L'Achéron - DOSSIER DE DIFFUSION - François Joubert-Caillet - Arts-Scène Diffusion
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L’Achéron Dans la mythologie grecque, l'Achéron est le fleuve que traverse Orphée pour secourir Eurydice des Enfers. Comme son nom l'inspire, L'Achéron veut ouvrir une voie entre deux mondes apparemment opposés : celui des vivants et des défunts, le passé et le présent, l'idéal et la réalité. Fondé en 2009 par François Joubert-Caillet, L’Achéron est constitué d’une jeune génération de musiciens aux origines variées ayant été formés dans les plus grandes écoles de musique ancienne (la Schola Cantorum Basiliensis, les Conservatoires Nationaux Supérieurs de Lyon et Paris, les Conservatoires Royaux de Bruxelles et La Haye, etc.). Ses musiciens ont pour certains d’autres facettes artistiques: le théâtre, la mise en scène, les danses anciennes ou contemporaines, l’écriture, l’improvisation, les marionnettes, la facture d’instrument ou la prise de son composent l’éventail des passions se croisant dans l'ensemble. L’Achéron désire renforcer les liens entre les musiciens et le public en rendant les musiques anciennes accessibles sans les dénaturer, mais au contraire en se plongeant profondément dans l’instrumentarium coloré et les pratiques musicales multiples de la Renaissance et du Baroque. Tentant de peindre avec la palette la plus riche ces musiques si vivantes, la traversée que L’Achéron propose est à la fois temporelle et sensible, les saveurs d’autres temps y sont intensément cultivées. La formation première de L’Achéron est le consort de violes de gambe : depuis 2013 le luthier Arnaud Giral accompagne l’ensemble en construisant un consort typiquement anglais. Cinq instruments ont d’ores et déjà vu le jour, donnant à ce consort une homogénéité, une profondeur et une richesse harmonique uniques. Un virginal et un orgue britanniques vont prochainement les rejoindre… L’Achéron s’associe régulièrement avec des artistes aux horizons différents : son projet L’Orgue du Sultan l’a fait collaborer avec l’ensemble Sultan Veled dans une rencontre des musiques élisabéthaine et ottomane, les Lachrimæ Lyræ avec le maître de la lyra grecque Sokratis Sinopoulos ; il participera également à un album de musique éléctronique avec le DJ Marc Romboy et Tamar Halperin… L’Achéron est basé à Nancy. Il est invité à se produire dans divers festivals et saisons musicales en Europe tels que les festivals de Saintes, Sablé, Royaumont, Auditorium du Louvre, Tage Alter Musik Regensburg, Festival Bach de Lausanne, Concertgebouw de Bruges, Oude Muziek d’Utrecht, Philharmonie de Varsovie, etc. Au disque, L’Achéron enregistre pour le label Ricercar - Outhere. Il a fait paraître The Fruit of Love consacré à Anthony Holborne, les Ludi Musici de Samuel Scheidt (Diapason d’Or), Fancies for the viols d’Orlando Gibbons (bande originale de La Tempête de William Shakespeare à la Comédie Française mise en scène par Robert Carsen) le Requiem de Johann Caspar Kerll avec l’ensemble Vox Luminis, les Ouvertures de Johann Bernhard Bach (Echo Klassik), Pièces favorites de Marin Marais dont l’intégralité des Pièces de Viole est enregistrée par François Joubert-Caillet (le 1er Livre a reçu un Diapason d’Or et un Choc de Classica). Dernière parution : les Sonates en trio de Philipp Heinrich Erlebach www.lacheron.com François Joubert-Caillet Après des études de flûte à bec, piano et contrebasse, François Joubert-Caillet se forme à la viole de gambe à la Schola Cantorum Basiliensis auprès de Paolo Pandolfo avec lequel il étudie également les improvisations anciennes, ainsi qu'avec Rudolf Lutz. Il a remporté le 1er Prix et le Prix du Public du Concours International de Musique de Chambre de Bruges. François Joubert-Caillet a joué avec divers ensembles de musique ancienne avec lesquels il a enregistré pour les labels Ricercar, harmonia mundi, Ambronay, K617, ZigZag Territoires, Arcana, Winter & Winter, Aparté, Glossa, Sony, Naïve, etc. En résidence à l’Arsenal de Metz, François Joubert-Caillet mène L'Achéron avec lequel il se produit sur de nombreuses scènes européennes dans diverses formations, notamment le consort de violes de gambe. Il enregistre ses disques chez Ricercar - Outhere : Le Nymphe di Rheno de Johannes Schenck en duo avec Wieland Kuijken, The Fruit of Love d’Anthony Holborne, les Ludi Musici de Samuel Scheidt (Diapason d’Or), les Ouvertures de Johann Bernhard Bach (Echo Klassik) et Fancies for the viols d’Orlando Gibbons. Depuis l'automne 2014, François Joubert-Caillet a entrepris l’enregistrement de l'intégrale des Pièces de viole de Marin Marais pour Ricercar. Ce projet titanesque (cinq Livres, plus de 600 pièces, une vingtaine de disques) a vu le jour en février 2016 avec la sortie d’un premier disque de Pièces favorites du compositeur et le 1er Livre (4 CDs) est paru en 2017 (Diapason d’Or et Choc de Classica). Le 2nd Livre des Pièces de Viole paraîtra à l’automne 2019.
