GUIDE DE VISITEURS BESUCHERBROSCHÜRE VISITORS GUIDE - VEURNE DIKSMUIDE KOEKELARE DE PANNE - Flanders Fields
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
1 CARTE / KARTE / MAP INDEX EXPO ELSIE KNOCKER & MAIRI CHISHOLM, Guide de visiteurs Besucherbroschüre Visitors guide MADAME TACK & MIETJE BOEUF EXPO KONINGIN ELISABETH EXPO KÄTHE KOLLWITZ 1.9 & 2.0 Page 2 Seite 33 Page 64 FESTIVAL ‘TEN VREDE’ Noordzee Oostende Brugge La Femme cachée de la guerre Die weibliche Flanke des Krieges Her Side of the War 1914-1918 1914-1918 1914-1918 De Panne Koekelare EXPO MARIE CURIE Veurne Diksmuide EXPO KÄTHE KOLLWITZ Westhoek Ieper Kortrijk NEDERLAND Londen UNITED Dover KINGDOM Antwerpen Brugge Gent Calais Hasselt Westhoek Leuven BELGIË Brussel Waver Rijsel Luik Bergen LA FRANCE Namen
2 3 SOMMAIRE INTRODUCTION Une fois la guerre terminée, la place de la fem- me est de nouveau au foyer. Bien que certains essaient de revenir en arrière, ce ne sera plus Introduction 3 jamais comme avant. Les femmes avaient prouvé être les égaux des hommes. Pensons Furnes 4 par exemple à l’infirmière britannique Edith • MARIE CURIE 4 Cavell, la résistante belge Gabriëlle Petit, l’e- spionne brugeoise Jeanne de Beir, l’écrivaine gantoise Virginie Loveling, l’activiste des droits Koekelare 9 des femmes Marie Élisabeth Belpaire, la com- • KÄTHE KOLLWITZ 9 mandante russe Maria Botchkareva et toutes les autres. Dixmude 16 La Première Guerre Mondiale, également qua- Le Westhoek connaît également des femmes • ELSIE KNOCKER & MAIRI CHISHOLM, MADAME TACK & lifiée de catastrophe originelle, fut à la base fortes : la scientifique Marie Curie, l’artiste et MIETJE BOEUF ET D’AUTRES FEMMES DE LA GUERRE 16 de beaucoup de développements inattendus. mère de famille Käthe Kollwitz, la Reine Elisa- • KÄTHE KOLLWITZ 1.9 & 2.0 23 Aussi bien pendant qu’après la guerre. Les beth, les infirmières du front Elsie Knocker soldats – les hommes – se battent au front. et Mairi Chisholm. Elles ont toutes leur place Les femmes, quant à elles, travaillent derriè- dans les expositions consacrées à La Fem- La Panne 24 re le front en zone occupée ou en zone libre. me cachée de la guerre à La Panne, Furnes, • LA REINE ELISABETH 24 Les femmes font le travail des hommes, aux Koekelare et Dixmude. Mais également Mieke champs et dans les usines de munition. Elles Deboeuf et Madame Tack – toutes deux sont conduisent les tramways et les ambulances, évoquées à Dixmude – les infirmières Dorothie Calendrier 30 elles équipent les corps de sapeurs-pompiers Feilding et Jane De Launoy. Sans parler des ou rejoignent un corps d’aide. nombreuses femmes anonymes. Les infirmi- Colophon 95 ères attentives, les mères dévouées dans les Bien que dans l’ensemble, la femme au foyer zones occupées et territoire libre. disparût à l’arrière-plan pendant les années de guerre, beaucoup de femmes continuent à Marie Élisabeth Belpaire écrit dans son journal : se conformer aux attentes traditionnelles. Les « La guerre bouleverse tout. Les forts mainte- soins des enfants et des innombrables blessés nant, ce sont les femmes et les hommes res- sont et restent une affaire de femmes. semblent de plus en plus à des femmes. » www.lafemmecacheedelaguerre.be
Furnes EXPO MARIE CURIE SAMEDI 9 AVRIL 2016 - DIMANCHE 8 JANVIER 2017 4 CENTRE D’EXPÉRIENCE PATRIE LIBRE - FURNES 5 MARIE CURIE L’appel de Furnes et du Westhoek La fuite à Paris Marie Curie est née en 1867 à Varsovie en Pologne. À cette époque, la ville de Varsovie est occupée depuis près de cent ans par les Russes. Les femmes ne sont plus admises à l’université et la langue d’enseignement est le russe. À l’âge de seize ans, Marie achève ses QUI EST MARIE études au gymnase. Le soir, elle assiste aux cours de l’université clandestine. En 1891, elle trouve refuge à Paris. Elle fait des études Nom : Marya Salomea Sklodowska, de chimie, de physique et de mathématiques. également appelée Mania Après trois ans, Marie rencontre un cher- Née : le 7 novembre 1867 à Varsovie, cheur et physicien français : Pierre Curie. Ils Pologne s’éprennent l’un de l’autre et se marient deux Mariée : le 26 juillet 1895 avec Pierre Curie ans plus tard. Ce sont des noces sans falba- Centre d’expérience Patrie Libre Centre d’expérience Patrie Libre Enfants : Irène (°1897) et Eve (°1904) las et sans église. En 1897, Irène voit le jour, Grote Markt 29, 8630 Veurne Formation : suivie sept ans plus tard par une petite sœur +32 (0)58 33 55 31 Le Centre Patrie Libre raconte l’histoire derrière • 1893-1894 : Licence en physique et : Eve. Entre les deux naissances, les deux ne info@vrijvaderland.be le front, la vie quotidienne en zone libre, le der- mathématiques restent pas à rien faire. Après de nombreu- www.vrijvaderland.be nier morceau de territoire belge inoccupé. Vous • 1903 : Docteur en physique avec ses études et recherches, ils découvrent deux trouverez le centre d’expérience dans l’hôtel de mention très honorable matières radioactives : le polonium et le radi- Heures d’ouverture ville sur la Grand-Place de Furnes, qui héberge Faits marquants : • 1 avril - 11 novembre également l’Office de Tourisme de Furnes. • 1903 : Prix Nobel de Physique avec Lu au ve : 9h - 17h Pierre Curie et Henri Becquerel Sa au di : 10h - 17h • 1911 : Prix Nobel de Chimie • 12 novembre - 31 mars • Crée avec sa fille Irène vingt installati- Lu au ve : 9h - 17h ons radiologiques mobiles, les petites Sa au di : 13h - 17h Curies, pendant la Première Guerre Mondiale, ainsi que près de deux-cents Fermé postes de radiologie fixes. 24, 25, 31 décembre et le 1er janvier. Décédée : le 4 juillet 1934 à Sancellemoz, France Pierre Curie meurt dans un accident en 1906 Marie Curie avec Pierre et Irène
