Kim Pasche, coureur des bois - INTERVIEW Réducteur de bruits

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Kim Pasche, coureur des bois - INTERVIEW Réducteur de bruits
Revue mensuelle | www.chassenature.ch | N° 5 mai 2018

INTERVIEW           REPORTAGE                                    SALON

Kim Pasche,         Réducteur de bruits                          Nouvelle édition
coureur des bois    à l’essai                                    pour Passion Nature
Kim Pasche, coureur des bois - INTERVIEW Réducteur de bruits
La photo insolite

Désinvolte goupil
             M
                                                             aître renard, réputé rusé, mais générale-
                                                             ment plutôt craintif, ne semble pas perturbé
                                                             par l’arrivée de son cousin canidé, lors de sa
                                                    balade au bord du Rhône en mars dernier. Léonard
                                                    Lathion, témoin de cette rencontre peu habituelle, n’a
                                                    pas manqué de l’immortaliser pour nous rappeler com-
                                                    bien le comportement de la faune peut parfois nous
                                                    étonner. «Petite surprise lors d’une promenade domi-
                                                    nicale, nous raconte-t-il. Un renard peu farouche a
                                                    tenté un rapprochement avec mon bleu de Gascogne.
                                                    Créancé sur chevreuil et lièvre, Merlin n’a toutefois pas
                                                    été plus surpris que ça de voir le goupil s’approcher à
                                                    trois mètres. Malgré un petit aboiement, il a tout de
                                                    même montré qui était le chef, et Maître renard n’en
                                                    prit pas ombrage. La suite de la promenade s’est dé-
                                                    roulée sur les pas de l’animal qui a gardé une distance
                                                    de sécurité de cinquante mètres, en nous précédant
                                                    sur un bon kilomètre avant de rejoindre son territoire.
                                                    Les quelques automobilistes qui ont assisté à la scène
                                                    l’ont sans doute trouvée étrange, voire amusante. Le
                                                    cortège renard, chien, chasseur ne s’observe en effet
                                                    pas tous les jours.»

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ou insolites à : vincent.gillioz@gmail.com.         Toute photo proposée par un non-abonné
Si leur qualité est suffisante pour l’impression,   lui vaudra six mois d’abonnement gratuit
elles seront publiées ici avec vos explications.    en cas de publication…
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no 5 mai 2018 | CHASSE ET NATURE | 3

ÉDITO

Actus, déclin des
oiseaux, silencieux…
| Vincent Gillioz, rédacteur de Diana Chasse et Nature

D
       epuis ce mois, Diana Chasse et Nature vous
       propose une nouvelle page «Actus» dans la-
       quelle nous abordons l’actualité de la chasse et
de la nature, les sorties littéraires, ainsi que les nou-
veautés en relation avec le matériel. Nous espérons
que cette nouvelle rubrique répondra à vos attentes, et
restons évidemment à l’écoute de toutes les remarques
et suggestions qui peuvent nous permettre d’améliorer
continuellement le contenu de notre revue.

Disparition des oiseaux
  La récente publication des résultats d’études en rap-
port avec le déclin des oiseaux en Europe a fait grand
bruit. Les médias ont largement relayé l’information très
préoccupante. Parmi les causes de cette situation figure
la diminution des espaces naturels. Mais l’utilisation des
pesticides et l’intensification des pratiques agricoles du-
rant le dernier quart de siècle sont surtout pointées du
doigt. Les chercheurs ont encore observé que le rythme
de disparition s’est intensifié ces deux dernières années.
Sans surprise, ce constat est contesté par des groupes
d’intérêts qui préfèrent décrédibiliser le travail des
scientifiques, plutôt qu’envisager la mise en œuvre des
solutions durables, probablement moins profitable finan-      les sept sages pourraient bien devoir remettre l’ouvrage
cièrement. Heureusement, les milieux concernés par la         sur le métier. Plusieurs pays ont déjà adopté ces équi-
biodiversité, parmi lesquels les chasseurs, s’engagent        pements qui, contrairement à ce que pensent certains,
tout au long de l’année pour l’aménagement et la conser-      ne favorisent ni le braconnage ni les activités illégales.
vation de biotopes qui favorisent la survie de l’avifaune.    La question est ici de préserver l’ouïe des chasseurs,
                                                              d’éviter les lésions irréversibles, et de ce fait limiter des
Silence on chasse !                                           dépenses publiques et collectives à long terme.
  Malgré la non-entrée en matière du Conseil fédéral
sur la question des réducteurs de bruit pour les armes        Passion nature
de chasse, plusieurs personnes sont récemment reve-             En attendant l’ouverture de la chasse, n’oubliez pas
nues à la charge sur cette question, en avançant l’in-        de passer par le Valais pour la deuxième édition du sa-
térêt de ces outils en termes de santé publique. Parmi        lon Passion nature. Une belle occasion de rencontrer
les acteurs du dossier, la SUVA semble avoir été enfin        des passionnés et d’envisager sa saison avec différents
entendue. Face aux nouvelles demandes et arguments,           professionnels. Nous vous souhaitons bonne lecture.
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4 | CHASSE ET NATURE | n° 5 mai 2018

                                                 SOMMAIRE

     Le braconnage
                              Dans le rétro...
                                                 7                                                   Revue mensuelle fondée en 1883
                                                                                                     Organe officiel de la Société suisse

     dans les Alpes                                                                                  des chasseurs «La Diana»
                                                                                                     www.chassenature.ch

          vaudoises
           Texte et photos Bernard Reymond
                                                                                                     ÉDITEUR
                                                                                                     Diana Romande
                                                                                                     Les Crettets 21
                                                                                                     1342 Les Charbonnières

                                                                                                     ÉDITEUR DÉLÉGUÉ
                                       Salon
                                                                                                     AdVantage SA

    Passion Nature                                                                                   Editions & Régie publicitaire
                                                                                                     Avenue d’Ouchy 18, 1006 Lausanne

       sur les rails                                                                                 RÉDACTION

                                                                                             11
                                                                                                     Vincent Gillioz
                        Texte Vincent Gillioz                                                        Tél. 076 370 83 91
                                                                                                     vincent.gillioz@gmail.com

                                                                                                     ABONNEMENTS

                                                 15
                                                                                                     AdVantage SA
                                    Interview
                                                                                                     Avenue d’Ouchy 18, 1006 Lausanne

       Kim Pasche,                                                                                   Tél. 021 800 44 37
                                                                                                     abo.chassenature@advantagesa.ch

    le trappeur des                                                                                  PUBLICITÉ
                                                                                                     Marianne Bechtel

  temps modernes                                                                                     Tél. 079 379 82 71
                                                                                                     mac@bab-consulting.com
                                                                                                     AdVantage SA
           Texte Chassons.com, photos divers                                                         Tél. 021 800 44 37
                                                                                                     regie@advantagesa.ch
                                                                                                     Délai de réservation:
                                                                                                     le 1er du mois pour parution
                                  Technique                                                          dans l’édition du mois suivant

