L'UPA veut des résultats - La Terre de chez nous
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V o l . 87 , n o 18 – 4 au 10 mai 2016 – w w w . l a t e r r e . c a – U n c a h i e r – 3 2 p a g e s – 2,25 $ L’UPA veut des résultats PAGES 2 À 5 MARIEMICHÈLE TRUDEAU/TCN Les moulins bio SANTÉ PSYCHOLOGIQUE ont le vent Ensemble, pour dans les voiles le bien-être des agriculteurs MARTIN MÉNARD/TCN PAGES 14 ET 15 PAGE 7 Vol 87 #18 18 1 Messageries Dynamiques 78313 02664 7 2,25$ 10013
PAGE 2 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 4 mai 2016 L’UPA VEUT DES RÉSULTATS Le mardi 26 avril, le ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, défendait Dans une entrevue donnée à la Terre à la fin de la semaine dernière, les crédits de son ministère devant la Commission de l’agriculture, des le président de l’UPA, Marcel Groleau, a affirmé vouloir voir des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles (CAPERN) à l’Assemblée résultats dans ses dossiers prioritaires. « On ne demande pas la nationale. Un rendez-vous annuel obligé pour tous les ministres. démission du ministre Paradis, mais des résultats », a-t-il déclaré. L’Union des producteurs agricoles (UPA) avait mis la table en accordant Il soutient par ailleurs que « les portes sont ouvertes » et que l’UPA une entrevue à La Presse canadienne pour dénoncer le financement continue de travailler avec le gouvernement. Quant au premier ministre d’organisations opposées à l’Union. C’était le plus récent blâme qui Philippe Couillard, il a réitéré sa confiance envers Pierre Paradis lorsque s’ajoute à une longue liste de reproches que le syndicat agricole adresse questionné à l’Assemblée nationale le même jour. depuis plusieurs mois au ministre Paradis. Retour sur une semaine de tensions entre l’UPA et le ministre Paradis. ACCRÉDITATION UNIQUE Le flou subsiste cours pour modifier la loi relativement à l’accréditation unique et que ce n’est THIERRY LARIVIÈRE pas une priorité. Pressé de questions, il tlariviere@laterre.ca a toutefois mentionné que « les priorités THIERRY LARIVIÈRE/TCN fluctuent » et qu’on ne connaît pas celles QUÉBEC — Interpellé en conférence de l’automne. Bref, le flou persiste sur de presse puis en commission parlemen- ses intentions à moyen terme. taire, le ministre Pierre Paradis n’a pas « Je comprends le CEA et l’Union pay- Le ministre Paradis a continué à être interrogé sur ses intentions quant à l’accréditation vraiment clarifié sa position sur l’accré- sanne, mais il y a de la place pour tous à unique en commission parlementaire sur les crédits du MAPAQ. ditation unique de l’Union des produc- l’UPA », a commenté André Villeneuve, teurs agricoles (UPA). critique du Parti québécois en agricul- fois que l’UPA se plaint un peu trop », avance même le président de l’UPA. Ce « Rien n’interdit à l’Union paysanne ture, qui dit ne pas avoir été consulté par affirme celui qui dit constater l’appui dernier fait valoir que si plusieurs asso- et au Conseil des entrepreneurs agricoles le ministre sur l’accréditation unique. de l’ensemble de la classe agricole et de ciations étaient accréditées, celles-ci per- [CEA] de jouer un rôle », a-t-il men- Il reproche à celui-ci de « diviser » les plusieurs partenaires qu’il côtoie réguliè- draient beaucoup de temps à défendre la tionné d’entrée de jeu, ménageant ainsi producteurs au lieu de les rassembler. Et rement dans diverses rencontres. place de leur organisation plutôt que les la chèvre et le chou. Le ministre a ensuite comme le rapportait récemment la Terre, Il estime par ailleurs que le concept intérêts des producteurs. soutenu que la Coalition avenir Québec le cabinet du chef de la CAQ confirmait d’accréditation unique a toujours sa Le président Groleau estime que les (CAQ), Québec solidaire et d’anciens que le parti ne remettrait pas en question place en 2016. Selon lui, les autres asso- cotisations et les contributions à l’UPA péquistes étaient pour une révision du le monopole de l’UPA. ciations agricoles canadiennes « envient en fonction de la formule Rand repré- modèle actuel de représentation des pro- L’UPA pas surprise toutes » le modèle québécois à cet égard. sentent un quart de 1 % du revenu agri- ducteurs. « Ma priorité, c’est le lait dia- Marcel Groleau n’est pas surpris de « Si jamais les producteurs choisissaient cole, mais que cela permet de défendre filtré », a cependant ajouté le ministre, l’ambiguïté du ministre sur l’accré- une autre association que l’UPA, il fau- les agriculteurs dans toutes les régions et indiquant qu’aucuns travaux ne sont en ditation unique. « Ça revient chaque drait quand même en garder une seule », dans toutes les sphères d’activité.