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l’entreprise l’homme ANNÉE 2009 & Revue de l’ADIC Association Chrétienne des Dirigeants et Cadres QUATRIÈME TRIMESTRE TRIMESTRIEL 86e ANNÉE NUMÉRO D’AGRÉMENT P0301151 - AVENUE KONRAD ADENAUER 8 - 1200 BRUXELLES - BUREAU DE DÉPÔT : CHARLEROI X DOSSIER Environnement : tous responsables 4/2009
l’entreprise & l’homme Quatrième trimestre 2009 SOMMAIRE 1 ÉDITORIAL EDITO 1 Marc Van Ossel DOSSIER Environnement : tous responsables Une exposition pour comprendre le réchauffement climatique 2 Anne Mikolajczak Interview d’Henri Dupuis Ne ratons pas le train des technologies vertes 6 Marc Van Ossel, président de l’ADIC Jacques Zeegers Photo Archives Interview d’Isabelle Callens Les énergies alternatives, une des priorités de Triodos Brigitte De Wolf-Cambier et Marc Van Ossel 8 EDITORIAL Interview d’Olivier Marquet Au moment où vous recevrez ce numéro, la Conférence des Nations Unies sur le cli- Colruyt : économie et écologie vont de pair 12 mat, qui se tenait à Copenhague du 7 au 18 décembre, sera terminée. Son objectif Marianne Vanhecke était de concrétiser une convention suc- Interview de Mieke Vercaeren cédant au protocole de Kyoto, ratifié en 1998. Depuis 1990 (année de référence Ecover, une success story qui se poursuit 14 pour les réductions du protocole de Kyoto), les émissions de CO² dans le monde ont Brigitte De Wolf-Cambier augmenté de 41% : on mesure l’urgence et Interview de Michaël Bremans l’importance de politiques et surtout d’ac- tions plus volontaristes. Notre pays n’est Travailler sur l’ensemble du cycle de vie des produits, une priorité ! 16 pas dans le peloton de tête en matière de performances énergétiques et de dévelop- Brigitte De Wolf-Cambier pement des énergies renouvelables. C’est Interview d’Ann Nachtergaele très regrettable, car l’impact sur l’emploi et le développement économique d’une poli- Freiburg im Breisgau réduit ses émissions de gaz à effets de serre 19 tique plus volontariste dans ces domaines serait considérable. Les technologies exis- Geo Regnier et Marc Van Ossel tent et progressent en permanence. Ce qui manque le plus souvent, c’est la motivation Gérer les déchets en entreprise, c’est possible ! 22 et l’esprit d’entreprise pour agir. Quand on Marianne Vanhecke sait, par exemple, que l’emploi dans les énergies renouvelables en Allemagne a Interview de Marc et Jérôme Pickard augmenté de plus de 200.000 personnes de 1998 à 2008, on mesure mieux les op- Seconde main pour une seconde vie 24 portunités perdues jusqu’à présent dans Anne Mikolajczak les pays moins engagés. Comme le rappelait Benoît XVI dans son Natagora : la survie de l’espèce humaine est en jeu 26 encyclique Caritas in Veritate, « …les Marianne Vanhecke sociétés technologiquement avancées Interview de Philippe Funcken peuvent et doivent diminuer leur propre consommation énergétique… ». Il y a là une exigence éthique qui ne peut pas nous L’environnement dans l’encyclique Caritas in Veritate 28 laisser indifférents et qui doit nous amener Jacques Zeegers à changer nos comportements. Dans ce numéro, nous vous présentons des VIE DE L’ADIC 29 exemples d’initiatives réussies en matière de protection de l’environnement, qu’il s’agisse de la gestion d’une grande ville ou Legs en Duo 30 du milieu associatif et citoyen. Ces acteurs sont aussi parmi les plus performants de AGENDA 31 leur domaine d’activité et sont largement gagnants et récompensés de leurs efforts. PRIÈRE 32 n 1
l’entreprise & l’homme Quatrième trimestre 2009 DOSSIER Environnement : tous responsables Une exposition pour comprendre le réchauffement climatique Ouverte début septembre 2009, l’exposition C’est notre Terre 2. De Kyoto à Copenhague se tient à Tour et Taxis jusqu’en mars 2010. Nous avons eu le plaisir de la visiter, guidée par Henri Dupuis, qui en a imaginé le scénario. Responsabilité sans culpabilisation E&H. : Quelle est votre approche du Henri Dupuis sujet, dans quel esprit l’avez-vous Photo : Archives abordé ? terme et articulée autour de quatre H.D. : La Terre a existé et existera sans Propos recueillis par temps : le temps de la Terre, le temps l’Homme, mais l’Homme ne peut Anne MIKOLAJCZAK des Hommes, le temps des écosys- vivre sans les ressources de la Terre. Si tèmes, le temps des solutions. Ceux menace il y a, c’est d’abord sur l’espèce qui n’avaient pas eu l’occasion de humaine qu’elle pèse. C’est pourquoi venir demandaient une prolongation, nous avons choisi de mettre l’Homme Alliant formation scientifique et expé- tandis que ceux qui étaient venus au centre de l’exposition C’est notre rience journalistique, Henri Dupuis trouvaient que le temps des solutions Terre ! Et nous l’avons fait dans une met ses talents au service de la société n’en était pas vraiment un et ils avaient double perspective. La foi dans le Tempora, maître d’œuvre de l’exposi- un peu raison. Plutôt que de présen- progrès, malgré tout, car le dévelop- tion, spécialiste belge de la réalisation ter des solutions clés en mains, ce qui pement durable ne signifie pas un de parcours de vulgarisation scien- est difficile à montrer sur le plan de la retour en arrière, une société figée qui tifique. Avec un objectif : sensibiliser scénographie, nous avions demandé à ne se préoccuperait que de survivre. les citoyens aux grands défis de notre des agences de publicitaires de nous Et le refus de la culpabilisation : nous temps, en l’occurrence le dévelop- inciter à vivre autrement, à changer ne dénonçons pas une technologie, pement durable et la lutte contre le de comportement, mais les gens ont un produit ou le comportement d’un réchauffement climatique. trouvé cela trop général et voulaient groupe en particulier. Nous mon- avoir plus de précisions sur des sujets trons ce qu’il en est et à chaque visi- comme la biodiversité, l’énergie, teur d’apprécier. Car nous portons L’occasion : le sommet l’eau,… Mais si on voulait être précis tous la responsabilité des actions de sur tous ces thèmes, il fallait une expo l’Homme