      Les silencieux                                                                                 MISE EN PAGES
                                                                                                     l’atelier prémédia Sàrl

       font du bruit                                                                                 Tél. 079 830 61 38

               Texte et photos Vincent Bürgy                                                 20      julia.dubuis@lapm.ch

                                                                                                     IMPRESSION
                                                                                                     Imprimerie Saint-Paul
                                                                                                     Boulevard de Pérolles 38

                                                 29
                                   Avifaune                                                          1700 Fribourg

         Préserver
la nature et sauve-                                                                                  Tirage: 4000 exemplaires

  garder l’avifaune                                                                                  N° 5 MAI 2018
                                                                                                     Photo de couverture :
            Texte et photos Georges Laurent                                                          Gérard Berthoud

                                                                                                     Les articles publiés dans Diana
                          Recette de chasse                                                          Chasse et Nature n’engagent que

                  Raviolis
                                                                                                     leurs auteurs. Les documents
                                                                                                     envoyés ne sont pas restitués, sauf
                                                                                                     accord préalable avec la rédaction.
                aux cèpes                                                                            Tous droits de reproduction (articles

                                                                                             50
                                                                                                     et illustrations) réservés pour tous
                             d’Alain Baechler                                                        pays. La reproduction de tout ou
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                                                                                                     faire l’objet d’un accord préalable
                                                                                                     avec la rédaction.

           2 La photo insolite par Léonard Lathion | 5 Les actus par Vincent Gillioz | 25 Poster :
            Mouflons : espèce exotique bien implantée par Vincent Gillioz | 26 Portfolio
                  par Gérard Berthoud | 32 Le coin du pêcheur : Je suis l’eau par Michel Bréganti

                                                                   35 Les infos | 51 Jeu
                                                                                                     Scannez ce code avec votre
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Kim Pasche, coureur des bois - INTERVIEW Réducteur de bruits
5

                                               LES ACTUS
   Swiza tick tool                      également dans cette série de         les offres de loisirs pour l’hôte de
   Un couteau suisse anti-tique         mesures. Ce crédit-cadre par-         passage. Mais l’Hérensard pourra
                                       ticipera à la concrétisation des       également y trouver son bonheur,
Connue pour son design innovant       objectifs du Plan de protection de      en découvrant quelques-unes des
et ses produits avant-gardistes, la       la Venoge adopté en 1997.            perles cachées de cette magni-
marque de couteau suisse SWIZA                                                  fique vallée. Tiré à 4000 exem-
 vient de sortir son tout nouveau                                             plaires, Le Val d’Hérens s’ouvre
 SWIZA TICK TOOL. Ce couteau                                                    au monde est disponible dans
de poche, pour lequel un brevet a
 été déposé, est le premier à être
                                      L’ours scandinave                       les offices du tourisme, ainsi que
                                                                                dans les librairies de la région.
  équipé d’un outil spécialement        Les oursons jouent les Tanguy !
conçu pour enlever les tiques. Vu
 la prolifération de l’acarien dans
 nos forêts, et les risques induits
  par les éventuelles piqûres, les
    chasseurs représentent une
population particulièrement expo-
sée. Ce nouvel outil très pratique
    pourrait bien les intéresser.
           www.swiza.com

                                      Une étude menée sur les ours en
                                        Scandinavie parue dans le jour-
                                       nal Nature Communications a
                                      montré que la chasse avait induit
                                      un changement de comportement
                                       chez les mères ourses. Les cher-
                                                                              1000 ans de pêche
                                        cheurs se sont aperçus que les        en suisse romande
                                       femelles ont prolongé la période        Une bible de la pêche à paraître
                                        de soins accordés aux petits de
       La Venoge                      dix-huit mois à deux ans et demi,
                                        pour augmenter leur espérance
                                                                                Bernard Vauthier, conservateur
                                                                                  de l’Ecomusée de la pêche de
       s’aménage                      de vie. La loi sur la chasse n’auto-     Bevaix, propose une souscription
     Mise en œuvre du plan            rise pas les tirs sur les familles et   pour son nouvel ouvrage consacré
         de protection                les femelles ont bien compris que        à l’histoire de la pêche romande.
                                        tant qu’elles étaient avec leurs           Celle-ci est présentée dans
 Le Conseil d’Etat vaudois vient         petits, elles ne risquaient pas             ce livre de 500 pages et
 de soumettre au Grand Conseil         d’essuyer des tirs. «L’homme est         800 illustrations, à travers l’his-
  une enveloppe de 5,4 millions       maintenant une force d’évolution         toire de chaque lac ou rivière, de
   de francs destinée à financer      dans la vie des ours», a déclaré le      l’Allaine à la Navizence et du lac
  la troisième série de mesures       professeur Jon Swenson de l’Uni-         Noir à l’Allondon, et pour chaque
prioritaires du Plan de protection     versité norvégienne des sciences        espèce animale ayant une impor-
 de la Venoge. Les interventions         de la vie, coauteur de l’étude.        tance halieutique. Un important
  prévues comprennent, notam-                                                 glossaire permet de saisir les sub-
 ment, la réalisation de plusieurs                                            tilités d’un texte lexicalement très
  aménagements devant rendre                                                  riche et soigneusement référencé.
possible la migration piscicole du
lac Léman à la Tine de Conflens.
                                           Val d’Hérens                             Souscription pour Fr. 50.–
                                                                                   hors frais de port auprès de
Un programme de lutte contre les            touristique                              jean-claude@speleo.ch.
plantes néophytes et différentes            Narcisse Seppey parle
 actions de renaturation figurent            de son val d’Hérens
                                       L’ancien chef du Service de la
                                      chasse du Valais vient de publier,
                                        avec Christine Roh-Levrat et
                                       Georges Laurent, contributeur
                                      de Diana Chasse et Nature, un
                                       ouvrage qui vante les charmes
                                       du val d’Hérens. Le livre décrit
Kim Pasche, coureur des bois - INTERVIEW Réducteur de bruits
6 | CHASSE ET NATURE | no 5 mai 2018

          85 CARBONLIGHT
           La Sako 85 Carbonlight est une carabine
           haut de gamme conçue pour les chasseurs qui
           recherchent le meilleur équipement possible.

           Cette carabine de chasse polyvalente est la plus légère que Sako
           n’ait jamais fabriquée. Elle dispose d’une crosse en fibre de
           carbone avec une surface «Soft-touch» ainsi qu’une crosse à joue.
           La 85 Carbonlight est idéale pour le gibier de montagne, pour
           l’approche et est exceptionnellement confortable à porter, même
           lors de longues marches.