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 4 mai 2016 PAGE 3 L’UPA VEUT DES RÉSULTATS SÉCURITÉ DU REVENU Il faut cesser de forcer un choix PIERRE-YVON BÉGIN pybegin@laterre.ca Québec doit suspendre sa consul- tation au sujet des programmes de sécurité du revenu. C’est la demande exprimée le 28 avril en conférence de presse à Sherbrooke par le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau. Celui-ci invite le ministère de l’Agriculture PIERRE-YVON BÉGIN/TCN à surseoir à son intention d’obliger certaines productions à choisir entre l’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) et les Agri d’ici le En conférence de presse, le 28 avril à Sherbrooke, le président de l’UPA, Marcel Groleau, a demandé à Québec de suspendre sa consultation 27 mai. qui vise à obliger les producteurs à choisir entre deux programmes de sécurité du revenu. Il est accompagné du président de la Fédération Lettres à l’appui, dont la Terre a de l’UPA-Estrie, François Bourassa. obtenu copie, Marcel Groleau révèle que la Financière agricole et le ministre donc être comptabilisées dans les président de la Fédération de l’UPA ger l’investissement à la ferme. L’UPA de l’Agriculture se renvoient la balle programmes Agri d’autogestion des d’Abitibi-Témiscamingue. Plusieurs en évalue le coût supplémentaire pour au sujet d’une éventuelle modification risques. « C’est très pénalisant pour présidents de syndicats (relève, produc- toutes les productions sous ASRA à à la sécurité du revenu. « On me dit, une région comme l’Estrie [de perdre tion bovine, laitière, grains, etc.) ont près de 40 M$, dont environ 8 M$ a-t-il rapporté, que ni l’un ni l’autre ne l’ASRA] », soutient-il. pris la parole devant les manifestants pour le maïs et le soya seulement. En peut discuter de ça avec l’UPA, parce Manifestation à Rouyn-Noranda en exigeant unanimement le main- commission parlementaire, le ministre que ça appartient à l’un ou à l’autre de Le 25 avril dernier, environ 200 pro- tien de l’ASRA. Ils ont dit « en avoir Paradis s’est engagé à demander à la le faire. Je ne comprends pas. » ducteurs ont manifesté à Rouyn- soupé » des actions du gouvernement Financière de réévaluer ce que cette Le président de la Fédération de Noranda contre l’obligation de choisir en place et qu’ils étaient déterminés à demande de l’UPA coûte de plus. « Si l’UPA-Estrie, François Bourassa, fait entre les deux programmes. « Avec prendre toutes les actions nécessaires c’est autour de 8 M$, je vais me battre valoir que les conditions prévalant en son référendum, le gouvernement veut en vue de conserver l’ASRA. pour conserver les deux programmes », Estrie sont fort différentes de celles de diviser les producteurs. Et ultimement, Le ministre ouvre une porte a-t-il ajouté, après avoir évoqué une la Montérégie. Il précise que le maïs et il veut faire disparaître l’ASRA. C’est L’UPA considère que ces deux modes première estimation des coûts supplé- le soya sont majoritairement consom- vicieux et pernicieux, parce qu’ici, d’intervention sont complémentaires mentaires de 400 à 500 M$. més à la ferme en Estrie. Les ventes 70 % des entreprises sont tributaires de et permettent à la fois de stabiliser les Avec la collaboration de Martin nettes admissibles (VNA) ne peuvent l’ASRA », a dénoncé Sylvain Vachon, revenus pendant les crises et d’encoura- Ménard et de Thierry Larivière TAXES FONCIÈRES LAIT DIAFILTRÉ L’impact réel doit être bien évalué LA priorité du ministre Le nouveau programme de crédit de taxes foncières pour obtenir les simulations de l’impact de ce nouveau Autant en conférence de presse qu’en com- agricoles, qui est prévu pour 2017 et qui sera géré par programme sur lesquelles le gouvernement s’est basé mission parlementaire la semaine dernière, le Revenu Québec, a été une autre question majeure évo- pour prendre sa décision et affirmer que la couverture ministre a indiqué vouloir régler en priorité quée pendant l’étude des crédits budgétaires. serait « globalement » la même qu’avant. les importations de lait diafiltré. Il a dit ne pas Rappelons que les simulations de l’UPA esti- Le ministre Paradis n’a pas été en mesure de dépo- comprendre les critiques très sévères de l’UPA ment que le nouveau programme pourrait à lui seul ser cette étude d’impact à la CAPERN. Il a toutefois envers lui, soulignant qu’il avait récemment faire augmenter la facture de taxes des producteurs soutenu que le ministère des Finances avait fait des participé à deux conférences de presse pour la de 30 % à 40 % en tenant compte de la taille des projections et qu’il se fiait entièrement à la compétence défense de la gestion de l’offre en collaboration fermes et du prix des terres dans chaque région. Le de son collègue Carlos Leitão. Il a malgré tout concédé avec l’UPA. « Nous le remercions de son appui, programme doit être réformé, dit-elle, mais pas en à l’opposition une nouvelle vérification de l’impact du mais ce dossier ne relève pas de lui », a déclaré imposant un fardeau supplémentaire aux producteurs. nouveau programme par les Finances. Celle-ci sera François Bourassa, président de la Fédération de André Villeneuve, critique du Parti québécois, a insisté déposée à la CAPERN plus tard. T.L. l’UPA-Estrie.
