La concertation fait reculer le virus - La Terre de chez nous
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V o l . 8 6 , n o 45 – 11 au 17 novembre 20 15 – w w w . l a t e r r e . c a – U n c a h i e r – 3 6 p a g e s – 2,25 $ ÉRADICATION DE LA DEP La concertation fait reculer le virus PAGES 2 ET 3 ARCHIVES/TCN SANTÉ PSYCHOLOGIQUE L’UPA adopte L’opposition questionne un plan le ministre Paradis d’action PAGE 14 PASCAL RATTHÉ PAGE 7 Vol 86 #45 45 1 Messageries Dynamiques 78313 02664 7 2,25$ 10013
PAGE 2 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 11 novembre 2015 À LA UNE Le Québec élimine le virus de la DEP en sorte que les producteurs, les four- nisseurs et les abattoirs ont travaillé de THIERRY LARIVIÈRE concert pour venir à bout de ce virus tlariviere@laterre.ca qui est toujours actif en Ontario et aux États-Unis. « Ça représente un tour- DRUMMONDVILLE — Grâce à nant dans la gestion des maladies por- une concertation efficace, le Québec cines au Québec », a affirmé Martin est le seul endroit en Amérique du Pelletier, coordonnateur de l’EQSP. Nord à avoir éradiqué le dangereux En tout, il y a eu 16 cas de DEP virus de la diarrhée épidémique por- au Québec, du 1er février 2014 au cine (DEP). 7 mai 2015. À la fin d’octobre, il « D’ici la mi-novembre, on va restait deux cas de tests « positifs », être en mesure d’annoncer l’éradi- mais les bâtiments avaient été vidés et désinfectés. Ce ne serait donc qu’une question de jours avant que l’élimina- « Il faut poursuivre tion soit confirmée. Le temps moyen pour arriver à le travail. L’hiver est à une éradication du virus a été de nos portes et c’est une 23 semaines, mais il allait d’aussi peu saison propice à la que 8 semaines jusqu’à 50 semaines Certaines barrières blanches utilisées dans les porcheries contiennent un espace vide entre dans le pire des cas. propagation de la DEP », « Il faut poursuivre le travail. deux panneaux qu’il est important de désinfecter pour éliminer le virus de la DEP. – David Boissonneault L’hiver est à nos portes et c’est une saison propice à la propagation de la cation de la DEP », a soutenu David DEP », a ajouté David Boissonneault. La vigilance est également de mise Chiffres clés sur la DEP 23 semaines Boissonneault, président de l’Équipe pour empêcher le retour de ce virus. Temps moyen québécoise de santé porcine (EQSP) Les tests aux abattoirs se poursuivront pour l’éradication et président des Éleveurs de porcs du sur les quais de déchargement et les 16 Québec, lors de l’assemblée générale remorques de même que dans les six Nombre de cas total de DEP annuelle de l’EQSP le 22 octobre der- points de rassemblement. L’EQSP nier. Il n’y a plus de porcs infectés dans les fermes du Québec, mais la demeure donc en place, d’autant que la jeune structure de concertation va 71 °C Température pour dénaturer procédure requiert un certain nombre surveiller un nouveau virus en pro- Près de 5 M$ le virus de la DEP de tests négatifs pour pouvoir décla- gression au sud de la frontière, le virus (pendant 10 minutes ou 20 °C ou Coût approximatif rer officiellement une zone exempte de la vallée Seneca, de la famille de la de la gestion de la crise plus pendant 7 jours après la fin de virus. Le président a salué le fièvre aphteuse, qui pourrait nuire au (sans les pertes à la ferme) de l’apport de nouveaux virus) « contexte de volontariat », qui a fait commerce.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 11 novembre 2015 PAGE 3 À LA UNE Un véritable travail de moine Les vétérinaires aux prises avec la Charles Surprenant a insisté sur cer- d’excellents désinfectants. Il semble DEP ont été forcés de réagir rapide- tains apprentissages dans la gestion des aussi que le Virkon soit le désinfectant ment en coupant l’accès à la ferme et cas de DEP. Il s’est notamment rendu commercial qui dénature le plus le virus. en limitant le plus possible les contacts compte qu’il fallait démonter les bar- Il faut maintenir la vigilance, car le entre les bâtiments touchés et ceux qui rières blanches dans les porcheries, virus peut subsister longtemps et les se trouvent à proximité. Jean-François qui sont constituées de deux panneaux rechutes ne sont pas rares. T.L. Doyon et Charles Surprenant, du boulonnés ensemble. Il semble que les groupe F. Ménard, se sont exprimés virus peuvent contaminer l’intérieur de devant l’assemblée de l’EQSP sur leur gestion de cas de DEP et sur ce qu’ils ces barrières. L’autre « erreur » a été de sortir les porcelets en pleine crise. 16 cas qui coûtent cher en ont appris. « Il faut ne rien faire au début, c’est Notons qu’il n’y a pas encore de « C’est une belle histoire à suc- le plus important », souligne le vétéri- chiffres sur les coûts de toutes ces cès, malgré les embûches », a témoi- naire d’expérience, qui fait valoir que la mesures de biosécurité à la ferme et gné Jean-François Doyon, vétérinaire charge virale diminue avec le temps. sur les pertes économiques liées à la pour les Services vétérinaires ambula- « C’est un virus exemplaire pour la perte d’animaux et à la fermeture des toires Triple-V, d’Acton Vale. Ce der- biosécurité. Si on applique bien les troupeaux. Selon les Éleveurs de porcs nier a géré le premier cas au Québec mesures de biosécurité, ça marche. Ce du Québec, les frais pour contrer la dans une maternité en bandes aux n’est pas comme le syndrome reproduc- propagation et gérer la crise ont atteint quatre semaines. « Le plus difficile teur et respiratoire porcin », a soutenu près de 5 M$, dont 83 % a été assumé à gérer, c’était la peur », se souvient Charles Surprenant, en citant notam- par l’industrie et 17 % par le gouverne- Jean-François Doyon, en indiquant ment le cas d’un bâtiment voisin d’un ment du Québec (MAPAQ et FADQ). ARCHIVES/TCN notamment la difficulté d’élever et de site de DEP qui est demeuré exempt du L’industrie doit notamment effectuer transporter les 750 porcelets qui avaient virus pendant les huit mois de la crise. de nombreux tests de dépistage. T.L. survécu à la DEP. Le temps et la chaleur peuvent être
