appa-     sa sœur Blandine, trop tôt disparue, qui
                       rente bienveillance de sa grand-mère,         avait voué sa vie à Dieu –, est d’une aide
                       elle lui a confié qu’elle possédait ce don    précieuse aux recherches de Charcot et,                        Les choses humaines
                       parfois encombrant – et la grand-mère,        par sa présence et sa constance d’hu-                          KARINE TUIL
                       révélant son véritable visage, s’est em-      meur, rassure les patientes. Mais la ren-                      Gallimard
                                                                                                                                    341 p.
                       pressée de la dénoncer à son fils, le père    contre avec Eugénie remet en question
                                                                                                                                    21 €
                       d’Eugénie. Direction la Salpêtrière, chez     les principes de l’hôpital auxquels elle                       ebook, 14,99 €
                       les folles !                                  adhérait de tout son corps et de toute son
                          Elle semble, dans une certaine me-         âme. Elle entrevoit la possibilité d’une

                       J’peux pas, « Dimanche »,
    THÉÂTRE

                       j’ai dérèglement climatique
                       On est plus chaud, plus                       tier. Cette fois, le trio prolonge sa bio-    risque de vous gâcher le plaisir, mais
                                                                     masse artistique dans une forme plus          disons que vous serez sauvagement
                       chaud que le climax ! Et ce                   longue qui commence dans le Grand             éblouis par des phares dans la savane,
                       climax, c’est « Dimanche »,                   Nord, sur les talons d’une équipe de          que vous grimperez sur une échelle
                                                                     reporters animaliers en quête d’es-           suspendue à un hélicoptère ou que
                       une merveille de théâtre                      pèces en voie d’extinction. Des petits        vous vous promènerez dans une mai-
                       d’objets et de marionnettes                   sapins en plastique, une fourgonnette         son engloutie par les eaux et colonisée
                                                                     miniature, un coude en forme de mon-          par d’étranges méduses.
                       pour illustrer notre inertie                  tagne de neige, des loupiotes pour sug-         Le plus fort, dans ce voyage domini-
                                                                     gérer un chalet de bois, des essuie-          cal, c’est sa manière d’explorer une
                       face au dérèglement                           glaces qu’on secoue en rythme : ce            thématique anxiogène – l’urgence cli-
                       climatique. En création à                     sont les objets et les corps qui com-         matique – sans aucun pathos alar-
                                                                     posent le décor de cette fragile ban-         miste. Dimanche réussit à tisser une
                       Namur avant une tournée                       quise où nos documentaristes filment          sorte de cauchemar de fin du monde
                       en Belgique et à l’étranger.                  ce qu’il reste de nature. C’est finale-       mais avec une acuité et une ironie
                                                                     ment la nature qui aura raison d’eux          constantes pour souligner les stratégies
                                                                     avant qu’une famille d’ours polaires ne       de l’être humain pour préserver son
                                                                     fasse aussi les frais de la fonte des         confort quotidien jusqu’à l’absurde. Il
                       CRITIQUE                                      glaces.                                       faut voir cette famille occupée à pour-
                       CATHERINE MAKEREEL                                                                          suivre ses activités dominicales alors
                                                                     Inventivité                                   que tout s’effondre autour d’eux, que

                       L    a scène n’est pas à un paradoxe
                            près. Avec Dimanche – créé mardi
                       au Théâtre de Namur –, Julie Tenret,
                                                                     Avec une inventivité qui s’affole plus
                                                                     vite que le mercure dans les incendies
                                                                     en forêt amazonienne, l’équipe nous
                                                                                                                   les meubles fondent (littéralement)
                                                                                                                   sous la canicule et que les bourrasques
                                                                                                                   emportent la table et la dinde du dî-
                       Sicaire Durieux et Sandrine Heyraud           embarque au cœur du pôle Nord (et             ner. Chaque seconde se gorge de trou-
                       prouvent qu’on peut carburer au dérè-         plus tard dans des jungles tropicales         vailles plus sûrement que notre atmo-
                       glement climatique tout en prospérant         ou sur des mers exotiques) sans grand         sphère se charge de gaz à effet de
                       à l’énergie renouvelable. Les compa-          décor spectaculaire mais grâce à mille        serre, à l’image des courbes de ce
                       gnies Chaliwaté et Focus ont beau             astuces sonores ou visuelles. Un cra-         corps nu pour dessiner une dune de
                       créer un spectacle sur les catastrophes       quement déchirant pour évoquer des            sable. Non, décidément, ces créateurs-
                       naturelles à venir, leur théâtre pro-         icebergs qui se détachent. Des images         là sont tout sauf des artistes du… Di-
                       pulse un imaginaire plus ébouriffant          vidéo (plus vraies que nature alors que       manche !
                       que les pales d’une éolienne.                 tout a été filmé avec des maquettes en
                          Nous avions déjà eu un aperçu de           studio) convoquent tornades et tsuna-         Jusqu’au 16/11 au Théâtre de Namur. Du 19 au
                       leur artisanat solaire dans Backup, pe-       mis. Des marionnettes à taille réelle et      30/11 aux Tanneurs, Bruxelles. Les 3 et 4/12 à
                       tite forme qui avait raflé des prix au        manipulées avec brio suggèrent une            la Maison de la culture de Tournai. Le 6/12 à la
                       Fringe d’Edimbourg, leur ouvrant les          faune en péril. Impossible de trop en         Maison de la culture Famenne-Ardenne,
                       portes de festivals dans le monde en-         dire de ces expéditions foireuses au          Marche.

