Emprunts et faux-proverbes dans la parémiologie française et espagnole

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Emprunts et faux-proverbes dans la parémiologie française et
                              espagnole

                                        Maryse PRIVAT
                                    Universidad de La Laguna

         Cet article est en fait une suite à une publication antérieure1 concernant
également les proverbes, plus spécifiquement la variation linguistique au sein de la
parémiologie. Mes recherches se centrent sur la parémiologie comparée entre l’espagnol
et le français et, plus particulièrement, sur la représentation de la femme, ce qui ne veut
pas dire que tous les exemples illustrant ce travail concerneront exclusivement la gent
féminine. Mais tout d’abord, posons-nous quelques questions sur ce thème des emprunts
parémiologiques : quand peut-on parler d’emprunt lorsqu’il s’agit de proverbe ? Et
d’emprunt à qui ? à quelle langue ? Et quels critères peuvent permettre d’affirmer que
tel ou tel proverbe est en fait un emprunt à telle autre langue ? Et enfin, quel intérêt
représente pour le domaine de la parémiologique la reconnaissance d’emprunts ?
         Avant de répondre à ces questions, j’aimerais rappeler brièvement ce que les
linguistes entendent par proverbe, le commun des mortels les reconnaissant d’emblée
sans nécessité de définition. Des énoncés phraséologiques tels que Les carottes sont
cuites ou Un ange passe ne sont pas des proverbes mais des expressions idiomatiques,
malgré leur apparence proverbiale ; ce sont des phrases complètes tout aussi anonymes
et « intransformables » que les proverbes, mais il leur manque une qualité intrinsèque et
difficilement définissable pour obtenir le statut de proverbe. Si l’on en croit les
spécialistes, un proverbe est un énoncé complet, anonyme et non savant, ou encore une
unité codée qui présente une stabilité formelle et sémantique et qui appartient au code
linguistique commun. Une autre définition serait aussi : unité polylexicale inventoriée,
au sens préconstruit, que tout locuteur, en fonction de ses connaissances, pourra
convoquer pour dénommer une situation donnée. Ces définitions permettent d’écarter
d’autres énoncés phraséologiques comme les expressions idiomatiques comme boire
comme un trou, manger les pissenlits par la racine, ou encore des phrases complètes et
anonymes comme les énoncés situationnels Les fleurs volent ou Il est dans les bras de
Morphée, toutes aussi idiomatiques, figées et lexicalisées, mais correspondant à une
constatation de situation concrète et non un énoncé de discours argumentatif.
         Dans mon étude précédente, je montrai non seulement que, malgré leur propriété
de figement inhérente, les proverbes pouvaient admettre une certaine variabilité, mais
surtout que l’étude de ces variantes diverses conduisait souvent à des conclusions
intéressantes concernant les emprunts. Et c’est là que les deux aspects se rejoignent :
variantes et emprunts.
         Je laisserai de côté les emprunts métaphoriques qui font que de nombreuses
langues empruntent des images stéréotypées pour illustrer une vérité proverbiale. Ainsi,
le proverbe français Le cordonnier est toujours le plus mal chaussé, utilise l’image du

1
  Privat, Maryse. « Variation linguistique dans les proverbes français et espagnols », 28e Colloque de La
SILF, Saint-Jacques de Compostelle et Lugo, 20-26 septembre 2004 (à paraître).
Maryse PRIVAT