et de son devenir. Chacun a de Copenhague sur le de 10.000 m2, impossibles à montrer. sa part de responsabilité, mais chacun Après avoir bien réfléchi, nous avons doit aussi pouvoir vivre ses aspira- climat choisi de profiter de l’actualité – le tions, aujourd’hui et demain. sommet mondial de Copenhague E&H. : C’est notre Terre 2 !, après C’est sur le climat de décembre 2009 – et E&H. : Vous avez organisé le parcours notre Terre ! Pourquoi cette deuxième de faire quelque chose de précis sur de l’exposition autour de temps diffé- « édition » ? le réchauffement climatique et ses rents. Pouvez-vous nous l’expliquer ? enjeux. C’est une première déclinai- Henri Dupuis : La première exposi- son du thème du développement H.D. : Le développement durable tion était consacrée au développe- durable que nous tentons. est, comme son nom l’indique, une ment durable au sens le plus large du question de temps : des temps qui 2
l’entreprise & l’homme Quatrième trimestre 2009 Environnement : tous responsables DOSSIER Iceberg and Palmtrees Mark Dion obéissent à des rythmes différents, climat et plus encore de la manière provoqué par l’activité humaine. La ne cessent de se mêler, de s’opposer. dont nous consommons, si nous ne deuxième, « Le temps d’agir », décrit C’est pourquoi nous avons structuré prenons pas conscience de l’accélé- les enjeux du sommet de Copenhague notre parcours comme une confron- ration sans précédent des change- en montrant comment la commu- tation entre ces temps. Les deux ments induits par l’homme ? Les deux nauté humaine réagit collectivement premiers espaces, le « Temps de la derniers espaces, totalement nou- et invite chacun à s’engager indivi- Terre » et le « Temps des Hommes » veaux, correspondent à deux temps duellement de manière très précise en étaient déjà ceux de l’exposition C’est différents de la démarche proposée faveur de la lutte contre le réchauffe- notre Terre 1 ! Ils sont cependant, à au visiteur. La première, « Le temps ment climatique. nos yeux, indispensables à la bonne qu’il fait », expose de manière ludique compréhension de la nouvelle expo- les mécanismes physiques à l’œuvre sition, consacrée au réchauffement climatique. Comment, en effet, se dans l’effet de serre, leurs causes et leurs conséquences sur notre climat, Quand l’art rejoint la persuader vraiment de la nécessité de réduire nos émissions de gaz à effet en expliquant bien la différence entre l’effet de serre vital, celui sans lequel science de serre si nous ignorons tout de l’his- la vie ne se serait sans doute pas déve- E&H. : Pour toucher le visiteur, vous toire longue de la planète et de son loppée, et l’effet de serre anthropique, utilisez différentes techniques et, ori- ginalité des expositions de Tempora, vous présentez des œuvres d’artistes contemporains. Quel est leur apport ? H.D. : Nous nous adressons aux visi- teurs à travers plusieurs langages, et en mêlant parcours scientifique et artistique. Le parcours scientifique fait appel à toutes les ressources de la muséographie moderne : multimé- dias, interactivité, décors, jeux, films, textes, mettant en œuvre tous les sens. Quant au parcours artistique, il permet de découvrir le regard que les artistes posent sur le réchauffement climatique. La science et l’art étant deux manières de saisir le monde, de le rendre visible, nous avons recours aux deux. L’art contemporain a un Skylines 2008 rôle interpellant qui concorde avec El Anatsui l’objectif de l’exposition : amener le 3
l’entreprise & l’homme Quatrième trimestre 2009 DOSSIER Environnement : tous responsables grand public à réfléchir sur la réalité qui l’entoure. Une vingtaine d’œuvres d’art, réalisées par des artistes venant Pour ou contre la taxe carbone ? des quatre coins du monde, élèvent le message de l’exposition à un niveau Un consensus semble se dégager dans les pays industrialisés : la taxation différent, créatif, poétique et spirituel. des émissions de gaz carbonique paraît être un moyen pertinent et effi- Conçu pour structurer un parcours cace pour réduire ces émissions. Pour être efficace, cette taxe doit être cohérent, ce mélange des genres réellement dissuasive et frapper tout le monde : particuliers, entreprises s’avère très efficace. Avec des espaces et administrations. Son but est de renchérir les énergies fossiles, donc de expressément conçus pour eux, nous freiner leur utilisation. nous adressons aussi directement aux Que pensez-vous d’une telle taxe ? Avec les arguments qui suivent, être- enfants, les plus concernés puisqu’ils vous pas du tout d’accord, pas d’accord, plutôt d’accord ou tout à fait devront vivre avec la Terre que nous d’accord ? leur laisserons. • je suis opposé à cette taxe car elle est indépendante des revenus, donc frappe proportionnellement plus les pauvres que les riches ; • c’est inefficace, cela servira simplement à boucher le trou de la dette Engageons-nous ! publique ; • je suis partisan de cette taxe seulement si son produit est affecté à Engagez-vous ! des actions publiques en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique ; E&H. : Revenons au « Temps d’agir », • je suis opposé à cette taxe car, sauf pour quelques exceptions (trajets sans doute le plus important pour superflus …), l’utilisation de combustibles fossiles nous est imposée. éviter que tout ne s’emballe. Vous avez Nous n’avons pas le choix ; voulu impliquer directement les visi- • je suis favorable à cette taxe car elle forcera chacun à réfléchir avant teurs. Comment ? d’utiliser de l’énergie. H.D. : Nous leur disons « Engagez- vous ! » Si les nations tentent de s’en- fement climatique depuis environ un de polluer etc. Chacun pourra voter gager à Copenhague, le visiteur, lui, siècle. Ensuite, il sera amené à prendre à propos des arguments proposés en ne doit pas être en reste. A lui donc de conscience de la difficulté de s’enga- faveur ou défaveur de ces solutions. faire aussi un petit pas dans ce sens. ger collectivement au niveau des Etats Enfin, il pourra établir son propre bilan Cet engagement va prendre corps à ou des entreprises en étant invité à d’émissions de gaz à effet de serre travers trois étapes. D’abord, le visi- se prononcer sur l’opportunité de (voir encadré) et, surtout, prendre des teur découvrira ce qui a déjà été fait, diverses solutions : la taxe carbone engagements pour le réduire à travers tant au niveau scientifique que poli- (voir encadré), le développement ou des actes quotidiens très simples qui tique dans la lutte contre le réchauf- non de l’énergie nucléaire, le permis ne diminuent en rien sa qualité de vie. C’est Notre Terre Photo : Archives 4