RÉCITALS « François Joubert-Caillet est la nouvelle star de la viole de gambe. Avec son groupe, il présentait des pièces de Marin Marais. Impossible de ne pas penser au film « Tous les matins du monde » et à Jordi Savall qui y jouait ces mêmes pièces. La comparaison n’est pas inutile : entre Savall et Joubert-Caillet deux générations sont passées. Le premier jouait pour affirmer la beauté de cette musique. Pour son successeur, c’est une évidence. Il est tout imprégné de ces rythmes et de cette inventivité (…) et offre une palette infinie de timbres. Après l’impétueuse renaissance, la force tranquille. » Classique mais pas has been, Séverine Garnier, juillet 2016 « François Joubert-Caillet appartient à cette nouvelle lignée de gambistes qui, forts du défrichage de leurs aînés et formés par les meilleurs - dans son cas Paolo Pandolfo, à Bâle - vont à l'essentiel, la musique. » L’Écho.be, Stéphane Renard, juillet 2017 « Même sans le connaître, il est difficile de ne pas trouver François Joubert-Caillet attachant ; là où certains de ses confrères de la « jeune génération » ont décidé de saturer l’espace médiatique tout en ne proposant en parallèle aucun projet ambitieux, lui a choisi, au contraire, la discrétion et la concentration sur l’essentiel, la musique. (…) Un des plus indéniables atouts de la lecture de François Joubert-Caillet est la constante beauté de son chant qui nous rappelle opportunément pourquoi la viole de gambe était considérée comme l’instrument le plus proche de la voix humaine. » Jean-Christophe Pucek, Passée des Arts, février 2016
{PIÈCES FAVORITES} Anthologie des Pièces de Viole de Marin Marais Marin Marais est l'un des musiciens les plus emblématiques du Siècle d'Or. Il entre au service de Louis XIV à peine âgé de 23 ans, devenant son joueur de viole favori : progressivement, le jeune Marais va être convié à divertir le Roy jouant de la viole aussi bien à la Cour que dans la confidence de sa chambre à coucher. Pendant une quarantaine d'années, Marin Marais va ainsi servir et côtoyer de près le roi le plus puissant d'Europe, jouer devant les plus grands princes mais aussi assister aux moments les plus secrets du souverain. Louis XIV aime danser depuis son plus jeune âge, mais également se mettre en scène dans des Ballets : les Pièces de Viole que Marin Marais compose pour le Roy Soleil sont des Suites de danses à la française (Allemande, Courante, Sarabande, Gigue, Menuet, Gavotte, etc) à l'intérieur desquelles il glisse parfois des Pièces de Caractères (portraits musicaux ou pièces descriptives dans le goût théâtral). La musique de Marin Marais est à la fois emprunte de la grandeur du Classicisme français, d'une élégance extrême et d'une puissance toute divine, mais aussi d'une intériorité et d'une profonde douceur. François Joubert-Caillet est en train d’enregistrer l'intégralité des Pièces de Viole de Marin Marais pour le label Ricercar/Outhere, soit cinq Livres, plus de 600 pièces, l'équivalent d'une vingtaine de CDs. Ce projet monumental a vu le jour en 2016 avec la parution d'un premier CD de Pièces Favorites, une anthologie des plus belles pièces du compositeur et le programme de ce concert ainsi que le 1er Livre en 2017 (Choc de Classica et Diapason d’Or). Le IIème Livre devrait paraître en 2019… 4 musiciens (2 basses de viole, théorbe & guitare, clavecin) VIDÉOS : Le Grand Ballet / Le Badinage « Le panorama joliment composé (prélude, pièces de caractère, danses, rondeaux) dévoile des facettes inédites de Marais (…). La clarté de François Joubert-Caillet à la viole, son registre aigu rond et moelleux exempt de tout accident d’intonation rendent merveilleusement justice à la poésie sans apprêts de La Guitare et de la Feste champêtre, (…) par la grâce du soliste mais aussi l’habileté du continuo, riche en couleurs même quand il reste discret (…) un travail très abouti, qui laisse beaucoup espérer de l’intégrale à venir. » Diapason, Philippe Ramin, mars 2016 « Il fallait bien un jour qu’un gambiste se lance dans l’intégrale des quelque 600 pièces pour viole de Marin Marais (…). Dès les premiers numéros, François Joubert-Caillet impressionne autant pas sa maîtrise instrumentale (justesse, gradation des nuances, finesse des agréments) que par la spontanéité d’un geste qui enjambe la barre de mesure et se déploie comme le phrasé d’un chanteur. Les préludes, fantaisies et autres allemandes sont naturellement propices à un tel lyrisme, mais les danses, malgré leurs appuis marqués, conservent cette fluidité de mouvement, l’élasticité du pas et l’allure gracieuse. (…) François Joubert-Caillet et son équipe révèlent, derrière la pompe et la gravité, une mélancolie et une sensibilité frémissante à laquelle il est impossible de rester sourd. » Classica, Philippe Venturini, juin 2017
{TRANSCRIPTIONS, Johann Sebastian Bach} Récital à viole seule L’art de la transcription fut largement pratiqué pendant la période dite baroque et Johann Sebastian Bach lui-même ne manqua pas d’arranger ses propres oeuvres ainsi que celles d’autres compositeurs selon ses nécessités et ses envies. Parmi les compositions pour viole de gambe de Bach (les trois Sonates avec clavecin obligé et les airs de Passions et Cantates), il est intéressant de remarquer qu’à l’exception de l’air Komm, süsses Kreuz de la Passion selon Saint-Matthieu, la viole est utilisée de manière uniquement mélodique, sans se servir de ses capacités harmoniques, ce jeu en accords si typique de l’instrument : on aurait pu en effet attendre du Kantor de Leipzig des oeuvres de ce type mais celui-ci les a réservées pour des instruments ayant un répertoire seul moins riche à cette époque tel que le violon, la flûte traversière ou le violoncelle, ceux-ci étant alors habituellement accompagnés d’une basse continue. Peut-être n’en a t’il pas eu l’occasion, ou peut-être voulait-il rendre justice à ces autres instruments et composer quelque chose de neuf, mais ce type d’écriture mêlant à la fois mélodie et harmonie est pourtant idiomatique du répertoire de la viole de gambe et on peut identifier sans hésitation le modèle qu’elle fut dans la composition des Partitas pour violon et des Suites pour violoncelle. Ce programme fait entendre deux Partite transcrites pour viole de gambe, l’une pour flûte traversière, l’autre pour violon, faisant ainsi entendre l’inspiration probable de ces oeuvres. Johann Sebastian Bach (1685-1750) Partita BWV 1013 pour flûte Allemande Courante Sarabande Bourrée Anglaise Partita BWV 1004 pour violon Allemanda Corrente Sarabanda Giga Tempo di Ciaccona François Joubert-Caillet, viole de gambe
