DORMIR CENT ANS - FICHE D'ACCOMPAGNEMENT CULTUREL ET PÉDAGOGIQUE www.sn-albi.fr

 
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Saison                      Collèges au théâtre
2020 — 2021

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FICHE
D’ACCOMPAGNEMENT
CULTUREL
ET PÉDAGOGIQUE
Emilie Jouanel, janv 2021

DORMIR
CENT ANS

                            Scène Nationale d’Albi
                            1-1087934, 1-1087935, 1-1087936, 2-108793, 3-1087938. © DR
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« Théo : Ça veut dire
quoi être un homme ?
Éric : Être un homme ?
C’est savoir qui on
est, ce qu’on veut
faire dans la vie et ce
qu’on mange ce soir.
Par ex. La Grenouille :
Tu veux pas devenir
un homme ? »
— Pauline Bureau

Durée : 1h                                   Dramaturgie                            Régie générale et régie son
Texte et mise en scène                       Benoîte Bureau                         Sébastien Villeroy
(avec et pour les comédiens)                 Scénographie et réalisation visuelle   Régie vidéo
Pauline Bureau                               Yves Kuperberg assisté de Alex Forge   Justin Artigues
                                             Musique et son
Le texte Dormir cent ans est publié          Vincent Hulot
aux Editions Actes Sud-Papiers.              Costumes et accessoires
Le spectacle a reçu les prix public          Alice Touvet
et professionnel de Momix 2016,              Lumières
Festival International pour la jeunesse et   Bruno Brinas
le Molière 2017 du spectacle                 Collaboration artistique
jeune public.                                Cécile Zanibelli
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Un questionnement
sur la construction de
l’identité
La compagnie La Part des Anges prolonge ici
le questionnement déjà présent dans ses deux
précédents spectacles :

Modèles (2011)                                                  Sirènes (2014)

Création collective qui interroge sur la construction intime    1966, Annie attend en vain son mari, parti pour de bon en
de l’identité féminine, Modèles est le portrait d’une gé-       les laissant, elle et sa fille Hélène encore enfant.
nération qui témoigne avec ses propres mots et ceux de          1983, Hélène, jeune diplômée et enceinte d’une petite
Despentes, de Cat Power, de Duras, de Bourdieu... pour          Aurore, apprend la mort de son père qu’elle ne voyait plus.
raconter les blessures, les bouleversements du corps, les       2013, Aurore a grandi, sa carrière de chanteuse est brus-
expériences de femmes.                                          quement mise en péril par une extinction de voix fulgurante,
Sans moralisme, ni victimisation, Modèles, à la fois drôle,     elle consulte un psychanalyste et se résout à parler pour
émouvant et dérangeant mêle musique, chanson, théâtre et        retrouver le désir de chanter.
vidéo.                                                          Pendant ce temps, Max mène une vie de loup solitaire à
                                                                Shanghai, dans la chambre d’hôtel qu’il habite depuis trois
« Nous sommes sept à avoir écrit ce spectacle. Nous avons       ans et où n’entrent que des prostituées qu’il commande par
parlé des petites filles que nous étions, des femmes que        téléphone.
nous sommes devenues. De tout ce qui aurait dû être réglé
et qui ne l’était pas. De nos familles et de la transmission.   Un arbre généalogique aux ramifications complexes, où
De notre place. Du sang, des dessins animés et du porno.        quatre aventures humaines se déploient sur deux continents
De notre douceur et de notre sauvagerie. Et nous avons          entre fantômes et coups de foudre.
écrit. Avec nos mots. Nous ne chuchotons pas. Nous ne
crions pas. Nous racontons. »
Pauline Bureau.
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Le thème de
l’adolescence au centre
du spectacle
« Je sais que quelque chose a changé.
Mais je n’arrive pas à savoir quoi.
Je me suis prise en photo 22 fois cette semaine.
12 fois habillée,
5 fois en chemise de nuit,
4 fois en culotte et 1 fois nue. »

                Adolescence. Phase de croissance et de
                développement assurant la transition entre
                l’enfance et l’âge adulte, l’adolescence est
                assimilée dans les anciennes sociétés tra-
                ditionnelles aux changements physiques de
                la puberté et aux rites qui l’accompagnent
                pour permettre à l’enfant de passer dans le
                monde des adultes.
                Dans les sociétés contemporaines dévelop-
                pées, l’adolescence est envisagée selon une
                perspective plus longue qui englobe non
                seulement la maturation physique mais aussi
                les aspects psychologiques, sociaux et édu-
                catifs de cette évolution. Dans ces sociétés,
                le terme adolescence réfère en général à la
                période située entre douze et vingt ans
                (source : www.universalis.fr)

