L'Ukraine à la croisée des chemins
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L’Ukraine à la croisée des chemins Depuis le 21 novembre 2013, l’Ukraine a surgi à la une des actualités. Ce jour-là, le président Viktor Ianoukovitch renonce à l’accord d’association proposé par l’Union européenne, qui devait être signé lors du sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’UE à Vilnius, les 28 et 29 novembre. En un mois à peine, l'on passera de la non signature d’un accord attendu avec l’UE à la signature d’un accord avantageux avec la Russie. Durant cette période, l’Ukraine connaît une réédition de la tentative de « révolution orange » de 2004 qui visait à intégrer cette nation à l’OTAN. La « question ukrainienne » est complexe et nécessite, pour éviter d’être médusé par le mainstream médiatique de la propagande mondialiste qui fait l’opinion en Occident, une lecture à quatre niveaux. Tout d’abord un retour sur les données historiques, en remontant au baptême de saint Vladimir et à la naissance de la nation russe en 988, naissance contemporaine de l’avènement des Capétiens en France. Ensuite l’analyse des enjeux stratégiques profonds dans le grand affrontement entre les puissances thalassocratiques (États-Unis et Europe occidentale plus ou moins vassalisée) et les puissances continentales eurasiatique (Russie) et extrême-orientale (Chine). Enfin, l’examen des enjeux économiques et commerciaux pour l’Ukraine et le décryptage de la contestation organisée et des luttes internes pour le pouvoir en Ukraine. LES DONNEES HISTORIQUES Qu’est-ce que l’Ukraine ? Un État kaléidoscope, à la charnière de l’Ouest et de l’Est européen, agité par des forces centrifuges, devenu aujourd’hui un enjeu majeur du mondialisme. L’État ukrainien actuel est une construction artificielle, résultant de l’héritage malheureux de 72 ans de régime communiste, une entité qui se situe à la charnière entre les deux poumons de l’Europe : un Occident catholique et latin face au monde orthodoxe, avec la Russie pour élément dominant. Le mot « Ukraine » signifie d’ailleurs « confins territoriaux, marche frontière ». Cette zone est constituée de territoires disparates. Les vastes plaine entre Dniepr et Don, sont peuplées de Cosaques et de Russes venus s’installer dans ces régions à partir du XVIIIe s. La région de Kiev a été le berceau de la Russie jusqu’à l’invasion mongole du XIIIe s., le flambeau étant repris alors par la principauté de Moscou. La partie orientale de la Galicie (Lvov, Ternopol) a été rattachée d’abord au royaume polono- lituanien, puis à l’empire austro-hongrois jusqu’en 1918. La Ruthénie subcarpathique fut austro- hongroise jusqu’en 1918, puis tchécoslovaque jusqu’en 1945. Au sud-est sont encore des territoires détachés de la Moldavie-Bessarabie et au sud la Crimée, russophone, mais offerte en 1954 à l’Ukraine par Khrouchtchev. LA RUS’ DE KIEV ET LE BAPTEME DE LA RUSSIE La Russie, comme la France, est le produit d’une évolution historique complexe, et les historiens ne manquent pas de débattre pour savoir à quelle date situer le saut qualitatif à partir duquel existe une nation « Russie » et une nation « France ». Mais ces deux pays ont une origine mystique très précise et fondatrice : le baptême de Clovis, à la Noël 496, et le baptême de saint Vladimir le Grand (grand- prince de Kiev qui régna de 980 à 1015), appelé le Beau Soleil de la Russie, le 28 juillet 988. Etant venu, en 987, à l’aide de l’empereur byzantin Basile II pour mettre fin à une révolte, Vladimir obtient en échange la main de la princesse Anna Porphyrogénète, sœur de l’empereur. Après son mariage, il renonce au paganisme, il reçoit le baptême et impose à son peuple le christianisme de rite byzantin1. 1 On trouvera sur cet événement fondateur des considérations intéressantes dans l’article de René Marichal (S.J.) et Yves Hamant (datant de 1988), « Le millénaire du baptême de saint Vladimir » et sur le site « Parlons d’orthodoxie » du 27 juillet 1913 une étude de l’historien André Zoubov. Par ailleurs, on ne saurait trop conseiller la lecture du livre de Vladimir Volkoff, Vladimir, le Soleil Rouge.
