DUDU SSUDUD-OOUEST OMESTIQUES - Revue Trimestrielle de la SEPANSO
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o Revue Trimestrielle de la S E PA N S O N 122 R ACES D OMESTIQUES DU S UD - O UEST Fédération des Sociétés pour l’Étude, la Protection et l’Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest
SUD-OUEST NATURE édité par la SEPANSO Fédération des Sociétés pour l'Etude, la Protection et l'Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest Association loi 1901 à but non lucratif Affiliée à France Nature Environnement - Reconnue d'utilité publique o m m a i r e S EDITORIAL La démolition est en marche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 TRIBUNE "Nous étions gênants" (Jacques Testart) . . . . . . . . . . . . . . . 2 AU FIL DES MOIS Nous retiendrons... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 VIE DE L'ASSOCIATION Aidez-nous à combattre le poison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 ACTUALITÉ Transports : sortir du cercle vicieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Grand Contournement de Bordeaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 DOSSIER Les races domestiques du Sud-Ouest . . . . . . . . . 13 UN GESTE POUR LA NATURE Les laisses de mer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 VOYAGE L'Islande serait-elle le paradis de l'écologie ? . . . . . . . . . . 26 EN VRAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 JURIDIQUE Charte de l'environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Arrêté anti-OGM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 POLLUTION Développement durable à la mode de Capbreton . . . . . . . 32 LOISIRS Suivez le guide... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 PÉTITION NATIONALE Loi sur l'énergie : changeons de cap ! . . . . . . . . . . . . . . . . 36 5 3° trimestre 2003 Les auteurs conservent l'entière responsa- En couverture : bilité des opinions exprimées dans les arti- Troupeau de moutons landais cles de ce numéro. La reproduction, par- tielle ou intégrale, des textes et illustrations (photo : Régis RIBEREAU GAYON) est acceptée après autorisation préalable.
La démolition est en marche E D I TO R I A L A u delà des “gaffes” de la ministre de l’écologie et du développement durable, on sa- vait qu’il y aurait problème, dès lors qu’on se souvenait de la prédilection affirmée de l’équipe libérale aux commandes pour la persuasion et l’autodiscipline, en lieu et place de la réglementation et de l’affirmation du contrôle étatique. On attendait donc l’é- preuve des faits. Un an après, la publication du Schéma National de Développement Durable (SNDD) vient confirmer ce que de multiples événements épars annonçaient déjà : la France vit ac- tuellement une crise apparente apparente de deschizophrénie schizophrénieenvironnementale. environnementale.De fait, ce serait plu- tôt un partage des rôles. D’un côté, un Président de la République qui tient un discours en la matière que l’on avait vainement attendu de ses prédécesseurs. Inspiré entre autres par Nicolas Hulot, il trace une approche de ces questions que, globalement, le mouvement as- sociatif peut apprécier. Mais les faits, c’est-à-dire l’action gouvernementale, et plus préci- sément ici, celle de la ministre de l’écologie, conduisent objectivement à la démolition sys- tématique des processus laborieusement construits par ses prédécesseurs – de droite comme de gauche ! – pour mettre la France écologiquement à l’heure. On peut certes attri- buer la grogne des associations à ce que rien n’a été tenté pour assurer la relève des em- plois-jeunes qui les ont tant aidées, et qu’en plus, leurs subventions ont été amputées à la hache. En réalité, sa véritable explication, ce sont les coups portés à tout ce qui de près ou de loin, dans la protection de l’environnement, relève de la réglementation ou de la fis- calité. C’est une véritable guerre idéologique qui a été engagée là. Et le tableau est ex- trêmement inquiétant. Citons quelques-uns de ces renoncements : Abandon de la taxation des agriculteurs dans le cadre de la loi sur l’eau, qui ne permettra plus, faute de ressources, d’atteindre les objectifs fixés par la Directive européenne. Réduction sévère du budget de l’ADEME, qui menace gravement les programmes de l’Agence. Opposition de la France à la réforme de la Politique Commune de la Pêche – alors même que c’est l’IFREMER, notre Institut national, conseil de la Commission Européenne, qui l’a alertée sur la situation catastrophique des ressources halieutiques. Opposition du gouvernement à l’instauration d’un régime d’assu- rance obligatoire pour couvrir les risques environnementaux que pourraient générer les en- treprises – alors que ce même gouvernement s’est indigné, il y a peu, des pratiques coupa- bles des “voyous industriels”, type MetalEurope... Disparition de la Commission Française du Développement Durable*, comité des sages chargé d’organiser les conférences de ci- toyens... que prévoit le SNDD ! Porte ouverte à l’affaiblissement des lois montagne et lit- toral. Pseudo débat public sur l’énergie. Etc. Et pour faire bon poids, des initiatives enfin qui sont autant de complaisances envers le monde de la chasse extrême : suppression du jour de “non-chasse”, reclassement en “nuisibles” d’espèces dont les scientifiques souhai- taient depuis longtemps la protection (putois, belette...), suppression du statut des réser- ves naturelles volontaires... et même demande de renégociation avec Bruxelles de la Direc- tive Oiseaux. De leur côté, félicités par le gouvernement, les plus gros industriels, rassemblés dans un “club”, l’AERES, décident