           Plus d’informations sur les fonctionnalités
           et données techniques sur: www.sako.fi

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Kim Pasche, coureur des bois - INTERVIEW Réducteur de bruits
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DANS LE RÉTRO…

Le braconnage dans
les Alpes vaudoises
| Texte et photos Bernard Reymond, garde retraité

LE MONTAGNARD A TOUJOURS ÉTÉ UN HOMME ÉPRIS DE LIBERTÉ ET LES ARMES N’ONT JAMAIS
MANQUÉ DANS LES CHALETS. LA TRADITION DU BRACONNAGE, ANCIENNE, A DÈS LORS TOUJOURS
ÉTÉ PLUS OU MOINS À L’HONNEUR.

«I
         l s’arme de sa carabine et
         il se sent souverain !» Dans
         ces endroits reculés, on
tient à régler ses affaires soi-même.
On doit bien admettre que les dif-
ficultés de la vie, les familles nom-
breuses, la pauvreté, ont parfois
poussé ces gens à se ravitailler en
viande en «récoltant» le chamois qui
broutait une bonne partie de l’année
sur leurs pâtures.

Situation catastrophique
de la faune au 19e siècle
   La Révolution française a aboli
les droits des seigneurs et a permis
à chacun de s’adonner à la chasse,
moyennant le paiement d’un mo-
deste permis. Et les Vaudois de
l’époque en ont largement profité !
Tellement même que la grande
faune a presque totalement disparu
de notre pays. Heureusement, les
populations de chamois ont subsisté,                Elle a introduit des périodes de pro-   Les chasseurs réagissent
grâce à leurs grandes capacités de                  tection ainsi qu’une liste d’animaux    et créent la Diana en 1882
survivre dans des endroits escarpés.                protégés. Elle a été à la base de la       Une élite de chasseurs, navrés par
   Tout en laissant de larges préroga-              création de grandes réserves pla-       l’anarchie qui règne en matière de
tives aux cantons, la Confédération                 cées sous son contrôle. Ces districts   chasse, particulièrement en Roman-
est intervenue, pour la première fois               francs fédéraux auront des résultats    die, a décidé de réagir en fondant
dans le domaine de la chasse, avec la               très positifs et sont toujours en vi-   une société pour regrouper et fédé-
loi fédérale du 17 septembre 1875.                  gueur aujourd’hui.                      rer les disciples de saint Hubert. Il a
Kim Pasche, coureur des bois - INTERVIEW Réducteur de bruits
8 | CHASSE ET NATURE | no 5 mai 2018

  alors fallu changer l’esprit et réfor-     la haute montagne, ne ménageant ni       cheux-Lancaster, dernier modèle.»
  mer les pratiques. Dans les statuts        les femelles au moment de la mise        Par la suite, c’est la gendarmerie
  du 15 avril 1882, on peut lire, dans       bas, ni les petits les accompagnant,     exclusivement qui s’est occupée de
  les buts principaux : l’étude, la pro-     et utilisent pour cette chasse armes     la surveillance des districts en délé-
  tection et la multiplication du gibier,    et engins prohibés.» (Extrait de         guant des agents spécialement af-
  l’étude de la législation sur la chasse,   Diana 1913).                             fectés à cette police. Pendant long-
  la répression du braconnage, etc.            Les gendarmes font ce qu’ils           temps, la lutte contre le braconnage
     Dans la revue Diana, on constate        peuvent et ce n’est pas facile avec      a constitué leur principale activité.
  que les chasseurs d’autrefois se pré-      une population en majeure par-             C’est l’organisation d’un corps de
  occupaient beaucoup de ces activités       tie complice avec les «chasseurs         gardes-chasse professionnels, dès
  de marginaux qui les privaient d’une       de l’ombre». Ainsi, des codes (vo-       1967, qui a déterminé la gendarme-
  partie de leur gibier. Dans l’édition de   let ouvert ou fermé, drapeau, etc.)      rie à abandonner progressivement
  juillet 1915, on lit : «Nous avons aussi   indiquent si le «gabelou» est opé-       son engagement dans les districts
  à remercier le corps de gendarmerie,       rationnel ou non. Des fusils d’or-       francs et à ne plus détacher des
  car l’interdiction de la chasse a créé     donnance, bricolés, sous housse          agents pour leur surveillance.
  une recrudescence du braconnage et         étanche, sont dissimulés dans des
  nos gendarmes ont fait vaillamment         cachettes en montagne.                   La tradition se perpétue
  leur devoir. Le chiffre de 324 contra-       Le 14 juillet 1918, c’est le drame.       On pourrait écrire des livres en-
  ventions, sur l’ensemble du canton,        Le gendarme David Echenard, âgé          tiers sur les épisodes où l’on retrouve
  dressées en l’année 1914 prouve            de 35 ans, est abattu par le bra-        la passion, la ruse, la pugnacité, des
  suffisamment le zèle et le grand tra-      connier André Moreillon lors d’une       efforts physiques incroyables, des
  vail fourni par ce corps d’élite. Nous     poursuite à la Frête de Saille, à        joies, des souffrances et des grince-
  avons donné comme d’habitude de            2600 mètres d’altitude dans le Grand     ments de dents… D’un côté comme
  nombreuses primes et diplômes à            Muveran. Il laissait une veuve et        de l’autre, des représentants de la
  ces agents dévoués.»                       deux enfants en bas âge.                 loi comme des chasseurs de l’ombre,
     Cette tradition s’est longtemps                                                  les luttes ont été intenses et parfois
  perpétuée et les participants aux as-      Surveillance des districts francs        tragiques.
  semblées cantonales, il y a une qua-          La Confédération, je l’ai déjà re-       Dans Le Pêcheur et Chasseur
  rantaine d’années, se rappellent de        levé, a joué un rôle important pour      suisse de mars 1946, on lit : «On se
  la cérémonie du commandant de la           améliorer la situation de la faune       souvient qu’un affreux drame a eu
  gendarmerie remettant à ses agents         dans nos montagnes, en mettant           lieu au Pays-d’Enhaut, en novembre
  le fameux diplôme.                         en place, dès 1876, ces fameux dis-      dernier. Cette affaire a eu son épi-
                                             tricts francs. Des gardes rétribués      logue devant le tribunal de police
  Gendarmes et braconniers,                  pour le service de surveillance et la    correctionnelle du district. Voici
  une lutte impitoyable                      destruction des prédateurs furent        comment La Feuille d’Avis de
     En consultant les archives can-         nommés. Un rapport sur leur activi-      Lausanne rapporte les faits, dans
  tonales et toujours les précieuses         té figure dans les archives du canton    lesquels sont inculpés deux bra-
  Diana de l’époque, j’ai été frappé         (1886). «Les renseignements obte-        conniers de Rougemont : C’était en
  par l’âpreté de la lutte entre les re-     nus confirment l’excellent choix qui     novembre, et les deux braconniers
  présentants de la loi et les «francs       a été fait des gardes-chasse (trois      revenaient d’une chasse au chamois.
  tireurs» de l’Est vaudois.                 gendarmes, deux gardes forestiers,       Ayant constaté leur présence dans
     Avant la première guerre, les           un chasseur). Ceux-ci s’acquittent       ces parages, le garde tendit une em-
  chasseurs se plaignent de la difficul-     du service qui leur est imposé à l’en-   buscade au chalet où les braconniers
  té, non seulement de tirer, mais de        tière satisfaction du Département de     avaient passé la nuit précédente et
  voir ! «La cause première de cette         l’agriculture. Comme équipement,         avaient laissé des objets leur appar-
  diminution doit être attribuée au          ils ont reçu chacun une paire de         tenant. Les attendant à la porte du
  braconnage qui sévit à l’état endé-        jumelles, un cornet d’alarme et les      chalet, le garde qui les avait suivis à
  mique au Pays-d’Enhaut. Il est de          carnets prescrits. Trois gardes ont la   la jumelle durant leur retour, leur fit
  notoriété publique que certains in-        tunique d’uniforme de garde-chasse       la sommation d’usage. Il tenait son
  dividus chassent toute l’année dans        et quatre sont armés de fusils Lefau-    fusil sous le bras, ce que voyant, les
Kim Pasche, coureur des bois - INTERVIEW Réducteur de bruits
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  Bernard Reymond (l’auteur) en compagnie du surveillant de la faune aujourd’hui retraité, Marcel Cathélaz.