2 Vladimir Ier – Baptême Ukraine – Baptême de Vladimir le Grand B 28 juillet 988 – 12h TU A Kiev M Baptême de s. Vladimir Victor Vasnetsov (1890) Nous ne donnons qu’un thème géocentrique pour le baptême de Vladimir, le lieu et l’heure étant incertains. Le cycle Uranus-Neptune, commencé en 965, au moment de la fondation du Saint-Empire romain germanique par la dynastie ottonienne, traverse, lors de la fondation mystique de la Russie, la phase du septile évolutif, qui signale le sceau du destin. A 19° Capricorne, Uranus se situe sur la zone de la conjonction Uranus-Neptune de 1993 qui accompagnera les débuts de la seconde indépendance de l’Ukraine. L’événement a donné lieu, à la fin du XIXe s., à deux œuvres du peintre Victor Vasnetsov, artiste qui se spécialisa dans les représentations mythologiques et historiques. Vasnetsov fut chargé de peindre des fresques pour la cathédrale Saint-Vladimir de Kiev et deux tableaux monumentaux sont consacrés au baptême de Vladimir le Grand. La Rus’ de Kiev sera submergée par le joug de la Horde d’Or qui finit par être chassée d’Europe par les Polonais et les Lituaniens au XIVe s. C’est à partir de la Moscovie que la Rus’ devenue Russie (Rossia) renaît de ses cendres. Après la chute de Constantinople le 29 mai 1453), la Russie récupère l’emblème de l’Aigle à deux têtes et Moscou se considère désormais comme « la Troisième Rome ». En fait, la Russie, plus qu’une nation, est un État impérial, réunissant dans une même communauté de destin différents territoires et populations issus du noyau kiévien ; d’ailleurs, les Tsars s’intituleront « empereurs de toutes les Russies ». Dans la seconde moitié du XVe s., la Russie blanche et une grande partie de l’Ukraine sont sous la domination du Grand-duché de Lituanie, la partie occidentale étant intégrée au royaume de Pologne et une partie orientale demeurant soumise à la Horde d’Or, tandis que la Principauté de Crimée englobe tous les territoires autour de la mer d’Azov. Quant à la Russie, elle est confinée dans le Nord, et Moscou se trouve non loin des frontières avec le Grand-duché de Lituanie et dans une dangereuse proximité de la Grande Horde.
3 Europe orientale dans la seconde moitié du XVe s. http://historyatlas.narod.ru/europe1450_1500.png Europe orientale dans la première moitié du XVII e s. Empire russe Moscou Vilnius Roy. Polono- lituanien Kiev Principauté Roy. de de Crimée Hongrie Empire ottoman
4 Dans la première moitié du XVIIe s., la Horde d’Or a disparu de la carte et la progression de la Russie vers le Sud est impressionnante, l’empire russe atteignant dans le Caucase les frontières avec l’empire ottoman et avec la Perse. Toute l’Ukraine occidentale est intégrée au royaume polono- lituanien, unifiée sous la dynastie des Jagellon. L’empire ottoman a conquis les Balkans et la Hongrie se trouve réduite de moitié, devenant une marche frontière de l’Europe occidentale face à l’invasion musulmane venant de l’Est, qui atteindre bientôt les murs de Vienne et qui sera stoppée le 12 septembre 1683 par Jean Sobieski, roi de Pologne et grand-duc de Lituanie. La partie orientale de l’Ukraine est passé au XVIe s. sous la domination moscovite après l’échec de l’installation d’un tsar polonais à Moscou durant le Temps des roubles (entre la mort d’Ivan le Terrible et l’avènement de la dynastie des Romanov en 1613). Après la victoire de Pierre le Grand sur les Suédois et Mazeppa à Poltava en 1709, les Cosaques deviennent des vassaux de la Russie et le fer de lance de l’expansion russe contre l’Empire ottoman et contre la Pologne. Le reflux de la Pologne, qui aboutira, à la fin du XVIIIe s., à son démantèlement et à son partage entre la Russie, la Prusse et l’Autriche, entraînera l’intégration de l’ancienne Rus’ de Kiev dans l’Empire russe. LA PREMIERE INDEPENDANCE Une Ukraine indépendante apparaît pour la première fois dans l’histoire, pour une brève période, à l’occasion des soubresauts tragiques qui accompagnent la fin de l’empire russe et l’avancée de la domination bolchévique. Le traité de Brest-Litovsk (3 mars 1918) concède à l’Allemagne l’Estonie, la Lettonie et toute l’Ukraine. Il s’ensuit une période de troubles et d’affrontements entre de multiples forces. Le 1er décembre 1918, deux gouvernements – l’un installé à Ternopol en Galicie, l’autre à Kiev, signent un accord et la Rada (Parlement) de Kiev proclame le 22 janvier 1919 l’unification de l’Ukraine, qui ne sera en fait jamais effective, car les deux gouvernements se maintiennent. En 1920, la victoire des bolcheviks aboutit