CONSORT DE VIOLES Le consort de violes est la formation principale de L’Achéron. Depuis 2012, L’Achéron est suivi par le luthier Arnaud Giral qui lui a fournit chaque année une nouvelle viole de gambe anglaise copiée d’après les instruments originaux d’Henry Jaye (début du XVIIème siècle) : ces instruments sont construits d’après les recherches musicologiques et organologiques les plus avancées en la matière, le but étant de reproduire de manière la plus authentique les instruments utilisés à l’époque et d’ainsi mieux servir la musique jouée. L’ensemble a maintenant cinq instruments et c’est à l’heure actuelle le consort de violes de gambe le plus historique qu’il soit. Sa sonorité est unique, bien différente des consorts de violes entendus jusqu’alors. Ce consort constitue une première mondiale. Le CD Fancies for the viols, Orlando Gibbons a été enregistré en avril 2017 sur ces violes. Le projet Extases Divine (CD Divine Raptures) créé en 2020 fera entendre ce consort accompagné d’un virginal et d’un orgue tous deux typiquement anglais. « La riche guirlande de de pavanes, courantes et autres canzone tressée dans les Ludi Musici ("Jeux des musiciens", 1621) a déjà inspiré à Hespèrion XX deux disques splendides. François Joubert-Caillet va encore plus loin dans le sens de l'opulence coloriste et d'un lyrisme polyphonique. Ses violistes maîtrisent si finement les ressorts dansés qu'ils savent les faire oublier sous la générosité du geste collectif et joueur. L'Achéron compense son approche moins choréraphique par la beauté des sonorités ambrées et profondes de superbes violes, par des moments d'enthousiasme dynamique, enfin et surtout par l'exubérance ciselée d'un riche continuo (harpe, théorbe, luth, cittern, orgue, virginal) jamais intrusif. (…) Avions-nous déjà entendu un consort de ce niveau dans l'Hexagone ? » Diapason, Jean-Luc Macia, décembre 2015 « Premier disque, mais quel accomplissement ! Les phrases sont énoncées par les cinq violes avec franchise et direction, la joie règne parmi les danses vives, les pages mélancoliques ne s'alanguissent pas. La belle énergie des archets est soutenue par un continuo scintillant : le luth, le cistre, le virginal et l'ottavino sont aussi utiles pour varier la palette d'une pièce à l'autre que pour dégager le profil rythmique des danses sous l'entremêlement des violes. » Diapason, Michel Laizé, mai 2014
{FANTAZIAS, Henry Purcell} Le chant du cygne Les Fantaisies de Henry Purcell n’ont peut-être jamais été jouées du vivant du compositeur et celles-ci, même si elles sont souvent jouées en consort de violes de gambe et que leur écriture le sous-entend largement, elles n’ont pas été spécifiquement écrites pour cette formation : dans la deuxième moitié du XVIIème siècle, rares sont ceux qui composent encore pour le consort de viole en Angleterre, devenu une pratique musicale très privée, expérimentale et destinée à quelques aficionados regrettant l’âge d’or jacobéen du début du XVIIème siècle. Des compositeurs tels que John Jenkins, Christopher Simpson et William Lawes furent parmi les derniers à continuer de composer pour le consort de violes, écrivant probablement ses oeuvres les plus extrêmes : on pourrait imaginer que Purcell ait voulu se mesurer à ces musiciens en faisant entendre ce qu’il considérait comme la musique polyphonique la plus riche et la plus complexe. Si les violons étaient utilisés pour faire danser ou jouer dans des théâtres, le consort de violes de gambe était depuis le XVIème siècle la formation de chambre noble avec laquelle les compositeurs pouvaient libérer toute leur imagination, débrider leur créativité en matière de contrepoint et de polyphonie, et servir les plus beaux bijoux d’écriture aux oreilles raffinées : l’activité de Purcell ayant été tournée principalement vers la voix, on peut se demander si celui-ci n’avait pas une certaine frustration en matière de composition et qu’un répertoire où il pouvait tester d’autres aspects créatifs, dans un domaine plus rare, moins ordinaire, ne l’ait pas également attiré ici. Purcell était organiste et claveciniste et il est intéressant de replacer dans son contexte le consort de violes au regard de ces claviers : selon Thomas Mace (Musick’s Monument, 1676), un consort de violes devait être idéalement composé d’instruments proportionnés entre eux, notamment par leurs longueurs de cordes. Ce principe est totalement logique d’un point de vue physique et n’importe quel facteur d’orgues trouverait cette idée louable : pour que les fréquences de plusieurs instruments puissent le mieux se compléter ensemble, ils doivent avoir des rapports proportionnels entre eux, comme les tuyaux d’un orgue bien harmonisé. C’est dans cet esprit que les violes de gambe de L’Achéron ont été construites (le dessus faisant la moitié de la basse et le ténor le tiers), ce qui confère à ce consort une homogénéité et une clarté dans le contrepoint qui rappelle celles d’un orgue ou d’un clavecin. Les vibrations des cordes, les résonances et les harmoniques sont accordées entre elles. La lecture que L’Achéron propose ici veut donc se rapprocher au maximum de cette vision organistique des Fantaisies de Purcell, avec l’idée de faire entendre une sorte d’orgue à cordes, un instrument idéal et chimérique pour cette musique expérimentale. Ces Fantaisies peignent le chant du cygne du consort de violes, une musique à part dans l’oeuvre de Purcell : peut-être un refuge de courte durée ou un moment d’expérimentation, elles demeurent des pièces mystérieuses à la fois nostalgiques et novatrices, conservatrices et modernes, hors du temps et des modes, uniques. 6 violes L’Achéron François Joubert-Caillet, dessus de viole & direction Lucile Boulanger, dessus & alto de viole Andreas Linos & Marie-Suzanne de Loye, ténors de viole Aude-Marie Piloz & Sarah van Oudenhove, basses de viole
