Gestion des effets secondaires des traitements anti-cancéreux : ce que doit savoir tout hépato gastro entérologue

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POST’U (2022)

Gestion des effets secondaires
des traitements anti-cancéreux :
ce que doit savoir tout hépato
gastro entérologue
    Jérôme DESRAME
    55 avenue Jean-Mermoz - 69008 LYON
    jerome.desrame@orange.fr

                                                                                     pour le traitement adjuvant du cancer
                                            Introduction                             du pancréas réséqué), les patients qui
                                                                                     n’ont pas pu recevoir l’ensemble des
                                                                                     cycles prévus ont une survie globale
                                            Avec plus de 157 400 décès en 2019,      significativement inférieure à cinq
                                            le cancer en France est la première      ans [27,4 % vs. 41.9 % HR 0.64 (0.49-
                                            cause de mortalité chez l’homme et       0.84), p= 0.002] (3).
                                            la deuxième chez la femme. En 2018,      Les principales complications diges-
                                            plus de 382 000 nouveaux cas de          tives de la chimiothérapie sont :
                                            cancer ont été diagnostiqués en
                                                                                     -	Nausées et vomissements (N/V) ;
                                            France. L’activité de cancérologie
                                            représente près d’un quart de l’ac-      -	Mucite ;
                                            tivité hospitalière globale (près de     -	Diarrhée et colites post-chimiothé-
                                            10 % des hospitalisations ambula-           rapie ;
 OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES                     toires et près de 14 % des hospitali-
                                                                                     -	Constipation.
                                            sations complètes). Par ailleurs, les
—	Savoir identifier les situations d’ur-   cancers digestifs sont des tumeurs       Par ailleurs, les CT ont des complica-
   gence                                    fréquentes, notamment les cancers        tions hématologiques (anémie, neutro-
—	Savoir prévenir et gérer les compli-     du côlon et du pancréas (respective-     pénie, thrombopénie) et hépatiques
   cations hématologiques                   ment 43 000 et 14 000 nouveaux cas       que tout hépato-gastro-entérologue
                                            en 2018) (1). Enfin, les complications   pourra être amené à prendre en charge.
—	Savoir prévenir et gérer les compli-
                                            digestives liées à la chimiothérapie     La gestion de ces complications repose
   cations digestives
                                            (CT) – qui reste un des traitements      sur une démarche clinique et théra-
—	Savoir gérer les perturbations des       de base du cancer – font partie des      peutique classique avec cependant
   tests biologiques hépatiques             toxicités les plus fréquentes pour de    quelques particularités :
                                            nombreuses drogues. Ces quelques         -	On dispose d’échelles standardisées
                                                                                                                                ATELIERS

 LIEN D’INTÉRÊTS                            données permettent de comprendre            permettant l’évaluation de leur
                                            que tout hépato-gastro-entérologue,         sévérité (4). Ces échelles sont sur-
Aucun                                       qu’il soit ou non oncologue digestif,       tout utiles dans le cadre des essais
                                            sera souvent impliqué dans la prise         cliniques, mais leur utilisation en
 MOTS-CLÉS                                  en charge des effets secondaires            pratique quotidienne apporte une
                                            des traitements anticancéreux, et           aide précieuse pour l’appréciation
Toxicités chimio-induites ; nausées-­       qu’il est important de bien connaître       de la gravité de ces toxicités.
vomissements ; diarrhée ; colite post-      les éléments qui permettront une
chimiothérapie ; neutropénie ; neutro-      gestion adaptée de ceux-ci. En effet,    -	La prévention et le traitement de
pénie fébrile                               comme cela a été bien démontré pour         ces complications doivent s’ap-
                                            la neutropénie fébrile, ces complica-       puyer sur les recommandations
                                            tions ont un impact pronostique sur         des sociétés savantes (AFSOS,
 ABRÉVIATIONS                                                                           ESMO, MASCC, ASCO) qui sont
                                            le cancer, en entraînant des retards
CT : chimiothérapie                         de cure, une diminution de la dose          consultables sur leurs sites internet
DI : dose intensité                         d’intensité (DI) de la CT, voire son        respectifs.
N/V : nausées et vomissements               arrêt (2). (Dans l’étude prodige 24      -	Avant toute décision thérapeu-
VSN : valeur seuil normale                  (FOLFIRINOX versus gemcitabine              tique, il est important de s’in-