l’entreprise & l’homme Quatrième trimestre 2009 Environnement : tous responsables DOSSIER E&H. : Une telle exposition ne se réalise E&H. : Parmi les visiteurs, il y a de nom- nombreuses écoles. Les professeurs pas sans partenaires. Quels sont-ils ? breuses écoles. Elles doivent trouver là se servent de l’expo, ne serait-ce que un magnifique support pédagogique comme base de discussion. Ils la pro- H.D. : Sur le plan financier, nous avons de sensibilisation et de conscientisa- longent par des travaux et l’exploitent reçu beaucoup d’aide des pouvoirs tion… pour leurs cours, mais cela diffère publics et il faut le dire, également beaucoup d’un professeur à l’autre. d’Electrabel, notre principal sponsor H.D. : Nous avons l’audace ou la Ils utilisent aussi le dossier pédago- privé et de très loin. Sur le plan du naïveté de le croire. Depuis octobre, gique qui propose des questions de contenu, nos principaux partenaires nous enregistrons plusieurs cen- réflexion, pose des problèmes. sont le WWF, l’Université de Liège, la taines de réservations par jour dont de n Fondation polaire et Alain Hubert. Le sujet est tellement vaste et complexe que nous n’avons pas voulu com- mencer par réunir un comité scienti- fique, comme nous l’avons fait pour nos autres expositions. Nous avons procédé à l’inverse. Nous avons établi nous-mêmes le scénario, le parcours, les textes et nous les avons soumis à des scientifiques de compétences très diverses : des paléontologues, des géologues, des préhistoriens, des physiciens, des climatologues comme Jean-Pascal van Ypersele, vice-prési- dent du GIEC… Et nous avons corrigé et modifié en fonction de leurs avis et C’est Notre Terre de leurs remarques. Photo : Archives www.expo-terra.be Les engagements individuels Interrogez-vous sur vos pratiques quotidiennes… puis, éventuellement, engagez-vous à changer de comportement ! • Habitez-vous une maison à la campagne ou un appartement en ville ? • Utilisez-vous votre voiture pour vous rendre à votre travail ? • Avez-vous pris l’avion ces 12 derniers mois pour des raisons non professionnelles ? • Vous achetez de préférence des produits de saison, toujours, de temps en temps ou jamais ? • Vous triez vos déchets ou ce n’est pas une de vos pré- occupations ? • Vous ne jurez que par les produits jetables ? • Vous mangez de la viande 2 fois/jour, 1 fois/jour, 3/jour ou jamais ? • Parmi ces appareils : lave-linge, sèche-linge, lave-vais- selle, congélateur, combien en possédez-vous ? • Votre logement est chauffé au mazout, gaz, électricité, bois ou solaire ? • En dehors de votre travail, vous utilisez votre voiture, moto ou scooter presque tous les jours, 1 à 2 fois/semaine ou moins d’1 fois/semaine ? • Combien de km A/R faites-vous par jour pour aller au travail ? C’est Notre Terre Photo : Archives • En hiver, la température moyenne de votre habitation est de 22°C, 21°C, 20°C ou 19°C ? 5
l’entreprise & l’homme Quatrième trimestre 2009 DOSSIER Environnement : tous responsables Ne ratons pas le train des technologies vertes Isabelle Callens s’intéresse depuis toujours à la problématique du développement durable qui était d’ailleurs le sujet de sa thèse de doctorat. Directrice du département économique de la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB) depuis mai 2008, elle a maintenant l’occasion de mettre en œuvre les idées qu’elle y a développées. Propos recueillis par Jacques ZEEGERS E&H. : Le développement durable et l’économie verte sont devenus des leit- motive pour la FEB. Comment expli- quez-vous cette évolution ? I.C. : Tant le Président de la FEB, Thomas Leysen, que son adminis- Isabelle Callens trateur délégué, Rudi Thomaes, sont Photo : Archives convaincus de ce qu’avec la révolution verte, l’économie va prendre une autre forme. Les modes de consommation 2030 avec des investissements à la fois ans. Pourquoi attendre 2015 ou 2020 et de production vont être différents réalistes et rentables. pour être exigeant quant aux normes ? et constitueront une des réponses à ce Les technologies existent pour faire nouveau défi. E&H. : Où se situe ce potentiel de 29% ? des maisons peu consommatrices en Pour l’instant, nous nous intéressons énergie. Pour la rénovation, c’est un particulièrement à l’efficacité éner- I.C. : La plus grosse part vient des bâti- gros enjeu, mais plus difficile. Il faudra gétique car c’est le moyen le moins ments avec 48%. Nous avons dans donc procéder par étapes, avant d’en- coûteux et le plus efficace de réduire ce domaine un retard important par tamer ce type de travaux. nos émissions de CO2. C’est à la fois rapport aux pays voisins. Dans ce une façon de réduire notre dépen- secteur, la moyenne européenne est E&H. : Vous proposez la création d’une dance par rapport aux produits pétro- de 70% supérieure en termes d’effi- green bank. De quoi s’agit-il ? liers, mais c’est aussi une opportunité cacité énergétique. Tout ne s’explique de marché, d’emplois. Ce sont les kilo- pas uniquement par le climat. On ne I.C. : Dans son étude, Mc Kinsey se wattheures que l’on ne consomme pas peut pas dire que les Pays-Bas ont un base sur un taux « sociétal » de 4%, qui coûtent le moins cher. C’est vrai- climat vraiment différent du nôtre et ils pour calculer la rentabilité des inves- ment un thème d’avenir. se débrouillent mieux. C’est vraiment tissements. Le problème est qu’une Nous avons commandé une étude la vétusté de