Focalisation sur l'entreprise ferroviaire - Rencontre entre le CEO et Dieter Bambauer, PostLogistics. p. 20 - SBB Cargo
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3 | 2014 Le magazine suisse de la logistique Rencontre entre le CEO et Dieter Bambauer, PostLogistics. p. 20 Focalisation sur l’entreprise ferroviaire Fascination, importance et avenir du transport ferroviaire de marchandises en Suisse.
Cargo 3 / 2014 4 Interview d’Ulrich Weidmann, expert à l’EPFZ 8 La génération du «train marchandises intelligent» 7 Nouvelle Cauchemar logistique 8 Le trafic ferroviaire de marchandises fascine Heavy Metal avec cœur et raison 13 Trois internautes fans de train Le rail en réseau 17 Enquête parmi les leaders d’opinion Le trafic marchandises en 2030 17 Glossaire La branche de A à Z 20 Rencontre entre le CEO et Dieter Bambauer, PostLogistics «Nous devons transformer la nuit en jour» 23 SBB Cargo online Nouveau sur le blog 24 Reportage à Zurich-Kloten Fret aérien suisse – Décollage pour marchandises chères 28 Politique De bons sillons pour tous 29 Clic Cargo Dans la verdure 30 Ma logistique Gernot Bischofberger, chef au Grandhotel Belvédère, Davos 30 D’autres articles sur l’entrepreneuriat avec #cargomag sur blog.sbbcargo.com, Facebook et Twitter. IMPRESSUM Projet, conception et réalisation Abonnement gratuit sur Crafft Kommunikation SA, Zurich www.sbbcargo.com/fr/abonnement Le magazine logistique de SBB Cargo Traductions paraît trois fois par an en allemand, Traductor Abonnez-vous gratuitement au français et italien. Lithographie et impression magazine Cargo ou lisez la version Neidhart + Schön SA, Zurich en ligne sur www.sbbcargo.com Tirage global Adresse de la rédaction 8000 exemplaires SBB Cargo Veuillez vous adresser à Rédaction SBB Cargo «Rédaction Magazine logistique Cargo» cargomagazin@sbbcargo.com Pavo Prskalo (direction), Martina Riser 4065 Bâle, Suisse pour tout changement d’adresse Christoph Rytz, Miriam Wassmer, cargomagazin@sbbcargo.com ou résiliation d’abonnement. Matthias Widmer Rédaction Crafft Le copyright appartient à SBB Cargo. Roy Spring (direction), Peter Krebs, La reproduction d’articles est autorisée Kristina Morf, Jean-Pierre Ritler, avec mention de la source. Veuillez Robert Wildi nous en envoyer un exemplaire justificatif.
Editorial Le débat est ouvert! T out comme le trafic de transit, le trafic ferroviaire de marchandises thèmes discutés sur le plan économique et politique. I en Suisse mobilise l’attention du public. La raison en est l’imminente révi- l est clair que de bonnes conditions sion totale de la loi sur le transport de cadres sont indispensables pour marchandises qui – probablement dès 2016 offrir à nos clients des prestations de – apportera des conditions cadres bonnes pointe à l’avenir aussi. Comme pour le et stables pour un trafic ferroviaire per «géant jaune»: SBB Cargo achemine par formant. Avec la branche ferroviaire, SBB jour plus de 60 trains pour La Poste Suisse. Cargo est favorable à l’orientation pré- Là aussi la fiabilité et la ponctualité sont conisée par le Conseil fédéral et visant à primordiales. A la rubrique «Rencontre avec une orientation entrepreneuriale des le CEO» page 20, Dieter Bambauer, res transports de marchandises sur le rail. ponsable PostLogistics, explique pourquoi Le Parlement discutera du projet lors la branche doit transformer les nuits de la prochaine session d’hiver. en jours et dit si les clients devront bientôt U payer plus cher pour leurs colis. ne bonne occasion pour nous de regarder en coulisses. Que faut- Bonne lecture au sein d’un secteur éco il pour satisfaire au quotidien au nomique riche en traditions, qui possède mieux les besoins des clients? Et pour- un passé exceptionnel mais a aussi un quoi le trafic ferroviaire de marchandises avenir prometteur! fascine depuis des générations? Dans Photo de couverture: Anne Morgenstern / Photos: Anne Morgenstern; Salvatore Vinci; Crafft l’article de couverture à lire page 8, vous Christoph Rytz apprendrez ce qui se passe dans le centre Responsable de la Communication névralgique de SBB Cargo: le secteur SBB Cargo Operations au siège central. Et aussi com- christoph.rytz@sbbcargo.com ment les collaborateurs au centre d'entre- tien de Dietikon entretiennent des wa- gons pesant des tonnes ou comment une équipe de SBB Cargo gère l’activité quotidienne chez un client du Bas-Valais. «Comment imaginez-vous le trafic de marchandises en 2030?» Nous vou- Foto: Hans Musterann lions savoir ce qu’en pensaient des per sonnalités du transport et de la logis- tique. Leurs réponses page 17 fournissent un aperçu des principaux arguments et SBB Cargo 3 | 2014 3
Interview La génération du «train marchandises intelligent» Où va le trafic marchandises? Ulrich Weidmann, responsable de l’institut pour la planification du trafic et des systèmes de transport de l’EPFZ, cite les innovations possibles et dit pourquoi le Gothard, seul, n’est pas la panacée. Interview: Peter Krebs Illustration: Tomas Fryscak Monsieur Weidmann, pour la première contributions d’exploitation et allouer lité, cela génère des distorsions intolé- fois depuis longtemps, les CFF ont les fonds au développement de l’infra rables au profit du trafic marchandises. La enregistré un bilan positif en 2013. Ce structure. Est-on sur la bonne voie? loi sur le trafic marchandises y remédie résultat s’est confirmé au premier Je suis convaincu que cette attitude est co- par un processus de négociation pour la semestre 2014. Un jalon a été posé hérente. L’infrastructure représente un in- répartition des sillons. Les règles de prio- d’après vous? vestissement pour l’Etat et est disponible rité ne s’appliquent plus que pour les ca- ULRICH WEIDMANN: Ce résultat a une pacités restantes. C’est judicieux. grande valeur