cordonnier, tout comme le font les langues polonaise, yiddish et persane, alors que
l’espagnol emprunte l’image du ferronnier (En casa del herrero cuchara de palo)et
d’autres langues celle du potier ou du teinturier. Il ne s’agit pas là à proprement parler
d’emprunt, si ce n’est un emprunt fait à une représentation stéréotypée universelle dont
le propriétaire légal détenant le titre de propriété ne peut être établi. La notion
d’emprunt dans le travail présenté ici se réfère aux emprunts d’une langue à l’autre dans
le contexte d’une étude parémiologique comparée. Dans l’élaboration d’un dictionnaire
bilingue et la subséquente mise en regard des deux corpus constitués correspondants,
l’observation des équivalences peut mettre au jour des ressemblances suspectes ou du
moins douteuses, et la comparaison des variantes et de leur quantité peut être révélatrice
à plus d’un titre, par exemple, lorsqu’un proverbe unique dans une des deux langues a
un équivalent comportant de nombreuses variantes dans l’autre langue et il convient de
s’interroger sur la raison de ce déséquilibre. Il a déjà été plus que démontré que la
vitalité parémiologique hispanique devance largement son homologue français. Face à
un proverbe français non seulement unique ou peu diversifié dans ses variantes, mais
également plus effacé, plus estompé, plus « plat » en quelque sorte, il n’est pas rare de
relever de nombreux proverbes espagnols plus imagés, plus métaphoriques, montrant
ainsi leur suprématie en ce qui concerne l’expressivité figurée respective des deux
langues considérées. Ainsi, le proverbe français Femme seule est rien qui veut
démontrer qu’une femme sans la compagnie d’un homme ne peut se sortir d’affaire et se
trouve condamnée à une vie imparfaite et médiocre, doit se défendre seul contre ses
homologues espagnols traduisant la même idée, notamment : Candil sin torcida, mujer
sin guarida. / La mujer con el marido, en el monte tiene abrigo. / El menor yerro que
puede hacer, es casarse la mujer. Mais si la balance penche de l’autre côté, si l’on ne
trouve qu’un seul proverbe espagnol face à un proverbe français à multiples variantes, il
est loisible de se demander et de vérifier si cet équivalent ne serait pas en fait une
traduction littérale du proverbe initial. Il s’agirait donc d’un emprunt direct à la langue
de l’autre. La multiplicité des variantes mesure non seulement la vitalité de la
parémiologie de la langue considérée ou l’authenticité du proverbe, la variabilité étant
incontestablement liée à la fréquence d’utilisation, mais elle contribue également à
prouver l’appartenance d’un proverbe à une langue donnée, ce qui constitue un élément
fondamental dans toute étude parémiologique, contrastive ou non. En effet, remonter à
l’origine d’un proverbe est la tâche la plus ardue d’un parémiologue. Une absence totale
de variantes dans une des langues, notamment si elle est considérée prolixe, semblerait
indiquer une probabilité d’emprunt. Il s’agirait de la présence d’une sorte d’hapax, qui
s’expliquerait par une traduction littérale d’un proverbe emprunté à une autre langue.
Cette considération est d’autant plus valable pour le versant français que sa diversité est
moindre qu’en espagnol, ce qui donne aux variantes attestées d’autant plus de poids si
on veut démontrer le sens de l’emprunt. Par exemple, le proverbe suivant, Cielo
aborregado, y rostro de mujer muy afeitado, largo tiempo no han durado, trouvé dans
une collection espagnole, semble parfaitement s’accorder à notre parémie française, Ciel
pommelé et femme fardée ne sont pas de longue durée. Tous deux adoptent la forme
rimée et rythmée des proverbes, qui n’est d’ailleurs ni systématique ni indispensable.
Cependant, la formule espagnole n’est recueillie que dans un seul corpus et ne constitue
pas un proverbe notoire, alors que son homologue français, bien qu’ancien, est reconnu
et authentifié par ses nombreuses variantes, telles que Temps pommelé, femme fardée,

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Emprunts et faux-proverbes dans la parémiologie française et espagnole, pp. 910-916