à l’intégration de l’ancienne Ukraine russe à l’URSS. Quant à l’ancienne Galicie autrichienne( autour de Lvov), elle devient polonaise. Le thème de la première indépendance de l’Ukraine est incertain, du fait que non seulement l’heure, mais même la date n’est pas assurée ; les historiens hésitent entre le 22 et le 29 janvier. Pour le 22 janvier, le thème est éloquent, avec une puissante configuration autour de l’axe des Nœuds situés au tout début des signes Cardinaux. Cette configuration présente un carré Mars-Pluton, relié à Admète sur le Point vernal, dans les axes Soleil/Lune et Soleil/Jupiter – ce qui, malgré un facteur de chance, laisse présager une réalisation seulement partielle des objectifs. L’axe Uranus/Neptune (à 14° Taureau) est relié à Pluton, Admète, Mars et Saturne : une configuration globale évocatrice du chaos que traverse le pays à cette époque : répression d’une révolte, rapide désenchantement (avec Admète) ; développement d’affaires occultes (avec Pluton) ; pertes, séparation en rapport à des affaires d’héritage (avec Saturne) ; destructions, extermination soudaine, actes révolutionnaires (avec Mars). Faute de disposer d’un thème fiable pour la première indépendance de l’Ukraine, on peut se reporter à l’éclipse pré-natale, qui eut lieu le 14 décembre 1917. L’éclipse se produit sur une des zones les plus sensibles du zodiaque en astrologie mondiale, dans l’axe critique de 20° des signes Mutables, en opposition à l’axe Jupiter/Pluton à 20° Gémeaux. Cet axe est signe d’une évolution favorable, d’autant que l’implication de Mars est un indicateur d’une réalisation heureuse des projets. Le tableau paraît plutôt favorable aux projets d’indépendance de l’Ukraine, mais sa réalisation à la fin janvier 1918 s’opère sous un ciel beaucoup plus chargé, évocateur du chaos effectif que traversera le pays durant les années de guerre civile entre les Blancs et les Rouges.
5 Ukraine – Indépendance Ukraine Indépendance – Proclamation par la Rada Eclipse 14 déc. 1917 – 9h17 TU Eclipse – 14 déc. 1917 Kharkov Ukraine – Indépendance Ukraine Indépendance – Proclamation par la Rada Proclamation (Rada) 22 janv. 1918 – 12h TU Kharkov
6 Europe orientale – 1921-1939 En 1921, l’Ukraine perd son indépendance et devient une des républiques de l’URSS. État de création récente, elle va entrer dans le jeu de la politique de Staline, qui vise à jouer du principe des nationalités pour mieux contrôler des peuples divisés. Ainsi, la Russie stalinienne est-elle divisée entre Républiques soviétiques de Russie, d’Ukraine, de Biélorussie, du Kazakhstan. Staline obtient des Occidentaux, dès la création des Nations-Unies en 1945, des sièges distincts pour la Fédération de Russie, pour la Biélorussie et pour l’Ukraine. Nikita Khrouchtchev prolongera cette politique par le transfert, en 1954, de la presqu’île de Crimée à l’Ukraine. Il faut par ailleurs ne pas oublier que la période soviétique d’entre les deux guerres a été marquée par l’effroyable famine organisée par le pouvoir communiste entre 1931 et 1933, qui a causé plusieurs millions de morts, génocide non reconnu par les instances internationales, auquel les Ukrainiens ont donné le nom d’Holodomor (« extermination par la faim »). Génocide décrit dès 1935 par Boris Souvarine, et confirmé par les archives soviétiques ouvertes après la chute de l’URSS. LA SECONDE INDEPENDANCE La dislocation de l’Union soviétique après le putsch manqué du 19 août 1991 - qui permit à Boris Eltsine, désireux de mettre fin au régime communiste, de l’emporter définitivement sur Mikhaïl Gorbatchev, accroché à l’idée d’une réforme du système – aboutit à une seconde indépendance pour l’Ukraine. Cependant, les données géopolitiques profondes demeurent et se traduisent, notamment, dans la complexité de la situation des Eglises qui ont connu en Ukraine un renouveau spectaculaire après les multiples persécutions subies à l’époque communiste. Il y a d’abord, à l’ouest, l’Église catholique ukrainienne rattachée à Rome, qui regroupe ceux que l’on appelle les « Uniates », depuis l’Union de Brest-Litovsk signée en 1598, au temps du royaume de Pologne ; cette Église regroupe 14% de la population totale de l’Ukraine, forte d’environ 45 millions d’habitants. Dans la partie orientale prédomine l’Église orthodoxe d’Ukraine dépendant du patriarcat de Moscou ; le Patriarcat de Kiev, créé en 1992, n’est pas reconnu par l’ensemble des Eglises orthodoxes, de même que l’Église orthodoxe autocéphale, implantée dans l’ouest et dans la diaspora ukrainienne à travers le monde.