psychologique. Il montre que dans les conditions actuelles, SBB «Le trafic marchandises Où est le plus gros potentiel d’innovation Cargo est financièrement autonome. Mais dépend beaucoup du trafic marchandises? le plus important est la tendance générale Dans la combinaison de la technologie de à une amélioration de la situation écono- plus directement de la l’information et de la technologie des véhi- mique. Il est crucial que SBB Cargo puisse conjoncture que cules, qui permettent une nouvelle géné- poursuivre sur cette voie à l’avenir. Le tra- ration de «train marchandises intelligent». fic marchandises dépend beaucoup plus le trafic voyageurs.» Ce train devrait avoir à peu près les pro- directement de la conjoncture que le tra- priétés de traction d’un train InterRegio et fic voyageurs. dans l’intérêt de tous. Mais la question pourrait circuler dans les mêmes sillons de savoir quels trains circuleront et com- avec une utilisation optimale des capaci- Vous vous êtes prononcé contre les ment, est une mission essentielle relevant tés. Au lieu de distinguer trains marchan- contributions d’exploitation. Pourquoi? de l’entreprise. dises et trains voyageurs, on pourrait di En principe, le transport public doit avoir viser à long terme les sillons en trois une plus grande autonomie financière. Les longues attentes sont encore trop catégories avec des propriétés de traction Actuellement, celle-ci est inférieure à fréquentes dans le trafic marchandises. similaires. 50%, ce qui le rend très dépendant de En cause aussi l’ordre de priorité, le d iverses sources de financement et autres trafic voyageurs ayant généralement la Un train marchandises aussi r apide acteurs. Si subventions il y a, qu’elles primauté. qu’un train voyageurs: c omment fait-on aillent à l’infrastructure. La priorité au trafic voyageurs partait cela? d’une bonne intention. L’horaire cadencé Il faut un paquet de mesures. Outre la Dans sa stratégie globale sur le fret intégré est un système sensible pouvant traction nécessaire, l’alimentation élec- ferroviaire, le Conseil fédéral prend être perturbé dès qu’un train régional trique des wagons et une ligne de don- cette orientation. Il veut réduire les doit attendre d’être dépassé. Mais en réa- nées dans le train sont primordiales. > SBB Cargo 3 | 2014 5
Interview Cela permet de mieux contrôler les sys- triage et facilite le contrôle du train. Elle tunnel de base qui est important. Cette tèmes de freins et de répartir la traction permet de vérifier à distance si le train extension des capacités réduira les gou- dans le train. Les trains marchandises est prêt à partir et de collecter automa lots d’étranglement et augmentera la peuvent accélérer plus vite et circuler à tiquement les informations sur le train – flexibilité. Toutefois, la partie qui traverse des vitesses supérieures. De plus, cela fa- comme elle est actuellement testée chez la Suisse fait env. 200 km, soit une petite cilite la flexibilité dans la formation des SBB Cargo. part de la distance de transport. L’intérêt trains. Dans ce contexte, l’attelage auto- porte donc aussi sur les lignes d’accès. Sur matique est de nouveau d’actualité. Les entreprises ferroviaires ont aussi le versant italien toutefois, la situation du réduit le nombre des points de desserte trafic ferroviaire de marchandises me pré- On parle de l’attelage automatique pour améliorer le résultat du trafic occupe. depuis longtemps. Mais il ne s’est pas par wagons complets. Est-ce judicieux? imposé dans le trafic marchandises. Là, il faut être prudent. Le trafic de mar- Le trafic marchandises est orienté à Entre autres parce que les entreprises chandises par wagons complets est une l’international. Une bonne collaboration ferroviaires n’ont pas su s’entendre offre de système que l’on ne peut pas ré- transfrontalière serait donc primor- sur un système uniforme. duire à volonté et qui requiert une bonne diale. Que faut-il de la part de l’UE et Depuis, les choses se sont simplifiées: le exploitation de base. Même les points de des entreprises ferroviaires pour parc de wagons s’est beaucoup réduit, dé- desserte peu fréquentés peuvent y jouer améliorer la situation? sormais de nombreux trains complets sont un rôle. Je compare cela au trafic régional, Il manque une stratégie uniforme et coor- en service et les véhicules ne circulent dans lequel des arrêts moins fréquentés donnée des entreprises ferroviaires. Des presque plus comme wagons isolés dans contribuent aussi à la réussite du système. pays ne devraient pas pouvoir décider toute l’Europe. L’uniformité absolue des unilatéralement de cesser ou réduire mas- Les conditions cadres légales contri- sivement le trafic par wagons complets, buent à la compétitivité du rail. Quelle comme l’Italie et la France. Car cela im- «La surveillance des est l’importance de l’interdiction de pacte aussi les entreprises ferroviaires des wagons fournit de multi- circuler la nuit et celle de circuler le pays partenaires dont les possibilités se dimanche pour le trafic routier de restreignent. ples informations marchandises? intéressantes aux clients.» Les deux interdictions sont essentielles pour la compétitivité du trafic ferroviaire de marchandises. systèmes d’attelage n’est plus obligatoire, à l’instar du trafic voyageurs. Là aussi, l’at- En Europe, on discute aussi de l’auto telage automatique avait suscité des risation de camions plus lourds et doutes. Puis sont arrivés les trains RER, plus longs. Un danger pour le trafic ICN et FLIRT sur lesquels l’attelage auto- ferroviaire de marchandises? matique va de soi car les compositions ne Les camions plus longs surtout sont un peuvent se combiner avec un autre type de danger pour le rail. Leurs volumes de matériel roulant. Et il ne faut pas oublier chargement