LA NUIT C'EST BEAU - le magazine - Magazinos.com
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Alexis Berg Supplément de L’Équipe n° 24 236 – Ne peut être vendu séparément N° 1997 le magazine LE SPORT C’EST BEAU LA NUIT 2020 05/12
bûche glacée au kiwi 8 personnes 30 minutes 1 nuit au congélateur Ingrédients 5 kiwis 150 g de yaourt 20 cl de crème liquide 2 œufs entière bien froide 75 g de sucre •Épluchez les kiwis, mixez-en 3 pour obtenir un coulis. Coupez les deux autres en dés. •Fouettez la crème au batteur électrique jusqu’à ce qu'elle soit bien ferme. Réservez au réfrigérateur. Lavez les fouets puis fouettez les deux blancs d’œufs en neige avec la moitié du sucre. •Dans un autre bol, fouettez les jaunes d’œufs avec l’autre moitié du sucre pour obtenir un mélange clair et épais. À ©Anne-Lyse Chardon, ©Julie Mechali l'aide d'une spatule, incorporez délicatement le yaourt, puis les blancs en neige et enfin la crème fouettée. •Placez une feuille de papier cuisson dans un moule à cake. Versez la moitié de la préparation et recouvrez du coulis de kiwi. Incorporez les dés de kiwis dans le reste de crème puis versez dans le moule. •Mettez au congélateur pendant au moins 12 heures avant de démouler la bûche glacée. Coupez en tranches à l’aide d’un couteau passé sous l’eau chaude et servez sans attendre. Astuce : Pour démouler plus facilement la bûche glacée, passez le fond du moule à cake sous l’eau chaude. Et prévoyez plus de kiwis pour servir ! LE KIWI dans tous ses é tats Le kiwi fait partie des fruits climactériques. Et non, cela ne veut pas dire qu’il lutte contre le réchauffement climatique ! Mais, qu’il continue de mûrir, même après avoir été cueilli sur l’arbre. On peut ainsi acheter ses fruits plutôt fermes et les laisser mûrir à la maison pour en avoir toute la semaine.
PUBLIREPORTAGE LE MARATHON DES FRUITS ET LÉGUMES FRAIS, UN DÉFI FACILE À REMPORTER Réussir le challenge de manger des fruits et légumes frais chaque jour, c'est assez facile. En adoptant quelques bons réflexes, se faire plaisir dans l'assiette devient vite une bonne routine. Une clémentine ou des quartiers de pomme à l'heure du café, un bol de salade pour accompagner le déjeuner, des bâtonnets de légumes devant le match, des litchis ou des tranches d'ananas en dessert… Les fruits et légumes frais s'invitent dans la partie à tout moment de la journée. Comme pour un challenge sportif : la préparation est essentielle ! Rendez-vous sur le site lesfruitsetlegumesfrais.fr pour y trouver votre inspiration : plats gratinés réconfortants et équilibrés, idées de desserts pour les soirées d’hiver… Et faites une liste ! En achetant les bonnes quantités, vous économisez de l’argent et vous aurez des fruits et légumes pour toute la semaine. ON SE FIXE DES OBJECTIFS Anti-gaspi ? On utilisera les parties non utilisées des Découvrez notre quiz légumes – le vert des poireaux par exemple – pour de l' hiver ! agrémenter un gratin, une soupe, une quiche ! Sa saveur va délicieusement relever vos plats. Quelle est l'origine du nom du kiwi ? Plateau-télé, oui ! Mais gourmand et équilibré ? 1. Du commerçant Chinois "Kiwi Keith" qui Ce soir, c'est soirée match. Pas question de rater a importé les premières graines de kiwi en Plus de recettes et d’infos sur : une miette de l'action qui se déroule en direct. Europe. Pour éviter d'aller en cuisine vérifier votre cuisson, rien ne vaut un délicieux plateau-télé. Préparez un 2. De la rivière "Kiwi" située sur l'Île du Sud gratin à l’avance pour le servir à vos amis ou vos de la Nouvelle-Zélande. proches. On gagne du temps, et il en reste pour le lendemain – ce sera encore meilleur. 3. De l'oiseau du même nom. "Kivi-kivi" voulant dire "cui-cui" en Maori. On monte d’un niveau ? Allez, quelques inspirations pour transformer l’essai. Tartiflette démique de leur archipel. d’endives, poireaux façon cassoulet, rôti de porc landais qui le baptisent "kiwi" en référence à l'oiseau en- Réponse 3. Si le kiwi vient de Chine, ce sont les Néo-Zé- laqué à l’ananas, hachis Parmentier de carotte : tout est là pour vous réinventer et marquer des points !