7 Ukraine – Indépendance Ukraine Indépendance - Proclamation Proclamation 24 août 1991 – 14h31 TU Kiev La proclamation de l’indépendance de l’Ukraine par rapport à l’Union soviétique intervint aussitôt après l’échec du putsch des nostalgiques de l’ère stalinienne. Cette nouvelle naissance d’une nation s’opère sous le signe de la grande conjonction Uranus-Neptune, angulaire à l’Ascendant, reliée à l’axe Soleil/Lune (« l’âme de la nation ») à la fin du Scorpion ainsi qu’à un amas autour de Jupiter à la fin du Lion. Zone particulièrement sensible aux lourds transits en cours, en 2013 et 2014, du carré Uranus-Pluton. On relèvera en outre le Milieu du Ciel à 13° Scorpion, conjoint à l’axe Jupiter/Saturne (significateur des destinées de l’Europe). Ukraine – Indépendance Ukraine Indépendance - Référendum Référendum 1er déc. 1991 – 18h TU Kiev Carré UR-PL – 2014 Sur carré UR-MC natal SA-NE - 1917 Le référendum confirme le choix de l’indépendance qui devient effective ce jour-là – BWH p. 372
8 Cette zone de 13° Scorpion réapparaît avec force dans le thème de la confirmation de l’indépendance de l’Ukraine lors d’un référendum qui eut lieu le 1er décembre 1991, au moment de la dislocation finale de l’Union soviétique. A 13° Scorpion, on trouve dans ce thème les deux axes Soleil/Lune et Jupiter/Uranus, significateur en principe de prospérité, mais parfois aussi de malheur soudain. Cette zone sera transitée de septembre 2014 à avril 2015 par Jupiter en Lion, appuyé par les divers transits de Mars dans les signes Fixes. Durant l’année 2014 également, on observera que le carré Uranus-Pluton transitera sur le carré natal d’Uranus au Milieu du Ciel. On peut en déduire, nous semble-t-il, que la question ukrainienne continuera à être à l’ordre du jour durant toute l’année 2014, et au-delà sans doute. Enfin, l’Ascendant à 3° du Lion rattache le thème de l’Ukraine indépendante à celui de la révolution russe de 1917, caractérisée par la conjonction Saturne-Neptune sur cette position. Viktor Ianoukovith Viktor Ianoukovitch 9 juillet 1950 – 12h15 Jenakijevo 48N13 - 38E12 On ne sera pas trop surpris de retrouver certaines affinités dans le thème de Victor Ianoukovitch, l’actuel président de l’Ukraine, avec cette zone sensible de 13° Scorpion dans le thème de l’Ukraine. En effet, la Lune de Victor Ianoukovitch, dans l’axe Soleil/Jupiter, se trouve à 11° Taureau, sur l’axe Uranus/Neptune de janvier 1918 et sur le Descendant du thème de la proclamation de l’indépendance le 24 août 1991. Mais ce qui est essentiel dans ce thème, c’est la signature de Mars dans l’axe Soleil/Uranus sur le Milieu du Ciel, zone affectée par l’opposition actuelle entre Jupiter et Pluton au double carré d’Uranus : signature d’une période marquée par de violentes secousses et par des surprises susceptibles de faire basculer de la prospérité à la malchance ou inversement. La conjonction Mars-Neptune en Balance – significatrice de refus, de rejet, de destruction - est soumise, elle aussi, aux lourds transits actuels. Cette conjonction est reliée, par semi-carré, à Zeus dans l’axe Uranus- Neptune (à la fin Lion) : le Regelwerk d’Alfred Witte indique pour cette figure la notation suivante : « révolution qui s’implante, s’impose ». Le carré à la Lune ajoute au tableau l’idée d’un peuple en délire, en liesse ou dans la confusion.