Dans sa mise en scène, Pauline Bureau veut raconter le
début de l’adolescence chez les garçons comme chez les
filles, montrer en quoi cette période de la vie peut s’avérer
être déterminante dans le futur.
Elle aborde ici un thème qui lui tient à cœur : la construction
de l’identité à l’adolescence. Période critique, tant elle est
remplie de changements physiques et psychiques.
Celle-ci est un moment de grands chamboulements, de
grandes interrogations. L’adolescent est en quête de son
identité propre (qui suis‐je ?) impliquée par une adaptation
nécessaire à un nouveau corps (puberté).
Cette question de l’identité personnelle se trouve au
premier plan.
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Note d’intention
10 ans. 11 ans. 12 ans. Grandir et attendre.
Attendre, attendre, attendre que la vie commence.
J’ai envie de raconter le début de l’adolescence. Pour les
filles et pour les garçons. Le corps qui change. La honte.
L’arrivée du désir. Le moment où on ne se reconnaît plus
dans le miroir. La difficulté à entrer en contact avec les
autres. La prise de conscience de la solitude.
L’enfermement. Le besoin, l’envie de ne rien faire.

J’ai l’impression que pour moi, beaucoup de choses se sont
décidées pendant ces années où je ne faisais rien. Sans
chercher à tout prix à remplir ce vide. Ce temps perdu, que
j’acceptais de perdre, que je ne savais pas encore remplir
par mille occupations. Enfermée dans ma chambre, les yeux
fixant le plafond, j’étais vide et remplie de plein de pos-
sibles.

Aurore a 13 ans. Elle dit : « J’ai peur à chaque minute. Qu’il
m’arrive quelque chose. Qu’il ne m’arrive rien. Que l’on
m’aime. Que l’on ne m’aime pas. Que l’on ne m’aime plus. »

Elle s’endort et elle rêve. Elle voudrait se réveiller mais elle
n’y arrive pas. Elle s’enfonce profondément dans la nuit. Elle
se tourne, elle se retourne. Elle rêve d’un garçon. À moins
que ce ne soit le garçon qui rêve d’Aurore. Depuis le début
de l’histoire.

⎯ Pauline Bureau
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L’écriture de plateau
« Comme la pièce n’est pas écrite, il y a un certain suspens,
on se demande toujours si on va réussir à raconter l’histoire.
Dans ce spectacle, c’est plus un énorme travail technique.
C’est à la fois stressant et excitant.                              L’espace scénique,
Quand une pièce est écrite, c’est différent, il faut arriver à la
jouer, à la mettre en scène, à faire les décors. Quand il faut      la scénographie
construire la pièce, on intègre beaucoup de nous à chaque
fois que l’on propose quelque chose, donc on y est forcé-
ment très attaché. »
⎯ Marie Nicolle (comédienne).

Cette pièce est une création collective. Pauline Bureau ne
fournit pas aux acteurs un texte préétabli : elle écrit avec les
acteurs, mais aussi avec le reste de l’équipe (Vincent Hulot,       [IMAGE_6]
son ; Alice Touvet, costumes ; Bruno Brinas, lumières ; Yves
Kuperberg, scénographie et réalisation visuel ; Alex Forges,
effets visuels).

« [Le travail de Pauline Bureau] relève bien d’une écriture de
plateau : le texte de la pièce est le résultat des lectures
et de la réflexion menées en amont avec les comédiens
et toute l’équipe ; les répétitions ont été l’occasion de
tester des situations de jeu, des costumes et des acces-            Sur scène, l’espace est un dispositif en mouvement. Les
soires, de s’interroger sur l’ordre des scènes, de travailler       écrans diffusent des images et des extraits vidéo qui se
les passages musicaux, de délimiter, à l’aide des lumières et       répondent, qui répondent au texte et aux comédiens.
des décors, des espaces sur la scène pour parvenir au ré-
sultat final. Le texte a pris une forme définitive au cours des
répétitions et l’ensemble fait appel à toute une palette de
moyens : des musiques, jouées en direct ; des chansons ;
des voix off ; des images fixes projetées ; de la vidéo.
De fait, à la lumière des répétitions, on peut comparer le
travail de Pauline Bureau à celui d’un cinéaste effectuant
le montage des différents plans de son film : en témoigne
le nombre important de scènes, parfois réduites à un court
passage significatif, ce qui donne à l’ensemble un rythme
particulier ; de même, les flashbacks et les allers-retours
entre lieux et époques font fortement penser à des pro-
cédés cinématographiques. [...] La mise en scène est au
service d’une émotion, mais l’intrigue est identifiable. »
(extrait de L’Ecriture de plateau, Pièces (dé)montées,
SCEREN janvier 2014, éditions Canopé).

                                                                    Les décors et la lumière permettent de faire coexister sur
                                                                    le plateau les différents lieux et temps : la ville, les lieux de
                                                                    vie des adolescents, le collège, les rêves.
                                                                    La lumière assure le découpage de ces lieux en fonction de
                                                                    l’action. Le décor est dépouillé pour le temps réel et com-
                                                                    plexe pour le temps de rêve.
                                                                    L’attention est guidée par le jeu d’éclairages. Le noir assure
                                                                    les transitions et favorise le déplacement discret des élé-
                                                                    ments du décor.
                                                                    Les scènes musicales sont jouées en direct et placent le
                                                                    spectateur face à une émotion sensible. Une scène dansée
                                                                    montre l’acceptation de ce corps nouveau et de celui de
                                                                    l’autre.
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Documents annexes
Textes
La Belle au bois dormant de Charles Perrault

http://onl.inrp.fr/ONL/travauxthematiques/livresdejeunesse/
ouvrages/ouvrages_proposes/john-chatterton/belle-bois-
dormant-perrault

Extrait du début de la pièce

FIN D’APRÈS MIDI. CHEZ AURORE.
Aurore rentre de l’école, son cartable sur le dos. Elle
compte ses pas.