{UTOPIA} L’Idéal en musique Des sociétés utopiques ont été décrites dès la Grèce antique avec Platon (La République) puis Aristote (Politiques) ou de manières plus sporadiques au Moyen- Âge, mais celles-ci ont pris un réel essor au XVIème siècle : Thomas More et son Utopia pose en effet cette première pierre renaissante, suivi par Francis Bacon (The New Atlantis), Thomaso Campanella (La Città del Sole), etc. jusqu’à aujourd’hui. Bien que principalement centrés sur des descriptions sociétales, la musique est également présente dans ces récits idéalistes et revêt plusieurs visages : d’une part la musica mundana, ou l’harmonie des sphères, une musique cosmique et paradisiaque jouée par des anges, mais également une musica humana, une vision sublimée de la Nature, de l’expression humaine et de ses sentiments les plus nobles. Le consort de violes tient une place de choix dans ces musiques utopiques : les principes sonores de Pythagore, l’harmonei de Platon, ou une manifestation proportionnée du son en résonance à la géométrie divine des sphères, sont en effet mis en pratique au XVIème siècle avec le consort de violes. Le consort anglais du début du XVIIème siècle tel qu’il a été élaboré par Henry Jaye (probablement le plus grand luthier de viole de cette époque) illustre l’une des formes les plus pures de ces concepts : la résonance, les notes fondamentales et les harmoniques y sont exacerbées, notamment lorsque plusieurs violes de gambe proportionnées ensemble jouent de concert, dévoilant un spectre sonore extraordinaire, une sorte d’orgue à archet. Si la musique peut faire résonner cette harmonie divine ici-bas, elle est aussi un outil éthique sur l’Homme : en imitant la voix et ses sentiments les plus élevés, mais aussi les essences d’une nature arcadienne aux féeriques sons d’oiseaux et autres échos paradi- siaques, le récit musical porte un réel message didactique, peignant un Idéal en musique auquel l’auditeur se prend à aspirer insensiblement… 5 violes de gambe Œuvres de William Byrd (The Nightingale), Christopher Tye (In Nomine), Orlando Gibbons (The Silver Swan), Anthony Holborne (Paradizo), Alfonso Ferrabosco (Four-Note Pavan), Evin Belway, etc. VIDÉOS : Anthony Holborne, Paradizo / Orlando Gibbons, Fancy L’Achéron François Joubert-Caillet, dessus de viole et direction Andreas Linos & Marie-Suzanne de Loye, ténors de viole Amélie Chemin & Sarah van Oudenhove, basses de viole
{IMAGO MUNDI} Voyage musical dans l’Europe baroque Les relations artistiques entre l'Italie, la France, l'Angleterre, l'Allemagne et l'Espagne sont d'une vitalité inouïe pendant la Renaissance et au XVIIème siècle, les innovations quant aux techniques d'écriture révolutionnent peu à peu les musiques de ces pays, chacun les adaptant à ses identités culturelles et à ses pratiques propres : ce voyage laisse apprécier la variété de couleurs du répertoire pour consort de violes de gambe en Europe et fait entendre comment chaque nation à la fois s'imite et s'invente à une période clé de l'histoire de l'art moderne. 4 violes de gambe Italie Œuvres de Giovanni Legrenzi, Giovanni Maria Trabaci France Œuvres de Marc-Antoine Charpentier, Étienne Moulinié Allemagne Œuvres de Samuel Scheidt, Johann Sebastian Bach Angleterre Œuvres d’ Anthony Holborne, Matthew Locke Espagne Œuvres de Antonio de Cabezon, Pablo Bruna VIDÉOS : Anthony Holborne, Muy Linda / Samuel Scheidt, Ludi Musici L’Achéron François Joubert-Caillet, dessus de viole & direction Marie-Suzanne de Loye, ténor de viole Aude-Marie Piloz, lyra viol Sarah van Oudenhove, consort bass
{EXTASES DIVINES} Apogée du consort de violes anglais Le consort de violes anglais connaît son âge d’or au début du XVIIème siècle, une période où une quantité spectaculaire de musique est composée pour cette formation. Durant ces quelques décennies se développe un art de jouer le consort de violes, ainsi que des pratiques musicales et instrumentales courantes décrites notamment par Thomas Mace dans son Musick’s Monument (1676) : celui-ci y peint avec passion ces moments musicaux, nous donnant une source d’informations très précieuse aujourd’hui. Depuis 2012, L’Achéron, en collaboration avec le luthier Arnaud Giral (Bristol, UK), a entrepris de suivre de près les indications précisées par Thomas Mace et de les mettre en regard avec d’autres auteurs de l’époque pour fabriquer un consort de violes de gambe le plus authentique qu’il soit. Pendant cinq ans, le luthier a fournit à L’Achéron une nouvelle viole chaque année en suivant précisément les informations musicologiques accumulées : ainsi, le consort qui s’est peu à peu créé a un son et une identité uniques. Il constitue une première mondiale. L’une des caractéristiques techniques de ces violes de gambe est leurs proportions : la plus petite -le dessus de viole- mesure précisément la moitié de la basse et le ténor les deux tiers. Comme les tuyaux d’un orgue, ces instruments sont ainsi « harmonisés », ce qui donne à l’ensemble une homogénéité, une résonance, des harmoniques et une puissance exceptionnelles, permettant une lecture de la musique toute nouvelle. Les descriptions de Thomas Mace ne portent pas uniquement sur des aspects techniques mais aussi sur la pratique pure et le déroulé des concerts donnés à l’époque. Il y cite les compositeurs joués, le type d’oeuvre -parfois même lesquelles- et leur accompagnement par des instruments harmoniques, notamment l’orgue : ce dernier, comme le virginal, ont en Angleterre des spécificités bien particulières leur donnant des sons très différents de leurs « homologues » continentaux. L’année 2018 a vu naître dans les ateliers de Jean-François Brun (Paris) et Dominic Gwynn (Nottinghamshire, UK) un virginal et un orgue typiquement anglais, notamment pour accompagner les violes de L’Achéron. Ce programme les réunit enfin pour faire entendre les « extases divines » (« Divine Raptures » selon les termes de Thomas Mace) que cette formation rarissime et ce répertoire sublime produisent lorsqu’ils sont joué ensemble. 