ÉDITO Nos nuits blanchesPAR IMANOL CORCOSTEGUI Rédacteur en chef adjoint U ne lueur au cœur des ténèbres. Alors qu’il ne l’attendait plus, après des heures passées à la chercher en vain au milieu des tumultes de l’océan, c’est au plus profond de la nuit que Jean Le Cam a aperçu la petite lumière éclairant le naufragé Kevin Escoffier, une apparition qui lui a permis de lui sauver la vie. Mardi, à 2 heures du matin, au large du cap de Bonne-Espéran- ce, le Vendée Globe a connu un de ces moments de grâce qui font sa légende. Et la nuit a rappelé au monde du sport ce qu’elle a de terrifiant et de magique à la fois. Grâce au courage héroïque de ces deux guerriers des mers, on se dit que ce numéro spécial tombe plutôt bien. Un Mag qui, lampe frontale autour de la tête, s’enfonce voir ce que font les champions quand le jour s’efface. Vous y lirez des rêves et des cauchemars, l’insomnie du vaincu et le sommeil du brave, des bulles de sérénité et des gouffres d’angoisse, des cuites à n’en jamais dessaouler et des exploits de somnambule. Vous y découvrirez un monde parfois féerique, peuplé de chouettes qui hululent, de cerfs qui brament ou de baleines qui soupi- rent, selon que l’on soit coureur des forêts ou explorateur des flots. Et puis il y a nos nuits blanches à nous, les amoureux de sport. Chacun a sa plus belle, sa plus marrante. Brancher son réveil à une heure improbable pour allumer l’écran noir et savourer quelques secondes d’éternité, les triomphes de Carl Lewis ou d’Usain Bolt, à l’autre bout de la planète. Être arraché de son lit avant l’aube pendant son service militaire pour aller courir sur une plage de Gironde et dégringoler dans les dunes. Lutter contre ses paupières qui se ferment pour partir prendre le premier train du matin et se mêler à la célébration d’un titre de son club. Tra- verser la France en autocar et regarder défiler les aires d’autoroute en ressassant cette défaite à laquelle on vient d’assister. Ces derniers temps, on s’est couché un peu plus tard que d’habitude pour tout lire, tout voir, tout écouter sur une étoile argentine qui vient de s’éteindre. Le documentaire d’Asif Kapadia sur les années napolitai- nes de Diego Maradona nous a rappelé, à grands coups de mains qui s’agrippent et de caméras sans cesse braquées, le grand drame de son existence. Puisque ses journées ne lui appartenaient plus, il ne lui restait que la nuit pour vivre, et il s’y est souvent perdu. Pour nous, c’est autre chose. On publie ce numéro alors que s’achève bientôt cette triste année où l’on a appris à cacher nos sourires sous des masques, à tenir nos proches à distance et à passer tant de soirées sans saveur. Le soleil se couche très tôt en ce moment et on a tellement hâte qu’on nous rende nos nuits. l icorcostegui@lequipe.fr DIRECTION, RÉDACTION ADMINISTRATION PUBLICITÉ La rédaction ADMINISTRATION, Amaury Media n’est pas responsable RÉDACTION, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION RESPONSABLES D’ÉDITION DIRECTEUR PRÉPRESSE de la perte ou de Alexis Berg/L’Équipe VENTES, PUBLICITÉ Jérôme Cazadieu Isabelle Talès ET FABRICATION PRÉSIDENTE la détérioration 40-42, quai du Point-du-Jour Laurent Crocis Bruno Jeanjean Aurore Amaury des textes ou des photos 92100 Boulogne-Billancourt RÉDACTRICE EN CHEF Olivia Blondy non demandés T. 01 40 93 20 20 Géraldine Catalano PHOTOCOMPOSITION DIRECTEUR GÉNÉRAL qui lui sont adressés. F. 01 40 93 24 92 DIRECTION ARTISTIQUE PHOTOGRAVURE Kevin Benharrats La reproduction, CCP Paris 9 427 90 C RÉDACTION EN CHEF Bertrand Lacanal SAS L’Équipe même partielle, Jean-Michel Brochen Yann Le Duc DIRECTRICE GÉNÉRALE de tout article ou photo Origine du papier : Allemagne PRÉSIDENTE Pierre Callewaert Pierre Wendel IMPRESSION ADJOINTE publié dans Ce magazine est imprimé Aurore Amaury Imanol Corcostegui Newsprint Christèle Campillo le Magazine L’Équipe chez Newsprint et Roto France RESPONSABLES ICONOGRAPHIE Roto France est interdite. certifié PEFC. DIRECTEUR GÉNÉRAL, REPORTAGE Anne-Laure Vallet EXÉCUTION-PLANNING Eutrophisation : PTot 0,003 kg/tonne papier DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Karim Ben-Ismaïl Antony Ducourneau Service abonnements Nadia Lanak COMMISSION PARITAIRE Jean-Louis Pelé Chrystelle Bonnet T. 01 76 49 35 35 Philippe Leriche N°1222 K 82523 Anne-Sophie Bourdet ISSN 02453312 ÉDITEUR Jean-Christophe Collin Éric Matton Bruno Garay Nicolas Herbelot Françoise Inizan 7
Avec le Don de Giga, plus on est nombreux plus on est solidaires. Bouygues Telecom lance le Don de Giga pour lutter avec ses clients contre l’exclusion numérique. Soyez nombreux à nous soutenir, c’est grâce à vous tous que nous distribuerons des forfaits et des téléphones à ceux qui en ont besoin*. Soutenez l’opération sur bouyguestelecom.fr/dondegiga En partenariat avec la Croix-Rouge française. *Dans *Da ans la limite limit ite te de 20 000 0 forfaits for fo orf rfa fait its ts et 10 000 0 00 smartphones. smart rttpho hon one nes es.
SOMMAIRE COVER STORY On ne veut pas gâcher un effet qui vous a peut-être échappé mais voilà : si vous lais- sez dormir ce numéro du magazine L’Équipe assez longtemps aujourd’hui sur la table de la cuisine, la une peut vous réserver une surprise la nuit prochaine. Disons que pour trouver cette idée lumineuse, on a phospho- ré... L’inspiration est enfantine et ludique, précise Yann Le Duc, le directeur artistique : c’est un rappel des ciels étoilés qu’on colle au plafond des chambres d’enfants pour tromper leur peur du noir, rien de plus. En photo, il fallait un geste universel, pour n’en exclure aucun. La course d’un trailer saisi par Alexis Berg dans un halo s’est imposée. Il fallait assez de points lumineux pour pro- duire cette phosphorescence dans le noir. Pour que ça marche, laissez la une au moins cinq minutes en pleine lumière (vingt pour une « charge » totale). Vous vérifierez alors ce que décrit Armel Le Cléac’h dans ces pages : le noir total n’existe pas. C’est l’idée de cette couv. 12 Le SAV 14 L’image 16 La story 18 Le brief AGITÉES 34 20 La chronique La nuit précédant les grands exploits est source de belles et savoureuses histoires. 22 38 L’Équipe – Stéphane Lavoue/L’Équipe – Alexis Berg/L’Équipe COGITÉES NATURELLES Les veilles de match, en tant que joueur ou comme L’ultra-trailer Xavier Thévenard entraîneur, ont toujours dispute des compétitions de favorisé la réflexion nuit. Des courses sous la lune de Didier Deschamps. partagées avec cerfs et chouettes. 9