dorénavant tout seuls, en auto-contrôle, de leurs programmes de réduction volontaire d’émission de gaz à effet de serre. On connaît les limites de l’exercice : même l’OCDE reconnaît l’inefficacité de ce type de gestion volontaire ! Enfin, cerise sur le gâteau, lors de son audition par la Commission des Finances du Sé- nat, Madame Bachelot a souhaité ouvertement, pour réduire le nombre des fonctionnaires, “fusionner les DIREN et les DRIRE”. Des DIREN qu’on a eu tant de peine, depuis trente ans, à créer, puis à émanciper de la tutelle des autres services de l’Etat ! Alors, à l’instar du Robespierre des caricatures “guillotinant tous les français et se guillotinant ensuite lui-même”, à quand la suppression pure et simple du Ministère de l’Eco- logie ? Pierre DELACROIX, Président d'Honneur * Voir ce numéro de SON, page 2. S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 122
tribune 2 Tribune parue dans Politis n° 754 du 5 juin 2003 "Nous étions gênants" Une tribune de Jacques Testart, Directeur de recherche à l'INSERM Il n'a jamais été autant question de Développement Durable. Le terme a-t-il la même signification pour tous ? Assurément pas ! Et les ambiguités du Débat (prétendu) national sur l'énergie, la po- lémique qui enfle sur les OGM, son écho à travers l'arrestation spectacle de José Bové, et bien d'autres événements encore sont autant de raisons de s'interroger sur ce concept et sur sa ges- tion. C'est pourquoi il nous a paru intéressant de publier ici la lettre de Jacques Testart, biologis- te bien connu des associations de protection de l'environnement, et dans laquelle il explique les raisons qui ont motivé sa démission de la présidence de la Commission Française du Développement Durable - de même que la majorité des membres de cette instance consultative. E n 1999, j'ai été sollicité par Do- sultatif placé auprès du gouvernement, susceptibles de renforcer les inégalités minique Voynet pour remplacer en conformité avec les recommanda- sociales et de négliger les nuisances en- Christian Brodhag, lequel avait tions de l'ONU (Programme Action 21, traînées à long terme. Il est urgent de terminé son mandat de président de la Rio, 1992). Sa mission est d'éclairer les définir un objectif commun à tous les Commission française du développe- pouvoirs publics en matière de dévelop- hommes (par exemple une quantité d'é- ment durable (CFDD). Comme je lui pement durable. Cependant, la CFDD missions de gaz à effet de serre par ha- faisais remarquer ma faible compéten- n'est pas une association d'experts, elle bitant, en 2060) afin d'assurer la cohé- ce sur les thèmes du développement du- est composée de bénévoles aux compé- sion internationale et la mise en cohé- rable, la ministre de l'Environnement tences variées et s'inscrit dans une dé- rence des engagements de chacun. m'indiqua qu'elle ne souhaitait pas un marche globale dont l'ambition est d'êt- Concernant les brevets sur le vivant, comité d'experts mais plutôt un labora- re transversale et universelle. nous avons estimé que le système actuel toire d'idées, une commission "poil à De 1993 à 1999, la CFDD a surtout doit être renégocié, pour respecter l'é- gratter" capable d'innover et de contre- produit des rapports d'expertise. Depuis quité économique et sociale, pour favo- dire le pouvoir politique. C'est cette in- juillet 1999, date à partir de laquelle j'en riser l'innovation, et pour correspondre citation à la liberté de travailler et de cri- ai assumé la présidence, la CFDD s'est aux besoins d'une agriculture durable. tiquer qui m'a séduit, et c'est la rupture attachée plutôt au sens des actions hu- Un tel projet ne semble pas superposé au de ce contrat qui m'amène aujourd'hui à maines, aux principes fondant les pro- nouveau concept "d'agriculture raison- cesser mes fonctions. positions, en se focalisant sur quelques née", lequel est surtout propice à la dis- Entretemps, la CFDD, enrichie de sujets importants et controversés. Elle sémination rapide de technologies mal nouveaux membres, a construit une mé- n'a pas rédigé de rapports globaux mais évaluées, et n'engage pas suffisamment thode de travail faisant largement place des avis au gouvernement. Ceux-ci sont les agriculteurs en tant que citoyens. au débat ouvert, même débridé, à la dis- au nombre de onze et se réfèrent essen- C'est aussi pourquoi la CFDD a fait re- cussion amicale mais jusqu'au fond, à la tiellement à l'application de trois princi- marquer que les aides à l'agriculture ne rédaction de textes consensuels mais ja- pes émis dans la déclaration de Rio : le sont pas toutes inéluctables, et qu'elles mais mous. Cette pratique conviviale a principe de précaution (mis à mal à Jo- doivent êtres réorientées pour rester de permis de construire démocratiquement hannesburg), celui de solidarité et de co- simples outils d'une véritable politique un positionnement de groupe sur des su- opération entre les peuples et les géné- agricole, sociale et environnementale. jets variés. C'est aussi parce qu'ils appré- rations, et celui de démocratie et de par- Des barrières tarifaires instaurées ré- ciaient notre mode de fonctionnement ticipation des citoyens aux décisions. Je gionalement maintiendraient un revenu que la quasi totalité des membres actifs ne ferai ici qu'évoquer quelques résolu- décent aux agriculteurs sans favoriser de la CFDD ne souhaitent pas poursuivre tions de notre commission, mieux ex- les augmentations de production, des- cette activité. Mais, au-delà du plaisir plicitées dans les avis concernés, même tructrices de l'environnement et hostiles pris à travailler ensemble, les membres s'ils sont tous très brefs. À propos des à l'agriculture vivrière des pays en dé- de la CFDD regrettent que leurs projets émissions de gaz à effet de serre (ac- veloppement. Comme la plupart des soient contrés par le secrétariat d'État, cord de Kyoto, 1997), la CFDD a mis ONG, nous avons porté un jugement sé- une situation qu'ils n'avaient pas connue en garde contre les effets pervers de vère sur le sommet de Johannesburg, et avec les ministres précédents. Rappe- certains mécanismes dits "de flexibili- nous avons demandé au gouvernement lons que la CFDD est un organisme con- té" fondés sur les permis négociables, de s'engager sur des objectifs plus am- S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 122