6 7 um. Entre 1899 et 1904, les Curies publient mari. Le 11 mai 1906, le conseil de faculté de – tantôt ensemble, tantôt à titre individuel – 32 la Sorbonne lui présente à l’unanimité la chaire contributions scientifiques. de son mari. Cette brillante scientifique parvient à fissionner du radium pur et à ajouter un nou- Une guerre étant une affaire Le fardeau de Nobel vel élément au tableau de Mendeleïev. En 1910, coûteuse, le gouvernement Marie recueille toutes les connaissances sur la français lance un appel en 1914 radioactivité dans un ouvrage en deux tomes : à souscrire à des emprunts de Traité de Radioactivité. La vie, ses recherches guerre et à céder de l’or. Curie et l’amour continuent. En 1911, Marie s’éprend apporte son or à la Banque de France. de Paul Langevin, un ancien étudiant de son Le fonctionnaire est indigné et refuse ses époux. Mais Paul est marié et Marie se fait traî- médailles d’or scientifiques. Marie trouve ner dans la boue par la presse française. Une cela ridicule. Irène Curie à Hoogstade (1915) foule en rage assiège sa maison. Marie doit fuir avec ses filles et trouve refuge chez des amis. À la guerre Marie, Pierre et Henri Becquerel Heureusement, il y a également une bonne nou- La 1e Guerre Mondiale est un fait et tous les velle en 1911. Marie reçoit le prix Nobel de Chi- hommes valides sont appelés sous les dra- En 1903, Marie Curie est docteur en physique. mie. En décembre 1912, la Sorbonne et l’Institut peaux. Avec sa fille Irène, Marie crée plusieurs Le couple Curie reçoit – avec Henri Becquerel – Pasteur cofinancent le nouvel Institut du Radi- unités radiologiques. Mais ça ne va pas sans le prix Nobel de physique. Un coup de chance um. Son laboratoire se fait très vite une réputa- peine. En tant que femme au front, elle doit faire financier, puisque Pierre pourra ensuite occuper tion et en juillet 1914, la pavillon Curie est prêt, face à la bureaucratie militaire et aux hommes un poste de professeur à la faculté des scien- mais la Première Guerre Mondiale a commencé ayant une haute idée d’eux-mêmes. Très vite, ces naturelles de la Sorbonne. Néanmoins, le et la France mobilise son armée le 1er août. Marie et Irène comprennent qu’il faut des unités Le Dr. Souttar, Marie et Irène Curie à Furnes Prix Nobel n’est pas un cadeau. Très vite, leurs mobiles : on perd trop de temps avec le trans- journées sont bien plus chargées et ils sont sui- port et beaucoup de blessés ne peuvent même Curie répond à une lettre du Service de San- vis par les journalistes et les photographes com- pas être transportés. Les premiers appareils té de l’armée française. Ce service n’apprécie me des stars de la science. Plus tard, leur fille radiologiques mobiles sont baptisés les petites guère son départ à Furnes, mais Marie ne se Eve Curie écrit dans sa biographie : « Le nom de Curies. Dans notre pays, on la retrouve réguliè- laisse pas faire : « À Furnes, j’ai mené des re- Curie est un grand nom aujourd’hui. Le couple rement au front de l’Yser et au Saillant d’Ypres. cherches radiologiques dans le but d’aider tant est plus riche financièrement, mais plus pauvre À la fin de la guerre, la France dispose de plus que possible. Le couple royal belge avait expri- en bonheur. » Le 19 avril 1906, le sort frappe de de cinquante unités mobiles et de plus de cinq mé le souhait que je continue mes efforts en ces plein fouet. Pierre Curie meurt dans un accident cents appareils fixes. temps difficiles. » de la route. « Dès le moment où elle prit pleine- ment conscience des trois mots Pierre est mort, Au front belge En Flandre un manteau de solitude et de silence se drapa à Le 5 décembre 1914, Marie et sa fille Irène se En décembre 1914, Marie et Irène rencontrent tout jamais sur ses épaules », écrit Eve Curie à rendent à Furnes. Elle y installe son appareil à Elsie Knocker et Mairi Chisholm. Ces dernières propos de sa mère. rayons X dans le Collège épiscopal. Pendant travaillent en tant qu’infirmières au front, dans un leur visite à Furnes, la mère et sa fille séjournent poste médical à Pervijze. Vous pourrez lire tout Un nouveau départ à l’hôtel Die Nobele Rose dans la Noordstraat à leur sujet à la page 17. Un mois plus tard, Ma- Le monde scientifique français comprend que 11. Deux mois plus tard, le bâtiment est touché rie fait installer un appareil à rayons X au collège seule Marie peut perpétuer le travail de son de plein fouet. Le 13 décembre 1914, Marie Saint-Stanislas à Poperinge, qui était à ce mo-
Koekelare EXPO KÄTHE KOLLWITZ SAMEDI 9 AVRIL 2016 - DIMANCHE 8 JANVIER 2017 8 MUSÉE KÄTHE KOLLWITZ - KOEKELARE 9 ment l’Hôpital d’évacuation n°15 des Français. radiologue et de Marie : « Il travaillait minutieu- Début mars 1915, un nouveau défi l’attend. Elle sement avec un engin beau et coûteux qui lui a reçoit un télégramme court et clair : « Nous at- été offert – ou plutôt qui a été offert à l’hôpital tendons avec impatience Radiographie – Hôpi- – par Madame Curie. » En 1917, Marie et Irène tal gare Adinkerke Belgique – Médecin en chef instruisent des infirmières et d’autres femmes Bastin Macaigne. » Durant les premiers mois de dans le maniement des appareils, formant ain- la guerre, 42 hôpitaux de campagne sont érigés. si deux-cents assistantes en radiologie. Parfois Beaucoup font appel aux appareils à rayons X froide et flegmatique, Marie est par contre tou- de Marie Curie. jours chaleureuse avec ses patients. Elle est douce, aimable et les rassure. Dans la deuxième moitié du mois