plus gros concurrencent le que beaucoup d’accidents dans le secteur trafic par wagons isolés. L’argument des ferroviaire sont des accidents du travail, partisans est qu’il faut moins de camions notamment lors de manœuvres. pour une même quantité de marchandises et que le trafic devient ainsi plus écolo- Où sont encore les possibilités gique. Mais c’est un leurre. Heureuse- d’innovation? ment, pour l’instant cette possibilité sur Photo: mise à disposition ns Musterann Les innovations classiques sont quasi le continent européen se heurte à beau- épuisées. D’autres innovations requièrent coup de résistance. une alimentation électrique sur les wa- gons et certainement l’attelage automa- Le tunnel de base du Gothard ouvrira tique. Il devient ainsi possible d’utiliser la dans deux ans. Quelles impulsions Ulrich Weidmann (51 ans) est depuis 2004 technologie de l’information dans le train. en attendez-vous? professeur titulaire en systèmes de transport à l’Institut de planification du trafic et des La surveillance du chargement et des wa- Le tunnel à lui seul n’apporterait pas systèmes de transport (IVT) de l’EPFZ. Parmi gons fournit de multiples informations in- grand chose. C’est avant tout l’aménage- ses axes de recherche figure l’intégration téressantes aux clients. Elle simplifie le ment de tout l’axe nord-sud associé au du fret ferroviaire dans les chaînes logistiques. 6 SBB Cargo 3 | 2014
$$$Geschichte Nouvelle Et si les transports s’interrompaient soudainement? Cauchemar logistique D emain les journaux parleront sûrement de anique générale, ils bourraient leurs coffres et ban- p mégacatastrophe dans les transports, de quettes arrière de voiture, ou leurs remorques pour grounding logistique, de cargogate, songea vélo. Des charrettes poussiéreuses étaient même ex- Rita Zumbrunn ce mercredi où le trafic humées, ainsi que Rita Zumbrunn put l’observer marchandises fut paralysé. Mais le jeudi, aucun jour- depuis la fenêtre de son appartement en ville. E nal ne parut. Ou les maisons d’édition étaient à court de papier ou la rotative n’était plus approvisionnée. lle ne croyait pas en un long goulot d’étran- Nul ne savait comment cette crise avait pu se pro- glement. Elle s’assit sur une chaise du duire. Mais des hypothèses farfelues fusaient. Selon balcon et commença un livre qu’elle voulait les uns, il devait s’agir d’une attaque informatique sur lire depuis longtemps. Le soir, elle eut faim le logiciel de toutes les entreprises de transport, selon et décida d’aller au supermarché acheter le plus ur- les autres c’était plutôt le fait d’un goulot d’étrangle- gent. Elle ne le reconnut pas. Le magasin était désert, ment peut-être intentionnel en approvisionnement les rayons vides, le sol collant était jonché d’embal- énergétique, qui serait exploité abusivement pour aug- lages plastiques déchirés, de tomates éclatées, de bou- menter le prix de l’électricité et du pétrole. Des théo- teilles de bière explosées. Sur le point d’abandonner, ries de complot circulaient. Les milieux chré-tiens elle repéra dans un congélateur, derrière un panneau voyaient un signe céleste dans la paralysie de l’écono- promotionnel pour du papier toilette, deux cervelas mie. pour 3,20 francs. U Elle partit en vélo vers son endroit favori au bord ne seule chose était certaine: l’économie du fleuve pour allumer un feu et faire griller ses sau- était au point mort. Si elle avait touché cisses. Ces jours de catastrophe ont aussi leurs bons d’abord les transports par rail, route, eau côtés, pensa-t-elle en ramassant des branches dans la et air, la mégacatastrophe s’était vite forêt. On a le temps de lire et profiter de la nature et étendue aux usines et même à l’exploitation agricole du calme. C’est alors qu’elle réalisa qu’elle n’avait pas et forestière. Pour économiser les coûts, les entre- d’allumettes. prises avaient réduit leurs stocks. Tous se faisaient livrer just-in-time les marchandises nécessaires à la fabrication de meubles, montres, turbines et ordina- teurs. En une journée, tout s’arrêta, les installations de production n’étant plus approvisionnées. Ebauches, vis, produits semi-finis, pièces de rechange pour ma- chines-outils, tout manquait. Même là où la production aurait encore pu tourner un temps, les directeurs stressés durent la ralentir puis l’arrêter. Les produits n’étant plus enlevés, les entrepôts furent bientôt saturés. On aurait dit que l’économie était tombée en léthargie. Nul ne pouvait prédire si cela allait durer quelques heures ou des semaines. Dans l’après-midi, des milliers de travail- leurs et d’employés rentrèrent chez eux. La radio de Rita Zumbrunn, qui était coursière à vélo, demeurait muette. Pas de commande, pas de paye. Cela aurait peut-être été moins grave si les détail- lants en denrées alimentaires n’avaient pas aussi Photo: mise à disposition Foto: Hans Musterann été concernés. Soucieux de pouvoir s’alimenter, les consommateurs affluaient dans les magasins pour se Peter Krebs est journaliste indépendant, auteur et rédacteur. De 1998 à 2007, il a dirigé «Via» le magazine réservé à la constituer des réserves. Au début, ils repartaient avec clientèle des CFF, puis le magazine ATE jusqu’à fin mai 2012. deux ou trois grands sacs de riz, pâtes, viande, choco- Il est auteur et co-auteur de plusieurs ouvrages spécialisés lat, conserves et légumes frais. Puis gagnés par la sur le tourisme et les transports. Et il écrit des nouvelles. SBB Cargo 3 | 2014 7
Centre d’entretien de Dietikon: ici, environ 5000 wagons passent par le service de maintenance chaque année. 8 SBB Cargo 3 | 2014
Heavy Metal avec cœur et raison Ambiance Wall Street à Bâle, odeur d’huile dans le centre d’entretien de Dietikon et wagons chargés à bloc à 4.30 du matin en Valais: le trafic ferroviaire de marchandises est complexe et fascinant. Regard sur l’univers de SBB Cargo. Texte: Robert Wildi Photo: Anne Morgenstern Foto: Hans Musterann SBB Cargo 3 | 2014 9