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former du pronostic de la maladie                (setrons) et de la neurokinine 1 (apre-               zine (Largactil) au PSE ne figure
   sous-jacente : la CT est-elle admi-              pitant, rolapitant, netupitant) et les                dans aucun référentiel ; ce médi-
   nistrée dans le cadre d’un trai-                 antagonistes de la dopamine (meto-                    cament doit être administré avec
   tement néo-adjuvant, adjuvant,                   clopramide).                                          précaution, en raison de ses effets
   métastatique à visée curative ou                                                                       sédatifs potentiels. L’olanzapine
                                                    Quelle doit être la prise en charge d’un
   palliative du cancer ? La consulta-                                                                    a montré son efficacité à la poso-
                                                    patient présentant des N/V retardés
   tion de la dernière fiche de réunion                                                                   logie de 10 mg/J dans la prévention
                                                    non contrôlés ?
   de concertation pluridisciplinaire                                                                     des N/V des CT hautement éméti-
   apporte souvent des informations                 -	Évaluer la gravité et le retentisse-               santes (7) et semble être un médi-
   importantes au praticien amené à                    ment clinique et biologique : dès                  cament prometteur, à la posologie
   prendre en charge un patient qu’il                  lors que les N/V ne permettent plus                de 5 mg/J, dans la prévention des
   ne connaît pas dans le cadre de                     des apports par voie orale satis-                  N/V chroniques, avec une bonne
   l’urgence.                                          faisants et qu’ils s’accompagnent                  tolérance (8). Son utilisation a
                                                       d’une déshydratation clinique, de                  été introduite dans les dernières
-	Enfin, le niveau d’intensité de la                  troubles hydroélectrolytiques et/                  recommandations de l’ASCO. En cas
   prise en charge doit être conforme                  ou d’une insuffisance rénale, une                  d’introduction récente d’un traite-
   aux éventuelles directives antici-                  hospitalisation doit être envisagée.               ment morphinique, une rotation
   pées du patient.                                                                                       morphinique doit être envisagée si
                                                    -	Éliminer une cause autre que la
Le but de cet article est d’apporter des                                                                  un traitement symptomatique ne
                                                       CT : métastases cérébrales, hyper-
éléments pratiques de prise en charge                                                                     permet pas de contrôler rapide-
                                                       calcémie, hyponatrémie, syndrome
pour les N/V, la diarrhée, les colites                                                                    ment la symptomatologie (6).
                                                       occlusif, stase gastrique favorisée
post-chimiothérapie et la neutropénie                  par une ascite ou une hépatomé-                 -	Adapter le traitement prophylac-
fébrile.                                               galie, introduction récente d’un                   tique au cycle suivant : si l’obser-
                                                       traitement morphinique (il s’agit                  vance de la prophylaxie primaire
Nausées et vomissements (5-6)
                                                       d’une cause fréquente, qui doit                    proposée initialement a été bonne,
On distingue les N/V anticipés, aigus,                 toujours être recherchée).                         il est recommandé de renforcer
survenant le jour de la CT, et ceux qui                                                                   cette dernière par la prescription
                                                    -	
                                                      S’informer de la prophylaxie
sont retardés, survenant au décours                                                                       d’une classe thérapeutique non
                                                      primaire prescrite et de l’adhérence
de la CT. Une prophylaxie primaire est                                                                    utilisée précédemment.
                                                      au traitement.
recommandée, adaptée en fonction du
                                                                                                       Diarrhée et colite post-chimiothé-
risque émétisant du protocole de CT                 -	Mettre en œuvre un traitement
                                                                                                       rapie (9,10,11) :
utilisé, le risque étant déterminé en                  adapté : pour les N/V chimio-in-
fonction de la drogue la plus éméti-                   duits, le niveau de preuve des                  La diarrhée est une des complications
sante du protocole (Hautement éméti-                   recommandations dans cette                      les plus fréquentes de la CT, notam-
sante : protocole à base de cisplatine.                situation est faible. On peut cepen-            ment avec les drogues (5 Fu, capeci-
Modérément émétisante : protocole                      dant retenir l’élément suivant : si             tabine, irinotecan, taxanes, thérapies
à base d’oxaliplatine, irinotecan.                     les corticoïdes ont été utilisés en             ciblées, inhibiteurs de tyrosine kinase)
Faiblement émétisante : gemcita-                       prophylaxie primaire, ils sont en               et les protocoles (FOLFIRINOX,
bine, 5 Fluorouracile, capecitabine,                   général peu efficaces. Un traite-               FOLFIRI-aflibercept, Gemcitabine-
taxanes, regorafenib en monothé-                       ment par anti-D2 type metoclo-                  Nab-paclitaxel, FLOT) utilisés en
rapie. Très faiblement émétisante :                    pramide 10 mg IV, 1 à 3 fois par                cancérologie digestive. Avec ces proto-
sorafenib) (tableau 1) (5). Les classes                jour (dose maximale : 0.5 mg/                   coles, les patients présentent une
médicamenteuses utilisées, seules ou                   kg/J) peut être introduit, de même              diarrhée dans 30 à 40 % des cas, de
en association, sont les corticoïdes,                  qu’une benzodiazépine. À noter                  grade 3/ 4 dans 10 à 20 % des cas. Le
les antagonistes des récepteurs 5HT3                   que l’utilisation de la chlorproma-             plus souvent, la diarrhée est unique-