ne sont pas de durée ; Temps pommelé et femme fardée n'ont point de durée ; Temps
pommelé, femme fardée, pomme ridée, courte durée, pour ce qui est des variantes
syntaxiques minimales, et ces autres synonymes quelque peu plus éloignés, Montagne
claire et femme fardée ne sont pas de durée ; Temps cailleboté, femme trop fardée, n’a
pas de longue durée ; Temps cailleboté, fille mal coiffée, n’a pas longue durée ; ou
enfin, La mode, la femme, la marée, ne sont jamais de durée. Il semble là incontestable
que le proverbe français ait servi de modèle de traduction pour un recueil espagnol et
n’ait pas connu d’ancrage dans cette langue qui, dans le cas contraire, se serait chargée
de lui élaborer des équivalents encore plus nombreux et imagés. Un autre exemple tiré
de la langue française pourrait être le suivant, Femme se plaind, femme se deult, femme
est malade quand elle veut, dont la traduction mot à mot est Mujer se queja, mujer se
duele, mujer enferma cuando ella quiere, et c’est cette même phrase, sans ajout ni
retrait, qui apparaît dans un seul de tous les corpus espagnols étudiés. Ce parallélisme
pourrait faire croire à la découverte d’un équivalent à la fois littéral et conceptuel, alors
qu’un argument en faveur d’un proverbe-hapax est donné par la multiplicité de la
formule proverbiale française, entre autres par ces trois exemples : Femme se plaint,
femme se lamente, femme est malade à volonté ; Ou tart ou tenpre fole fame est dolente,
et enfin Femme se plaint et femme se deult, femme est malade quand elle veut, et par
(Madame) Sainte Marie, quand elle veut femme est guérie. D’autres proverbes
représentent également, et ce pour les mêmes raisons (abondance de variantes constatée
dans la collection parémiologique française, ajoutée à la constatation d’une traduction
littérale du proverbe), des équivalents douteux :

                   La femme est le savon de l’homme.
                   La mujer es el jabón del hombre.
                   Sans les femmes les hommes seraient des ours mal léchés.
                   Sin la mujer, todo hombre sería un oso informe.
                   Jeune femme, pain tendre (et) bois vert, mettent la maison au désert.
                   Mujer joven, pan tierno y leña verde, son en la casa lobos que muerden.
                   Le diable bat sa femme et il marie sa fille.
                   Cuando llueve y hace sol, el diablo casa a su hija.

         Dans ce dernier cas, la parémie espagnole explicite le sens du dicton français
(cuando llueve y hace sol) alors que les recueils français n’en donnent aucune glose. On
utilisait ce dicton uniquement lorsque la conjoncture météorologique unissait pluie et
soleil et point n’était besoin de donner une justification. La présence d’une explication
intégrée au proverbe semble démontrer une adaptation nécessaire due au fait que la
parémie a été empruntée à une langue étrangère.
         Au cours des siècles, emprunts et plagiats étaient légion en parémiologie et en
lexicographie en général, et de nombreux lexicographes se sont limités à piller sans
scrupule leurs prédécesseurs, certains pouvant être qualifiés de « regratteurs de livres
qui s’amusent importunément à refourbir la besogne d’autrui »2. Les emprunts ne sont
pas exclusivement interlinguistiques et se manifestent également au sein d’une même
langue. Du côté français, des cas de plagiat peuvent être signalés, le plus flagrant étant
celui de Joseph Panckoucke qui, en 1749, recopia intégralement et signa sans vergogne
le recueil de George de Backer, publié quelques années plus tôt en 1710. Ce dernier
2
    Cité par Georges Matoré (1988 : 355), comme appartenant au P. Monet, lexicographe du XVIIe siècle.

