Evolution des génomes chez les micro-organismes

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Evolution des génomes chez les micro-organismes
Evolution des génomes
           chez les micro-organismes

                                       Philippe Thomen

                            Laboratoire Pierre Aigrain
                           Ecole Normale Supérieure

”There is grandeur in this view of life, with its several powers, having been originally breathed into a few forms
or into one; and that, whilst this planet has gone cycling on according to the fixed law of gravity, from so simple
a beginning endless forms most beautiful and most wonderful have been, and are being, evolved. ” C. Darwin
Evolution des génomes chez les micro-organismes
Evolution des génomes
           chez les microorganismes
   1. Introduction
       Qu'est-ce que l'évolution ?
       Qu'est-ce qu'un microorganisme ?
       Pourquoi étudier l'évolution des microorganismes ?
   2. Les bases moléculaires de l'évolution
   3. Les mécanismes de l'évolution
   4. Expériences de ”paléontologie expérimentale”
Evolution des génomes chez les micro-organismes
1. Qu'est ce que l'évolution ?
   J.-B. Lamarck invente le terme biologie. Il propose le premier une théorie de
    l'évolution des êtres vivants dans Philosophie zoologique en 1809. Il est le
    premier à théoriser la transformation des espèces (transformisme). Pour certains,
    il est injustement déconsidéré, notamment parce qu'on l'associe à la
    transmission des caractères acquis (voir : épigénétique).

                                            En savoir plus sur Lamarck :
                                            http://www.lamarck.cnrs.fr/index.php?lang=fr
Evolution des génomes chez les micro-organismes
1. Qu'est ce que l'évolution ?
      C. Darwin publie L’origine des espèces en
      1859.
      Darwin ne parle pas d'évolution mais de
      théorie de la descendance, modifiée par la
      variation et par la sélection naturelle.
      Sa théorie repose sur : les variations
      aléatoires que subissent chaque individus
      d'une population, la sélection naturelle, et
      l'héritabilité des caractères.
      Les arguments reposent sur ces observations
      faites lors de son voyage de 5 ans autour du
      monde (sur le Beagle) et en Angleterre sur les
      animaux domestiques et les plantes, mais
      également sur les archives fossiles, la
      géologie et la distribution géographique des
      animaux.
         Dans un monde fini, les ressources sont
       limitées, la croissance des populations l'est
        donc aussi, ce qui oblige une compétition.
      Un écosystème résulte d'un équilibre entre
      toutes les contraintes de survie de chaque
      espèces vivantes le composant.
Evolution des génomes chez les micro-organismes
1. Définitions

   Génome : ensemble des molécules d'acides nucléiques
    vecteurs d'information héréditaire. Sous forme d'une ou
    plusieurs molécules d'ADN (d'ARN pour certains virus).

   Génotype : ensemble du matériel génétique porté par un
    individu et qui constitue son patrimoine héréditaire.

   Phénotype : désigne l'aspect extérieur de l'individu conditionné
    par son génotype et l'action du milieu ; ensemble des
    caractères apparents d'un individu, qui correspondent à la fois à
    la partie exprimée du génotype et à des phénomènes
    déterminés par le milieu extérieur.
Evolution des génomes chez les micro-organismes
1. L'évolution, un processus lent
Formation de la Terre :       Premières
                                    Eucaryotesformes d'anatomies
                                    unicellulaires

-4,6 milliards d'années       préfigurant les grands groupes
                              d'animaux actuels (Explosion du
                              cambrien) : -550 millions d'années
 -4,5   -4   -3,5   -3     -2,5   -2     -1,5   -1     -0,5    0

 Première forme de vie                 Naissance des          Mort des
 (Cyanobactéries) :                    dinosaures             dinosaures
 -3,5 milliards d'années

 Premiers primates : -55 millions d'années
 Premiers H. Sapiens : -200 000 ans
Evolution des génomes chez les micro-organismes
1. L'évolution ”buissonante”
   L'évolution n'a pas de direction pré-déterminée (le terme évolution est
    lui-même mal choisi).
   L'évolution n'est pas linéaire.

