La concertation fait reculer le virus - La Terre de chez nous

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La concertation fait reculer le virus - La Terre de chez nous
V o l . 8 6 , n o 45 – 11 au 17 novembre 20 15 – w w w . l a t e r r e . c a – U n c a h i e r – 3 6 p a g e s – 2,25 $

   ÉRADICATION DE LA DEP

   La concertation fait
   reculer le virus
   PAGES 2 ET 3

                                                                                                                                                                                                ARCHIVES/TCN

                                                                                                                                 SANTÉ PSYCHOLOGIQUE
                                                                                                                                 L’UPA adopte
   L’opposition questionne                                                                                                       un plan
   le ministre Paradis                                                                                                           d’action
                                                                                                                                 PAGE 14
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                                                                                                                                                       45

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                                                                                                                                                                                                  78313 02664
                                                                                                                                                                                                     7

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La concertation fait reculer le virus - La Terre de chez nous
PAGE 2    LA TERRE DE CHEZ NOUS, 11 novembre 2015

À LA UNE

Le Québec élimine
le virus de la DEP
                                          en sorte que les producteurs, les four-
                                          nisseurs et les abattoirs ont travaillé de
           THIERRY LARIVIÈRE              concert pour venir à bout de ce virus
           tlariviere@laterre.ca          qui est toujours actif en Ontario et aux
                                          États-Unis. « Ça représente un tour-
  DRUMMONDVILLE — Grâce à                 nant dans la gestion des maladies por-
une concertation efficace, le Québec      cines au Québec », a affirmé Martin
est le seul endroit en Amérique du        Pelletier, coordonnateur de l’EQSP.
Nord à avoir éradiqué le dangereux          En tout, il y a eu 16 cas de DEP
virus de la diarrhée épidémique por-      au Québec, du 1er février 2014 au
cine (DEP).                               7 mai 2015. À la fin d’octobre, il
  « D’ici la mi-novembre, on va           restait deux cas de tests « positifs »,
être en mesure d’annoncer l’éradi-        mais les bâtiments avaient été vidés et
                                          désinfectés. Ce ne serait donc qu’une
                                          question de jours avant que l’élimina-
          « Il faut poursuivre            tion soit confirmée.
                                            Le temps moyen pour arriver à
       le travail. L’hiver est à
                                          une éradication du virus a été de
       nos portes et c’est une            23 semaines, mais il allait d’aussi peu
         saison propice à la              que 8 semaines jusqu’à 50 semaines
                                                                                       Certaines barrières blanches utilisées dans les porcheries contiennent un espace vide entre
                                          dans le pire des cas.
     propagation de la DEP »,               « Il faut poursuivre le travail.
                                                                                       deux panneaux qu’il est important de désinfecter pour éliminer le virus de la DEP.

       – David Boissonneault              L’hiver est à nos portes et c’est une
                                          saison propice à la propagation de la

cation de la DEP », a soutenu David
                                          DEP », a ajouté David Boissonneault.
                                          La vigilance est également de mise              Chiffres clés sur la DEP                            23 semaines
Boissonneault, président de l’Équipe      pour empêcher le retour de ce virus.
                                                                                                                                                   Temps moyen
québécoise de santé porcine (EQSP)        Les tests aux abattoirs se poursuivront
                                                                                                                                                 pour l’éradication
et président des Éleveurs de porcs du     sur les quais de déchargement et les                           16
Québec, lors de l’assemblée générale      remorques de même que dans les six               Nombre de cas total de DEP
annuelle de l’EQSP le 22 octobre der-     points de rassemblement. L’EQSP
nier. Il n’y a plus de porcs infectés
dans les fermes du Québec, mais la
                                          demeure donc en place, d’autant que
                                          la jeune structure de concertation va
                                                                                                                                                      71 °C
                                                                                                                                          Température pour dénaturer
procédure requiert un certain nombre      surveiller un nouveau virus en pro-                Près de 5 M$                                       le virus de la DEP
de tests négatifs pour pouvoir décla-     gression au sud de la frontière, le virus                                                    (pendant 10 minutes ou 20 °C ou
                                                                                                Coût approximatif
rer officiellement une zone exempte       de la vallée Seneca, de la famille de la           de la gestion de la crise                  plus pendant 7 jours après la fin
de virus. Le président a salué le         fièvre aphteuse, qui pourrait nuire au            (sans les pertes à la ferme)                 de l’apport de nouveaux virus)
« contexte de volontariat », qui a fait   commerce.
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               Un véritable travail de moine
                 Les vétérinaires aux prises avec la         Charles Surprenant a insisté sur cer-      d’excellents désinfectants. Il semble
               DEP ont été forcés de réagir rapide-        tains apprentissages dans la gestion des     aussi que le Virkon soit le désinfectant
               ment en coupant l’accès à la ferme et       cas de DEP. Il s’est notamment rendu         commercial qui dénature le plus le virus.
               en limitant le plus possible les contacts   compte qu’il fallait démonter les bar-         Il faut maintenir la vigilance, car le
               entre les bâtiments touchés et ceux qui     rières blanches dans les porcheries,         virus peut subsister longtemps et les
               se trouvent à proximité. Jean-François      qui sont constituées de deux panneaux        rechutes ne sont pas rares. T.L.
               Doyon et Charles Surprenant, du             boulonnés ensemble. Il semble que les
               groupe F. Ménard, se sont exprimés          virus peuvent contaminer l’intérieur de
               devant l’assemblée de l’EQSP sur leur
               gestion de cas de DEP et sur ce qu’ils
                                                           ces barrières. L’autre « erreur » a été
                                                           de sortir les porcelets en pleine crise.     16 cas qui coûtent cher
               en ont appris.                              « Il faut ne rien faire au début, c’est        Notons qu’il n’y a pas encore de
                 « C’est une belle histoire à suc-         le plus important », souligne le vétéri-     chiffres sur les coûts de toutes ces
               cès, malgré les embûches », a témoi-        naire d’expérience, qui fait valoir que la   mesures de biosécurité à la ferme et
               gné Jean-François Doyon, vétérinaire        charge virale diminue avec le temps.         sur les pertes économiques liées à la
               pour les Services vétérinaires ambula-        « C’est un virus exemplaire pour la        perte d’animaux et à la fermeture des
               toires Triple-V, d’Acton Vale. Ce der-      biosécurité. Si on applique bien les         troupeaux. Selon les Éleveurs de porcs
               nier a géré le premier cas au Québec        mesures de biosécurité, ça marche. Ce        du Québec, les frais pour contrer la
               dans une maternité en bandes aux            n’est pas comme le syndrome reproduc-        propagation et gérer la crise ont atteint
               quatre semaines. « Le plus difficile        teur et respiratoire porcin », a soutenu     près de 5 M$, dont 83 % a été assumé
               à gérer, c’était la peur », se souvient     Charles Surprenant, en citant notam-         par l’industrie et 17 % par le gouverne-
               Jean-François Doyon, en indiquant           ment le cas d’un bâtiment voisin d’un        ment du Québec (MAPAQ et FADQ).
ARCHIVES/TCN