hommes se ruèrent sur lui. Tandis              ment de son devoir ! A le remplir               ponsabilité d’un seul professionnel.
que G. le ceinturait et le mordait à           consciencieusement, la force phy-               D’où ricanements des nombreux
la main, C. lui martelait le visage à          sique et le courage n’y suffiraient             contestataires qui mettaient en
coups de poing, puis le garde étant            pas, s’ils n’étaient soutenus par               doute l’utilité de ce fonctionnaire,
hors d’état de continuer la lutte, ils         l’amour de la montagne.                         payé pour se promener…
s’en retournèrent en direction de                 » Le braconnier, lui, est un rapace            A l’époque, une des principales
Rougemont, leur domicile. Pour ce              bien adapté aussi à cette nature sau-           missions était toujours la police de
grave délit, G. est condamné à deux            vage, et tout à son aise également              la chasse et la répression du bra-
mois d’emprisonnement et C. à trois            dans le dédale des sapins et des ro-            connage. Les patrons voulaient des
mois de la même peine, les deux                chers, rapace d’envergure plus ou               agents à 90 % dans le terrain.
avec sursis durant quatre ans, et              moins grande, c’est-à-dire plus ou                Malgré des moyens très modestes,
aux frais de la cause.»                        moins dangereux et nuisible selon sa            ces passionnés ont obtenu des ré-
   Dans la Diana de juin 1935, un              voracité et sa sujétion aux instincts           sultats tout à fait remarquables. Je
excellent portrait des antagonistes            de rapine et de destruction. Ainsi,             me plais à rendre hommage aux re-
est donné par J.-L. Reichlen :                 à côté de braconniers d’occasion,               grettés Alexandre et Daniel, trop tôt
   «Le garde du chamois est, par ex-           anodins, excusables, qu’à certains              disparus, à Marcel, et bien entendu,
cellence, l’homme de la montagne,              points de vue on peut même trou-                à Jean-Claude, toujours en activité.
l’habitué le plus assidu de ses fêtes          ver sympathiques, il en est d’autres,           Dans des styles très différents, ils
et des scènes où s’exhale son cour-            sans égards, sans scrupules et abso-            ont fait preuve d’un dévouement
roux. Plus que le guide, le pâtre ou           lument odieux.»                                 et d’un engagement exemplaires.
le bûcheron, il est l’intime de l’alpe                                                         La hiérarchie de l’époque faisait
capricieuse dont il a fouillé tous les         Création d’un corps                             confiance aux subordonnés et
recoins, pénétré tous les secrets et           de gardes-chasse professionnels                 c’était une motivation supplémen-
subi toutes les humeurs. (…) A côté              Le canton de Vaud a été un des                taire pour faire au mieux selon l’ex-
de quelques bons moments passés                derniers, en 1966-67, à organiser un            pression de l’inspecteur cantonal de
là-haut lorsque les éléments et les            corps de gardes-chasse permanents.              la chasse et de la pêche.
circonstances sont propices, que de            Au début, seul six agents sont en-
jours et de nuits pénibles, que de             gagés. L’ancienne circonscription 4,            Gendarmerie toujours présente
privations, de fatigues, de dangers            comprenant la totalité des Préalpes               L’aide et la collaboration de la
pour le garde dans l’accomplisse-              et Alpes vaudoises, était sous la res-          gendarmerie étaient indispensables
Kim Pasche, coureur des bois - INTERVIEW Réducteur de bruits
10 | CHASSE ET NATURE | no 5 mai 2018