9 LA CRISE ACTUELLE LES ENJEUX STRATEGIQUES PROFONDS Par sa position géographique charnière, l’Ukraine constitue une pièce majeure dans l’offensive mondialiste visant au containment de la Russie, selon la doctrine exposée par Zbigniew Brzezinski, qui n’hésitait pas à déclarer : « Arrachez l’Ukraine à la Russie, et elle n’est plus un empire ». Le relance d’une contestation qui rappelle étrangement la révolution orange de 2004 en Ukraine vise à rendre à Vladimir Poutine la monnaie de sa pièce pour sa victoire diplomatique sur la question syrienne et à stopper le retour en force de la Russie sur la scène internationale. Afin de concentrer leurs forces vers l’Asie, les États-Unis souhaitent aujourd’hui maintenir leur domination sur l’Europe à moindres frais, et une rupture entre l’Ukraine et la Russie écarterait pour un temps l’ascension de Moscou comme première puissance européenne. L’objectif de l’accord avec l’Union européenne qui semblait acquis et duquel Victor Ianoukovitch s’est défaussé in extremis le 21 novembre 2013 ne visait nullement au bien de l’Ukraine, mais à sa séparation forcée d’avec la Russie. Alors que l’Ukraine avait besoin d’assurer ses exportations vers l’Europe pour rééquilibrer sa balance commerciale déficitaire de dix milliards d’euros et pour établir une certaine égalité avec la Russie, son principal fournisseur d’énergie et son premier partenaire commercial, la coalition constituée par les États-Unis, l’Allemagne et la Pologne visait uniquement un but géopolitique : séparer l’Ukraine de la Russie sans rien donner en échange. D’ailleurs, l’Ukraine n’est pas, dans ces négociations, le seul objectif de l’Union européenne. Depuis le sommet européen de Prague en mai 2009, un processus de préparation à une intégration future à l’UE a été mené en direction de six républiques ex-soviétiques (Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Géorgie, Moldavie et Ukraine). Au moment même où l’Ukraine connaissait des manifestations violentes, l’Arménie signait un accord avec la Russie pour la fourniture de gaz russe à des tarifs bien inférieurs aux prix du marché. La Turquie elle-même a exprimé l’intention d’intégrer l’Organisation de Shanghai, pendant eurasiatique de l’OTAN ; les difficultés que rencontre actuellement Repic Erdogan pourraient avoir quelque lien avec ces velléités de se dégager de l’alliance traditionnelle de ce pays avec les États-Unis et l’OTAN. LES ENJEUX ECONOMIQUES ET COMMERCIAUX POUR L’UKRAINE Les négociations entre l’Union européenne et l’Ukraine remontent aux premières années de l’indépendance, avec la signature d’un accord de coopération et de partenariat en 1994. L’année suivante, le président ukrainien Leonid Koutchma avait déclaré que l’intégration dans les structures européennes et euro-atlantiques était un objectif stratégique pour son pays. Le processus de négociation fut poursuivi tant sous la présidence de Victor Iouchtchenko que sous la présidence de Victor Ianoukovitch, jusqu’à l’abandon impromptu du 21 novembre 2013. Certes, la pression exercée par la Russie a pesé dans la balance à ce moment crucial : Vladimir Poutine avait menacé d’imposer des sanctions économiques et de mettre un terme à la coopération avec les fabricants d’armes ukrainiens en cas de signature de l’accord avec l’UE. Mais le facteur décisif a été tout autre que la pression russe : c’est le constat que l’accord d’association avec l’UE aurait conduit l’Ukraine au désastre. Cet accord visait à transformer l’Ukraine en un secteur à bas salaire pour les entreprises européennes et impliquait de profondes « réformes » qui auraient réduit, des années durant, le niveau de vie de la population. Afin de répondre aux normes techniques de l’UE et de vendre les marchandises ukrainiennes sur le marché européen, les entreprises ukrainiennes auraient dû procéder à d’énormes investissements. Selon le premier ministre Mykola Azarov, entre 100 et 160 milliards d’euros étaient nécessaires pour la reconversion technique sur une période de dix ans : l’UE, n’était prête à s’engager que pour un milliard de fonds sur une période de sept ans. En outre, durant cette période de reconversion, les entreprises ukrainiennes auraient eu à faire face à une concurrence féroce de la part d’entreprises européennes et lutter pour leur survie. La conséquence en eût été une massive perte de la capacité productive, des emplois et des recettes fiscales, le tout exacerbé encore par la suppression des actuels privilèges tarifaires accordés à l’Ukraine par la Russie.