8 musiciens : 6 violes, orgue & virginal Fantaisies, Airs et danses d’Alfonso Ferrabosco, John Ward,Thomas Lupo, William White, Richard Dering,William Lawes, John Jenkins, Christopher Simpson, Giovanni Coperario & Claudio Monteverdi L’Achéron François Joubert-Caillet, dessus de viole & direction Andreas Linos, dessus de viole Marie-Suzanne de Loye & Aude-Marie Piloz, ténor de viole Amélie Chemin & Sarah van Oudenhove, basses de viole Yoann Moulin, virginal Philippe Grisvard, orgue
{L’ART DE LA FUGUE} de Bach à Brahms Si le répertoire du quatuor à cordes est aujourd’hui connu, il est rare que le lien soit fait avec ses racines : à la fois la musique dont il est issu, mais aussi la pratique de laquelle il est né. Jouer en famille d’instruments à cordes frottées se pratique depuis le XVème siècle : à cette époque et jusqu’à la fin du XVIIème siècle, les violons étaient principalement cantonnés à la musique d’extérieur, de bal, d’église ou d’opéra, là où leur volume sonore était requis ; la musique de chambre, d’intérieur, expérimentale et raffinée était réservée à sa famille cousine -et non ancêtre- les violes de gambe. Au XVIIIème siècle, on ne compose plus pour le consort de violes, ce type de répertoire de chambre intime est alors attribué naturellement aux violons : ceux-ci complètement « anoblis » peuvent enfin voir leur répertoire de quatuor progressivement éclore. La fugue est une forme née pendant la Renaissance qui n’a cessé d’évoluer jusqu’à aujourd’hui : c’est le fil rouge choisi pour illustrer le lien entre le consort de violes et le quatuor, d’une part avec des extraits de L’Art de la Fugue de Johann Sebastian Bach, considéré comme le dernier « représentant » de l’ère baroque, d’autre part avec des fugues plus tardives pour orgue ou pianoforte de Wolfgang Amadeus Mozart, Johann Georg Albrechtsberger, Robert et Clara Schumann ou Johannes Brahms. Si les styles baroque, classique et romantique, peuvent paraître parfois très différents, ce répertoire de fugue permet de sentir une continuité étonnante entre ces styles, à l’image de la filiation naturelle entre les deux familles d’instrument et leurs répertoires de consort et de quatuor. Bien que n’ayant plus de compositions expressément dédiées au consort de violes dès la fin du XVIIème siècle, de récentes études montrent que celui-ci a pourtant toujours été joué sans discontinuité jusqu’à aujourd’hui, à la fois par des musiciens amateurs et des professionnels. Si pendant les périodes classique et romantique les violistes jouaient « leur » répertoire ancien, ils adaptaient également des compositions contemporaines écrites pour d’autres formations au gré de leurs envies. Un tel concert est donc historiquement plausible, nous laissant pénétrer dans un salon de musique au XIXème siècle animé par une poignée d’irréductibles violistes. 4 violes de gambe Johann Sebastian Bach (1685-1750) Contrapunctus 1 Johann Georg Albrechtsberger (1736-1809) Preludio & Fuge über B-A-C-H Johann Sebastian Bach Contrapunctus II Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) Fuge KV 401 Johann Sebastian Bach Contrapunctus III Robert Schumann (1810-1856) Fuge über B-A-C-H Johann Sebastian Bach Contrapunctus IV Johannes Brahms (1833-1897) Choralvorspiel & Fuge « O Traurigkeit, O Herzeleid » Johann Sebastian Bach Contrapunctus V Clara Schumann (1819-1896) Praeludium und Fuga III Johann Sebastian Bach Contrapunctus VI in stile francese Johannes Brahms Fuge Johann Sebastian Bach Contrapunctus VII per Augmentationem et Diminutionem L’Achéron François Joubert-Caillet, dessus de viole & direction Myriam Rignol, ténor de viole Marie-Suzanne de Loye, basse de viole Sarah van Oudenhove, basse de viole
VOIX & VIOLONS « Joubert-Caillet et son Achéron les habillent en costumes de fêtes, elles deviennent insensées de présence et de couleurs, désarmantes dans les confidences, piquantes dans les danses, troussant un album magnifique, rendant leur gloire aux musiques les plus françaises qui aient vu le jour de l’autre côté du Rhin. » Artamag, Jean-Luc Hoffelé, novembre 2016 « François Joubert-Caillet opte pour un ensemble de cordes plus réduit mais étend la palette. Outre les hautbois, il ajoute des flûtes et diversifie le continuo avec des cordes pincées. Procédé légitime, « discogénique », employé avec un vrai sens des atmosphères -certaines danses semblent alors montrer la voie à Couperin et Rameau. On savoure la fraîcheur de l’interprétation, les phrasés aérés et le babil des flûtes à bec (voire un piccolo) ne masquent ni la mélancolie (Air de l’Ouverture en sol majeur) ni la tendresse (Air de la mi mineur). Et quels raffinements dans Les Plaisirs! Pouvons-nous entendre plus « français » que ce Rigaudon ou cet autre Rondeau? Les mouvements concis respirent large, dans cet espace à mi-chemin entre la musique de chambre - l’ancrage de L’Achéron, auquel on doit notamment un fabuleux disque Scheidt salué l’an dernier par un Diapason d’Or) et l’orchestre. L’exercice de la danse devient avec François Joubert-Caillet un jeu de séduction instrumentale où chacun brille à tour de rôle, à commencer par la soliste Marie Rouquié de l’Ouverture en sol mineur. » Diapason, Jean-Luc Macia, décembre 2016