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n’est cependant pas à l’abri des accusations puisque sa collection de proverbes est
largement puisée dans les pages du dictionnaire de Furetière paru en 1690.
        L’étude des divers recueils de proverbes espagnols et français permettent de
mettre en évidence des cas d’emprunts reconnus ou non et contribuer à la difficile tâche
de retrouver l’origine légale de certains proverbes. Ainsi, après avoir consulté le recueil
d’Hernán Núñez, Refranes o proverbios glosados en romance, il s’avère qu’il s’agit
bien de la collection parémiologique à laquelle César Oudin, parémiologue mais surtout
traducteur français, a emprunté sans le citer ses proverbes espagnols. D’autre part,
l’analyse des commentaires apportés à certains proverbes confirme que l’inspirateur de
César Oudin est Hernán Núñez, chez lequel on retrouve les mêmes gloses, d’ailleurs
reproduites plus tard littéralement par Gonzalo Correas3. Le recueil de proverbes du
« Comendador » Hernán Núñez a été publié à titre posthume et pour la première fois en
1555 et a servi de source à l’auteur français pour la confection de son ouvrage, qui
devait voir le jour cinquante ans plus tard, dans sa première édition. Quant à Gonzalo
Correas (1627), il a pareillement puisé chez son prédécesseur espagnol, collecteur de
proverbes, puisqu’on y retrouve des commentaires de proverbes identiques, mais à son
tour il fut pillé par des parémiologues français ultérieurs, tels que Philippe le Duc
(1665), chez qui on retrouve des proverbes-hapax dont la forme française adopte une
traduction littérale de la parémie espagnole. Mais dans ce domaine des allers-retours de
collections parémiologiques à travers les frontières, il faut ajouter que l’on retrouve
chez Correas (1627) des proverbes uniques qui semblent traduits littéralement d’un
recueil français antérieur et signé Gabriel Meurier (1568).
        L’intérêt d’une telle recherche concernant les emprunts dans le domaine
parémiologique se résume pour le moment au fait que la détection des emprunts faits à
une autre langue permet parfois de remonter à la source réelle du proverbe et à la
propriété légale de certains recueils. Un second intérêt est apparu au cours de mes
recherches et il a consisté en une rectification de certaines erreurs non détectées
jusqu’alors et reproduites au long des siècles dans diverses collections de proverbes.
        Un des recueils de proverbes français consultés propose dans ses pages une
parémie bien énigmatique, Femme de rucher vertement parée, à un fumier est
comparée ; qui de vert fait sa couverture, au découvrir appert l’ordure. Ce proverbe
semblerait indiquer que la couleur verte est à proscrire pour un vêtement qui se veut
convenable, et que les épouses de « rucher » (quel métier se cacherait derrière ce mot
semblable à potier, meunier, … ?) détiennent cette particularité. Comment comprendre
la portée métaphorique de ce proverbe si les mots formant la suite sémantique de la
sentence sont autant d’obstacles à la compréhension littérale ? Une consultation des
variantes permet d’accéder à la résolution du mystère. En effet, d’autres recueils4
collectent ce même proverbe avec une forme quelque peu différente, mais qui résout la
question : Femme de riche vestement parée, à un fumier est comparée, qui de verd fait
sa couverture, au descouvrir appert l'ordure. L’adverbe « vertement » qui faisait
faussement écho à la couleur verte dont il est question dans ce proverbe, disparaît au
profit d’un « vestement », dont la graphie ancienne permet de comprendre la confusion
et le passage d’un terme à l’autre, de même que l’opacité de l’allusion au rucher laisse
3
  Voir sur ce thème des emprunts le paragraphe qui y est consacré dans l’ouvrage de Louis Combet
(1971 : 67-70).
4
  Gabriel Meurier et Leroux de Lincy.