tribune 3 bitieux à l'occasion de sa stratégie de bat national sur les énergies", dont l'or- devait simplifier (ou dépolitiser ?) les développement durable. Nous avons ganisation, les modalités et les théma- questions posées par le développement souhaité que soient revalorisés des in- tiques ont été dénoncées par le mouve- durable en les ramenant à la seule di- dicateurs alternatifs intégrant les di- ment associatif. Il semble que sur ces mension écologique. De plus, le secré- mensions non économiques, et nous deux thèmes, fortement controversés, tariat d'État n'a pas accepté de recon- avons proposé de faire de la culture le le gouvernement ne veuille tirer aucu- duire le budget nécessaire à la commu- quatrième pilier du développement du- ne leçon des consultations antérieures : nication de la CFDD, nous privant dé- rable, au même titre que les dimensions par exemple, pour les OGM, la confé- finitivement de toute perspective sé- économique, sociale et environnemen- rence de citoyens organisée en 1998 par rieuse pour faire connaître nos travaux. tale. Car la culture est un bien commun l'Office parlementaire des choix scien- La création récente du Conseil natio- de l'humanité et ne peut faire l'objet d'u- tifiques et technologiques, ou le "débat nal du développement durable (CNDD), ne marchandisation généralisée. des quatre sages" qui a eu lieu au doté de véritables moyens et d'une gran- Conseil économique et social en février De même, la CFDD souhaite que la de visibilité, a introduit la confusion et 2002 ; pour l'énergie, la conférence de dimension environnementale soit inté- masqué encore davantage la CFDD. citoyens organisée en hiver 2002 par la grée dans les règles de droit de l'OMC. Pourtant, comme nous l'avons dit, il y a CFDD, avec la Cité des sciences. Elle propose de mieux armer l'Organe place pour une structure d'élaboration de de règlement des différends en formali- C'est parce que la CFDD est per- la politique gouvernementale en matiè- sant les procédures d'expertise et de dé- suadée qu'il n'y aura pas de développe- re de développement durable (CNDD), bat public et en renforçant la participa- ment durable sans approfondissement et un laboratoire d'idées, critique et in- tion des ONG. Cette démocratisation de de la démocratie qu'elle a privilégié la dépendant (CFDD). Mais certaines atti- l'OMC est surtout nécessaire pour arbi- procédure exemplaire de consultation tudes officielles permettent de douter de trer des litiges commerciaux impliquant que sont les conférences de citoyens. À l'intérêt du gouvernement pour notre des éléments scientifiques complexes et l'occasion de telles procédures, des ci- Commission ; malgré les assurances ora- controversés. C'est dans le même esprit toyens naïfs sont d'abord largement les, le mandat du président n'a toujours qu'à l'issue d'une lecture critique du rap- formés et informés, ce qui les place en pas été renouvelé près d'un an après son port Kourilsky-Viney sur le principe de position de se faire une opinion éclai- expiration et aucune concertation n'a été précaution, nous avons proposé d'asso- rée sur les sujets de controverse et leur engagée pour recomposer la CFDD, cier davantage la société civile françai- offre un cadre pour l'exercice de leurs dont les membres cessent leur mandat se à l'évaluation des innovations tech- convictions (2). Ainsi, dans la période dès ce mois de mai 2003. Le gouverne- nologiques en ne se contentant pas des récente, nous avons sollicité les ment est en droit d'adopter une tactique expertises scientifiques et techniques. moyens nécessaires à l'organisation de honteuse pour faire disparaître une com- En effet, la neutralité des experts est de deux conférences de citoyens, l'une en mission gênante, sans jamais avoir dé- plus en plus douteuse tandis que les ef- 2003 sous le titre : "Énergie : quelles claré qu'elle le gênait. En fait, un com- fets réels des nouvelles technologies responsabilités pour un monde habita- muniqué ministériel vient d'annoncer, sont de plus en plus imprévisibles : ble ?", et l'autre en 2004 sur les aides à dix jours après ma démission, que la nous produisons un monde incertain l'agriculture. Ce dernier projet innovait CFDD n'existera plus. Il ne s'agit pas de prétendument sous contrôle. Plusieurs dans la recherche de procédures d'élar- regretter la disparition d'un groupe cons- événements récents à propos des OGM, gissement de la démocratie puisqu'il titué, ou de telle ou telle personne, de la technologie emblématique (1), viennent s'agissait, pour la première fois au mon- scène officielle du développement dura- soutenir notre proposition d'un "Comi- de, d'impulser trois conférences simul- ble. Ce qui est grave, c'est qu'ainsi dispa- té consultatif pour l'évaluation des tech- tanées sur un même sujet dans des pays raît une structure qui proposait un regard nologies", composé de citoyens volon- fort différents : un pays du Nord (la inhabituel et