notre parc d’immeubles entreprise ne fonctionne pas avec un à Mc Kinsey1 à l’occasion du forum qui est en cause. (La culture n’est pas tel taux. Quand on rénove une maison, consacré à ce sujet en avril dernier. à la démolition en Belgique). Mais cela on peut avoir une vue à très long terme Il s’agissait avant tout de développer nous donne un grand potentiel. parce qu’on va y rester encore 5 ou 10 une vision. Nous leur avons demandé Nous plaidons pour davantage ans. Mais les entreprises ne regardent de calculer le potentiel d’efficacité de normes. On devrait être nette- pas sur des termes de 5 à 10 ans. C’est énergétique d’ici 2030. La conclu- ment plus sévère pour les nouvelles une des raisons pour lesquelles cer- sion est qu’il y a moyen de réduire la constructions. On construit des tains investissements ne se font pas. consommation d’énergie de 29% d’ici maisons pour une durée de 40 ou 50 Une green bank permettrait de sur- 6
l’entreprise & l’homme Quatrième trimestre 2009 Environnement : tous responsables DOSSIER 9138_KlimaF_v2.qxd:9999_KlimaN.qxd 26-11-2009 17:49 Pagina 1 monter cette difficulté en octroyant tous ensemble. Nous des prêts subordonnés et assortis d’un taux très avantageux, ce qui rendrait faisons appel aux pouvoirs publics à LIVRET SUR LE CLIMAT certains de ces projets rentables. Cela ce propos, mais, en 2010 ne coûterait pas très cher. Car une dehors de déclara- telle green bank ne coûterait que la tions d’intentions, il différence de taux. Avec ces fonds mis y a peu de répondant à disposition, on pourrait faire énor- au niveau de l’action. mément de choses. On peut relancer une économie et redynamiser tout un E&H. : N’est-ce pas • Il est nécessaire d'agir rapidement à l'échelon secteur comme celui de l’équipement aussi un peu la faute mondial pour endiguer la hausse de la température. d’efficacité énergétique. On peut de l’industrie et des • Chacun devra consentir des efforts ; à défaut, même lancer un marché. entreprises ? aucun résultat satisfaisant ne pourra être atteint. Nous pensons également au système • 10 critères pour un accord climatique du tiers investisseur : l’investisse- I.C. : Pour moi, une international équilibré. ment est effectué par le fournisseur de crise c’est une révo- • Comment la Belgique s'en sort-elle ? matériel ou par un intermédiaire qui lution. Cela signifie se rembourse sur les économies réa- un grand change- lisées. Dans le logement social, il est ment. Le marché de tout de même ridicule de ne pas isoler. demain ne va plus être le même que politique d’efficacité énergétique ne Les pouvoirs publics pourraient ainsi celui d’aujourd’hui. C’est bien sûr doit pas se baser que sur le prix du être remboursés à partir des écono- l’industrie qui va fournir les réponses pétrole. mies sur les factures. mais à elle aussi de s’adapter. Cela risque aussi de faire mal dans certains E&H. : La FEB défend les intérêts des E&H. : Quelles sont vos autres proposi- secteurs. Il faut donc préparer cette entreprises. Est-ce que son discours sur tions ? transition. C’est la responsabilité de le développement durable est vraiment tous. crédible ? I.C. : Dans le domaine du transport, il faut bien sûr développer et améliorer E&H. : Que pensez-vous de la sup- I.C. : Je sais que la perception est les transports en commun. pression des subsides aux installa- biaisée parce qu’il y a des stéréotypes, Il y a aussi la piste des voitures élec- tions photovoltaïques en Wallonie et à mais je connais la volonté interne triques. La Belgique semble un pays Bruxelles ? et je sais aussi que la vision de notre bien adapté pour cela car les distances président, Thomas Leysen, est bien sont relativement courtes. Or le pro- I.C. : Il s’agit d’un domaine relevant celle-là. Il suffit de voir comment il blème de la voiture électrique, c’est d’une compétence régionale pour a pu changer de cap dans sa propre justement l’autonomie. Ce qu’il faut laquelle nous ne nous sommes pas entreprise, Umicore. d’abord, c’est mettre en place une exprimés. Mais d’une manière géné- infrastructure, un réseau.. rale, il est vrai qu’il y a un problème de En outre, ils m’ont engagée alors que budget. La FEB estime qu’il faut inves- j’ai un profil très alternatif. J’ai carte E&H. : Avez-vous le sentiment qu’il y tir là où c’est le plus efficient. Je ne suis blanche dans tout ce que je fais. a une réponse positive des pouvoirs pas sûre que tel était le cas de cette Mais je vois aussi quelles sont les publics ? mesure. Mais d’un autre côté, ce qui contraintes réelles. Il faut aller au-delà nous irrite, c’est l’incertitude politique des stéréotypes et de la démagogie. I.C. : Nous avons fait un lobbying que l’on crée. On pousse un business, Dans notre rôle, nous sommes obligés très proactif à ce sujet à la fois au on fait croire à des gens qui entrepren- de voir quels sont les impacts réels sur niveau fédéral et au niveau régio- nent que c’est le futur. Et puis « hop », l’emploi à moyen ou à long terme. Je nal. La plupart de nos propositions c’est fini ! C’est l’inconstance qui est me dois d’aller au-delà des slogans. sont reprises dans les accords gou- surtout critiquable. vernementaux régionaux. On y parle E&H. : Votre conclusion ? de projets pilotes dans la filière de la voiture électrique, on parle des bâti- I.C. : Le développement durable est ments. Mais seule la Flandre parle E&H. : La crise n’a-t-elle pas retardé les ce processus qui essaie d’intégrer les d’une sorte de green bank. investissements en matière d’économie visions économique, sociale et envi- Il est temps d’agir. L’Europe a raté la d’énergie ? ronnementale. Ne pas rater le train de révolution des technologies de l’in- la green technology, c’est un leitmotiv formation et de la communication par I.C. : Bien sûr que oui. Il y a d’abord qui rentre dans une philosophie de rapport aux Etats-Unis, et la Belgique l’accès au crédit. C’est pour cela que la développement durable car c’est un encore plus que les autres. Tout le green bank est utile. Il y a aussi le prix nouveau secteur d’opportunités écono- monde est convaincu qu’il va y avoir du pétrole. L’étude Mc Kinsey montre miques, créant de l’emploi et offrant des une « green technology revolution ». que la rentabilité d’un investissement solutions pour le défi environnemental. Qu’on ne rate pas ce train là ! C’est en efficacité énergétique est calcu- On aimerait bien profiter de la prési- le grand leitmotiv de la FEB pour le lée en fonction du prix du pétrole. Et dence belge de l’Union européenne moment. celui-ci ne va probablement pas aug- pour faire avancer ce dossier-là. Ce changement va arriver. On est plus menter à court terme. n qu’averti. Nous disposons des études Cela va donner de mauvais signaux et des connaissances. Mettons-les en au marché pendant quelques années. 