d’août 1915, Marie se rend au Belgian Field Hospital Clep à Des générations de Prix Nobel Hoogstade, où elle vient livrer la petite Curie n°10. Sa fille Irène y restera jusqu’en octobre 1915 pour y diriger le service de radiologie. N’ayant que dix- huit ans, elle éprouve surtout l’opposition des mé- decins militaires plus âgés. Une jeune femme qui dirige des militaires plus âgés est, en effet, une chose inédite. Mais pendant ce temps-là, Marie Curie a d’autres soucis : « Aussi performants que puissent être les appareils et les méthodes, ce sont surtout les collaborateurs qui les comman- Irène, Hélène et Marie Curie à Brunoy (1930) dent qui déterminent leur rendement. » Musée Käthe Kollwitz Musée Käthe Kollwitz Après la guerre, Marie reprend la direction de CC De Brouwerij l’Institut du Radium à Paris. Irène devient son as- Sint-Maartensplein 15B, Le musée raconte l’histoire de l’artiste alleman- sistante. Dès 1929, Marie Curie perd rapidement 8680 Koekelare de Käthe Kollwitz et de son fils Peter. L’Office de la vue. Son anémie l’épuise. Le 4 juillet 1934, +32 (0)51 61 04 94 tourisme et le musée se situent tous les deux à la elle meurt des suites de l’exposition prolongée à info@koekelare.be Sint-Maartensplein à Koekelare. Le site de l’an- la radioactivité, dont elle ne connaissait pas les cienne brasserie héberge également le Musée du dangers, bien qu’elle s’en doutât. Ce n’est qu’en Heures d’ouverture Travail saisonnier. 1995 que Marie et Pierre Curie sont panthéo- • 15 mai - 15 novembre nisés pour leurs mérites exceptionnels pour la Ma au ve : 9h30 - 12h et 13h30 - 17h Marie et Irène Curie à Hoogstade (1915) patrie française. Sa, di et jours fériés : 13h30 - 17h • 16 novembre - 14 mai Des chiffres froids pour une femme Leur fille Irène épouse le jeune scientifique Fré- Ma au ve : 9h30 - 12h et 13h30 - 17h chaleureuse déric Joliot. Ils travaillent ensemble à l’Institut du Dernière entrée à 16h30. Les hôpitaux français et belges à Beveren et Radium. En 1935, le couple gagne le prix Nobel Roesbrugge ont également l’honneur d’accueil- de chimie. La cadette Eve Curie est plus créative. Fermé lir la lauréate du prix Nobel. L’hôpital à Roes- À partir de 1965, elle et son mari œuvrent pour Le lundi et le mercredi matin. brugge a été fondé par l’infirmière américaine l’Unicef. L’organisation reçoit le prix Nobel de la Ellen La Motte. Dans son journal, elle parle du paix en 1965. Son mari est à la tête de l’Unicef.
10 11 KÄTHE KOLLWITZ vres fut associée au sacrifice, au chagrin et à la perte, ses œuvres ultérieures représentent des mères protégeant leurs enfants. Le visage angélique à la • Begrüssung – Salutation (1892) est un exem- fois artistique et social ple de ses premières créations d’inspiration idéaliste. Käthe a réalisé cette gravure après Käthe Schmidt est née le 8 juillet 1876 à Tableau issu de Germinal la naissance de son fils Hans. Il s’agit de l’une Königsberg, en Prusse de l’Est. Même avant de ses rares œuvres représentant des gens le début de la 1e Guerre Mondiale, Käthe était que de cette période de ses débuts. La scène qui profitent des petites choses de la vie. déjà une artiste engagée. Son mariage avec représentée est issue de l’œuvre éponyme • L’affiche Deutsche Heimarbeit – Travail à Karl Kollwitz, médecin dans un quartier pauv- d’Emile Zola. domicile en Allemagne de 1906 est d’un tout re de Berlin, agrandit encore son engagement. autre ordre. Elle crée l’affiche sur le travail Après la mort de son fils Peter sur le champ de La gravure Vorstadt - Banlieue datant de 1901 à domicile en Allemagne pour la Deutsche bataille, elle exprime son chagrin dans son art s’y raccorde parfaitement et illustre son en- Heimarbeit-Ausstellung. Tout comme huit anti-guerrier virulent. Les mères, les veuves, gagement social croissant. La gravure An der ans plus tôt, son projet provoque un conflit les fils morts et les enfants innocents sont des Kirchenmauer – Au mur de l’église (1893) est avec la cour impériale. thèmes récurrents dans son travail. également typique. Il s’agit d’une étude pour la- quelle les mains et le visage de Käthe ont servi de modèle. La gravure Frau an der Wiege – Un nouveau regard sur Femme au berceau de 1897 a probablement été réalisée à l’occasion de la naissance de Peter, Käthe Kollwitz le deuxième fils de Käthe et de son mari Karl. QUI EST KÄTHE Artiste, femme et mère La femme L’année 2016 et La Femme cachée de la Les femmes jouent un rôle important dans son Guerre offrent un nouveau regard sur Käthe œuvre. Dans les cycles Le soulèvement des Nom : Käthe Schmidt Kollwitz. La nouvelle exposition au musée tisserands et La guerre des paysans, ce sont Née : Le 8 juillet 1867 à Königsberg, Käthe Kollwitz la présente non seulement en les femmes qui incitent les hommes à passer Prusse de l’Est – aujourd’hui Kaliningrad, tant qu’artiste, mais également en tant que à l’action. Les femmes de Käthe ne restent pas Russie femme et mère. Vous y découvrirez sept passives, mais sont actives. Elles encouragent Mariée : Le 13 juin 1891 avec Karl thèmes : les débuts, la femme, la mort, les la lutte. La salle d’attente de son mari, le doc- Kollwitz autoportraits, la guerre, l’engagement social teur Karl, est une source d’inspiration rêvée Enfants : Hans (°1892) et Peter (°1896) et le prolétariat. pour Käthe. La mort de leur fils Peter est la Décédée : Le 22 avril 1945, Moritzburg, source d’inspiration la plus douloureuse. Après Dresde, Allemagne Les débuts la Première Guerre Mondiale, les sculptures de Käthe Kollwitz commence sa carrière artisti- femmes sont d’un réalisme et d’une expres- que vers 1880. Elle dessine surtout des auto- sivité prononcés. Elle n’accentue pas tant les portraits sans thème spécifique. Très jeune, représentations sentimentales de la maternité, elle est attirée par la classe ouvrière. Son mais la situation pénible de la classe ouvrière. œuvre Szene aus Germinal (1893) est typi- Alors que la femme dans ses premières œu- Affiche Travail à domicile en Allemagne