non conformiste sur des su- taires parmi ceux qu'on aurait tirés au France), un pays de l'Est (la Pologne) et jets variés et importants, et qui proposait sort. Parmi ces événements, on retien- un pays d'Afrique sub-saharienne (le aussi le recours à des formes de démo- dra l'aval donné à la dissémination des Mali). Nous aurions souhaité savoir cratie authentique (3) que le gouverne- OGM par les Académies des sciences, qui, des peuples du monde ou de leurs ment prétend souhaiter mais dont il sem- de médecine et de pharmacie, à l'issue dirigeants, s'écarte le plus des solutions ble se méfier. d'un rapport partial et non indemne de raisonnables, solidaires, et durables. conflits d'intérêts. On notera aussi la ré- Toutes ces demandes ont été refusées. cente mascarade organisée par plu- En même temps, le secrétariat d'État au (1) "Les OGM, un vandalisme libéral", Li- sieurs ministères, afin de faire avaliser développement durable nous orientait bération, 7 décembre 2001. la levée du moratoire par une pseudo vers d'autres thématiques, essentielle- (2) "Citizen loft : l'humanité existe", Libé- consultation du public sur Internet. ment environnementales : "préserva- ration, 29 mars 2002. tion de la biodiversité", "ressource ha- (3) "Conférences de citoyens : les vertus C'est le même souci de faire croire lieutique", "question de l'ours et/ou du du débat public", Transversales Scien- à la "concertation" qui justifie le "Dé- loup", "thème de la forêt". Comme si on ce Culture, 2ème trimestre 2002. S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 122
au fil des mois 4 BREVES Nous retiendrons... LA LOGIQUE SNCF Les nouvelles de ces derniers mois IMPERMEABLE A LA RADIOACTIVITE Le Réseau Sortir Du Nucléaire Les déchets en Gironde modes de transport, promotion du com- postage individuel, remplacement du (SDN) a marqué un double point Mars 2003 terme "incinération" pour le projet du vis-à-vis d'EDF et de la SNCF. A plusieurs endroits en France, le Depuis le mois de mars 2003, le dé- SYTOMOG par "valorisation énergé- Réseau ou les associations ont partement de la Gironde est enfin doté tique" qui évoque d'autres techniques montré, expériences à l'appui, que d'une organisation spécifique, le moins polluantes) et à condition de le les transports de châteaux * de "Conseil Départemental des Déchets" considérer tout de suite comme "en ré- déchets radioactifs, tant par voie (CDD). Présidé par un Conseiller géné- vision" ! Nous avons pu constater une ferrée que par camions spéciaux, ral, il est constitué d'élus, des syndicats fois de plus au cours de plusieurs ré- étaient furieusement dépourvus intercommunaux, des services de l'Etat unions de cette instance l'évolution des de protection, et donc à la merci mentalités vers les idées que nous dé- (Préfecture, DDASS, DRIRE...), de d'actes terroristes. Dernier épi- fendons depuis si longtemps, notam- l'ADEME, de professionnels et d'asso- sode : des photos de ces wagons, ciations, parmi lesquelles la SEPAN- ment en défaveur de l'incinération. en provenance du Blayais, en at- tente de formation d'un "train SO, le "Collectif déchets girondin" et D Représentant SEPANSO : Serge Bardet Représentant Collectif déchets : Alain Blanc complet" vers le Nord. Etre obli- Aquitaine Alternatives. Le CDD sera, gé, pour aller dans le Cotentin, de avec le Comité Départemental de l'En- traverser deux fois la Garonne sur vironnement - plus généraliste - l'orga- Les moules interdites la fragile et unique passerelle nisme chargé d'études et de proposi- ferroviaire St-Jean, et de sta- Mai 2003 tions auprès du Conseil général. Son tionner, pendant des jours et sans premier travail a été de donner son avis La présence d'une espèce de phy- aucune surveillance, tant à St- sur le Plan Départemental de traitement toplancton toxique (Dinophysis) a ren- Yzan-de-Soudiac qu'en gare de des Déchets Ménagers (PDDM) en at- du les moules du Bassin d'Arcachon Bordeaux, en pleine période Vigipi- rate, et sous la menace de Ben La- tente d'une ratification préfectorale qui impropres à la consommation (mais den, ce n'est pas très logique et tarde à se décider... Fallait-il le refaire pas les autres coquillages). C'est la ça fait mal ! La CLI du Blayais s'é- une nouvelle fois ou bien adopter le pro- deuxième fois depuis 1995 que cette al- tait déjà saisie de cette question jet en l'état ? A notre demande, et avec gue sévit sur le Bassin. La dernière date et avait interpellé la Direction l'accord de la majorité, le projet actuel de décembre dernier. Aquitaine des Installations Nu- est adopté sous certaines réserves cléaires (DIN). Cette fois-ci, le Mercredi sans chasse (amélioration de la prévention et des président de la CLI, dans une lettre vi- Mai 2003 goureuse, en appelle aux responsables de En l'absence de la Ministre de l'E- l'Etat. Une telle ges- cologie, souffrante, et par 74 voix pour tion de ces et 4 contre, les députés ont supprimé en transports spéciaux première lecture l'obligation du jour est en effet totale- sans chasse, comme l'avait imposé la ment inacceptable. loi Voynet en juillet 2000. Feu le mer- Photo : Stéphane LHOMME credi sans chasse de François Patriat. * Châteaux : il s'agit Remplacé par quoi ? de conteneurs spé- ciaux isolant les dé- chets radioactifs de Une association est née l'extérieur et limi- Mai 2003 tant les rayonne- ments dangereux. Wagon de combustibles radioactifs à Bordeaux-Saint-Jean... L'association “Platanes 113”, à ou comment tenter les terroristes ! Barsac, s'est constituée pour éviter l'a- S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 122
