Espagne-France-Andorre: réalité des liens et des échanges économiques transfrontaliers
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Espagne-France -Andorre: réalité des liens et des échanges économiques transfrontaliers Opération soutenue par le FONDS NATIONAL D'AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT DU TERRITOIRE
éditorial L’Union européenne accompagne, depuis la fin des années 80, les ac- teurs de nos territoires en vue de renforcer l’intégration frontalière. Préfet coordonnateur des services de l’État des régions françaises frontalières de l’Espagne et de sommaire l’Andorre, j’ai engagé deux études sur la réalité des liens transfronta- liers et la réalité des rapports écono- 2 Éditorial miques franco-espagnols. Ces études ont permis d’identifier les principaux freins à la coopération, et de proposer, sur la 3 Réalité des liens base des exemples de bonnes pratiques internes et externes transfrontaliers entre à la zone pyrénéenne, des solutions pour accentuer le pro- la France, l’Espagne et cessus d’intégration. l’Andorre Elles ont vocation à nourrir les réflexions des acteurs de la 10 Réalité des rapports coopération, et à alimenter la définition des orientations du économiques entre futur programme de coopération transfrontalière Espagne- les deux côtés France-Andorre 2014-2020. de la frontière franco-espagnole Je souhaite qu’elles rencontrent votre intérêt, et qu’elles contribuent à ouvrir de nouvelles voies. Henri-Michel COMET Préfet de la région Midi-Pyrénées Préfet de la Haute-Garonne Le contenu complet des études est téléchargeable sur www.europe-en-midipyrenees.eu/etudes-transfrontalieres Espagne-France-Andorre : réalité des liens et des échanges économiques transfrontaliers 2
Réalité des liens transfrontaliers entre la France, l’Espagne et l’Andorre Synthèse de l’étude réalisée par les cabinets conseil CPC et BPC Europe en partenariat avec IDOM Consultoria (octobre 2011) Quelques mots sur aides financières depuis la fin des années 80 au titre de programmes de coopération transfrontalière entre la la frontière entre ces pays… France et l’Espagne, plus connus sous le nom d’INTER- REG. Il s’agit actuellement de la quatrième génération de Le tracé de la frontière franco-espagnole remonte à la programmes de coopération entre l’Espagne, la France signature du traité des Pyrénées entre les royaumes et plus récemment l’Andorre (dénommé POCTEFA pour d’Espagne et de France, en 1659. La frontière est alors la période 2007-2013). surveillée par différents postes de guet. La délimitation En complément, d’autres types de partenariats et col- exacte de la frontière fut réalisée à partir de la fin du laborations se développent au sein de cette zone, par XVIIIe siècle. Le tracé actuel fut établi avec le Traité de exemple au travers d’instances de concertation (telles Bayonne en 1856. que la Conférence Atlantique Transpyrénées), d’autres La frontière est matérialisée par 602 bornes frontières qui dispositifs de coopération entre institutions régionales, sont numérotées d’ouest en est. La borne n°1 se situe ou tout simplement en dehors de tout cadre formel. sur les bords de la Bidassoa alors que la borne n°602 Si le marché unique européen constitue un véritable ca- est matérialisée par une croix située sur les pentes du talyseur du renforcement des liens entre pays de l’Union Cap Cerbère. De plus, 45 bornes marquent la frontière européenne (UE), force est de constater que de nom- autour de l’enclave espagnole de Llivia en France. breux freins et obstacles persistent autour des zones frontalières. C’est dans ce contexte que le Premier ministre français a confié en 2009 à une mission parlementaire le soin de formuler des propositions pour améliorer la politique trans- frontalière française. Afin de prolonger les conclusions et recommandations figurant dans le rapport final remis en juin 2010, un approfondissement de la connaissance de la réalité des liens transfrontaliers entre la France, l’Espa- gne et l’Andorre a été souhaité par la DATAR. Pour ce faire, une étude pilotée par la préfecture de ré- gion Midi-Pyrénées en tant que préfecture coordinatrice de la zone a été lancée fin 2009. Elle poursuit les objec- tifs suivants : - dresser un état des lieux des liens transfrontaliers entre Borne frontière n°318 du Col des Espécières (Hautes Pyrénées - Huesca) les trois pays ; (Photo : www.pyrenees-team.com) - qualifier et hiérarchiser les dysfonctionnements, les dé- calages et les freins à la coopération ; - mettre en avant les avancées significatives observées Pourquoi engager à ce sur cette zone mais aussi celles enregistrées sur d’autres zones frontalières ; stade une réflexion sur la - proposer des modalités d’actions opérationnelles adap- tées au contexte transfrontalier de cette zone y compris réalité des liens frontaliers ? dans le domaine législatif pour les années à venir ; - nourrir la réflexion conjointe des pouvoirs publics concer- Depuis l’entrée de l’Espagne dans la Communauté éco- nant la définition des contours d’un futur programme pour nomique européenne (CEE) en 1986, la vie des popula- la période 2014-2020. tions situées au sein de cette zone frontalière a profon- dément évolué notamment sous l’effet d’une intégration Sur le plan méthodologique, les principales sources d’in- économique et territoriale accrue. Afin d’accompagner formation qui ont été mobilisées proviennent d’analyses ce processus, la Commission européenne a alloué des documentaires, d’entretiens avec plus de 50 acteurs Espagne-France-Andorre : réalité des liens et des échanges économiques transfrontaliers 3