Dossier L’équipe de la Dispo de Bâle contrôle en temps réel tout le trafic de marchandises de SBB Cargo sur le réseau ferroviaire suisse. L e téléphone sonne. «Nous tation, avec calme et concentration. En avons un problème!», hurle temps normal. Thomas Glur quelques se- condes plus tard à ses Le principal: la traction juste collègues. «Le train d’un Mais pas de matin idyllique aujourd’hui. client, à Frutigen, est trop «Qu’est-ce qui ne va pas avec le train faible pour l’‹itinéraire supérieur› via Kan- n° 60815?», demande T. Glur. Cliquetis de dersteg et Goppenstein. Avons-nous fait claviers tout autour de lui. Le personnel de une erreur de traction?» la Dispo s’active en recherches, retrace C’est le matin, peu après 8.00. Nous l’ordre de transport du client et conclut: sommes dans le département Operations traction ok. Donc, vu le poids du train, (OP) au siège bâlois de SBB Cargo. T. Glur, l’équipe Cargo lui a réservé à juste titre un responsable de l’équipe de la Dispo de Bâle droit de circuler (sillon) pour l’«itinéraire contrôle en temps réel tout le trafic de inférieur» via le tunnel de base du Lötsch- marchandises de SBB Cargo sur le réseau berg. L’erreur doit donc résider dans la ferroviaire suisse. Son poste de travail: communication avec le client. T. Glur in- quatre grands écrans saturés de tableaux, forme son interlocuteur téléphonique. En- graphiques et diagrammes. Un scintille- semble, ils organisent une manœuvre de ment d’informations impressionnant. Les triage pour mettre rapidement le train sur tables des sept membres de l’équipe pré- la bonne voie. La pression redescend pour sents sont disposées autour de lui. Chacun le responsable d’équipe. Il boit une gorgée a au moins deux écrans devant lui. On d’eau. «Ce type de panne est rare, mais Foto: Hans Musterann pense à Wall Street, mais ici, les pros de quand il survient, nous devons nous don- Cargo s’occupent non pas d’actions, mais ner à fond», nous explique-t-il. de la gestion des sillons et des charges à la De tels efforts sont fondés. L’équipe logistique complexe. En permanence, 7j/7 de la Dispo a une responsabilité énorme. et 24h/24, par équipe. Sans bruit, sans agi- Chaque jour, elle oriente, coordonne et as- 10 SBB Cargo 3 | 2014
sure la traction de quelque 2000 trains pour les clients. Le département est à la pour un fret total de 195 000 tonnes. Soit fois le cœur et le cerveau de SBB Cargo. Ici le poids de 350 avions de ligne de type Air- sont activés les leviers de tous les proces- bus A380. Les services logistiques de SBB sus opérationnels et l’OP est le premier Cargo se chargent de trains de marchan- interlocuteur des 2000 clients faisant dises de clients tiers qui, sur le radar, actuellement appel aux services de SBB s’ajoutent aux compositions de SBB Cargo. Cargo. «Nous leur garantissons un fonc- Pour que l’ordre règne sur le rail en cas de tionnement sans heurt sur le rail, des li- trafic dense, toutes les locs de fret et wa- vraisons ponctuelles, une communication «Les pannes sont rares mais quand elles gons circulant en Suisse sont n umérotés rapide et des tâches administratives sans surviennent, nous devons nous donner à fond.» et enregistrés séparément et peuvent être faille», résume Urs Gähwiler, responsable Thomas Glur, régulateur suivis à tout moment. L’OP centralise la du département. gestion de plus de 350 locs. Les plans d’af- fectation détaillés d’environ 730 mécani- La compétence reste primordiale ciens, que SBB Cargo emploie actuelle- Son équipe accepte 2000 ordres de trans- ment, sont établis ici. port par jour, dont 93% saisis en ligne par Les 94 membres de l’équipe Opera- les clients eux-mêmes. Ils sont entrés di- tions s’investissent à fond au quotidien rectement dans le système d’information Cargo (CIS). Après quoi le chrono est dé- clenché. La période allant de la réception de la commande à la facturation correcte, en passant par la création d’une chaîne de transport et la réservation des bons sil- lons, ne doit pas être plus longue qu’un La compétence humaine reste primordiale malgré la technologie. match de foot. «En réservant chez nous 90 minutes avant l’heure de départ souhaité, on est servi dans les temps», promet Urs Gähwiler. SBB Cargo est jugée à cette aune. La compétence humaine reste primor- diale malgré la technologie. Surtout en cas d’incident. Si des événements inattendus, des retards ou des suppressions de trains surviennent sur les rails ou à proximité, les clients doivent en être informés immé- diatement et des solutions alternatives doivent leur être présentées. Les conseil- lers à la clientèle OP agissent aux côtés de l’équipe de la Dispo. On les reconnaît rapi- dement: téléphone à l’oreille, sourire sym- Les roues subissent de fortes sollicitations pathique. L’empathie est de mise. Dans au quotidien – tout est donc contrôlé d’autant le cadre du projet global du groupe CFF plus méticuleusement. pour augmenter la satisfaction de la clien- tèle, U. Gähwiler a formé intensive- > SBB Cargo 3 | 2014 11