{SONATES EN TRIO, Philipp Heinrich Erlebach} Philipp Heinrich Erlebach (1657-1714) est un compositeur quasiment inconnu aujourd’hui malgré la grande réputation dont il bénéficiait de son vivant : actif en Allemagne centrale, il composa pour tous les grands genres musicaux (cantate, opéra, orchestre, musique de chambre) un nombre incalculable d’oeuvres pour la plupart malheureusement perdues. Dans le domaine de la musique intime, Erlebach a fait publier ces six Sonate a violino e viola da gamba col suo basso continuo en 1694 : inspirées de la Sonata da camera italienne, il les adapte à une forme courante dans les pays germaniques de la seconde moitié du XVIIème siècle où la viole de gambe est considérée comme instrument concertant, répondant d’égal à égal au violon, et non un instrument d’accompagnement comme en France ou en Italie à la même époque. Ce type de Sonate en trio pour violon, viole de gambe et basse continue ont été largement développée par Dietrich Buxtehude, Johann Heinrich Schmelzer, Johann Philipp Krieger ou d’autres compositeurs germaniques, mais également en Angleterre par John Jenkins ou William Lawes. La viole de gambe « remplaçant » le second violon habituel, ces sonates sont souvent plus suaves et permettent aux compositeurs d’agrandir le spectre de couleurs et d’expressions. À la fois d’une grande virtuosité et d’un immense raffinement, ces Sonates d’Erlebach font le lien entre l’Italie, la France et l’Angleterre; dignes représentantes du Gemischter Styl germanique, elles sont construites comme des Suites de danses françaises (Allemande, Courante, Sarabande, Gigue) mais précédées d’un Prélude à l’italienne (lent-vif-lent) et requièrent pour certaines un violon en scordature (accordé différemment qu’à l’habitude), ainsi qu’un violon piccolo. Comme à son habitude, L’Achéron désire faire sortir de l’oubli un compositeur et sa musique : Erlebach est un musicien incon- tournable de la deuxième moitié du XVIIème siècle, faisant historiquement et stylistiquement le lien entre Schütz et Bach. Sa musique, à la fois sensible et panachée, pleine d’esprit, fait dialoguer le violon et la viole dans ce que François Couperin nommera plus tard la « Réunion des Goûts » et qu’il mettra notamment en oeuvre dans ses Nations. 4 musiciens VIDEOS : Ciaconne / Video Teaser Philip Heinrich Erlebach (1657-1714) Sonate a violino e viola da gamba col suo basso continuo (1694) Sonata Quarta Grave - Vivace - Adagio, Allemande, Courante, Sarabande - Variatio, Gique Sonata Seconda Adagio - Allegro - Adagio, Allemande, Courante, Sarabande - Variatio, Gique Sonata Prima Adagio - Allegro - Affettuoso, Allemande, Courante, Sarabande - Variatio, Gique Sonata Quinta Adagio - Allegro - Adagio, Allemande, Courante, Sarabande - Variatio, Gique Sonata Sesta Affetuoso - Allegro - Grave, Allemande, Courante, Sarabande & Variatio, Gique Sonata Terza Adagio - Allegro - Lento, Allemande, Courante, Sarabande - Ciaconne L’Achéron Marie Rouquié, violons Miguel Henry, archiluth Yoann Moulin, clavecin & orgue François Joubert-Caillet, viole de gambe & direction
{CANTATES DE JEUNESSE, Georg Friedrich Händel} avec Deborah Cachet, soprano Georg Friedrich Händel a une vingtaine d’années lorsqu’il se rend en Italie, le voyage obligé pour tout artiste au début du XVIIIème siècle : tout d’abord invité par Gian’ Gastone de Medici à Florence, il y passe quelques temps ainsi qu’à Venise où il compose sa cantate Figlio d’alte speranze en 1706, mais c’est surtout à Rome que Händel va séjourner et faire la rencontre de divers mécènes tels que les cardinaux Ottoboni, Pamphilj et Ruspoli pour lesquels il composera le plus grand nombre des 60 cantates qu’il écrira durant ce séjour transalpin. De 1706 à 1709, Händel va voyager entre Rome, Naples, Florence et Venise, il va y croiser Antonio Vivaldi, Alessandro et Domenico Scarlatti ainsi qu’Arcangelo Corelli avec lequel il jouera fréquemment. Ces cantates ont été jouées dans les salons des mécènes dont Händel était devenu le protégé, comme par exemple les dimanches lors des Conversazioni de l’Accademia degli Arcadi chez le Cardinal Ruspoli à Rome, avec le plus souvent un seul chanteur et quelques instruments l’accompagnant. Elles se situent entre la musique de chambre et l’opéra et sont pour Händel le moyen d’expérimenter les éléments qu’il utilisera ensuite dans des oeuvres plus larges : des sortes d’opéras miniatures. Les cantates proposées ici mettent en scène des personnages classiques : Armide (Armida abbandonata), Agrippine (Agrippina condotta a morire) et Abdolonyme (Figlio d’alte speranze). Malgré sa jeunesse, le style de Händel est déjà bien défini, il montre sa maîtrise pour le stile moderno et l’avénement du bel canto où la voix ne sert plus uniquement le drame dans les longs récits typiques de la première moitié du XVIIème siècle, mais également de manières descriptive et virtuose dans des airs plus développés. Ces cantates sont d’une grande finesse, laissant présager le génie des opéras que Händel composera ensuite en Angleterre. 6 musiciens (soprano, 2 violons, viole de gambe, archiluth, clavecin) VIDEOS : Deborah Cachet / Agrippina Deborah Cachet La jeune soprano belge Deborah Cachet a récemment remporté le 1er Prix du Jury au Concours International de Chant Baroque de Froville (2015), le premier Prix du Jury et le Prix du Public du New Tenuto de Orkest der Lage Landen (Bruxelles) en 2013 et fut demi-finaliste dans la 6ème Compétition Internationale de Chant d'Opéra Baroque Pietro Antonio Cesti à Innsbrück (Autriche). Deborah a étudié à la Luca School of Arts (Louvain, Belgique) avec Gerda Lombaerts et Dina Grosseberger et au Conservatoire d’Amsterdam avec Sasja Hunnego. Elle a participé à plusieurs classes de maîtres avec René Jacobs, Raphaël Pichon, Christian Immler, Udo Reinemann, Emma Kirkby, Margreet Honig, Ira Siff, Raúl Giménez, Jeannette Fischer, Maarten Koningsberger, Annie Franz et Margarida Natividade. Elle travaille actuellement avec Rosemary Joshua. Deborah est soliste de l'ensemble Scherzi Musicali (Nicolas Achten) avec lequel elle a chanté le rôle de Didon dans Didon et Énée (Henry Purcell), le Stabat Mater de Giovanni Battista Pergolesi et a enregistré le rôle de Maddalena dans La Maddalena (Antonio Bertali) paru chez Ricercar - Outhere. Un enregistrement de motets de Joseph Hector Fiocco paraîtra en 2017. Avec la Dutch National Opera Academy, Deborah a chanté Morgana dans Alcina (Georg Friedrich Händel) dirigée par Kenneth Montgomery, Barbarina dans Le Nozze di Figaro (Wolfgang Amadeus Mozart) dirigées par Jonathan Cohen et a incarné Vénus dans Venus et Adonis (John Blow) au Muziektheater Transparant avec Nicolas Achten. Elle chante également avec les ensembles Pygmalion, Poème Harmonique, Correspondances et Clematis. www.deborahcachet.com