institutionnels clés de part et d’autre de la frontière et tes ci-dessous illustrent la situation actuelle, en incluant d’une enquête auprès de 85 services techniques de pour la première les accords de niveau NUTS II et infra l’État et des collectivités territoriales françaises. NUTS III et pour la seconde ceux de niveau NUTS III. Une double entrée a été privilégiée, à la fois sur le plan Ces représentations illustrent le fait que, moins soumises territorial avec trois sous-zones correspondant globale- à la barrière physique pyrénéenne, les deux extrémités ment au découpage adopté dans le cadre du POCTEFA de la zone frontalière s’avèrent être plus dynamiques que 2007-2013 et sur le plan thématique via une sélection de la partie centrale. treize thématiques clés affectant directement ou indirec- Sur le versant sud, la répartition des accords signés met tement la vie des populations. en lumière l’importance de l’échelon NUTS II. Disposant de champs de compétences bien plus larges que ceux Il s’agit des thématiques : 1) transports et mobilité ; 2) de leurs homologues françaises, les communautés auto- sécurité civile ; 3) sécurité publique (police et gendarme- nomes constituent des interlocutrices incontournables rie) ; 4) éducation et enseignement supérieur ; 5) santé sur de nombreux sujets et structurent fortement les liens et social ; 6) tourisme, sport et loisirs ; 7) agro-sylvo-pas- frontaliers. toralisme ; 8) environnement, espaces naturels et biodi- versité ; 9) gestion de l’eau ; 10) énergie ; 11) TIC ; 12) culture ; 13) emploi et formation professionnelle. Accords de coopération de niveau NUTS II Chacune de ces thématiques a fait l’objet d’une fiche ré- capitulant les autorités compétentes pour chaque pays, les projets en cours, les accords passés ainsi que les Océan principaux obstacles identifiés. Atlantique Aquitaine Cette étude se focalise sur le quotidien des habitants Midi-Pyrénées des zones frontalières en excluant le champ économique Euskadi Languedoc- qui a fait l’objet d’un traitement spécifique dans le cadre Navarre Roussillon d’une étude menée en parallèle (voir pages 10 à 15). Andorre Principaux enseignements tirés des répon- Mer Catalogne Méditerranée ses aux entretiens et aux questionnaires : Aragon ◗ Situations très hétérogènes entre l’ouest, le centre et l’est du massif : nécessité d’une analyse par sous-zone ◗ Des liens majoritairement anciens datant de plus de 10 ans ◗ Le poids des financements de type INTERREG dans la construction d’actions communes s’avère primordial ◗ Convergence globale des points de vue des acteurs Accords de coopération de niveau NUTS III français, espagnols et andorrans sur les obstacles ◗ La plupart des thématiques font intervenir un nombre Haute Pyrénées d’acteurs important, surtout du côté français, France avec des jeux d’acteurs souvent complexes Pyrénées Haute Garonne ◗ Création de liens et développement de coopérations Guipuzkoa Atlantique Pyrénées formelles assez contrastés ; par exemple, dynamique forte Orientales mais inégale de création de structures communes Ariège Navarre (de type GECT). Huesca Girona Lleida Une zone frontalière Espagne Andorre aux réalités multiples Vue d’ensemble des liens frontaliers entre les trois pays Depuis les années 80, de nombreux accords ont été De son côté, l’Andorre est de plus en plus présente dans conclus entre la France, l’Espagne et l’Andorre. Ils repré- les discussions de niveau régional et national comme sentent le premier indicateur de l’intensité des liens de en témoigne son entrée dans le programme POCTEFA nature institutionnelle qui unissent les trois pays. Les car- 2007-2013. Espagne-France-Andorre : réalité des liens et des échanges économiques transfrontaliers 4
Les différentes sources d’information mobilisées ont per- au gré l’évolution des réglementations. Parmi ceux-ci, mis de dresser un état des lieux de chacune des trois une liste de 50 problèmes ou obstacles principaux sous-zones vues au travers du prisme du versant nord : soulevant des difficultés particulières a été établie. • La zone ouest combine deux situations bien distinc- Leur classification et caractérisation fine s’imposent en tes : d’un côté, un espace côtier, intégré et disposant de vue de commander l’action publique. Pour ce faire, une nombreux outils communs, d’espaces de discussion et double approche est privilégiée : abordant différentes thématiques sous l’angle de la coo- - d’une part, un regroupement des problèmes pération ; d’un autre côté, un territoire montagnard, plus et obstacles autour de six catégories génériques ; impacté par l’obstacle physique qui développe des coo- - d’autre part, une analyse plus approfondie pour pérations dans des domaines plus restreints mais corres- chacun des 50 problèmes et obstacles individuels pondant à des problématiques de première importance. classées par sous-zone et par champ thématique. L’expérimentation et la méthode empirique caractérisent cette zone frontalière, laquelle tend désormais vers un Caractérisation et hiérarchisation processus de capitalisation et le transfert d’expériences. générique des problèmes et obstacles rencontrés • La zone centre se caractérise par une coopération moins foisonnante et largement impactée par la barrière Les obstacles identifiés sont de nature et d’intensité di- géographique pyrénéenne. De ce fait, les obstacles sou- verses et se font jour à différentes échelles de la zone levés restent peu nombreux et globalement d’un niveau frontalière. simple. Cependant, les relations tendent à s’amplifier au fil des programmations et ce malgré le manque de coor- Certains s’avèrent très anciens et peuvent être parfois dination entre les acteurs de la coopération français et qualifiés de structurels, tandis que