AURORE
97,98,99,100,101.
Elle pose son cartable et s’installe au piano. Elle joue.
Ailleurs dans la ville, Théo fait du skate. Aurore arrête de
jouer.

AURORE
Je déteste le silence. Ça me fait peur. Je m’entends penser.
Il y a 88 touches sur un piano. Pour jouer ce morceau, j’en
touche 19. Ça fait 69 touches que je ne touche pas. Sauf
que pour jouer le mi bémol, j’ai du mal à ne pas toucher le
ré. Ça fait plutôt 68.
Elle recommence à jouer.
                                                                      Fiche du spectacle au théâtre Paris-Vilette
Ailleurs dans la ville, Théo continue son chemin en skate.
Derrière lui, une grenouille en queue de pie.

APPARTEMENT DE THÉO
Théo et la Grenouille rentrent à la maison.                           Podcast
THÉO                                                                  https://www.franceculture.fr/emissions/les-nouveaux-che-
Papa                                                                  mins-de-la-connaissance/emerveillez-vous-44-psychana-
Personne ne répond.                                                   lyse-des-contes-de
Ils s’assoient tous les deux sur le canapé pour lire.
Sur la couverture de leurs BD, on reconnaît le visage de
l’homme grenouille qui accompagne Théo.
                                                                      Bibliographie
THÉO
                                                                      • Bruno Bettelheim, Psychanalyse des contes de fées,
(montrant une image de la BD)
                                                                      traduction de Théo Carlier, Robert Laffont 1976, réédition
J’aime bien quand tu fais ça.
                                                                      Pocket, 1999.
                                                                      • Bruno Tackels, Les Écritures de plateau, un état des lieux,
LA GRENOUILLE
                                                                      Les Solitaires Intempestifs, 2015.
Moi aussi
                                                                      • Pièce (dé)montée : Sirènes, Sébastien Uettwiller, Réseau
Le père de Théo rentre à la maison. Il enlève son blouson
                                                                      Canopé (téléchargeable sur : https://www.reseau-canope.fr/
et pose son casque de moto.
                                                                      notice/piece-demontee-sirenes.html)
LE PÈRE DE THÉO
Théo, je suis rentré. J’ai acheté une pizza pour ce soir. ça te va?
Théo ne répond pas. Son père s’approche du canapé avec
deux assiettes. »
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Extrait de presse
 « La dernière création de Pauline Bureau retrace ce pas-
sage entre l’enfance et l’âge des possibles. Elle convoque
aussi bien la réalité quotidienne des deux adolescents que
le fantastique des contes. Dans une alternance de scènes
courtes et toujours très justes, la pièce est une explosion
visuelle, un décor d’images vidéo travaillées avec finesse,
une composition musicale en parfaite harmonie et des
comédiens qui endossent à merveille leurs personnages. »
(Télérama -‐Françoise Sabatier More)

« Avec une intelligence fine, Pauline Bureau mélange réa-
lisme et onirisme. On reconnaît les interrogations que nous
avons tous eues – dans quel sens faut-il tourner la langue
quand on embrasse ? – et le rapport aux autres, comme
les parents qui « agacent quand ils sont là, mais manquent
quand ils ne sont pas là. » Mais le monde réel, en tout cas
celui des adultes, est fissuré. D’autres choses s’y glissent,
des créatures qui peuvent aussi bien prendre la forme d’une
obsession pour les chiffres que d’un héros vert et rebelle, le
roi grenouille. Et puis bien sûr, il y a les rêves qui peuplent
le sommeil d’Aurore et Théo. Grâce à des projections vidéo
habiles, Dormir cent ans navigue avec fluidité des apparte-
ments où vivent les protagonistes à de superbes paysages
dessinés pour les séquences de rêve. Le travail visuel réali-
sé par Yves Kuperberg et Alex Forge est à saluer pour son
élégance et sa créativité – on aimerait voir la vidéo plus sou-
vent utilisée avec autant d’à-propos au théâtre. La mise en
scène, précise et très travaillée, permet d’allier les différents
supports et le jeu des comédiens sans jamais rien perdre de
la cohérence d’ensemble. Dormir cent ans a été écrit pour
et avec les acteurs qui l’interprètent. Leur investissement
est évident et l’on ne peut qu’admirer les compositions de
Géraldine Martineau et Marie Nicolle qui jouent respective-
ment Aurore et Théo, retranscrivant avec justesse l’énergie
et la façon d’être de cet âge en transition. »
(Rhinocéros.fr - Delphine Kilhoffer)
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