                                                                                                                                                                      20
De batterij van de aarde raakt leeg - De Standaard                                                                       25/11/19 09(48

                          Fien Buckens
                                    Fien Buckens

                                                                 Vorig jaar zagen we al een versie van 20 minuten
                               CHALIWATÉ & FOCUS                 op Edinburgh Fringe. Back-up was er zo’n succes
                               Dimanche
                                                                 dat programmatoren van Nieuw-Zeeland tot Ca-
                                                                 nada de lange versie blind boekten. Ook dat is
                                                                 een paradox: een theaterstuk over de klimaat-
                                                                 ramp zal hierna jarenlang de wereld afschuimen.
                                 Maar het is de Brusselse gezelschappen Chaliwaté en Focus gegund: publiek van
                                 overal zou dit stuk moeten zien – hopelijk valt ook Vlaanderen voor zoveel visu-
                                 ele poëzie.
                                    Dimanche snijdt heen en weer tussen twee verhaallijnen. We volgen drie na-
                                 tuurreporters (met een liefde voor Paul Simon) op zoek naar uitstervende dier-
                                 soorten. Maar hun hang naar spectaculaire beelden is niet zonder gevaar: op de
                                 noordpool, op de steppe en in de diepzee sneuvelt er telkens één reporter door
                                 een extreem natuurfenomeen.
                                    Daartegenover staan huiselijke taferelen op een lome, hete zomerdag zoals er
                                 steeds meer zullen volgen. Zelfs de kapstok en de tafel smelten in wonderlijke
                                 transformaties die doen denken aan de sculpturen van Erwin Wurm. Absurd
                                 hoe de bewoners proberen voort te leven alsof er niets aan de hand is. Het legt
                                 de vinger op onze inertie: schieten we pas écht wakker als oudjes massaal het
                                 loodje leggen van de hitte, zoals de inwonende oma hier?

                                     Pluchen ijsbeer
                                    Dimanche toont dit alles zonder woorden, maar in een prachtige combinatie
                                 van mime, objectentheater en video. In uitgepuurde scènes en met knappe thea-
                                 trale effecten creëert het een surreële, droomachtige wereld met oog voor detail
                                 – de kleine pluchen ijsbeer leek haast ‘echter’ te bewegen dan in een
                                 natuurdocumentaire.
                                    Maar aan het eind volgt een confronterende spiegel, wanneer de batterij van
                                 de aarde op is en er ook geen sprake meer is van de mensheid. Dimanche is een
                                 dystopische klimaatparabel, die evenwel een plezier is om te aanschouwen.
                                    FILIP TIELENS