d’autres résultent par espagnols. exemple de l’évolution du cadre réglementaire qui a gé- néré de nouveaux problèmes. • Sur la zone est, les relations s’avèrent denses, répar- ties sur des thématiques diversifiées et souvent en plein essor. De nombreuses problématiques sont soulevées par les acteurs, qui tendent à structurer le territoire via des organisations communes à de nombreuses échel- les. L’ensemble de la zone, du littoral au plateau cerdan, développe des actions dont la cohérence fait parfois dé- faut, ce qui ralenti les avancées potentielles. Sur le versant sud, la nécessité et les caractéristiques de coopération avec la France ou avec l’Andorre diffèrent selon les zones, voire même au sein de chaque zone. La contrainte géographique impacte fortement les échanges et les coopérations y compris quand elles sont historique- ment fortes. Les moyens dédiés (humains, financiers) ne sont pas exclusivement réservés au transfrontalier mais Le passage du Biriatou et son important trafic de poids lourds plus largement à la coopération interrégionale ou inter- (Photo : La République des Pyrénées) nationale. Le taux de cofinancement demeure l’élément décisif pour mettre en œuvre la coopération, particulière- Une classification autour des six catégories génériques ment dans la zone centrale des Pyrénées. suivantes a été opérée : A/ Barrière linguistique Persistance de nombreux B/ Contrainte liée à la géographie C/ Problème juridico-administratif et/ou réglementaire freins et obstacles D/ Divergence de vues dans la gouvernance franco-espagnole ou franco-andorrane structurels en dépit de E/ Problème institutionnel franco-français F/ Manque de connaissance, de dialogue et/ou coopérations renforcées de volonté politique. Si la coopération institutionnelle a incontestablement pro- Plus de 80% des personnes interrogées citent plus d’un gressé depuis une vingtaine d’années dans le cadre d’un obstacle, ce qui témoigne clairement de la multiplicité marché unique de plus en plus unifié, des obstacles et des causes aux difficultés rencontrées pour une intégra- des difficultés d’ordres divers persistent ou se font jour tion territoriale accrue de la zone frontalière. Espagne-France-Andorre : réalité des liens et des échanges économiques transfrontaliers 5
• Problèmes juridiques, administratifs En fonction de l’échelle géographique à laquelle on se si- et règlementaires tue (très grande proximité, départementale ou régionale) et du registre des relations (sociales ou professionnelles), 58% des répondants le citent comme un obstacle majeur. les populations peuvent se trouver dans un spectre de Ces problèmes traduisent la réalité des divergences des situations allant d’une (très) bonne compréhension mu- systèmes juridico-administratifs, d’organisation territoriale tuelle au seul recours de l’anglais pour pouvoir commu- et d’une relative méconnaissance réciproque. Mises en niquer. parallèle avec les 60% de répondants qui déclarent que Ainsi, si la familiarisation aux langues est souvent évo- leurs relations sont en augmentation, ces données créent quée, l’amélioration des relations directes, l’identification un paradoxe qui s’explique par les importantes modifica- des homologues et la désignation de référents chargés tions ayant eu lieu ces dernières années sur l’organisa- de faire le lien avec les services en interne est considéré tion des services, sur la répartition des compétences et comme une des conditions d’amélioration des relations sur le taux de rotation relativement important des agents transfrontalières et de dépassement de l’obstacle linguis- publics français en charge des relations avec l’Espagne. tique. A titre d’exemple, les patrouilles de surveillance communes menées par les forces de sécurité et de po- lice ont largement contribué à surmonter la barrière lin- guistique, tout comme le plan de formation commun des pompiers catalans via l’Euro-Institut. • Parmi les autres catégories d’obstacles 37% des répondants signalent des divergences de vues entre acteurs français et espagnols. La contrainte géographique est quant à elle citée par 32% des ré- pondants ce qui correspond au tiers central de la zone frontalière, moins perméable. 29% citent des problèmes politiques franco-français, 18% la méconnaissance Ancien poste frontière du col du Pourtalet (Photo : Wikipédia) de l’autre, l’absence de cadre de discussion ou la fai- blesse des échanges et du dialogue. Les obstacles liés à • Barrière linguistique la concurrence de territoires et des acteurs, à l’organisa- tion, au financement ou aux coûts, aux structures et aux Plus de la moitié des répondants fait état de son carac- institutions et aux problématiques externes (crise écono- tère persistant, voire d’une accentuation des difficultés. mique et financière, etc.) sont chacune citées par moins Si le plurilinguisme constitue un élément essentiel du de 15% des répondants. quotidien de nombreuses populations situées de part et d’autre de la zone frontalière, on observe un déclin de En complément de l’approche empirique, une hiérar- l’apprentissage du français parmi les jeunes générations chisation des obstacles et problèmes rencontrés a été d’espagnols, avec un report sur la langue anglaise. Dans établie sur une échelle indiquant leur degré d’intensité. le même temps, on constate que l’apprentissage des Qualifiées de plus structurelles, les catégories A) Barrière langues basque et catalane progresse quelque peu sur linguistique et B) Contrainte liée à la géographie n’ont pas le versant nord. été considérées dans cette analyse. Espagne-France-Andorre : réalité des liens et des échanges économiques transfrontaliers 6