Dossier ment ses collaborateurs à la communica- Check-up sur la voie 310 dien. L’usure est d’autant plus forte. Ne tion proactive et a introduit une gestion Travail assidu dans les centres d’entretien pas voir un défaut peut se révéler ensuite constructive des solutions. «Chez nous, il de SBB Cargo. Sur les sites de Muttenz, catastrophique. Et donc tout est méticu- n’y a pas de ‹ça ne va pas› qui tienne.» Chiasso et Dietikon, quelque 13 000 wa- leusement noté, documenté et saisi dans Repousser les limites n’est pas l’apa- gons de marchandises sont contrôlés, ré- le système SAP central à l’aide du numéro nage des seuls collaborateurs de l’équipe parés, réglés, vissés et soudés par le service du wagon. OP. Dans tous les départements de SBB de maintenance. Dietikon, site de notre Cargo s’applique la directive prônant plus prochaine visite, en totalise 5000 à lui de productivité et d’efficacité en dépit de seul. A l’arrivée, impressions inédites en «Le soubassement et les faibles ressources financières. Pour la pre- contre-plongée. La voie 310 de la halle d’en- essieux concentrent l’essen- mière fois depuis 40 ans, la société a re- tretien à quatre voies est pourvue d’une noué l’an dernier avec un bilan positif, fosse. Elle permet à deux employés Cargo tiel des réparations.» lequel a perduré au cours du premier se- d’inspecter les wagons par dessous. Leurs MARTIN SCHWENDIMANN, mestre 2014. Cette tendance positive doit lampes de poche éclairent les plus petits RESPONSABLE D’ÉQUIPE se confirmer, d’autant plus que lors de la recoins. prochaine session d’hiver, le Conseil na- «Un diagnostic important», dit Martin tional débattra sur le thème de «L’avenir Schwendimann, chef d’équipe du centre Après le contrôle à l’arrivée, le wagon est du transport ferroviaire de marchandises d’entretien à la tête de 29 collaborateurs. placé par l’équipe de manœuvre sur le sur tout le territoire»: notamment dans le «Sur les wagons de marchandises, le sou- stand de réparation, puis hissé à l’aide cadre de la révision totale de la loi sur le bassement et les essieux concentrent l’es- d’un puissant pont élévateur. C’est l’élé- transport de marchandises (voir article sentiel des réparations.» Ils subissent de ment clé de l’installation. «Aucun danger! page 28). fortes sollicitations dans le trafic quoti- Ces manœuvres sont de la routine pour Odeurs de métal et de graisse: l’équipe du centre d’entretien à Dietikon. 12 SBB Cargo 3 | 2014
2 3 1 nous», nous rassure un employé qui nous INTERNET voit reculer avec appréhension. Des collè- gues le rejoignent, armés d’outils tels que Le rail en réseau: trois internautes fans des clés géantes qu’on ne verra jamais dans un atelier de bricoleur. Puis les soudeurs de train racontent leur passion. entrent en lice. Les étincelles jaillissent, des odeurs de métal et de graisse se mêlent 1 Thomas Stutz: plus simples atteignent 6000 ch, trois fois autant que la moyenne des locs en et on ne s’entend plus parler. Plus loin, deux spécialistes du triage eisenbahnfotos.ch Hollande. En Suisse, les trains de mar- chandises de 50 wagons ne sont pas sortent un wagon de la halle à l’aide d’une «L’avènement du numérique m’a fait chose rare. Je suis aussi fasciné par les loc. Le Heavy Metal rejoint le ballet artis- aimer le monde de l’image. Je suis gares de triage comme Limmattal. Une tique quand des véhicules pesant des passionné de photo et consacre beau- fois, j’ai garé mon camion à proximité tonnes sont habilement manœuvrés et ré- coup de mon temps libre à ce hobby. pour la nuit. Au lieu de dormir, j’ai regar- partis sur les trois autres voies de la halle. Collaborateur des CFF au secteur In- dé jusqu’à l’aube les manœuvres de Là, des constructeurs mécaniques, des frastructure, ma fascination pour le triage – une prouesse logistique. Par mécaniciens industriels et des mécani- rail relève de l’évidence. Comme j’aime plaisir, je me suis mis à photographier aussi les paysages naturels, j’associe ciens-ajusteurs sont prêts à poursuivre les les chemins de fer suisses et à partager les deux dans mes photos. Je gère réparations. Une équipe de trois per- les photos avec d’autres fans sur Face- mon site Internet depuis douze ans. sonnes va justement s’occuper d’un an- book. Maintenant nous gérons le site à Je suis content quand mes photos de cien wagon. Les parois du véhicule sont trois et avons déjà 1750 personnes qui trains de marchandises et de trains fortement incurvées. «Les transports nous suivent. Cet écho positif m’encou- voyageurs plaisent aussi à d’autres d’acier lourd ou de gravats les sou- > rage à continuer.» personnes. Pour trouver toujours de nouveaux sujets de train à intégrer dans de beaux paysages, je pars en 3 Sandro Hartmeier: reportage photo et reviens avec des centaines de clichés. Après un tri mi- bahnonline.ch nutieux, il n’en reste en général qu’une «Je m’estime chanceux d’avoir fait de ou deux douzaines pour le site Inter- mon hobby mon métier. Parallèlement à net. Ces deux prochaines années, on mon activité d’agent commercial in me verra sûrement avec mon appareil dépendant, j’ai créé un portail dans photo sur la ligne de faîte du Gothard. lequel j’investis aujourd’hui 50% de Là, j’aimerais documenter les opéra- mon temps de travail. Je publie des tions en cours avant que la plupart des textes et des articles sur le rail. trains ne traversent le nouveau tunnel Il s’agit souvent de communiqués de de base en 2016.» presse que j’enrichis avec mes propres infos et photos. Une grande partie de 2 Mark Peters: ces articles est le fruit de mes re- cherches. Actuellement, le site com- facebook.com/ porte 11 000 textes et un nombre incal- culable de photos. J’aimerais fournir trainswiss aux quelque 60 000 personnes qui vi- «Chauffeur routier originaire des Pays- sitent le site chaque mois, des faits Bas, je voyage souvent en Suisse. Le et infos de fond que l’on ne trouve pas secteur logistique me fascine. Enfant, je dans les journaux. De nombreux inter- regardais tous les jours les trains de nautes me trouvent via une recherche marchandises qui passaient par Win- sur Google et croient avoir atterri sur terswijk, la ville où je vivais. Je suis un site officiel des CFF. Les demandes tout de suite tombé amoureux du che- de tarifs et d’horaires ne sont donc pas Photos: mise à disposition (3) min de fer suisse. Les trains de mar- chose rare. Grâce à la publicité et aux Foto: Hans Musterann chandises surtout ont quelque chose annonces, le portail s’autofinance dé- de spécial. Beaucoup de locs ont plus sormais. Cela m’encourage à continuer de 50 ans et fonctionnent encore im- de le développer. Il sera complètement peccablement grâce à une mainte- remanié sous peu.» nance parfaite. Même des modèles SBB Cargo 3 | 2014 13