PAGE 4 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 11 novembre 2015 Justin Trudeau nomme un doyen à l’Agriculture THIERRY LARIVIÈRE avec l’Union européenne. La plate- forme électorale libérale prévoit aussi OTTAWA — Tout juste asser- réinjecter 160 M$ supplémentaires menté le 4 novembre dernier, le sur quatre ans dans un fonds pour premier ministre Justin Trudeau a pro- la valeur ajoutée en transformation cédé à la nomination de son conseil agroalimentaire. Le Parti a également de 30 ministres et c’est Lawrence promis 100 M$ de plus sur quatre ans MacAulay, député de Cardigan à l’Île- en recherche agricole. Le budget de du-Prince-Édouard, qui a hérité du por- l’Agence canadienne d’inspection des tefeuille de l’Agriculture. aliments devrait être renfloué de 80 M$ Ce nouveau ministre a déjà été pro- en quatre ans, de façon à effectuer plus ducteur de lait et de pommes de terre d’inspections des aliments locaux et de semence avant d’être élu pour la pre- importés. Par ailleurs, le cadre stra- mière fois en 1988. « J’ai été produc- tégique agricole (programmes Agri) teur et je sais ce que c’est », a déclaré devrait faire l’objet de consultations Lawrence MacAulay, dans une entre- avant son renouvellement. vue le 5 novembre à CBC. Il a ajouté Le ministre des Ressources naturelles, THIERRY LARIVIÈRE/TCN vouloir principalement faire en sorte James Gordon Carr, et la ministre de que les agriculteurs tirent un revenu l’Environnement, Catherine McKenna, « raisonnable » de leurs activités. Le joueront un rôle important dans la stra- ministre MacAulay a aussi affirmé tégie de réduction des gaz à effet de Le premier ministre Justin Trudeau en conférence de presse après son assermentation. Le souhaiter consulter son personnel et nouveau ministre de l’Agriculture, Lawrence MacAulay, qui porte des lunettes, est juste serre du gouvernement libéral. Le Parti rencontrer ses homologues provin- derrière lui. a promis 200 M$ par an pour soutenir ciaux de même que des représentants l’innovation et les technologies vertes de l’industrie. parlementaires, qui discutera du pro- gnie Morneau Shepell, qui offre aux dans le secteur des ressources natu- M. MacAulay a occupé plusieurs gramme législatif du gouvernement. Il entreprises des services intégrant les relles, y compris en agriculture. Le sec- fonctions dans sa carrière, dont celle de semble donc être considéré comme un besoins de santé, d’assurance collective teur forestier pourrait bénéficier d’une ministre du Travail, de solliciteur géné- homme d’expérience et il a d’ailleurs et de retraite des employés. nouvelle impulsion pour se moderniser. ral du Canada et de secrétaire d’État été le 2e ministre assermenté par Justin En agriculture, rappelons que le Parti Mentionnons en terminant la nomina- aux anciens combattants. Il a égale- Trudeau, juste après Ralph Goodale, libéral de Justin Trudeau a promis de tion de Chrystia Freeland au Commerce ment été porte-parole dans les dossiers ministre de la Sécurité publique. réviser le programme de compensa- international. Il s’agit d’une journaliste des pêches. Promesses à financer tions pour la gestion de l’offre, qui spécialisée en économie et en com- Lawrence MacAulay fait aussi Le nouveau ministre des Finances, subira les contrecoups du Partenariat merce. Elle a indiqué que le libre- partie d’un tout nouveau comité du William Francis Morneau, nouvelle- transpacifique (PTP) et de l’Accord échange est « essentiel » à la prospérité cabinet ministériel sur les relations ment député de Toronto, aura fort à économique et commercial global de la classe moyenne canadienne. canado-américaines et d’un autre sur faire pour trouver le budget nécessaire les changements climatiques. Et ce qui à la réalisation des promesses libé- PTP : les textes complets dévoilés est peut-être plus important encore, rales. Le ministre Morneau, un ancien il est membre du comité des affaires homme d’affaires, a fondé la compa- Tel qu’il avait été convenu entre les 12 pays membres, le texte complet du PTP a été dévoilé le 5 novembre dernier. Le ministère canadien du Commerce Sur le Web laterre.ca international renvoie les lecteurs au texte de près de 1 000 pages publié par Actualités/ politique la Nouvelle-Zélande. Le document est disponible seulement en anglais pour y VIDÉO – Deux groupes de producteurs convergent le moment, mais on trouve toutefois plusieurs lettres d’ententes bilatérales en aux douanes français sur le site canadien. Actualités/ vie rurale Selon un aperçu en ce qui concerne la gestion de l’offre, les quotas d’impor- y VIDÉO – Le « petit village gaulois » résiste tation cédés semblent correspondre à ce qui avait été dévoilé au moment de y Lawrence MacAulay est nommé nouveau ministre de l’Agriculture / Pour en savoir un peu plus sur le nouveau l’entente du 5 octobre dernier. On peut toutefois constater quel sera précisé- ministre de l’Agriculture ment le tonnage qui est cédé de l’année 1 à l’année 19. Les lettres d’entente Commentez à facebook.com/laterre.ca jointes au PTP devront être analysées, dont une entre le Canada et les États- Unis portant sur les produits laitiers. La question de la semaine La consultation large sur le PTP promise par les libéraux a été confirmée, y Êtes-vous satisfait de la nomination du ministre fédéral de l’Agriculture, Lawrence MacAuley? mais il semble que la ministre n’envisage pas de rejeter l’accord. « C’est la responsabilité du gouvernement du Canada d’être un partenaire actif dans la Venez répondre à laterre.ca négociation de la première ronde du Partenariat transpacifique tout en défen- Résultats du sondage dant les intérêts des Canadiens, incluant la gestion de l’offre », avait déclaré y Le MAPAQ mettra sur pied un registre foncier. Est-ce une la nouvelle ministre du Commerce international, Chrystia Freeland, en août bonne nouvelle? 2014. T.L. Oui 55 % / Non 29 % / Je ne sais pas 16 %
