La résistance, un acte qui tient chaud
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Trimestriel 2018 n° 160 Entreprendre autrement au Nord et au Sud Ed. Resp.: Vincent Oury, Autre Terre asbl, 4e avenue 45, 4040 Herstal – Bureau de dépôt: NSC Liège X - P 501015 La résistance, un acte qui tient chaud À la rencontre Coopérer avec de nos amis le secteur privé… de la rue oui mais lequel, (P. 8) Monsieur le Ministre ? (P. 12)
Coordination et secrétariat de rédaction : Geneviève Godard et Elise Vendy 12 Coopérer avec le secteur Comité de rédaction : privé… oui mais lequel, Cinzia Carta, Daniel D’Ambrosio, Monsieur le Ministre ? Geneviève Godard, Luc Lambert, Claudia Marongiu, Benoît Naveau, Marie Octave, Vincent Oury, Elise Vendy et Salvatore Vetro 14 Ont collaboré à ce numéro 3 La résistance, un pari sur l’avenir Chantal Degée, David Gabriel, ÉDITO Xavier Roberti Des Terriens qui veulent Illustration de couverture : un monde meilleur… C1 : Shutterstock C4 : USCOP Graphisme : www.davidcauwe.be 4 D Impression : Kliëmo S.A. Imprimé à 5.200 exemplaires sur papier La résistance, un acte issu de forêts gérées durablement (FSC) qui tient chaud Terre est une publication du groupe Terre. Des auteurs d’horizons divers s’expriment La réforme du code sur des thèmes liés à l’économie sociale des sociétés et solidaire. Les articles n’engagent que leurs auteurs. Toute reproduction, même partielle, des textes et illustrations parus dans le journal Terre est encouragée, 6 16 mais soumise à l’autorisation préalable Monsanto au Burkina Faso TERRE LIBRE Nord de l’éditeur et/ou des ayants droit au Tromperie et résistance Ciao Toto copyright. Rédaction : Rue de Milmort, 690 17 4040 Herstal – Belgique TERRE LIBRE Sud T. : +32 4 240 58 58 F. : +32 4 228 07 50 Le Nord-Mali continue de faire E. : info@terre.be face à l’insécurité W. : www.groupeterre.be 19 www.facebook.com/GroupeTerre N° de compte : IBAN — BE53 0962 2 418 9653 8 À la rencontre de nos amis de la rue Cette publication est soutenue par : 2 Les opinions qui sont exprimées par notre organisation ne représentent pas nécessairement celles de l’État belge et n’engagent pas celui-ci. terre n°160 • 2018
dito en Belgique, premier pays européen à voter ce type de statut. Il y en a dix-neuf aujourd’hui. Nous verrons plus loin que ce statut qui a servi Des Terriens qui d’exemple est maintenant en danger dans la batterie de mesures que nous prépare, en catimini, le gouvernement veulent un monde fédéral. Résister c’est aussi ne pas s’endormir meilleur… et continuer à défendre les acquis ! Convaincre que la réutilisation est primordiale dans nos sociétés de consommation pour obtenir un régime Rétrospective des combats du groupe depuis 40 ans fiscal et des aides à l’emploi pour des «L personnes très éloignées du marché a misère ne se premières initiatives débutent en du travail. Voilà le patrimoine « social » gère pas, elle novembre 1949 –, les batailles n’ont que nous devons défendre. Heureu- se combat », pas manqué. sement, la tendance va dans notre disait William Dans le Sud, d’abord, contre vents et sens. On ne parlait pas d’économie Wauters senior, marrées et dès les années 60, nous circulaire il y a cinq ans. L’environne- dès les années 60, en paraphrasant nous acharnons à développer des ment devient maintenant une priorité l’Abbé Pierre. Dans ces pages, nous projets et des partenariats dans des partout. L’Europe parle d’un socle faisons souvent référence aux quatre actions génératrices de revenus. Elles européen des droits sociaux qui doit principes de l’Économie Sociale (ES) participent au développement durable encore se traduire dans les actes, qui définissent une gestion écono- et autonome des partenaires. Des mais qui devrait nous aider à conscien- mique juste, sociale, démocratique et