   et les agents civils ont beaucoup           cornes de bouquetin et chamois,          Gardes auxiliaires
   appris à son contact. Combien de            en a conduit plus d’un dans le pé-          Les gardes auxiliaires (aujourd’hui
   patrouilles, de veilles, de contrôles       ché ! Les kilos de viande comptent       les surveillants auxiliaires) ont été
   avec ces bleus qui donnaient tant           toujours, mais aussi énormément le       des collaborateurs ô combien pré-
   pour leur service, notamment ceux           fruit défendu et la sensation de se      cieux. Proches de la population, ils
   des postes à un seul homme !                jouer de l’autorité. Ce qui a souvent    ont communiqué beaucoup d’infor-
      On avait (et on a toujours) besoin       énervé les surveillants, c’est l’usage   mations. En plusieurs occasions,
   d’eux pour les enquêtes et les audi-        de calibres 22 LR, 22 Magnum, ina-       ils ont été le point de départ d’une
   tions. C’est dans ces moments que se        daptés pour des tirs propres. Com-       grosse affaire se concluant par de
   révèlent toute la sagacité, la psycho-      bien de malheureuses bêtes pas           lourdes peines.
   logie et l’intelligence de ces agents       tout-à-fait tirées au bon endroit qui       Ils ont aussi beaucoup donné de leur
   en uniforme. Devant la machine à            sont parties crever misérablement !      temps pour des missions dans le ter-
   écrire, le prévenu devait répondre.         Et, à partir des années 1970, le bra-    rain, presque toujours gratuitement.
   Parfois, la «douceur» succédait à la        connage motorisé avec usage de           Les permanents ont aussi profité de
   fermeté et aux menaces d’y passer le        phare a permis des «cartons faciles»     leurs très bonnes connaissances du
   temps qu’il faudra… La patience est         assis confortablement, sans effort.      terrain. Leur mérite est d’autant plus
   la mère des vertus et, dans ces mé-         On assiste aussi à des expéditions       grand que certains jaloux les ont trai-
   tiers-là, il en faut énormément !           de braconnage de personnes venant        tés de collabos, terme peu aimable
      Mais la visite domiciliaire est l’arme   d’autres cantons.                        utilisé surtout dans une époque très
   absolue. Munis du mandat, à la pointe         Puis les radios, pas très perfor-      sombre. On leur doit beaucoup de
   du jour, les policiers vont de décou-       mantes au début, constituèrent un        respect et de reconnaissance.
   vertes en découvertes. Un congéla-          grand progrès pour la surveillance.
   teur plein de bonnes venaisons, des           Comme dans toute police, le ren-       Fin d’une époque ?
   armes et engins prohibés, de magni-         seignement est capital. Par sa dis-         Le métier de surveillant de la
   fiques trophées, voire le livre de bord     crétion, sa probité, ses valeurs hu-     faune a tellement évolué que nos
   où le braco a consigné ses exploits !       maines, le garde suscite la confiance    jeunes ont sans doute de la peine à
                                               et récolte des bons «tuyaux». En-        réaliser ce qui a été fait avant eux.
   Les temps changent,                         core faut-il savoir faire le tri et      Peut-être liront-ils ces lignes ?
   les méthodes aussi                          trouver le temps pour les exploiter.        Les biologistes de la faune, de-
     Avec la progression du grand gi-          Ainsi, le gros dilemme était de pré-     vant leurs ordinateurs, se rendent-
   bier, en particulier l’arrivée du cerf,     server encore des bonnes périodes        ils compte des efforts consentis
   le braconnage a évolué. La fascina-         pour sa vie privée. Pas facile avec      autrefois pour protéger le gibier ?
   tion pour des grands bois, des belles       des métiers pareils !                    Aujourd’hui, comme le dit l’estimé
                                                                                        Narcisse Seppey, «nous gérons
                                                                                        l’abondance». La pléthore des san-
                                                                                        gliers et la prospérité du cerf sont
                                                                                        à l’ordre du jour. La lutte contre un
                                                                                        hypothétique braconnier ne se jus-
                                                                                        tifie plus et fait partie du folklore.
                                                                                        Et pourtant, ces hors-la-loi sont-ils
                                                                                        dans la liste des espèces menacées
                                                                                        ou en voie de disparition ? Et la re-
                                                                                        lève ? Des jeunes ont-ils encore le
                                                                                        virus ? Vaste sujet qui fera certaine-
                                                                                        ment l’objet d’un autre article.

                                                                                        Sources : revues Diana,
                                                                                        revues Pêcheur et chasseur suisse,
                                                                                        archives cantonales.
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SALON

Passion Nature
sur les rails
| Texte Vincent Gillioz

LE SALON PASSION NATURE SE DÉROULERA DU 24 AU 27 MAI AU CERM DE MARTIGNY. LA FÉDÉRATION
DES CHASSEURS DE HAUTE-SAVOIE EST L’INVITÉE D’HONNEUR DE CETTE DEUXIÈME ÉDITION.

E
        n lançant le salon Passion
        Nature en 2017, Jean-Pierre
        Seppey a relevé un pari au-
dacieux, qu’il semble avoir aujour-
d’hui remporté. Preuve en est, la
deuxième édition qui s’apprête à
ouvrir ses portes ce mois, avec un
nombre d’exposants significative-
ment plus important que l’an dernier.
  Bien que non-chasseur, l’organi-
sateur de la manifestation tient des
affinités familiales avec le milieu,
puisqu’il est le neveu de Narcisse
Seppey. L’ancien chef du Service
cantonal de la chasse en Valais, éga-
lement connu pour ses nombreux
écrits, est d’ailleurs président du co-
mité d’honneur de Passion Nature.

Charte pour la nature
  Salon international de la chasse,
de la pêche et de la biodiversité,          ciper activement à la conservation     la pêche car ces deux activités
cette rencontre veut être avant             de la biodiversité.                    permettent d’assurer l’équilibre
toute chose une grande fête dédiée        - Passion Nature veut éveiller les       entre les populations de gibier
à la nature, qui vise à éveiller les        consciences de tout un chacun à        et la faune piscicole. Dans le res-
connaissances de chacun. Elle s’est         la biodiversité, car son équilibre     pect des paramètres biologiques,
d’ailleurs dotée d’une charte qui dé-       est fragile et il est nécessaire de    écologiques, culturels et écono-
finit le plus clairement possible ses       tout mettre en œuvre pour frei-        miques, ces moyens aident à frei-
objectifs, et les moyens d’y parvenir.      ner, voire éviter la disparition des   ner la dégénérescence des races
On peut notamment y lire:                   espèces vivantes.                      en surpopulation d’une part et
- Passion Nature a pour but idéal,        - Passion Nature reconnaît le rôle       protègent les espèces vivantes les
  avec la présente charte, de parti-        régulateur de la chasse et de          plus faibles d’autre part.
12 | CHASSE ET NATURE | no 5 mai 2018

     Valérie Pellissier, vice-présidente        d’autres professions liées à la nature   sur le réchauffement climatique. Le
   du salon, attache une importance             et à sa préservation.                    mouvement vegan sera encore de la
   particulière à cette charte: «Nous                                                    partie, avec Dorothée Bender et Fa-
   défendons des valeurs, et avons              Des débats nourris                       bien Brunacci. Geneviève Gassmann
   jugé important de les coucher sur               Favorable au débat d’idées, le sa-    de Fenaco évoquera la question des
   un document fondateur de notre ap-           lon accueillera également plusieurs      agriculteurs comme acteurs de la
   proche. Nos engagements, notam-              conférences et présentations sur des     biodiversité. D’autres sujets (voir
   ment contre les chasses safaris des          sujets parfois polémiques. «Nous ne      programme) seront traités, notam-
   espèces en voie de disparition, nous         visons pas la confrontation, com-        ment les ouvrages hydroélectriques,
   ont par exemple amenés à refuser             plète encore Valérie Pellissier, mais    la recherche de l’eau en souterrain
   certains tour-opérateurs qui ne tra-         il est important que chacun puisse       ou encore l’ascension de l’Everest.
   vaillent pas dans notre sens.» Une           exprimer sa vision des choses. Tous         Des débats plus politiques, avec
   politique qui n’a semble-t-il pas nui        les débats en rapport avec la nature     des présidents de fédérations de
   à l’intérêt porté par les exposants,         sont enrichissants, et ont leur place,   chasse, animeront encore le panel.
   puisque leur nombre a augmenté de            sans censure.» Kim Pasche, chas-         Outre la Haute-Savoie, qui est invi-
   50% par rapport à la première édi-           seur-cueilleur à ses heures, viendra     tée d’honneur, les représentants du
   tion. Ainsi, des armuriers côtoieront        parler de sa relation avec la nature,    val d’Aoste seront aussi sur place,
   des artistes, voyagistes, artisans,          alors que le controversé Jean-Claude     point qui confère le caractère in-
   taxidermistes, éleveurs, ainsi que           Pont présentera son nouveau livre        ternational de la manifestation. Les
                                                                                         représentants de ces régions parle-
   Programme des conférences Passion Nature 2018                                         ront évidemment de la manière dont
                                                                                         ils vivent la chasse.
    Intervenant             Sujet                             Date              Heure
                            Le vrai, le faux et l’incertain
    Jean-Claude Pont        dans les thèses du réchauf-       Jeudi 24 mai      16 h
                            fement climatique
                            Ouvrages hydroélectriques
                            (barrages/centrales et leurs
    Maxime Prevedello                                         Vendredi 25 mai   10 h
                            conséquences en milieu
                            aquatique)
                            Ce que les derniers chas-
                            seurs de caribous d’Amé-
    Kim Pasche              rique du Nord ont à nous          Vendredi 25 mai   14 h
                            apprendre sur le lien à la
                            nature en Europe
                            L’agriculture, le meilleur
    Geneviève Gassmann      ami de la nature: un regard       Samedi 26 mai     11 h
                            d’une paysanne manager

