D'où viennent nos poissons ? - PÊCHE Mon bouquetin - Chasse et nature
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Revue mensuelle | www.chassenature.ch | N° 12 décembre 2018 PÊCHE TÉMOIGNAGE FAUNE D’où viennent Mon bouquetin Retour du chamois nos poissons ? du Rawyl… dans le Jura
LE MEILLEUR AMI DE L’HOMME. C’EST OFFICIEL. L'Amarok. La voiture qui comprend les hommes. Gagnant de l'International Pick-up Award 2018 Pour les hommes, ce qui se fait de mieux est tout juste suffisant. L'Amarok convainc par son design clair, les capacités sur la route et offroad de son moteur puissant V6 TDI avec jusqu'à 224 ch, une fonction overboost supplémentaire et 550 Nm de couple. Par exemple, avec la boîte automatique à 8 rapports et la transmission intégrale 4MOTION enclenchable ou permanente, il est paré pour tous les terrains. L'Amarok V6. À partir de seulement CHF 28'380.-* *Offre pour les commerçants, prix hors TVA AMAG Villeneuve Route du Simplon 17 1845 Noville Tél. 021 967 21 61 www.villeneuve.amag.ch
no 12 décembre 2018 | CHASSE ET NATURE | 3 ÉDITO Union, communication et sécurité font la force ! | Pascal Pittet, président de Diana Romande N ous le savons depuis longtemps que l’union fait la force ! Pour la chasse romande, une communi- cation appropriée et précise, ainsi qu’une sécu- rité totale dans tous les actes de chasse sont également nécessaires pour renforcer notre image de chasseurs modernes et responsables. Le magnifique résultat de la votation zürichoise sur le maintien de la gestion de la faune par les chasseurs a pour source un niveau d’excellence en matière de com- munication. La précision des informations et le choix de supports actuels ont permis ce succès, qui a dépassé toutes les attentes. De l’autre côté, un acte de chasse qui ne garantit pas une sécurité totale peut, en plus de provoquer un drame, ruiner les efforts de plusieurs années de com- munication positive. Nous devons donc être forts ensemble pour permettre à Diana Romande d’assurer son rôle, aux niveaux tant de l’information que de la pratique de notre Art en toute sécurité. Etre abonné à Chasse et Nature assure évidemment la pérennité de notre revue, mais donne également à Diana les moyens dont elle a besoin pour développer et assurer le soutien d’une image positive, contemporaine et précise de la chasse auprès de tous les publics. Cette période de fin d’année est une belle occasion de soutenir nos projets en s’abonnant, en offrant un abonnement à un collègue non-abonné, à un ami, à une connaissance passionnée de Nature. L’opération «spécial parrainage» que vous trouverez dans ce numéro est éga- lement de saison et je vous invite à en profiter! Par vos et je vous souhaite à toutes et tous une agréable fin démarches et votre engagement, vous renforcerez Diana d’année, en vous adressant mes meilleurs vœux pour Romande, en lui donnant les moyens de ses ambitions. un avenir heureux. Selon l’expression «one team, one goal», je compte Vive Diana Romande et vive le Team des Chasseurs sur l’union des chasseurs romands pour nous renforcer Romands !
4 | CHASSE ET NATURE | n° 12 décembre 2018 SOMMAIRE La colonisation Faune 7 Revue mensuelle fondée en 1883 du chamois Organe officiel de la Société suisse des chasseurs « La Diana » www.chassenature.ch dans le Jura ÉDITEUR Diana Romande Texte et illustrations Bernard Reymond Pascal Pittet, président, Chemin Clos-du-Moulin 21 Dossier 1677 Prez-vers-Siviriez La chasse, ÉDITEUR DÉLÉGUÉ AdVantage SA cette inconnue Editions & Régie publicitaire Avenue d’Ouchy 18, 1006 Lausanne du public ! 12 RÉDACTION Vincent Gillioz Tél. 076 370 83 91 Texte et photos Alain Rossier redaction@chassenature.ch 15 ABONNEMENTS Nature AdVantage SA Cerf, des bois Avenue d’Ouchy 18, 1006 Lausanne Tél. 021 800 44 37 aux qualités abo.chassenature@advantagesa.ch PUBLICITÉ insoupçonnées Marianne Bechtel Tél. 079 379 82 71 mac@bab-consulting.com Texte et photos Daniel Girod AdVantage SA Tél. 021 800 44 37 regie@advantagesa.ch Témoignage Délai de réservation : le 1er du mois pour parution Mon bouquetin dans l’édition du mois suivant du Rawyl… MISE EN PAGES l’atelier prémédia Sàrl Texte Jean Bonnard 29 Tél. 079 830 61 38 julia.dubuis@lapm.ch IMPRESSION Imprimerie Saint-Paul 31 Boulevard de Pérolles 38 Le coin du pêcheur 1700 Fribourg D’où viennent nos poissons ? Tirage : 4000 exemplaires Texte Christian Lévêque N° 12 décembre 2018 Photo de couverture : Odile Curchod Recette de chasse Les articles publiés dans Diana Bécasse marrons Chasse et Nature n’engagent que leurs auteurs. Les documents et absinthe envoyés ne sont pas restitués, sauf accord préalable avec la rédaction. 50 Tous droits de reproduction (articles de Rafael Rodriguez et illustrations) réservés pour tous pays. La reproduction de tout ou partie de textes et d’illustrations doit faire l’objet d’un accord préalable avec la rédaction. 5 Les actus par Vincent Gillioz | 6 La photo insolite par Aurel Salamin | 18 Passion chasse: souvenirs au poste par Théia | 20 Portrait : L’art de la taxidermie par Vincent Gillioz | 25 Poster : Bouquetin, le seigneur des Alpes par Jean Bonnard 26 Portfolio par Gérard Berthoud | 34 FSP : La FSP mise sur le E-Learning – Un taxi pour anguilles sur le Rhin supérieur ? par Beat Wenzinger | 37 Les infos | 51 Jeu Scannez ce code avec votre smartphone et consultez notre site Internet