https://www.standaard.be/cnt/dmf20191121_04729459?articleha…910E831A2109CEA8122CA39355F8490F67A98571A0241B31C5E131906E     Page 2 sur 3
| NOS CHOIX ÉTOILÉS |
 ★★ À la vie, à la mort                                              mante”, a inspiré à Julien Fournier, acrobate et danseur, une            blic.be Quand Jusqu’au 31 décembre
 Où Bruxelles, Le Public – 0800.944.44 – www.theatrelepu-            pièce à l’intersection du cirque, du documentaire et de la               La pièce à succès du Français Alexis Michalik retraçant la
 blic.be Quand Jusqu’au 31 décembre                                  poésie visuelle. Intégrant des témoignages édifiants, les                création laborieuse de Cyrano de Bergerac par Edmond
 Écrit par Bernard Cogniaux et Pierre-André Itin, À la vie, à        mots de Laurence Vielle (en voix off), égrènent les condi-               Rostand est désormais sur les planches du Public, jouée par
 la mort part d’un concept éthiquement dérangeant mais               tions et conséquence de cette combustion intérieure. Forme               une brillante brochette de comédiens belges. Sans être un
 plausible : programmer l’heure de sa mort afin que l’argent         et fond, en adéquation parfaite jusque dans les décalages,               copier-coller de l’original, cette version réinventée conserve
 économisé sur le paiement des retraites soit réinjecté dans         forment un tout étourdissant et juste. (M.Ba.)                           toute la marque de fabrique de Michalik : du rythme, du
 un fonds public finançant des projets durables. Sans verser                                                                                  rythme et encore du rythme. Plaisir et émotions garantis
 dans le moralisme ou la culpabilisation, la pièce suscite in-                                                                                pour ce beau moment de théâtre mêlant texte efficace, hu-
 telligement, entre réalité et fiction, le débat, servie par trois   ★★★ Le Champ de bataille                                                 mour et vers, magnifiques, de Cyrano. (St. Bo.)
 excellents comédiens (Alexandre Von Sivers, Pietro Pizzuti          Où La Louvère, Central – 064.21.51.21 – www.cestcen-
 et Edwige Baily) et une mise en scène habile de Michel Ka-          tral.be Quand du 27 au 30 novembre
 cenelenbogen. (St. Bo.)                                             Tiré du roman éponyme du journaliste Jérôme Colin, Le                    ★★★ En toute inquiétude
                                                                     champ de bataille est porté à la scène par Denis Laujol sous             Où Verviers, Centre culturel régional – 087.39.30.30 –
                                                                     la forme d’un seul en scène confié à Thierry Hellin. Le comé-            www.ccverviers.be Quand Le 3 décembre
 ★★★ Anti-héros                                                      dien incarne avec fougue et charisme une galerie de per-                 Pour ce solo, Jean-Luc Piraux rend hommage à son père à
 Où Bruxelles, Théâtre de la Toison d’Or – 02.510.05.10 –            sonnages gravitant autour d’un quadra père d’un ado dont il              travers le personnage de Séraphin, un “Monsieur Tout-le-
 www.ttotheatre.com Quand Jusqu’au 21 décembre                       ne parvient pas à gérer les assauts. Entre humour et ten-                monde” promu (anti)héros de l’épopée du quotidien. On rit,
                                      Artiste brillant et            dresse, cette pièce est un miroir implacable des galères que             on se reconnaît, on est touché par la grâce et la verve de ce
                                      multiple – chanteur,           tout parent d’ado(s) peut/pourra connaître. Et qu’est-ce que             clown élégant qui ne va pas sans rappeler Dario Fo. (Ph.T.)
                                      homme de cinéma,               c’est bon de déculpabiliser un peu ! (St. Bo.)
                                      de télé et de théâtre
                                      –, Achille Ridolfi                                                                                      ★★★★ L’Herbe de l’oubli
                                      éclaire, dans son              ★★★ Crâne                                                                Où Bruxelles, Poche – 02.649.17.27 – www.poche.be
                                      premier one-man-               Où Huy, Centre culturel – 085.21.12.06 – www.acte2.be                    Quand Jusqu’au 7 décembre
                                      show, les côtés som-           Quand Le 27 novembre
                                      bres du métier d’ac-           Très belle et forte création d’Antoine Laubin qui porte à la
                                      teur et de comédien            scène le récit précis, intérieur, bouleversant, de l’opération
                                      où le paraître et              que l’écrivain Patrick Declerck a connue le 27 mars 2013.
                                      l’image sont rois à            On lui a enlevé une tumeur au cerveau près des zones du
                                      coups de menson-               langage, avec une méthode étonnante de chirurgie éveillée.
                                      ges et d’impostures.           (G.Dt)
                                      Le tout dans une
                                      mise en scène ludi-
                                      que et interactive si-         ★★★★ Dimanche
                                      gnée Nathalie Uf-              Où Bruxelles, Les Tanneurs – 02.512.17.84 – www.lestan-
                                      fner. (St.Bo.)                 neurs.be Quand Jusqu’au 30 novembre
DR