52 SOMMAIRE 44 HOULEUSES Armel Le Cléac’h a vécu deux naufrages en haute mer et en pleine nuit. 46 LUMINEUSES Le sport n’attend pas toujours que le soleil se lève. Portfolio nocturne. FESTIVES Antoine Boucherie raconte trois Bernard Le Bars/L’Équipe – Thomas Stöckli/ Red Bull Content Pool – Alexis Réau/L’Équipe – Étienne Garnier/L’Équipe décennies de troisièmes 62 mi-temps au « Bedford Arms » à Saint- Germain-des- Prés. 65 Noir tendance 80 Moteurs 68 Vitrine 83 médias 74 Must 96 Collection privée MÉMORABLES 76 Coach sommeil 98 Fenêtre sur corps Victor Yoka, le père de Tony, se souvient de sa nuit magique à Kinshasa quand il a assisté au combat Ali-Foreman en 1974. 78 Jour de food 10
LE BRIEF Le SAV Qui a brillé, qui s’est planté, qui a fait parler ? Le magazine passe au crible l’actu des héros des derniers numéros. Cette semaine, ils ont bien tenu les huit rounds. Au plaisir ! À demain ! Vous avez rajeuni de trente ans en Et voilà ! Le biathlon a repris sur la découvrant Mike Tyson en une du chaîne L’Équipe et vous n’avez plus dernier numéro ? Nous aussi. Vous que son nom à la bouche. Oui, Émilien avez eu envie de resauter dans un Jacquelin est un jeune plein d’avenir. short en satin pour mettre des tartes Surtout au tir debout, préciserez- aux copains ? Lui aussi, c’est ce qu’il a vous, puisque vous avez dévoré fait samedi contre un autre quinqua, notre dernier décryptage. Et s’il s’est Roy Jones Jr. On l’a pris sans se lancé tranquille le week-end dernier pincer le nez, pour le simple plaisir (8e au sprint et en individuel) en de les revoir. Et à la fin du match Finlande, vous savez déjà qu’il est sur (nul), on n’avait rien à regretter. les traces de Fourcade. Alexis Réau/L’Équipe - Frédéric Mons/L’Équipe - Paulo Texeira - Pierre Lahalle/L’Équipe À jamais ! Au sifflet ! Quelle légende repose vraiment en Stéphanie Frappart arbitre le foot paix ? Pas Diego Maradona, en tout au plus haut niveau. Alors chaque cas. Les larmes de ses admirateurs jour, expliquait-elle, elle s’impose n’avaient pas séché que son médecin des heures de travail physique pour était visé par une enquête pour tenir le rythme. Meilleure arbitre homicide involontaire. Puis une du monde en 2019, elle a dirigé joueuse espagnole, Paula Dapena, la Supercoupe en août. Et elle était, craignait pour sa vie après avoir mercredi, sur le terrain refusé de rendre hommage à de Juventus-Dynamo Kiev, l’homme qui, a-t-elle dit, n’était pas la première femme à tenir le sifflet un modèle de respect des femmes. en C1 masculine. 12
LE BRIEF L’IMAGE DE LA SEMAINE CRIS ET DÉCHIREMENTS Dans la nuit de Buenos Aires, près de la Casa Rosada, le palais présidentiel, ce 26 novembre, c’est tout un peuple qui hurle son amour et son désespoir. Son amour pour Diego Armando Maradona, celui qui a redonné fierté et honneur au pays en 1986 en remportant le Mundial mexicain. Son désespoir d’avoir appris la veille le décès à 60 ans, d’une crise cardiaque, du Pibe de Oro, l’idole à qui les Argentins pardonnaient excès et frasques. PHOTO RICARDO MORAES/REUTERS 14
15
LE BRIEF Jimmy Connors, guerrier de la nuit en 1991 à Flushing. LA STORY Et l’US Open alluma la lumière Le 27 août 1975, l’Américain Stan Smith et le Néo-Zélandais Onny Parun étrennent la première « night session » de l’US Open. Les matches de nuit vont devenir la signature du tournoi. PAR BRUNO GARAY L ’année 1975 est celle de tous les changements pour l’US Open. Non seulement le tournoi qui se dispute alors à Forest Hills, dans le Queens, abandonne le gazon pour une terre battue verdâtre baptisée « har- tru », mais elle voit pour la première fois des matches se disputer en nocturne. Des projecteurs pour raviver l’atten- tion du public sur les courts de la cité qui ne dort jamais, c’est raccord. En outre, Tony Trabert, le directeur de l’Open, n’ignore pas que le site va faire place d’ici trois ans à un spot flambant neuf à Flushing Meadows, près de l’aéroport de La Guardia. Alors autant anticiper la modernité. Pour l’historien du tennis Paul Fein, « Trabert avait compris que des millions de gens qui travaillaient de 9 heures à Le match le plus calamiteux en nocturne à l’US Open a eu lieu à 17 heures ne pouvaient assister aux matches. C’était une Flushing Meadows en 1979 entre McEnroe et Nastase avec insultes, idée brillante que de rendre ainsi le sport accessible aux bronca, bagarre dans les tribunes ou jets de canettes sur le court. masses. » On pourrait ajouter que c’est aussi une manne supplémentaire pour le trésorier du tournoi et un appel du pied à CBS en vue de ses futurs prime time. Le match envisa- une nuit de 1979 que se tient le match le plus calamiteux de gé pour lancer cette innovation devait être un Ilie Nastase- l’histoire entre Ilie Nastase et (encore) John McEnroe dans Bob Lutz, mais le Roumain bataillait dans un match décalé les jets de canettes et les glaviots du public. C’est de nuit que Alamy/PCN Photography – usopen.org/DR – Jean-Marc Pochat/L’Équipe d’un tournoi du New Jersey. Aussi, c’est Stan Smith et Onny Jimmy Connors, 39 ans, titulaire d’une wild-card en 1991, Parun qui entrent sur le court en cette chaude soirée du renverse la vapeur contre Patrick McEnroe, alors qu’il est 27 août 1975. L’Américain de 29 ans s’est imposé ici en 1971 mené 2 sets à 0, 3-0, 0-40 sur son