PAGE 4 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 4 mai 2016 L’UPA VEUT DES RÉSULTATS Décevant rapport Pronovost l’on connaissait déjà ». Rappelons que augmenter le prix des terres et qui la consultation a coûté 99 000 $ aux empêche l’accessibilité. M. Pronovost MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI contribuables québécois. Aussi, quelle propose qu’une équipe de spécialistes mlaplante@laterre.ca ne fut pas la surprise de la FRAQ de se penche sur la question – qui achète constater que le rapport était daté du quelles terres et pourquoi – avant d’éla- C’est « sans surprise et avec décep- 18 novembre 2015. « On a attendu cinq borer des stratégies. tion » que le président de l’Union des mois avant sa sortie. C’est correct d’at- Quotas producteurs agricoles (UPA), Marcel tendre, mais on se disait qu’il allait nous Les secteurs sous gestion de l’offre Groleau, accueille le rapport intitulé À arriver avec quelque chose de concret se doivent de favoriser l’accès de leur l’écoute de la relève agricole – le vécu à mettre en place. Depuis cinq mois, production à la relève, dans le lait et les attentes des jeunes agriculteurs ça aurait été possible », ajoute la prési- notamment, où M. Pronovost a relevé québécois. Jean Pronovost, qui a été dente, déçue que ça n’ait pas été le cas. plusieurs irritants lors du démarrage mandaté en février 2015 pour effectuer Cinq constats de nouvelles entreprises. « C’est assez THIERRY LARIVIÈRE/TCN une consultation auprès de la relève « Les jeunes entrepreneurs agricoles surprenant [de critiquer la production agricole, a dévoilé celui-ci aux côtés du se butent à plusieurs problèmes qui laitière], parce qu’on a quand même, ministre Paradis le 26 avril dernier. découlent d’un environnement d’af- depuis 2008, instauré des plafonds sur Déception faires qui n’est pas toujours aussi favo- le prix des quotas et que, grâce à ça, Le consultant Jean Pronovost a dévoilé le Selon le président de l’UPA, ce rapport rapport qui faisait suite à la consultation rable qu’il pourrait l’être », a expliqué on a réussi à maintenir un plus grand est paradoxal. « Selon M. Pronovost, effectuée auprès de la relève agricole. M. Pronovost en conférence de presse. nombre de fermes dans tout le Québec. les choses ne vont pas si mal au Québec Plusieurs constats émanent de ce On a augmenté le nombre de jeunes grâce à nos systèmes et on performe Pour sa part, la présidente de la rapport. producteurs qui peuvent être admis- mieux que dans les autres provinces. Fédération de la relève agricole du Coffre à outils sibles au programme de démarrage, Ensuite, il démontre qu’à cause de nos Québec (FRAQ), Michèle Lalancette, D’abord, les programmes d’aide à la on a étendu ce système-là à l’échelle systèmes on performe moins et qu’ils trouve désolant, « que ça ait coûté aussi relève sont nombreux, mais méconnus des cinq provinces de l’est du Canada sont un frein à la relève. » cher pour arriver à des résultats que et dispersés dans les différents minis- [l’Ontario, les provinces maritimes et le tères. M. Pronovost propose un « coffre Québec]. Ça frôle le ridicule un peu », à outils », piloté par La Financière explique M. Groleau. agricole du Québec (FADQ), qui « Ferme type » Un rapport qui évacue l’expertise regrouperait en un même endroit l’aide nécessaire aux jeunes producteurs en Le rapport soulève finalement que certaines politiques de la Commission de protection du territoire agricole démarrage ou en transfert. en place Accaparement des terres Le prix des terres et l’établisse- du Québec freinent l’innovation. Les réseaux de petites fermes demandent En se basant exclusivement sur politique jeunesse du gouvernement. ment des actifs étaient les principaux notamment des changements concer- 47 témoignages, l’approche sociolo- L’auteur du rapport intitulé À l’écoute obstacles de la relève identifiés dans nant le morcellement des terres et les gique de Jean Pronovost a laissé de de la relève agricole n’a pas jugé bon le mémoire de la FRAQ, déposé en limites de poulets hors quotas. La clé côté toute une expertise sur la relève. non plus de rencontrer des experts uni- octobre dernier. À l’inverse, dans pour bâtir la ferme qu’ils souhaitent « Ce que je remarque, c’est qu’il y a versitaires ou autres qui se penchent le rapport Pronovost, c’est plutôt la serait de relever le plafond de 100 pou- beaucoup de choses dans ce rapport sur cette problématique depuis des compétition entre agriculteurs qui fait lets et de 100 poules. M.L. qui ont déjà été dites dans la politique années. jeunesse des libéraux de 2005 », com- Le CRAAQ a un comité spécifique mente Diane Parent, professeure à la sur le transfert et l’établissement qui La Terre interpellée Faculté des sciences de l’agriculture organise un colloque tous les deux ans de l’Université Laval et spécialiste de et gère le site Agro-démarrage. Ce site la question de la relève agricole. Cette regroupe une panoplie de ressources, politique existe depuis 15 ans et a été dont un répertoire des programmes La direction de La Terre de chez nous a été interpellée par une des conclusions renouvelée en mars dernier. disponibles, et rend accessible des du rapport Pronovost selon laquelle les programmes pour la relève sont mécon- La professeure de l’Université Laval trousses de démarrage par production. nus. « Ils ne sont pas bien informés notamment parce que le MAPAQ a pris la reproche au récent rapport Pronovost Diane Parent estime que le tour décision de retirer toute publicité dans nos publications. Les statistiques prouvent sur la relève de « partir de zéro » à plu- d’horizon de Jean Pronovost ne pose depuis des années que la crédibilité médiatique agricole au Québec passe par sieurs égards et de n’apporter « rien de pas assez clairement la question de la La Terre de chez nous, qui rejoint plus de 100 000 lecteurs par semaine. C’est, nouveau ». La chercheuse indique que vision à soutenir du développement de selon moi, une erreur de communication qui doit être corrigée si le ministre veut le Centre de référence en agriculture et l’agriculture (ferme familiale, petite rejoindre le monde agricole au Québec et ainsi promouvoir les différents pro- agroalimentaire du Québec (CRAAQ) ferme en circuit court, modèle Pangea, grammes disponibles », a commenté André Savard, directeur de La Terre de chez ainsi que le MAPAQ avaient fait un etc.). La professeure aurait également nous. Il termine en insistant sur le fait que, contrairement à ce que le ministre a travail de documentation et de revue souhaité que l’on consacre un chapitre laissé entendre, la Terre n’est pas contre le bio ou le bien-être animal; elle est pour de littérature sur la relève agricole, à la relève agricole féminine, qui com- une information complète pour ses lecteurs, dont la très grande majorité sont des notamment en vue de contribuer à la porte des enjeux spécifiques. T.L. producteurs agricoles.