                                                                     Visuel, total, tendre et réaliste, une création, sur le climat, à
                                                                                                                                         2TÊTES

                                                                     voir… d’urgence, qui multiplie les audaces et décuplé d’in-
 ★★★ Burning (Je ne mourus pas et pourtant nulle vie                 ventivité pour une création, de Focus et Chaliwaté, habitée
 ne demeura)                                                         par la magie du cinéma et le charme de l’artisanat. Soufflant            Entre révolte et onirisme, Tchekhov et Svetlana Alexievitch,
 Où Nivelles, Waux-Hall – 067 88 22 77 – www.centrecultu-            comme un ouragan. (L. B.)                                                prix Nobel de littérature, Jean-Michel d’Hoop raconte Tcher-
 reldenivelles.be Quand Du 3 au 7 décembre Et aussi Au Na-                                                                                    nobyl comme jamais. Du théâtre documentaire qui inter-
 tional (Bruxelles) du 3 au 7 décembre                                                                                                        pelle pour un chassé-croisé d’hier et d’aujourd’hui, de co-
 Le burn out, cette “mécanique crématoire qui finira par             ★★★ Edmond                                                               médiens et de marionnettes, de déchets radioactifs, qui dis-
 transformer l’employé trop zélé en petit tas de cendre fu-          Où Bruxelles, Le Public – 0800.944.44 – www.theatrelepu-                 paraîtront dans 100 000 ans, et de légumes bio. (L.B.)

     36   Arts Libre - mercredi 27 novembre 2019
LES TOPS DE LA
                                                                                  CINÉMA

Sympathie pour le diable au cœur du chaos
★★★                                                                                                              spectateur ? Et l’adrénaline de sa vie en jeu ?
De Guillaume de Fontenay, avec Niels Schneider, Ella Rumpf,                                                      Inspiré du livre de Paul Marchand, le film ques-
Vincent Rottiers, 100 mn.                                                                                        tionne la position du journaliste comme il
Sarajevo, novembre 1992, sept mois après le                                                                      questionne l’utilité de la guerre. Filmé caméra
début du siège, le plus long de l’histoire de la                                                                 à l’épaule, dans le sillage de Paul, avec une
guerre moderne, qui fera 12.000 morts. Le                                                                        dimension documentaire, le film tente de
reporter de guerre français Paul Marchand fut                                                                    capter l’ambiguïté de la guerre, mettant aussi
un des premiers journalistes sur les lieux. Il a                                                                 bien en scène l’horreur vécue par les victimes
tenté d’alerter la communauté internationale                                                                     civiles que des élans amoureux ou une virée en
du chaos dont il était témoin. Plongeant dans                                                                    discothèque. C’est radical et humain, cru et
les entrailles de ce conflit fratricide, convaincu                                                               pudique. Pas question pour le Québécois
qu’un journaliste se doit d’être à l’endroit exact                                                               Guillaume de Fontenay, qui planche sur cette
où on lui interdit d’être, il informe coûte que                                                                  adaptation depuis 2005, d’embellir la guerre
coûte depuis cette ville meurtrie où il n’y a plus                                                               ou d’insister sur le sang qui coule. Son souci :
de codes sociaux, où tout se vit dans l’instant,                                                                 être dans de la réalité du reporter. Réussir à
sans lendemain. Mais face à l’opinion publique                                                                   exprimer clairement la complexité d’un conflit
molle et aux politiques sans réaction, il com-                                                                   absurde. Et faire le portrait non pas hagiogra-
pose avec son objectivité journalistique, le                                                                     phique, mais humain et sans complaisance
sentiment d’impuissance, un certain sens du                                                                      d’un homme charismatique, grande gueule,
devoir face à l’horreur et décide de prendre                                                                     ambigu, à la fois dandy et tête brûlée, que
parti pour rendre compte de l’absurdité de la                                                                    Niels Schneider personnifie formidablement,
situation et faire bouger les choses.                                                                            adoptant son phrasé saccadé, son énergie, sa
Rarement fiction n’a rendu compte de la réalité                                                                  sensibilité à vif, le sentiment d’urgence qui
du reporter de guerre de cette façon. Com-                                                                       l’animait et ses failles. Sympathie pour le diable
ment garder toute son objectivité face à l’hor-                                                                  est un cri du cœur qu’il reste vital d’entendre.
reur et la détresse ? Devenir acteur ou rester                                                                                                        FABIENNE BRADFER