AU FIL DES MOIS 5 BREVES battage inconsidéré d'arbres le long de 30 hectares dans la forêt de Rauzan. la RN 113 et inciter la DDE à ne plus Cette forêt a été justement enlevée du couper d'arbres sains isolés et à re- classement AOC du POS pour la pré- planter ce qu'elle détruit. Lettre à la server, mais sans aucune protection. Le DDE et bulletin d'adhésion disponi- projet d'Imeris apparaît donc en contra- bles à la SEPANSO ou sur le site de diction avec sa démarche HQE. Habi- LE RETOUR DU VISON l'association : platanes113.free.fr. tants et élus se sont donc mobilisés et ont alerté les politiques. A l'heure ac- Espèce emblématique s'il en est, le Vison d'Europe, qui figure parmi L'énergie et la région tuelle, le Préfet devrait reconvoquer les parties intéressées : collectivités loca- les deux espèces de mammifères Juin 2003 les plus menacées du continent eu- les, société, associations (dont la SE- ropéen, vient de voir sa présence Comme nous l'avions signalé en PANSO), avant de statuer de nouveau mise en évidence sur trois rivières son temps, le Conseil régional avait ré- avec la commission des carrières, cel- du Lot-et-Garonne grâce au suivi uni Aquitainergie et l'AREDRA (ses le du mois de juin ayant demandé le re- de l'équipe de la Réserve naturelle deux associations spécialisées respec- port d'Imeris. Dans cette affaire, il faut de l'étang de la Mazière. remarquer qu'il n'y a aucune retombée tivement dans l'énergie et les déchets) Voici peu, un Conseiller général du en une seule, le "Réseau IDEA" (Infor- économique sur la commune concer- Marmandais voulant verser dans mation sur le Développement Environ- née, avec de plus menaces sur le tou- l'humour facile n'avait pas craint nemental en Aquitaine). Ce dernier risme, vu que l'exploitation doit se fai- d'imputer aux "écolos" des visions vient d'être chargé par ses principaux re "hors d'eau", donc en été. Imeris, de en guise de... vison ! Le tout devant "actionnaires", le Conseil régional et plus, n'a pas joué la transparence de- un aréopage de 200 personnes vant la commission et a caché certains conviées à une réunion d'informa- l'ADEME, de créer (c'est-à-dire de de- résultats des forages, sous couvert du tion sur Natura 2000. Jeu de nain, venir) l'Observatoire aquitain de l'éner- secret de fabrication. Il y avait pourtant jeu de vilain dit le proverbe car, gie. Une étude préalable a été menée bien sûr, la réponse ne s'est pas par un bureau d'études (parisien...) pour dans son projet des éléments positifs faite attendre. Une réponse en sur le plan écologique : respect d'une la mise en place de cette instance avec forme de (re)découverte dans ce couche d'argile d'environ 6 à 8 mètres en première phase de travail le bilan département dit du bien-vivre : énergétique et le bilan des émissions de au fond de la carrière et réhabilitation trois visons d'Europe se voyaient gaz à effet de serre dans notre région au bout de 30 ans avec création d'une capturés coup sur coup sur l'Osse, (EDF participe, probablement fort in- réserve naturelle volontaire. le Dropt et la Dourdenne ! Une... vi- téressée par le sujet). Renseignements sion en 3D en somme dûment es- tampillée et "sobrement" (pas tout sur le site Internet du Réseau La PAC nouvelle... à fait pour être honnête) enregis- [www.idea-reseau.org]... ou à la SE- Juin 2003 trée. Mustela lutreola existait PANSO. donc encore dans ce petit bout de D Représentant SEPANSO : Serge Bardet “La réforme de la politique agri- France d'où quelques esprits cha- cole commune a été adoptée, hier, par grins avaient voulu le chasser. Du Forêt de Rauzan les quinze, à Luxembourg. Elle tend à suivre le courant libéral européen en virtuel au réel, il n'y avait donc qu'un pas, un pas de milliers de Juin 2003 soumettant l'agriculture aux lois du nuits-pièges, de dizaines de marché. Satisfaction du gouvernement, milliers de kilomètres parcourus Cette forêt s'est trouvée réduite et par Laurent Joubert et son équipe, minée jusqu'à sa superficie actuelle de tollé des syndicats. Les Verts y voient des avancées, entre autres l'écocondi- un pas fait de cruelles désillusions, 400 hectares environ. Elle a, de plus, de moments d'intense décourage- tionnalité des aides ou le soutien ren- été atteinte par la tempête de 1999 sans ment mais aussi de grand bonheur. qu'il y ait eu de replantations compen- forcé au développement rural... Le di- recteur général de l'OMC aussi. Quand Le vison d'Europe est un animal à satoires jusqu'à présent. C'est une forêt à Franz Fischler, le commissaire euro- nul autre pareil, véhiculant une de feuillus sur coteaux, entretenant un symbolique très forte, celle d'un microclimat favorable aux vignes alen- péen à l'agriculture, il pense que cette monument vivant, de ce patrimoine réforme vise à réorienter une agricul- tour. La société Imeris, qui fabrique la ignoré, délaissé, galvaudé, bradé à ture jugée trop productiviste vers une brique "Monomur", excellent matériau des intérêts à court terme indénia- de construction ne nécessitant pas de production plus soucieuse d'environne- blement plus attractifs. Ce monu- doublage isolant, bénéficie à ce titre de ment et de qualité.” (journal Sud-Ouest ment, il faut que nous puissions le la Haute Qualité Environnementale du 27 juin 2003) A juger sur le terrain... préserver, tous ensemble, pour que (HQE). Or, cette société voudrait im- Un dossier de SON sur l'agriculture dans 10 ans, dans 20 ans, dans 50 planter une carrière d'argile sur environ fera le point sur ce sujet début 2004. ans, nos enfants puissent, eux aus- si, ressentir le délicieux frisson d'une... vision extraordinaire au S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 122 sens étymologique du terme.