service, et se qualifie pour et part favori devant son adversaire d’un an son cadet, mais le les demi-finales. C’est encore de nuit que les sœurs Williams Néo-Zélandais s’impose finalement 6-4, 6-2 devant se défient en finale de l’édition 2001 trois jours avant l’effon- 4 949 noctambules ravis de l’expérience. Un match très drement des tours du World Trade Center. L’US Open va faire moyen qui entrera pourtant de plain-pied dans la légende en école puisque les night sessions débarquent à l’Open d’Aus- constituant la signature visuelle du tournoi. tralie dès 1988. À Roland-Garros, sur un central nanti d’un Certaines night sessions produiront parmi les matches les toit et d’un éclairage, quelques matches se sont terminés de plus dramatiques de son histoire. C’est lors d’une rencontre nuit en 2020, dont un Nadal-Sinner conclu à 1 h 26. L’an pro- nocturne entre John McEnroe et Eddie Dibbs qu’un specta- chain de véritables sessions de nuit spécifiques sont annon- teur est atteint par la balle d’un sniper, en 1977. C’est durant cées. Et seront réservées à des téléspectateurs payants. l 16
SIREN 572 056 331
LE BRIEF Il était 5 heures du matin... C’est au cœur de la nuit que les Français ont vécu, devant la télé ou le transistor, quelques grands moments de l’histoire du sport. C’était à l’autre bout du monde et ça s’est passé à… PAR P. CA. ET J.-M. BR. 03:25 BOLT III. Il est 22 h 25 à Rio de Janeiro ce 02:45 PÉREC AU FIRMAMENT. C’est au 14 août 2016, et 3 h 25 devant les écrans à Paris. Usain cœur de la nuit française que Marie-José Bolt prend le départ de sa troisième finale olympique du Pérec réussit la merveille de sa carrière en 100 mètres, et va remporter en 9”81 sa troisième médaille gagnant le 200 mètres des Jeux d’Atlanta, sa d’or sur la distance reine. Il était 16 h 30 à Paris quand il troisième médaille d’or olympique. Ce 1er août avait gagné en 2008 (22 h 30 à Pékin), et 22 h 50 à Paris 1996, il était 20 h 45 pile au Centennial Olym- pour son deuxième titre en 2012 (21 h 50 à Londres). pic Stadium quand le starter a libéré les sprinteuses. 21”99 plus tard la Française entrait dans l’histoire. Autre exploit : moins de quatre heures après, un bouclage décalé 05:09 BRISSON ET LES BLEUS EN OR. À Los permet à la Divine Pérec de s’afficher rayon- Angeles, devant les 100 000 spectateurs du Rose nante en une de L’Équipe. Bowl de Pasadena, François Brisson inscrit de la tête le premier but français en finale olympique contre le Brésil. À 5 h 18, Daniel Xuereb double la mise (2-0). Pour vibrer en direct, il faut écouter la Didier Fèvre/L’Équipe - Collection L’Équipe - Sébastien Boué/L’Équipe - Scott Cunningham/NBAE/Getty Images - L’Équipe - Denys Clément/L’Équipe radio dans cette nuit du 11 août 1984. À la télé française, le match, qui avait commencé à 4 heu- res (19 heures à LA), n’est diffusé qu’en différé, à partir de 7 h 30 sur Antenne 2. 05:00 JORDAN, THE LAST SHOT. Ce 14 juin 1998, il 06:30 L’ESSAI DU BOUT DU MONDE. Auck- reste 18,9 secondes à jouer dans le match 6 des finales land, 3 juillet 1994. Les Bleus sont menés 20-16 NBA Bulls-Jazz, à Salt Lake City. Chicago mène 3-2, Jor- par les All Blacks. À trois minutes de la fin de ce dan a un sixième titre au bout des doigts quand il déclen- test, Philippe Saint-André lance la charge collec- che son tir. 87-86 pour les Bulls, dont 45 points pour tive qui marquera l’histoire. Deylaud, Benazzi, Jordan. Le dernier match et le dernier tir d’une légende. Ntamack, Cabannes, Delaigue, Accoceberry et Sadourny qui aplatit. Victoire 23-20. Le French Flair a signé son chef-d’œuvre, « l’essai du bout du monde », et du bout de la nuit. 03:00 CERDAN CHAMPION DU MONDE. Quand Marcel Cerdan monte sur le ring le 21 septembre 1948 à Jersey City pour prendre à Tony Zale sa ceinture de champion du monde des moyens, la France s’apprête à passer une nuit blanche. La Radiodiffusion retransmet le combat, la consommation d’électricité explo- se. Et L’Équipe organise une « Nuit Cerdan » au Ciné-Radio Montmartre avant de distribuer son édition spéciale au petit matin. 18
CHRONIQUE PIERRE ADRIAN Nostalgie de l’autocar la nuit F red a pris la parole. Il a dit : « Au fond, ce qui me manque le plus, c’est les trajets d’auto- car. Ouais, je pensais pas... Mais t’as pas connu la vie de supporter si t’as pas vécu un dép’ en autocar. Nous les vieux, on se met à l’avant et on laisse les petits jeunes faire les cons à l’arrière. On sait ce que c’est, on a été à leur place. Y a toujours des abrutis pour prendre un ecstasy alors qu’il reste huit heures de car à bouffer. Les mecs foutent le bordel, on les calme une fois, deux fois, et puis ils vivent leur défonce tout seuls dans leurs écou- teurs. Maintenant y a moins de bière qu’avant et plus de dope. Ça arrange le conducteur parce qu’avec la bière, t’avais toujours un mec qui voulait pisser. À chaque aire d’autoroute c’est la même histoire. On prévient : pas de vol à la boutique, pas de tags dans les chiottes, pas d’emmer- PIERRE ADRIAN EST ÉCRIVAIN. DERNIER OUVRAGE PARU : « LES BONS GARÇONS », AUX ÉDITIONS DES ÉQUATEURS. des. Et puis on remonte dans l’autocar. Il manque jamais personne et je me dis à chaque fois que c’est un miracle. L’autocar la nuit, c’est la saveur chaude des soirs de semaine, des matches de Coupe UEFA contre Boavista, à Leverkusen, à Prague… C’est des postes frontières désaffectés passés dans le halo des réverbères. » Fred a fouillé dans son tabac à rouler et il a continué : « J’ai fait bon nombre des villes de France et d’Europe mais ce que j’en connais c’est moche : les fouilles sur les parkings des zones commer- ciales, les boulevards périphériques, les couloirs en béton. On avale des heures d’autocar pour se faire tasser comme du bétail et poiroter dans le froid. Faut voir ce qu’on prend sur la gueule aussi. Des bouteilles de pisse, des piles, des boulons, des batteries de Nokia... Alors