              Tableau 1 : Prophylaxie primaire en fonction du risque émétisant du protocole de chimiothérapie

                                                    Traitement J1                                  Traitement jours suivants

 Risque émétisant élevé sans Cisplatine             -   Aprepitant 125 ou Rolapitant 180           -    Aprepitant 80 J2, J3 si Aprepitant à J1
                                                    -   Setron                                     -    Corticoïde* J2 à J4
                                                    -   Corticoïde*

 Risque émétisant élevé avec Cisplatine             -   NEPA**                                     -    Corticoïde J2 à J4
                                                    -   Corticoïde

 Risque émétisant modéré                            -   Aprepitant 125 ou Rolapitant 180           -    Aprepitant 80 J2, J3 si Aprepitant à J1
                                                    -   Setron
                                                    -   Corticoïde*

 Risque émétisant faible                            -	Au choix : Metoclopramide ou Setron
                                                       ou Corticoïde***

*J1 Methylprednisolone 60 mg ; J2 à J4 Methylprednisolone 40 mg ou prednisone/prednisolone 50 mg
**NEPA : Netupitant 300-Palonosetron 0.5, en prise unique à J1
*** Methylprednisolone 20 à 40 mg ou prednisone/prednisolone 25 à 50 mg

                                                                         366
Tableau 2 : Grades de toxicité de la diarrhée chimio-induite

                                      Grade 1                         Grade 2                        Grade 3                      Grade 4

 Nombre de selles                       < 4/J                          5 à 6/J                > 7/J ou incontinence      Collapsus hémodynamique
 supplémentaires/
 normale

                                                Tableau 3 : Évaluation de la gravité de la diarrhée

 -   Atcd récent d’hospitalisation, d’antibiothérapie
 -   Nombre de selles/J
 -   Signes cliniques associés : déshydratation, douleurs abdominales, nausées, vomissements, fièvre…
 -   Signes biologiques associés : troubles ioniques, insuffisance rénale fonctionnelle, syndrome inflammatoire, neutropénie

Diarrhée grave : Diarrhée grade 3/ 4 ou Diarrhée grade 1/ 2 avec au moins 1 signe clinique ou biologique associé