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place à plus de clarté avec l’adjectif « riche », plus directement attribuable à un
vêtement. Ainsi le proverbe prend-il sens en comparant la femme trop richement vêtue à
un tas de fumier qui, extérieurement, peut être couvert d’herbe et tromper sur son
contenu réel sous-jacent. Cet exemple nous montre, une fois de plus, le danger que peut
représenter la non exhaustivité de la consultation des sources parémiologiques si l’on
veut mener une recherche scrupuleuse et cohérente.
        Un autre exemple de proverbe modifié entre plusieurs collections illustrera ce
rapide échantillonnage de fautes de transcription d’un auteur à l’autre. Le proverbe Fille
ne doit être trop nue, non plus que robe trop vêtue, peut parfaitement être accepté dans
ma collecte de proverbes féminins et semble mettre en avant l’importance des vêtements
protégeant du regard des autres le corps des femmes tout en insistant sur un autre défaut,
la richesse et l’apparat des tenues, à bannir chez une femme honnête. De plus,
parallèlement à ce sémantisme recevable, viennent se joindre, pour ce qui est de l’aspect
formel du proverbe, l’opposition lexicale et le rythme prosodique nue/vêtue. Pourtant,
cette parémie apparemment acceptable et trouvée dans la collection de proverbes du
recueil du XXe siècle Sagesses du corps, vient se heurter à deux autres variantes plus
anciennes, Fille trop veue ne robbe trop vestue, rarement chère tenue et Fille trop veue,
robbe trop vestue n'est pas chere tenue5, reprenant point par point les mêmes termes du
premier proverbe analysé, avec cette même image de la « robe trop vêtue », ne
divergeant que par une seule consonne, suffisamment importante pour opposer « nue » à
« vue ». Il s’agit donc pour la femme honnête, non pas d’être vêtue, mais de vivre
cachée, loin des regards.
        C’est également par le biais des variantes d’un recueil à l’autre que le proverbe
suivant, Ce cuide li lierre que tuit soyent ses freres, a montré son véritable et unique
sens. Le dictionnaire de proverbes Le Robert6 reproduit ce proverbe accompagné d’une
glose explicative tout à fait plausible : « Le lierre croit trouver des frères partout. Le
sentiment de l’identité incite aux rapports étroits » (Suzzoni, 1989 : 16), ces rapports
étroits étant symbolisés par le lierre, plante qui s’accroche aux autres. Cependant, cette
parémie ne concerne en rien les plantes ni le lierre mais les hommes et notamment les
voleurs, le proverbe authentique étant : Ce cuide li lerres que tuit soient si frere. Sa
variante, également relevée par Morawski, Ce cuide li larron que tuit soient si
compaignon7 [Le voleur pense que tous sont ses compagnons], nous permet de vérifier
l’équivalence des variantes lerres et larron et, avec quelques notions de l’ancien
français, on sait que lerre(s) est la forme du cas sujet [
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L’analyse nous permet ainsi d’infirmer la validité de la forme et de l’explication
données à ce proverbe dans certains recueils. Il ne s’agit pas de lierre mais bien d’un
voleur, d’un larron, qui pense que tous sont de sa condition.
         Un dernier exemple concernant la parémiologie espagnole met en lumière une
erreur similaire tout en impliquant des problèmes de traduction vers le français. Il s’agit
du proverbe À la longue le laurier tue le lierre, répertorié comme proverbe utilisant la
métaphore du lierre et censé être d’origine espagnole, comme l’affirme un dictionnaire
de proverbes (Maloux, 1988 : 20). Je recherchai vainement ce pseudo-emprunt dans les
collections espagnoles mais la parémie correspondante A la larga el laurel mata la
hiedra, pourtant totalement cohérente et au sémantisme suggestif, demeura introuvable.
Après de multiples recherches sur cet énoncé parémique prétendument espagnol, je
trouvai enfin l’explication avec cet autre proverbe effectivement présent dans plusieurs
collections espagnoles mais sans rapport sémantique avec notre proverbe initial, A la
larga el galgo a la liebre mata, ne présentant apparemment aucun point commun avec
le proverbe français cité mais dont la traduction littérale serait À la longue, le lévrier tue
le lièvre, traduction qui met en évidence le parallélisme de la syntaxe des deux phrases
proverbiales mais également la double source d’erreurs, due à une mauvaise lecture de
la graphie des mots « lévrier » et « lièvre », malencontreusement interprétés comme
« laurier » et « lierre », les lettres a/e et v/r pouvant être confondues sur un manuscrit.
C’est ainsi qu’un faux proverbe espagnol a vu le jour, emprunté à l’espagnol, devenu
emblématique et représentant la suprématie de la valeur, du courage (le laurier) sur le
profit, la dépendance (le lierre, plante parasite).
         Ces quelques remarques auront permis, je l’espère, de montrer le travail de
l’ombre des parémiologues qui doivent étudier, consulter, éliminer, comparer,
rechercher tous les proverbes, pour s’assurer de la validité de leur étude, et notamment
remonter à l’origine légitime d’un proverbe.

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