12 13 • Besuch im Krankenhaus – Visite à l’hôpital dant que son enfant se cramponne à elle en pédiatrique (1926) montre comment les en- vain. Cette œuvre est une métaphore pour la fants n’échappent pas non plus à la misère pire des pertes : l’enfant qui perd sa mère. et à la dureté de la vie ouvrière. • Mutter mit Kind auf dem Arm – Mère avec Autoportraits enfant de 1916 se rattache à Begrüssung. Käthe Kollwitz réalise beaucoup d’autopor- La mère avec enfant est un thème récurrent. traits. On pourrait dire qu’elle a une certaine • Après la Première Guerre Mondiale, les fem- fascination pour elle-même. Elle n’a que peu mes dans l’œuvre de Käthe sont plus réa- d’autres sources d’inspiration. À la fin de sa listes et expressives. Avec Mütter gebt von vie, elle montre la souffrance. Les portraits eurem Überfluss – Mères, faites don de vot- sont un miroir de son état d’âme. Selbstbild- re abondance datant de 1926, elle incite les nis am Tisch – Autoportrait à table (1893) est femmes à offrir leur excès de mère maternel l’un des plus anciens autoportraits connus de aux banques de lait. Käthe, la représentant à l’âge de 25 ans, assi- • Arbeiterfrau mit schlafendem Jungen – Ou- La mort et la femme se à sa table de travail. Selbstbildnis – Auto- vrière avec garçon dormant trahit l’épuise- portrait de 1921 montre une Käthe tourmen- ment de la dure vie ouvrière en 1927, avec je dois », écrit-elle dans son journal. La mort a tée. Dans Selbstbildnis im Profil nach rechts un regard vide et des épaules abaissées. de nombreux visages. L’adieu peut être doulou- – Autoportrait de profil (1938), c’est la résigna- • Entre 1932 et 1936, Käthe travaille à Mutter reux, dramatique et effrayant, mais également tion qui domine. La veuve I mit zwei Kindern – Mère avec deux enfants. libérateur et consolant : la mort comme ami. La sculpture fond deux enfants avec leur Les mères et Le peuple. En réalisant ce cycle, mère nue, protectrice. Les bras et les jam- Le cycle Tod - Mort de 1934-1935 se compose Käthe veut en finir avec les années de guer- bes serrés forment une union inébranlable. de huit lithographies et surclasse toutes les il- re. La série met l’accent sur la misère de ceux lustrations antérieures. Frau vertraut sich dem qui restent : les mères, les veuves, les enfants. À partir de 1910, Käthe Kollwitz se concentre Tod an – Femme tendant la main à la Mort de Les volontaires est l’exception à la règle. Ici, sur l’art sculptural. Elle abandonne son style 1934 est la première litho du cycle. Le thème son fils Peter prend place à côté de la Mort qui graphique pour un style plus sculptural avec est également abordé dans Ruf des Todes conduit les volontaires au champ de bataille – gravure sur bois. Sur le plan thématique, elle – L’appel de la Mort de 1934. La composition ou disons plutôt au champ de carnage. La série introduit également un nouveau motif : la mère, montre Käthe assise à une table. Une main est exposée une première fois en 1924 au nou- l’enfant et la mort. droite tendue lui touche l’épaule. Dans son veau Musée Anti-guerre de Berlin. journal, elle confie à ses proches : « Il m’est La mort dur de vous faire mes adieux. Mais le désir de Au début de la guerre, Käthe Kollwitz croyait La mort est tissée en filigrane dans la vie de la mort persiste. Laissez-moi partir, mon heure encore au sacrifice à une cause sacrée. La Käthe Kollwitz. Le décès de son frère Benjamin, est venue. » série présente cependant une mère qui ne veut son aîné d’un an, pendant sa propre jeunesse y pas perdre son enfant. Dans Die Witwe I – La est sans aucun doute pour quelque chose. Se- Die Carmagnole - La Carmagnole (1901) sem- Autoportrait avec la main plaquée sur le front Veuve I, elle évoque la situation des veuves lon Käthe, sa mort est une punition de Dieu par- ble atypique. On voit uniquement des femmes et des orphelins de guerre. Die Witwe II nous ce qu’elle s’est détournée de lui. Bien entendu, en train de danser autour de la guillotine. Son La guerre montre une mère désespérée et inconsolable. la mort de son fils Peter joue également un rôle fils Hans a posé pour le personnage du tam- 1922 et 1923 mènent au cycle Krieg - Guerre. Elle est couchée par terre et serre son enfant crucial dans son travail. « Je dois encore réali- bour. Tod und Frau – Mort et femme montre en Ses principales gravures sur bois : Le Sacrifice, mort contre sa poitrine. Das Volk – Le Peuple ser des illustrations de la mort. Je dois, je dois, 1910 comment la Mort surprend une mère pen- Les Volontaires, Les Parents, La Veuve I et II, est la septième et dernière feuille de la série.