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 11 novembre 2015 PAGE 5 Ingrédients laitiers : l’ultimatum ontarien tir dans leurs installations au cours à Winchester, illustre-t-il, ne sera pas Les producteurs de lait présents ont des trois années à venir. Les DFO rénovée si un bris majeur devait sur- bien manifesté quelques inquiétudes, PIERRE-YVON BÉGIN espèrent ainsi mettre fin aux impor- venir. « Les industriels connaissent notamment en ce qui concerne les prix, pybegin@laterre.ca tations de lait diafiltré en provenance la qualité du lait canadien et c’est ce mais ont écouté attentivement les expli- des États-Unis. qu’ils veulent », a-t-il plaidé. cations de leur organisation. SAINT-ISIDORE, ONT. – Avec ou « La raison fondamentale, a expliqué sans l’appui des autres provinces, les à l’assemblée Patrice Dubé, écono- Producteurs laitiers de l’Ontario (DFO) miste des DFO, c’est la chute des prix créeront une nouvelle classe d’ingré- mondiaux du lait. Notre objectif, c’est dients laitiers non contingentés. de stopper l’érosion de notre marché. « Il faut que ça se fasse et s’il n’y a Si on ne fait rien, c’est sûr que le prix pas d’autres propositions, nous irons va baisser. » de l’avant le 1er février prochain », Graham Lloyd, conseiller des DFO, a déclaré Nick Thurler, membre du croit pour sa part que le gouverne- PIERRE-YVON BÉGIN/TCN conseil d’administration des DFO. En ment de Justin Trudeau va entériner le début de semaine dernière, celui-ci récent Partenariat transpacifique. Dans prenait part à des assemblées d’infor- ce contexte, pense-t-il, les industriels mation avec des producteurs laitiers n’investiront pas dans de nouvelles du Sud-est ontarien à Chesterville et à infrastructures sans un prix réduit. Patrice Dubé et Nick Thurler, des DFO, ont expliqué aux producteurs laitiers du Sud-est Saint-Isidore. « La porte n’est pas fer- L’usine de poudre de lait de Parmalat ontarien les détails de la création d’une nouvelle classe de lait. mée, a-t-il ajouté. On demeure ouvert à toutes les propositions parce qu’on sait que ça serait beaucoup mieux si une stratégie nationale était mise en place. » Les DFO estiment que la chute des prix mondiaux et le vieillissement des usines canadiennes exercent une pres- sion énorme sur le système du pays. Ils ont d’ailleurs conclu une entente de principe avec les transformateurs de beurre et de poudre Parmalat et Gay Lea Foods. L’accord prévoit la création d’une nouvelle classe de lait, qui devrait correspondre à une liste exhaustive d’ingrédients non contin- PIERRE-YVON BÉGIN/TCN gentés, des solides non gras. Le prix sera établi en fonction du prix mondial le plus bas. En retour, soutiennent les DFO, les transformateurs s’engagent à inves- L’usine de poudre de lait de Parmalat à Winchester, en Ontario. « Ça met pas mal de sable dans l’engrenage » – Bruno Letendre PIERRE-YVON BÉGIN notant la volonté des autres transforma- il ne digère pas la manière d’agir des Le projet de loi supprime un para- teurs au pays de parvenir à un nouveau DFO, qui ont conclu cet accord pendant graphe de la Loi sur les produits Les chances de conclure un accord pacte. « Ils [les DFO] ont mis la barre que des négociations nationales avaient alimentaires. Il retire ainsi la disposi- national sur les surplus structurels de tellement bas, déplore Bruno Letendre. lieu. Le président indique que cinq jour- tion interdisant d’employer les mots lait demeurent. Toutefois, l’entente Ils ont aussi baissé les normes sur les nées de négociations sont prévues à « lait », « crème », « beurre » et « fro- intervenue entre les DFO et deux fromages pendant que nous, on s’est l’agenda d’ici Noël. D’autres pourraient mage » pour désigner un succédané de transformateurs relativement à la battus au Partenariat transpacifique être ajoutées au besoin en janvier. produit laitier. création d’une nouvelle classe de lait pour les maintenir. » Commerce intérieur « C’est un effet que l’on appréhen- brise les reins des autres producteurs « Il n’y aura pas de perdants si ça Par ailleurs, le ministre de l’Économie dait », analyse Alain Bourbeau, direc- canadiens. devient équitable pour tout le monde, dit- du Québec, Jacques Daoust, a présenté teur général des Producteurs de lait. « Ça met pas mal de sable dans l’en- il encore. Là, il y a des gens qui profitent à Québec le projet de loi 68 afin de don- Il croit cependant qu’un autre article grenage », convient Bruno Letendre, du système, mais ce n’est pas équitable ner suite au rapport du groupe spécial de la Loi sur les produits alimentaires président des Producteurs de lait du pour tous les transformateurs. À baisser d’appel constitué pour se conformer au sera suffisant pour éviter les abus. Québec. Celui-ci estime que le « coup la barre à celui qui triche le plus, je n’en dernier Accord sur le commerce inté- « Ce ne sera pas une passoire », de l’Ontario » ne contribue en rien à suis pas là. » rieur (ACI). Rappelons qu’un jugement dit-il, rappelant que son organisation la conclusion d’une nouvelle entente Bruno Letendre admet que tout n’est défavorable avait suscité une mobilisa- s’est vivement opposée à l’inclusion nationale. Il garde néanmoins espoir, pas négatif dans cette entente. Cependant, tion en 2009. du chapitre agricole dans l’ACI.