maintenant que je suis un ancien, l’autocar je m’y sens bien. Si je remonte dedans après un match, c’est que y a pas eu de drame. On parle du prochain déplacement, de nos femmes et de nos filles. On se montre des photos, on dort un coup. On finit par connaître la route par cœur. Une enseigne aux néons au bord de l’autoroute, une station-essence, et on sait qu’on approche de la maison. Il fait une chaleur à crever et y a une odeur de sueur séchée, de tabac froid, le ronron de la climatisation. T’as les lèvres fendues, les joues qui brûlent. Tu sais jamais où foutre tes jambes, c’est comme ça… Je connais les modèles : le Savac couleur framboise écrasée, le Delion des années 1990, les cars Denis, les Rei- sen machin de hooligans allemands… Et puis y a une odeur typique de car, non ? On se fait lâcher en ville à quatre heures du mat’. Les mecs sortent comme des cloportes. T’en as qui partent embau- cher dans la foulée. Ils disparaissent dans la nuit et tu les revois plus avant le week-end suivant. » Fred a sorti la boîte métallique où il range son herbe. Les yeux tristes, il s’est roulé un nouveau Uli Knörzer pétard. « C’est quand on te retire un truc que tu te sens attaché. Avec le huis clos, les copains du stade je les vois même plus. Et putain ça me manque l’autocar la nuit… » l 20
Avec un peu d’entraînement, on peut tous pratiquer un sport responsable. Un événement de 5 000 personnes génère plus de 2 tonnes de déchets, consomme en moyenne 1 000 kWh d’énergie et 500 kg de papier*. On se doit de réagir pour que le sport ait un impact positif sur l’environnement. En faisant équipe avec les fédérations sportives, les associations, les clubs, les pratiquants et bénévoles, MAIF soutient et agit pour faire du sport un sport responsable. Offrir aux équipements sportifs une seconde vie, réduire les déchets lors des événements, adopter une utilisation raisonnée des ressources, de l’alimentation au textile… Ensemble, faisons que le sport soit bon, aussi, pour la santé de la planète. #ChaqueActeCompte Retrouvez toutes nos actions sur entreprise.maif.fr/sport *Source : Ademe : guide Poitou-Charentes des Eco-manifestations, janvier 2014. MAIF - société d’assurance mutuelle à cotisations variables - CS 90000 - 79038 Niort cedex 9. Filia-MAIF - société anonyme au capital de 114 337 500 € entièrement libéré. RCS Niort 341 672 681 - CS 20000 - 79076 Niort cedex 9. Entreprises régies par le code des assurances.
LA NUIT D’AVANT Les nuits qui précèdent les exploits les plus retentissants et les échecs les plus piteux regorgent de petites et grandes histoires où se mêlent insomnies, peurs, sexe, empoisonnement ou ivresse. Souvent agitées, elles sont un véritable roman du sport. PAR NICOLAS HERBELOT 22
RÉCIT «L a nuit d’avant ? Vous êtes sûr de ne pas vouloir parler plu- tôt de la nuit d’après ? Parce que là, j’aurais des anecdo- tes savoureuses ! » Ce fut comme un refrain entêtant au bout des fils qu’on a ten- dus. Évidemment, il eût été plus aisé de plonger dans ces nuits épicées pour y puiser des histoires sucrées-salées par pelletées. Mais franchement, le lâcher-prise des sportifs une fois les vacances venues dit finalement peu de choses, le doux parfum des victoires et l’odeur âcre des défaites finissant par se confondre dans l’anosmie des mêmes culs de bouteille. La nuit d’après est dans le fond aussi pré- visible que la nuit d’avant, suscite le mystère et nourrit les fantasmes. Cela dit, la nuit d’après de certains est toujours la nuit d’avant d’autres. C’est même le quotidien des quinzaines olympiques, où plus de 10 000 jeunes gens du monde entier se croi- sent et s’entrecroisent dans un village que les orga- nisateurs arrosent désormais de préservatifs. La veille de la finale du 5 000 m des Jeux de Tokyo 1964, le grand favori Michel Jazy, alors icône du sport français, en fut la victime. « J’entendais tout ce qui se passait dans le pavillon, c’était la fête, je n’avais pas fermé l’œil de la nuit, raconte-t-il. À tel point qu’à 23 heures, je suis allé retrouver mon épouse à l’hôtel, au centre de la ville, à 15 km, en courant. Je l’ai fait descendre, on a discuté une demi-heure puis elle m’a dit de retourner au village et d’essayer de dor- mir. Je suis rentré en courant, et là je me suis endor- mi. » Jazy affirme que ces 30 km de footing nocturne ne sont pas la raison de sa panne de jambes à 80 mètres de la ligne d’arrivée, quand il vit trois mecs le dépasser pour l’éjecter du podium – un drame national –, mais on est en droit d’en douter. Recordman du monde du 50 km marche, discipline matutinale, Yohann Diniz a pris l’habitude de croiser les fêtards de retour au bercail à l’heure où, bien réveillé dans la nuit noire, il guettait lui les premiè- res lueurs des grands jours. « Au début, ça m’a fait drôle, dit-il. Croiser des mecs qui sentaient l’alcool et ne mesuraient pas ce que je m’apprêtais à vivre. Au village olympique, en dernière semaine, il y a plus de gens qui font la java que de compétiteurs. Avec l’expérience, j’ai appris à mettre un voile sur ma bul- le. La nuit d’avant, on ne dort de toute façon pas sur ses deux oreilles. L’adrénaline monte, je crains de ne pas me réveiller... » Comment s’était-il endormi Le 31 mai 1965, Jacques avant de battre le record du monde en 2014, à l’Euro Anquetil (à g.) réalise de Zurich ? « En prenant un bon livre, mais du léger, un exploit : au lendemain les Chroniques de San Francisco d’Armistead Mau- du Critérium du Dauphiné, pin. » Jusqu’à ce que sommeil s’ensuive. après avoir dormi une heure Avant d’effacer Sergueï Bubka des tablettes avec seulement, il remporte 6,16 m, Renaud Lavillenie, lui, avait eu recours à « un Bordeaux-Paris. Miroir des Sports bon film, la Légende de Bagger Vance, que je regar- dais en boucle. » La quête du graal d’un golfeur per- du (Matt Damon) aiguillé par un caddy métaphysique 23