ment secondaire à une toxicité de la                  fonction du terrain et de la gravité du                22 % dans une série récente (13). Ces
CT, mais les formes s’intégrant dans                  tableau clinique, d’emblée ou en l’ab-                 patients doivent être pris en charge
un tableau de colite post-chimiothé-                  sence d’amélioration rapide, discuter                  en milieu de soins intensifs.
rapie ne doivent pas être méconnues.                  une antibiothérapie empirique par
                                                                                                             - La colite « médicamenteuse » : on
La prise en charge initiale vise donc à               ciprofloxacine – metronidazole et un
                                                                                                             peut regrouper dans cette catégorie
évaluer la gravité du tableau clinique                traitement par octreotide SC 150 à
                                                                                                             des tableaux de colite de mécanismes
et à rechercher des éléments évoca-                   200 µg x 2 à 3/J ou IVSE 25 à 50 µg/h.
                                                                                                             très variés, survenant en outre dans
teurs d’une colite post-chimiothérapie
                                                      Les colites post-chimiothérapie (11)                   un contexte de traitement par bio-
(tableaux 2 et 3).
                                                      peuvent être en rapport avec une                       thérapie ou inhibiteurs de tyrosine
La diarrhée de grade 1/ 2 sans signe                  colite à C. Difficile, une colite neutro-              kinase. Plusieurs cas de colite ulcérée
de gravité relève d’une prise en charge               pénique, ou une colite « médicamen-                    d’allure ischémique ont été rapportés
ambulatoire :                                         teuse », notamment chez les patients                   avec des drogues anti-angiogé-
                                                      traités par biothérapies ou inhibiteurs                niques, notamment le bevacizumab,
•	Hydratation abondante, fractionne-                                                                        cette classe médicamenteuse étant
                                                      de tyrosine kinase.
   ment des repas en privilégiant les                                                                        par ailleurs associée à un risque de
   féculents et en limitant les apports               - La colite à C. Difficile : La CT en elle-            perforation digestive. De même, des
   en fibres et en lactose                            même est un facteur de risque de l’in-                 cas de colite lymphocytaire ont été
•	Lopéramide : 2 gélules à la première               fection à C. Difficile, avec un spectre                rapportés chez des patients traités
   selle liquide puis 1 gélule à chaque               d’expression clinique allant de la                     par FOLFIRI-aflibercept (14), avec
   selle liquide ; maximum 8/J. Arrêt                 simple diarrhée post-chimiothérapie                    l'association mesalazine et budeso-
   en l’absence de selles liquides                    résistante au traitement symptoma-                     nide, qui a permis la poursuite de la
   depuis plus de 12 heures                           tique à la colite grave (colite fulmi-                 chimiothérapie. Ces éléments sou-
                                                      nante, mégacôlon toxique) menaçant                     lignent l’importance de savoir évoquer
•	Diosmectite : 1 à 2 sachets, trois                 le pronostic vital (12). Le traitement                 une étiologie médicamenteuse spéci-
   fois par jour                                      de référence est la vancomycine par                    fique devant des tableaux de diarrhée
                                                      voie orale, 125 mg x 4/J, éventuelle-                  réfractaire chez des patients traités
•	Si diarrhée non contrôlée : raceca-
                                                      ment associée au metronidazole IV,                     par chimiothérapie.
   dotril : 1 gélule trois fois par jour
                                                      500 mg x 4/J dans les formes graves,
                                                      avec mise en place de mesures d’iso-                   Neutropénie fébrile (15,16)
•	
  R éévaluation quotidienne : en
  l’absence d’amélioration en 48 à                    lement du patient.                                     La neutropénie fébrile est définie
  72 h, hospitalisation et octreotide                                                                        par une fièvre > 38,5°C pendant plus
                                                                                                                                                        ATELIERS