5 LES ACTUS Parc naturel surtout des falaises, ce qui la rend dangereuse. Les promeneuses ont régional pu contacter un chasseur, grâce Projet à l’étude dans le Bas-Valais au numéro de téléphone inscrit sur une étiquette affichée sur un Un nouveau projet, visant la valo- arbre. Le chasseur avait disposé risation de la nature et du pay- ses coordonnées pour pouvoir sage, a été récemment approuvé être contacté lorsque les randon- par les exécutifs des communes neurs retrouvent des animaux qui valaisannes de Saint-Maurice, ont dévissé. Il a pu prendre en Occident, objet de peur et de fas- Evionnaz, Vernayaz, Salvan, Fin- charge les trois femmes et préve- cination: mythologies anciennes, haut, Trient et Martigny-Combe. nir les secours. la louve romaine, les saints et les La création d’un parc naturel loups, le loup dans les bestiaires, régional de 222 kilomètres carrés Ysengrin et Le Roman de Renart, est en effet à l’étude. La mise en place et la gestion du parc pour- Conflits loups-garous et sorciers, le loup héraldique, le loup des fables, raient être subventionnées jusqu’à Cormorans sur le lac de Neuchâtel les peurs dans les campagnes, la hauteur de 80 % par le Canton et Bête du Gévaudan, les croyances la Confédération. Le dossier est au et superstitions modernes, le stade de l’étude de faisabilité. Un loup aujourd’hui dans l’univers vote populaire pourrait être envi- de l’enfance et du dessin animé. sagé en 2023. En Valais, les sites Une riche et belle iconographie de Finges et de la vallée du Binn (peintures, manuscrits, gravures) sont classés au rang des parcs illustre les propos de l’auteur. naturels régionaux. La Suisse en dénombre quinze. Les quantités de poissons pê- chées dans le lac de Neuchâtel Aigles et éoliennes sont en chute libre et le cormo- Des aigles royaux seront munis ran y est pour quelque chose. d’émetteurs GPS Le laxisme des autorités dans la Afin de cerner les habitudes des gestion de cette espèce particuliè- aigles et d’adapter les sites d’im- rement vorace met les pêcheurs plantation des éoliennes, plusieurs en rage. L’oiseau exclusivement aigles valaisans vont être pistés. piscivore peut engloutir plus de Ce nouveau projet de recherche 500 grammes de poisson par jour. doit déboucher sur la réalisation Les mesures de protection dont d’un modèle en trois dimensions il fait l’objet lui ont permis de se qui servira à mieux définir les Région genevoise multiplier sur le lac de Neuchâtel. Mille deux cents couples sont re- opportunités d’aménagement des futurs parcs éoliens dans Un chasseur sauve des touristes censés dans les réserves du Fanel en perdition les Alpes. Le but est d’éviter les (NE) et de Champ-Pittet (VD), risques de collision entre les ra- Fin octobre, un fait divers à l’issue qui abritent les deux plus grandes paces et les pales des générateurs heureuse s’est produit au Salève. colonies de Suisse. Ils prélèvent d’électricité. Quinze balises sont Trois touristes chinoises en ran- 450 tonnes de poissons chaque prévues. Le secteur du Nufenen et donnée se sont en effet égarées année alors que les pêcheurs ses quatre éoliennes ou la région alors que la nuit allait tomber, et professionnels n’en ont sorti que du Grand-Saint-Bernard qui a un que les conditions météo se 233 tonnes en 2017 et 340 tonnes projet à l’étude seront particulière- dégradaient. La montagne qui sur- en 2016... ment visés. Les données récoltées plombe le bassin genevois compte constitueront un outil précieux d’innombrables sentiers, et Livre d’aide à la décision (voir dessin de Parrone, page 17). Histoire culturelle du loup en Occident Les Editions du Seuil viennent de sortir un ouvrage sur le loup, écrit par l’historien reconnu Michel Pastoureau. Après son ouvrage consacré à l’ours, il présente cette histoire culturelle du loup en
6 | CHASSE ET NATURE | no 12 décembre 2018 La photo insolite L’heure de la sieste Q u’on se rassure, cette photo insolite ne date pas L’image nous est proposée par Aurel Salamin, le pa- d’hier, et la neige n’est pas encore arrivée en tron de l’hôtel de Moiry. Chasseur depuis plus de qua- abondance dans nos forêts (du moins au moment rante ans, il est passionné de nature, et a réalisé deux du bouclage). Dans le val d’Anniviers lors d’une tempête, documentaires, un sur l’aigle royal, et l’autre sur la che- il y a déjà quelques années, ce cerf ne semble pas vérita- vêchette d’Europe. blement perturbé par les conditions météorologiques et poursuit sa petite sieste malgré la neige. Envoyez vous aussi vos photos bizarres Appel aux photographes ! ou insolites à : redaction@chassenature.ch. Toute photo proposée par un non-abonné Si leur qualité est suffisante pour l’impression, lui vaudra six mois d’abonnement gratuit elles seront publiées ici avec vos explications. en cas de publication…
7 FAUNE La colonisation du chamois dans le Jura | Texte et illustrations Bernard Reymond BERNARD REYMOND, GARDE-FAUNE ENTRE 1967 ET 2004, A PASSÉ SON ENFANCE DANS LE VILLAGE DE VAULION, AU PIED DE LA DENT ÉPONYME. IL NOUS RACONTE COMMENT LE CHAMOIS A RECONQUIS LE TERRITOIRE JURASSIEN. P eu avant ma fin de scolarité, en 1960, une nouvelle sensation- nelle me fait rêver, car déjà j’ai cette passion pour la vie sauvage qui ne me quittera plus. Mon père garde-forestier et quelques coureurs de bois avaient vu des chamois sur la crête qui domine notre village. Cette présence de la célèbre «antilope des Alpes» nous paraissait si incongrue que nous avons hésité à en parler pour ne pas passer pour des rigolos sujets à des hallucinations. Sept ans plus tard, je réalise mon rêve : devenir garde-chasse cantonal avec un secteur taillé à ma mesure, en gros le tiers du Jura. Désormais, je me suis senti comme le berger de cet ongulé qui colonise à une vitesse En 1980, un collègue m’offre le livre vilèges du garde-faune. Et j’ai pris étonnante nos montagnes juras- de Marcel Couturier Le Chamois, énormément de plaisir à ma mis- siennes du nord vers le sud-ouest. édité en 1938. Cette «bible» me sera sion d’observation du chamois, peu très utile durant toute ma carrière farouche dans la plupart des terri- Précieuses archives professionnelle. Par la suite, d’autres toires. Comptages, pose des pierres Passionné par l’histoire, celle de la travaux remarquables et des témoi- à sel, sont autant de tâches qui ne chasse et de la faune en particulier, gnages précieux me permettront de m’ont jamais lassé. J’ai été très mo- je récolte très tôt une foule d’infor- comprendre comment l’incroyable tivé, dans les années 70 et 80, par la mations. Les collections des revues expansion de Rupicapra, rupicapra mesure de la progression de l’espèce, Diana et de l’ancien PCS (Pêcheur a eu lieu dans nos massifs jurassiens. tout en sachant que la chasse était et Chasseur Suisse) constituent des Suivre toute l’année des popula- nécessaire et que les plans de tir de- mines d’informations très précieuses. tions d’ongulés constitue un des pri- vaient être bien étudiés.