10 Le président Ianoukovitch, qui n’est certainement pas une marionnette de la Russie, a voulu avant tout défendre les intérêts ukrainiens. Il s’est rendu compte que le véritable objectif des Européens, inféodés aux États-Unis, était de créer une fracture entre l’Ukraine et la Russie. Il a mesuré le risque terrible d’une sécession de l’Est qui aurait résulté d’un retournement unilatéral vers l’Union européenne, et, sans céder aux pressions exercées par des opposants largement soutenus par les Occidentaux, il a signé avec la Russie un accord énergétique substantiel, sans d’ailleurs se lier les mains quant à une éventuelle Union douanière avec le bloc déjà constitué par la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan. Le dépit européen n’a d’ailleurs pas tardé à se manifester puisque, dès le 15 décembre, Bruxelles annonçait la suspension des travaux en vue d’un accord d’association avec l’Ukraine, déplorant le manque d’engagement clair du président Ianoukovitch. LA CONTESTATION ORGANISEE Dans leur acharnement à obtenir une volte-face du président Ianoukovitch ou son éventuel renversement sous la pression de la rue, les Occidentaux ont fait feu de tout bois, soutenant une opposition des plus disparates. La pseudo-révolution orange de 2004 avait déjà été une opération mûrement préparée par les États-Unis et leurs alliés pour renverser un régime pro-russe au nom de la démocratie libérale alignée sur les intérêts économiques de l’Occident. Viktor Iouchtchenko, vainqueur aux élections du 26 décembre 2004, avait rapidement battu des records d’impopularité de sorte que Viktor Ianoukovitch prit sa revanche à l’élection présidentielle de 2010 (la prochaine doit avoir lieu en 2015). L’opposition, qui a commencé par protester contre la non signature de l’accord avec l’Union européenne et qui est vite passée à l’exigence d’une démission de Viktor Ianoukovitch, forme une alliance appelée « Groupe d’action pour la résistance nationale » qui regroupe trois partis : l’Alliance ukrainienne démocratique pour la réforme (UDAR, dont le sigle signifie « coup »), dirigée par l’ancien boxeur Vitali Klitschko, qui a manifesté, durant ce conflit, son ineptie et sa maladresse en matière politique ; le parti d’opposition « Patrie » de Iulia Timochenko, femme d’affaires d’origine russo-lettonne, devenue oligarque dans l’industrie gazière, ex-Premier ministre condamnée le 11 octobre 2011 à sept ans d’emprisonnement pour corruption ; l’union pan-ukrainienne Svoboda (« Liberté ») qui portait jusqu’en 2004 le nom de Parti national-socialiste d’Ukraine, et qui appelle à une révolution sociale et nationale, avec l’aide de milices pagano-radicales telle la Wotan-Jugend. Les deux autres composantes (UDAR et Patrie) entretiennent pour leur part des liens étroits avec les partis conservateurs en Europe, notamment avec la CDU allemande. La question se pose de savoir si les Européens comprennent bien à qui vont leur soutien. Ainsi, les médias français n’ont donné qu’une version simpliste et erronée des événements en présentant ces manifestations comme une éruption démocratique de jeunes européistes révoltés par la décision inique de leur président-dictateur de les éloigner de l’Europe en faisant usage de violence. Les actions de rue se déroulent selon un scénario bien établi : on tape d’abord, puis on se plaint des provocations et des violences de la police, tout en bénéficiant de l’appui du dispositif médiatique occidental pour faire basculer l’opinion publique. Imagine-t-on ce qui se passerait en France si des manifestants de droite et d’extrême droite occupaient de force la mairie de Paris, tentaient de prendre en force l’assemblée nationale et appelaient à un coup d’Etat pour renverser le pouvoir ? D’influents politiciens européens et américains n’ont pas hésité à s’immiscer dans les affaires intérieures de l’Ukraine pour venir apporter leur chaleureux soutien aux manifestants de Maïdan (la Place de l’Indépendance au centre de Kiev). Les ministres des Affaires étrangères de Pologne et de Suède, Radoslav Sikorski et Carl Bildt, ont dans un communiqué commun exprimé leur solidarité aux manifestants. Alexandre Kwasniewski, membre de la mission de surveillance du Parlement européen et ex-président de Pologne, a ouvertement conseillé aux manifestants d’accentuer la pression sur le pouvoir ukrainien. L’ancien premier ministre polonais et le dirigeant du parti national conservateur PiS (Droit et Justice), Jaroslaw Kaczynski, ont pris personnellement part à la manifestation à Kiev. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a fait un déplacement à Kiev pour rencontrer deux chefs de l’opposition ukrainienne avant de se mêler aux manifestants antigouvernementaux place de l’Indépendance. Une attitude qui contraste avec le soutien public ou tacite venu de ces mêmes politiciens pour la répression fréquente et brutale de ceux qui, en Grèce, en Espagne ou au Portugal manifestaient leur opposition aux dictats d’austérité de l’UE. Le 15 décembre, le sénateur républicain américain John McCain, ancien candidat à la présidentielle américaine en 2008, accompagné par le sénateur démocrate Christopher Murphy, était présent place Maïdan d’où il lançait une mise en garde contre la tentation de « vendre » l’Ukraine à Moscou.