                  DVD                                 ROCK ET VARIÉTÉS                                JAZZ                                    SCÈNES

Le roi Lion                                    Leonard Cohen                            George Enescu                          Un long «Dimanche»
100 % numérique                                d’outre-tombe                            Deconstructed                          de trouvailles
                    ★★★★                                                ★★★★                                   ★★★
                    De Jon Favreau, 118 mn.                             Leonard                                Œdipe Redux
                    Disney DVD                                          Cohen :                                Bozar,
                 Vingt-cinq ans                                         « Thanks for                           mercredi 27,
                 après l’œuvre                                          the Dance »                            21 h
                 Disney originale,                                      (Sony).                                 George
                 Jon Favreau donne                                        Au mo-                                Enescu est
                 une nouvelle et                                          ment de                               le grand
                 fabuleuse dimen-                                         terminer la                           composi-
sion au récit poignant d’un lion-              production de l’album You Want           teur roumain (1881-1955). Bozar        ★★★★
ceau quittant la Terre des Lions,              It Darker, Leonard a demandé à           lui rend hommage pour Europalia        Jusqu’au 30/11 aux Tanneurs, Bruxelles. Les
convaincu d’avoir provoqué la                  son fils Adam de terminer sans           Romania avec l’aide de Lucian          3 et 4/12 à la Maison de la culture de
mort de son père. Il en fait une               lui (s’il lui arrivait quelque           Ban et Mat Maneri (photo). Le          Tournai.
version 100 % numérique faisant                chose), les neuf chansons res-           pianiste et le violoniste ont arran-   Julie Tenret, Sicaire Durieux et
preuve d’un réalisme sidérant. Le              tantes sur lesquelles il avait           gé l’opéra Œdipe d’Enescu pour le      Sandrine Heyraud prouvent qu’on
film suit scène par scène l’original           déposé sa voix. Trois ans après sa       faire entrer dans le jazz du XXIe      peut créer un spectacle sur les
mais dans ce copié-collé, l’émo-               mort, voilà que paraît cet album         siècle et ont rassemblé un groupe      catastrophes naturelles à venir et
tion et l’humour restent intacts.              miraculeux entièrement inédit            extraordinaire pour le jouer :         propulser un imaginaire plus
Grâce au fabuleux procédé numé-                réalisé avec ses musiciens mais          Louis Sclavis à la clarinette, Ralph   ébouriffant que les pales d’une
rique utilisé par Favreau, à l’effica-         aussi Jennifer Warnes, Daniel            Alessi à la trompette, Theo Bleck-     éolienne. Entre marionnettes,
cité du scénario qui n’a pas pris              Lanois, Patrick Watson, Damien           mann et Jen Shyu aux voix, John        théâtre d’objet et prouesses
une ride et au lyrisme des chan-               Rice, Feist, Dustin O’Halloran et        Hébert à la contrebasse et Tom         physiques, la pièce vous em-
sons écrites par Elton John et Tim             Beck. Tous pour préserver au             Rainey aux percussions. Un             barque du pôle Nord aux jungles
Rice. C’est magistral et magique.              mieux l’esprit et le son inimitable      concert unique.                        tropicales, sans parole mais avec
En bonus, un making of captivant.              du maître. Un véritable festin !                    JEAN-CLAUDE VANTROYEN       mille trouvailles visuelles.
                       FABIENNE BRADFER                              THIERRY COLJON                                                               CATHERINE MAKEREEL

Page 2 Mercredi 27 novembre 2019 Mad
Dans Dimanche, des compagnies Focus et Chaliwaté,
une famille tente de maintenir son quotidien, malgré
les cataclysmes. Un miroir à peine grossissant…
CULTURE THÉÂTRE

                   RÉCHAUFFEMENT

                   SUR LES PLANCHES
                         Comment le théâtre peut-il participer à la prise de conscience de l’actuel
                         écocide de la planète ? Deux nouveaux spectacles, Sabordage et Dimanche,
                                  répondent avec les armes de l’absurde et de l’humour.