Approche croisée avec les catégories génériques de problèmes / obstacles juridico-administratif Degrés de volonté politique et/ou réglementaire de dialogue et/ou d’intensité Caractérisation de vues dans la franco-français connaissance, D/ Divergence F/ Manque de gouvernance C/ Problème institutionnel E/ Problème Niveau Niveau opérationnel simple 1 Problème ou obstacle résultant largement d’un manque de dialogue et/ou de volonté forte bien qu’action souvent existante par ailleurs. Exemple : la majorité du personnel infirmier et médicosocial des « gîtes kangourou » côté français est de nationalité espagnole et ce pour diverses raisons dont une meilleure information et des filières de recrutement mieux mobilisées. Les pistes d’avancées proposées résident dans une intervention de niveau local (NUTS III et infra) via des actions pour mener la promotion du projet dans les formations géographique- ment proches des Pyrénées (Pamiers, etc.) ainsi que pour organiser la capitalisation des expériences développées sur la zone est notamment celle d’EFTERSASO (Établissement transfrontalier de formation et de recherche sanitaire et sociale) pouvant aiguiller l’action des partenaires et acteurs compétents. Niveau Niveau opérationnel complexe 2 Problème ou obstacle relevant de plusieurs champs thématiques et/ou devant mobiliser une pluralité d’acteurs institutionnels. Exemple : l’amélioration de la coordination des horaires et des correspondances entre la SNCF et la RENFE à Cerbère / Port Bou et à Latour de Carol / Puigcerdà. L’obstacle relève du manque de volonté institutionnelle, de la difficulté à mobiliser les interlocuteurs et persiste depuis plusieurs années malgré plusieurs initiatives. D’autre part, la perspective du risque de non maintien de la ligne Argelès-Port Bou et la faible commercialisation de la ligne Toulouse-Barcelone via Latour de Carol inquiètent largement les acteurs locaux. Pour autant, sous condition d’une forte mobilisation des acteurs de niveau régional et local lors des réunions de travail dans le cadre de l’Eurodistrict catalan transfron- talier, les obstacles pourraient être levés à moyen terme. Ainsi, un fort travail d’animation pour développer la participation des entreprises publiques et privées gestionnaires de transport dans la gouvernance de l’Eurodistrict (groupe de travail, partenariat stratégique…) tendrait à résoudre cette problématique qui impacte fortement la vie quotidienne des populations. Niveau Niveau réglementaire simple 3 Problème ou obstacle nécessitant l’intervention d’une instance de nature transfrontalière, mais pour lequel une forme juridique souple doit s’avé- rer suffisante (par voie de convention notamment). Exemple : la création d’un transport cadencé entre Bayonne et Saint Sébastien (en tant que prolongement du TOPO existant) pose problème car l’identification et la mise en relation des acteurs compétents est complexe. Une intervention de la Conférence atlantique transpyrénées, cadre privilégié de discussion permettra de mobiliser les acteurs compétents des différents niveaux. Cette problématique pourrait être solu- tionnée à moyen terme et constituer une avancée considérable dans les relations franco-espagnoles. Niveau Niveau réglementaire complexe 4 Problème ou obstacle nécessitant d’adapter la réglementation en vi- gueur au moins sur l’un des deux versants (intervention des niveaux centraux ; nécessité d’encadrement législatif), voire au plan européen (via une directive par exemple). Exemple : les divergences de compétences entre les acteurs français et espagnols perturbent fortement la gestion harmonisée de l’épuration des eaux. Les acteurs compétents relèvent du niveau étatique et local, ce qui implique un nombre important d’acteurs dans le cadre d’une gouvernance multi-niveaux. Cependant, certains projets POCTEFA traitent de ce sujet et une capitalisation des expériences profiterait à l’ensemble du territoire frontalier. Afin de lever les blocages, processus à long terme, il semble nécessaire de repréciser le périmètre d’action de la Commission internationale des Pyrénées sur ce sujet (dont la validation de seuils commun et de méthodologies d’analyses partagées notamment) ainsi que de soutenir les actions visant une meilleure cohérence de l’application de la directive cadre européenne (DCE) sur l’eau entre les deux pays (seuils, obligations réglementaires). Clés de lecture : la plupart des problèmes et obstacles peuvent néanmoins résulter d’une conjonction de difficul- rencontrés sont susceptibles de relever de plusieurs caté- tés. En revanche, celui d’intensité maximale pourrait faire gories génériques. Selon cette approche, les problèmes l’objet d’une résolution en apparence plus directe, sous ou obstacles dont l’intensité est en apparence moindre réserve naturellement d’une prise de décision majeure. Espagne-France-Andorre : réalité des liens et des échanges économiques transfrontaliers 7