1. www.energyefficiency.be/files/ForumFEB_eco- œuvre ensemble et prenons ce train Mais un pays qui veut une véritable nomiserenergie.pdf 7
l’entreprise & l’homme Quatrième trimestre 2009 DOSSIER Environnement : tous responsables Les énergies alternatives, une des priorités de Triodos La Banque Triodos n’est pas une banque comme les autres. Pour elle, le soutien à l’économie réelle est une priorité. La crise Photo : Bénédicte Maindiaux du crédit a permis de prendre conscience que le capital ne peut conduire à une Olivier Marquet productivité équilibrée que s’il est associé aux facteurs travail et nature. miers secteurs, vent, soleil et eau, la Propos recueillis par Priorité à la syndication matière première est quasi gratuite Brigitte De Wolf-Cambier et et infinie. Elle ne peut donc pas faire Cette année, nous terminerons avec l’objet de spéculation ou être utili- Marc Van Ossel 360 millions d’euros dont plus de la sée à d’autres fins. Pour la biomasse, moitié en énergies renouvelables. ce n’est pas tout à fait le cas. Pour les Deux tiers de ces montants sont syn- biocarburants, un arbitrage doit être L’Entreprise & L’Homme a rencontré diqués. Nous avons en effet, de plus réalisé entre alimentation et énergie. Olivier Marquet, directeur de Triodos en plus tendance à nous tourner Ce qui n’est pas toujours évident. Belgique. Il nous parle des énergies vers la syndication avec d’autres renouvelables et de leur financement. banques (Dexia, BNPP, …), Triodos E&H. : Comment naît un projet ? Triodos est un précurseur dans le se positionnant comme le leader. domaine environnemental. Il entend Nous ne voulons pas en effet qu’un O.M. : Dans une première phase, donner l’exemple en publiant un secteur dépasse en volume la moitié le projet nous est présenté par un rapport environnemental et en étant de notre bilan. Ainsi, en France, un monteur de projet. Ainsi, par exemple, une des premières entreprises à être un projet éolien nous a été présenté crédit demandé par le groupe d’élec- GRI Compliance (Global Reporting par Grégoire Verhaeghe, fondateur de tricité américain AES a été cofinancé Initiative). la société InnoVent. Au départ, cette avec Fortis Londres pour un montant entreprise située dans le Nord de la total de 50 millions d’euros, chacun E&H. : Que représente l’environnement France était spécialisée dans la fabri- prenant 25 millions à sa charge. cation de fils à destination de l’indus- dans les activités de la banque Triodos ? trie textile. Dans son secteur d’activité, Olivier Marquet : La moitié de nos projets concernent l’environnement. Eolien, solaire, G. Verhaeghe constatait que les prix de production augmentaient alors que Nous sommes à 1.270 millions d’euros de crédits sur l’ensemble des pays dans hydraulique et les prix de vente diminuaient chaque année face à la concurrence asiatique. Il a cherché à diminuer ses coûts de lesquels nous sommes présents, soit au total 9.380 projets. Ce montant total biomasse production au niveau énergétique en installant une éolienne sur le toit se répartit à raison d’une petite moitié E&H. : Dans quels secteurs êtes-vous de son usine. Le maire lui a ensuite (592 millions d’euros) dans le domaine plus particulièrement actifs ? demandé d’installer une éolienne de l’environnement et de la nature, pour la commune et de fil en aiguille, et de 400 millions dans les énergies O.M. : Pour ce qui concerne les éner- il a développé de plus en plus de parcs renouvelables. Il s’agit ici des activités gies renouvelables, nous sommes éoliens. Il a analysé la faisabilité de de Triodos Europe. En Belgique, les présents dans l’éolien, le solaire, l’hy- ces différents projets (étude des vents, énergies renouvelables représentaient, draulique, la biomasse, très peu dans prise ferme de distributeurs, présen- en 2008, 134 millions d’euros sur un les biocarburants. Nos motivations tation de fournisseurs de turbine…) et total de 259 millions d’euros. sont les suivantes. Pour les trois pre- a obtenu des permis de construire. Ce 8
l’entreprise & l’homme Quatrième trimestre 2009 Environnement : tous responsables DOSSIER n’est qu’après avoir finalisé ces diffé- travail préalable, l’étude d’incidence, rentes étapes qu’il est venu chercher l’obtention des permis de bâtir… qui un financement chez Triodos. Au total, ont une valeur marchande prise en il a monté 150 projets. compte dans l’évaluation de l’apport Nous pouvons guider les projets mais en fonds propres. nous n’en sommes pas les initiateurs. Ce type de projet suscite un réel Nous accompagnons par exemple les engouement. Il y a une trentaine monteurs de projets dans leurs négo- d’années, on installait des éoliennes ciations avec les producteurs d’élec- à Zeebrugge et on se demandait si tricité pour obtenir le meilleur produit elles allaient produire de l’électricité. ou avec les fabricants de turbines afin Aujourd’hui, on installe des éoliennes d’affiner leurs offres. au-delà de Marche en Famenne. Ces dernières montent très haut pour E.