   Le ”progrès” (notion difficile à définir) n'est pas une condition
    nécessaire à l'évolution. Ce n'est pas non plus une garantie de survie
    (par exemple, les bactéries sont bien plus aptes à la survie que
    n'importe quel mammifère)
Evolution des génomes chez les micro-organismes
1. L'évolution ”buissonante”
   Le seul schéma de l'Origine des Espèces :
Evolution des génomes chez les micro-organismes
1. L'évolution ”buissonante”
Evolution des génomes chez les micro-organismes
1. L'évolution ”buissonante”
1. Arbre phylogénétique de la vie
1. Qu'est-ce qu'un microorganisme ?

                        Un organisme de petite taille....
   Les bactéries : microorganismes constitués d'un seul chromosome
    composé d'ADN libre dans le cytoplasme, d'une membrane plasmique
    doublée d'une paroi rigide, et qui se reproduit par simple division.
    Procaryotes unicellulaires.
   Les archéobactéries : groupe d'organismes procaryotes vivant dans des
    milieux inhospitaliers et dont les caractéristiques sont les suivantes : paroi
    constituée de substances riches en protéines (sans peptidoglycane),
    lipides membranaires à chaînes ramifiées avec des liaisons ester,
    thymidine absente de l'ARN de transfert et pigments photosynthétiques
    comportant de la bactériorhodopsine.
1. Qu'est-ce qu'un microorganisme ?
   Les champignons inférieurs : Les champignons sont des organismes qui
    ne contiennent pas de chlorophylle (pas de photosynthèse) et qui ont un
    mode de vie saprophyte, parasitaire ou symbiotique. Les champignons, de
    par leurs caractéristiques, ne peuvent être classés ni dans le règne
    végétal, ni dans le règne animal ; aussi ont-ils un règne qui leur est propre.
    Les champignons inférieurs se subdivisent en moisissures et en levures.
     ●   La levure (règne des champignons) : eucarytote unicellulaire ;
         champignon microscopique unicellulaire qui se multiplie par
         bourgeonnement et qui est susceptible de provoquer la fermentation
         des matières organiques animales ou végétales par la décomposition
         de leurs sucres en alcool et en gaz carbonique.
   Virus : entités biologiques incapables de se reproduire par elles-même.
    Microorganisme infectieux rudimentaire contenant un seul type d'acide
    nucléique (ADN ou ARN) encagé dans une capside protéique, qui utilise,
    pour la synthèse de ses propres constituants, les matériaux de la cellule
    qu'il parasite, et qui se reproduit à partir de son seul matériel génétique.
1. Les bactéries
    Taille : de 0,2µm à 600 µm, mais
     typiquement de 1 à 10 µm
    Forme :
      ●   Sphérique : coques
      ●   En bâtonnet : bacilles

Escherichia coli (bacille pourvu
de flagelles [non visible])                                Streptococcus pyogenes
                                                           (coques formant des chaînes)

                                                       Staphylococcus aureus, ”staphylocoque
                                   Bacillus subtilis   doré” (coques en amas)
1. Les bactéries
   Nota bene : pas de structure type ;
    certaines bactéries ne possèdent
    pas toutes les structures
    représentées sur la figure.
   Enveloppe cellulaire : capsule
    (polysaccharide ou protéine, facteur
    de virulence) ; paroi cellulaire ;
    membrane cytoplasmique
   A l'extérieur : pili (petits poils
    favorisant l'adhésion et permettant
    un lent déplacement) : flagelle
    (organe permettant à la bactérie de
    se déplacer en milieu liquide)
   A l'intérieur : le chromosome
    (nucléoïde), les ribosomes et le
    cytoplasme (milieu intracellulaire)
1. Les bactéries
   Temp de génération : de 25 minutes à plusieurs heures, suivant les
    bactéries, leur état, et le milieu dans lequel elles se trouvent.
   Mode de reproduction : asexuées ; une cellule mère se divise en deux
    cellules filles génétiquement identiques (clones).
   Dans un milieu fini, les phases de croissances d'une population bactérienne
    sont : (1) la phase de latence, (2) la phase de croissance exponentielle, (3)
    la phase stationnaire, et (4) la phase de déclin.
1. La levure (yeast)

                           La levure est un champignon
                             unicellulaire ; elle provoque la
                             fermentation des matières
                             organiques.
                           Formes : variable selon l’espèce,
                             généralement ovale
                           Tailles : 5-50 µm
                           Habitat : très répandu

                           Organisme très étudié ; génome
                             entièrement séquencé.