PAGE 6 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 11 novembre 2015 ÉDITORIAL Début de l’ère Trudeau cabinet, six sont du Québec, incluant le ministre sur notre marché. Le Canada doit agir et Lawrence des Affaires étrangères, Stéphane Dion, que nous MacAulay aura l’appui des ministres provinciaux de MARCEL avions reçu à l’Union des producteurs agricoles l’Agriculture en ce domaine, puisqu’ils ont soulevé GROLEAU (UPA) durant la campagne électorale, et la ce point lors de la dernière conférence fédérale- Président général de ministre du Développement international et de la provinciale. l’Union des producteurs Francophonie, Marie-Claude Bibeau, avec qui UPA agricoles Développement international pourra certainement Au chapitre du commerce international, le premier collaborer. ministre a choisi la députée torontoise Chrystia Freeland. Issue du milieu du journalisme (Financial Comme ministre de l’Agriculture et de Times, The Washington Post, The Economist, The Un vent nouveau soufflait sur Ottawa la semaine l’Agroalimentaire, le choix du nouveau premier Globe and Mail, etc.), elle a publié de nombreux dernière. Je ne suis pas un expert en politique ministre s’est arrêté sur Lawrence MacAulay. articles sur les problèmes auxquels est confrontée canadienne, mais je ne me souviens pas que Député de Cardigan depuis plus de 25 ans, la classe moyenne. C’est également le sujet de son l’arrivée d’un nouveau premier ministre ait créé un ancien ministre dans le gouvernement de Jean récent ouvrage intitulé Plutocrats: The Rise of the tel engouement. Presque à l’unanimité, les médias Chrétien, ancien producteur de lait et de pommes New Global Super-Rich and the Fall of Everyone ont salué le style, la fraîcheur et la proximité avec de terre, il comprend certainement l’importance Else que l’on pourrait traduire par L’enrichissement les gens de Justin Trudeau. Son image tranche des programmes Agri-investissement et Agri- des plus riches et l’appauvrissement de tous définitivement avec celle de son prédécesseur, et stabilité, de même que la gestion de l’offre. Le les autres. Il sera intéressant de voir de quelle ma première impression, lorsque je regardais tout fait qu’il soit de l’Île-du-Prince-Édouard est une façon elle conjuguera la libéralisation toujours cela, c’est qu’il est heureux. Le premier ministre est surprise. Les ministres de l’Agriculture proviennent plus grande des marchés et le pouvoir accru des heureux. généralement de l’Ouest ou de l’Ontario. grandes sociétés avec sa préoccupation d’une répartition plus juste de la richesse. Élue pour Tout nouveau, tout beau, me direz-vous. Peut- Dans le cadre de la mise en œuvre du Partenariat une première fois en novembre 2013, elle devra être. Mais comme je l’ai mentionné dans un récent transpacifique (PTP) et de l’Accord économique notamment piloter la mise en œuvre du PTP et de éditorial, Justin Trudeau et son équipe ont mené et commercial global (AECG) avec l’Europe, le l’AECG avec l’Europe. une belle campagne. C’est très rare qu’un candidat, nouveau ministre aura la responsabilité d’assurer la troisième dans les sondages au déclenchement compétitivité du Canada sur les marchés étrangers Les libéraux ont pris plusieurs engagements durant des élections, finisse premier et forme un tout en minimisant les impacts au pays pour les la campagne et les attentes sont très élevées, gouvernement majoritaire. Quelque chose s’est secteurs sous gestion de l’offre. À ce chapitre, des notamment dans le secteur agroalimentaire. Le donc passé entre lui et l’électorat. C’est ce quelque engagements précis ont été pris par le Parti libéral nouveau cabinet est composé de ministres ayant chose qui s’est poursuivi la semaine dernière lors du Canada lors de la campagne électorale. Comme des parcours de vie différents. Ils auront le pouvoir du dévoilement de son cabinet. promis, le Canada doit faire mettre un terme de changer les choses. On verra la suite, mais de aux importations de lait diafiltré et de poules de façon générale, je crois que ce nouveau conseil des Beaucoup de messages accompagnent la réforme. ministres marque un nouveau départ à bien des formation d’un conseil des ministres, car le niveaux. choix des candidats à chacun des postes révèle Sur la question de la réciprocité des normes, on l’orientation qu’entend privilégier le premier doit revoir le principe des mesures d’équivalence. ministre pour ce ministère. Ce nouveau cabinet Les exigences en matière d’environnement, de est composé d’un nombre égal d’hommes et bien-être animal, de mesures sociales, de salubrité de femmes, de gens provenant des différents et de biosécurité augmentent sans cesse. Nous groupes ethniques et, naturellement, de toutes sommes confrontés, tous secteurs confondus, à les régions du Canada. Des trente membres du une concurrence déloyale des produits importés www.laterre.ca Directeur Directeur Chefs de pupitre André Savard des ventes Richelle Fortin Directrice Pierre Leroux Julie Desbiens de production Ventes Brigit Bujnowski Sylvain Joubert Directeur Daniel Lamoureux administration Marc Mancini Vincent Bélanger-Marceau ABONNEMENT AU QUÉBEC Impression 1 an : 65,54 $ Imprimerie Transmag 2 ans : 104,63 $ Distribution en kiosque 3 ans : 136,82 $ Messageries Dynamiques Paiement par chèque ou mandat Abonnement à l’ordre de La Terre de chez nous Postes Canada NUMÉRO GÉNÉRAL 1 800 528-3773 RÉDACTION PUBLICITÉ ABONNEMENTS ET 450 679-8483 450 679-8483 PETITES ANNONCES poste 7270 poste 7712 1 877 679-7809 tcn@laterre.ca pub@laterre.ca abonnement@laterre.ca ÉDITEUR L’Union des producteurs agricoles 555, boulevard Roland-Therrien, bureau 100 Longueuil (Québec) J4H 3Y9 Dépôts légaux : Bibliothèque nationale du Québec - 1992 Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0040 - 3830 La Terre de chez nous, ISSN 0040-3830, is published weekly, 51 times per year except first week of January by La Terre de chez nous c/o USACAN Media Corp. at 123A Distribution Way Building H-1, Suite 104, Plattsburgh, N.Y. 12901. 