&H. : Triodos s’appuie donc sur une capter suffisamment de vents pour équipe de spécialistes ? être rentables. Actuellement, nous sommes noyés O.M. : Effectivement. En interne, nous par les demandes de crédit et avons disposons de spécialistes respon- parfois du mal à suivre. C’est la raison sables du financement de projets qui pour laquelle nous ne finançons pas ont dix à quinze ans d’expérience. le micro-éolien, un marché complexe Notre cellule financement de projets pour lequel nous ne disposons pas de est composée de quatre commerciaux suffisamment d’expertise. spécialistes, de deux employés back office et d’un analyste. Triodos Bel- E&H. : Le solaire fait lui aussi une réelle gique et Hollande sont les plus grands percée ? organismes de financement d’énergie éolienne en Belgique et aux Pays-Bas. O.M. : Ce que l’on observe ces der- nières années est assez étonnant. E&H. : Est-ce les grands producteurs de Les projets solaires sont plus faciles à parcs éoliens qui vous intéressent ou monter. Il suffit d’avoir un espace, de les petites associations locales qui ins- pouvoir louer et acheter cet espace tallent 1, 2 voire 3 éoliennes ? pour une durée suffisante. Mais atten- tion, là où l’éolien se rembourse en dix O.M. : Nous nous intéressons à ces deux ans maximum et généralement antici- marchés. En Belgique, il y a quelques pativement, le solaire, en l’occurrence grands entrepreneurs spécialisés dans le photovoltaïque, malgré une subsi- la construction de parcs éoliens. Parmi diation plus importante via les certi- ceux-ci, Electrawinds, Electrabel… Le ficats verts, a besoin d’une durée de problème est qu’actuellement, vu le remboursement de 15 à 20 ans. D’où manque d’espace et l’opposition de la question de la résistance technique plus en plus fréquente des populations et de la qualité des panneaux. locales, il est de plus en plus difficile Le pay-back (retour sur investisse- d’installer des parcs éoliens impor- ment) sur le photovoltaïque est très tants. C’est la raison pour laquelle long. Nous sommes pourtant submer- nous nous intéressons à d’autre pays gés par des projets. Les subsides de la comme la France, l’Italie… communauté flamande notamment A côté de ces grands développeurs de étaient très élevés. Ils vont diminuer projets, il existe des petites coopéra- d’un quart d’ici l’année prochaine. tives. C’est une dimension de l’éolien Ce qui explique aujourd’hui l’afflux qui nous intéresse particulièrement, de promoteurs de projets photovol- car il permet à une communauté taïques en Flandre en particulier. locale de construire sa propre unité de Un des problèmes dans ce type de production d’électricité. projet est de prendre des garanties. L’initiative la plus intéressante est Nous voulons que tous les cash-flows celle d’Ecopower à Eeklo qui a monté soient garantis, nous travaillons avec une coopérative pour installer trois des ratios de solvabilité de l’ordre de éoliennes. Le point fort d’Ecopower, 20%. Nous vérifions que les cash-flows qui a été mis sur pied à l’initiative d’un soient couverts (contrats de prise habitant, est d’avoir permis à une col- ferme), que les panneaux provien- lectivité de devenir propriétaire de sa nent de fournisseurs sérieux (études propre production d’électricité. Cela a sur la durée…)… Pour le solaire, nous créé un sentiment de fierté, d’appar- sommes par ailleurs de plus en plus tenance… attentifs au risque de vol. Il y a aussi la fameuse coopérative Nous sommes par contre peu actifs « Allons Enfants ! » située à Houyet. Il dans le thermique, à l’exception du s’agit là d’un développement éolien financement de communautés de « citoyen ». Nous finançons jusqu’à communes, comme celles qui se sont 80% d’une éolienne et nous valorisons mises ensemble pour acheter 150 dans les apports de capital requis, le chauffe-eau solaires qu’elles donnent 9
l’entreprise & l’homme Quatrième trimestre 2009 DOSSIER Environnement : tous responsables en location-vente aux habitants de E&H. : Quand on fait le bilan de l’utili- économies qu’il permet de réaliser. la commune. Ce système a très bien sation de ces différentes formes d’éner- Ces initiatives permettent par ailleurs fonctionné. Nous aimerions continuer gies renouvelables, on constate qu’elles de réduire le CO2. dans cette direction. ont un impact limité dans notre pays. A Il y a vraiment quelque chose à faire terme, ont-elles de l’avenir ? dans le domaine des appartements E&H. : Et l’hydraulique ? avant de s’intéresser aux maisons indi- O.M. : En Allemagne et au Danemark, viduelles. Le gros avantage, dans ce O.M. : En Belgique, à côté de l’éolien la part des énergies renouvelables type d’immeuble, est qu’en changeant et du solaire, nous essayons de déve- représente 15 à 20% de la production une chaudière, plusieurs ménages lopper l’hydraulique et notamment totale d’énergie. En Belgique, elle sont concernés. de petites centrales hydrauliques sur s’élève à 1,5 voire 2%. Ce chiffre pour- la Meuse et les affluents de la Meuse. rait monter jusqu’à 10% si, notam- E&H. : Et le passif ? Mais cette énergie ne connaît pas le ment, d’autres projets éoliens off même succès que dans les pays du shore pouvaient être concrétisés. O.M. : Il est intéressant certes mais il a nord (Suède ou Autriche). Un de mes été conçu pour des pays extrêmement rêves serait d’utiliser le mouvement froids. En Belgique, qui est le pays le des marées en créant une usine marée motrice sur l’Escaut ! Basse énergie ou moins bien isolé d’Europe, il serait peut-être nécessaire d’être plus strict E&H. : Vous intéressez-vous également passif ? sur ce qui se construit, se rénove et se vend. De nouveaux coefficients euro- à la biomasse ? E&H. : La plus grande économie d’éner- péens seront bientôt utilisés. Ils seront gie n’est-elle pas celle qui n’est pas indispensables lors des cessions d’im- O.M. : Un certain nombre de projets consommée ? meubles et influenceront inévitable- initiés notamment par des sociétés ment le prix de vente. Contribuer à comme Thenergo, une société pion- O.M. : Effectivement. Nous misons une meilleure isolation est indispen- nière dans le secteur de l’énergie fortement sur le changement de sable. Il reste beaucoup à faire. propre à base de biomasse, retiennent