  (hors AMM) SC 150 à 200 µg x 2 à                    - La colite neutropénique (typhlite) :
                                                                                                             d’1 heure, ou 1 fièvre > 38°C pen-
  3/J ou IVSE 25 à 50 µg/h après                      elle complique le plus souvent les CT
                                                                                                             dant plus d’1 heure associée à au
  coproculture avec recherche de                      aplasiantes des hémopathies malignes
                                                                                                             moins un pic fébrile > 38,5°C, avec un
  C. difficile                                        mais s’observe également au cours
                                                                                                             taux de polynucléaires neutrophiles
                                                      des CT des tumeurs solides, notam-
                                                                                                             < 500/mm3 (neutropénie grade 4) ou
La diarrhée grave nécessite une prise                 ment à base de taxanes. Le diagnostic
                                                                                                             < 1 000/mm3 avec une chute prévisible
en charge en hospitalisation pour                     repose sur la survenue, dans un
                                                                                                             < 500/mm3 dans les 48 h (tableau 4).
réhydratation, réalisation d’un bilan                 contexte de neutropénie fébrile, d’un
                                                                                                             Une hypothermie dans un contexte de
comprenant une coproculture avec                      tableau douloureux abdominal avec en
                                                                                                             neutropénie est également à prendre
recherche de C. Difficile, des hémocul-               imagerie un aspect d’épaississement
                                                                                                             en compte. C’est une complication fré-
tures en cas de fièvre, et une imagerie               des parois coliques, touchant le plus
                                                                                                             quente (1 % des patients traités par
s’il existe des douleurs abdominales                  souvent le côlon droit, associé à une
                                                                                                             CT) et grave (10 % de mortalité).
et/ou des rectorragies associées. En                  distension de la lumière colique et
l’absence d’argument en faveur d’une                  éventuellement du grêle d’amont, la                    Après une évaluation soigneuse
colite post-chimiothérapie : réhydrata-               présence d’une pneumatose pariétale                    (tableau 5), une antibiothérapie
tion IV et prise en charge identique à                étant un signe de gravité. Le pronostic                doit être débutée en urgence, dans
la diarrhée grade 1/ 2. Cependant, en                 reste sévère, avec une mortalité de                    l’heure qui suit l’admission du patient.

                                                                            367
Tableau 4 : Grade des neutropénies (PNN/mm3)

                  1                                   2                                   3                               4

         VSN* – 1500/mm3                     1500 – 1000/mm3                      1000 – 500/mm3                     < 500/mm3

VSN* : valeur seuil normale

                              Tableau 5 : Évaluation d’un patient présentant une neutropénie fébrile

   Bilan clinique :
   - recherche des critères de gravité * : (hypotension, hypothermie, oligoanurie, choc, baisse de la saturation en O2…)
   - recherche de signes cliniques infectieux
   - examen clinique complet (pouls, tension artérielle, Indice de Karnofsky…)
   Radio pulmonaire : en cas de signes d’orientation
   Bilan biologique :
   - NFP
   - ionogramme sanguin, créatinine sérique
   - Recherche d’anticorps irréguliers si Hb  500, hémocultures négatives

À noter que les GCSF ne sont pas                  longée (> 10 jours). Le score MASCC                et résidant à proximité d’une struc-
recommandés en première intention                 (tableau 6) est une aide pour guider le            ture de soins : prise en charge
(ce qui est également le cas pour la              choix de l’antibiothérapie et la possi-            ambulatoire (tableau 7) ;
neutropénie isolée), mais ils peuvent             bilité d’un traitement en ambulatoire :
                                                                                                   -	Patient à bas risque ne pouvant
être discutés en cas de sepsis sévère             -	Patient à bas risque (score MASCC                être pris en charge en ambulatoire
ou d’un risque de neutropénie pro-                   ≥ 21), entouré à domicile, joignable             (tableau 7) : hospitalisation ;