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LA TERRE DE CHEZ NOUS, 11 novembre 2015 PAGE 7 Le ministre Paradis sur la sellette THIERRY LARIVIÈRE un peu trop de temps », mais sou- teurs est le meilleur moyen de favoriser de la CAQ a soulevé la perte d’expertise haite néanmoins que la nouvelle étude l’investissement dans la filière tel que le non liée, notamment au MAPAQ, qui Le ministre de l’Agriculture, Pierre « influence » le ministre des Finances recommandait le Groupe de travail sur force des producteurs à se tourner vers Paradis, a été interpellé par la Coalition du Québec. Rappelons à cet égard que la sécurité du revenu. les conseils d’agronomes de l’industrie avenir Québec (CAQ) et a été soumis le dernier budget du Québec comprenait Relève des intrants. Le ministre a répondu que à des questions de l’opposition pendant une coupe de 151 M$, soit 14,5 % du Un autre des sujets de l’interpellation les agronomes étaient des profession- deux heures, le 6 novembre dernier à budget du ministère de l’Agriculture, du ministre par la CAQ était la relève, nels et se devaient de respecter leur l’Assemblée nationale. des Pêcheries et de l’Alimentation du pour laquelle le gouvernement « n’at- code de déontologie, peu importe leur Juste avant son interpellation, le Québec (MAPAQ). teint jamais le point où il n’y aurait employeur. ministre Paradis a déposé une nouvelle L’Union des producteurs agricoles plus de problèmes ». Le porte-parole Pôle logistique étude (voir encadré) qui lui a permis (UPA) salue la nouvelle étude de l’Ins- du Parti québécois, André Villeneuve, Un autre point abordé lors de la séance de réaffirmer l’importance du secteur titut du Québec. « Ça fait plusieurs en a profité de son côté pour déposer le des questions au ministre a été celui agroalimentaire au Québec, puisque années qu’on dit que l’agriculture est mémoire de la Fédération de la relève du pôle logistique, qui laisse planer la c’est le « principal employeur ». un puissant levier de développement agricole du Québec. Le ministre Paradis menace d’expropriation de 500 hectares La députée Sylvie D’Amours, de économique », a commenté Charles- a répliqué en disant ne pas avoir attendu dans la municipalité des Cèdres. Pierre la CAQ, a déploré ce dépôt dans les Félix Ross, économiste en chef de le rapport Pronovost sur la relève pour Paradis a réitéré que des terres en zone minutes qui précédaient l’interpellation l’UPA. Ce dernier estime que le gou- mettre en place des mesures fiscales blanche étaient disponibles pour ce pôle du ministre, qualifiant cette manœuvre vernement devrait tirer les conclusions qui favorisent cette dernière. Il s’attend logistique, dont certaines appartiennent de « vieille politique ». La députée a qui s’imposent, soit d’inclure l’agroa- par ailleurs à donner suite à plusieurs au Canadien Pacifique. « On veut col- mis en doute le travail du ministre sur limentaire dans le plan économique du recommandations du rapport à venir. laborer avec le ministre pour retirer plusieurs dossiers, utilisant même le Québec. « Le fait qu’il y ait autant de Pesticides cette épée au-dessus de la tête des agri- terme d’« immobilisme » et affirmant coupes, ça s’explique en partie par le Sur la question de l’augmentation de culteurs des Cèdres », a ajouté André sa déception par rapport à ce ministre fait que le gouvernement n’est pas tout l’utilisation des pesticides, la députée Villeneuve, du Parti québécois. qui est député dans un comté agricole à fait conscient de l’importance éco- depuis bientôt 35 ans. nomique du secteur », ajoute Charles- Le ministre de l’Agriculture a avoué Félix Ross, qui estime qu’un meilleur que les politiques prenaient « toujours partage des risques avec les agricul- L’agroalimentaire comme levier Une nouvelle étude menée par l’Institut du Québec, un partenariat entre les HEC et le Conference Board du Canada, affirme que l’industrie agroalimentaire est un « puissant levier de développement économique » pour le Québec. Le rapport de l’Institut, sous la direction de l’ancien ministre Raymond Bachand, a été rendu public par le ministre Pierre Paradis le 6 novembre dernier. Le document explique notamment que la filière agricole est la plus importante pour l’économie du Québec. Ce secteur est plus important en termes d’emplois que des filières comme l’aéronautique, les transports, les ressources minérales, les PASCAL RATTHÉ produits pharmaceutiques et les jeux vidéo. L’empreinte économique globale du secteur agroalimentaire représentait en 2013 quelque 9,4 % du PIB ou 34,3 G$, 500 000 emplois directs, indirects et induits, ainsi que 12,5 % des travailleurs. T.L. Le ministre Paradis, en conférence de presse, peu avant son interpellation de deux heures le 6 novembre.