14 15 Une mère enceinte symbolise la confiance en • Käthe crée l’affiche Wien stirbt! Rettet Seine Prolétariat l’avenir. C’est une femme forte qui résiste aux Kinder! – Vienne meurt ! Sauvez ses enfants Chômage, Faim et Mortalité infantile sont sterben – Mortalité infantile de 1924, Käthe trai- conséquences de la Première Guerre Mondia- ! à l’occasion de la famine qui frappe l’Autri- trois gravures sur bois du cycle Proletariat de te le sujet de la mortalité infantile croissante du- le. Die Überlebenden / Krieg dem Kriege! – Les che et Vienne. Verbrüderung - Fraternisation 1925. La série s’inspire de la crise allemande rant les années de crise. L’eau-forte Arbeitslo- survivants / Guerre à la Guerre ! datant de 1923 (1924) est la couverture de la nouvelle Le d’après-guerre. Erwerbslos - Chômage illustre sigkeit de 1909 représente le désespoir d’une ne fait pas partie du cycle Krieg, mais illustre soldat chantant d’Henri Barbusse. Demon- la situation désespérée d’une famille d’ouvriers famille ouvrière. l’importance de la femme et de la mère – en- stration - Démonstration (1930) dénonce la sans revenu. Dans la gravure sur bois Kinder tourée des atrocités de la guerre – dans la péri- dispersion violente de la manifestation ou- ode d’après-guerre. vrière par les troupes des nationaux-socia- listes. Engagement social • Helft Russland – Aidez la Russie est une Pendant sa jeunesse, Käthe Kollwitz est soci- affiche pour la division berlinoise de l’Aide alement engagée et radicale. Avant la Premi- ouvrière internationale datant de 1921. L’or- Koekelare en zone ère Guerre Mondiale, elle penche plutôt pour ganisation a été créée en réaction à la fa- le parti de gauche du SPD de son mari Karl, le mine en Russie, ayant fait cinq millions de occupée Sozialdemokratische Partei Deutschlands. Mais victimes. la mort de Peter est un revirement. Elle se sent Peur du Lange Max trahie par son pays et adopte radicalement une Pendant la Première Guerre Mondiale, Koe- attitude pacifiste. kelare se trouve près du front allemand, mais • Gedenkblatt für Karl Liebknecht – Annales suffisamment loin pour y stationner des soldats pour Karl Liebknecht (1919) est une gravure allemands en sécurité. En 1917, l’arrivée d’u- sur bois du fusillé Liebknecht à la mortuaire. ne nouvelle batterie d’artillerie met fin à cette Käthe visualise le chagrin des ouvriers. Elle paix relative. Lange Max en est un des fleurons. apprécie Liebknecht comme l’un des rares Le canon fait plus de 17 mètres de long, pèse socialistes à s’être opposé dès le début à la plus de 75 tonnes et a une portée de 50 kilomè- belligérance. tres. Le canon à longue portée est équipé par 52 fusiliers marins et officiers du Marinekorps Flandern. Les troupes allemandes finiront par Musée Lange Max démanteler le canon en 1941. Le Musée Lange Clevenstraat 2, 8680 Koekelare Max raconte l’histoire du fameux canon et du +32 (0)475 58 50 51 Marinekorps Flandern. info@langemaxmuseum.be www.langemaxmuseum.be Heures d’ouverture Juillet – août Du lundi au dimanche : 14h - 18h Septembre – juin Du mercredi au dimanche : 14h - 18h Karl Liebknecht sur son lit de mort Mortalité infantile
Dixmude EXPO ELSIE KNOCKER & MAIRI CHISHOLM, MADAME TACK & MIETJE BOEUF ET D’AUTRES FEMME DE LA GUERRE 16 SAMEDI 9 AVRIL 2016 - DIMANCHE 8 JANVIER 2017 17 MUSÉE DE LA TOUR DE L’YSER - DIXMUDE ELSIE KNOCKER Baronne du Westhoek Avec sa collègue et amie Mairi, Elsie fait partie des femmes les plus photographiées au front. Pendant près de quatre ans, elles travaillent en tant qu’infirmières dévouées dans un poste de secours qu’elles ont elles-mêmes créé dans le secteur belge à Pervijze. Après la guerre, Elsie a du mal à trouver son chemin. Elle n’arrive pas à oublier Pervijze. Une femme libre Le Musée de la Tour de l’Yser Oser c’est faire IJzerdijk 49, 8600 Diksmuide En 1890, Elsie Knocker est orpheline. Tout +32 (0)51 50 02 86 QUI EST ELSIE comme ses frères et sœurs, elle reçoit son info@aandeijzer.be héritage à l’âge de 21 ans. En 1903, elle ap- www.museumaandeijzer.be prend le français et l’allemand en Suisse. En Nom : Élisabeth Blackall Shapter cette même année, elle commence une forma- Heures d’ouverture Née : le 29 juillet 1884, Exeter, Angleterre tion d’infirmière dans un hôpital pédiatrique. • 1er avril - 30 septembre Adoptée : en 1891, par Lewis Edward Elle y fait la connaissance de son futur mari Du lundi au vendredi : 9h - 18h Upcott et sa femme Emily Leslie Duke Knocker en 1905. Ils se marient Samedi, dimanche et jours fériés : Mariée : le 5 avril 1906 avec Leslie en 1906, mais son mari devient très vite vio- 10h - 18h Knocker. Divorcée en 1912. Remariée lent. Six ans après leurs noces, le divorce est • 1er octobre - 31 mars Musée de la Tour de l’Yser le 19 janvier 1916 avec le baron Harold officialisé. Chose exceptionnelle dans l’Angle- Du lundi au vendredi : 9h - 17h T’Serclaes terre puritaine. Pour éviter des problèmes, El- Samedi, dimanche et jours fériés : La Tour de l’Yser à Kaaskerke, commune de Enfants : Kenneth (°1907) sie raconte que son mari est mort à Java. En 10h - 17h Dixmude, héberge également un musée. Vous y Formation : Sage-femme, 1913 1913, elle obtient son diplôme de sage-fem- Dernière entrée une demi-heure avant découvrirez l’histoire du front belgo-allemand pen- Faits frappants : Dès le mois de décem- me. Elle s’achète un side-car, adhère à un l’heure de fermeture. dant la 1e Guerre Mondiale, tout en étant confron- bre 1918, elle ne vit plus avec le baron club motocycliste, participe à des courses et té aux thèmes de l’identité nationale et du pacifis- Harold T’Serclaes, un pilote belge, mais elle n’a pas froid aux yeux. À l’automne 1913, Fermé me. Une exposition temporaire au onzième étage elle reste baronne. elle rencontre une jeune femme également 24, 25, 26, 31 décembre et les 1er et vous présente les infirmières Elsie Knocker et Mai- Décédée : le 26 avril 1978, Epsom, passionnée de motos : Mairi. 2 janvier. Le musée sera fermé à partir ri Chisholm, les femmes belges Madame Tack et Grande-Bretagne du 9 janvier jusqu’au 29 janvier 2017 Mietje Deboeuf et d’autres femmes ordinaires et inclus. extraordinaires pendant la guerre.