                                                                        P AR E ST E LLE SP OT O

                             ertains sujets s’avèrent si        tastrophe de Tchernobyl ont donné lieu       nucléaire : le National avec la nouvelle

                 C
                             prégnants, si urgents que          à plusieurs créations, dès les années 1990   création de Fabrice Murgia, La Mémoire
                             le théâtre ne peut que s’en        et 2000 (Tchernobyl Now, Pripiat...).        des arbres (voir Le Vif/L’Express du 4 sep-
                             emparer. Il y a quelques an-       L’accident nucléaire de Fukushima en         tembre), sur la catastrophe d’Oziorsk, en
                             nées, la crise des migrants        2011 et le prix Nobel attribué en 2015 à     1957 ; et le Théâtre de Poche avec Les En-
                             a déboulé avec force sur les       Svetlana Aleksievitch, auteure de La         fants, de Lucy Kirkwood, fable postapo-
                             scènes, saisissant les es-         Supplication, récit basé sur la récolte de   calyptique mettant deux scientifiques à
                             prits d’une autre façon que        plusieurs centaines de témoignages sur       la retraite devant un fameux dilemme.
                             les images d’actualité. Au-        la catastrophe de 1986, ont réveillé cette     Plus récemment, l’impact de l’activi-
                             jourd’hui, après un été où les     veine ces dernières années. Directement      té humaine sur le réchauffement de la
                 records de températures caniculaires           inspiré par La Supplication, le spectacle    planète a infiltré les planches. En 2015,
                 ont à nouveau été battus et où le Giec         documentaire L’Herbe de l’oubli, de la       Les Glaciers grondants, écrit et mis en
                 (Groupe d’experts intergouvernemen-            Compagnie Point Zéro, élu meilleur           scène par David Lescot, abordait le su-
                 tal sur l’évolution du climat) a rendu         spectacle aux derniers Prix de la Cri-       jet frontalement et était présenté au
                 un rapport spécial alarmant, à l’heure         tique, continue sa tournée cette saison      théâtre des Abbesses pendant toute la
                 où Greta Thunberg est devenue une              (lire page 78). Deux théâtres bruxellois     durée de la COP21 à Paris. Chez nous,
                 icône mondiale et où on déplore que            font aussi leur rentrée sur le thème du      l’année dernière, Anne-Cécile Vanda-
                 la déforestation en Amazonie a qua-                                                         lem imaginait dans Arctique un futur
                 siment doublé sur un an, c’est le ré-                                                       proche où quelques personnes tentaient
                 chauffement climatique qui s’impose             LE SPECTACLE                                 de rejoindre clandestinement le Groen-
                 au cœur du monde du spectacle, à la                                                         land, nouvel eldorado d’air respirable
                 suite des scientifiques et des rassem-         DOCUMENTAIRE                                 et de paix.
                 blements citoyens.                             L’HERBE DE L’OUBLI
                   Le mariage entre l’écologie et le théâtre,   CONTINUE SA                                  La possibilité d’une île
PHILLIP SPEARS

                 s’il est resté relativement discret, n’est                                                  Au sein du Collectif Mensuel, basé
                 pas nouveau. Les dangers de l’énergie          TOURNÉE CETTE                                à Liège et qui a récemment fait un
                 nucléaire et plus particulièrement la ca-      SAISON.                                      carton avec le mash-up musico- «

                 LE VIF • NUMÉRO 38 • 19.09.2019                                                                                                   77
CULTURE THÉÂTRE