               notamment la difficulté d’élever et de      site de DEP qui est demeuré exempt du        L’industrie doit notamment effectuer
               transporter les 750 porcelets qui avaient   virus pendant les huit mois de la crise.     de nombreux tests de dépistage. T.L.
               survécu à la DEP.                             Le temps et la chaleur peuvent être
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Justin Trudeau nomme un doyen
à l’Agriculture
THIERRY LARIVIÈRE                                                                                                                                               avec l’Union européenne. La plate-
                                                                                                                                                                forme électorale libérale prévoit aussi
  OTTAWA — Tout juste asser-                                                                                                                                    réinjecter 160 M$ supplémentaires
menté le 4 novembre dernier, le                                                                                                                                 sur quatre ans dans un fonds pour
premier ministre Justin Trudeau a pro-                                                                                                                          la valeur ajoutée en transformation
cédé à la nomination de son conseil                                                                                                                             agroalimentaire. Le Parti a également
de 30 ministres et c’est Lawrence                                                                                                                               promis 100 M$ de plus sur quatre ans
MacAulay, député de Cardigan à l’Île-                                                                                                                           en recherche agricole. Le budget de
du-Prince-Édouard, qui a hérité du por-                                                                                                                         l’Agence canadienne d’inspection des
tefeuille de l’Agriculture.                                                                                                                                     aliments devrait être renfloué de 80 M$
  Ce nouveau ministre a déjà été pro-                                                                                                                           en quatre ans, de façon à effectuer plus
ducteur de lait et de pommes de terre                                                                                                                           d’inspections des aliments locaux et
de semence avant d’être élu pour la pre-                                                                                                                        importés. Par ailleurs, le cadre stra-
mière fois en 1988. « J’ai été produc-                                                                                                                          tégique agricole (programmes Agri)
teur et je sais ce que c’est », a déclaré                                                                                                                       devrait faire l’objet de consultations
Lawrence MacAulay, dans une entre-                                                                                                                              avant son renouvellement.
vue le 5 novembre à CBC. Il a ajouté                                                                                                                               Le ministre des Ressources naturelles,

                                                                                                                                        THIERRY LARIVIÈRE/TCN
vouloir principalement faire en sorte                                                                                                                           James Gordon Carr, et la ministre de
que les agriculteurs tirent un revenu                                                                                                                           l’Environnement, Catherine McKenna,
« raisonnable » de leurs activités. Le                                                                                                                          joueront un rôle important dans la stra-
ministre MacAulay a aussi affirmé                                                                                                                               tégie de réduction des gaz à effet de
                                              Le premier ministre Justin Trudeau en conférence de presse après son assermentation. Le
souhaiter consulter son personnel et          nouveau ministre de l’Agriculture, Lawrence MacAulay, qui porte des lunettes, est juste                           serre du gouvernement libéral. Le Parti
rencontrer ses homologues provin-             derrière lui.                                                                                                     a promis 200 M$ par an pour soutenir
ciaux de même que des représentants                                                                                                                             l’innovation et les technologies vertes
de l’industrie.                               parlementaires, qui discutera du pro-        gnie Morneau Shepell, qui offre aux                                  dans le secteur des ressources natu-
  M. MacAulay a occupé plusieurs              gramme législatif du gouvernement. Il        entreprises des services intégrant les                               relles, y compris en agriculture. Le sec-
fonctions dans sa carrière, dont celle de     semble donc être considéré comme un          besoins de santé, d’assurance collective                             teur forestier pourrait bénéficier d’une
ministre du Travail, de solliciteur géné-     homme d’expérience et il a d’ailleurs        et de retraite des employés.                                         nouvelle impulsion pour se moderniser.
ral du Canada et de secrétaire d’État         été le 2e ministre assermenté par Justin       En agriculture, rappelons que le Parti                                Mentionnons en terminant la nomina-
aux anciens combattants. Il a égale-          Trudeau, juste après Ralph Goodale,          libéral de Justin Trudeau a promis de                                tion de Chrystia Freeland au Commerce
ment été porte-parole dans les dossiers       ministre de la Sécurité publique.            réviser le programme de compensa-                                    international. Il s’agit d’une journaliste
des pêches.                                             Promesses à financer               tions pour la gestion de l’offre, qui                                spécialisée en économie et en com-
  Lawrence MacAulay fait aussi                  Le nouveau ministre des Finances,          subira les contrecoups du Partenariat                                merce. Elle a indiqué que le libre-
partie d’un tout nouveau comité du            William Francis Morneau, nouvelle-           transpacifique (PTP) et de l’Accord                                  échange est « essentiel » à la prospérité
cabinet ministériel sur les relations         ment député de Toronto, aura fort à          économique et commercial global                                      de la classe moyenne canadienne.
canado-américaines et d’un autre sur          faire pour trouver le budget nécessaire
les changements climatiques. Et ce qui        à la réalisation des promesses libé-

                                                                                              PTP : les textes complets dévoilés
est peut-être plus important encore,          rales. Le ministre Morneau, un ancien
il est membre du comité des affaires          homme d’affaires, a fondé la compa-