Saccharomyces cerevisiae
1. La levure
La levure est un eucaryote unicellulaire. Pour cela, elle
  contient notamment :
Un noyau contenant les chromosomes de la levure (16
 chromosomes, 13x106 paires de bases ; 23%
 d'homologie avec le génome humain)
Des mitochondries qui produisent l'ATP.
1. La levure

 Modes de reproduction :
   ­asexué, par bourgeonnement (”budding”)
   ­sexué

             Bourgeonnement chez le genre Candida
1. La levure
Modes de reproduction de la levure
                                           Deux types sexuels distincts : a et 
(1) Mitose                                         Haploïde : n chromosomes
                             Germination           Diploïde : 2n chromosomes

(2) Fusion
 des types
   sexuels                                  (3) Sporularion (méiose)
  opposés

                (1) Mitose

(1) Mitose              Germination
1. Les virus

Micro-organismes incapables de se reproduire par eux-même.
  Prennent le contrôle d’une cellule hôte en l’infectant, et s’y
  multiplient. Infectent bactéries, animaux, plantes, en se fixant
  sur des récepteurs membranaires spécifiques de la cellule hôte.
Structure : un acide nucléique (ADN ou ARN), enfermé dans une
  enveloppe protéique appelée capside.
Bactériophages : virus infectant des bactéries.

           Phages Lambda infectant une bactérie E. coli
1. Les virus
Cycle lytique
1. Les virus
 Les phages ”tempérés” ; cycle lysogénique
1. Les virus
Impact des bactériophages sur la biologie et l’évolution de certaines
  bactéries :
Phages et particulièrement prophages (phages intégrés) : rôle majeur dans la plasticité et l’évolution des
   bactéries, notamment des pathogènes : Escherichia coli O157:H7 (intoxications alimentaires et pathologies
   plus graves), Staphylococcus aureus (intoxications alimentaires, infections cutanées, pneumonies,
   infection des os....), Streptococcus pyogenes (scarlatine), Clostridium botulinum (botulisme), Vibrio
   cholerae (choléra), Corynebacterium diphtheriae (diphtérie)...

Pourquoi ? : les prophages peuvent servir de points de recombinaisons homologues pouvant causer des
   réarrangements génomiques, ils peuvent inactiver les gènes dans lesquels ils s’intègrent. Certains
   prophages véhiculent des gènes encodant des toxines. Les phages peuvent encoder et véhiculer (par
   transduction) une multitude de facteurs de virulence comme des adhésines, des nucléases, des protéases,
   des facteurs de transcription, etc.

 Le séquençage complet de génomes bactériens
 révèle la présence de plusieurs prophages qui
 représentent parfois plus de 10% du génome total.

                                                        Vibrio cholerae n'est pas à l'origine pathogène, c'est
                                                        le bactériophage CTX, en insérant son ADN dans le
                                                        génome de la bactérie, qui la rend pathogène.
1. Pourquoi étudier l'évolution des
micro-organismes ?
    Au niveau médical, comprendre : la résistance aux
     antibiotiques, la pathogénicité, l'émergence de nouveau
     virus...
    Au niveau économique et industrielle : diriger l'évolution
     d'un microorganisme pour qu'il développe une voie
     métabolique particulière, pour qu'il s'adapte à un nouvel
     environnement, etc... (chimie, agroalimentaire,
     environnement...)
    Au niveau fondamental : mieux comprendre les processus
     d'adaptation. Les micro-organismes présentent dans ce
     sens des atouts majeurs. Ce sont de bons modèles.
1. Pourquoi étudier l'évolution
des micro-organismes ?
                                 Homo sapiens                      E. coli

Temps pour 10000                 ~200 000 ans                      1-2 ans
   générations                 (âge de l’espèce)
Espace nécessaire                     Terre                        200 ml
 pour 6 milliards
    d’individus
Information sur les                  fossiles             Conservés (vivants) à
     ancêtres                                                    -80°C