{DE LAMENTATIONE} Lamentations pour la Semaine Sainte d’Alessandro Scarlatti avec Francesca Aspromonte, soprano Alessandro Scarlatti (1660-1725) est un compositeur dont l’immensité et la variété de l’œuvre le rendent incontournable : d’origine sicilienne, à la fois actif à Naples, Rome, Venise et Florence, ayant écrit opéras, oratorios, sérénades, cantates, madrigaux et motets, il fait le lien entre le stile antico et le stile moderno, entre Palestrina et Vivaldi, et demeure l’une des figures les plus importante de la musique italienne du XVIIème siècle dont Jean-Jacques Rousseau dira de lui dans son Encyclopédie qu’il était le plus grand « harmoniste d’Italie, c’est à dire du monde »… Ses Motets sont parmi les plus belles pages d’Alessandro Scarlatti, où ce dernier mêle le stile concertato vocal et instrumental et des chromatismes et dissonances d’une grande expressivité. Les Lamentations, composées à Florence pour le prince Ferdinand de Medici autour de 1708, suivent la traditionnelle forme où des vocalises sur une lettre de l’alphabet hébraïque précèdent le texte des Lamentations de Jérémie (VIème siècle). Ces dernières décrivent la destruction du Temple de Jérusalem en 586 et peignent la souffrance du Christ, gardant espoir en Dieu et s’abandonnant à Lui en invoquant le don de la conversion. Faisant une carrière principalement opératique, Francesca Aspromonte est rarement entendue dans le répertoire religieux. Alessandro Scarlatti est pourtant l’un de ces compositeurs favoris et la jeune soprano peut montrer ici des aspects rarement entendus de son talent et de sa vocalité. 7 musiciens (soprano, 2 violons, alto, viole, archiluth, orgue) Francesca Aspromonte Francesca Aspromonte est née en 1991. Après ses études de piano et de clavecin, elle a suivi les cours de chant de Maria Pia Piscitelli. Elle a assisté à plusieurs masterclasses de Barbara Bonney, Luciana Serra,Victor Torrez, Gloria Banditelli et elle continue à présent ses études au Mozarteum à Salzbourg sous l’égide de Boris Bakow. Depuis 2012, elle est élève de Renata Scotto à l’Opéra Studio de l’Académie nationale de Santa Cecilia à Rome. En 2009, elle a remporté le Premier prix du concours de chant Città di Paola (Italie). Elle a poursuivi son interprétation du répertoire du XVIIe siècle en participant à la 20e Académie baroque européenne d’Ambronay où elle a chanté La Musica/L’Orfeo de Monteverdi sous la direction de Leonardo Garcia Alarcon. Elle a déjà chanté sur des scènes telles que l’Opéra Royal de Versailles, l’Opéra de Vichy, le Parco della Musica à Rome, le Bozar de Bruxelles, l’Opéra National de Montpellier, et est apparue dans des festivals comme le Festival d’Ambronay, le Festival d’Aix-en-Provence et le Musikfest Bremen. Quelques-unes de ses performances ont été diffusées sur les radios ORF, WDR Radio, Rai Radio 3 et Radio Vaticana. Elle a chanté avec des chefs d’orchestre comme Sir John Eliot Gardiner, Leonardo Garcia Alarcon, Stefano Montanari, Alessandro Quarta et Stefano Demicheli. Parmi ses plus récents engagements, citons : Il Diluvio Universale de Falvetti (Bremen) et Elena de Cavalli (Montpellier,Versailles), les deux avec la Cappella Mediterranea dir. Leonardo Garcia Alarcon, La Sete di Christo de Pasquini avec Concerto Romano et Alessandro Quarta (Cologne), L’Eritrea de Cavalli dir. Olivier Lexa et Dafne de Caldara dir. Stefano Montanari (Venise), Amore Siciliano (Musikfest Bremen, Festival d’Ambronay) avec Cappella Mediterranea dir. Leonardo Garcia Alarcon, La Betulia Liberata de Mozart (Amital) à Merano et Brixen avec Daniel Bayer et le Streicherakademie Bozen ; des concerts au Centro di Musica Antica Pietà de Turchini avec Stefano Demicheli, le rôle-titre/La Giuditta de Scarlatti (Accademia Filarmonica Romana avec Concerto Romano et Alessandro Quarta) La Gloria di primavera de Scarlatti (Konzerthaus de Vienne avec Concerto Romano et Alessandro Quarta), Belinda/Dido and Aeneas (Maggio Musicale Fiorentino dir. Stefano Montanari), Vespro della Beata Vergine de Monteverdi avec le Monteverdi Choir et John Eliot Gardiner en tournée aux États- Unis (New York, San Francisco, Washington, Costa Mesa, Chapel Hill) et au Wigmore Hall à Londres ; L’Isola disabitata de David Perez à Lisbonne avec Divino Sospiro ; concert et enregistrement parus chez Outhere de Santa Editta de Stradella avec Mare Nostrum. Elle a participé à la première et seconde édition de l’Accademia Monteverdiana dirigée par Sir John Eliot Gardiner et aux reprises de L’Orfeo et Vespro della Beata Vergine de Monteverdi avec le Monteverdi Choir et John Eliot Gardiner à Versailles. Récemment, elle chante le Stabat Mater de Pergose avec Les Talents Lyriques et Christophe Rousset (Jesi) et en récital (Castiglioncello del Triorno) avec l’ensemble Cordia et avec l’ensemble baroque de Nice et Gilbert Bezzina. Parmi ses projets se trouvent la tournée de l’Orfeo de Rossi (Versailles, Bordeaux et Caen), le rôle-titre/ Erismena (Aix-en-Provence et en tournée) sous la direction de Garcia Alarcon. Elle fera ses débuts dans le rôle de Zerlina/Don Giovanni (Opéra national de Lorraine, Luxembourg dir. Rani Calderon)...