vie de l'association 6 Aidez-nous à combattre le poison servés to ré pho o it s Dr Appel à dons E n mars dernier, faisant pour les laboratoires chimiques, à droit à une requête de défaut d’être efficace et sans dan- la SEPANSO, le juge ger... des référés du Tribunal Adminis- tratif de Bordeaux annulait le refus C’est ainsi que le Ministère de implicite du Préfet de la Gironde de l’Alimentation, de l’Agriculture, de modifier son arrêté fixant les condi- la Pêche et des Affaires Rurales tions de la lutte obligatoire contre le (MAAPAR) a déposé auprès du Le Vison d'Europe Conseil d’Etat un pourvoi contre ce ragondin, en ce qu'il autorisait le re- Comme d'autres carnivores moins cours à l'empoisonnement. Respec- jugement et que, comble de l’injusti- emblématiques, le Vison d'Europe, tant scrupuleusement le jugement, le ce, si le ministère peut se dispenser figurant à l'annexe IV de la Directive d’avocat pour son pourvoi, la SE- Habitats, est lui aussi victime d'in- Préfet de la Gironde avait alors, dans toxications consécutives aux campa- les 48 heures, pris un nouvel arrêté PANSO n’en a pas le droit et est gnes d'empoisonnement dirigées ne faisant plus référence au poison. obligée de prendre un avocat au contre le ragondin. Conseil d’Etat pour pouvoir se dé- Une récente étude du GREGE Nous aurions pu penser que l’af- fendre. (Groupe de Recherche et d'Etude faire était close pour la Gironde et pour la Gestion de l'Environnement) que c’en était fini des radeaux de ca- Etant donné les enjeux qui dépas- fait état de 13 % de mustélidés semi- rottes toxiques et du cortège d’espè- sent largement la Gironde, notre as- aquatiques présentant des résidus sociation a choisi de ne pas baisser de bromadiolone ou chlorophacino- ces non ciblées victimes d’un poison ne (anti-coagulants utilisés contre le théoriquement destiné au ragondin. les bras et de faire défendre son ragondin ou le rat musqué). point de vue devant la haute juridic- Lutter contre le poison, c'est aussi C’était hélas sans compter sur tion. C’est pourquoi, pour faire face participer à la sauvegarde de cette l’entêtement de certains fonctionnai- à cette dépense imprévue, elle lance espèce très menacée dont les zo- res du Ministère de l’agriculture qui aujourd’hui un appel à soutien au- nes humides d'Aquitaine constituent n’entendaient pas se laisser dépossé- près de tous les adversaires du poi- l'un des derniers refuges. der d’un moyen de lutte si rentable son quels qu’ils soient. SI VOUS VOUS SENTEZ CONCERNÉ PAR L'EMPOISONNEMENT DE LA FAUNE SAUVAGE SI VOUS NE VOULEZ PLUS VOIR DE RADEAUX D'APPÂTS EMPOISONNÉS SUR LES COURS D'EAU ET FOSSÉS SI VOUS PENSEZ QUE LE POISON EST LA PIRE DE TOUTES LES SOLUTIONS outenez la SEPANSO dans la lutte qu'elle a engagée contre les empoisonnements S en faisant un don. Un bon de déduction fiscale vous sera adressé en retour. NOM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . PRÉNOM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ADRESSE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Je fais un don de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à la SEPANSO pour soutenir son action juridique contre les empoisonnements de la faune sauvage. DATE SIGNATURE
Actualité 7 Pierre DELACROIX, Président d'Honneur de la Fédération SEPANSO Transports : sortir du cercle vicieux Aujourd'hui, devant le déferlement à la hausse des poids- lourds et des véhicules légers, mais aussi - malgré le coup de frein amorcé par les attentats de 2001 - celui du transport aé- rien, une réflexion critique doit impérativement être ouverte sur les transports. C 'est particulièrement vrai s'a- marins, et pour le plus grand profit (voir l'Andalousie !), faisant fi de tou- gissant de la région bordelai- d'armateurs grecs, russes ou français, te contrainte environnementale, et en- se, ainsi qu'on le verra dans la dont les bénéfices sont bien les seuls traînant la ruine de l'exploitation fa- présentation dans ce numéro de SON à augmenter de 70 % d'une année sur miliale que prétend pourtant défendre de l'analyse associative du projet de l'autre, en ces temps de crise écono- l'Union Européenne. C'est ce mouve- Grand Contournement de Bordeaux. mique. ment - qui a secoué l'Europe occiden- tale et entraîné un formidable exode D'abord en raison des nuisances C'est l'explication aussi de l'achar- rural pendant trente années - que va engendrées par ce phénomène : pol- nement de certains pays de l'Union réamorcer l'élargissement de l'Union. lutions en tous genres, aussi bien au Européenne à refuser l'application de Avec son corollaire, l'explosion ur- sol qu'en haute atmosphère et leur ré- la majorité qualifiée dans la politique baine, mais à un moment où la mo- percussion sur l'effet de serre - l'im- européenne en matière de lois socia- dernisation de l'industrie et des serv- pact des transports anéantit, et au les, qui supprimerait à terme l'exploi- ices y limite partout et drastiquement delà, tous les efforts consentis dans tation éhontée par leurs entreprises de l'emploi, et s'accompagne même - les autres domaines d'utilisation de ces mêmes différentiels sociaux. Cet- toujours en raison du coût très faible l'énergie ; effets sur la santé des po- te politique du pire, inaugurée par la des transports - d'une délocalisation pulations, sans oublier le considéra- répugnante Madame Thatcher, est en de ces emplois. Quelle logique autre ble impact du bruit ; augmentation de voie de faire avorter une Europe véri- que celle de la recherche frénétique la dépendance énergétique ; emprises tablement unie et construite dans une du profit, en effet, pour justifier que au sol d'infrastructures toujours plus perspective sociale réellement pro- la comptabilité d'Air France se fasse envahissantes ; extension spatiale des gressiste, telle qu'affirmé dans ses en Inde, ou l'impression des livres