Dossier mettent à de fortes sollicitations dans les vaillent aujourd’hui dans 48 équipes RCP virages», explique M. Schwendimann. Les réparties dans toute la Suisse. Leur auto- hommes réparent, ajustent, remettent en nomie, leur compétence et leurs aptitudes état. Le chef aussi met la main à la pâte, se sont développées progressivement. «En étudie le procès-verbal de contrôle, lubri- 2013, nos collaborateurs ont totalisé plus fie, manie le marteau, actionne le pont de 10 000 jours de formation et de perfec- élévateur. Ici, pas de «ronds-de-cuir» – tionnement», déclare S. Flury. Il précise message relayé par les bras tatoués de ce que dans toute la RCP, seuls 14 collabora- polymécanicien et technicien de produc- teurs exercent encore une seule fonction. tion spécialisé. M. Schwendimann aime «Tous les autres sont polyvalents et son travail. «50% de gestion et d’admi- peuvent accomplir au minimum deux nistratif, 50% sur le front, c’est bien.» tâches, voire plus, ce qui rend la gestion En général, il se charge personnellement des affectations très flexible.» d’initier les nouveaux collaborateurs. Nous rendons visite à l’équipe RCP Une tâche qui requiert persévérance et de Saint-Maurice. Peu avant 9.00 du ma- patience. «Avant que quelqu’un ait com- tin, notre train, venu de Viège, arrive dans pris tous les processus et devienne auto- ce village du Bas-Valais sous un soleil écla- nome, il faut compter deux à trois mois», tant. C’est Cargoland ici, car la première précise-t-il. voie à côté du quai exhibe une composi- La pression est considérable. Les wa- tion de wagons de marchandises longue gons entrants doivent retourner le plus de 100 mètres. Les wagons ouverts sont vite possible dans le trafic. «Ces dernières pleins de pierres de ballast. A 150 m, deux années, la flotte de SBB Cargo est passée silhouettes vêtues d’orange et casquées se progressivement de 15 000 à 7250 wagons dirigent vers un petit bâtiment. Pause de 9.00 pour l’équipe RCP. Nous nous joignons à eux. Des SMS sont en- «Nos processus gagnent voyés. Un jeune collaborateur s’amuse des dernières nouvelles. Il est nouveau dans en efficacité.» l’équipe qui, du fait de la réorganisation, MICHEL TROMBERT, est passée de 30 à 23 hommes. «Intéres- CHEF D’EQUIPE SUPPLEANT SAINT-MAURICE sant et diversifié», c’est ainsi qu’il nous décrit son travail d’agent de manœuvre. Un mécanicien se fait un double expresso de marchandises», explique M. Schwendi- pour lutter contre la fatigue. Sa journée de mann. En revanche, aucune baisse de travail tire déjà à sa fin. Il la débute chaque prestation et de productivité. La disponi- jour à 3.30, pour se préparer au triage du bilité opérationnelle de la flotte et le temps train de Bâle qui arrivera à 4.29. Il en sera d’affectation par wagon ont donc forte- de même pour trois autres trains chargés à ment augmenté. Et ce aussi grâce à des bloc en provenance de Lausanne et qui ar- travaux de maintenance rapides et précis. rivent chaque jour à Saint-Maurice. Ils transportent des gravats, du sable, des Double expresso à la pause éboulis ou encore de la fécule de maïs et Une performance accrue avec moins de des denrées alimentaires. L’équipe Cargo moyens – c’est le lot de la Production Car- les réceptionne, manœuvre chaque jour go Régionale (RCP) de SBB Cargo. Son plus de 100 wagons de marchandises et les rôle: la distribution capillaire des mar- regroupe dans de nouvelles formations chandises aux clients. Sous la houlette de qui quittent ensuite Saint-Maurice pour Siegfried Flury, la RCP a été réorganisée il être livrées à la clientèle régionale. Envi- y a deux ans. 200 postes et 33 véhicules de ron un tiers des wagons entrants continue manœuvre y ont été supprimés, la qualité sur Monthey, où SBB Cargo dessert de maintenue et orientée sur les besoins gros clients tels que Syngenta ou BASF. des clients. Environ 950 personnes y tra- Villeneuve et Martigny (Holcim) font > Nichts für «Bürogummis»: das Team in der Serviceanlage Dietikon. 14 SBB Cargo 3 | 2014
En haut: Partenariat de longue date. L’équipe RCP de Saint-Maurice en intervention chez Famsa à Massongex. En bas: L’équipe Cargo manœuvre chaque jour plus de 100 wagons de mar chandises et les regroupe dans de nouvelles formations. Foto: Hans Musterann SBB Cargo 3 | 2014 15
Dossier aussi partie des principales gares de desti- Le téléphone sonne. «Salut, ça va bien biance beaucoup plus bruyante que de nation. chez vous?» M. Trombert entend une voix l’autre côté du tunnel. Mais la bonne familière à l’autre bout du fil. Celle d’une humeur règne. «La coopération avec A travers le tunnel avec du ballast collaboratrice de Famsa SA. La fabrique Saint-Maurice est bien rodée», dit Luis Ri- Malgré le personnel restreint, les nouvelles d’agglomérés se trouve dans le village voi- cardo, directeur de Famsa. Nous résolvons formations de trains quittent Saint-Mau- sin de Massongex, séparé de Saint-Mau- les difficultés en partenariat. «Nous rice à l’heure. «Nos processus gagnent en rice par un simple tunnel. Famsa est un n’avons encore jamais eu à déposer de ré- effi cacité», dit Michel Trombert. Au- client Cargo de longue date et principal clamation chez Cargo à Bâle.» Et les me- jourd’hui, il remplace Dominique Evéquoz sures d’économie de SBB Cargo n’auraient le chef d’équipe absent et s’acquitte de eu aucun impact négatif sur la qualité haut tâches administratives dans la pièce voi- «La