●Des génomes de nombreux micro-organismes ont été entièrement séquencés
●Les manipulations génétiques sont relativement simples

●Ils existent déjà beaucoup de données expérimentales sur certains micro-organismes
2. Les bases moléculaires de
l'évolution
   2.1 : l'ADN et le code génétique
   2.2 : transcription, traduction
   2.3 : régulation de la transcription
   2.4 : réplication de l'ADN, correction et
    réparation d'erreur
   2.5 : la recombinaison ; les éléments
    transposables
2.1 Les bases moléculaires de
  l'évolution
                 L'ADN, support de l'information génétique
Un alphabet de 4 lettres... (les nucléotides)
2.1 Les bases moléculaires de
  l'évolution                 Un code génétique universel
Des mots de 3 lettres... (les codons)
2.2 Les bases moléculaires de
 l'évolution
                 Transcription, traduction

Transcription : l'information contenu dans l'ADN au niveau du
gène est ”copiée” sous la forme d'ARN simple brin par une ARN
polymérase.

Traduction : l'ARN est ”traduit” par les ribosomes qui assemblent
les acides aminés qui vont constituer la protéine.
2.3 Les bases moléculaires de
   l'évolution
                       Régulation de la transcription
La polymérase reconnaît un site spécifique en amont du gène : le promoteur.
Le taux de transcription d'un gène peut varier dans le temps, c'est la régulation. Comment la
transcription est-elle régulée ?
   • Il existe des promoteurs ”forts” et des promoteurs ”faibles”
   • Des protéines peuvent interagir avec la polymérase pour favoriser ou défavoriser la
     transcription
   • Des facteurs transcriptionnels (activateurs ou répresseurs) peuvent interagir avec la
     séquence d'ADN (notamment le promoteur) pour empêcher ou déclencher la
     transcription. Des protéines (coactivateurs et corépresseurs) peuvent interagir avec un
     facteur de transcription pour augmenter ou diminuer le taux de transcription.
   • Des transcrits d'ARN antisens ont été identifiés récemment chez une bactérie (Güell
     2009), et pourraient jouer un rôle important dans la régulation chez les micro-
     organismes (comme c'est le cas chez les eucaryotes).

 Les facteurs transcriptionnels interviennent notamment dans la réponse à des signaux extérieurs.
Chez la bactérie par exemple : le heat shock factor (HSF) qui régule les gènes nécessaires à la
survie à haute température, le represseur LacI (operon lac) qui intervient dans le métabolisme du
lactose, ou le represseur LexA intervenant dans la réponse SOS à des dommages sur l'ADN
causés par des UV.

 Chez les organismes multicellulaires, les facteurs transcriptionnels interviennent aussi dans
le développement et dans les réponses intercellulaires.
2.3 Les bases moléculaires de
 l'évolution
                Régulation de la transcription : réponse SOS

Schematic Representation of the SOS Network in E. coli, Including Proteins, Functional States
of DNA, and Key Processes. The purple lines indicate transcriptional regulation, the red lines
active degradation and proteolytic cleavage, and the green lines complex formation. The
yellow shading highlights the proteins involved in mutagenesis, centered around the Pol V
DNA polymerase, a complex consisting of an UmuD′ homodimer and UmuC.
2.3 Les bases moléculaires de
   l'évolution
                       Régulation de la transcription : opéron lac
                       The Lac operon - showing its
                         genes and its binding sites

In the "induced" state, the lac repressor is NOT
bound to the operator site.
                                                       In the "repressed" state, the repressor
                                                                    IS bound to the operator.
2.4 Les bases moléculaires de
l'évolution
                   Réplication, correction, réparation

A chaque génération, la cellule doit se dupliquer : une copie du
génome est alors effectuée (réplication) par des ADN polymérases.
Ces enzymes ne sont pas parfaitement fidèles : taux d'erreur ~10 -4.

Un mécanisme de correction propre aux ADN polymérases permet
de baisser ce taux à ~10-6.

Pour les erreurs subsistantes, un mécanisme compliqué, impliquant
plusieurs protéines (dont MutS) se met en place (réparation). Le taux
d'erreur passe à 10-9.