18 19 MAIRI CHISHOLM Les miss de Pervijze La « high society » au front Munro’s Flying Ambulance Corps Août 1914. Le début de la guerre. Elsie et Mairi Mairi a près de douze ans de moins que son veulent faire quelque chose. Elles s’engagent amie-infirmière Elsie. Elle grandit dans une fa- volontairement dans le Women’s Emergen- mille de l’upper class écossaise. Elle aime la cy Corps. Le docteur Munro, un neurologue technique et la moto, tout comme Elsie. Les écossais, est sous l’impression de la condui- deux deviendront inséparables. Le 25 septem- te de Mairi. Il lui demande si elle veut devenir bre 1914, elles s’embarquent ensemble pour volontaire auprès de son Flying Ambulance Ostende. Corps, une ambulance privée. Le but ? Eva- Un soldat belge est soigné par Elsie et Mairi dans les environs cuer les soldats blessés du front aux hôpitaux. de Pervijze Mairi accepte et lui recommande Elsie comme Entre huile et moteurs renfort. Fin octobre, elles déménagent à Furnes où l’hôpital principal est installé au collège des Fille d’un gentleman garçons. Les conditions de vie sont mauvaises. Mairi est née dans une famille écossaise distin- Il n’y a pas de draps, ni d’écoulement des eaux. guée. Ses parents possèdent plusieurs proprié- L’hôpital est surpeuplé et il n’y a pas grand-cho- tés et à un moment donné, ils vont même vivre se à manger. Mairi et Elsie aident pendant les sur leur plantation de thé à Trinidad. En 1900, la opérations et les amputations, leurs journées famille déménage à Dorset. Il arrive même que sont longues, elles dorment peu et travaillent le Roi Édouard VII vienne jouer aux cartes avec sous une énorme pression. le père Roderick. Pendant son enfance, Mairi apprend le français. Après sa scolarité, elle ne Pervyse QUI EST MAIRI fait pas ce que la plupart des filles font à son Début novembre 1914, les deux infirmières âge. Elle s’habille de façon pas très féminine et créent leur propre poste de secours près du porte régulièrement les combinaisons de travail front, à Pervijze. Dans une maison avec cave à Nom : Mairi Lambert Gooden-Chisholm de son frère. Elle est généralement couverte Le 25 septembre, Elsie et Mairi arrivent à Os- moitié détruite, les blessés sont soignés avant of Chisholm d’huile et de suie car elle se charge de l’entretien tende avec treize collègues. À Gand, Elsie et d’être envoyés à l’hôpital de Furnes. Un poêle Née : le 26 février 1896, Nairn, Écosse de la moto de ce dernier. Son père est fier, alors Mairi ramassent les blessés dans un périmèt- qui dégage beaucoup de fumée apporte un peu Faits frappants : Mairi ne se mariera que sa mère en est malade. Mairi ne tardera pas re de trente kilomètres, également des soldats de chaleur. Il y a un piano dans un coin de la jamais. En 1918, elle est fiancée au à avoir sa propre moto. À l’automne 1913, elle allemands. Elles prennent des risques et s’a- cave. Pour beaucoup de soldats blessés, cette Second Lt. William Thomas Hall, alias fait la connaissance d’Elsie. venturent régulièrement dans des situations cave est un petit bout de ciel sur terre. Il arrive Bob, de la Royal Air Force. Mais les dangereuses. Elles doivent se mettre à l’abri même qu’on y chante et qu’on y danse. fiançailles seront rompues plus tard. jusqu’à ce que les combats de rue soient ter- Après huit semaines en Belgique, les amies re- Décédée : le 22 août 1981, minés avant de pouvoir continuer leur transport tournent en Angleterre pour une semaine. Pen- Chnoc-an-Fhurain, Écosse des blessés. Après la chute d’Anvers en octob- dant leur absence, les troupes du génie belge re 1914, tout est évacué à Ostende. Désorma- améliorent la sécurité et la viabilité du poste de is, l’initiative privée est liée à la Belgian Field secours. Ils créent un endroit pour dormir con- Ambulance. fortablement à un kilomètre et demi du front.
20 21 Outre plusieurs hauts militaires et officiers, Ma- vijze. Après quelques discussions, elles inven- Le 22 juin 1918, Elsie et Mairi sont ensemble rie Curie et sa fille Irène visitent également le tent quelque chose de nouveau : un poste de à Londres pour la dernière fois. Leur amitié se poste de secours. Vous pouvez lire leur histoire secours ambulant. Le 11 avril 1916, la baraque termine ici. Peut-être parce que Mairi apprend à la page 5. Mairi trouve que les Allemands est montée à Steenkerke, hors de la portée qu’Elsie n’est pas une veuve après tout ? sont toujours très corrects lors- de l’artillerie allemande. Mais Pervijze semble Des stars dans la presse qu’elles se rendent dans le no avoir une force d’attraction à laquelle elles ne Le baron Harold T’Serclaes Début 1915, les journaux Britanniques consa- man’s land pour y ramasser les peuvent résister et elles y retournent en juillet. En 1915, un certain baron Harold de T’Ser- crent régulièrement des articles à Elsie et Mairi morts ou les blessés. Elle ne se Elles trouvent une nouvelle maison en face de claes survole régulièrement le territoire de Per- sous des titres éloquents : Infirmières britanni- mettra à haïr les Allemands que lorsque la brasserie. Le nouveau poste de secours est vijze. Elsie et l’aviateur belge de 26 ans se ren- ques risquant leur vie, Femmes anglaises sous son petit chien Shot est tué par une atta- un fait. Les troupes du génie belge aident avec contrent pour la première fois dans une cave à les tirs ou Les dames vivant dans des caves. En que au gaz des Allemands en mars 1918. l’aménagement. Pervijze. Ils se marient. La vaillante infirmière janvier 1915, le poste de secours doit trouver un Elle note dans son journal : « Je ne crois est désormais baronne. Le couple marié se voit nouvel endroit pour raisons de sécurité. À Wul- pas que j’aie déjà haï l’ennemi, mais Les madones à peine et fin 1918, leur mariage échoue. Parce veringem, le Roi Albert Ier remet la distinction depuis que mon chien a été gazé, je Les journaux continuent à suivre Elsie et Mairi. que T’Serclaes apprend via les instances ec- honorifique Chevalier dans l’Ordre de Léopold à souhaite, j’ai hâte de tuer un Allemand. » On les appelle les Madonnas of Pervyse, ou clésiastiques qu’Elsie est toujours mariée pour Elsie et Mairi. Elles font la une de tous les jour- les Héroïnes de Pervyse. Fin 1916, un livre leur l’église avec son premier mari ? Il n’y aura pas naux belges. Plus leur notoriété grandit, plus est consacré : The Cellar-House of Pervyse. À de divorce officiel. elles peuvent recueillir des fonds pour financer l’automne 1917, le roi George V leur remet la leur poste de secours. Elsie et Mairi retournent Military Medal britannique. En décembre, la La vie amoureuse de Mairi, l’amie d’Elsie, n’est régulièrement en Angleterre et en Ecosse. Elles Reine Élisabeth de Belgique leur remet la Mé- pas toute rose non plus. Mairi s’est fiancée au parviennent même à remplir l’Alhambra Theat- daille Élisabeth, une décoration pour services lieutenant Willem Thomas Hall en 1918. Il est re, l’une des plus grandes salles de Londres. exceptionnels. Lire également à la page 25. observateur auprès de la Royal Air Force. Mais les fiançailles sont rompues pour des raisons inconnues. Ce sera son unique romance dont on a connaissance. Elsie et Mairi dans les tranchées avec leur chien ‘Shot’ En 1947, Harold de T’Serclaes et Le baptême du feu sa deuxième femme, plus jeune En janvier 1915, le frère cadet d’Elsie, le lieu- que lui, sont condamnés par défaut tenant Lewis Henry Shapter, périt au combat. au peloton d’exécution par la jus- Un peu plus tard, un obus explose à Pervijze, L’infirmière Elsie Knocker, baronne T’Serclaes, se rétablit à tice belge. T’Serclaes est un pion au milieu d’un groupe de soldats qui passaient l’hôpital après l’attaque au gaz en 1918 important auprès de l’Abwehr, le service par là, provoquant un énorme ravage. Elsie d’espionnage allemand. Après la 2ième Mairi Chisholm et Elsie Knocker montrent leurs décorations parle de son baptism of fire, son baptême du En mars 1918, les madones sont elles-mêmes Guerre Mondiale, le baron et son amie belges pendant leur visite en Grande-Bretagne en octobre 1916 feu. « Ils ont le cerveau qui leur sort de la tête hospitalisées à L’Océan à La Panne. Elsie se vivent dans la clandestinité dans des pays », constate-t-elle. Le poste de secours est lour- trouvant dans un état assez grave, elle est ra- germanophones et en Italie. T’Serclaes dement touché, il y a des morts partout. Après patriée à Londres pour une longue convales- meurt dans les années cinquante à Rome. quinze mois, elles sont obligées de quitter Per- cence. Elle ne peut plus retourner à Pervijze.