coopération avec de gamme du service. sine. Le clavier de son ordinateur montre «Reculez!», ordonne une puissante qu’il est rarement utilisé par des mains Saint-Maurice est voix masculine. Nous mettons une dis- propres. Vétéran de l’équipe, M. Trombert bien rodée.» tance de sécurité entre lui et nous. Le a effectué son apprentissage ici il y a déjà LUIS RICARDO, DIRECTEUR DE FAMSA train s’ébranle à grand bruit avec un nou- 40 ans. veau chargement de ballast et disparaît Les temps ont changé. Autrefois il y dans le tunnel. Il est déjà attendu à avait moins de trains. Ils étaient recensés fournisseur de ballast pour la construc- Saint-Maurice. dans des listes manuscrites. Le triage tion des voies des CFF. Voici donc dévoilé durait plus longtemps car la technique le secret du fret de ballast vu à notre était rudimentaire. «Autrefois, on pesait a rrivée. Trente wagons de marchandises chaque wagon nous-même», dit M. Trom- passent au triage de Saint-Maurice chaque bert. Maintenant, les clients s’en chargent jour pour être chargés et déchargés chez dans les gares de destination. «Et c’est Famsa. tout à leur avantage car ils peuvent ainsi Nous prenons le train suivant pour mieux contrôler leurs livraisons.» Pour Massongex, pour voir tout cela de plus lui, une chose n’a pas changé en quarante près. Des hommes costauds chargent le ans: «Mon énorme fascination pour le tra- ballast avec des mouvements et des gestes fic ferroviaire de marchandises.» routiniers. Le travail est fatigant et l’am- tiny.cc/dietikonFR Heavy Metal au sens propre – Reportage dans «Intéressant et diversifié»: les gestes de l'équipe RCP à Saint-Maurice sont bien rodés et précis. le centre d’entretien de Dietikon. 16 SBB Cargo 3 | 2014
Qui dit «Comment imaginez-vous le trafic de marchandises en quoi? 2030?» Réponses de person- nalités du transport et de la Enquête: Pirmin Schillinger logistique. Glossaire Glossar PETER GALLIKER ADRIAN AMSTUTZ CEO GALLIKER TRANSPORT AG, ENTREPRENEUR, CONSEILLER NATIONAL UDC MEMBRE DU COMITÉ DE L’ASTAG «Le client est au centre du ET PRÉSIDENT CENTRAL DE L'ASTAG: «En 2030, la politique A ADHÉRENCE — la vitesse relative des trafic marchandises et de la du trafic marchandises, au- deux entités considérées (rail et roue) logistique. Il en sera de même jourd’hui orientée unilaté- est nulle. La roue roule sur le rail et en 2030. Il importe donc de ralement sur le rail en transfère, au niveau du point de contact, l’effort de freinage du véhi- satisfaire aussi bien que pos- raison de mauvais inves- cule au rail jusqu’à la valeur limite sible les différents besoins. tissements et de coûts d’ex- maximale du coefficient d’adhérence. «Plus rapide, plus flexible, ploitation exorbitants, sera Dans le cas du système roue-rail, le coefficient d’adhérence peut at- mieux!» Telle doit être la de- corrigée par le peuple qui teindre environ 25% de la charge à vise. Le transport routier fera au mieux – en paie. Le peuple et les cantons auront alors l’essieu dans des conditions opti- collaborant au mieux avec le train.» contraint les politiques à effectuer les inves- males, et dans la plupart des condi- tions météorologiques, environ 15% tissements selon un «Plan directeur trafic de la charge à l’essieu. marchandises et logistique». Cela afin que les d FABIO REGAZZI divers modes de transport – route, rail, air et v eau – puissent garantir à notre pays de façon ENTREPRENEUR, PRÉSIDENT DE SWISS SHIPPERS’ efficace et abordable les indispensables appro- C COUNCIL, CONSEILLER NATIONAL PDC visionnement et élimination.» G N «Ma vision pour 2020 et FR EVI ALLEMANN pas seulement pour 2030: devenue indépendante du groupe, SBB Cargo s’est CONSEILLÈRE NATIONALE PS ET PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION TRANSPORTS ET ENVIRONNEMENT (ATE) C consolidée grâce à la parti- CABOTAGE — Acheminement de cipation d’entreprises pri- «J’espère que le trafic mar- p ersonnes ou de marchandises à l’in- térieur d’un pays au moyen d’un vées. Uniquement traction- chandises de 2030 évoluera v éhicule provenant d’un autre pays. naire, elle est le partenaire là où il fait écolog iquement On appelle «grand cabotage» le privilégié des entreprises logistiques qui avec sens: sur le rail. Des voies et trafic entre deux pays avec un véhi- cule d’un pays tiers. Le cabotage les chargeurs, perfectionnent leurs réseaux sillons supplémentaires lui n'est permis que dans quelques cas. multimodaux en fonction du marché. Les po- permettent de se déployer. litiques ont aligné les conditions du marché La Confédération favorise le CHAUSSÉE ROULANTE — La chaussée roulante (CR) est un train qui des entreprises ferroviaires de transport sur trafic intérieur et une colla achemine sur le rail des camions com- celles du reste de la branche logistique et boration optimale entre route et rail. Dans le plets, voire des semi-remorques. permis une vraie concurrence entre elles. La trafic transalpin, des conditions importantes Confédération et les cantons fournissent à l’économie des sites bien desservis et des ca- pour une intensification des transports sur le rail ont été créées avec le corridor de 4 m, le E ECM — Entity in Charge of Mainte- pacités de réseau suffisantes. Un puissant ré- tunnel de base du Gothard et le rejet d’un nance (ECM) désigne l’entité en gulateur ferroviaire veille à une concurrence second tube routier au Gothard. Une bourse charge de la maintenance du maté- riel roulant. Cette entité est chargée équitable entre le trafic voyageurs et le trafic du transit alpin régulant le trafic des camions de l’exécution des dispositions lé- marchandises et entre les entreprises ferro- selon des principes d’économie de marché, va gales relatives à l’entretien du maté- viaires.» être activée à l’échelle européenne.» > riel roulant. EXPÉDITION — Société de services Photos: mise à disposition (4) dans le trafic marchandises qui se charge de l’envoi des marchandises. Le transporteur est un prestataire de transport par rail, camion, avion, navire ou bateau fluvial. SBB Cargo 3 | 2014 17