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 4 mai 2016 PAGE 5 L’UPA VEUT DES RÉSULTATS SOMMET SUR L’ALIMENTATION Visiblement aucun enthousiasme la lenteur du gouvernement actuel : (CTAQ), Sylvie Cloutier : « Nous « Depuis 24 mois, ça piétine. Et là, on savons que le ministre veut tenir MARTINE GIGUÈRE nous propose un sommet sur l’alimen- quatre minisommets, mais malheu- mgiguere@laterre.ca tation! » reusement, nous n’avons aucun détail. Lors de l’étude des crédits, le Pourtant, nous sommes des parte- Une « perte de temps ». Voilà 26 avril, le ministre a répété que le naires. Nous devrions donc être asso- comment Florent Gravel, président- sommet était en préparation, mais que ciés à la démarche. » C’est pourquoi directeur général de l’Association les différents intervenants du secteur l’UPA, le CTAQ, l’ADA et le Conseil des détaillants en alimentation du – producteurs, distributeurs, transfor- canadien du commerce de détail ont Québec (ADA), qualifie le sommet mateurs et consommateurs – seraient cosigné une lettre au ministre lui sur l’alimentation que compte organi- rencontrés tour à tour. demandant de préciser ses intentions ser le ministre de l’Agriculture, Pierre Le président de l’UPA, Marcel et les échéanciers. Paradis. Groleau, souligne qu’il n’a encore Enfin, tous se questionnent sur la « Si, en 2016, au bureau du ministre, reçu aucune invitation et qu’il préfère lenteur de l’avancement des dossiers, ARCHIVES/TCN on ne sait pas où l’on s’en va en agricul- connaître les « intentions » du ministre car ils estiment que les problématiques ture et en agroalimentaire au Québec, avant de se prononcer sur la participa- sont connues. « Pourquoi laisse-t-on on a un problème important », a-t-il tion ou non de l’organisation. Même notre agriculture prendre du retard ajouté, en entrevue à la Terre. L’ADA son de cloche du côté de la présidente- comparativement à d’autres provinces? Président-directeur général de l’Association des détaillants en alimentation du Québec, participera au sommet si le ministre la directrice générale du Conseil de la Il faut des leaders qui mènent les dos- Florent Gravel considère que les détaillants convoque, mais Florent Gravel déplore transformation alimentaire du Québec siers à terme », insiste Florent Gravel. servent très bien les consommateurs.
PAGE 6 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 4 mai 2016 ÉDITORIAL Une semaine mouvementée était déjà au travail. Pourquoi dépenser près nettement en deçà des besoins compte tenu de 200 000 $ pour deux rapports alors que les des investissements nécessaires. Ce soutien à la MARCEL ressources du ministère sont là? modernisation est d’autant plus nécessaire qu’il GROLEAU sera très difficile de transférer ces coûts dans le Président général de Dans la même entrevue, j’ai aussi fait le bilan des marché. l’Union des producteurs deux dernières années. Le gouvernement, à son agricoles arrivée, vivait une situation budgétaire difficile. Les régions périphériques ont vécu très durement Nous avons été bons joueurs. Les prix sur les la crise des revenus dans le secteur des viandes. marchés des viandes et des céréales ont été Les resserrements au programme d’assurance favorables, ce qui a permis à La Financière agricole stabilisation ont fait plus mal, car les opportunités « L’UPA veut la démission du ministre Paradis ». du Québec (FADQ) de limiter ses contributions et de diversification en région sont moins Une nouvelle comme ça a bien sûr fait rapidement de générer des surplus. Cela a bien servi l’atteinte nombreuses. le tour des médias, tout en alimentant la joute de l’équilibre budgétaire. parlementaire. L’entrevue à l’origine de cette Les modifications au Programme de manchette explosive portait essentiellement sur Dès l’arrivée de M. Paradis, l’UPA et ses groupes remboursement des taxes foncières agricoles l’utilisation du tiers de l’enveloppe discrétionnaire ont souhaité entamer une discussion sur l’avenir ne seront pas à coût neutre pour les fermes. On du ministre pour soutenir des activités de des programmes de sécurité du revenu et de repousse les discussions sur l’enjeu principal, lobbying de l’Union paysanne et du Conseil des gestion des risques, essentiels au développement soit l’augmentation de la valeur des terres et entrepreneurs agricoles et aussi sur les contrats et à l’investissement en agriculture, et profiter de conséquemment leur valeur taxable. Il n’y a eu sans appel d’offres pour les rapports Gagné et la situation favorable des marchés pour adapter aucun échange avec l’UPA, les unions municipales Pronovost. nos programmes et être en mesure de faire face à et le ministère des Affaires municipales. des périodes plus difficiles si elles se présentent. Durant l’entrevue, j’ai fait une analogie avec le Cette discussion importante n’a pas été possible. En décembre dernier, l’UPA et le Conseil de ministère de la Santé. Que dirait-on si le Dr Gaétan Bien qu’à deux reprises, le conseil d’administration la transformation alimentaire du Québec Barrette avait agi de cette façon? S’il avait de la FADQ ait recommandé de limiter de façon ont demandé une stratégie pour stimuler les subventionné, à même son budget discrétionnaire, rétroactive à trois ans les sommes Agri à être investissements dans les fermes et les entreprises des organisations pour qu’elles fassent du lobbying arrimées à l’ASRA, M. Paradis n’a pas donné suite à de transformation, combler le retard en recherche en appui à sa réforme du système de santé cette recommandation. Elle aurait pourtant permis et développement et trouver une solution à la et qu’il avait accordé des contrats sans appel aux producteurs consultés actuellement d’avoir un pénurie de main-d’œuvre. Il y a urgence de se d’offres à d’anciens collaborateurs? J’ai déclaré choix réel entre les Agri et l’assurance stabilisation. doter d’une stratégie agroalimentaire. M. Paradis que l’opposition aurait sans doute demandé sa a parlé de la tenue de quatre sommets l’automne démission. À vous de tirer vos conclusions. Pour répondre aux exigences