                                                                                                Tel qu’il avait été convenu entre les 12 pays membres, le texte complet du
                                                                                              PTP a été dévoilé le 5 novembre dernier. Le ministère canadien du Commerce
                Sur le Web laterre.ca                                                         international renvoie les lecteurs au texte de près de 1 000 pages publié par
                Actualités/ politique                                                         la Nouvelle-Zélande. Le document est disponible seulement en anglais pour
                y VIDÉO – Deux groupes de producteurs convergent                              le moment, mais on trouve toutefois plusieurs lettres d’ententes bilatérales en
                   aux douanes                                                                français sur le site canadien.
                Actualités/ vie rurale                                                          Selon un aperçu en ce qui concerne la gestion de l’offre, les quotas d’impor-
                y VIDÉO – Le « petit village gaulois » résiste
                                                                                              tation cédés semblent correspondre à ce qui avait été dévoilé au moment de
                y Lawrence MacAulay est nommé nouveau ministre de
                  l’Agriculture / Pour en savoir un peu plus sur le nouveau                   l’entente du 5 octobre dernier. On peut toutefois constater quel sera précisé-
                  ministre de l’Agriculture                                                   ment le tonnage qui est cédé de l’année 1 à l’année 19. Les lettres d’entente
                Commentez à facebook.com/laterre.ca                                           jointes au PTP devront être analysées, dont une entre le Canada et les États-
                                                                                              Unis portant sur les produits laitiers.
                La question de la semaine
                                                                                                La consultation large sur le PTP promise par les libéraux a été confirmée,
                y Êtes-vous satisfait de la nomination du ministre fédéral de
                  l’Agriculture, Lawrence MacAuley?                                           mais il semble que la ministre n’envisage pas de rejeter l’accord. « C’est la
                                                                                              responsabilité du gouvernement du Canada d’être un partenaire actif dans la
                Venez répondre à laterre.ca
                                                                                              négociation de la première ronde du Partenariat transpacifique tout en défen-
                Résultats du sondage                                                          dant les intérêts des Canadiens, incluant la gestion de l’offre », avait déclaré
                y Le MAPAQ mettra sur pied un registre foncier. Est-ce une                    la nouvelle ministre du Commerce international, Chrystia Freeland, en août
                   bonne nouvelle?
                                                                                              2014. T.L.
                Oui 55 % / Non 29 % / Je ne sais pas 16 %
La concertation fait reculer le virus - La Terre de chez nous
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 11 novembre 2015          PAGE 5

Ingrédients laitiers : l’ultimatum ontarien
                                             tir dans leurs installations au cours          à Winchester, illustre-t-il, ne sera pas       Les producteurs de lait présents ont
                                             des trois années à venir. Les DFO              rénovée si un bris majeur devait sur-        bien manifesté quelques inquiétudes,
           PIERRE-YVON BÉGIN                 espèrent ainsi mettre fin aux impor-           venir. « Les industriels connaissent         notamment en ce qui concerne les prix,
           pybegin@laterre.ca                tations de lait diafiltré en provenance        la qualité du lait canadien et c’est ce      mais ont écouté attentivement les expli-
                                             des États-Unis.                                qu’ils veulent », a-t-il plaidé.             cations de leur organisation.
  SAINT-ISIDORE, ONT. – Avec ou                « La raison fondamentale, a expliqué
sans l’appui des autres provinces, les       à l’assemblée Patrice Dubé, écono-
Producteurs laitiers de l’Ontario (DFO)      miste des DFO, c’est la chute des prix
créeront une nouvelle classe d’ingré-        mondiaux du lait. Notre objectif, c’est
dients laitiers non contingentés.            de stopper l’érosion de notre marché.
  « Il faut que ça se fasse et s’il n’y a    Si on ne fait rien, c’est sûr que le prix
pas d’autres propositions, nous irons        va baisser. »
de l’avant le 1er février prochain »,          Graham Lloyd, conseiller des DFO,
a déclaré Nick Thurler, membre du            croit pour sa part que le gouverne-

                                                                                                                                                                                      PIERRE-YVON BÉGIN/TCN
conseil d’administration des DFO. En         ment de Justin Trudeau va entériner le
début de semaine dernière, celui-ci          récent Partenariat transpacifique. Dans
prenait part à des assemblées d’infor-       ce contexte, pense-t-il, les industriels
mation avec des producteurs laitiers         n’investiront pas dans de nouvelles
du Sud-est ontarien à Chesterville et à      infrastructures sans un prix réduit.           Patrice Dubé et Nick Thurler, des DFO, ont expliqué aux producteurs laitiers du Sud-est
Saint-Isidore. « La porte n’est pas fer-     L’usine de poudre de lait de Parmalat          ontarien les détails de la création d’une nouvelle classe de lait.
mée, a-t-il ajouté. On demeure ouvert à
toutes les propositions parce qu’on sait
que ça serait beaucoup mieux si une
stratégie nationale était mise en place. »
  Les DFO estiment que la chute des
prix mondiaux et le vieillissement des
usines canadiennes exercent une pres-
sion énorme sur le système du pays.
Ils ont d’ailleurs conclu une entente
de principe avec les transformateurs
de beurre et de poudre Parmalat et
Gay Lea Foods. L’accord prévoit la
création d’une nouvelle classe de lait,
qui devrait correspondre à une liste
exhaustive d’ingrédients non contin-

                                                                                                                                                                                      PIERRE-YVON BÉGIN/TCN
gentés, des solides non gras. Le prix
sera établi en fonction du prix mondial
le plus bas.
  En retour, soutiennent les DFO, les
transformateurs s’engagent à inves-          L’usine de poudre de lait de Parmalat à Winchester, en Ontario.

« Ça met pas mal de sable dans l’engrenage » – Bruno Letendre
PIERRE-YVON BÉGIN                            notant la volonté des autres transforma-       il ne digère pas la manière d’agir des         Le projet de loi supprime un para-
                                             teurs au pays de parvenir à un nouveau         DFO, qui ont conclu cet accord pendant       graphe de la Loi sur les produits
  Les chances de conclure un accord          pacte. « Ils [les DFO] ont mis la barre        que des négociations nationales avaient      alimentaires. Il retire ainsi la disposi-
national sur les surplus structurels de      tellement bas, déplore Bruno Letendre.         lieu. Le président indique que cinq jour-    tion interdisant d’employer les mots
lait demeurent. Toutefois, l’entente         Ils ont aussi baissé les normes sur les        nées de négociations sont prévues à          « lait », « crème », « beurre » et « fro-
intervenue entre les DFO et deux             fromages pendant que nous, on s’est            l’agenda d’ici Noël. D’autres pourraient     mage » pour désigner un succédané de
transformateurs relativement à la            battus au Partenariat transpacifique           être ajoutées au besoin en janvier.          produit laitier.
création d’une nouvelle classe de lait       pour les maintenir. »                                     Commerce intérieur                  « C’est un effet que l’on appréhen-
brise les reins des autres producteurs          « Il n’y aura pas de perdants si ça            Par ailleurs, le ministre de l’Économie   dait », analyse Alain Bourbeau, direc-
canadiens.                                   devient équitable pour tout le monde, dit-     du Québec, Jacques Daoust, a présenté        teur général des Producteurs de lait.
  « Ça met pas mal de sable dans l’en-       il encore. Là, il y a des gens qui profitent   à Québec le projet de loi 68 afin de don-    Il croit cependant qu’un autre article
grenage », convient Bruno Letendre,          du système, mais ce n’est pas équitable        ner suite au rapport du groupe spécial       de la Loi sur les produits alimentaires
président des Producteurs de lait du         pour tous les transformateurs. À baisser       d’appel constitué pour se conformer au       sera suffisant pour éviter les abus.
Québec. Celui-ci estime que le « coup        la barre à celui qui triche le plus, je n’en   dernier Accord sur le commerce inté-           « Ce ne sera pas une passoire »,
de l’Ontario » ne contribue en rien à        suis pas là. »                                 rieur (ACI). Rappelons qu’un jugement        dit-il, rappelant que son organisation
la conclusion d’une nouvelle entente            Bruno Letendre admet que tout n’est         défavorable avait suscité une mobilisa-      s’est vivement opposée à l’inclusion
nationale. Il garde néanmoins espoir,        pas négatif dans cette entente. Cependant,     tion en 2009.                                du chapitre agricole dans l’ACI.
La concertation fait reculer le virus - La Terre de chez nous
PAGE 6    LA TERRE DE CHEZ NOUS, 11 novembre 2015