« cinématographico-théâtral de                  les visionnements de documentaires,                              humain à transformer un paradis en
films hollywoodiens Blockbuster, la             creusant notamment la collapsologie,                             enfer : Nauru, 21 kilomètres carrés pour
décision d’aborder le sujet a été prise il      soit « l’étude de l’effondrement de la                           près de 14 000 habitants, quelque part à
y a un peu plus d’un an. « Au début d’une       civilisation industrielle », popularisée                         mi-chemin entre l’Australie et Hawaii.
nouvelle création, on se demande tou-           par l’essai de Pablo Servigne et Raphaël                         Après la découverte de l’île par un na-
jours : si c’était le dernier spectacle que     Stevens Comment tout peut s’effondrer.                            vigateur britannique à la toute fin du
l’on devait faire, de quoi voudrait-on          Petit manuel de collapsologie à l’usage                          XVIIIe siècle, les quelques centaines
parler ? expose Renaud Riga, membre             des générations présentes (Seuil, 2015).                         d’autochtones seront colonisés et ver-
du collectif. Il y a encore quelque an-         « Mais après trois semaines, on était tous                       ront leurs terres creusées pour en tirer
nées, l’injustice et les inégalités étaient     réellement déprimés, poursuit Renaud                             le phosphate pur, utilisé comme en-
ce qui nous paraissait le plus choquant.        Riga. On s’est dit qu’on ne pouvait pas                          grais dans l’agriculture. Aux mains des
Aujourd’hui, il y a pire : la destruction       s’imposer ça, il fallait qu’on trouve une                        Anglais, puis des Allemands, puis des
importante de notre milieu de vie, avec         autre voie, qui permette aussi d’avoir un                        Australiens, Nauru acquiert son indé-
potentiellement une destruction de vies         peu d’espoir (1). »                                              pendance en 1968. Les Nauruans voient
humaines, qui touchera a priori d’abord           Cette piste, ce sera le cas bien réel d’une                    dès lors leur niveau de vie augmenter,
les plus démunis. » Le groupe d’artistes        petite île dont le destin est la démons-                         jusqu’à se classer, en 1974, deuxième
liégeois multiplie alors les lectures et        tration même des capacités de l’être                             pays au monde en PIB par habitant
                                                                                                                 (derrière l’Arabie saoudite). Mais la
                                                                                                                 manne à phosphate n’est pas éternelle.
  EN PRATIQUE                                                                                                    Son exploitation cesse définitivement
                                                                                                                 en 2003 avec, pour conséquence, un
  • L’Herbe de l’oubli : du 26 novembre au 7 décembre au Théâtre de Poche à
    Bruxelles, du 9 au 14 janvier à l’Eden à Charleroi, les 15 et 16 janvier à la maison                         effondrement de l’économie de l’île.
    de la culture de Tournai, le 11 mars au centre culturel de Braine-le-Comte.                                  Aujourd’hui, les Nauruans, gagnés par
  • La Mémoire des arbres : jusqu’au 22 septembre au Théâtre national à Bruxelles,                               des habitudes alimentaires probléma-
    les 22 et 23 janvier au NTGent.                                                                              tiques et une mauvaise hygiène de vie,
  • Les Enfants : du 17 septembre au 10 octobre au Théâtre de Poche à Bruxelles.                                 présentent un des taux d’obésité parmi
  • Sabordage : du 22 septembre au 3 octobre au Théâtre de Liège, du 21 au 24                                    les plus importants du monde (90 %
    octobre à l’Eden à Charleroi, du 6 au 8 novembre au théâtre le Manège à Mons,                                de la population est en surpoids) et une
    du 17 au 21 mars à l’Atelier Théâtre Jean Vilar à Louvain-la-Neuve, du 31 mars au                            espérance de vie qui a chuté à 59 ans
    3 avril au Théâtre de Namur, les 23 et 24 avril au centre culturel de Verviers.
                                                                                                                 pour les hommes (65 pour les femmes).
  • Dimanche : du 12 au 16 novembre au Théâtre de Namur, du 19 au 30 novembre au                                 En 2009, le taux de chômage tournait
    théâtre les Tanneurs à Bruxelles, les 3 et 4 décembre à la maison de la culture de
                                                                                                                 autour de 90 %.
    Tournai, le 6 décembre à la maison de la culture Famenne-Ardenne à Marche.
                                                                                                                   Cette tragédie à l’échelle d’un pays
                                                                                                                 était déjà apparue dans des livres (J’ai
                                                                                                                 entraîné mon peuple dans cette aven-
                                                                                                                 ture de Aymeric Patricot et la BD Les
                                                                                                                 Vieux Fourneaux de Lupano et Cauuet).
                                                                                                                 Au dernier Kunstenfestivaldesarts de
                                                                                                                 Bruxelles, elle était au cœur de Pleasant
                                                                                                                 Island (le surnom de Nauru) de Silke
                                                                                                                 Huysmans et Hannes Dereere, une
                                                                                                                 pièce de théâtre documentaire dont la
                                                                                                                 narration était entièrement assurée par
                                                                                                                 smartphones interposés.
                                                                                                                   Elle n’a donc pas fini de faire parler.
                                                                                           VÉRONIQUE VERCHEVAL

                                                                                                                 « Il nous a semblé que l’exemple de cette
                                                                                                                 île était représentatif de ce qui pourrait
    L’Herbe de l’oubli :
                                                                                                                 nous arriver de pire. Ce n’est pas la faute
    retour à Tchernobyl,
                                                                                                                 à pas de chance, ou à un ouragan qui leur
    plus de 30 ans après.
                                                                                                                 serait tombé dessus : c’est la pensée éco-
                                                                                                                 nomique qui a amené cette destruction.

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