RÉCIT (Will Smith)... « Et ensuite, un montage de sauts et nuit en se couchant la veille fatigué, en ayant limité concours réussis. » Une sorte d’imagerie positive. sieste, exposition lumineuse ou caféine. Même si Comme Kevin Mayer la nuit d’avant son record du 25 % de la population y est insensible, les sportifs en décathlon, en 2019 : « Tous les concours de dunks de boivent de moins en moins avant le jour de la compè- NBA depuis 1990, un grand kif ». te, une stratégie de sevrage de l’armée américaine Mais on ne choisit pas souvent ses rêves. Le matin jusqu’à la mission. La privation et la restriction de de sa finale historique de Roland-Garros face à Mats sommeil ont surtout un impact sur le mental du Wilander, en 1983, Yannick Noah dit à son coach, sportif, sur sa prise de décision, mais pas de manière Patrice Hagelauer : « Il m’est arrivé un truc incroya- immédiate sur son physique. Sauf nuit blanche, bien ble cette nuit. Je me suis réveillé au beau milieu, sûr, mais elles sont rarissimes. » Ou, plus exacte- j’étais en nage. J’ai joué mon match et je l’ai perdu. » ment, elles le sont devenues. Comme quoi, l’idée répandue selon laquelle il ne Avec la professionnalisation du sport, les regroupe- faut surtout jamais jouer son match avant… « Le ments nocturnes où l’on se fait des promesses, gen- danger est de s’enfermer dans un schéma qui ne se re serment de jeux de mômes, « à la vie à la mort », déroule pas comme prévu, reprend Lavillenie. Mais demeurent, mais pas les nuits de bringue d’avant il faut désacraliser la nuit d’avant. Tu rentres forcé- match. Du moins officiellement. Jadis, elles faisaient ment dans ta compète. Il faut la prendre comme elle partie du folklore du sport, au même titre que la vient, dormir si tu en ressens le besoin, se faire une « police absolue » que faisait régner le gendarme balade nocturne si tu n’y arrives pas. La plus impor- Guy Roux à Auxerre. Les pionniers peroxydés du tante, c’est presque l’avant-dernière nuit. » hand français, au sommet du monde en 1995, ne Selon Mounir Chennaoui, docteur en physiologie à s’appelaient pas les Barjots par hasard. Mais la l’Institut de recherche biomédicale des armées méthode s’est dissoute dans les douces nuits olym- (IRBA) et l’un des meilleurs spécialistes du sommeil des sportifs, la gestion de cette fameuse nuit d’avant dépend de nombreux paramètres : sportif expéri- menté ou non, avec un chronotype du matin ou du soir, horaire de la compétition, sport individuel ou « IL FAUT PRENDRE CETTE NUIT collectif, explosif ou d’endurance… « C’est de l’horlo- gerie suisse. » Mais il y a des fondamentaux à respec- COMME ELLE VIENT, DORMIR ter : « La récupération, sur le plan endocrinien, du système nerveux central, se fait la nuit. Il ne faut pas SI BESOIN, FAIRE UNE BALADE croire que la sieste va tout récupérer. Elle n’est qu’une rustine, une contre-mesure d’une dette chro- SI ON N’Y ARRIVE PAS » L’Équipe nique de sommeil. L’idée est plutôt de sanctuariser la Renaud Lavillenie 24
RÉCIT La nuit avant son titre à Roland-Garros en 1983, Yannick Noah avait rêvé qu’il perdrait le lendemain... La veille de la finale du 5 000 m des J0 1964, Michel Jazy (en tête à g.), lui, s’était lancé dans un footing nocturne de 30 km parce qu’il n’arrivait pas à dormir. Philippe Caron/L’Équipe
RÉCIT WILT CHAMBERLAIN PRÉTENDAIT COUCHER AVEC PLUSIEURS FEMMES LA NUIT PRÉCÉDANT SES EXPLOITS Parfois, la nuit quasi blanche n’est pas un choix. Le lundi 31 mai 1965, L’Équipe titre : « Anquetil entre dans la légende ». Le grand Jacques venait de réali- ser un exploit « vélocipunique » en s’adjugeant Bor- deaux-Paris au lendemain du Critérium du Dauphiné. Entre les deux, une heure de sommeil ! Le samedi à 17 heures, Anquetil boucle à Avignon une semaine de combat intense contre un très bon Ray- Le secret de Mélina Robert-Michon pour battre mond Poulidor. Cérémonie protocolaire express, un des records en dormant peu : « C’est ma fille qui bain rapide à 17 h 20, un steak tartare avalé et le voilà m’a entraînée à cela durant quatre ans. » qui file en Ford Tonus à 17 h 55 vers Nîmes, où le pré- sident Charles de Gaulle, grand fan, lui a fait affréter un Mystère 20 du Glam (l’unité de l’armée alors en charge des liaisons ministérielles) pour un décolla- ge à 18 h 56 vers Bordeaux. Là, sur la ligne de départ, piques d’Atlanta, où ils arrivèrent favoris et échouè- à 1 h 30 du matin, Anquetil fait aussi grise mine que rent en roue libre au pied du podium, au grand dam le ciel est plombé. Il a 567 km à se taper et prévient du coach Daniel Costantini, incapable d’endiguer les photographes qu’il n’ira pas au bout de cette leur dérive festive. folie. Son directeur sportif, Raphaël Geminiani, l’a-t- Certains champions s’en sont pourtant parfois sor- il vraiment traité de « danseur de tango » ? En tout tis au lendemain de nuits « so rugby ». Ainsi, Claude Spanghero, qui avait usé tous les zincs de Paris avant d’affronter l’Angleterre à Colombes en 1972 : « Le matin du match, je rentre à 8 h 30 avec la veste de l’équipe de France et je croise (l’entraîneur) Michel Celaya, qui me dit qu’il me trouve bien mati- nal. Je lui réponds que j’aime me lever tôt les jours de grands matches. On a marqué six essais aux Anglais pour leur plus grosse défaite en France (37-12) et j’ai été élu homme du match. » Patrick Salas, lui, ne devait pas jouer le fameux test contre les All Blacks, le 14 juillet 1979, première victoire du quinze de France en sol néo-zélandais (24-19). La veille, il va au pub, fait une rencontre, rentre à l’hôtel, « fait parler la kalachnikov toute la nuit » mais se « pointe quand même au p’tit déj à 7 h 30 »… où il apprend qu’il va devoir suppléer un joueur blessé. « Sur le coup, j’ai été pris d’une peur pani- que. » Rassuré par Jean-Pierre Rives, Salas décou- pera Graham Mourie au ras de la mêlée pendant tout le match. Stéphane Mantey/L’Équipe - L’Équipe Dans la nuit du 9 au 10 juillet lors du Tour 1980, Bernard Hinault annonce aux organisateurs qu’il abandonne. Alors qu’il dort, Joop Zoetemelk ne se doute pas que la Grande Boucle est en train de tourner en sa faveur... 26