                                                                       368
-	
  Patient à haut risque (score            que la prise en charge d’un patient             4.	CRITERES DE TOXICITE. NCI-CTC Version
  MASCC < 21) : hospitalisation.          doit rester personnalisée, avec pour                4.0. Traduction française. www.ffcd.
                                                                                              fr/DOC/PROFESSIONNEL/TOXICITES/
  Antibiothérapie IV couvrant             objectif premier l’optimisation de la               NCICTC_4.pdf
  Pseudomonas aeruginosa, en              tolérance des traitements. Ainsi, le
  monothérapie en l’absence de point      NEPA peut être utilisé dans le trai-            5.	Jovenin N, et al. Nausées-vomissements
                                                                                              induits par les traitements anti-cancéreux
  d’appel infectieux particulier et       tement du cholangiocarcinome avec                   (NVITAC) : quelle prise en charge en
  conforme au protocole de la struc-      l’association gemcitabine-cisplatine                2018 ? Mise à jour du référentiel AFSOS.
  ture hospitalière : cefepime 2 gr IV    (GemCis) (toxicité grade 3/ 4 : nausées             Bull Cancer 2019;106:497-509
  x 3 /J, à adapter sur la clairance      4 %, vomissements 5.1 %) (17), alors            6.	
                                                                                             Walsh D, et al. 2016 Updated MASCC/
  de la créatinine ou piperacilline/      qu’à l’inverse on ne peut l’utiliser avec          ESMO consensus recommendations:
  tazobactam 4 gr/500 mg x 3 /J, à        l’association capecitabine-oxaliplatine            Management of nausea and vomiting
  adapter sur la clairance de la créa-    (XELOX) (18) en traitement adjuvant                in advanced cancer. Support Care
                                                                                             Cancer. 2017;25:333-40.
  tinine. Le critère d’arrêt de l’anti-   du cancer colique (pas de rembourse-
  biothérapie est le même que pour        ment). Pourtant, le XELOX a un profil           7.	Navari RM, et al. Olanzapine for the
  les patients à bas risque mais un       de toxicité identique en phase III au               Prevention of Chemotherapy-Induced
                                                                                              Nausea and Vomiting. N Engl J Med
  avis de l’infectiologue référent est    GemCis (N/V respectivement 66 et                    2016;375:134-42.
  souhaitable.                            43 % tous grades ; respectivement
                                          5 et 6 % grade 3/ 4) et en pratique             8.	 Navari RM, et al. Olanzapine for the
Une prophylaxie primaire est recom-                                                          Treatment of Advanced Cancer–Related
                                          clinique, ce protocole pose plus sou-              Chronic Nausea and/or Vomiting. A
mandée pour les CT avec un risque
                                          vent des problèmes de tolérance                    Randomized Pilot Trial. JAMA Oncol
> 20 % de neutropénie ou entre
                                          digestive que le GemCis, avec parfois              2020;6:1-5.
10 et 20 % chez les sujets à risque
                                          des N/V majeurs, compromettant la               9.	Dischl-Antonioni I, et al. Diarr hées
de neutropénie (âge > 65 ans, sexe
                                          faisabilité du traitement, notamment                provoquées par les traitements systé-
féminin, comorbidités associées :                                                             miques anticancéreux. Rev Med Suisse
                                          chez les patients à risque. Il en va de
maladie avancée, dénutrition, insuf-                                                          2016;12:1462-7
                                          même pour la prophylaxie primaire de
fisance rénale ou hépatique, maladie
                                          la neutropénie par GCSF (cf. supra :            10.	 B o s s i P, e t a l . E S M O G u i d e l i n e s
cardiovasculaire, diabète, anémie)                                                              Committee. Diarrhoea in adult cancer
                                          neutropénie fébrile) en cancérologie
avec Lenograstim 34 MUI en injec-                                                               patients: ESMO Clinical Practice Guide-
                                          digestive.
tion sous-cutanée (SC) ou Filgrastim                                                            lines. Ann Oncol. 2018 ; 29 Suppl 4:iv126-
SC ( poids < 60 kg : 30 MUI ; poids                                                             iv142
> 90 kg : 48 MUI ; 60
5
    Les cinq points forts
    ●	Les complications des chimiothérapies ont un impact pronostique
       et leur prise en charge est un enjeu majeur.

    ●	Les nausées-vomissements et la diarrhée font partie des toxicités
       les plus fréquentes des chimiothérapies.

    ●	La prévention des nausées-vomissements chimio-induits est
      conditionnée par le potentiel émétisant des chimiothérapies et
      repose sur l’utilisation de corticoïdes, d’antagonistes des récep-
      teurs 5HT3 (setrons), de la neurokinine 1 et d’antagoniste de la
      dopamine.

    ●	Le traitement de première ligne de la diarrhée chimio-induite
      repose sur le lopéramide. En cas de forme réfractaire ou grave,
      une hospitalisation est nécessaire pour éliminer une cause
      associée, (notamment une infection à C. Difficile), assurer une
      hydratation et adapter le traitement.

    ●	La prise en charge de la neutropénie fébrile est une urgence dont
       le traitement repose sur une antibiothérapie adaptée à la gravité
       du tableau clinique, à débuter dans les plus brefs délais.

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