de bien-être prochain. On ne peut donc rien espérer de concret animal, des investissements importants sont avant plusieurs mois. Le ministre des Finances, Carlos Leitão, après nécessaires. Les producteurs de porcs ont fait avoir accordé un contrat de 98 000 $ à une de cet enjeu une priorité. Après une décennie Le secteur agroalimentaire est l’un des plus firme d’experts pour l’évaluation des retombées difficile, plusieurs producteurs doivent décider prometteurs en termes de croissance. Alors que économiques du projet Énergie Est, a dû s’ils souhaitent réinvestir. Il aurait été judicieux la plupart des pays misent sur l’agroalimentaire reculer récemment et confier l’évaluation à ses de consacrer une partie des surplus de la FADQ pour soutenir leur économie, on ne sent fonctionnaires. M. Paradis aurait pu faire la même aux réinvestissements pour la mise à niveau malheureusement pas cette volonté chez nous. chose. Sur la relève, un comité de transition des équipements et des bâtiments. Les deux sous la direction du ministère, auquel participait programmes de soutien à l’investissement la Fédération de la relève agricole du Québec, annoncés depuis l’automne dernier sont www.laterre.ca Directeur Directeur Chefs de pupitre André Savard des ventes Richelle Fortin Directrice Pierre Leroux Julie Desbiens de production Ventes Brigit Bujnowski Sylvain Joubert Chef comptable Daniel Lamoureux Vincent Bélanger-Marceau Marc Mancini ABONNEMENT PARTOUT AU CANADA Impression 1 an : 65,54 $ Imprimerie Transmag 2 ans : 104,63 $ Distribution en kiosque 3 ans : 136,82 $ Messageries Dynamiques Paiement par chèque ou mandat Abonnement à l’ordre de La Terre de chez nous Postes Canada NUMÉRO GÉNÉRAL 1 800 528-3773 RÉDACTION PUBLICITÉ ABONNEMENTS ET 450 679-8483 450 679-8483 PETITES ANNONCES poste 7270 poste 7712 1 877 679-7809 tcn@laterre.ca pub@laterre.ca abonnement@laterre.ca ÉDITEUR L’Union des producteurs agricoles 555, boulevard Roland-Therrien, bureau 100 Longueuil (Québec) J4H 3Y9 Dépôts légaux : Bibliothèque nationale du Québec - 1992 Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0040 - 3830 La Terre de chez nous, ISSN 0040-3830 (imprimé), ISSN 2369-7660 (en ligne), is published weekly, 51 times per year except first week of January by La Terre de chez nous c/o USACAN Media Corp. at 123A Distribution Way Building H-1, Suite 104, Plattsburgh, N.Y. 12901. 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LA TERRE DE CHEZ NOUS, 4 mai 2016 PAGE 7 SANTÉ PSYCHOLOGIQUE Prendre le taureau par les cornes, enfin! MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI de frappe dans l’imaginaire collectif », a-t-il conclu, sous les applaudisse- DRUMMONDVILLE — « Quand ments de l’assemblée. on parle de bien-être en agriculture, Faire partie de la solution on parle souvent de bien-être animal. Dans le plan d’action de l’UPA, le Je pense qu’il serait temps qu’on com- comité a prévu 50 formations Agir mence à parler de bien-être des agri- en sentinelle pour la prévention du culteurs », a déclaré d’entrée de jeu la suicide, soit deux par région pour les chercheuse et docteure en psycholo- deux prochaines années. « On va faire gie communautaire à l’Université du appel aux gens qui rencontrent plu- Québec à Montréal (UQAM) Ginette sieurs clients, comme La Coop fédé- Lafleur. Le 27 avril dernier, les inter- rée, Agropur, les groupes-conseils, MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI/TCN venants et les producteurs ont répondu le ministère de l’Agriculture et les présents en grand nombre au premier comptables de l’UPA. Tous ces gens Forum sur la santé psychologique des qui interviennent auprès des produc- agriculteurs à Drummondville. teurs, on va essayer de les inclure dans Un premier forum réussi cette formation-là, adaptée au monde « On a atteint nos objectifs, a affirmé La chercheuse en psychologie communautaire à l’UQAM Ginette Lafleur aimerait que le agricole », a affirmé M. Groleau. le responsable du dossier de la santé Québec commence à se préoccuper du bien-être des agriculteurs. psychologique à l’Union des produc- teurs agricoles (UPA), Pierre-Nicolas donner des idées pour demain. » Le « J’aimerais pouvoir échanger avec Girard. On a incité les gens de nos Forum a réuni, à Drummondville et en l’UPA et qu’on organise des choses régions à parler entre eux et à se visioconférence à travers la province, ensemble », a indiqué l’intervenant plus de 250 participants provenant du Centre de prévention du suicide de de tous horizons professionnels : des Portneuf, Steve Dubois. Celui-ci a dit Situation psychologique représentants de centres de prévention souhaiter que la journée mondiale de des producteurs laitiers, en du suicide, du réseau de la santé, des municipalités, du ministère québécois prévention du suicide du 10 septembre soit organisée en collaboration avec chiffres (2010-2011) de l’Agriculture, des coopératives et, l’Union, les centres de santé et de ser- bien sûr, des producteurs. « L’objectif vices sociaux, les CLSC et les deux était aussi de mieux outiller les inter- conférenciers présents au Forum. Il a 41,5 % venants afin qu’ils comprennent ce que également demandé à l’UPA de pré- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI/TCN considèrent vivre un stress vivent les agriculteurs et d’inciter ces voir du temps pour aborder la question quotidien élevé derniers à faire appel aux intervenants, de la santé psychologique dans ses //////////////////////////////////////////////////// à ne pas rester isolés et à aller vers réunions, au même titre que l’on parle eux », a renchéri Marcel Groleau. d’accidents de travail, par exemple. Si l’on peut emprunter un terme de « Qu’on organise des activités, qu’on 45,6 % marketing, les prochains défis seront monte des plans d’action » et que ces Le professeur invité de l’École de travail vivent un état de détresse social de l’Université de Montréal, Philippe de « mieux vendre l’idée aux agri- actions soient rapportées dans les jour- Roy, a présenté d’entrée de jeu ses résultats psychologique élevé culteurs d’aller chercher de l’aide », naux locaux, « parce que ça a une force de recherche. //////////////////////////////////////////////////// a mentionné le professeur de l’École de travail social de l’Université de 4,8 % Montréal Philippe Roy. Le chercheur a même suggéré, au même titre qu’il Une affaire de gars? ont eu des idées suicidaires est possible de recevoir un prix pour sérieuses //////////////////////////////////////////////////// le