11 On retrouve à l’œuvre, dans la crise ukrainienne, les mêmes procédés et les mêmes grandes fondations transnationales qui militent pour la mise en place d’une « Société ouverte », selon le modèle de l’Open Society Institute, réseau créé en 1993 par le milliardaire américain d’origine magyare George Soros, dans le but de promouvoir une « gouvernance démocratique ». Ces instituts forment des militants des « droits de l’homme », à qui l’on fournit le matériel télématique, les techniques de l’image, les capacités organisationnelles en vue de nourrir les luttes sociales et politiques par le truchement des media et des réseaux dits sociaux (Twitter, Facebook), clefs de la propagande dans le monde actuel. Si les divers « Printemps des peuples » ne sont pas totalement programmés, ils sont souvent préparés par un long et patient travail de sape intellectuel et spirituel. D’ailleurs, ces mouvements sont très vite réorientés, récupérés, manipulés et canalisés selon des objectifs de domination universelle. Dans le cas de l’Ukraine, c’est l’organisation « Pora » (qui signifie : c’est le moment !) qui est activée, organisation fondée en 2004 et financée par George Soros ; le soleil naissant du sigle de « Pora ! » est censé représenter une « aube nouvelle » - sans lien avec le mouvement qui, en Grèce, porte le même nom. Mais l’on a vu aussi, dans les récenets émeutes de Kiev, l’entrée en scène de jeunes Tatars de Crimée encadrant les manifestations ; ce sont des membres du du mouvement Azatlyk [Liberté] de Naïl Nabiullin, qui militent pour la Grande Turquie ; ils bénéficient du soutien de partis trotskistes, tel le Front de gauche russe de Serguei Oudaltsov, ainsi que de Recep Erdogan, le premier ministre turc ; ces jeunes militants ont été formés à la guérilla djihadiste en combattant en Syrie contre l’État baasiste. QUELLE EVOLUTION DE LA CRISE ? Depuis que s’est dissous le grand trigone Jupiter-Saturne-Neptune à l’automne 2013, les tensions n’ont fait que croître dans le monde. Si les États-Unis se sont dégagés du Levant avec l’abandon (ou la mise en sourdine temporaire) d’une intervention directe en Syrie et contre l’Iran, ils demeurent présents sur le « Toit du monde » afghan, négociant avec le président Hamid Karzaï leur maintien effectif après le retrait officiel de leurs troupes. Les États-Unis opèrent en fait un vaste redéploiement de leur dispositif en Asie, aux confins du pacifique, là où se relèveront les grands défis du XXIe s. On observe sur le pourtour de la Chine une multiplication des foyers de déstabilisation (Tibet, Ouïghours du Xinjiang, Thaïlande), et surtout une montée inquiétante de la tension entre la Chine et le japon autour des îles Senkaku en mer de Chine. Ce qui est en jeu, c’est une recomposition globale du monde hérité des accords de Yalta et de Potsdam, une nouvelle répartition des pouvoirs et des aires d’influence entre grandes puissances. La période du carré Uranus-Pluton (de 2008 à 2017) est celle d’un « chaos planétaire » et d’une « mutation explosive », comme nous l’expliquons depuis de nombreuses années. Elle est aussi celle de l’affirmation d’un mondialisme qui mêle des aspects despotiques à un anarchisme libertarien sur le plan des mœurs derrière une façade démocratique vidée de toute substance. Et l’on assiste finalement, un siècle après la Grande Guerre, à la reconstitution de deux grands blocs : le boc euratlantique et le bloc eurasiatique. Toutefois, il est peu vraisemblable que cette opposition prennent avant longtemps (peut-être autour des années 2080) la forme d’un affrontement direct et massif ; pour le moment, les guerres entre blocs sont appelées à prendre la forme de révoltes populaires et démocratiques, telles les « révolutions de couleur » ou les « printemps de la liberté », dénominations dignes du fameux roman d’Orwell, 1984. Dans le monde actuel, face aux offensives répétées du mondialisme atlantique depuis l’effondrement de l’Union soviétique, la nouvelle Russie, portée depuis la fameuse éclipse « nostradamique » d’août 1999 par Vladimir Poutine, apparaît de plus en plus comme un rempart pour défendre les valeurs traditionnelles face à la déchéance morale du monde occidental. Le « conservatisme » poutinien n’est pas un retour au despotisme oriental d’un Staline, c’est une doctrine politique qui vise à contrer le mouvement vers le bas. C’est ce qui ressort, par exemple, d’une récente déclaration de Vladimir Poutine : « De plus en plus de gens dans le monde soutiennent notre position, qui est la défense des valeurs traditionnelles qui constituent depuis des millénaires la base morale et spirituelle de la civilisation de chaque peuple » ; et le président de la Russie poursuit son propos avec une citation du philosophe Nicolas Berdiaev : « Le conservatisme a pour but d’empêcher un mouvement en arrière et vers le bas, dans le chaos des ténèbres ».