chaudières à meilleure performance, L’immeuble de bureaux passif ou notre attention. Mais ce qui nous inté- surtout dans les collectivités. Une basse consommation est une alterna- resse plus particulièrement, c’est la grande partie du bâti bruxellois a tive intéressante. Le bâtiment indivi- cogénération et les petits projets de été construit dans les années 50, duel passif ou basse énergie explose biomasse comme ceux réalisés pour 60 et possède des chaudières com- notamment en Flandre. Ce type de les serristes. Ces derniers peuvent munes qui sont de véritables hérésies. projets nous intéresse. J’espère que utiliser les déchets qu’ils génèrent ou D’énormes économies sont possibles. nous financerons des maisons pas- ceux des voisins, pour diminuer leur Des subsides sont proposés. En 3, 4 sives l’année prochaine pour un facture énergétique. ans en effet, avec les subsides de la montant de quelque 20 à 30 millions région, le remplacement d’une chau- d’euros. dière dans un immeuble de douze n appartements se rembourse par les www.triodos.be FAITES-VOUS MEMBRE DE L’ADIC Lecteur régulier ou occasionnel de l’Entreprise & l’Homme, vous avez pu découvrir au travers de cette revue quelques facettes de la vie de l’ADIC. Voulez-vous en savoir davantage ? Renvoyez ce talon à l’ADIC, Avenue Konrad Adenauer, 8 – B-1200 BRUXELLES Tél. 02 771 47 31 – www.adic.be – E-mail : a.d.i.c@skynet.be Barème des Cotisations : Cadres de moins de 35 ans : 70 - Autres cadres : 140 - Dirigeants : 280 A verser au n° de compte 310-0235942-27 de l’ADIC L’abonnement à L’Entreprise & L’Homme est compris dans le montant de la cotisation NOM PRÉNOM RUE N° BOITE N° CODE POSTAL LOCALITÉ TÉL. COURRIEL Vire la somme de sur le compte de l’ADIC ✁ L’enregistrement des données ci-dessus nous permettra de vous tenir régulièrement informé de nos activités et de recevoir la revue l’Entreprise & l’Homme. Vous disposez à tout moment du droit d’accès, de correction ou de suppression de ces données. Celles-ci peuvent, sauf avis contraire de votre part, être transmises à des tiers. 10
l’entreprise & l’homme Quatrième trimestre 2009 Environnement : tous responsables DOSSIER Si l’argent est à l’origine de tous les maux, il en est aussi la fin. Triodos investit votre argent uniquement dans des entreprises qui satisfont aux normes sociales et écologiques les plus exigeantes. Découvrez comment vous pouvez investir votre argent de façon 100% durable avec le même rendement et le même service. Pour plus d’infos, rendez-vous sur triodos.be ou appelez le 02 548 28 52. 11
l’entreprise & l’homme Quatrième trimestre 2009 DOSSIER Environnement : tous responsables Colruyt : économie et écologie vont de pair ! Un grand groupe de distribution peut-il développer son activité économique tout en limitant son coût environnemental ? Le Groupe Colruyt le croit et ne ménage pas ses efforts pour atteindre ses objectifs de préservation de l’eau, de l’air et de la terre. Sans négliger l’impact sociétal. banques, fournisseurs) que le person- Propos recueillis par nel et les clients. Au centre de notre mission, on trouve donc un business Marianne VANHECKE model « meilleurs prix » avec un objec- tif de croissance durable ! « Dès 1990, Colruyt affirmait sa volonté d’agir pour un meilleur environne- E&H : Est-ce réaliste ? ment via sa Charte Green Line, centrée sur le respect de l’eau, de l’air et de la M.V. : Ecologie et économie vont de terre, à laquelle tout le personnel doit pair. En évitant le gaspillage à tous souscrire », explique Mieke Vercaeren, les niveaux de l’entreprise, dans les Adviseur Public Affairs. « Très inno- bâtiments, le choix, l’emballage et vante à l’époque, quoique encore très la présentation des produits, mais actuelle, cette charte sous-tend notre aussi le comportement du personnel, politique en matière d’énergie et de nous diminuons et l’impact environ- traitement des déchets, mais aussi nemental et les coûts. Or, les coûts d’information des consommateurs, les plus bas permettent de proposer de sécurité routière, de limitation de les meilleurs prix. Concrètement, la pollution par le bruit, etc. » nos magasins sont très sobres en consommation d’énergie, puisque le chauffage par aérothermes au gaz, Vers la neutralité un éclairage fonctionnel et les surgé- lateurs-coffres fermés dans un espace énergétique réfrigéré, permettent de ne pas dépas- Eolienne de Dassenveld Colruyt mise de plus en plus sur l’énergie éolienne ser 100 € par jour, soit 40% de moins Mieke Vercaeren : Plus récemment, le que la moyenne européenne. Or, système ECO2 mesure aussi journelle- groupe a formulé sa mission en ces nous pensons pouvoir encore réduire ment la consommation d’énergie de termes : créer ensemble une plus- cette consommation de 20% dans le chaque magasin, afin de déterminer value durable, basée sur nos valeurs nouveau magasin Bio-Planet qui s’ou- les pertes d’énergie et d’y remédier et notre savoir-faire dans la distribu- vrira au printemps 2010 à Leuven. On rapidement. L’objectif : une économie tion. Ce choix se base sur la recherche est en train de construire ce magasin globale de 10% d’ici 2012, malgré la constante d’un équilibre entre l’éco- de la façon la plus écologique possible, croissance des magasins et des centres nomie, l’écologie et la société, impli- en combinant isolation maximum, de distribution. quant tant le capital (actionnaires, panneaux solaires, etc. Depuis 2009, le E&H : Vous avez aussi opté pour l’éner- gie éolienne. L’eau plutôt que le bitume M.V. : Dès 1999, nous avons installé l’une des toutes premières éoliennes Dans le souci de trouver des solutions durables, réalisables sur le plan belges près de notre centre de distri- économique, Colruyt vient de faire le choix du transport fluvial pour les bution de Dassenveld. Du point de marchandises livrées au port d’Anvers. Un millier de transports routiers vue économique, le return interne et leurs émanations de CO2 seront ainsi supprimés, permettant du même est de 12%. Ce n’est pas énorme ! coup d’échapper à l’engorgement du ring de la Métropole. Les conte- Par contre, au plan écologique, neurs ne seront chargés sur des camions qu’au port de Bruxelles, à partir 1.749 tonnes d’émissions de CO2 ont duquel ils rejoindront le centre de distribution de Ghislenghien. Dans été évitées chaque année. Un résultat le futur, Colruyt n’exclut pas d’approvisionner de la même manière ses encourageant qui concourt à ancrer centres de distribution du Brabant flamand. les énergies douces dans les menta- lités. Aussi, poursuivons-nous dans 12