Mérite agricole, qu’un prix soit créé Les deux universitaires venus présenter leurs résultats de recherche respectifs pour souligner l’équilibre de vie des aux participants du Forum ont établi dès le départ que seuls les hommes avaient producteurs. Le remplacement agricole été étudiés dans leur thèse. Non pas qu’ils ne souhaitaient pas se pencher sur le 22 % fait partie de la solution. « Si on veut cas des femmes, mais pour Ginette Lafleur, le taux de suicide est plus élevé chez ont refusé d’aller légitimer les congés à la ferme, par les hommes que chez les femmes, malgré un niveau de détresse psychologique chercher de l’aide exemple, il faut valoriser leur accepta- plus élevé chez ces dernières. Le président de l’UPA, Marcel Groleau, s’est dit //////////////////////////////////////////////////// bilité », a ajouté M. Roy. étonné que le sujet féminin soit si peu abordé durant le Forum. « Souvent, ce sont Note : Données provenant de différentes Collaboration avec l’UPA les femmes qui viennent nous parler des problèmes que vit la famille et qui font études. Le total n’est pas égal à 100. « Pour arriver à de meilleurs résul- en sorte de calmer les tensions entre ses membres, relate-t-il. Je n’ai pas senti ce Source : Conférence de Ginette Lafleur, tats, qu’est-ce que vous attendriez matin qu’on leur accordait assez d’importance. Il y aura du travail à faire pour chercheuse en psychologie communau- d’une organisation comme l’UPA? » rectifier le tir. » M.L. taire à l’UQAM. a demandé au micro une participante.
PAGE 8 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 4 mai 2016 PRODUCTION PORCINE La filière presse Québec de se brancher PIERRE-YVON BÉGIN DRUMMONDVILLE — Des bâti- ments qui tombent en ruine jettent de l’ombre sur l’avenir du secteur porcin. Celui-ci presse Québec de se bran- cher et de confirmer ses engagements notamment en ce qui concerne la ges- tion des risques. « Il y a un flou artistique », a illus- tré Jean Larose, directeur général des Éleveurs de porcs du Québec. Celui-ci témoignait devant la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec, le 21 avril dernier, pour l’examen périodique du plan conjoint. Si le bilan présenté est plus que posi- tif, l’avenir est imprécis. Outre un PIERRE-YVON BÉGIN/TCN appui politique, les Éleveurs exhortent Québec à créer une veille stratégique. « On est un peu en culottes courtes », a déploré Jean Larose, rappelant que Les Éleveurs de porcs du Québec étaient particulièrement fiers de présenter leur bilan des cinq dernières années devant la Régie des le porc est la seconde production en marchés agricoles et alimentaires du Québec le 21 avril dernier à Drummondville. Dans l’ordre habituel, Jean Larose, directeur général, importance. Il craint que plusieurs Marie-Ève Tremblay, directrice des affaires économiques, et David Boissonneault, président. producteurs abandonnent carrément la production faute de règles claires (AQINAC), Yvan Lacroix, a pour sa par le biais d’ententes particulières. en ce qui concerne le soutien gouver- Les Éleveurs exhortent part insisté sur la concertation du sec- « Le site Web est fonctionnel et le nemental. Le parc de bâtiments, note- Québec à créer une teur. Il reconnaît que « c’est le jour et 1 er mouvement est prévu en juin. t-il, doit être impérativement renou- veille stratégique. la nuit » par rapport à 2010 au sein de C’est sûr qu’il va y en avoir », cer- velé d’ici trois ou quatre ans. la filière. « On sait qu’il y a une dif- tifie le président des Éleveurs, David « Il y a une urgence de moderni- férence entre l’Ontario et le Québec. Boissonneault. ser tout le bâti », a confirmé Luc engagements pris à l’endroit de la Travaillons ensemble et découvrons D’ici à ce 1er mouvement, la Régie Forget, 1er vice-président de La Coop filière porcine. « Malheureusement, pourquoi », a-t-il avancé. doit cependant rendre une décision Fédérée, propriétaire d’Olymel. a-t-il déclaré, ça tarde. De guerre Mobilité importante. Elle doit préciser si la Celui-ci a révélé que ses sociétaires lasse, on est train d’initier un nouveau Entrée en vigueur le 1er février der- perte maximale de 2 % des volumes se disent « globalement heureux et projet avec les Fermes Boréales. » nier, la nouvelle convention de mise doit s’appliquer à un abattoir ou à satisfaits » de la mise en marché pour Le président-directeur général de en marché des porcs introduit un l’acheteur. L’enjeu est de taille pour la période 2010-2015. Il invite le gou- l’Association québécoise des indus- concept de mobilité. Des éleveurs Olymel, qui possède plusieurs abat- vernement du Québec à confirmer les tries de nutrition animale et céréalière pourront ainsi changer d’abattoir toirs au Québec. 5,50 $ pour les porcs à l’engrais SAINTE-MARIE — Les producteurs de porcs seront ravis. Ils encaisseront ce de l’assemblée générale des Éleveurs de porcs de Beauce, dont il est le président. vendredi une compensation de 5,50 $ par porc à l’engrais et de 57,48 $ par truie. Pour les prochaines années, les Éleveurs maintiennent leur volonté de créer un fonds Jeudi dernier, la Financière agricole a confirmé l’information dévoilée en primeur fiduciaire devant notamment leur permettre de choisir entre un modèle d’affaires par laterre.ca. Les producteurs ont ainsi fait des gains appréciables, notamment en indépendant ou l’intégration. Le fonds, explique-t-on, aurait aussi l’avantage d’em- ce qui concerne l’inclusion du coût des médicaments et les frais de transport. pêcher le calcul des coûts de production de capter les gains de productivité. Pour l’année 2015, la compensation totalise ainsi 7,12 $ pour les porcs à l’engrais « La Financière vous a écoutés », a révélé Jean Larose, directeur général des et 71,13 $ par truie, compte tenu des avances versées en décembre dernier. Après Éleveurs, admettant que la démonstration demeurait à faire. La prochaine enquête arrimage avec les sommes versées par le biais du programme Agri-investissement, des coûts de production, a-t-il précisé, va démarrer l’an prochain pour une appli- la compensation atteint 10,96 $ pour la ferme de type naisseur-finisseur. cation en 2019 jusqu’à 2024. Les Éleveurs tiennent notamment à revoir le modèle « Les Éleveurs de porcs du Québec ont fait un tabarrouette de bon travail », a d’enquête qui, dans sa version actuelle, a ignoré une vingtaine de producteurs noté Cécilien Berthiaume, vice-président. Celui-ci s’exprimait mercredi dernier lors possédant la moitié du cheptel québécois. P.-Y.B.