ÉDITORIAL

Début de l’ère Trudeau
                                                         cabinet, six sont du Québec, incluant le ministre        sur notre marché. Le Canada doit agir et Lawrence
                                                         des Affaires étrangères, Stéphane Dion, que nous         MacAulay aura l’appui des ministres provinciaux de
                       MARCEL                            avions reçu à l’Union des producteurs agricoles          l’Agriculture en ce domaine, puisqu’ils ont soulevé
                       GROLEAU                           (UPA) durant la campagne électorale, et la               ce point lors de la dernière conférence fédérale-
                       Président général de              ministre du Développement international et de la         provinciale.
                       l’Union des producteurs           Francophonie, Marie-Claude Bibeau, avec qui UPA
                       agricoles                         Développement international pourra certainement          Au chapitre du commerce international, le premier
                                                         collaborer.                                              ministre a choisi la députée torontoise Chrystia
                                                                                                                  Freeland. Issue du milieu du journalisme (Financial
                                                         Comme ministre de l’Agriculture et de                    Times, The Washington Post, The Economist, The
Un vent nouveau soufflait sur Ottawa la semaine          l’Agroalimentaire, le choix du nouveau premier           Globe and Mail, etc.), elle a publié de nombreux
dernière. Je ne suis pas un expert en politique          ministre s’est arrêté sur Lawrence MacAulay.             articles sur les problèmes auxquels est confrontée
canadienne, mais je ne me souviens pas que               Député de Cardigan depuis plus de 25 ans,                la classe moyenne. C’est également le sujet de son
l’arrivée d’un nouveau premier ministre ait créé un      ancien ministre dans le gouvernement de Jean             récent ouvrage intitulé Plutocrats: The Rise of the
tel engouement. Presque à l’unanimité, les médias        Chrétien, ancien producteur de lait et de pommes         New Global Super-Rich and the Fall of Everyone
ont salué le style, la fraîcheur et la proximité avec    de terre, il comprend certainement l’importance          Else que l’on pourrait traduire par L’enrichissement
les gens de Justin Trudeau. Son image tranche            des programmes Agri-investissement et Agri-              des plus riches et l’appauvrissement de tous
définitivement avec celle de son prédécesseur, et        stabilité, de même que la gestion de l’offre. Le         les autres. Il sera intéressant de voir de quelle
ma première impression, lorsque je regardais tout        fait qu’il soit de l’Île-du-Prince-Édouard est une       façon elle conjuguera la libéralisation toujours
cela, c’est qu’il est heureux. Le premier ministre est   surprise. Les ministres de l’Agriculture proviennent     plus grande des marchés et le pouvoir accru des
heureux.                                                 généralement de l’Ouest ou de l’Ontario.                 grandes sociétés avec sa préoccupation d’une
                                                                                                                  répartition plus juste de la richesse. Élue pour
Tout nouveau, tout beau, me direz-vous. Peut-            Dans le cadre de la mise en œuvre du Partenariat         une première fois en novembre 2013, elle devra
être. Mais comme je l’ai mentionné dans un récent        transpacifique (PTP) et de l’Accord économique           notamment piloter la mise en œuvre du PTP et de
éditorial, Justin Trudeau et son équipe ont mené         et commercial global (AECG) avec l’Europe, le            l’AECG avec l’Europe.
une belle campagne. C’est très rare qu’un candidat,      nouveau ministre aura la responsabilité d’assurer la
troisième dans les sondages au déclenchement             compétitivité du Canada sur les marchés étrangers        Les libéraux ont pris plusieurs engagements durant
des élections, finisse premier et forme un               tout en minimisant les impacts au pays pour les          la campagne et les attentes sont très élevées,
gouvernement majoritaire. Quelque chose s’est            secteurs sous gestion de l’offre. À ce chapitre, des     notamment dans le secteur agroalimentaire. Le
donc passé entre lui et l’électorat. C’est ce quelque    engagements précis ont été pris par le Parti libéral     nouveau cabinet est composé de ministres ayant
chose qui s’est poursuivi la semaine dernière lors       du Canada lors de la campagne électorale. Comme          des parcours de vie différents. Ils auront le pouvoir
du dévoilement de son cabinet.                           promis, le Canada doit faire mettre un terme             de changer les choses. On verra la suite, mais de
                                                         aux importations de lait diafiltré et de poules de       façon générale, je crois que ce nouveau conseil des
Beaucoup de messages accompagnent la                     réforme.                                                 ministres marque un nouveau départ à bien des
formation d’un conseil des ministres, car le                                                                      niveaux.
choix des candidats à chacun des postes révèle           Sur la question de la réciprocité des normes, on
l’orientation qu’entend privilégier le premier           doit revoir le principe des mesures d’équivalence.
ministre pour ce ministère. Ce nouveau cabinet           Les exigences en matière d’environnement, de
est composé d’un nombre égal d’hommes et                 bien-être animal, de mesures sociales, de salubrité
de femmes, de gens provenant des différents              et de biosécurité augmentent sans cesse. Nous
groupes ethniques et, naturellement, de toutes           sommes confrontés, tous secteurs confondus, à
les régions du Canada. Des trente membres du             une concurrence déloyale des produits importés

                                                                                                                                                                                               www.laterre.ca
                                                                                                                  Directeur                                  Directeur                              Chefs de pupitre
                                                                                                                  André Savard                               des ventes                             Richelle Fortin
                                                                                                                  Directrice                                 Pierre Leroux                          Julie Desbiens
                                                                                                                  de production                              Ventes
                                                                                                                  Brigit Bujnowski                           Sylvain Joubert
                                                                                                                  Directeur                                  Daniel Lamoureux
                                                                                                                  administration                             Marc Mancini
                                                                                                                  Vincent Bélanger-Marceau