l’entreprise & l’homme Quatrième trimestre 2009 Environnement : tous responsables DOSSIER ce sens. Depuis deux mois, deux des atteindre cette neutralité énergétique d’emprunter des itinéraires précis, neuf éoliennes de la zone industrielle dès 2011. optimaux pour la consommation et d’Ieperlee, à Ypres, vont produire la sécurité, évitant, si possible, pour nous 7.500.000 KWH/an, les centres urbains, les écoles, soit l’équivalent de la consomma- etc. Au printemps prochain, un tion électrique de 2.140 familles. tracteur hybride, dont le moteur Nous participons également aux électrique prend le relais dès parcs éoliens Belwind et Elde- l’arrivée en ville, réduira encore pasco, installés en Mer du Nord, la consommation de CO2 mais opérationnels respectivement en aussi les nuisances sonores. Nous 2012 et 2013. voulons prouver qu’il est possible de livrer « silencieux », c’est-à- E&H : Recourez-vous aussi à dire sous 65 décibels. Nous four- l’énergie solaire ? nissons bicyclette, équipement et entretien, aux salariés qui sou- M.V. : Depuis 2006, le centre haitent se rendre à vélo vers leur de Dassenveld est également lieu de travail. Afin de favoriser équipé de panneaux photovol- les trajets en train, un vélo est mis taïques, qui ont permis la réduc- à la disposition de ceux qui tra- tion des émissions de CO2 de 78 vaillent au siège de Hal au départ tonnes par an. Plus de dix maga- de la gare. Une indemnité incite sins sont également équipés. A ceux qui avaient déjà un vélo à chaque rénovation de bâtiment, l’utiliser pour aller travailler et le nous étudions la possibilité d’y covoiturage est encouragé. recourir. Cependant, le gouver- nement a récemment supprimé E&H : Une conclusion ? les primes, ce qui limite l’inté- rêt économique de l’énergie solaire. Par contre, le groupe a récemment Une réflexion au long M.V. : Bientôt un premier bilan CO2, établi selon les procédures du pro- acquis Fraxicor, une entreprise de Lot qui produit de l’énergie verte à partir cours tocole international GHG (Green- house Gas), permettra de mesurer des graisses inutilisables. En outre, l’impact CO2 après 20 ans d’efforts la chaleur libérée sera récupérée à M.V. : En matière de transport, nous en faveur de l’environnement, afin, si partir de 2011 pour le chauffage et prévenons les kilomètres superflus via possible, d’améliorer encore la situa- l’eau chaude du centre de distribution notre système de distribution central. tion. Cependant, dans la réduction de Laekebeek. Enfin, nous fournis- Tous les fournisseurs déchargent à globale de CO2, l’entreprise, les four- sons des déchets organiques, tels que Hal afin d’optimiser l’organisation nisseurs et les consommateurs sont fruits, légumes, etc. provenant de nos des camions. Des frigos roulants nous partenaires. C’est pourquoi nous nous magasins, à un partenaire qui procède permettent de combiner différents faisons un devoir d’informer au mieux à leur biométhanisation. 2.760.000 chargements. Nous transportons ainsi le consommateur sur l’impact des KWH d’énergie verte supplémentaire moins de vide que si nous utilisions produits à l’aide, notamment, de nos sont ainsi produits chaque année. A des camions réfrigérants. Par ailleurs, étiquettes vertes ou encore d’informa- terme, nous construirons notre propre 70% de notre flotte possèdent un tions ciblées, dont nous pouvons véri- installation à Lessines. Ces initiatives moteur Euro 5, moins polluant. Nos fier l’exactitude, sur certains groupes devraient nous permettre, en 2015, de chauffeurs suivent d’ailleurs une for- de produits. Je pense à notre action compenser la consommation énergé- mation « écodrive » visant à réduire en faveur des détergents concentrés tique de nos activités par notre propre la consommation en carburant. Ils pour lesquels nous avons travaillé production d’énergie renouvelable. ont aussi signé une charte de courtoi- avec quelques grands fournisseurs. Grâce à Fraxicor, nous pourrions sie sur la route et se voient contraints Mais une telle démarche n’est pas toujours possible. On ne peut mener de tels projets que si le consomma- Faut-il présenter le Groupe Colruyt ? Avec 212 grandes surfaces teur est prêt à acheter ces produits. Or, actuellement, sa préoccupation en Belgique et 59 en France, l’enseigne est connue pour être le première reste le bon rapport qualité plus important discounter en alimentation de notre pays. Peut- prix. Il n’est pas encore prêt à payer être sait-on moins qu’il regroupe également 61 commerces de davantage pour préserver l’environ- proximité Okay et 330 Spar, 5 supermarchés Bio-Planet, 28 maga- nement. Nous avons néanmoins une sins de jouets Dreamland, 6 Dreambaby voués à la puériculture, gamme « Biotime », qui représente la société de livraison à domicile Collivery, l’imprimerie Druco, une évolution en ce sens. D’autres 60 stations-services DATS 24… Avec, toujours, en ligne de mire, points de vue ont d’ailleurs cours. Cer- tains recherchent des produits locaux l’ambition de proposer les meilleurs prix du marché. Un chal- ou, au contraire, solidaires. Comment lenge qui séduit manifestement : son chiffre d’affaires s’élève à combiner ces différents aspects ? La 6.309,6 millions d’euros pour 2008-2009, soit une augmentation réflexion est en cours et prouve que de 11,2% par rapport à l’exercice précédent. Le groupe emploie l’impact environnemental requiert quelque 23.000 salariés. une approche globale. n 13
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