    Dorothée Bender         Du végétarisme
                                                              Samedi 26 mai     15 h
    Fabien Brunacci         à l’antispécisme

    André Mugnier
                            La chasse en Haute-Savoie,
    Elena Minchiardi
                            val d’Aosta et Valais: diffé-     Samedi 26 mai     17 h
    Danny Kalbermatten
                            rences et enseignements
    Yvon Crettenand

                            Passion Himalaya Nature:
    Andrea Zimmerman
                            une ascension de l’Everest        Dimanche 27 mai   11 h
    Norbu Sherpa
                            inédite

    Philippe Savary         Recherche de l’eau
                                                              Dimanche 27 mai   14 h
    Damien Evequoz          en souterrain
13

Priorité à la jeunesse
   Passion Nature veut également faire une belle place
à la jeunesse. Et si cinq cents élèves ont pu visiter
gratuitement l’exposition l’an dernier, ils seront deux
mille cinq cents à faire le déplacement cette année,
dans le cadre de leurs activités scolaires. Une journée
supplémentaire a d’ailleurs été mise à l’agenda pour
accueillir les enfants. Des animaux vivants, comme
des lamas ou des alpagas, ainsi que des poissons dans
un aquarium géant pourront être vus. «Cette partie du
salon est peut-être celle qui a demandé le plus de tra-
vail, confie encore la vice-présidente. Il faut répondre
à un cahier des charges précis pour obtenir l’autori-
sation de présenter des animaux vivants. Mais notre
équipe d’organisation est compétente, et le bien-être
des bêtes est notre priorité.»
   On l’a compris, grâce à sa créativité et son ouverture,
le Salon international de la chasse, de la pêche et de la
biodiversité est en train de se faire une belle place, et
figure déjà parmi les incontournables du genre.

                                                             Nouveauté:
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                                                             • Plage de détection jusqu’à 1800 m
                                                             • StreamVision (connexion des smartphones/tablettes iOS et
                                                               Android)
                                                             • Batterie rechargeable B-pack
                                                             • Entièrement étanche (IPX7)
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                                                             • Haute résolution 640x480 Pixel, 17 µm, 50 Hz
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14 | CHASSE ET NATURE | no 5 mai 2018
         LA CLASSIQUE                                                                                 D’ABORD, UN SILENCE MAJESTUEUX...
                                                                                                    Soudain, votre cœur bat la chamade ; dans les

              TANT                                                                                   broussailles, un bruit attire votre attention…
                                                                                               Vo u s s e r r e z v o t r e B A R M K 3 C o m p o s i t e B r o w n H C
           AT TENDUE                                                                    A d j u s t a b l e a v e c u n e s a i n e i m p a t i e n c e . Vo u s s e n t e z q u e l a
                                                                                        sortie de l’animal est imminente, que le fameux « passage
                                                                                                            » aura lieu d’un moment à l’autre…
                                                                                                          Il vous est si familier – et cependant,
                                                                                                                il demeure si impressionnant !
                                                                                              Subitement, le gibier se présente à vous, à distance
                                                                                        i d é a l e … Vo u s é p a u l e z , v o u s s u i v e z . L e g e s t e e s t a s s u r é ; l e
                                                                                          souffle, retenu. Le rythme de vos tirs et les battements
                                                                                           de votre cœur se confondent en une parfaite harmonie.
                                                                                                                     Grandeur de l’instant.
                                                                                                                                      —
                                                                                                            Plus d’information sur browning.eu
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                                                                    Arme:
                                        B A R M K 3 C O M P O S I T E B R O W N H C A D J U S TA B L E

                                                                       —
                                                                     Lieu:
                                               S A I N T - H U B E R T, L I B I N - B E L G I Q U E
15

INTERVIEW

Kim Pasche, le trappeur
des temps modernes
| Propos recueillis par le magazine Chassons.com | Photos Kim Pasche, Bruno Augsburger, Sari Brunel

NÉ AU DÉBUT DES ANNÉES 80 À MOUDON, KIM PASCHE VIT UNE PARTIE DE L’ANNÉE DANS LE GRAND
NORD CANADIEN OÙ IL CHASSE ET TRAPPE. LOIN DES CLIVAGES QUE L’ON RETROUVE TOUJOURS
AUTOUR DE LA CHASSE, IL SUGGÈRE LE RÔLE DU CHASSEUR COMME PASSEUR ENTRE LES MONDES
HUMAIN ET NON HUMAIN.

Kim Pasche, nous avons eu le
plaisir de vous découvrir grâce
à de très nombreux reportages
réalisés sur vous. Avant toute
chose, comment vous défini-
riez-vous ?
   J’ai de la peine à me définir. Cela
dépend de l’angle par lequel on
aborde cette question. D’un point de
vue académique, je suis un archéo-
logue expérimental qui, en mauvais
élève, n’a pas terminé son cursus
universitaire pour pouvoir pratiquer
au plus vite sa discipline. Cela m’a
amené au Canada où j’ai voulu tester
l’outillage européen du paléolithique
final (dont les outils de chasse,
pêche et piégeage) dans un contexte
au plus proche des conditions clima-
tiques, fauniques et florales que nos
ancêtres Cro Magnon connaissaient
jadis. Je suis devenu trappeur et j’ai
fait l’acquisition d’une concession de
trappe au Yukon qui me permet de
vivre en autarcie une partie de l’an-
née en mode «préhistorique». En pa-
rallèle de cela, j’ai commencé à colla-
borer avec les peuples sur place car
j’estimais que nous avions quelque
16 | CHASSE ET NATURE | no 5 mai 2018