12 EG H8 – Janvier-Juin 2014 - Ukraine EG H8 – Janvier-Juin 2014 – Viktor Ianoukovitch Transits du 23 avril 2014 Viktor Ianoukovith Ukraine - 1991 Le thème de l’Ukraine (Indépendance-Référendum 1er décembre 1991) et celui du président Viktor Ianoukovitch présentent tous deux un fort amas dans les signes Cardinaux, que les transits du premier semestre 2014 affecteront puissamment, notamment à partir de la fin mars et avec une culmination lors du carré Mars-Jupiter sur Pluton le 23 avril. On peut s’attendre à une forte relance du mouvement de contestation au printemps prochain.
13 Après la signature de l’accord du 15 décembre entre Viktor Ianoukovitch et Vladimir Poutine, les forces mondialistes qui ont appuyé sans réserves les manifestations de Maydan à Kiev ont subi un échec. Cependant, la partie est loin d’être jouée. La question est de savoir si, comme en Syrie pour le moment, les États-Unis mettront la pédale douce – et les Européens n’auront qu’à suivre – ou s’ils vont hausser la mise en suscitant des révoltes qui pourraient déboucher, comme ce fut la cas en Yougoslavie dans les années 1990, sur une tragique guerre civile déchirant les deux parties historiquement non homogènes de ce qui constitue, depuis 1991, l’État ukrainien. De toute façon, de manière feutrée ou acerbe, la Russie et l’Allemagne sont désormais engagées dans une lutte pour le contrôle de la Mitteleuropa. De par son tropisme slave, l’Ukraine sera, à long terme, poussée à rejoindre son pôle d’attraction, la Russie. Si l’Ukraine rejoignait le pôle occidental, elle se trouverait aussitôt sous l’emprise de l’affairisme débridé et prédateur de la superclasse mondialiste livrée aux « cavaliers du Néant » qui visent à déraciner dans tous les peuples les valeurs morales, culturelles et spirituelles qui ont façonné la civilisation européenne depuis au moins un millénaire. Et sur le plan économique, il n’y a aucun gain à envisager pour l’Ukraine dans un arrimage à une Union européenne affaiblie, endettée, en voie de désindustrialisation et soumise au remplacement de ses populations natives par des vagues d’immigration extra-européenne inassimilables. En revanche, une adhésion de l’Ukraine à l’Union douanière proposée par la Russie, et la transformation éventuelle de cette Union en une entité politique ferait de cet ensemble un acteur de premier plan et bouleverserait la géopolitique mondiale. Il est raisonnable de penser que les États-Unis veilleront à empêcher un rapprochement aussi poussé entre l’Ukraine et la Russie. Des troubles seront vraisemblablement à prévoir avant les élections présidentielles ukrainiennes de 2015. Dans l’immédiat, la prochaine ouverture des Jeux de Sotchi pourraient fournir une occasion à de nouvelles tentatives de déstabilisation par l’Occident de la Russie de Vladimir Poutine, la bête noire des forces mondialistes. EG – Vladimir Poutine – Janvier-Juin 2014 23 avril 2014 Comme c’est le cas pour les thèmes de l’Ukraine et de Viktor Ianoukovitch, le thème de Vladimir Poutine présente un amas important dans la seconde moitié des signes Cardinaux, avec la conjonction du Soleil à Saturne-Neptune au carré d’Uranus et en dissonance de la Lune (au début des Gémeaux). Cette zone sera fortement affectée, tout au long du premier semestre 2014, par le carré Uranus-Pluton renforcé par le transit de Jupiter en Cancer et par la rétrogradation de Mars en Balance. Les tensions s’accumulent avec le transit solaire à partir de la fin mars pour culminer lors du carré Mars-Jupiter sur Pluton le 23 avril, affectant directement le Soleil de Vladimir Poutine. Charles Ridoux Amfroipret, le 7 janvier 2014
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