8 | CHASSE ET NATURE | no 12 décembre 2018 Chamois erratiques grosse femelle accompagnée d’un faisait procéder à un lâcher de trois Dans le Jura suisse, cet animal ani- jeune. L’auteur signale que ces cha- femelles dans cette réserve, selon mait déjà nos contrées au temps de mois erratiques, égarés ou traqués M. le Dr Ch. Krähenbühl, de Saint- l’homme des cavernes, selon des os- par des chiens, venaient sans aucun Imier. sements découverts dans la fameuse doute de la Suisse. Par la suite, selon l’étude Salz- grotte de Cotencher (NE). En 1812, mann, le canton de Berne a réalisé un chamois est tiré aux Ponts-de- Lâchers dès 1950 un effort exceptionnel, puisque ce Martel (NE). Cent ans plus tard, un Au Creux-du-Van, une tentative ne sont pas moins de neuf boucs chasseur de La Chaux-de-Fonds tue d’acclimatation du chamois avait déjà et vingt-et-une chèvres qui ont été une chèvre dans la même région. En été tentée vers les années 1910-1912 libérés entre 1956 et 1962. 1919, un rapport de la section de La (PCS). Au Chasseral (BE), dans les Dans le canton de Neuchâtel, un Côte (Diana 1919) mentionne : «A années 1954-1956, un chamois so- repeuplement également remarqua- signaler la rencontre d’un chamois, litaire a été aperçu à plusieurs re- ble a été engagé grâce au célèbre un mâle de 28 kilos – qui a eu la prises. L’Association du Parc juras- inspecteur cantonal de la chasse, sotte idée de se faire tirer à Mollens sien de la Combe-Grède Chasseral M. Archibald Quartier. Ainsi, de 1950 (VD) par l’honorable syndic de cette fit une demande à la Direction des à 1955, ce sont cinq mâles et treize localité». forêts pour lui fournir un compa- femelles qui ont été lâchés dans la Dans le canton de Neuchâtel, au gnon. Dix jours après (ne parlons réserve du Creux-du-Van. mois de septembre 1923, une chèvre plus de la lenteur des Bernois…), le Mais d’autres cantons, Soleure était signalée avec deux faons au 25 juin 1956, cette même Direction (1951-54), Bâle-Campagne (1959-60) Mont-Racine. Ces deux derniers ont été abattus et l’un a été exposé à Sous le sommet de la Dent-de-Vaulion (pastel de B. Reymond). La Chaux-de-Fonds. Descendant de Chaumont, un chamois a été captu- ré… par des pêcheurs près de Saint- Blaise, dans le lac de Neuchâtel. En 1929, on en a vu un traversant le lac de Morat. Et cette même année, un autre a été abattu au Creux-du-Van par un braconnier. En novembre 1944, quelques per- sonnes tentent de secourir un ani- mal qui se trouve en difficulté dans les gorges de Noirvaux. En mai 1947, on signale plusieurs chamois au Creux-du-Van et en octobre 1949, une grosse chèvre âgée est trouvée blessée, toujours dans ce site. En France voisine, une des pre- mières mentions d’une présence de chamois dans le massif du Jura nous est donnée par le livre de M. Coutu- rier. En octobre 1897, un chasseur de Jougne tirait un gros mâle dans le massif du Mont-d’Or, tout près de la frontière suisse au nord-est de Vallorbe. Toujours en octobre, mais trente-six ans plus tard, dans ces mêmes rochers, un chasseur de La Ferrière-sous-Jougne tuait une
9 recteur du zoo de Zürich nous ap- prend : «Dans les années 1930, le zoo de Londres cherchait des chamois à exhiber parmi sa riche collection d’animaux de toutes les parties du monde. Or, précisément, ces êtres caractéristiques de la montagne au- raient constitué un souvenir sympa- thique et intéressant de la Suisse. La réserve fédérale du Creux-du-Van, site de la colonie fondatrice. © Michel Cuhat Le Conseil fédéral se décida alors – c’était en 1933 – à faire un geste amical en offrant au zoo londonien et Argovie (1959-61) ont aussi parti- aussi saluer l’énorme travail accom- quelques chamois en cadeau. L’Ins- cipé à cette grande entreprise de re- pli par les gardes de cette époque, pectorat supérieur fédéral fut char- constitution de la grande faune. Au surtout que les fusils à seringue gé de l’exécution pratique de ce total, ce sont donc vingt-sept boucs, hypodermique n’existaient pas. projet. Pour abréger autant que cinquante-quatre chèvres et trois possible le voyage de ces animaux indéterminés qui auront été trans- Cadeau aux Anglais délicats, le cadeau fut expédié par la plantés des Alpes au Jura. L’histoire incroyable des chamois voie des airs, ce qui n’était pas une On notera l’intelligence d’avoir offerts aux Anglais mérite encore petite affaire à cette époque. procédé à des introductions d’ani- d’être citée. Elle est connue grâce Les chamois furent donc soigneu- maux de souches différentes, du au garde cantonal Christian Zbin- sement encagés dans un avion, et il point de vue génétique (Valais, den. Dans Nos animaux sauvages, s’en fallut d’un cheveu qu’un fonc- Berne, Grisons et Saint-Gall). Il faut M. le professeur Heini Hediger, di- tionnaire supérieur de l’Inspectorat PUBLICITÉ Revue mensuelle | www.chassenature.ch | N° 8 août 2017 Abonnements: OFFRE PROMOTIONNELLE! Action «spécial parrainage» Vous êtes déjà abonné mais une personne de votre entourage souhaite souscrire un nouvel abonnement d’un an ? Nous accordons au parrain une rétrocession de CHF 20.– par nouvel abonné enregistré. Complétez le formulaire ci-joint et retournez-le par courrier ou courriel à notre adresse. A réception du règlement de la facture émise, nous vous contacterons pour définir les modalités de rétrocession à votre avantage. Conditions: le nouvel abonné n’habite pas à la même adresse et n’a pas déjà été au bénéfice d’un abonnement à Chasse et Nature durant les deux dernières années. Bulletin de parrainage/abonnement (à imprimer et retourner signé) Nom/prénom du parrain abonné: Adresse: Téléphone: E-mail: Nom/prénom du parrainé: Adresse: Téléphone: E-mail: TROPHÉES À LA MODE TESSIN Et si on faisait La chasse Canton aux A retourner à AdVantage SA, Chasse et Nature, Avenue d’Ouchy 18, 1006 Lausanne parler l’ADN… silencieuse 2200 chasseurs abo.chassenature@advantagesa.ch – tél. 021 800 44 37 01 COVER.indd 1 24.07.17 13:24