villes, elle-même génératrice de be- principes fondateurs. français au Maroc ? soins croissants en transports, etc. Comment ne pas voir aussi dans Ensuite, à cause de la synergie entre Sortir de ce cercle vicieux ce système l'encouragement à des ce potentiel de croissance des contemporain exige que soit réelle- spécialisations régionales excessi- transports et l'existence, d'un bout à ment intégré au prix actuel des ves, en particulier en agriculture, qui l'autre de l'Europe, et même de la pla- transports le coût de ses impacts en- vont jusqu'à l'absurde. Faire pousser nète, de différentiels sociaux sur les- vironnementaux et sociaux. Cet as- des pommes de terre en Autriche, quels non seulement nos économies, sainissement devra certes être pro- pour les transporter en Italie à la seu- c'est-à-dire nos économistes, et nos gressif, tant il entraînera de mutations le fin de les y éplucher, pour les faire hommes politiques, ferment volon- dans nos économies et nos sociétés. frire ensuite dans le Nord, faire fran- tiers les yeux, mais sur l'exploitation Mais il est indispensable, sauf à aller chir à des tomates des milliers de desquels de nombreuses entreprises dans le mur - et il n'est pas nécessai- kilomètres alors qu'elles peuvent fondent cyniquement leur prospérité. re d'être polytechnicien pour le per- pousser aux deux extrémités de l'Eu- C'est la raison d'être, en matière ma- cevoir. rope, n'est pas seulement absurde. ritime, des pavillons de complaisance C'est surtout un encouragement indi- A ceux qui se cherchent un pro- qui traînent dans leur sillage l'Erika rect à la concentration extrême des gramme politique, imposons cette dé- et le Prestige, au grand dam des po- entreprises agricoles exploitant une marche. Elle est, à coup sûr, porteuse pulations côtières et des écosystèmes main d'œuvre immigrée à bas prix de nouvelles perspectives. S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 122
actualité 8 Collectif associatif composé notamment de : Médoc'xygène, Aquitaine Alternatives, Grand Contour Consommation, Logement, Cadre de Vie (CLCV), la Fédération SEPANSO, etc. Observations préalables des associations Le 5 mai 2003 sur le Grand Contournement de Bordeaux REMARQUES La réponse exprimée par le projet de Grand Contournement de Bordeaux Elle fait l'impasse totale sur des al- ternatives possibles, du fait de son ori- GÉNÉRALES (GCB) est celle, classique, de l'extra- gine exclusivement technique (recours polation des tendances de croissance. à la seule extrapolation des tendances), Le projet de Grand Contournement Elle suppose le développement à en ne procédant d'aucune réflexion sur de Bordeaux (GCB) ne date pas des an- l'Ouest ou à l'Est de l'agglomération la politique générale des transports. nées 2000. Il a fait l'objet dans les dé- d'une “super-rocade” censée permettre au trafic de transit de contourner le Elle fait naître enfin des préoccu- cennies passées de plusieurs versions, pations considérables en matière éco- qui ont toutes en commun la perspec- goulot d'étranglement de Bordeaux en le séparant du trafic local. Cette volon- logique et environnementale. tive d'un franchissement de l'estuaire girondin en aval de Bordeaux. té de soulager au plus vite la conges- Faut-il rajouter que cette question a tion de l'agglomération explique en certes suscité de multiples projets et Une de ses variantes les plus grande partie l'accueil favorable fait au études, financés pour l'essentiel par le connues a été celle dite de “la route projet par les élus locaux de tous bords, contribuable girondin ou bordelais du- des estuaires” qui dans l'esprit de ses qui trouvent dans cette solution - et en rant la décennie 90, et rappelés par le promoteurs, et à partir d'un franchis- particulier dans sa variante Ouest - dossier de présentation de la Commis- sement très en aval entre Royan et une réponse aux préoccupations im- sion Nationale du Débat Public (CNDP). Soulac - un peu à l'image du franchis- médiates et de leurs électeurs, et de sement américain de la baie de la Che- leurs interlocuteurs économiques. Mais si à ces occasions furent sapeake - aurait ouvert la presqu'île du consultées toutes les autorités “offi- Médoc aux flux touristiques en prove- Cette proposition, bien conforme à cielles”, c'est-à-dire politiques et éco- nance de la Charente Maritime. la logique suivie jusqu'à nos jours par nomiques (Conseil Général, Conseil les services de l'Equipement, ne nous Régional, Chambres consulaires et or- La montée en puissance du trafic paraît cependant plus acceptable. ganismes professionnels...), on ne routier entre Europe du Nord et pénin- peut que constater l'absence totale de sule ibérique, en raison de l'essor du En effet : consultation des citoyens-habitants commerce et de la pratique des desser- Elle s'inscrit à contre-courant de et du monde associatif. Il est par tes à flux tendus, a sensiblement mo- toutes les observations récentes faites conséquent surprenant que les autori- difié les données. Le flux Nord-Sud par les responsables politiques, fran- tés s'étonnent “qu'aucune déclaration considérable de Poids Lourds se heur- çais et européens, sur les impasses de émanant du secteur associatif n'ait été te aujourd'hui au goulot d'étrangle- la politique des transports et sur ses recensée à ce jour”, car seul le contrai- ment que constitue le passage obligé impacts tant sociaux qu'économiques re serait étonnant ! Ce n'est pourtant par Bordeaux. Le doublement du Pont et environnementaux. pas faute que les associations, à tra- d'Aquitaine par le Pont d'Arcins (Pont vers leur action quotidienne et locale, Mitterrand), et le renforcement des ro- Elle a fait la preuve, non seulement et celle de leurs grandes fédérations cades Ouest et Est de l'agglomération, de son inefficacité, mais du caractère nationales, comme la FNAUT ou ont vite été victimes de la rapide crois- nocif des solutions prétendument ap- France Nature Environnement, dé- sance des trafics. Le Pont Mitterrand portées. Tout le monde voit bien au- veloppent une critique approfondie et par exemple, dont il avait été dit à sa jourd'hui que l'offre en matière de constructive de la politique des construction qu'il répondrait à la de- transport crée la demande plus que transports, réclamant inlassablement mande “pour vingt ans”, frôle parfois l'inverse, et que la multiplication de que l'on change de méthodes à la lu- la saturation. Et la congestion des ro- ces systèmes fonctionne comme un mière des échecs actuels. cades bordelaises à certaines heures véritable “aspirateur à Poids Lourds” est une réalité quotidienne. au lieu de résoudre les problèmes. Les associations signataires de la S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 122