PAGE 8 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 11 novembre 2015 PRODUCTION EN SERRE Les fonds obligatoires de promotion à deux vitesses comme représentativité? Est-ce que la Régie des marchés agricoles et ali- MARTIN MÉNARD mentaires du Québec accuserait auto- mmenard@laterre.ca matiquement une fin de non-recevoir à notre projet? Car avec la Régie, nous MONTRÉAL — Face à la compéti- n’aurons qu’une seule chance. Il faudra tion féroce que leur livrent l’Ontario, les être solide », a indiqué Jacques Demers, États-Unis et même le Mexique, les pro- des Productions horticoles Demers. ducteurs en serre du Québec ont décidé Étant donné la situation, un autre admi- de mettre sur pied un fonds de promo- nistrateur, Sylvain Terrault, a dit qu’il tion commun obligatoire. Le concept voterait contre la proposition, incitant est bel et bien lancé chez les serricul- ainsi ses confrères à l’imiter. teurs en production ornementale, mais Le président du Syndicat des pro- MARTIN MÉNARD/TCN pour ceux en production maraîchère, ducteurs en serre du Québec, André c’est le retour à la case départ. Mousseau, était visiblement déçu de la Rappelons qu’en ce qui a trait à la position de ses membres. « Certains se Loi sur la mise en marché des produits André Mousseau. Sylvain Terrault. tirent d’affaire et je suis content pour agricoles, un tel fonds doit comprendre eux. Mais le reste de la production en la constitution d’une chambre de coor- « Nous avons parlé du budget de fonc- pas fait avancer leur concept de CCD; serre n’a pas progressé. Vous aimez dination et de développement (CCD). tionnement nécessaire à la Chambre. certains l’ont plutôt remis en ques- ça, stagner? Car on stagne au Québec Cette dernière réunirait à une même Et nous avons réglé un gros point : tion. « Désolé de jeter une douche pendant que l’Ontario et la Colombie- table les producteurs, les distributeurs l’équité entre la contribution des petits froide, mais je crois qu’on n’arrivera à Britannique prennent de l’avance. Il y et les détaillants afin de coordonner la producteurs et celle des gros. Il a été rien avec la Chambre. Je pense qu’on a trois ans, vous avez dit que ça deve- production et la commercialisation. décidé que chaque entreprise cotisera devrait envisager un partenariat avec nait prioritaire de créer une chambre de Dans le cas des serristes, le projet à la Chambre selon ses volumes ven- l’Association des jardiniers maraîchers coordination. Vous faites votre choix. consiste à créer deux CCD : l’une pour dus », a mentionné Jean-Luc Poirier, le du Québec. Sobeys est là, Metro est Moi, je ne peux pas aller plus loin que la production maraîchère et l’autre pour consultant qui a contribué à la création là. Les acheteurs sont déjà tous là », ça », a-t-il lancé dans une salle silen- la production ornementale. Réunis à de la CCD. Optimistes, les membres ont a proposé Germain Babin, des Serres cieuse. leur assemblée générale annuelle le déterminé des dates de rencontre afin de Jardins-Nature. Finalement, afin d’éviter un refus, la 29 octobre, les producteurs ornemen- faire progresser leur projet. « Le fait qu’un joueur majeur ne fasse proposition a été modifiée; les serristes taux ont travaillé sur leur projet de CCD Dans la salle adjacente, les serricul- pas partie de la Chambre [Les Serres en production maraîchère se donnent du en établissant les bases du financement. teurs en production maraîchère n’ont Sagami], qu’est-ce que ça donnerait temps pour réfléchir au concept.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 11 novembre 2015 PAGE 9 PRODUCTION EN SERRE Malaise chez les serristes MARTIN MÉNARD Sagami, André Michaud, a men- Le Syndicat regroupe les serri- par le Syndicat au chapitre des pro- tionné à la Terre que son président culteurs en production légumière et grammes de sécurité du revenu et de MONTRÉAL — L’assemblée ne partageait pas certaines visions ornementale. Mentionnons que les paiements anticipés, de même que les générale annuelle du Syndicat des des membres du Syndicat et, par le producteurs ornementaux étaient plus différents projets d’innovation et de producteurs en serre du Québec fait même, n’entendait pas y adhérer. nombreux à l’assemblée, soit une commercialisation. Parmi les trois (SPSQ) a donné lieu à des malaises. Avec ses superficies, l’entreprise Les vingtaine, et semblaient satisfaits. résolutions votées, l’une proposait De fait, seulement sept producteurs Serres Sagami paierait approximati- Un nouveau nom que le SPSQ change de nom pour de légumes en serre s’étaient dépla- vement 40 000 $ de cotisation si elle L’assemblée annuelle a été l’occa- devenir Les Producteurs en serre du cés à l’assemblée, et parmi eux, une était membre. sion de présenter les gains obtenus Québec. majorité d’administrateurs. « Ça fait six ou sept ans que je suis adminis- trateur du Syndicat. Et ça fait six ou sept ans qu’on parle de financement et de membership. Je crois en l’action collective, mais nous devrions consa- crer notre temps à trouver des façons de développer notre industrie plutôt qu’à chercher des façons de faire survivre le Syndicat et de faire payer des gens qui ne veulent pas payer », a dit Germain Babin, réuni avec ses confrères le 29 octobre dernier à Montréal. Cette remarque a fait réagir le pré- sident du Syndicat, André Mousseau. « Le Syndicat, c’est le meilleur moyen de faire progresser vos dos- siers. Je peux vous dire que pour l’argent que vous investissez, vous n’en perdez pas. [Le SPSQ] n’est pas une dépense, c’est un investis- sement », a-t-il plaidé, mentionnant plus tard à la Terre qu’il n’entendait pas rester les bras croisés devant les pertes financières de