En 1990, Andre Agassi était plus préoccupé par sa perruque en décomposition que par sa finale (perdue) ami, estime Chennaoui. Il est un fac- à Roland-Garros. teur déstressant qui permet de lutter contre l’installation de l’angoisse, mais il ne favorise pas la qualité du sommeil car il augmente les endor- phines et la température centrale, deux éléments qui retardent l’endor- missement. Et puis le sexe peut être traître s’il est pavlovien. Les sportifs sont très routiniers, superstitieux, alors s’il s’inscrit dans une routine d’endormissement, il devient problé- matique. » Parmi tous les sportifs qui ont convoqué Pavlov sur le sujet, il est très difficile de faire le tri des vantards et des vautours. Tous mâles d’ailleurs. Quand le journal Bild affir- me, en 1992, que la descendeuse canadienne Kerrin Lee-Gartner a conquis l’or olympique à Albertville après quelques galipettes avec son mari la nuit précédente, celle-ci répond malicieusement : « Je ne livrerai pas mes secrets mais, quoi qu’on ait fait, ça a marché ! » Première grande légende de la NBA, Wilt Chamberlain prétendit dans une biographie en 1991 avoir couché avec 20 000 femmes. Dont plusieurs la nuit précédant ses exploits, notam- ment son match à 100 points en 1962. Des journalistes américains très sérieux ont calculé que cela équivalait à 1,5 femme par jour pendant trente- sept ans pour cet ancien lycéen timide devenu insomniaque et adepte notoi- re des trios intimes. Invérifiable. Lors cas, il a trouvé les mots. Anquetil débarquera en solo d’un show télé de 2015, Mike Tyson révéla, lui, que au Parc des Princes le fêtant en héros. Ce défi à la c’était l’excès de sexe, avec des employées de l’hôtel démesure du quintuple vainqueur du Tour restera tokyoïte où son entourage l’avait cloîtré pour qu’il l’une de ses plus grandes fiertés et sera en partie reste concentré sur son combat, qui lui avait coûté sa responsable de sa tardive popularité. première défaite, contre Buster Douglas en 1990. Pendant l’Euro de hand 2000 en Croatie, c’est un Une déflagration dans le monde du sport. Difficile à barouf savamment orchestré par leurs hôtes qui prive commenter au sujet d’un homme qui ira en prison les Bleus de sommeil avant leur rencontre décisive un an plus tard pour viol. contre les locaux. Le nul final (26-26) suffira aux Fran- En tout cas, on est aux antipodes de Muhammad Ali, çais pour se qualifier pour les demies… et éliminer les qui préconisait l’abstinence les six semaines précé- Croates. En 2016, aux Jeux de Rio, Mélina Robert-Mi- dant un combat. Fan d’Ali, Bob Beamon avait fait sien- chon n’a pas dormi des masses non plus, quatre-cinq ne sa recommandation. Après une adolescence heures max, entre les qualifs du disque le soir à 22h30 agitée, il s’était découvert du talent pour sauter loin et et la finale le lendemain matin à 11 heures. Elle y gla- avait décidé de ne pas le gâcher les nuits avant ses na pourtant de l’argent, pour ses 5es JO, enfin, à 37 ans. compétitions. Et puis, à Mexico en 1968, hébergé dans « On m’a demandé comment j’avais réussi à battre une villa, il a failli à son principe avec sa maîtresse de mon record de France (66,73 m) en ayant aussi peu l’époque. Il racontera à son biographe qu’il rumina dormi. Je crois que c’est ma fille qui m’a entraînée à son erreur jusqu’à l’heure H, convaincu que cela lui cela tous les jours durant quatre ans…» coûterait cher. On connaît la suite : Beamon retombe à Si tout le monde s’accorde à proscrire la nuit blan- 8,90 m et améliore le record du monde de 55 cm. che, a fortiori alcoolisée, la question du sexe divise Casey Stengel, le grand coach des New York Yan- /L’Équipe beaucoup plus. « Le sexe la nuit d’avant est un faux kees, franchise dominante du baseball des années 27
RÉCIT La seule fois où il a fait une entorse à son principe d’abstinence sexuelle les veilles de compétition, à Mexico en 1968, Bob Beamon a pulvérisé le record du monde. soutenir leur conjoint. Des médias locaux avaient ten- té de mettre de jeunes hommes dans leurs pattes pour vendre du papier. Peter Bonetti passa ainsi la nuit d’avant à chercher sa femme partout. Or, il suppléera au dernier moment le grand gardien Gordon Banks, victime d’une intoxication, encaissant trois buts piteux alors que l’Angleterre menait 2-0. Cela fait écho aux propos de Frank Lebœuf concernant la défaite inau- gurale de la France contre le Sénégal lors de la Coupe du monde 2002 (0-1). Le défenseur se demandait 1950, a probablement tout résumé d’une formule : comment les Bleus pouvaient rester concentrés, «Ce n’est pas le sexe qui pénalise la performance ath- alors que leurs adversaires partageaient le même létique mais le fait de passer toute la nuit debout à la recherche d’une fille ». Le sexe peut néanmoins tra- vailler le sportif de manière insidieuse. Sir Alf Ramsey, coach de la seule Coupe du monde de foot remportée par l’Angleterre, en 1966, glissera ainsi au début des « J’AI PERDU UNE COUPE DU 70’s à Brian James, célèbre journaliste qui l’interro- geait sur la présence des compagnes dans le même MONDE À CAUSE DES FEMMES, hôtel que les joueurs : «J’ai perdu une Coupe du mon- de à cause des femmes, je n’ai pas l’intention d’en per- JE N’AI PAS L’INTENTION dre une autre ». Il faisait allusion au quart de finale perdu de 1970 contre la RFA. Quatre pionnières des D’EN PERDRE UNE AUTRE » WAGS avaient fait le déplacement au Mexique pour Alf Ramsey, coach de l’Angleterre de 1963 à 1974 La femme de Peter Bonetti (à droite) en 1970 au Mexique. Avant le quart perdu contre la RFA, le gardien anglais passera la nuit à la chercher. Entré en cours de jeu, il encaissera trois buts. L’Équipe - Popperfoto/Getty Images 28