Le système de réparation a évolué de façon homologue chez tous
les être vivants.
2.4 Les bases moléculaires de
l'évolution
          Réplication, correction, réparation
2.4 Les bases moléculaires de
l'évolution
                 Réplication, correction, réparation

    Si une erreur est faite pendant la réplication (et qu'elle
     n'est pas réparée), il apparaît une mutation ponctuelle
     (ou une délétion, ou une insertion) : la séquence d'ADN
     est alors modifiée.
    Si la mutation a lieu sur un gène, elle peut altérer la
     structure et/ou la fonction de la protéine exprimée par
     ce gène.
    Ces mutations autorisent une certaine plasticité du
     génome permettant à l'organisme d'évoluer. La
     mutation ponctuelle peut être vue comme une forme de
     ”bruit local”
2.5 Les bases moléculaires de
    l'évolution
         
             La recombinaison ; les éléments transposables

●Recombinaison : processus biologique partagé par tous les êtres vivants,
permettant l'échange de séquences d'ADN. Intervient notamment lors de la
méiose (organismes sexués), et lors de la réparation de l'ADN.

●Element transposable : terme général désignant toute unité génétique
pouvant s'insérer dans un chromosome, le quitter ou se replacer ailleurs. Des
séquences dites d'insertion existent dans les génomes bactériens, permettant
d'activer ou d'éteindre des gènes suivant les loci où ils se trouvent.
3. Les mécanismes de l'évolution
des génomes
   3.1 : structure et évolution des génomes
   3.2 : évolution par mutation ponctuelle
   3.3 : transfert horizontal d'ADN
   3.4 : évolution par duplication d'ADN
   3.5 : rôle des éléments transposables dans
    l'adaptation
3.1 Structure et évolution des
génomes
   Taille d'un génome bactérien : de 600 kb chez les
    mycoplasmes jusqu'à 13 Mb chez certaines cyanobactéries.
   Corrélation entre nombre de gènes et taille du génome :
                                           Explication : très peu
                                            d'ADN non codant chez ces
                                            organismes.
                                           Eucaryotes : de quelques
                                            Mb à plusieurs dizaines de
                                            Gb. Pas de corrélation
                                            entre nombre de gènes et
                                            tailles du génome
                                            (beaucoup d'ADN non
                                            codant).
3.1 Evolution de la taille des
    génomes
   Il existe des forces évolutives antagonistes qui tendent à réduire ou augmenter la
    taille du génome.
   La petite taille des génomes bactériens suppose un biais vers la réduction de la
    taille du génome.

                                                                                                                Mira et. Al, Trends Genet. 17 589 (2001)
                           Sélection : maintenir une distance   Sélection : réduire le coût de réplication et
                                       intergénique minimale    de trancription
3.1 Evolution de la taille des
      génomes
      Mise en évidence du biais par recensement des événements de délétion et
       insertions chez des pseudogènes en comparaison avec leur homologues actifs

Frequency of deletions and insertions in bacterial genomes. Frequencies based on comparative analyses of pseudogenes with their functional
counterparts from a closely related species, generally from the same genus, and with at least one functional gene in a closely related outside
reference species. Bars represent the average total size of deletions and insertions per pseudogene. Numbers at tops of bars represent the
numbers of each type of event. (Mira et. Al, Trends Genet. 17 589 (2001))
3.1 Structure d'un génome
bactérien
   Typiquement une grande molécule d'ADN (le chromosome),
    généralement circulaire + des molécules d'ADN de plus petites
    tailles, en nombres variables et généralement circulaires (les
    plasmides)
   Les gènes peuvent être organisés en opéron (25% des gènes
    chez E. coli).
   L'ADN non codant se trouve dans les régions intergéniques et
    les régions régulatrices.
   Il existe des séquences répétées : les séquences d'insertion ou
    IS (insertion sequences), et les transposons
   Présence de prophages parfois très dégénérés.
3.2 Taux de mutation


    Taux pour tout organisme : ~ 10-9 par base.
    Pour une bactérie avec ~ 5 millions de paires de bases par
    génome, cela représente : ~ 10-2 mutation par génome par
    génération, soit 1 bactérie sur 100 présentant 1 mutation,
    à chaque génération.
   Le taux de mutation n'est pas constant dans tout le
    génome...
   Un espace des configurations possibles très vaste / retour
    en arrière quasi impossible
3.2 Les types de mutations