Caractérisation et hiérarchisation spécifique Apports du benchmark externe et interne sur des problèmes et obstacles rencontrés quelques thématiques emblématiques Les 50 problématiques et actions précédemment iden- Afin de proposer des perspectives d’évolution concrè- tifiées ont été analysées à l’aune d’un double filtre, à la tes et des réponses aux problématiques récurrentes, fois la qualification générique autour des 4 catégories quatre thématiques ont fait l’objet d’une démarche de principales spécifiées en page précédente et à la quali- benchmark. Les bonnes pratiques externes proviennent fication plus spécifique tenant compte de deux derniers de publications et documents de travail produits par la critères : Mission opérationnelle transfrontalière (MOT) tandis que les bonnes pratiques internes découlent principalement 1) La temporalité de référence pour envisager des voies des résultats de l’évaluation intermédiaire du POCTEFA de progrès (court, moyen et long termes) (2010). Toutes pourraient faire l’objet d’une réappropria- 2) Le niveau institutionnel devant être mobilisé de façon tion par certains territoires de la zone frontalière, en pro- prioritaire pour toute avancée significative (niveaux na- cédant aux adaptations nécessaires liées aux contextes tional, régional (NUTS II) et départemental (NUTS III et différents. infra). Ce travail a permis de mentionner, pour chacune des 50 problématiques, des pistes de solutions. Activités réalisées Thématiques au titre du Activités réalisées au titre du benchmark externe à la zone benchmark interne Eau : gestion Contrat de rivière Projet Alp-Water-Scarce Apports potentiels pour la zone frontalière qualitative et transfrontalier (espace alpin, coopération - Organisation d’une coopération à différents niveaux d’implication quantitative du Sègre (66) transnationale) des acteurs et à large partenariat - Elaboration d’une vision commune de la DCE - Dynamique de gestion durable de la ressource et possibles nouveaux contrats de rivière transfrontaliers Santé - social _ Projet Thiérache Santé Apports potentiels pour la zone frontalière (frontière franco-belge) - Méthode pour la coordination de deux systèmes existants - Simplicité d’accès pour les patients Mobilité et TOPO - Train cadencé Transports dans Apports potentiels pour la zone frontalière transports de Eusko Tren (64) l’agglomération franco- - Techniques de sélection et de fédération des acteurs proximité valdo-genevoise - Transmission des données entre les partenaires et de façon harmonisée à destination des usagers - Organisation du réseau Emploi, formation PIREFOP (Aquitaine et Eures-T (transfrontalier) du Apports potentiels pour la zone frontalière professionnelle Midi-Pyrénées) Rhin Supérieur (frontière - Professionnalisation de l’aide à l’emploi frontalier franco-allemande) - Performance du système vis-à-vis de la demande - Aide au développement de compétences et donc du secteur économique Clés de lecture : cette analyse fait apparaître les princi- de l’analyse et rassemble les éléments d’aide à l’action paux problèmes clés, récurrents et/ou représentatifs des publique à différents horizon temporels. Naturellement, différents territoires de la chaîne, des différentes échelles, une bonne sensibilisation des homologues espagnols et thématiques et natures de problèmes (services à la po- andorrans s’imposera dans la grande majorité des cas pulation, organisation spatiale, etc.). Elle est donc le cœur avant d’envisager toute avancée significative. Espagne-France-Andorre : réalité des liens et des échanges économiques transfrontaliers 8
Quelles pistes de travail Piste n°2 : développement de la capitalisation et du retour d’expérience pour renforcer les liens Afin de favoriser la valorisation des connaissances et frontaliers ? des bonnes pratiques au sein de l’ensemble de la zone frontalière, il convient de favoriser le retour d’expérience Examen de la portée opérationnelle de manière très organisée autour d’une institution pilote, des propositions de la mission en prenant par exemple appui sur la méthode REX (Re- parlementaire 2010 tour d’EXpérience). De manière opérationnelle, il pourrait s’agir d’organiser un maillage autour de structures réfé- Le rapport de la mission parlementaire sur la politique rentes labellisées intervenant dans les relations fronta- transfrontalière de juin 2010 met en avant 19 proposi- lières dans l’optique d’améliorer le processus de retour tions pour une politique transfrontalière plus efficace. d’expérience. Une attention toute particulière devra être 13 d’entre elles ont été intégrées à la phase d’enquête. accordée aux conditions de la réutilisation des informa- Elles ont trait aux points suivants de ce rapport : tions formalisées. 1) Répondre aux besoins de services des populations Piste n°3 : échanges de fonctionnaires/personnels frontalières de courte durée 2) Faciliter l’organisation spatiale des territoires trans- frontaliers La mise en place d’actions visant au renforcement de 3) Organiser une réelle gouvernance des questions la connaissance mutuelle constitue un prérequis incon- transfrontalières tournable pour consolider les liens entre les acteurs pu- blics de la zone frontalière et faciliter la pérennisation des De façon générale, les avancées souhaitées par les ac- actions engagées. Cela pourrait prendre la forme d’une teurs du territoire se situent au niveau de l’intégration bourse d’échanges basée sur la réciprocité de façon glo- des zones frontalières, d’abord en favorisant une bonne bale entre les versants nord et sud, prenant la forme de connaissance mutuelle puis en lissant l’effet frontière. stages de découverte et de familiarisation dans l’admi- Globalement, les acteurs approuvent la grande ma- nistration du pays voisin d’une durée n’excédant pas 4 jorité des propositions formulées mais regrettent leur semaines. caractère insuffisamment opérationnel pour beaucoup d’entre elles, tout particulièrement parce qu’elles ne Piste n°4 : adaptation des services de l’État fran- prennent pas assez en compte les spécificités propres çais aux besoins d’échanges croissants à chaque frontière. Au regard des enseignements forts tirés précédem- Il s’agirait notamment de rationnaliser les moyens dans ment, plusieurs pistes de travail de nature opération- un contexte budgétaire de plus en plus contraint : nelles ont été formulées. - identification des structures homologues dans le domaine de compétence, Piste