10 | CHASSE ET NATURE | no 12 décembre 2018 des forêts les accompagnât dans Début de la chasse L’année suivante, cette nouvelle leur voyage. Il ne regretta certes En 1963 déjà, le canton de Neu- chasse sera pratiquée dans la pres- pas d’y avoir renoncé, puisqu’au châtel ouvre la chasse au chamois. que totalité du Jura vaudois. au voisinage de Pontarlier, l’avion Dans le canton de Vaud, les effectifs Tout a été mis en place pour éviter s’abattit et s’écrasa avec les ani- sont montés rapidement. Dès le mi- un maximum de critiques et d’inci- maux encagés. Par miracle, ceux-ci lieu des années septante, il est pos- dents avec la population. Les chas- survécurent et s’enfuirent de leur sible d’observer des chamois dans seurs, conviés à des réunions d’infor- prison, pour aller se remettre de chaque zone rocheuse. Un premier mation, sont rendus très conscients leurs émotions dans les rochers du plan de tir est mis au point pour la de leur rôle de gestionnaires. Le tir Mont-d’Or…» saison 1973. C’était sans compter à la carabine, très peu pratiqué en Enfin, une information venant de avec une forte réaction populaire dehors des zones alpines, est bien M. Roger Martin, garde-chasse ONC et une pétition vigoureuse des gens entendu obligatoire et les installa- du Doubs, aujourd’hui décédé : des de La Vallée et de Vallorbe pour dis- tions de tir se multiplient. Il n’est chamois auraient été lâchés sur ce suader les autorités de permettre la pas question de partir à cette chasse site pendant la période d’occupation chasse. Il faut dire que nous étions avec une arme non réglée et sans de allemande. Des officiers autrichiens, en pleine période de la contestation sérieuses connaissances. sans doute de fervents chasseurs, anti-chasse et le futur lancement de Chaque animal tiré a été présenté auraient été les auteurs de ce «re- l’initiative Teuscher demandant son au poste de contrôle officiel. Dans peuplement». Ainsi ce massif, en abolition. la grande majorité, les bêtes étaient majeure partie sur territoire fran- En 1974, les tirs auront toutefois en excellent état sanitaire. Des tro- çais, aura eu une très grande impor- lieu dans l’ancienne circonscription phées remarquables ont été récol- tance pour l’expansion de l’espèce comprenant le Nord vaudois, de tés. La preuve a été faite maintes dans le Jura vaudois. Vallorbe au canton de Neuchâtel. fois que les biotopes jurassiens sont de qualité. Scène de rut, Dent-de-Vaulion (pastel de B. Reymond). M. Jean-Joseph Egger, garde-fron- tière du poste de Vallorbe, décou- vrait le 14 septembre 1983 le cada- vre d’un bouc de 18 ans, lors d’une de ses tournées de service dans le massif du Mont-d’Or. Mesuré et taxé à 123,4 points C.I.C., il devenait le plus fantastique chamois du Jura. Ce record n’a pas été dépassé à ma connaissance. Les belles années Durant toute ma carrière, je peux dire que le bilan de la chasse spé- ciale du chamois a été positif. Les gardes ont fait le maximum pour que les prélèvements soient exé- cutés conformément aux lois et rè- glements, tant sur les plans quan- titatif que qualitatif. Du point de vue éthique également, nous avons voulu que ce gibier soit traité avec tout le respect qu’on lui doit et les chiens de rouge ont démontré leurs capacités lors de multiples inter- ventions. A ce sujet, je signale le
11 Archibald Quartier, pionnier du repeuplement chamois dans le Jura. © DR stoïcisme de ce fier animal, victime Cette chronologie s’arrête avec parfois de graves blessures et qui ne mon activité professionnelle. De- crie et ne geint presque jamais. Que puis, je sais que les effectifs ont bais- de moments palpitants vécus avec sé, parfois fortement dans certains lui, notamment avec les chevreaux secteurs. Heureusement, dans nos qui s’amusent comme des bambins régions, le chamois, si facilement en se glissant sur les névés, les bêtes visible et confiant dans les endroits meneuses si soucieuses de la sécurité touristiques, fait toujours partie de de la harde ou encore ces folles pour- la carte postale et suscite encore la suites des boucs amoureux ! sympathie de toute une population. Mais d’où venaient ces chamois ? Des chamois, issus de nos Préalpes, auraient-ils fait leur traversée vers l’ouest pour gagner les montagnes juras- siennes ? Les avis divergent et on ne peut qu’émettre des suppositions. Le cas de la petite et ancienne colonie du vallon des Vaux, au sud-est d’Yverdon-les-Bains, est intéressant. D’où venaient-ils ? De la verte Gruyère ou des Rochers-de-Naye, c’est un gros point d’interrogation. On sait seulement que des jeunes chamois, souvent dans la classe éterle / éterlou, peuvent devenir des grands voyageurs. On en a vu arriver jusque dans l’agglomération lausannoise. Il y a aussi ce côté mystérieux du chamois qui le rend encore plus attachant et nous sommes en- core loin d’avoir compris tous les secrets de notre faune sauvage. PUBLICITÉ CHASSE AU CERF à p. de € 990.00 THE PASSION OF HUNTING CHASSE AU MOUFLON CHASSE AU Un chasseur pratiquant la chasse vous assure un conseil avisé Un armurier vous garantit le savoir-faire à p. de € PETIT GIBIER à p. de € 690.00 1495.00 L’adresse des pros de l’armurerie CHASSE AU Armurerie Les Dix KEILER EN TURQUIE Rue de Chandoline 25 à p. de € 1950 Sion 890.00 027 203 60 07 WWW.CAPRA-ADVENTURES.COM lesdixsarl@bluewin.ch TEL: 076 379 24 26