                                                                                                                  ABONNEMENT AU QUÉBEC                                                              Impression
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                                                                                                                  555, boulevard Roland-Therrien, bureau 100
                                                                                                                  Longueuil (Québec) J4H 3Y9

                                                                                                                            Dépôts légaux : Bibliothèque nationale du Québec - 1992 Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0040 - 3830
                                                                                                                            La Terre de chez nous, ISSN 0040-3830, is published weekly, 51 times per year except first week of January by La
                                                                                                                            Terre de chez nous c/o USACAN Media Corp. at 123A Distribution Way Building H-1, Suite 104, Plattsburgh, N.Y.
                                                                                                                            12901. Periodicals postage paid at Plattsburgh, N.Y. POSTMASTER send address changes to La Terre de chez nous,
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                                                                                                                            l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui relève de Patrimoine canadien. Convention de la poste
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                                                                                                                            07665, retourner toute correspondance ne pouvant
                                                                                                                            être livrée au Canada au Service des publications
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Le ministre Paradis sur la sellette
THIERRY LARIVIÈRE                             un peu trop de temps », mais sou-           teurs est le meilleur moyen de favoriser      de la CAQ a soulevé la perte d’expertise
                                              haite néanmoins que la nouvelle étude       l’investissement dans la filière tel que le   non liée, notamment au MAPAQ, qui
  Le ministre de l’Agriculture, Pierre        « influence » le ministre des Finances      recommandait le Groupe de travail sur         force des producteurs à se tourner vers
Paradis, a été interpellé par la Coalition    du Québec. Rappelons à cet égard que        la sécurité du revenu.                        les conseils d’agronomes de l’industrie
avenir Québec (CAQ) et a été soumis           le dernier budget du Québec comprenait                       Relève                       des intrants. Le ministre a répondu que
à des questions de l’opposition pendant       une coupe de 151 M$, soit 14,5 % du            Un autre des sujets de l’interpellation    les agronomes étaient des profession-
deux heures, le 6 novembre dernier à          budget du ministère de l’Agriculture,       du ministre par la CAQ était la relève,       nels et se devaient de respecter leur
l’Assemblée nationale.                        des Pêcheries et de l’Alimentation du       pour laquelle le gouvernement « n’at-         code de déontologie, peu importe leur
  Juste avant son interpellation, le          Québec (MAPAQ).                             teint jamais le point où il n’y aurait        employeur.
ministre Paradis a déposé une nouvelle           L’Union des producteurs agricoles        plus de problèmes ». Le porte-parole                      Pôle logistique
étude (voir encadré) qui lui a permis         (UPA) salue la nouvelle étude de l’Ins-     du Parti québécois, André Villeneuve,           Un autre point abordé lors de la séance
de réaffirmer l’importance du secteur         titut du Québec. « Ça fait plusieurs        en a profité de son côté pour déposer le      des questions au ministre a été celui
agroalimentaire au Québec, puisque            années qu’on dit que l’agriculture est      mémoire de la Fédération de la relève         du pôle logistique, qui laisse planer la
c’est le « principal employeur ».             un puissant levier de développement         agricole du Québec. Le ministre Paradis       menace d’expropriation de 500 hectares
  La députée Sylvie D’Amours, de              économique », a commenté Charles-           a répliqué en disant ne pas avoir attendu     dans la municipalité des Cèdres. Pierre
la CAQ, a déploré ce dépôt dans les           Félix Ross, économiste en chef de           le rapport Pronovost sur la relève pour       Paradis a réitéré que des terres en zone
minutes qui précédaient l’interpellation      l’UPA. Ce dernier estime que le gou-        mettre en place des mesures fiscales          blanche étaient disponibles pour ce pôle
du ministre, qualifiant cette manœuvre        vernement devrait tirer les conclusions     qui favorisent cette dernière. Il s’attend    logistique, dont certaines appartiennent
de « vieille politique ». La députée a        qui s’imposent, soit d’inclure l’agroa-     par ailleurs à donner suite à plusieurs       au Canadien Pacifique. « On veut col-
mis en doute le travail du ministre sur       limentaire dans le plan économique du       recommandations du rapport à venir.           laborer avec le ministre pour retirer
plusieurs dossiers, utilisant même le         Québec. « Le fait qu’il y ait autant de                    Pesticides                     cette épée au-dessus de la tête des agri-
terme d’« immobilisme » et affirmant          coupes, ça s’explique en partie par le         Sur la question de l’augmentation de       culteurs des Cèdres », a ajouté André
sa déception par rapport à ce ministre        fait que le gouvernement n’est pas tout     l’utilisation des pesticides, la députée      Villeneuve, du Parti québécois.
qui est député dans un comté agricole         à fait conscient de l’importance éco-
depuis bientôt 35 ans.                        nomique du secteur », ajoute Charles-
  Le ministre de l’Agriculture a avoué        Félix Ross, qui estime qu’un meilleur
que les politiques prenaient « toujours       partage des risques avec les agricul-

 L’agroalimentaire comme levier
    Une nouvelle étude menée par l’Institut du Québec, un partenariat entre les HEC
 et le Conference Board du Canada, affirme que l’industrie agroalimentaire est un
 « puissant levier de développement économique » pour le Québec. Le rapport de
 l’Institut, sous la direction de l’ancien ministre Raymond Bachand, a été rendu
 public par le ministre Pierre Paradis le 6 novembre dernier.
   Le document explique notamment que la filière agricole est la plus importante
 pour l’économie du Québec. Ce secteur est plus important en termes d’emplois
 que des filières comme l’aéronautique, les transports, les ressources minérales, les

                                                                                                                                                                                      PASCAL RATTHÉ
 produits pharmaceutiques et les jeux vidéo. L’empreinte économique globale du
 secteur agroalimentaire représentait en 2013 quelque 9,4 % du PIB ou 34,3 G$,
 500 000 emplois directs, indirects et induits, ainsi que 12,5 % des travailleurs. T.L.   Le ministre Paradis, en conférence de presse, peu avant son interpellation de deux heures
                                                                                          le 6 novembre.
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PRODUCTION EN SERRE