l’organisme. « On va se rencontrer dans les pro- chaines semaines pour trouver des solutions. » Finances difficiles Les finances du Syndicat ne sont guère reluisantes puisque celui-ci a accumulé une dette totale de près de 250 000 $. Le dernier exercice finan- cier a enregistré un déficit de 48 668 $ en partie attribuable à la mise sous séquestre des Serres du St-Laurent (Savoura), qui n’ont par conséquent pas payé une partie de leur cotisation atteignant près de 11 000 $. Or, ce qui chatouille plusieurs producteurs sur place, c’est la difficulté qu’a le Syndicat à recruter les autres produc- teurs de légumes en serre, dont le plus important, Les Serres Sagami. Cette entreprise, rappelons-le, a connu une croissance importante au cours de la dernière année en mettant la main sur les sites de production de Savoura, de même que sur ceux des Serres Lacoste (Charlevoix). Le respon- sable des communications des Serres
PAGE 10 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 11 novembre 2015 Les agricultrices réclament plus de place CHRISTIAN PAQUIN des paliers décisionnels de l’Union, Raymonde Plamondon, en poste syndicale n’a pas d’âge. Certaines pour refléter le ratio femme-homme depuis 2009. ont de jeunes enfants, mais d’autres VICTORIAVILLE — Les délé- propriétaire d’ici 2020. Profitant du 75e anniversaire du droit sont des aidantes naturelles », a fait guées de la Fédération des agricul- Elles ont adopté à l’unanimité de vote des femmes, les déléguées ont valoir une déléguée de la Montérégie. trices du Québec (FAQ) demandent une résolution en ce sens lors de rappelé que 14 % des élus au sein des « C’est important de s’impliquer si à l’Union des producteurs agricoles la 28e assemblée générale annuelle fédérations régionales et spécialisées on veut que les dossiers avancent », (UPA) d’établir des mesures concrètes (AGA) les 30 et 31 octobre derniers de l’UPA sont des femmes alors que a ajouté Caroline Roux, de Tingwick, favorisant la place des femmes dans à Victoriaville. « L’objectif n’est pas les productrices agricoles comptent au Centre-du-Québec. ses instances. Elles souhaitent les voir de fixer un quota, mais de favoriser pour 26 % des propriétaires, copro- De plus, la sécurité du revenu, la ensuite mises en œuvre afin d’aug- la place des agricultrices dans les priétaires ou actionnaires d’exploita- conciliation travail-famille, l’accès à menter le nombre d’élues à chacun instances », a précisé la présidente tions. Elles ajoutent que la diversité la propriété et la création d’un agenda des sexes au sein des conseils d’admi- Web ont fait l’unanimité des agricul- nistration comporte de grands avan- trices. tages sur la prise de décisions. Des Cependant, elles ont rejeté majori- mesures peuvent être instaurées pour tairement des résolutions faisant pas- recruter et former une relève syndi- ser les frais d’adhésion à la Fédération cale féminine et compétente. de 40 à 45 $, et la quote-part de À ce sujet, les déléguées ont aussi 15 à 17 $ en 2016. Selon elles, il est adopté à l’unanimité une résolution préférable d’augmenter le nombre de qui demande à l’UPA de mettre en membres pour obtenir de nouvelles place des mesures incitatives visant sources de revenus. La FAQ compte à faciliter la participation des admi- environ 600 membres et elle vise un nistratrices et administrateurs, qui objectif de 800 en 2016. À la suite de siègent dans les différentes instances cette décision, la présidente a invité et qui ont de jeunes enfants ou d’autres les déléguées à redoubler d’ardeur personnes à charge. « La relève dans le recrutement. CHRISTIAN PAQUIN/TCN Raymonde Plamondon (au centre), présidente de la Fédération des agricultrices du Québec, souhaite que des mesures soient instaurées par l’UPA pour favoriser l’engagement des femmes dans les instances décisionnelles de l’organisation. CHRISTIAN PAQUIN/TCN Les déléguées de la Fédération des agricultrices du Québec étaient réunies à Victoriaville les 30 et 31 octobre derniers dans le cadre de l’AGA. Les femmes et la ruralité L’AGA a aussi été l’occasion de conclure la tournée de consultation Femmes et ruralité entreprise en juillet dernier. Carmen Houde, consultante, doit remettre son rapport à la mi-novembre. Il servira de base pour un mémoire de la FAQ, qui sera déposé en décembre prochain au Secrétariat à la condition féminine. Celui-ci s’est engagé dans un processus d’actualisation de son plan d’action en matière d’égalité entre les femmes et les hommes. « La consultation vise à dégager un portrait de la situation actuelle des agricultrices tout en essayant de trouver des pistes de solution aux problématiques soulevées », a expliqué la consultante. Les agricultrices ont aussi discuté des services de garderie et d’aide domestique, ainsi que de la mise en place de programmes gouvernementaux adaptés au milieu agri- cole. Elles souhaitent que le rapport ne se retrouve pas sur les tablettes, mais serve d’outil de sensibilisation auprès des élus des divers paliers de gouvernement. C.P.