RENCONTRES & TRANSVERSALITÉS L’Achéron est un laboratoire et les collaborations avec des artistes aux horizons différents ainsi que les projets rares et originaux lui permettent de s’enrichir considérablement. Les rencontres avec des musiciens « traditionnels » ont été ces derniers années d’un intérêt tout particulier, notamment L’Orgue du Sultan, le voyage de Londres à Constantinople avec la soprano Amel Brahim-Djelloul et l’ensemble Sultan Veled ou les Lachrimæ Lyræ, les larmes de l’exil avec Sokratis Sinopoulos. Le travail avec le DJ Marc Romboy et la pianiste Tamar Halperin autour d’Henry Purcell, Robert Carsen avec la bande sonore de La Tempête de William Shakespeare pour la Comédie Française autour d’Orlando Gibbons ont été eux aussi porteurs de nombreux fruits qui ont nourris l’inspiration des musiciens de l’ensemble. L’improvisation fut le tout premier « chantier » sur lequel L’Achéron s’est penché à sa création en 2009 et il était donc normal de s’y intéresser à nouveau pour les dix ans de l’ensemble! Avec Grounds, un big band baroque, ainsi que Greensleaves, improvisations à l’anglaise, L’Achéron renoue avec cette idée de rendre vivante la musique ancienne en la rendant la plus présente possible via l’invention et la créativité des musiciens aujourd’hui, credo qui l’anime depuis sa création!
{LACHRIMÆ LYRÆ} Les larmes de l’exil La lyra grecque, comme la viole de gambe, est l’instrument de la mélancolie. L’une et l’autre, aux âges d’or de leurs histoires, étaient utilisées pour exprimer ce sentiment si particulier, cet état d’âme qui nourrit tant de musiques, au-delà des mots. Ces deux instruments, à des périodes différentes et dans des circonstances diverses, ont connu des utilisations et des destins identiques : s’il est -encore- impossible de tisser un lien historique entre la lyra et la viole, il est pourtant stupéfiant de remarquer à quel point elles se ressemblent, comme des soeurs qui s’ignoreraient, évoluant chacune en écho l’une de l’autre, à quelques siècles de distance, dans des régions éloignées, exprimant et vivant les mêmes choses sans jamais se rencontrer. Sur le plan technique, toutes les deux utilisent la même position d’archet «paumes vers le ciel», sont en forme de poire, leur accord est similaire également ; sur le plan artistique, elles étaient, chacune dans leur monde, l’instrument idiomatique de ce que les grecs nomment l’harmolipi, la tristesse joyeuse, le plaisir d’être malheureux. En Angleterre, le chantre de cette mélancolie est certainement John Dowland (1563-1626) et son recueil de Lachrimæ or the Seaven Teares (1604) : avec sept pavanes, il décline ce thème avec des tableaux complémentaires, de la mélancolie amoureuse aux larmes pieuses d’une illumination mystique. Ces Lachrimæ sont suivies de danses allègres, symbolisant l’espoir d’un salut retrouvé. Jouée par des musiciens grecs à Constantinople dès l’époque de l’Empire byzantin jusqu’au début du XVIIème siècle, la lyra a développé un répertoire marqué par cet exil en Empire Ottoman, une nostalgie et un mal du pays que l’on retrouve dans l’oeuvre de John Dowland, expatrié lui aussi au Danemark dans les années de composition de ses Lachrimæ. Autre point commun : les tavernes britanniques et grecques étaient des lieux où la musique était écoutée attentivement, dans le silence, la viole de gambe et la lyra étant chacune des actrices incontournables de ces concerts populaires où l’on pleurait puis dansait, créant une sorte de rite purificateur et mystique. Ce programme désire faire entendre la rencontre en miroir de ces deux instruments et des mondes élisabéthain et byzantin- ottoman, mais décrire également un récit cathartique, une métamorphose heureuse, des ténèbres à la lumière et de la déploration à la fête. Cette musique se fera aussi l’écho des larmes versées par des millions de personnes forcées à l’exil aujourd’hui. 5 musiciens (lyra, 4 violes) Coproduction Arsenal de Metz, Château de Lunéville & Abbaye de Noirlac Projet a été soutenu financièrement par la DRAC et la Région Grand Est et la Ville de Nancy VIDEOS Parution pour Fuga Libera/Outhere Résidence au Château de Lunéville au printemps 2019 Lachrimæ Amantis Sokratis Sinopoulos Sokratis Sinopoulos est un maître contemporain de la lyre, un petit instrument à archet de l’ère byzantine. Son jeu délicat et très expressif a été acclamé unanimement. Sinopoulos a collaboré avec de nombreux musiciens dans le monde entier, aussi bien dans les domaines du jazz et du classique que dans les traditions populaires grecques ou méditerranéennes. Né à Athènes en 1974, il étudia la musique byzantine et la guitare classique étant enfant, puis commença de jouer la lyre en 1988 sous l’enseignement de Ross Daly. Son talent remarquable le fit rapidement rejoindre le groupe de Daly : Labyrinthos. Depuis il fit un nombre incalculable de concerts et d’enregistrements avec des musiciens tels qu’Elena Karaindrou, Charles Lloyd et Loreena McKennitt. En 1999 il fut honoré de recevoir le Prix National pour Jeunes Artistes Melina Mercouri. En 2010 il créa le Sokratis Sinopoulos Quartet avec le pianiste Yann Keerim, le bassiste Dimitris Tsekouras et le percussionniste Dimitris Emmanouil et les encouragea à improviser librement en trouvant un terrain musical commun plutôt que d’adhérer à un genre spécifique. Leur premier album Eight Winds fut produit par Manfred Eicher pour le label ECM en 2015 et reçut un accueil enthousiaste. Sokratis est professeur assistant dans le Département de Sciences Musicales et d’Art à l’Université de Macédoine à Thessalonique, en Grèce. http://sinopoulos.com
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