Les fonds obligatoires de promotion
à deux vitesses
                                                                                                                                                         comme représentativité? Est-ce que
                                                                                                                                                         la Régie des marchés agricoles et ali-
           MARTIN MÉNARD                                                                                                                                 mentaires du Québec accuserait auto-
           mmenard@laterre.ca
                                                                                                                                                         matiquement une fin de non-recevoir
                                                                                                                                                         à notre projet? Car avec la Régie, nous
  MONTRÉAL — Face à la compéti-                                                                                                                          n’aurons qu’une seule chance. Il faudra
tion féroce que leur livrent l’Ontario, les                                                                                                              être solide », a indiqué Jacques Demers,
États-Unis et même le Mexique, les pro-                                                                                                                  des Productions horticoles Demers.
ducteurs en serre du Québec ont décidé                                                                                                                   Étant donné la situation, un autre admi-
de mettre sur pied un fonds de promo-                                                                                                                    nistrateur, Sylvain Terrault, a dit qu’il
tion commun obligatoire. Le concept                                                                                                                      voterait contre la proposition, incitant
est bel et bien lancé chez les serricul-                                                                                                                 ainsi ses confrères à l’imiter.
teurs en production ornementale, mais                                                                                                                       Le président du Syndicat des pro-

                                                                                                                                     MARTIN MÉNARD/TCN
pour ceux en production maraîchère,                                                                                                                      ducteurs en serre du Québec, André
c’est le retour à la case départ.                                                                                                                        Mousseau, était visiblement déçu de la
  Rappelons qu’en ce qui a trait à la                                                                                                                    position de ses membres. « Certains se
Loi sur la mise en marché des produits        André Mousseau.                             Sylvain Terrault.                                              tirent d’affaire et je suis content pour
agricoles, un tel fonds doit comprendre                                                                                                                  eux. Mais le reste de la production en
la constitution d’une chambre de coor-        « Nous avons parlé du budget de fonc-       pas fait avancer leur concept de CCD;                          serre n’a pas progressé. Vous aimez
dination et de développement (CCD).           tionnement nécessaire à la Chambre.         certains l’ont plutôt remis en ques-                           ça, stagner? Car on stagne au Québec
Cette dernière réunirait à une même           Et nous avons réglé un gros point :         tion. « Désolé de jeter une douche                             pendant que l’Ontario et la Colombie-
table les producteurs, les distributeurs      l’équité entre la contribution des petits   froide, mais je crois qu’on n’arrivera à                       Britannique prennent de l’avance. Il y
et les détaillants afin de coordonner la      producteurs et celle des gros. Il a été     rien avec la Chambre. Je pense qu’on                           a trois ans, vous avez dit que ça deve-
production et la commercialisation.           décidé que chaque entreprise cotisera       devrait envisager un partenariat avec                          nait prioritaire de créer une chambre de
  Dans le cas des serristes, le projet        à la Chambre selon ses volumes ven-         l’Association des jardiniers maraîchers                        coordination. Vous faites votre choix.
consiste à créer deux CCD : l’une pour        dus », a mentionné Jean-Luc Poirier, le     du Québec. Sobeys est là, Metro est                            Moi, je ne peux pas aller plus loin que
la production maraîchère et l’autre pour      consultant qui a contribué à la création    là. Les acheteurs sont déjà tous là »,                         ça », a-t-il lancé dans une salle silen-
la production ornementale. Réunis à           de la CCD. Optimistes, les membres ont      a proposé Germain Babin, des Serres                            cieuse.
leur assemblée générale annuelle le           déterminé des dates de rencontre afin de    Jardins-Nature.                                                   Finalement, afin d’éviter un refus, la
29 octobre, les producteurs ornemen-          faire progresser leur projet.                 « Le fait qu’un joueur majeur ne fasse                       proposition a été modifiée; les serristes
taux ont travaillé sur leur projet de CCD       Dans la salle adjacente, les serricul-    pas partie de la Chambre [Les Serres                           en production maraîchère se donnent du
en établissant les bases du financement.      teurs en production maraîchère n’ont        Sagami], qu’est-ce que ça donnerait                            temps pour réfléchir au concept.
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                                                                                                                     PRODUCTION EN SERRE

Malaise chez les serristes
MARTIN MÉNARD                              Sagami, André Michaud, a men-              Le Syndicat regroupe les serri-      par le Syndicat au chapitre des pro-
                                           tionné à la Terre que son président      culteurs en production légumière et    grammes de sécurité du revenu et de
  MONTRÉAL — L’assemblée                   ne partageait pas certaines visions      ornementale. Mentionnons que les       paiements anticipés, de même que les
générale annuelle du Syndicat des          des membres du Syndicat et, par le       producteurs ornementaux étaient plus   différents projets d’innovation et de
producteurs en serre du Québec             fait même, n’entendait pas y adhérer.    nombreux à l’assemblée, soit une       commercialisation. Parmi les trois
(SPSQ) a donné lieu à des malaises.        Avec ses superficies, l’entreprise Les   vingtaine, et semblaient satisfaits.   résolutions votées, l’une proposait
De fait, seulement sept producteurs        Serres Sagami paierait approximati-               Un nouveau nom                que le SPSQ change de nom pour
de légumes en serre s’étaient dépla-       vement 40 000 $ de cotisation si elle      L’assemblée annuelle a été l’occa-   devenir Les Producteurs en serre du
cés à l’assemblée, et parmi eux, une       était membre.                            sion de présenter les gains obtenus    Québec.
majorité d’administrateurs. « Ça fait
six ou sept ans que je suis adminis-
trateur du Syndicat. Et ça fait six ou
sept ans qu’on parle de financement
et de membership. Je crois en l’action
collective, mais nous devrions consa-
crer notre temps à trouver des façons
de développer notre industrie plutôt
qu’à chercher des façons de faire
survivre le Syndicat et de faire payer
des gens qui ne veulent pas payer »,
a dit Germain Babin, réuni avec ses
confrères le 29 octobre dernier à
Montréal.
  Cette remarque a fait réagir le pré-
sident du Syndicat, André Mousseau.
« Le Syndicat, c’est le meilleur
moyen de faire progresser vos dos-
siers. Je peux vous dire que pour
l’argent que vous investissez, vous
n’en perdez pas. [Le SPSQ] n’est
pas une dépense, c’est un investis-
sement », a-t-il plaidé, mentionnant
plus tard à la Terre qu’il n’entendait
pas rester les bras croisés devant les
pertes financières de l’organisme.
« On va se rencontrer dans les pro-
chaines semaines pour trouver des
solutions. »
          Finances difficiles
  Les finances du Syndicat ne sont
guère reluisantes puisque celui-ci a
accumulé une dette totale de près de
250 000 $. Le dernier exercice finan-
cier a enregistré un déficit de 48 668 $
en partie attribuable à la mise sous
séquestre des Serres du St-Laurent
(Savoura), qui n’ont par conséquent
pas payé une partie de leur cotisation
atteignant près de 11 000 $. Or, ce
qui chatouille plusieurs producteurs
sur place, c’est la difficulté qu’a le
Syndicat à recruter les autres produc-
teurs de légumes en serre, dont le plus
important, Les Serres Sagami. Cette
entreprise, rappelons-le, a connu une
croissance importante au cours de la
dernière année en mettant la main sur
les sites de production de Savoura,
de même que sur ceux des Serres
Lacoste (Charlevoix). Le respon-
sable des communications des Serres
La concertation fait reculer le virus - La Terre de chez nous
PAGE 10      LA TERRE DE CHEZ NOUS, 11 novembre 2015