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 11 novembre 2015 PAGE 11 L’excellence au féminin récompensée CHRISTIAN PAQUIN Morin a décidé d’intéresser les gens de sa communauté à la vie agricole en La recherche constante de l’excel- ouvrant ses portes à différents groupes lence de son entreprise a notamment pour tenter d’établir un lien entre les valu à Brigitte Pigeon le prestigieux entreprises agricoles et la population. titre d’Agricultrice de l’année. Celui-ci Sa ferveur pour sa communauté et lui a été décerné dans le cadre du Gala l’agriculture, entre autres, lui a per- Saturne de la Fédération des agricul- mis de recevoir le titre d’Agricultrice trices du Québec (FAQ), samedi soir à de passion. Le bonheur de sa famille l’Hôtel Le Victorin, de Victoriaville. demeure sa priorité. Copropriétaire des Fermes Roland Enfin, pour sa part, Marie-Chantal ANNICK MALENFANT Pigeon et Fils, de Saint-Rémi, spécia- Houde, de Racine, spécialisée dans la lisées dans les haricots frais, verts et production laitière ovine et la fabri- jaunes, le maïs-grain et le blé, Brigitte cation de fromages, a été décorée du Jeune agricultrice : Marie-Chantal Houde (Estrie); Agricultrice entrepreneure : Karine Pigeon est la 4e génération à y œuvrer. Lamy (Mauricie); Agricultrice de passion : Marie-Ève Morin (Bas-Saint-Laurent) et titre de Jeune agricultrice. Enfant, elle Sa recherche de l’excellence l’a amenée Agricultrice de l’année (assise) : Brigitte Pigeon (Montérégie-Ouest). a senti l’appel de la fromagère en elle à visiter plusieurs pays et à adopter des en écoutant l’émission jeunesse Passe- techniques de production et d’embal- sion et de Jeune agricultrice. Karine des coûts de production, de la comp- Partout. « Un jour, je ferai du fromage lage efficaces. Comble de bonheur, elle Lamy, de Yamachiche, en Mauricie, a tabilité, des différentes accréditations, au lait cru avec le lait de ma ferme! » pourra compter sur une relève, sa fille remporté le titre d’Agricultrice entre- de la gestion des porcs, de la régie des Après une formation spécialisée en Camélia, qui sera diplômée cette année preneure. Elle œuvre dans la produc- arbres fruitiers, de la gestion des achats France, elle est devenue rapidement une de la formation qu’elle a elle-même tion porcine, les grandes cultures bio, d’intrants et, bien sûr, de l’organisation référence en fabrication fromagère au reçue, 30 ans auparavant. l’argousier, le sureau et les travaux à de la famille. Québec. Fille d’agriculteurs de 3e géné- Le Gala Saturne est aussi l’occasion forfait. En compagnie de son conjoint, Dans le tourbillon de son quotidien à ration, elle aime les animaux et continue d’attribuer les titres d’Agricultrice elle a repris la relève de l’entreprise de la ferme laitière et céréalière de Saint- l’exploitation de la ferme familiale avec entrepreneure, d’Agricultrice de pas- ses parents. Elle s’occupe de l’analyse André-de-Kamouraska, Marie-Ève son frère Jean-Paul.
PAGE 12 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 11 novembre 2015 Une restructuration en vue dans les chèvres CAROLINE BARRÉ Un rapport d’activité a été présenté réalisée par l’Association des éleveurs Collaboration spéciale aux éleveurs pour chacun des secteurs de chèvres angoras pur-sang du Québec de l’industrie caprine. L’optimisation (AECAPSQ). Cette initiative visait à DRUMMONDVILLE — C’est le des circuits de transport du lait de réduire les coûts de transformation en 30 octobre que s’est déroulée l’as- chèvre était à l’étude. Le SPCQ a raison du volume et à augmenter la ren- semblée générale annuelle (AGA) du reçu des offres pour de nouveaux tabilité par l’offre de produits finis. Syndicat des producteurs de chèvres volumes de lait venant de quatre ache- Qualité du lait du Québec (SPCQ) à Drummondville. teurs (Fromagerie Bergeron, Saputo, Sylvie Girard, agr., membre du L’un des défis que doit relever le SPCQ Laiterie Chalifoux et Fromagerie Comité Lait, a exposé l’ensemble est de percevoir l’ensemble des cotisa- Ruban bleu). Le volume de lait produit des éléments négociés dans la nou- tions de ses membres par souci d’équité. (10 095 197 L pour 2014-2015) affiche velle convention (2016-2020) avec les Au cours de l’AGA, un scénario visant une hausse de 5,37 %. acheteurs pour les producteurs de lait la répartition des dépenses par secteur Du côté de la boucherie, le comité, en de chèvre du Québec. Cette nouvelle de production a soulevé nombre de collaboration avec Écolait, s’est penché convention vise à sécuriser l’approvi- questions chez les éleveurs. Et puisque sur la demande pour le chevreau laitier sionnement des usines, instaurer le suivi chacun des comités de mise en marché de 15 kg ou 30 kg. L’étude de marché a et le contrôle de la qualité du lait, et le réclame plus d’autonomie dans son mis en évidence la difficulté d’atteindre développement de contacts d’affaires. CAROLINE BARRÉ domaine respectif, une restructuration le seuil de rentabilité pour ce dernier « On n’a pas beaucoup évolué en du SPCQ est envisagée. L’assemblée a (30 kg). termes de qualité du lait », remarque procédé à l’élection d’une nouvelle pré- Et pour le mohair, une première Mme Girard. Pour rassurer les ache- Sylvie Girard, agr., membre du Comité sidente, Maude Caron, une productrice transformation collective, concernant teurs, le Comité Lait a négocié un délai, Lait. de lait de Notre-Dame-du-Bon-Conseil. la confection de bas de mohair, a été qu’il qualifie de répit. Les éleveurs doivent s’attendre à un resserrement sants du lait et sur l’orientation vers une des normes dans l’avenir. Le Comité production automnale en fonction de la se penchera aussi sur l’établissement demande des usines. « C’est le temps d’un plan de suivi des résultats hors de positionner nos entreprises caprines normes pour satisfaire les attentes des pour le futur », conclut Mme Girard. acheteurs. Le Comité Lait du SPCQ compte éga- Pour suivre les développements de lement se pencher prochainement sur l’industrie laitière caprine, les produc- l’établissement du coût de production teurs de chèvres doivent miser sur une à la ferme et la surveillance du marché augmentation de la productivité à la du lait de chèvre en Ontario, aux États- ferme, sur l’amélioration des compo- Unis et en Europe.
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