Qui dit quoi? suite glossaire F BERNHARD ULRICH METZGER GIEZENDANNER FERROVIPATHE — Désigne en plai santant les personnes qui consacrent intensivement leurs loisirs au train. RESPONSABLE DE LA DIRECTION LOGISTIQUE TRANS- ENTREPRENEUR DANS LE TRANSPORT ET CONSEILLER PORT FÉDÉRATION DES COOPÉRATIVES MIGROS NATIONAL UDC FIFO — First in – first out (FIFO) en l ogistique des marchandises, prin- «Le trafic marchandises et la «La solution pour le tra- cipe selon lequel les premiers stocks logistique en Suisse seront fic marchandises s’appelle: entrés doivent si possible être les premiers utilisés. plus importants d’ici 2030 et «conformité avec la réali- déterminants dans la réussite té». La politique doit rester G d’une entreprise. Le trafic fer- roviaire ne se fera plus en à l’écart de ce trafic com- plexe. On pourra alors es- GSM-R — Global System for Mobile Communication – Railway est le priorité de nuit mais aussi le pérer maîtriser les volumes s ystème radio numérique servant jour. Le trafic routier de mar- croissants de marchandises à transmettre la langue et les d on- chandises, lui, sera moins visible de jour car sur la route et sur le rail en 2030. La route nées destinées aux applications f erroviaires. Ce système fait partie contraint de circuler la nuit pour permettre le pour desservir le territoire, le rail pour les des conditions requises par l’UE trafic voyageurs. Pour réduire la surcharge du grosses quantités et les longues distances. Ex- pour l’interopérabilité. trafic et les coûts élevés du transport, d’ici ploiter les atouts des modes de transport et 2030 il sera décidé de manière contraignante tirer les leçons des erreurs. Le marché déter- I que les capacités de transport non utilisées sur tous les modes de transport devront être mine les modes de transport et c’est la chance de la route et du rail. Ensemble ça va mieux.» ICT — L’installation de contrôle des trains (ICT) est un équipement de rendues transparentes en temps réel par les mesure le plus souvent fixe installé sur la voie, qui contrôle divers divers prestataires et commercialisées au p aramètres concernant la sécurité, au passage des trains roulant à la vitesse de circulation. Le réseau coût marginal. La distribution capillaire dans les grandes villes telles Zurich, Berne et Ge- JOSEF JÄGER nève se fera avec de nouveaux concepts de DIRECTEUR ET PRÉSIDENT DU CONSEIL des CFF comporte plus de 100 ICT D ’ADMINISTRATION DE CAMION TRANSPORT AG placées à d’importants points straté- transport pilotés par une instance supérieure giques. aux entreprises.» «Je suis convaincu que le rail INTERDICTION DE CIRCULER LA NUIT — peut être rentable dans le tra- THOMAS En Suisse, les véhicules à moteur fic marchandises. L’esprit de d édiés au transport des marchan- l’époque donnera de nouvelles SCHWARZENBACH dises et dont le poids excède 3,5 t ne sont pas autorisés à circuler sur les impulsions au trafic ferro- routes entre 22.00 et 5.00. L’interdic- viaire de marchandises. Peut- tion de circuler le dimanche s’ap- DIRECTEUR SPEDLOGSWISS être l’association route/rail plique aux dimanches et jours fériés. «Le commerce traditionnel réussira-t-elle à être attirante. INTEROPÉRABILITÉ — On entend par recule au profit du com- Vouloir promouvoir le trafic ferroviaire de là l’aptitude de divers systèmes, merce en ligne, engendrant marchandises implique une amélioration de techniques et organisations à fonc- tionner ensemble. Le respect des une charge accrue des ré- l’infrastructure routière. A ce titre, je compte normes communes garantit un trafic seaux de transport. Le tra- sur les constats des politiques et l’action qui ferroviaire sûr et direct sur le ré- fic marchandises planifiable en découlera. Seule la combinaison des deux seau européen. remportera un succès crois- modes est compétitive!» J sant auprès des consomma- teurs privés et de l’économie. Les modes de JUST-IN-TIME — Concept logistique dans lequel l’entreposage des m atières premières et des produits transport ne peuvent plus être considérés sé- parément: un transport sensé et économique LEO EBNETER – justement dans le trafic transfrontalier – ne RESPONSABLE LOGISTIQUE COOP semi-finis est réduit à un minimum absolu. Ici la ponctualité et la flexibi- peut se faire qu'en tenant compte de tous les «La densification du trafic lité des transports sont décisives. modes de transports présents. D’ici 2030, les nous contraint à raison- désaccords d’hier entre modes de transport L cèderont la place à une réflexion entre trafic ner différemment. L’avenir exige des concepts vision- LOGISTIQUE URBAINE — Concepts marchandises et trafic voyageurs. Sur le rail, naires. Nous voulons exploi- d’approvisionnement des agglo mérations afin d’optimiser les livrai- le handicap du trafic marchandises est réduit ter les atouts de chaque sons et enlèvements via une mise par de nouveaux concepts pour le prix du sil- mode de transport, route, en réseau des chaînes de livraison lon et l’ancienne règlementation des priorités rail et trafic combiné. Pour individuelles. en faveur du trafic voyageurs est redéfinie et Coop, le projet «Cargo souterrain» est nova- équilibrée. Le trafic marchandises en Suisse teur: il vise à délester la route et à transférer du ne sera pas le plus rapide possible, mais aussi trafic marchandises sous terre. Ce délestage planifiable que possible.» existera en 2030 et les premières aggloméra- tions telles que Zurich seront desservies ainsi.» 18 SBB Cargo 3 | 2014
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