Les agricultrices réclament plus de place
CHRISTIAN PAQUIN                              des paliers décisionnels de l’Union,                                Raymonde Plamondon, en poste                   syndicale n’a pas d’âge. Certaines
                                              pour refléter le ratio femme-homme                                  depuis 2009.                                   ont de jeunes enfants, mais d’autres
  VICTORIAVILLE — Les délé-                   propriétaire d’ici 2020.                                              Profitant du 75e anniversaire du droit       sont des aidantes naturelles », a fait
guées de la Fédération des agricul-             Elles ont adopté à l’unanimité                                    de vote des femmes, les déléguées ont          valoir une déléguée de la Montérégie.
trices du Québec (FAQ) demandent              une résolution en ce sens lors de                                   rappelé que 14 % des élus au sein des          « C’est important de s’impliquer si
à l’Union des producteurs agricoles           la 28e assemblée générale annuelle                                  fédérations régionales et spécialisées         on veut que les dossiers avancent »,
(UPA) d’établir des mesures concrètes         (AGA) les 30 et 31 octobre derniers                                 de l’UPA sont des femmes alors que             a ajouté Caroline Roux, de Tingwick,
favorisant la place des femmes dans           à Victoriaville. « L’objectif n’est pas                             les productrices agricoles comptent            au Centre-du-Québec.
ses instances. Elles souhaitent les voir      de fixer un quota, mais de favoriser                                pour 26 % des propriétaires, copro-              De plus, la sécurité du revenu, la
ensuite mises en œuvre afin d’aug-            la place des agricultrices dans les                                 priétaires ou actionnaires d’exploita-         conciliation travail-famille, l’accès à
menter le nombre d’élues à chacun             instances », a précisé la présidente                                tions. Elles ajoutent que la diversité         la propriété et la création d’un agenda
                                                                                                                  des sexes au sein des conseils d’admi-         Web ont fait l’unanimité des agricul-
                                                                                                                  nistration comporte de grands avan-            trices.
                                                                                                                  tages sur la prise de décisions. Des             Cependant, elles ont rejeté majori-
                                                                                                                  mesures peuvent être instaurées pour           tairement des résolutions faisant pas-
                                                                                                                  recruter et former une relève syndi-           ser les frais d’adhésion à la Fédération
                                                                                                                  cale féminine et compétente.                   de 40 à 45 $, et la quote-part de
                                                                                                                    À ce sujet, les déléguées ont aussi          15 à 17 $ en 2016. Selon elles, il est
                                                                                                                  adopté à l’unanimité une résolution            préférable d’augmenter le nombre de
                                                                                                                  qui demande à l’UPA de mettre en               membres pour obtenir de nouvelles
                                                                                                                  place des mesures incitatives visant           sources de revenus. La FAQ compte
                                                                                                                  à faciliter la participation des admi-         environ 600 membres et elle vise un
                                                                                                                  nistratrices et administrateurs, qui           objectif de 800 en 2016. À la suite de
                                                                                                                  siègent dans les différentes instances         cette décision, la présidente a invité
                                                                                                                  et qui ont de jeunes enfants ou d’autres       les déléguées à redoubler d’ardeur
                                                                                                                  personnes à charge. « La relève                dans le recrutement.
                                                                                           CHRISTIAN PAQUIN/TCN

Raymonde Plamondon (au centre), présidente de la Fédération des agricultrices du Québec,
souhaite que des mesures soient instaurées par l’UPA pour favoriser l’engagement des
femmes dans les instances décisionnelles de l’organisation.

                                                                                                                                                                                                               CHRISTIAN PAQUIN/TCN

                                                                                                                  Les déléguées de la Fédération des agricultrices du Québec étaient réunies à Victoriaville
                                                                                                                  les 30 et 31 octobre derniers dans le cadre de l’AGA.

                                                                                                                   Les femmes et la ruralité
                                                                                                                     L’AGA a aussi été l’occasion de conclure la tournée de consultation Femmes
                                                                                                                   et ruralité entreprise en juillet dernier. Carmen Houde, consultante, doit remettre
                                                                                                                   son rapport à la mi-novembre. Il servira de base pour un mémoire de la FAQ, qui
                                                                                                                   sera déposé en décembre prochain au Secrétariat à la condition féminine. Celui-ci
                                                                                                                   s’est engagé dans un processus d’actualisation de son plan d’action en matière
                                                                                                                   d’égalité entre les femmes et les hommes. « La consultation vise à dégager un
                                                                                                                   portrait de la situation actuelle des agricultrices tout en essayant de trouver des
                                                                                                                   pistes de solution aux problématiques soulevées », a expliqué la consultante. Les
                                                                                                                   agricultrices ont aussi discuté des services de garderie et d’aide domestique, ainsi
                                                                                                                   que de la mise en place de programmes gouvernementaux adaptés au milieu agri-
                                                                                                                   cole. Elles souhaitent que le rapport ne se retrouve pas sur les tablettes, mais serve
                                                                                                                   d’outil de sensibilisation auprès des élus des divers paliers de gouvernement. C.P.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 11 novembre 2015                            PAGE 11

L’excellence au féminin récompensée
CHRISTIAN PAQUIN                                                                                                                                         Morin a décidé d’intéresser les gens
                                                                                                                                                         de sa communauté à la vie agricole en
   La recherche constante de l’excel-                                                                                                                    ouvrant ses portes à différents groupes
lence de son entreprise a notamment                                                                                                                      pour tenter d’établir un lien entre les
valu à Brigitte Pigeon le prestigieux                                                                                                                    entreprises agricoles et la population.
titre d’Agricultrice de l’année. Celui-ci                                                                                                                Sa ferveur pour sa communauté et
lui a été décerné dans le cadre du Gala                                                                                                                  l’agriculture, entre autres, lui a per-
Saturne de la Fédération des agricul-                                                                                                                    mis de recevoir le titre d’Agricultrice
trices du Québec (FAQ), samedi soir à                                                                                                                    de passion. Le bonheur de sa famille
l’Hôtel Le Victorin, de Victoriaville.                                                                                                                   demeure sa priorité.
   Copropriétaire des Fermes Roland                                                                                                                         Enfin, pour sa part, Marie-Chantal