12 | CHASSE ET NATURE | no 12 décembre 2018 DOSSIER La chasse, cette inconnue du public ! | Texte et photos Alain Rossier LA CHASSE EST SOUVENT MÉCONNUE DU GRAND PUBLIC, RAISON POUR LAQUELLE IL CONVIENT DE PRENDRE LES DEVANTS ET DE L’EXPLIQUER. UNE BONNE COMMUNICATION AVEC TOUS LES USAGERS DE LA NATURE EST INDISPENSABLE. FLORILÈGE DE QUELQUES RENCONTRES, PARFOIS INSOLITES. la certification d’origine, la chasse a Une bonne communication est à la base d’une bonne acceptation de la chasse. une véritable carte à jouer pour élar- gir sa reconnaissance. Les bonnes questions au bon moment Remercions donc les personnes qui prennent le temps de s’inté- resser à la chasse, et savent poser les bonnes questions. Pas comme ce personnage qui s’arrête de rou- ler à ma hauteur, alors que je suis à la chasse du cerf dans le Jura. En pleine traque, ma carabine en main et posté en bordure d’une route: «Dites-moi, monsieur, vous êtes chasseur ?». J’ai eu une furieuse envie de lui rétorquer que je faisais une partie de tennis et que j’atten- A mon sens, en ce qui concer- est arrivée», le pourcentage de gens dais impatiemment qu’une balle ne la chasse, il est bon d’al- favorables à notre activité augmente arrive ! ler au-devant des questions toujours de manière significative et A contrario, dans le même secteur, plutôt que d’attendre que celles-ci l’intérêt est plus marqué. Les ques- nous allons prendre notre poste avec soient posées, parfois de manière tions sont alors axées sur la prove- un ami et rencontrons trois joggeurs insidieuse. Car tout le monde n’est nance de la venaison plutôt que sur qui reprennent leur souffle en mar- pas forcément disposé à prendre le la manière dont elle a été prélevée, chant tranquillement. Un salut cor- temps de lire des textes qui expli- mais l’important est de susciter la dial, et la discussion s’engage, convi- quent le pourquoi et le comment de discussion. Car à l’heure de l’engoue- viale, intéressante et les questions la chasse. Mais quand les devantures ment pour les produits du terroir, de fusent. Il ne s’agit pas de convaincre, des restaurants affichent: «La chasse la recherche de circuits courts et de mais d’informer sur notre activité et
13 de rappeler l’importance du partage et reconnaissent en voir souvent ou la découverte de professions. La de la nature pour ses usagers. lors de leurs fréquentes balades en chasse fait partie des possibilités ces lieux. Questions et réponses et j’ai été accompagné cette saison Prendre garde à la sensibilité animent cette rencontre et au mo- par Basil, 11 ans, fils d’un agricul- Lorsque l’on a affaire à des incon- ment de reprendre notre route, teur-éleveur de gros bétail de la nus sur le terrain, il est important l’une d’elles m’avoue ne pas aimer région. Mon petit-fils, Charles-Henri, de ne pas se dérober mais de faire du tout la chasse, ni la viande. On 14 ans, complétait le trio pour une attention à ne pas heurter les inter- se quitte sans un mot de travers. journée de chasse à la bécasse. locuteurs. Il ne s’agit toutefois pas La divergence d’avis n’exclut pas la Gaillardement, mes deux acoly- de les tromper sur le sujet. Un jour, discussion, sauf parfois avec les ex- tes du jour ont pu suivre le travail deux dames accompagnées de trois trémistes, avec qui aucun dialogue d’Ebène et de son père Cody dans le chiens de petite taille croisent notre n’est possible. Jura, voués à la quête de la mordo- route et un de mes chiens libres me rée. Après un petit topo sur la biolo- devance. Je le rappelle et le mets Au cœur de l’action gie de l’oiseau, une explication sur à la laisse pour qu’il n’importune Chaque année dans le canton de la méthode de recherche et ce que pas les toutous qui me paraissent Vaud, mais également ailleurs en l’on attend du chien, Ebène a arrêté déjà âgés. Ces dames s’arrêtent, la Romandie, «Passeport-vacances» or- une bécasse dans la première heure. discussion s’engage sur la chasse ganise des activités pour les jeunes Il nous aura fallu environ trois mi- et le gibier. Le chevreuil, que nous lors des vacances d’automne. Le nutes pour localiser le chien qui res- chassons ce jour-là, est très présent concept propose une grande diver- tait de marbre sur la chaude émana- dans la région. Elles le confirment sité de sujets ; des sports, des jeux tion. Malheureusement, alors que je PUBLICITÉ Régie publicitaire et imprimeries réunies sous le même toit www.media-f.ch
14 | CHASSE ET NATURE | no 12 décembre 2018 très important de montrer combien il est nécessaire de connaître le gi- bier, son comportement et ses pos- sibilités de survie dans un environ- nement parfois hostile. Le respect de la loi et de l’éthique sont aussi deux points importants, pour que les prélèvements légaux assurent la pérennité des espèces. Il s’agit là de théorie, certes. Mais une pratique ir- réprochable favorise la crédibilité de Basil et Charles-Henri profitent du Passeport-vacances pour participer à une journée la chasse, particulièrement auprès de chasse à la bécasse. des personnes non-habitées par de fausses idées protectionnistes, ba- sées sur une sensibilité exacerbée pensais trouver le «chasseur» et le fois pas d’aller voir un petit sanglier par les mouvements écologistes. gibier dans le bois, l’oiseau était tout prélevé par un couple d’amis. Je La cynégétique n’est pas seule- à fait en lisière de pâturage et a pro- souhaite que Basil et Charly, plein ment un moyen de régulation des fité de la situation pour nous fausser les yeux et la tête de visions et espèces, c’est aussi un ensemble compagnie. d’émotions, se rappellent de ce que de pratiques culturelles qui reste Au début de l’après-midi, c’est j’ai tenté de leur apprendre. l’allié de la protection de la nature Cody qui s’y colle, rapidement il et des espèces animales sauvages. montre un grand intérêt et je pré- Chercher à faire comprendre, La biodiversité doit être respectée, viens mes accompagnants. Sans mais pas à convaincre ! mais pas à n’importe quel prix. Les pouvoir localiser son gibier, Cody Comme beaucoup de sujets sen- grands prédateurs s’installent, qu’ils s’éloigne et c’est moi qui fais voler la sibles, la chasse doit être comprise marchent ou qu’ils volent, l’agricul- dame au long bec, sans que je puisse dans son ensemble. Il faut expliquer ture est indispensable et les éle- la prélever. A la relève, la bécasse pourquoi elle fait partie de notre vie veurs doivent pouvoir compter sur repart deux fois sans prévenir et un depuis la nuit des temps et pourquoi la protection