PAGE 10 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 4 mai 2016 ASSEMBLÉE VOLAILLES Les importations minent les revenus des éleveurs THIERRY LARIVIÈRE Pierre-Luc Leblanc, président des EVQ. aux douanes malgré le lobby des pro- comprenant 13 % ou plus de sauce ou Il y a premièrement une « explosion » ducteurs de poulets canadiens. Ce seul d’un autre ingrédient n’est plus consi- QUÉBEC — Les trois techniques uti- des importations de poules de réforme, problème fait perdre près de 87 M$ en dérée comme du poulet à la frontière. lisées par les acheteurs pour importer sans tarif douanier, en provenance des recettes aux producteurs d’ici. Un stratagème qui fait perdre 8 M$ aux des produits de la volaille sans payer les États-Unis. « C’est comme si le Canada Un autre contournement est le pro- éleveurs canadiens. tarifs normaux de la gestion de l’offre recevait 95 % des poules de réforme gramme de report des droits de douane L’ancien gouvernement avait pris des font perdre 139 M$ par année à l’indus- des États-Unis. C’est simplement qui permet à des manufacturiers d’im- engagements sur ces contournements le trie canadienne du poulet. impossible », analyse Pierre Fréchette, porter sans tarif et de réexporter dans 5 octobre dernier, mais jusqu’à mainte- « Proportionnellement, les produc- qui conclut que du poulet à griller se les quatre années qui suivent. Les EVQ nant, le ministre Lawrence MacAulay teurs de poulets sont touchés plus dure- fait frauduleusement passer pour de la évaluent que 20 % de ce qui entre par n’a pas effectué de changement pour ment que les producteurs de lait », a poule de réforme. Il existe pourtant un cette disposition ne ressort jamais. contrer ces manœuvres d’importa- expliqué Pierre Fréchette, directeur programme de certification américain C’est donc une perte de 44 M$ pour le tion. Une rencontre est demandée avec général des Éleveurs de volailles du pour la poule de réforme. L’industrie Canada. Ralph Goodale, le ministre respon- Québec (EVQ), lors de l’assemblée américaine de la poule de réforme générale annuelle de son organisation, craint en effet de perdre son marché si le 20 avril dernier. « C’est inacceptable le Canada perd patience. Un test géné- « C’est inacceptable qu’il n’y ait pas de meilleures qu’il n’y ait pas de meilleures mesures tique permet aussi de distinguer le pou- mesures de contrôle à la frontière. » de contrôle à la frontière », a déclaré let et la poule. Rien ne bouge toutefois – Pierre-Luc Leblanc, président des EVQ La troisième astuce des importateurs sable des services frontaliers, afin de est de mélanger le poulet avec d’autres dénouer l’impasse. « Si les contour- ingrédients. Une boîte de poulet nements étaient réglés, le Partenariat La Cage devient la plus grosse chaîne québécoise THIERRY LARIVIÈRE/TCN Jean Bédard et Louis-François Marcotte ont expliqué leur nouvelle stratégie pour la Cage, qui devient la plus grande chaîne de restauration québécoise depuis la vente de St-Hubert. La Cage, brasserie sportive, refait coise et on entend le demeurer », a son image et son menu et entend assuré Jean Bédard, président et chef miser sur le fait qu’elle serait la de la direction de Sportscene. chaîne la plus importante à être déte- Les EVQ avaient donc invité Jean nue par des intérêts québécois depuis Bédard et le chef Louis-François la vente de St-Hubert. « On est main- Marcotte à leur assemblée annuelle tenant la plus grosse chaîne québé- pour parler de la nouvelle orienta-
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 4 mai 2016 PAGE 11 ASSEMBLÉE VOLAILLES Le poulet en première place total de 90 kg par habitant par année. deux ans, mais est de retour près de la Malgré ces importations qui font De plus, les EVQ constatent depuis moyenne historique depuis quelques perdre des parts de marché, le secteur quelques années une hausse des prix semaines. Pour la semaine se terminant du poulet se porte relativement bien de gros et de détail tandis que le prix le 17 avril 2016, l’indice composite est au pays. Avec 31,7 kg par habitant par reçu par les producteurs baisse. Les de 3,47 $/kg, soit 1 % au-dessus de la année, un chiffre en hausse depuis trois stratégies des distributeurs et des gros- moyenne observée lors des semaines ans, les PPC estiment que le poulet sistes auraient donc plus d’impact sur correspondantes de 2011 à 2015. Si est la protéine la plus consommée au le prix payé par les consommateurs ces prix ne remontent pas, la consom- Canada. Le marché global des viandes que le coût de la matière première. Le mation devrait augmenter dans les est pourtant en baisse au pays, avec un prix de gros atteint des records depuis prochains mois. THIERRY LARIVIÈRE/TCN Pierre-Luc Leblanc, président des EVQ, a réitéré sa volonté de ramener un meil- leur équilibre dans la filière du poulet au Québec, laquelle doit composer avec deux abattoirs qui contrôlent 94 % du marché. transpacifique serait un moindre mal », a déclaré Benoît Fontaine, délégué du Québec aux Producteurs de poulet du Canada (PPC). « On demande au fédé- ral de rétablir l’intégrité de la gestion de l’offre », a ajouté David Janzen, président des PPC. tion de l’entreprise, qui procède à la rénovation progressive de ses succursales afin de s’ajuster à une clientèle « moins ado et plus jeune adulte ». La Cage entend se positionner dans la catégorie prime casual, c’est-à- dire une qualité supérieure à casual dining, mais tout de même infé- rieure à celle des restaurants de fine cuisine. Le nouveau chef des chefs, Louis-François Marcotte, implante donc différentes recettes qui seront davantage cuisinées sur place avec plus d’ingrédients du Québec. On parle, par exemple, de vinaigrette maison, d’ailes de poulet au paprika fumé à l’érable, de tartares, de bœuf haché frais, de filets de poulet mari- nés sur place ou de frites maison sans sel ajouté d’avance. « On va faire pousser nos propres tomates », a lancé Louis-François Marcotte, qui compte travailler avec des producteurs du Québec. La Cage entend aussi mettre sur pied sa propre microbrasserie pour obtenir une bière sur mesure et exclusive. T.L.