   chose en commun : eux comme moi,          ce que je nomme «les autres huma-          Ce qui est étonnant, c’est qu’il n’y
   cherchons à faire perdurer des sa-        nités» au Canada. L’autre moitié, je    a pas eu de déclic. J’ai toujours été
   voirs qui lient les hommes à la nature.   la passe en Europe pour, entre au-      porté par la vie sauvage. Depuis tout
     Mais je préfère nettement me voir       tres, donner des stages liés à la vie   petit, ce qui m’intéresse, c’est le lien
   comme une sentinelle qui cherche à        sauvage et aux «gestes premiers».       avec la nature. Et depuis tout petit,
   déceler les dangers de notre vision                                               cette tentative de me sentir «chez
   moderne. Mon premier outil est un         Vous êtes un spécialiste de la vie      moi» dans les bois s’est heurtée à
   recul nécessaire sur notre grande         sauvage, un artisan de la préhis-       l’absence du lien que notre culture
   civilisation, et je trouve ce recul en    toire et un trappeur, quel a été        entretient avec la nature, et ses
   me coupant du monde moderne plus          le déclic pour découvrir et faire       conséquences. Concrètement cela
   de la moitié de l’année et en côtoyant    partager cette vie sauvage ?            se traduisait par le fait qu’il fallait
                                                                                     retourner dans des bâtiments sco-
                                                                                     laires le lundi alors que je sentais
                                                                                     que la forêt était une bien meilleure
                                                                                     école pour moi. Je passais tout mon
                                                                                     temps libre chez mon grand-père
                                                                                     qui vivait en lisière de forêt sur le
                                                                                     Plateau suisse. Je me suis très vite
                                                                                     rendu compte que la nature sauvage
                                                                                     avait mauvaise presse.
                                                                                        Les paysans de ma région par-
                                                                                     laient de «mauvaises herbes» en
                                                                                     parlant des plantes sauvages (par
                                                                                     ailleurs souvent comestibles !), les
                                                                                     chasseurs, de «nuisibles» en parlant
                                                                                     des sangliers. Je sentais bien que la
                                                                                     nature sauvage était en sursis dans
                                                                                     l’inconscient collectif. Tôt ou tard,
                                                                                     notre culture parviendrait à domes-
                                                                                     tiquer ce qui résistait encore à notre
                                                                                     contrôle.
                                                                                        Et puis j’ai fini par comprendre
                                                                                     que cette tendance s’imposait dans
                                                                                     tous les domaines de notre société, y
                                                                                     compris dans l’éducation, la justice,
                                                                                     les sciences ; ma culture domesti-
                                                                                     quait jusqu’à l’homme lui-même !
                                                                                        C’est donc un élan de rejet qui a
                                                                                     habité mon jeune âge (car j’aspirais
                                                                                     à la liberté), que je humais dans mes
                                                                                     escapades en forêt ou dans mes lec-
                                                                                     tures au sujet des peuples dit «pri-
                                                                                     mitifs». Ces peuples vivaient sans
                                                                                     les peurs qui habitaient le monde
                                                                                     des adultes autour de moi. Pour
                                                                                     ces peuplades, le danger était une
                                                                                     occasion de s’améliorer. Le préda-
                                                                                     teur était vu comme un guide vers
                                                                                     l’excellence. Il y avait de la noblesse
                                                                                     dans l’attitude de ces gens que je
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ne retrouvais pas dans mon monde          d’être humain sur cette terre. Et         chasseur et chassé symbolise l’es-
qui semblait un peu médiocre en           cela fait du bien de voir que celui-ci    sence même de la vie.
comparaison. Adolescent, je me suis       peut être humain dans toute sa di-          Mais cette magie, cette plénitude,
fait la promesse de m’affranchir de       gnité sans nécessairement détruire        n’est accessible me semble-t-il qu’au
cette société capitaliste et c’est, en    son écosystème. Ce monde sauvage          chasseur qui se sent au milieu de ses
essence, ce qui m’a guidé vers les        et ces habitants humains et non           congénères lorsqu’il chasse, et elle
savoirs et les gestes «premiers»,         humains sont là pour nous rappeler        échappe en bonne partie au chas-
ceux de la préhistoire.                   que la place de l’homme n’est pas à       seur qui se sent conquérant et croit
   La rencontre avec le monde sau-        trouver, mais à retrouver.                exercer son pouvoir de contrôle sur
vage m’a vite fait comprendre qu’il                                                 une nature soumise ou à soumettre.
était possible de remédier aux peurs      De très nombreux chasseurs                  Avec ce qui a été dit, la question
fondamentales de l’Occident en re-        insistent sur le fait que la chasse       n’est pas tant de savoir si la chasse
nouant avec nos origines sauvages.        est un retour privilégié à la na-         est nécessaire ou non en France au-
Plus tard, la rencontre avec des          ture. Par ailleurs, nos modes de          jourd’hui, mais réside plutôt dans les
cultures de chasseurs-cueilleurs m’a      chasse peuvent paraître «faciles»         symboles. Le chasseur est avant tout
fait comprendre une chose terrible-       à côté des vôtres, que souhaitez-         le gardien de nos origines sauvages
ment simple : «Nous ne sommes pas         vous apporter dans une décou-             les plus nobles, celles de l’homme
l’humanité».                              verte totale de la nature ?               qui est part de la nature et qui mé-
                                             Comprendre que ce qui compte           nage plutôt qu’il n’aménage la nature
En quoi le Canada est-il une terre        vraiment c’est la posture du chas-        qui l’entoure.
idéale pour partager ce concept           seur ; que l’outil est finalement se-
de retour à la nature simple et           condaire.                                 Agir comme vous le faites pour
saine ?                                      Donc, oui, la chasse est une occa-     faire découvrir la nature à des
   J’ai trouvé dans les forêts boréa-     sion extraordinaire de renouer avec       personnes peut-il aussi faire
les canadiennes un espace sauvage         une humanité primordiale, celle des       partie d’un mouvement de retour
d’une intensité à couper le souffle.      origines, qui nous a vus développer       simple à la vie, et donc d’aspira-
Un lieu non pas dépourvu d’humains        un outil de chasse peu commun :           tion à protéger toute vie sauvage ?
comme je l’avais imaginé, mais où         l’empathie. Cette empathie permet            Cette question me semble impor-
l’humain est constitutif de l’environ-    de se mettre à la place de la proie       tante. Doit-on protéger la vie sau-
nement. Là vivent les derniers chas-      afin de prédire ses comportements.        vage de l’extérieur ou de l’intérieur ?
seurs-cueilleurs en lien direct avec      Je pense que d’un point de vue mor-          Dans le premier cas, protéger veut
le mode de vie qui était celui des        phologique, c’est la chasse qui a         souvent dire «sanctuariser» la na-
hommes du paléolithique final en          fait de nous les humains que nous         ture, et tacitement alimenter l’idée
France. Avec eux, j’ai appris à être      sommes depuis deux cent mille ans.        d’une humanité hors de la nature. De
un chasseur implacable. J’ai com-            L’humain, comme toute autre es-        facto, cela place l’humain au-dessus
pris que le plus beau cadeau qu’un        pèce, influence son milieu et doit évi-   de cette dernière. Et cette pensée est
chasseur puisse faire à sa proie, c’est   demment consommer pour exister.           précisément celle qui nous a amenés
d’être impitoyable et aimant à la fois.   La chasse est la façon la plus directe    là où nous sommes aujourd’hui. En
   Ces espaces, incroyablement pré-       et la plus franche de ressentir ce que    voulant contrôler ! D’abord les pre-
servés de l’influence humaine mo-         cela signifie. Je n’ai personnellement    mières plantes domestiquées, puis
derne, nous invitent à réenchan-          rien connu de plus fort dans la vie       la flore alentour, puis la faune, puis
ter notre imaginaire et permettent        (et pourtant je suis deux fois papa !),   la topographie, puis les peuples, et
un recul nécessaire. Toutefois, tout      de plus troublant et émouvant, que        puis, et puis… nous avons créé des
le monde n’a pas besoin d’être en         de se plonger dans l’œil de ma proie      déséquilibres qui menacent non seu-
contact direct avec ces milieux re-       alors que je mettais fin à ses jours.     lement la communauté du vivant,
culés. Il suffit que nous écoutions       Dans ses yeux, c’est ma vie qui dé-       mais avant tout nous-mêmes.
celles et ceux qui en sont les am-        file à chaque fois. Je sais qu’un peu        Pour moi, il faut absolument sor-
bassadeurs. Je ne parle pas de moi,       de moi meurt aussi, à cet endroit,        tir de ce cycle infernal qui nous
mais bien des peuples premiers qui        et qu’un peu d’elle vit désormais en      contraint à devoir contrôler de plus
incarnent une des façons pérennes         moi. Pour moi, cette tension entre        en plus de paramètres, seulement
18 | CHASSE ET NATURE | no 5 mai 2018