n°1 : mise en place d’un groupe de réflexion - désignation d’un référent en charge d’assurer le lien inter-zones entre les services, - recueil des demandes d’information et centralisation Ce groupe de réflexion aurait vocation à mutualiser les des échanges entre organismes de part et d’autre connaissances, notamment les plus tacites, et à ana- de la frontière. lyser finement les obstacles ou problèmes rencontrés, et à échanger sur les voies de progrès possibles tenant Piste n°5 : renforcement de la pratique linguistique compte des contextes particuliers de chaque territoire. du pays voisin Dans l’idéal, il devrait mettre en présence des représen- tants des différents échelons administratifs, aussi bien Entre autres, un soutien particulier pourrait être accordé des collectivités que des services de l’État, surtout du à la mise en place de structures « facilitatrices » de proxi- côté français, tant la résolution de certains problèmes mité (de type Euro-Institut) en mesure d’appuyer l’émer- doit reposer sur une gouvernance multi-niveaux. gence de relations transfrontalières en accompagnant les structures voulant coopérer, notamment en animant les réunions dans les 2 (ou 3) langues, en proposant des lieux de rencontre et des outils de formation linguistique spécifiques au domaine thématique concerné. Espagne-France-Andorre : réalité des liens et des échanges économiques transfrontaliers 9
Réalité des rapports économiques entre les deux côtés de la frontière franco-espagnole Synthèse de l’étude réalisée par le cabinet conseil EDATER en partenariat avec Iniciativas Innovadoras (septembre 2011) Contexte et objectifs de la démarche Le contexte et les objectifs de l’étude : Cette étude avait une triple finalité : Suite au rapport de la mission parlementaire sur la po- 1. Mieux comprendre l’état des échanges économiques litique transfrontalière remis au mois de juin 2010 au transfrontaliers et notamment la valeur ajoutée réelle Premier ministre et à la demande de la DATAR, la pré- des coopérations entre la France et l’Espagne fecture de la région Midi-Pyrénées a souhaité engager 2. Dégager des pistes d’actions pour l’échelle régionale une étude afin de mieux appréhender l’état des échan- et inter-régionale ges économiques sur la zone frontalière franco-espa- 3. Contribuer à la réflexion nationale et européenne gnole, y compris la principauté d’Andorre. nécessaire à la préparation de la prochaine politique de coopération. Les 11 territoires frontaliers concernés : Pyrénées Atlantiques (département) Hautes-Pyrénées (département) Haute-Garonne (département) Ariège (département) Pyrénées Orientales (département) Gipuzkoa (province) Huesca (province) Navarre (région) Andorre (principauté) Lerida (province) Gerone (province) Source cartographique : site internet de la Mission Opérationnelle Transfrontalière Espagne-France-Andorre : réalité des liens et des échanges économiques transfrontaliers 10
La méthodologie retenue : Les deux cabinets mandatés, EDATER en France et Iniciativas Innovadoras en Espagne, ont réalisé leurs travaux de janvier à juillet 2011 en mobilisant différents outils : 1. Pour la partie « étude de la réalité des échanges économiques », les analyses documentaires et statistiques et une cinquantaine d’entretiens auprès d’acteurs publics et privés menés des deux côtés de la frontière ainsi qu’en Andorre Trafic des poids lourds de marchandises par jour en 2008 (en %) 2. Pour la partie « regard sur l’efficience des politiques de coopération économique », une enquête en ligne Pour leurs parts, les migrations professionnelles les plus auprès des partenaires et chefs de file de 74 projets importantes sont observables dans le sens nord-sud en à dimension économique soutenus par les pays basque (vraisemblablement plus de 2000 migra- programmes INTERREG IIIA (2000-2006) tions quotidiennes). Elles sont plus faibles et plutôt dans ou POCTEFA (2007-2013) le sens sud-nord dans la zone Perpignan-Gérone (plus de 1000, y compris Cerdagne). L’Andorre, quant à elle, La synthèse qui suit présente les principaux constats est principalement tournée vers l’Espagne : on estimait effectués ainsi que les pistes de recommandations en 2007 à environ 1600 le nombre de travailleurs de na- suggérées. tionalité espagnole allant travailler en Andorre. Elle s’articule en 3 parties distinctes ; parties qui corres- pondent aux objectifs d’analyse spécifiques suivants : Ces flux de travailleurs restent faibles en comparaison à 1. La qualification de la nature et l’intensité des relations la situation observable sur d’autres frontières françaises : économiques entre les deux versants on atteint 30 000 travailleurs français en Belgique (2006), 2. L’évaluation des effets de distorsion liés aux différen- 74 000 au Luxembourg (2009), 53 000 en Allemagne ces de législation sociale et fiscale notamment (2009) et 135 000 en Suisse (source : MOT). Les re- 3. L’analyse et l’appréciation des coopérations entre lations inter-entreprises sont, en revanche, plus difficiles acteurs institutionnels du monde économique dans à mesurer et à suivre dans le temps mais elles existent le cadre d’INTERREG. (tourisme, agro-alimentaire, sylviculture, imprimerie…). Elles se manifestent aux plans individuels (prise de parti- Conclusions cipation, donneur d’ordre/sous-traitant) ou collectifs (20% des 50 clusters connus affichent une coopération trans- et préconisations frontalière). ◗ Préconisations 1.1 Qualification de la nature P1 : maintenir et/ou renforcer les mesures économi- ques dans les axes des programmes de coopération et de l’intensité des relations (INTERREG ou locaux) en recherchant des projets économiques qui pourront