de leurs animaux de tir hasardeux ne fera pas mouche. elle est nécessaire ! Notre rôle est rente pour gagner leur vie. Cela Mes deux gamins commencent à bien de la faire connaître sans tou- aussi, le grand public doit l’appren- fatiguer et il est temps de terminer tefois chercher à convaincre ceux dre en se rapprochant des exploita- nos recherches pour retourner à la qui ne sauraient ou ne voudraient tions et des gens de la terre. maison. Nous ne manquerons toute- prendre la vie d’un animal. Il est aussi Expliquer pour informer Il y a déjà quelques années, alors que la neige avait fondu et que des parcelles de pâturages reprenaient vie sous l’action du soleil, je me permettais de commencer l’entraînement physique de mes chiens d’arrêt. Réglage de la quête, galop soutenu et obéissance sont des points importants qu’il faut travailler avant de les présenter aux concours de printemps. En pleine action avec un de mes épagneuls, j’étais observé par un couple de prome- neurs qui se demandaient bien pourquoi je gesticulais et sifflais bruyamment pendant que le chien faisait des lacets réguliers devant moi. A la fin de l’exercice, mes observateurs sont venus me questionner sur mon activité. J’ai commencé par leur parler de la chasse, puis du dressage des chiens et des concours. Je les ai informés au mieux et leur ai avoué ma passion de la chasse à la bécasse. « Dites-moi Monsieur, dans le canton de Vaud, com- bien de bécasses lâche-t-on et quand est-ce que l’on fait ce repeuplement ? ». Sommet de la méconnaissance de l’espèce, mais excellente occasion d’entrer en matière et d’informer !
15 NATURE Cerf, des bois aux qualités insoupçonnées | Texte et photos Daniel Girod LA VIOLENCE AVEC LAQUELLE S’ENTRECHOQUENT LES BOIS DE CERFS LORS DES COMBATS QUI ÉMAILLENT LA PÉRIODE DU RUT INTERROGE TOUT NATURELLEMENT SUR LES QUALITÉS BIOMÉCA- NIQUES DE LA RAMURE. DANIEL GIROD S’EST PENCHÉ SUR LA QUESTION. H ormis l’hydropote et le cerf porte-musc, les cervidés sont les seuls mammifères à posséder des bois. Voilà plus de deux mille ans, Aristote s’interrogeait déjà à propos des bois de cerfs dont il fai- sait une description dans Historia Animalum. Depuis, de nombreux ouvrages ont été consacrés aux bois de cerfs afin de mieux connaître leurs spécificités. Le trophée se caracté- rise par deux propriétés relatives pour l’une aux spécificités biomé- caniques des bois et, pour l’autre, à leur pérennité. Tout d’abord, biologi- quement parlant, les bois sont cons- titués d’un tissu osseux recouvert On distingue très bien la zone périphérique d’os compact et la zone d’os spongieux au centre. de velours pendant toute la phase Certains auteurs parlent également d’une zone de transition située entre les deux précédentes. de croissance. Cependant, ce tissu osseux n’est pas uniforme dans le sens où il est constitué d’os spon- densité des bois, elle varie selon les différents statuts nutritifs des ani- gieux au centre et d’os compact en études entre 0,96 et 1,74 grammes maux étudiés. En ce qui concerne les périphérie (voir photo ci-contre). par millilitre. Ces densités sont plus propriétés biomécaniques, plusieurs faibles que celles du fémur de bo- auteurs ont testé celles du tissu Spécifique au cervidés vin (2,1 grammes par millilitre) ou compact des bois de cerfs. Ainsi, des En tout état de cause, il s’agit celle de l’os de la tempe du cheval tests de tension, de flexion, de fluage bien d’une production osseuse et (2,3 grammes par millilitre). Il est et de fatigue ont été pratiqués sur de non pas d’une production cutanée par ailleurs à noter que les variations multiples échantillons. Ces tests ont comme c’est le cas pour le chamois de densité des bois de cerfs sont es- montré que les bois de cerfs présen- ou le mouflon. En ce qui concerne la sentiellement dues aux âges et aux tent un module d’élasticité plutôt
16 | CHASSE ET NATURE | no 12 décembre 2018 chute des velours, soit la fin des re- faits. La croissance et l’allongement des premiers bois débutent quand le cerf arrive d’une part à sa matu- rité sexuelle et que, d’autre part, les pivots atteignent une longueur de 5 à 6 centimètres. Le début de la croissance des bois commence à la maturité du jeune cerf car l’initia- tion de cette croissance nécessite une stimulation androgène suffi- sante. Cette observation explique par ailleurs l’absence des bois chez la femelle. D’autre part, en raison de la forte demande en calcium, la croissance des bois s’accompagne d’une certaine forme d’ostéoporose physiologique qui reste néanmoins réversible au niveau du squelette. Il est à noter que ce phénomène s’ob- serve également chez la femelle du renne (voir encadré). Dès lors que la croissance des bois a commencé, Trois pivots pour une tête. les bois sont sous velours jusqu’à la chute du taux de testostérone, soit en juillet-août. Puis vient la période large, paramètre qui explique en ment que le bois de cerf posséde- pendant laquelle le cerf porte ses grande partie le fait qu’il y ait malgré rait la capacité de limiter l’extension bois sans velours. Ce laps de temps tout peu de fractures de merrains des micro-fractures qui apparaissent correspond à la période automne- lors de l’affrontement des coiffés. dans la zone de déformation plas- hiver, soit de septembre à mars. Pen- Les tests en tension effectués jusqu’à tique et de retarder par la même dant longtemps, les scientifiques ont obtenir la fracture des bois montrent occasion la fracture finale. considéré qu’après la chute des ve- que la déformation plastique est plu- lours le trophée ne constituait qu’une tôt élevée. Là encore, ce paramètre Croissance express structure morte sur la tête des cerfs. explique en grande partie le faible Quant au cycle biologique de re- Néanmoins, de nombreuses études, nombre de fractures des bois, même constitution des bois, il dure envi- dont celle de Rolf et Fischer en lorsque les chocs sont très violents. ron cent vingt jours. Cette période 1999, ont montré qu’il existe bien La batterie de tests montre égale- s’étend de la perte des bois à la une vascularisation développée au Le renne Chez le renne, le mâle et la femelle portent des bois. Néanmoins quelques différences substantielles existent entre les deux sexes. En effet, les bois de la femelle sont plus fins et moins développés que ceux du mâle, plus longs et munis de palettes aplaties. D’autre part, les bois des mâles chutent en hiver alors que ceux des femelles tombent au printemps, après la naissance des petits. Chez le mâle comme chez la femelle, les sabots sont très larges pour faciliter les déplacements dans la neige.