actualité 9 nement de Bordeaux présente note de positionnement se fé- République lui-même à Johannesburg, nous permettons donc de rappeler que licitent donc de l'initiative de Mon- que par le gouvernement dans le Plan lors des consultations sur les Schémas sieur le Ministre de l'Equipement et Climat 2003 auquel il met actuelle- de services collectifs auxquelles nous des Transports saisissant la Commis- ment la dernière main, de faire préva- avons participé à l'époque, les asso- sion Nationale du Débat Public sur loir en France un Développement Du- ciations - y compris au niveau natio- l'opportunité d'un Débat sur le GCB, rable, en raison des risques croissants nal la Fédération France Nature Envi- et de la décision de celle-ci d'organi- d'impacts écologiques négatifs lourds. ronnement et la FNAUT - ont critiqué ser un tel Débat, considérant que l'oc- de façon vigoureuse cette pratique, Le changement climatique en est casion leur est ainsi offerte d'exprimer qui revient à renoncer d'entrée de jeu un. Les scientifiques ont montré que remarques et propositions sur ce sujet. à toute recherche de maîtrise des flux. la croissance impressionnante des tra- Dans un premier temps cependant, fics routiers, par les émissions de Gaz On ne peut cependant guère repro- elles considèrent - reprenant ainsi à à Effet de Serre (GES) qu'ils génèrent, cher ce type de méthode aux services leur compte l'ordre des questions sou- participe activement à un changement de l'Etat, tant l'absence d'une telle vo- levées par le courrier du Ministre de climatique dont la réalité est aujourd'- lonté politique a été, jusqu'à présent, l'Equipement et des Transports à la hui reconnue. Les autorités de l'Union la règle en la matière. CNDP - que la priorité du Débat doit Européenne, de même que le Prési- Mais ne faut-il pas rappeler que être accordée au problème de l'oppor- dent de la République lui-même, ont c'est tout de même avec ces mêmes tunité de ce projet. insisté pour que soient prises en comp- méthodes d'extrapolation qu'EDF a te ces menaces environnementales. Il construit en 20 ans dix centrales nu- En effet, tous les indicateurs ac- est inapproprié de tenir comme accep- cléaires de trop, qui fonctionnent au- tuels soulignent que la croissance in- table aujourd'hui la continuation de jourd'hui pour la seule exportation... définie du Transport, et tout particu- telles tendances des flux de transports, lièrement ici, du transport routier, est et donc impératif de chercher des so- dommageable et même, à terme, im- lutions pour maîtriser la croissance ac- UNE ABSENCE TOTALE D'EXAMEN DE SOLU- possible. Dommageable, par les nui- tuelle du trafic routier, au lieu de l'ac- sances graves qu'elle implique : bruit, compagner passivement. pollutions, risques, et surtout, TIONS ALTERNATIVES consommation d'énergie avec son co- rollaire : l'aggravation de l'effet de ser- DES HYPOTHÈSES DE La seule solution alternative men- re et son impact sur le Changement TRAVAIL EN FORME tionnée dans le dossier est “le GCB... Climatique. La consommation éner- gétique est en elle-même enfin un fac- DE RENONCEMENT À soit Ouest, soit Est” ! L'ACTION POLITIQUE teur négatif de l'économie, puisqu'il Comme prévisible, ainsi qu'expri- s'agit ici pour l'essentiel d'hydrocar- mé au paragraphe précédent, l'idée bures importés. Impossible, puisque “d'assécher” le plus fortement possi- les limites de ces ressources fossiles Les services de l'Equipement, ble le flux de Poids Lourds circulant sont désormais visibles, et se chiffrent comme dans bien d'autres domaines, entre l'Europe du Nord et la péninsule en décennies, c'est-à-dire d'un ordre ont l'habitude de travailler les prévi- ibérique (supposé ici être résolu par le de grandeur du temps qui est celui de sionnels en extrapolant les tendances GCB) n'a pas été considérée comme la construction des grandes infrastruc- de l'existant. C'est sur ce type de ba- une hypothèse de travail par les respon- tures de communication, quelles que ses qu'ont été construits, en 1996, tous sables de la politique des transports. soient les solutions choisies. les Schémas de Service Collectifs mis en discussion - dont celui des Ce constat ne manque pas de sel, Tous ces facteurs soulignent donc Transports, et la révision du Schéma quand on sait que les mêmes respon- selon nous que la résignation devant la National des Routes, dont s'inspire le sables se lamentent de ce que SNCF et croissance du transport routier n'est projet du GCB. Alors que la note d'ac- RFF tardent à concrétiser la réalisa- plus acceptable, car elle est en contra- compagnement du dossier de la tion du TGV Sud Atlantique et la li- diction profonde avec l'engagement CNDP évoque l'absence de déclara- quidation du “bouchon ferroviaire” de fort, souligné tant par le Président de la tion des associations sur le GCB, nous Bordeaux (convergence/rétrécisse- S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 122
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