                                                                                                                                      ANNICK MALENFANT
Pigeon et Fils, de Saint-Rémi, spécia-                                                                                                                   Houde, de Racine, spécialisée dans la
lisées dans les haricots frais, verts et                                                                                                                 production laitière ovine et la fabri-
jaunes, le maïs-grain et le blé, Brigitte                                                                                                                cation de fromages, a été décorée du
                                            Jeune agricultrice : Marie-Chantal Houde (Estrie); Agricultrice entrepreneure : Karine
Pigeon est la 4e génération à y œuvrer.     Lamy (Mauricie); Agricultrice de passion : Marie-Ève Morin (Bas-Saint-Laurent) et                            titre de Jeune agricultrice. Enfant, elle
Sa recherche de l’excellence l’a amenée     Agricultrice de l’année (assise) : Brigitte Pigeon (Montérégie-Ouest).                                       a senti l’appel de la fromagère en elle
à visiter plusieurs pays et à adopter des                                                                                                                en écoutant l’émission jeunesse Passe-
techniques de production et d’embal-        sion et de Jeune agricultrice. Karine        des coûts de production, de la comp-                            Partout. « Un jour, je ferai du fromage
lage efficaces. Comble de bonheur, elle     Lamy, de Yamachiche, en Mauricie, a          tabilité, des différentes accréditations,                       au lait cru avec le lait de ma ferme! »
pourra compter sur une relève, sa fille     remporté le titre d’Agricultrice entre-      de la gestion des porcs, de la régie des                        Après une formation spécialisée en
Camélia, qui sera diplômée cette année      preneure. Elle œuvre dans la produc-         arbres fruitiers, de la gestion des achats                      France, elle est devenue rapidement une
de la formation qu’elle a elle-même         tion porcine, les grandes cultures bio,      d’intrants et, bien sûr, de l’organisation                      référence en fabrication fromagère au
reçue, 30 ans auparavant.                   l’argousier, le sureau et les travaux à      de la famille.                                                  Québec. Fille d’agriculteurs de 3e géné-
   Le Gala Saturne est aussi l’occasion     forfait. En compagnie de son conjoint,         Dans le tourbillon de son quotidien à                         ration, elle aime les animaux et continue
d’attribuer les titres d’Agricultrice       elle a repris la relève de l’entreprise de   la ferme laitière et céréalière de Saint-                       l’exploitation de la ferme familiale avec
entrepreneure, d’Agricultrice de pas-       ses parents. Elle s’occupe de l’analyse      André-de-Kamouraska, Marie-Ève                                  son frère Jean-Paul.
PAGE 12     LA TERRE DE CHEZ NOUS, 11 novembre 2015

Une restructuration en vue
dans les chèvres
CAROLINE BARRÉ                               Un rapport d’activité a été présenté      réalisée par l’Association des éleveurs
Collaboration spéciale                     aux éleveurs pour chacun des secteurs       de chèvres angoras pur-sang du Québec
                                           de l’industrie caprine. L’optimisation      (AECAPSQ). Cette initiative visait à
  DRUMMONDVILLE — C’est le                 des circuits de transport du lait de        réduire les coûts de transformation en
30 octobre que s’est déroulée l’as-        chèvre était à l’étude. Le SPCQ a           raison du volume et à augmenter la ren-
semblée générale annuelle (AGA) du         reçu des offres pour de nouveaux            tabilité par l’offre de produits finis.
Syndicat des producteurs de chèvres        volumes de lait venant de quatre ache-                   Qualité du lait
du Québec (SPCQ) à Drummondville.          teurs (Fromagerie Bergeron, Saputo,            Sylvie Girard, agr., membre du
L’un des défis que doit relever le SPCQ    Laiterie Chalifoux et Fromagerie            Comité Lait, a exposé l’ensemble
est de percevoir l’ensemble des cotisa-    Ruban bleu). Le volume de lait produit      des éléments négociés dans la nou-
tions de ses membres par souci d’équité.   (10 095 197 L pour 2014-2015) affiche       velle convention (2016-2020) avec les
Au cours de l’AGA, un scénario visant      une hausse de 5,37 %.                       acheteurs pour les producteurs de lait
la répartition des dépenses par secteur      Du côté de la boucherie, le comité, en    de chèvre du Québec. Cette nouvelle
de production a soulevé nombre de          collaboration avec Écolait, s’est penché    convention vise à sécuriser l’approvi-
questions chez les éleveurs. Et puisque    sur la demande pour le chevreau laitier     sionnement des usines, instaurer le suivi
chacun des comités de mise en marché       de 15 kg ou 30 kg. L’étude de marché a      et le contrôle de la qualité du lait, et le
réclame plus d’autonomie dans son          mis en évidence la difficulté d’atteindre   développement de contacts d’affaires.

                                                                                                                                                                                   CAROLINE BARRÉ
domaine respectif, une restructuration     le seuil de rentabilité pour ce dernier        « On n’a pas beaucoup évolué en
du SPCQ est envisagée. L’assemblée a       (30 kg).                                    termes de qualité du lait », remarque
procédé à l’élection d’une nouvelle pré-     Et pour le mohair, une première           Mme Girard. Pour rassurer les ache-           Sylvie Girard, agr., membre du Comité
sidente, Maude Caron, une productrice      transformation collective, concernant       teurs, le Comité Lait a négocié un délai,     Lait.
de lait de Notre-Dame-du-Bon-Conseil.      la confection de bas de mohair, a été       qu’il qualifie de répit. Les éleveurs
                                                                                       doivent s’attendre à un resserrement          sants du lait et sur l’orientation vers une
                                                                                       des normes dans l’avenir. Le Comité           production automnale en fonction de la
                                                                                       se penchera aussi sur l’établissement         demande des usines. « C’est le temps
                                                                                       d’un plan de suivi des résultats hors         de positionner nos entreprises caprines
                                                                                       normes pour satisfaire les attentes des       pour le futur », conclut Mme Girard.
                                                                                       acheteurs.                                    Le Comité Lait du SPCQ compte éga-
                                                                                          Pour suivre les développements de          lement se pencher prochainement sur
                                                                                       l’industrie laitière caprine, les produc-     l’établissement du coût de production
                                                                                       teurs de chèvres doivent miser sur une        à la ferme et la surveillance du marché
                                                                                       augmentation de la productivité à la          du lait de chèvre en Ontario, aux États-
                                                                                       ferme, sur l’amélioration des compo-          Unis et en Europe.
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