17 centre des bois, ceci via le tissu spon- Parfois la croissance s’arrête de façon imprévue, tel que le démontrent les boutons de ce jeune cerf. gieux. Dans les régions tempérées, le cycle total qui va d’une chute des bois à une autre est largement influencé par les variations photopériodiques qui agissent sur la sécrétion des hor- mones stéroïdiennes sexuelles et de l’hormone de croissance. Véritable objet mythique, le tro- phée de cerf n’a sans doute pas en- core délivré tous ses secrets, bonne raison pour continuer à s’intéresser à cette ramure qui affiche tant de prestance. Source : Les bois de cerf : revue de littérature scientifique. Crigel M.H., Balligand M., Heinen E. L’humeur de Pascal Parrone
18 | CHASSE ET NATURE | no 12 décembre 2018 PASSION CHASSE Souvenirs au poste | Texte et photos Théia LE POSTE EST SOUVENT L’OCCASION DE VIVRE DES ÉMOTIONS FORTES ET INTENSES. CERTAINES RESTENT À JAMAIS GRAVÉES DANS LA MÉMOIRE. J e me souviens du premier poste où j’étais en septembre 2015. Petite traque au sanglier dans le Jura vaudois. Nous avions été placées au bord d’une route béton- née, surplombant une pente de forêt au bon dénivelé. Nous chuchotions lorsque les bruits des traqueurs se sont rapidement rapprochés. Nous nous sommes alors figées, entendant que les buissons étaient parcourus dans notre direction. Les aboiements suivaient le son de fourrés dérangés. Le fusil est épaulé. Je me suis postée derrière la chasseuse. Le gi- bier venait à toute bombe, toujours plus près, encore plus proche… Là ! A quelques mètres au-dessous de nous ! L’émotion fut si intense lors de l’attente de cette bête : plus elle s’approchait, plus l’adrénaline mon- tait, moment inoubliable. C’était une chevrette. Elle a continué son che- min car la traque visait le sanglier, le tir de chevreuils n’étant pas encore autorisé à cette période. Sensation indescriptible La chasseuse a déboulé dans la pente pour attraper le chien. Il suivait de près le «mauvais» gibier – espèce de non-créancé ! Par cette méprise, ce nez nous a fait vivre un instant magique ! Une attente si intense, un moment en suspens, une force émergeant des profondeurs. Diffi-
19 cile de savoir lesquelles... Les fonds de notre être ? Sensation venant des tripes ? Origine de carnivores ? Ra- cine de préleveur ? Tréfonds de la Terre. Ardeur naturelle. Sensation hallucinante que cette excitation qui monta en moi à mesure que la bête rappliquait ! Le canidé fut attaché et ramené au traqueur. Rien ne tomba ce jour-là, mais ce souvenir est tellement beau pour moi, gravé à jamais dans mon corps tout entier. Lorsque je l’ai écrit, une fois rentrée, des larmes me sont tombées. Ce n’était pas de la tris- tesse, plutôt une émotion puissante et indescriptible qui revenait quand j’en parlais. J’ai alors mieux compris la difficulté des chasseurs à expli- quer leur ressenti. Une perception qui dépasse… si difficile à décrire. Elle s’ancre à jamais dans son être tout entier, le cerveau n’étant pas le seul impacté. «Ce dont nous nous rappelons est toujours différent de ce que nous vivons. La connaissance transforme de plus nos interprétations et nos récits». Cette note écrite le soir de la chasse ajoute ainsi de la substance à ce souvenir. vers nous. Ce moment dure à peine sa puissance intense, cela me tire une minute, on voit l’animal surgir des larmes chargées d’une sensation Quand l’adrénaline monte au-dessous de nous, traversant les extrêmement profonde. Ce moment Plus de bruit de chien, d’un coup, bois à toute allure. C’est un chevreuil si extraordinaire – bien qu’attendu on entend un cri humain (le tra- de taille adulte qui ne fait pas cas de vu que j’espérais voir du gibier sous queur tente de motiver son animal) nous – pas le temps – il fuse devant quelque forme que ce soit en ce jour et le canidé recommence à aboyer, lui à moins de dix mètres de ces de chasse – m’émeut fortement. dans notre direction cette fois. Je humains postés qui ne le tireront pas Souvent je vois des chevreuils (ou me poste derrière Elisabeth qui a le car l’ouverture de ce gibier n’est pas même des chamois) paître dans les fusil dirigé vers le bois, prête à voir encore là. champs, j’ai toujours aimé cette du gibier arriver. On entend distinc- image : la faune sauvage qui se nour- tement un animal qui fait bouger les Force et puissance de la nature rit devant nos yeux ébahis. Il est vrai branches et qui précède le chien Cet ongulé majestueux passera que depuis que j’ai appris les dégâts qu’on situe grâce à ses aboiements. sous nos yeux moins de dix secondes qu’ils peuvent réaliser en broutant On ne bouge pas, on attend, le fusil mais cette image est gravée à jamais un champ de blé, je plains l’agricul- est prêt, mon cœur bat de plus en dans mon cerveau. Voir cet animal teur désormais. Cette vision d’une plus vite – je comprends ici la notion sauvage, dans l’élan d’une force épa- force tranquille n’a rien à voir avec d’adrénaline souvent évoquée par tante, fut très émouvant. Je ne sais l’émotion que m’a procurée cet ongu- les chasseurs : un bouillon qui monte pourquoi : alors que j’écris cette vi- lé, dans son élan de fuite, où l’instinct en moi alors que le gibier se dirige sion si magnifique de la nature dans de survie nourrissait sa motivation.