                                   La mutation peut être :
                        neutre : la mutation n'a pas d'impact sur l'organisme

                        délétère : la mutation a un impact négatif sur
Fréquence d'occurence

                        l'organisme

                        létale : la mutation n'est pas viable, l'organisme ne
                        survit pas

                        avantageuse : l'organisme est mieux adapté grâce à
                        cette mutation
3.2 Les types de mutations

   La mutation peut être :
       Non-sens : introduit un codon stop
       Faux-sens : entraine un changement d'acide aminé
       Silencieuse : la mutation a lieu dans une partie non
        codante de l'ADN, ou la mutation n'entraine pas de
        changement dans la séquence d'acides aminés
        (redondance du code génétique).
        Mais pas si silencieuse que ça....

   Une délétion ou une insertion décale le cadre
    de lecture.
3.2 Les types de mutations
Une séquence d'ADN et les acides aminés qu'elle code :
   ATG CCT CAC TCA GAT GAT

   Met Pro His     Ser Asp Asp

   Mutation silencieuse :                                Mutation non-sens :

   ATG CCC CAC TCA GAT GAT                               ATG CCT CAC TAA GAT GAT
   Met Pro His     Ser Asp Asp                           Met Pro His STOP Asp Asp

   Mutation faux-sens :
                                                         Délétion :
   ATG CCT CAG TCA GAT GAT
                                                         ATG CCT CAC TCA GAT GAT
   Met Pro Gln Ser Asp Asp
                                                         Met Pro      Thr Gln Met

   Les mutations hors des gènes : promoteurs, sites de
   fixation de facteurs transcriptionnels
3.2 Les types de mutations
   Des mutations silencieuses qui ne le sont pas*
    Les ARN de tranfert ne se trouvent pas tous dans la cellule en
    même concentration. Par exemple, pour coder la Glycine chez
    E.coli :
                              Codon GGU   GGC   GGA   GGG
               Fréquence (pour 1000) 25    27    10    11

        Le changement pour un codon ”plus concentré” peut
         apporter un gain de temps lors de la traduction
        Le changement de codon peut influer transitoirement sur la
         cinétique de traduction et modifier en conséquence le
         repliement de la protéine naissante.

                                                      *Voir : Kimchi-Sarfaty et al, 2007
3.2 Evolution par mutation
      Taux de divergence du virus de la grippe en fonction du temps :

   Relationship between the number of
nucleotide substitutions (Kc) and the time
difference of dates (t) at which compared
           strains were isolated

a) = segment HA
b) = segment NA
c) = segment NS.
i) = silent position; ii) = amino acid-changing
position. Standard deviations are represented
by vertical lines.

HA : hémagglutinine, liée à la fixation du virus
sur la cellule hôte
NA : neuraminidase, empêche la virus de
coller à sa sortie après la lyse
NS : ”non strucural proteins”

       Hayashida et al., 1985
3.2 Evolution par mutation
   Notion d'horloge moléculaire : si, pour une séquence quelconque d'ADN, le taux
    de mutation est constant au cours du temps, le taux de divergence entre deux
    gènes homologues donne une estimation du temps écoulé depuis la
    séparatation des deux espèces comparées.
   Problèmes :
     ●   une période de spéciation peut être accompagnée d'un taux de mutation
         apparent plus élevé en raison d'une faible taille de population
     ●   Le taux de mutation peut varier au cours du temps, en réponse à des
         chengements environnementaux.
   L'hypothèse n'est donc pas applicable à tous les gènes et à toutes les espèces.
3.2 Evolution par mutation
   Acquisition de résistances aux antibiotiques
    Les bactéries peuvent acquérir des résistances aux antibiotiques par
    mutation ponctuelle. Par exemple, la résistance à la streptomycine
    peut s'acquérir par mutation dans le gène rpsl codant la sous-unité
    30S du ribosome.

 Mycobacterium tuberculosis :
bactérie agent de la
tuberculose.

                                                     Fukuda et al., 1999
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