PAGE 12 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 4 mai 2016 ASSEMBLÉE POULETTES Les Éleveurs de poulettes du Québec en restructuration THIERRY LARIVIÈRE ont voté pour que le conseil d’adminis- satisfait et a expliqué à la Terre que la tration des EPQ propose en assemblée résolution visait avant tout à informer DRUMMONDVILLE — « Sans spéciale, d’ici quatre mois maximum, les membres du processus qui serait agence nationale et sans quotas au une façon de gérer la production de suivi, par « souci de transparence ». Québec, on s’en va où? » s’est interrogé poulettes en optimisant les coûts. « Je La résolution amendée demeure assez dès le départ Carl Bouchard, président ne suis pas capable de dire la forme que large, sauf pour l’échéancier. des Éleveurs de poulettes du Québec ça va prendre aujourd’hui », a affirmé Un portrait plus clair (EPQ), lors de l’assemblée générale Carl Bouchard. La question de la fusion Un nouveau logiciel des EPQ permet annuelle de l’organisation, le 21 avril avec la FPOQ a clairement été évoquée maintenant de faire un portrait plus pré- dernier. Le syndicat considère même la par le président Bouchard et par celui cis de la production de poulettes pour le THIERRY LARIVIÈRE/TCN fusion avec la Fédération des produc- de la Fédération. « On voit d’un bon secteur des œufs de consommation. La teurs d’œufs du Québec (FPOQ). œil l’idée de s’associer », a d’ailleurs capacité de production au Québec est Cette question existentielle survient déclaré Paulin Bouchard, président de de 3,3 millions de poulettes par lot, soit après que le syndicat eut essuyé un deu- la FPOQ, qui a pris la parole pendant 6,6 millions par année. De ce nombre, Carl Bouchard, président. xième revers devant la Régie des mar- l’assemblée. Ce dernier ne présume pas 1,2 million par lot sont produites sur chés agricoles et alimentaires du Québec du choix des producteurs de poulettes, parquet et 2,1 millions en cage. La pro- (EQCMA), Martin Pelletier, a présenté pour la mise en place d’un contingente- qui pourraient continuer de s’affilier duction d’œufs de poules en liberté, en un projet d’assurance pour la filière ment dans le secteur. Les producteurs directement à l’Union des producteurs progression, exige bien entendu l’aban- avicole en cas de crise sanitaire liée à refusent maintenant de poursuivre les agricoles. Bref, les EPQ vont étudier les don des cages dans cette première phase six maladies, dont l’influenza aviaire. démarches de ce projet qui avait fait différents scénarios et revenir avec une de la vie des poules afin de les habituer Après de nombreuses simulations et des naître leur organisation. Après un long proposition d’ici quatre mois. Après le à un système de production ouvert. approches auprès d’assureurs poten- débat, la quarantaine de producteurs vote unanime, Carl Bouchard s’est dit En 2015, 63 producteurs ont mis des tiels, la conclusion est qu’il faudrait poulettes en marché. Il y a 75 noms de une couverture de 10 M$ avec un fonds producteurs dans le fichier, mais tous accumulé par l’industrie (franchise) de n’en mettent pas en marché chaque près de 500 000 $. Concrètement, la année en fonction de leur cycle de pro- prime pour les éleveurs de poulettes duction. commerciales serait de 1,7 ¢ par oiseau Un total de 4,408 millions de pou- et de 4,9 ¢ pour les poulettes destinées lettes ont été mises en marché en 2015. à la filière des vaccins. L’assurance vise La vente de poulettes en Ontario est à couvrir les frais qui ne sont pas cou- THIERRY LARIVIÈRE/TCN passée de 450 000 en 2008 à 605 000 verts par le gouvernement fédéral et qui en 2015. sont liés à l’ensemble des mesures sani- Assurance taires mises en place lors d’une crise Un vote unanime demande aux Éleveurs de poulettes du Québec de revoir le fonctionne- pour crise sanitaire moyenne. La décision sera prise par le ment et l’affiliation de l’organisation. Le coordonnateur de l’Équipe québé- conseil d’administration de l’EQCMA coise de contrôle des maladies avicoles le 3 juin.
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