20 | CHASSE ET NATURE | no 12 décembre 2018 PORTRAIT L’art de la taxidermie | Texte Vincent Gillioz | Photos Christian Schneiter CHRISTIAN SCHNEITER NATURALISE DES ANIMAUX DEPUIS PLUS DE TRENTE ANS. L’ARCHE DE NOÉ, SON MUSÉE DE VICQUES, COMPTE UNE COLLECTION DE PLUS DE TROIS MILLE PIÈCES. T axidermiste, sculpteur, mais Le fondateur de l’Arche de Noé se transforme en véritable showman aussi muséologue et show- lorsqu’il reçoit des groupes dans son musée. man, ce Jurassien de 51 ans est présent sur la scène animalière depuis son adolescence. «Naturali- ser c’est aussi sculpter» affirme Christian Schneiter, une étincelle de passion au fond de la pupille. Captivé par les oiseaux, il attrape le virus de l’ornithologie à 8 ans, grâce à un prof d’école qui lui com- munique sa marotte. Au moment de penser au choix d’un métier, il cherche un moyen de parfaire ses connaissances en zoologie, sans passer par l’univer- sité qui lui semble trop fastidieuse. La taxidermie se profile comme la profession idéale, et en 1983 il com- mence un apprentissage à l’atelier Codourey, avec Raphaël et Joseph qui lui ont appris le métier. «J’ai évi- demment dû quitter mon village et aller à Fribourg pour ma formation. En parallèle, j’ai suivi des cours de dessin à Berne.» A 20 ans, il s’installe à son compte à Vicques. Il est resté indépendant depuis. «C’était une autre époque», raconte-t-il, à peine nostalgique de cet âge d’or. Et de poursuivre : «Il n’y avait pas un jour où on ne m’ap- portait pas un animal, un écureuil, une fouine, un petit oiseau. Je tra- vaillais pour des écoles, des musées. Des clients venaient de l’étranger.
21 Il y avait septante-cinq taxidermis- énormément de demande de visites, son exposition lors d’un véritable tes en Suisse. Aujourd’hui, nous ne et je devais pouvoir exposer. J’ai one man show, une activité qui lui sommes plus qu’une quinzaine.» donc acheté une ferme il y a vingt- va bien, et correspond parfaitement cinq ans, et je l’ai aménagée au gré à sa personnalité communicative. De l’atelier au musée des opportunités. Aujourd’hui, j’ai Pour ce qui concerne le métier, Mais notre homme ne porte au- 1500 mètres carrés d’expositions il affirme qu’il n’a pas réellement cun ressentiment quant à l’évolution sur deux étages.» Il se targue de changé. Son savoir-faire et son ex- du métier. Il préfère voir son par- recevoir plus de sept mille visiteurs périence lui ont simplement permis cours comme un accomplissement. par an, d’organiser des journées de toujours améliorer sa technique. «J’ai formé trois apprentis» dit-il portes ouvertes, et d’accueillir des «A mes débuts, j’avais de nombreux avec fierté. Il raconte aussi com- cars de cinquante personnes qui se classeurs avec des centaines de pho- ment il est passé d’un petit atelier déplacent expressément pour son tos d’animaux, dont une partie issue à L’Arche de Noé actuelle. «J’avais musée, un public à qui il présente du magazine Diana. Chaque fois que j’en trouvais, je les classais. Ça me faisait une base de données pour travailler. Aujourd’hui, ce n’est plus nécessaire, si je cherche une image particulière, pour voir une bête et ses proportions, je la trouve sur In- ternet.» Pour le reste, la technique reste la même. Il faut sortir les car- casses minutieusement, en prendre les mesures pour construire le man- nequin. Nettoyer les peaux et les tanner avec divers procédés. «Pour un petit oiseau, la peau traitée devient si fine qu’on voit à travers. Vient ensuite la phase de l’habillage du modèle, il faut réfléchir en trois dimensions, on est dans du volume, puis réaliser les finitions, poser les accessoires, dents, yeux… Parfois les gens s’étonnent des prix. Un écu- reuil coûte autour de 350 francs. Et il faut au minimum une journée de travail, en plusieurs étapes, si on va vite. Les petits animaux demandent parfois plus de boulot que les gros.» Evolution du marché Si les chasseurs faisaient presque systématiquement naturaliser leurs trophées il y a vingt ans, ils sont au- jourd’hui moins nombreux à le faire. Les trophées de chasse à l’étranger ne constituent pas non plus une clientèle très importante. «J’en fais quelques-uns, mais le problème, c’est qu’on ne sait jamais ce qu’on va trouver, si le travail de dépeçage a
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