avoir des effets visibles. Il s’agit ici de poursuivre l’impulsion et la mise en œuvre d’actions en faveur de l’économie et des entreprises en visant 2 ou 3 Conclusion n°1 : les relations économiques de part problématiques particulières dans l’objectif d’orienter les et d’autre de la frontière existent mais elles sont plus prochains appels à projets : par exemple sur les effets de faibles en volume que sur les autres zones transfron- la crise économique, l’enjeu de l’ouverture à l’export ou talières de France. Elles sont hétérogènes du fait des encore la diffusion de l’innovation de premier niveau. profils des bases économiques, de la configuration géographique des territoires et des organisations insti- P2 : production d’un bilan territorialisé approfondi tutionnelles, sociales et culturelles locales. Elles restent sur l’ensemble des actions de coopération dans le souvent difficiles à mesurer. domaine économique mises en place entre les ac- teurs des deux versants. L’objectif serait de produire Les relations économiques (flux de marchandises et de un état des lieux consolidé et homogène autour duquel personnes) se concentrent principalement aux extrémités communiquer et ainsi donner envie aux entrepreneurs est et ouest de la frontière, au niveau des deux zones lit- d’entrer dans un projet de coopération en valorisant les torales. Plus de 90% du trafic de marchandise s’effectue effets concrets pour l’entrepreneur (via notamment le re- ainsi sur les parties est et ouest de la chaine pyrénéenne. cueil de témoignages démonstratifs). Espagne-France-Andorre : réalité des liens et des échanges économiques transfrontaliers 11
P3 : conforter le suivi et l’observation des indicateurs espagnole (par exemple entre la province de Gérone de flux économiques sur la zone frontalière. Aucun particulièrement industrielle et les Pyrénées-Orientales dispositif de suivi des données économiques et sociales au contraire davantage dotées en entreprises du sec- (ou structure d’observation) n’est en activité (mis à part teur des services),certaines complémentarités réelles l’observatoire franco-espagnol des trafics) sur l’ensem- ou potentielles apparaissent (en matière de tourisme ou ble des 11 territoires concernés par l’étude. Les systè- d’industrie agro-alimentaire par exemple). Des tendan- mes existants ne sont pas nécessairement homogènes ces à la coopération sont également visibles dans cer- de part et d’autre de la frontière et d’une communauté taines filières économiques telles que l’agroalimentaire, ou d’une région à l’autre. Or l’information est nécessaire les énergies renouvelables ou encore la filière bois-forêt. pour éclairer les diagnostics puis certains arbitrages stra- Ces coopérations, qui peuvent relever soit d’initiatives tégiques ou opérationnels lors de la mise en œuvre d’ac- privées (entreprises), soit de formes plus organisées tions publiques ou privées. (clusters), sont révélatrices d’un réel potentiel en termes de complémentarités. L’analyse de ce potentiel mérite- rait toutefois d’être approfondie afin de le renforcer de manière significative. Conclusion n°2 : une différence nette de législation fiscale et sociale existe mais les agents économiques ◗ Préconisations souffrent aussi d’un déficit d’information et de connais- P5 : procéder à des investigations plus poussées sance sur ce point et tous les paramètres ne sont pas dans certaines filières d’excellence afin d’identifier nécessairement perçus. les potentialités de coopération et faciliter leur sti- mulation : Les entretiens réalisés avec les entreprises révèlent une Suite à la production d’un premier état des lieux présenté certaine méconnaissance des spécificités économi- dans le rapport détaillé, un approfondissement pourrait ques (tissu économique et potentiels partenaires exis- être lancé afin de comprendre plus précisément ces or- tants) mais aussi réglementaires du pays voisin. Mis à ganisations et leur projet, mais aussi alimenter un pro- part quelques grands groupes à vocation internationale cessus d’échanges avec les opérateurs ou acteurs d’in- (notamment implantés sur les zones est et ouest, portes terface (via la rencontre de visu des principaux acteurs). d’entrée du territoire), le tissu économique reste majoritai- rement constitué de TPE et PME manquant d’outils et de moyens pour acquérir à elles seules cette compétence. Ici encore cette méconnaissance ou difficultés d’accès Conclusion n°4 : le tourisme, secteur clef de l’écono- à l’information peut constituer un frein au développement mie régionale, s’illustre lui aussi par des coopérations des échanges. mais elles semblent hétérogènes et vraisemblablement à consolider ou développer. ◗ Préconisations P4 : renforcer les actions de communication et d’in- Les trois versants (français, espagnol et andorran) sem- formation sur le champ économique de l’entreprise blent se positionner sur des segments d’activité com- et sur la fiscalité et le droit social, par territoire et à muns tels que les sports d’hiver, le thermalisme, le tou- l’échelle de la zone transfrontalière. Cette recomman- risme rural et de plein air ou encore, pour la France et dation pourrait se déployer en deux temps : pour l’Espagne, un tourisme balnéaire et littoral. 