   pour continuer d’être humain. Ac-          par laquelle observer le phénomène.       cessite du pétrole pour importer
   cepter que le sort de notre com-           Mais avant tout, je ne juge pas le fait   cette nourriture, alors que l’élevage
   munauté vivante n’est pas de notre         d’être ou de ne pas être vegan. On        ou la chasse peuvent être pratiqués
   responsabilité, et lâcher prise. C’est     peut d’ores et déjà balayer l’idée ab-    localement avec un bien meilleur
   ce que je transmets dans mes immer-        surde selon laquelle on ne pourrait       impact écologique et sans grande in-
   sions d’ailleurs. Je propose de vivre      pas se nourrir de façon équilibrée        frastructure. Dans ma région, chas-
   une semaine ou plus en redevenant          sans produits animaux. Je suis la         ser ou élever est sans doute le geste
   nomade et collecteur dans nos ré-          preuve vivante que c’est possible !       le plus écologique qui soit !
   gions, et d’expérimenter ce qu’est            Mais on peut également balayer            Mais une analyse plus profonde
   une vie simple en tentant d’y trouver      l’idée tout aussi absurde selon la-       encore révélerait selon moi que
   sa place.                                  quelle le monde se porterait mieux        l’idée d’une humanité «zéro impact»
                                              si tous les êtres humains étaient         est une fiction dangereuse car elle
   De plus en plus de personnes               vegans, ou végétariens. Les peuples-      valide l’idée que les principes du
   deviennent vegan et sont des               racine, tous omnivores, en sont la        vivant ne s’appliqueraient pas aux
   «nouveaux» adeptes de la pro-              preuve, puisqu’aucun d’entre eux          êtres humains. Ces principes du vi-
   tection animale, que pensez-vous           n’a à notre connaissance ethnogra-        vant qui nous susurrent que pour
   de ces mouvements ? Y a-t-il une           phique ou archéologique, détruit son      vivre, il faut faire mourir un peu.
   cohérence de fond selon vous ?             environnement. Si le fait d’être vegan    Que ce soit un animal, un arbre, ou
     Ma mère est végétarienne convain-        est le résultat d’une volonté de pro-     une carotte. Aimer la nature ne veut
   cue depuis quarante ans et vegan           tection des animaux, cela me semble       pas dire ne pas avoir d’impact, mais
   lorsque c’est possible. J’ai person-       juste dans la mesure où on l’applique     plutôt avoir un impact approprié et
   nellement grandi en étant végétarien       à l’industrie. Mais ce même élan de-      stimulant. Ainsi le lion est garant de
   jusqu’à l’âge de 11 ans. Aujourd’hui, il   vient incohérent si on cherche à l’ap-    la grâce de la gazelle et vice versa.
   m’arrive d’être à 80% carnivore dans       pliquer partout sans nuance.              Sans changement de vision, nous
   mes immensités boréales… je pense             Par exemple, là où je vis, se nour-    pourrions être douze milliards de
   donc avoir une fenêtre intéressante        rir exclusivement de végétaux né-         vegans à asphyxier la terre sans faire
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couler une seule goutte de sang et     Un dernier mot pour                     a un contact direct avec ses frères
en étant convaincus d’être «amis des   nos lecteurs !                          sauvages. Il serait intéressant selon
animaux» !                                Le sujet de la chasse en Europe      moi que nous soyons capables au-
                                       me passionne, vraiment ! Je sais que    jourd’hui, dans notre société mo-
Vous proposez de nombreux              cela peut paraître bizarre au premier   derne, de redonner cette place
stages sur le site gens des bois       abord, mais pour moi, les mondes        non seulement au chasseur, mais
(autour de l’arc et de la vie sau-     actuels de l’écologie et de la chasse   à l’ensemble de la société. Ainsi,
vage), quels sont les stages que       sont deux facettes de la même pièce.    loin d’être fustigé pour son activité
vous recommanderiez                    Toutes deux prônent un contrôle de      «macabre», le chasseur serait plutôt
à des chasseurs avides de              l’environnement et peinent à voir la    un chercheur «écologue», passeur
connaissances cynégétiques ?           nature autrement que comme une          entre les mondes humain et non hu-
  A peu près chacun de mes stages      ressource. Et pourtant, dans l’imagi-   main. Dans cette vision, le chasseur
est une occasion de nourrir nos ra-    naire collectif, ces deux mondes pa-    serait le fier représentant d’une po-
cines sauvages et de se fondre un      raissent souvent opposés. C’est dom-    pulation consciente de sa position
peu plus dans la nature. A ce titre,   mage ! Mais pas inchangeable. Dans      privilégiée et essentielle, car il serait
savoir faire du feu en frottant deux   toutes les peuplades traditionnel-      un précieux baromètre de la santé
bouts de bois ou savoir tailler une    les, il n’y a pas de dichotomie entre   de nos régions !
pointe de flèche en silex, contribue   le chasseur et l’ami des animaux.       Infos stages et activités sur :
à ce rapprochement. Les gestes         Ces peuplades, souvent animistes,       www.gens-des-bois.org
premiers nous inscrivent dans l’éco-   se voient comme frères et sœurs
système, et l’environnement devient    des animaux qui les entourent. Le       Remerciements à Chassons.com
alors «environnant».                   chasseur est même privilégié car il     pour cette courtoisie
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