Des Technologies pour la vie www.bosch.fr Depuis de nombreuses années le groupe Bosch travaille à la protection du climat et la qualité de l’air. D’ici fin 2020, Bosch sera neutre en carbone sur ses 400 sites dans le monde et Bosch France sera au rendez-vous ! ©Shutterstock-Nopporn
RÉCIT « LA NUIT AVANT LA PESÉE, JE SURSAUTAIS, JE ME DISAIS : “C’EST BON, JE SUIS ENCORE EN VIE” » Zarah Fairn, combattante de MMA La nuit précédant leur finale perdue (15-12) du Mondial 1995 contre l’Afrique du Sud, tous les All Blacks sauf trois étaient malades, victimes d’un empoisonnement malveillant. À droite, la Française Zarah Fairn en a bavé avant les pesées. hôtel que leurs compagnes, sujet sur lequel El-Hadji Diouf le chambra pendant toute la rencontre… Banks a longtemps écarté l’hypothèse d’un empoi- sonnement malveillant avant de s’interroger sur le tard tant le monde du sport en a vu d’autres. Souve- nez-vous des rumeurs sur la nuit de la star brésilien- ne Ronaldo avant sa finale en 1998 contre la France. On a parlé d’un épisode dépressif sévère ou d’une injection pour soigner son genou pour expliquer sa crise de spasmes, d’apparence épileptiques, à la nuit, j’ai enchaîné les bains brûlants. Entre, je me mi-journée. Mystère. Ronaldo, qui a finalement joué, a mettais sous ma couette et mes couvertures. J’étais tout réfuté, y compris devant le parlement brésilien. en contact avec ma famille, qui était très inquiète et La plus grande histoire d’empoisonnement avérée me répétait de ne pas rester seule. Je leur répondais demeure celle des All Blacks avant leur finale contre que ça allait. Mais non. J’avais peur de ne pas me l’Afrique du Sud à Johannesbourg, en 1995. À l’excep- réveiller. Je m’assoupissais, je sursautais, je me tion de trois joueurs n’ayant pas mangé lors d’une col- disais : “Ah, c’est bon, je suis encore en vie.” Je me lation deux jours avant le match, tout le reste de suis juré de ne plus jamais revivre ça. » Fairn a fait le l’équipe était encore malade la nuit précédant le poids puis gagné. « Mais je n’en étais pas fière. Je ne match. L’affaire fut tue pour ne pas donner d’armes veux pas que la génération suivante prenne ce risque. aux «Sudafs». Mais le coach, Laurie Mains, demanda Cette nuit-là, j’ai eu la chance de ne pas y être passée, à un privé d’enquêter. Susie, une serveuse, admettra mais j’aurais pu. » les avoir drogués avec du « indian trick », une herbe Parfois, on ne dort pas pour des raisons plus incon- sans saveur déclenchant de terribles maux gastri- grues. La nuit avant sa première finale de Roland- ques. Rory Steyn, ex-chef de la sécurité de Nelson Garros, en 1990, la perruque d’Andre Agassi est Mandela, le confirmera des années après. Selon lui, victime d’un shampoing mal rincé sous la douche. Il Didier Fèvre/L’Équipe - Jeff Bottari/Zuffa LLC/Getty Images Susie avait été payée par un syndicat de paris sportifs appelle son frère à la rescousse pour la bricoler à coup est-asiatique. d’agrafes mais s’inquiétera ensuite beaucoup plus Dans les sports à catégories de poids (boxe, lutte, d’elle que de son match, perdu, contre Andres Gomez. judo…), la nuit la plus terrible est l’avant-dernière car C’est sa première femme, Brooke Shields, qui con- elle est veille de pesée. Faire le poids coûte que coû- vaincra plus tard le Kid d’assumer sa calvitie et Agassi te. Le témoignage de Zarah Fairn, débarquée en Chi- ne prendra sa revanche qu’en 1999, en gagnant finale- ne sans encadrement pour un combat de MMA au ment Roland… chauve. Le 15 janvier 2001, moins de début de sa carrière, est de ce point de vue terrible : deux heures avant sa finale contre le même Agassi, la « Je venais de changer de catégorie, de 70 à 66 kg. La première d’un Français à l’Open d’Australie depuis la veille de la pesée, j’avais encore 4-5 kg en trop. La victoire de Jean Borotra en 1928, Arnaud Clément se 30
Nouvel iPhone 12 mini. Le plus petit des grands cadeaux de Noël. Réseau disponible à partir de décembre 2020 Compatible 5G DAS tête : 0,99 W/kg DAS tronc : 0,99 W/kg DAS membres : 3,85 W/kg *Soit 279 € avec un forfait mobile 150 Go compatible 5 G pour client Pack Open (avec engagement 24 mois) à 34,99 €/mois pendant 12 mois puis 49,99 €/mois (1), soit 15 € par mois remboursés pour les nouveaux clients (2) – 50 € de remise immédiate – 228 € d’offre de reprise (3) . L’accès à la 5G nécessite un terminal et une offre compatible 5G qui fonctionneront en 5G à compter de l’ouverture du futur réseau 5G d’Orange, uniquement dans les zones qui auront fait l’objet d’un déploiement technique. Conditions détaillées et couverture sur orange.fr Pour des conseils personnalisés, prenez rendez-vous en boutique au 0 800 02 55 55 (appel et service gratuits), sur l’appli Orange et moi et sur orange.fr Kit mains-libres recommandé. Offre soumise à conditions, valable en France métropolitaine du 03/12/2020 au 29/12/2020, réservée aux particuliers, propriétaires de mobiles éligibles. Offre disponible uniquement en boutique Orange. (1) Tarif réservé aux particuliers, dans la limite de 4 forfaits mobile par Pack Open, incluant une remise sur le tarif du forfait 150 Go avec mobile à 64,99 €/mois du 19/11/2020 au 05/01/2021. Perte de la remise en cas de : changement d’offre, résiliation du Pack Open, demande de suppression de la remise par le client Pack Open. (2) Offre de remboursement différé sur facture de 15 €/mois pendant 12 mois sous réserve de n’avoir pas résilié d’offre Orange au cours des 3 derniers mois à compter du 19/08/2020. Offre de remboursement non cumulable. Détail et formulaire sur orange.fr. (3) Pour la reprise d’un mobile d’une valeur minimum de 128 € après diagnostic + 100 € de bonus reprise. Par exemple, vous pouvez rapporter un iPhone 8 dont la valeur minimum de reprise en bon état est de 128 €. Remise et conditions en boutique Orange.
Vous pouvez aussi lire