1. Procéder à un bilan des actions de communication Dans la zone centrale, où le tourisme rural et de pleine sur ce thème mises en place sur les deux versants nature, le tourisme sportif et les sports d’hiver apparais- (par les services de l’État ou des collectivités, sent prépondérants, les analyses montrent une forte ten- les organismes consulaires ou de branche…) dance à un tourisme de proximité régionale et une clien- 2. En fonction des résultats mis en avant par ce tèle étrangère limitée. diagnostic, un plan d’action pourra alors être dressé En matière de coopération, peu d’actions d’initiative pri- visant à combler les lacunes en termes de communi- vée ont pu être identifiées, mais malgré tout, il faut noter cation (en ciblant le cas échéant les organismes une coopération concernant les professionnels du ski es- relais et les clusters ou filières organisées) pagnols et français (Groupes Aramon et NP’Y). À l’ouest, une forte identité culturelle commune basque est mise en avant dans des actions de promotion touris- tique concertées. À l’est, en revanche, la coopération est Conclusion n°3 : on observe clairement des relations moins apparente et les deux versants semblent jouer sur économiques entre les entreprises, sous forme collecti- des spécificités différentes : une offre d’hôtellerie de plein ves ou individuelles, mais d’autres potentialités existent air importante sur le versant nord de la frontière franco- par ailleurs. espagnole qui capte davantage une clientèle française contrairement à la Costa Brava où l’hôtellerie s’est forte- Bien que les bassins économiques soient quelques peu ment déployée et est fréquentée par de nombreux tou- hétérogènes sur certaines zones de la frontière franco- ristes étrangers. Espagne-France-Andorre : réalité des liens et des échanges économiques transfrontaliers 12
◗ Préconisations 1.2 Évaluation des effets de P6 : poursuivre le processus de soutien aux projets touristiques tout en accentuant le suivi de leurs effets distorsion liés aux différences de (projets INTERREG) et en intégrant dans les projets législation sociales et fiscales deux priorités : « élargissement des zones de prove- nance de la clientèle » et « développement durable ». Il s’agira de renforcer le suivi des impacts des projets afin Conclusion n°6 : de réelles différences sociales d’améliorer la compréhension des retombées et des ef- et fiscales observables entre la France, l’Espagne et fets « système » de certaines actions ainsi que d’encou- l’Andorre pouvant être génératrices de distorsions de rager, voire soutenir de manière prioritaire les projets de concurrence ou à l’origine de freins pour le développe- coopération s’inscrivant dans un référentiel de tourisme ment des échanges économiques. durable et ainsi renforcer les positionnements différen- ciateurs sur le marché et anticiper les modifications de La France est en apparence, d’un point de vue fiscal et comportements de la clientèle (par une augmentation et social, la moins avantageuse des trois économies : en une diversification de la qualification des professionnels 2009/2010, on y recense notamment les cotisations so- de la filière…). ciales et le salaire minimum les plus élevés des trois pays. Mais il convient de relativiser cette « faiblesse » au regard de qualités reconnues telles que le niveau de formation des actifs, la qualité des infrastructures… ainsi qu’une fis- Conclusion n°5 : le déficit de qualité des infrastructu- calité sur la recherche et le développement et l’innovation res de communication est souvent mentionné comme très avantageuse (avec un dispositif très attractif du crédit facteur limitant les échanges, notamment dans la partie d’impôt recherche renforcé en 2008). centrale de la zone transfrontalière. À la différence des deux zones littorales extrêmement Les principaux indicateurs fiscaux bien connectées, les infrastructures de communication et de prélèvements sociaux s’avèrent être un véritable frein pour les acteurs écono- miques, notamment ceux situés en zone centrale de la France Espagne Andorre frontière (en 2008, seuls 4,1% du trafic de poids lourds de marchandises se faisait via les 4 passages intérieurs). Volume des prélévements 34,4% 30% Données non obligatoires sur les disponibles L’amélioration de l’offre du réseau d’infrastructures rou- entreprises en 2010 tières reste un enjeu important pour le développement (en % du PIB) des coopérations pour une grande partie de l’espace Impôts : frontalier. Impôts sur les sociétés (IS) taux normal 33,33% 30% Pas d’IS ◗ Préconisations Impôts sur les sociétés taux réduit 15% 25% - 20% P7 : maintenir un axe (ou une mesure) dédié aux pro- TVA taux normal 19,6% 18% Pas de TVA jets structurants d’infrastructures de communication TVA taux réduit 5,5% 8% transfrontaliers. Charges sociales : Même si des possibilités ont été ouvertes dans le cadre Taux de prélèvement 18,5% 13,20% Données de la programmation 2007-2013 (comme la mise aux (en % du PIB) non disponibles normes du Tunnel de Bielsa), le financement de grands Part patronale 45% 30% 13% (en % du salaire brut) projets d’infrastructures de transport est délicat compte tenu du coût de telles actions et de l’impossibilité de fi- Droit du travail : nancer tous les projets. Cette recommandation a donc Salaire minimum légal mensuel net 1 072,07 E 641,40 E 927,09 E pour objectif de soutenir les réflexions qui pourraient : Temps de travail - Préparer la réalisation de grands projets hebdomadaire 35 heures 40 heures 40 heures - Expérimenter sur ces thèmes (étude de faisabilité Majoration des heures 25% Aucune 25% des opérations de co-voiturage…) supplémentaires de la 36ème majoration pour les quatre - En même temps constituer un matériau heure à obligatoire premières heures de communication grand public la 43ème 50% 50% à partir pour les quatre de la 44ème suivantes heure 75% au-delà Salaire moyen brut en 2008 32 413,40 E 21 883,42 E 23 360,83 E Sources : Cass, CLEISS, Eurostat, impot.gouv.fr Synthèse : Edater Espagne-France-Andorre : réalité des liens et des échanges économiques transfrontaliers 13
Vous pouvez aussi lire