22 23 Une nouvelle vie vie après la guerre. Elle loge chez de la famil- soulignant le sort des femmes. La femme souf- Après la guerre, Elsie a du mal à trouver sa le pendant un certain temps et commence un Expo frante qui perd son enfant pendant la guerre est voie. Le souvenir de la 1e Guerre Mondiale établissement avicole. Dans les années tren- un thème fréquent. Käthe Kollwitz 1.9 montre reste présent. Elle baptise sa maison Pervyse te, elle part souvent en France et en Allemag- Œuvres exceptionnelles de Käthe Kollwitz un graphisme oppressant axé sur un sujet à la Cottage. En 1978, elle meurt en tant que baron- ne à moto pour les vacances. Mairi Lambert L’exposition Käthe Kollwitz 1.9 dans l’hôtel de fois complexe et sensible. L’art prouve que la ne Élisabeth Blackall de T’Serclaes dans une Gooden-Chisholm ou Chisholm meurt au mois ville de Dixmude présente des œuvres exclusi- femme ne subit pas passivement, mais qu’elle maison de repos d’Epsom. Elle a 93 ans. d’août 1981 des suites d’un cancer du poumon. ves de la célèbre artiste. Les œuvres sont prê- se bat activement pour sa survie et ses enfants. Mairi, quant à elle, se cherche une nouvelle Elle a 85 ans. tées exceptionnellement par le Musée Käthe Elle protège contre les tueries de la guerre. Kollwitz à Cologne. Elles sont parmi les plus L’exposition est ouverte de 10h à 17h. importantes de son œuvre et offrent une meil- leure compréhension de Käthe Kollwitz en tant > SA 03.09 – DI 02.10.2016 Madame Tack Mietje Deboeuf qu’artiste et femme. Les anciennes séries de gravures mondialement connues Le soulève- Expo Käthe Kollwitz 1.9 ment des tisserands (1893-1897) et La guerre OÙ : Salle gotique Hôtel de Ville, Dixmude des paysans (1902-1908) seront également ex- INFO : Office de Tourisme Dixmude posées. Ces séries vous révèlent ses antécé- +32 (0)51 79 30 50 dents révolutionnaires et augurèrent sa percée toerisme.diksmuide.be à l’âge de 31 ans. La feuille Losbruch de la série La guerre des paysans montre non seulement Un hommage contemporain à Käthe Kollwitz les femmes comme sacrifice de la guerre et la Comment les artistes contemporains interprè- mort, mais aussi l’appel à la justice. tent-ils l’œuvre et les idées de Käthe Kollwitz ? L’exposition Käthe Kollwitz 2.0 : Tout pour rien rend hommage à son œuvre socialement en- gagée. Vous découvrirez des œuvres d’Orlane Kindt (France), de Wendy Morris (Afrique du Sud), d’Ortrud Sturm (Allemagne) et des ar- tistes belges Linda Molleman, Greet Van Au- tgaerden, Hilde Vandaele, Lies Van Gasse et Anne Vanoutryve. L’exposition est ouverte de Maman des tranchées La Joconde au front 10h à 17h. Marie-Thérèse Faverger de la Favarge-Tack, Mietje Deboeuf, ou Mietje Boeuf, s’appelle une douairière ou veuve de la haute société en fait Marie Declerck. Lorsque la 1e Guerre > SA 03.09 – DI 02.10.2016 âgée de 78 ans, habite à la Digue de l’Yser à Mondiale commence, elle a 64 ans et habite sa Nieuwkapelle. Elle refuse de déménager et ap- petite maison sur la ligne de front. Les militai- Expo Käthe Kollwitz 2.0: Tout pour rien provisionne les soldats belges en cigarettes, res belges la connaissent comme la Joconde. Losbruch (L’éruption), feuille 5 de la série La guerre des paysans OÙ : Galerie Montanus.5, Dixmude fruits et sucreries. Ces derniers l’appellent la Elle leur offre du café et du lait de chèvre, mais (1902-1903) INFO : Galerie Montanus.5 Mère des soldats, parfois aussi Madame de l’Y- aussi des mots de consolation. Le Roi Albert +32 (0)51 50 48 24 ser ou Maman des tranchées. Le 20 juin 1916, Ier lui remet la Croix civique de 1e classe. Elle Les pièces de résistance de l’exposition sont montanus.5@skynet.be elle reçoit la Croix de Chevalier dans l’Ordre de meurt en 1922 à Kaaskerke. Sa tombe reste sept feuilles du cycle Guerre. Elles datent de Léopold II. Vous trouverez la maison de Mada- introuvable. 1921 et 1922 et sont réalisées sur bois. Käthe me Tack au n° 18, IJzerdijk à Nieuwkapelle. Kollwitz accentue les sacrifices de la guerre en
La Panne EXPO LA REINE ÉLISABETH SAMEDI 9 AVRIL 2016 - DIMANCHE 8 JANVIER 2017 24 MAISON DE LA CULTURE DE SCHARBIELLIE - LA PANNE 25 LA REINE ÉLISABETH La Reine-infirmière Élisabeth est une duchesse allemande originai- re de la Bavière. Elle rencontre le prince Albert pour la première fois en avril 1900. Six mois plus tard, les deux sont mariés. Élisabeth est une femme libérée. Pendant la guerre, la reine visite régulièrement l’hôpital de la Croix-Rouge, L’Océan à La Panne. Très vite, le mythe de la reine-infirmière se propage. Élisabeth se sou- cie du sort des enfants en zone non-occupée. Elle s’intéresse également très fort aux arts et aux artistes. L’illustration la plus célèbre de cet- te passion est le concours Reine Élisabeth. Elle meurt à l’âge de 89 ans. QUI EST ÉLISABETH La Reine de tous les Belges Maison de la Culture De Scharbiellie De Scharbiellie Femme libérée avec un cœur pour l’art et la Kasteelstraat 34, 8660 De Panne Nom : Élisabeth Gabriëlle Valérie Marie culture +32 (0)58 42 97 53 La Maison de la Culture De Scharbiellie vous fait Wittelsbach Élisabeth Gabriele Valérie Marie van Wittels- cultuur@depanne.be découvrir le musée permanent consacrée à la Née : le 25 juillet 1876, Possenhofen, bach épouse le prince héritier Albert de Bel- www.depanne.be collection d’art océanique du notaire honorifique Haute-Bavière gique le 2 octobre 1900. En 1901, elle donne Paul Simpelaere (1906-2006). Le musée évoque Mariée : le 2 octobre 1900 avec le prince naissance à un premier fils : Léopold, suivi Heures d’ouverture également le Roi Léopold III. De Scharbiellie ac- héritier Albert de Belgique plus tard par Charles et Marie-José. En 1909, Du mardi au dimanche : 14h - 18h cueille régulièrement des expositions temporai- Enfants : Léopold (°1901), le futur Roi la princesse devient reine. Élisabeth n’aime res et des événements culturels. Léopold III, Charles (°1903) le prince-ré- pas le protocole étouffant à Bruxelles et fuit Fermée gent après la 2ième Guerre Mondiale et régulièrement le palais. Elle voyage sans le lundi et les jours fériés Marie-José (°1906) roi, aime l’art, la culture et surtout la musique. Faits frappants : Reine de Belgique à Elle reçoit régulièrement toutes sortes d’artis- partir de décembre 1909 tes et de scientifiques. Elle visite les ateliers Décédée : le 23 novembre 1965, Bruxelles de James Ensor, d’Emile Claus et d’Eugène Laermans. Certains la qualifient d’autoritaire, présomp- tueuse et impulsive. D’autres optent pour dy- namique, assurée et optimiste. Elle se tient à
26 27 l’écart de la politique, mais ça ne signifie pas bombardements. Pendant la guerre, la Villa Lorsque La Panne et ses environs font partie qu’elle n’ait pas une opinion tranchée. « Les Maskens est le centre du pays. Beaucoup de de la zone britannique, le couple royal séjourne ministres sont de véritables moules. Ils ne pen- personnes éminentes y viennent rendre visite. dans Les Moëres. Le Roi Albert, avec la Reine sent qu’à leur propre départ. Ils vont au Havre Dans la Villa de Terschueren, la reine suit quoti- Élisabeth à ses côtés, fait sa Joyeuse Entrée », écrit-elle le 11 octobre 1914 dans son journal. diennement une heure de néerlandais, parfois à Bruges le 25 octobre 1918. Deux semaines accompagnée de ses trois enfants. La Villa de plus tard, l’Armistice est officialisé. Après la gu- Terschueren héberge de hauts officiers, alors erre, le couple royal reprend sa place familière. Un dernier petit bout de que dans la Villa Saint-Joseph, des religieuses portugaises ont organisé – à la demande de la Belgique libre reine – une école pour orphelins. Enfin, il y a la Villa Bortier : un entrepôt pour les provisions. Les villas royales La reine y stocke de la nourriture en provenan- L’hôpital L’Océan, géré par la Croix-Rouge Le 4 août, les troupes allemandes envahissent ce de l’Angleterre pour les œuvres caritatives. la Belgique. Le roi est pessimiste quant à l’is- sue de la guerre et envisage une capitulation. Même pendant la guerre, la reine voyage La reine et son secrétaire le convainquent de beaucoup, mais le grand public n’est pas au ne pas renoncer et de se retrancher à la mer. courant de ses voyages. Début 1918, elle part Le gouvernement belge s’exile à Sainte-Adres- même faire une cure de deux mois en Médi- se près du Havre. À l’automne 1914, le roi et la terranée. reine s’installent à La Panne. Un cœur pour les enfants Quatre maisons forment ensemble les rési- La reine se soucie fort du sort des enfants dences royales. Il s’agit, d’est à l’ouest, des dans la région du front. Elle crée deux écoles La Reine, un appareil photo à la main, se baladant quelque part à villas Bortier, de Terschueren, Saint-Joseph et pour les enfants restés dans la région du front. La Panne pendant la guerre Maskens. Le couple royal occupe la Villa Mas- Il s’agit des Écoles de sa Majesté la Reine à Villa Belle-Vue kens-Calmeyn près de la plage. La vie n’y est Vinkem-Wulveringem : Le Jardin Marie-José pas toujours agréable et la reine y est séparée pour enfants de trois à huit ans, et du Refuge de temps à autre panser les blessures des La Comtesse de Réthy : de ses enfants qui sont en Angleterre. La Pan- Charles-Théodore, une école mixte pour en- soldats, mais elle les encourage surtout. De ne est régulièrement le décor de tirs ou de fants de huit à quatorze ans. l’hôtel/hôpital L’Océan, jadis si prestigieux, reine du déguisement il reste aujourd’hui uniquement la Villa Belle- L’Océan Vue (Koninginnelaan 34). Butée et mystérieuse À la mi-octobre 1914, Ostende doit héberger Après la guerre, la reine mène une vie in- plus de dix mille soldats blessés. L’Hôtel L’O- En attendant l’armistice dépendante. Albert ne sait pas toujours ce céan à La Panne, un hôtel de vacances d’été À La Panne, elle fait presque quotidiennement qu’elle fait, ni où elle est. Le 3 février 1932, il datant de 1904, est mis à la disposition de la une promenade à cheval. Elle fait beaucoup lui écrit une lettre : « J’espère bientôt recevoir Croix-Rouge sur les instances de la reine. Le de photos des visiteurs, de la Villa Maskens de tes nouvelles, sur ta santé, ce que tu fais 20 décembre 1914, les premiers blessés arri- et du front. Élisabeth reçoit aussi beaucoup et peut-être tes projets. » La reine essaie de vent et la capacité monte de cent à deux-cents d’invités : le peintre Emile Claus, le composi- prudemment rétablir le contact avec sa famil- lits. Fin 1918, l’hôtel/hôpital compte 1.800 lits. teur Camille Saint-Saëns, l’astronome Charles le en Bavière. Dans le plus grand secret, car Élisabeth aime visiter l’hôpital. En février 1916, Lagrange, le médecin Henri Widmer, l’écrivain/ après la guerre, tout ce qui est allemand, est Les villas royales elle suit même un cours d’infirmière. Elle aide globe-trotter Pierre Loti et beaucoup d’autres. sujet sensible.
Vous pouvez aussi lire