revenus décents leur permettent de tiser nos gouvernants. autonome. Nos partenaires du Sud continuer le projet après notre départ Résister c’est aussi se projeter dans nous ont fait remarquer qu’il manquait en perpétuant l’esprit d’initiative et le futur. Anticiper le monde tel qu’il se un cinquième principe très important : de solidarité que nous avons insufflé. profile. Nous serons de plus en plus celui de la résistance. C’est encore dans le Sud, principale- confrontés à la présence des robots Nous avons le devoir, disent-ils, de ment au Burkina Faso et aux Philip- que d’aucuns qualifient « d’économie nous battre pour résister à l’exploi- pines, que nos partenaires mènent, numérique ». Comment préserver l’em- tation de l’être humain par l’être aujourd’hui, un combat contre le ploi des personnes moins qualifiées ? humain. Nous devons refuser, coûte brevetage des semences, l’usage des Il semblerait même que de nombreux que coûte, un monde où 1 % de l’hu- glyphosates ou des OGM. emplois qualifiés seraient voués à manité possède 99 % des richesses En Belgique et en Europe, la résis- disparaitre avec cette révolution numé- et où les trois quarts de femmes, tance s’organise dès les années rique. Comment assurer une juste hommes et enfants vivent en dessous 80. Le « projet Wallonie » voulait redistribution des richesses dans ce du seuil de pauvreté. Même chez faire la preuve qu’il était possible contexte où l’être humain ne sera plus vous, disent-ils, dans la plupart des d’entreprendre au profit du plus grand nécessaire pour les produire ? pays occidentaux, la moitié des gens nombre (420 salariés aujourd’hui). N’est-ce pas en laissant à l’être vivent en dessous de ce seuil. Faire la preuve qu’une entreprise qui humain la possibilité de décider lui- Ce cinquième principe qu’il faudrait réinvestit tout le résultat économique même de la destinée de son entre- ajouter à la définition de l’ES nous met en faveur de l’emploi et de la solida- prise, de son outil de travail, que se devant nos responsabilités de citoyen rité peut survivre et se développer très trouve l’équilibre ? Faire confiance actif. Que faisons-nous pour que les vite. Démontrer qu’un gouvernement aux gens et non aux machines dans choses changent ? Quelles réformes participatif de l’entreprise, qui donne un monde globalisé. Faire reconnaître structurelles visons-nous et quels la parole et le pouvoir de décision aux cette nouvelle forme participative moyens nous donnons-nous pour y travailleurs fonctionne bien et donne d’entreprendre, voici le combat qui 3 parvenir ? une résilience, une solidité accrue aux nous attend. Résister, c’est normal Au fil de ce périodique, nous explore- activités. C’est dans la foulée, dès pour des « Terriens » qui veulent un rons quelques combats actuels. Mais 1995, que nous obtenons un statut monde meilleur. I en près de 70 ans d’existence – les de Société à Finalité Sociale (SFS) Salvatore Vetro n°160 • 2018 terre
Dossier La résistance, un acte qui tient chaud La réforme du code des sociétés Salvatore Vetro, chargé des relations publiques, Groupe Terre asbl Voici déjà un an, nous apprenions fortuitement que le ministre de la justice travaillait sur une réforme du code belge des sociétés. En quoi cela nous concerne-t-il ? Cette réforme n’est pas un simple lifting de façade, c’est une complète révolution qui touchera tous les statuts des entreprises et associations. L’ idée semble bonne au Pour tant lorsqu’en 1921 ce statut Et, catastrophe pour nous, la sur- départ. Il y a, en Belgique, permettait enfin l’initiative citoyenne couche statutaire de Société à Finalité 21 statuts différents d’en- et la liber té de s’associer, c’était Sociale (SFS) obtenue de dure lutte treprise. Un investisseur étranger pour permettre aux gens de faire des en 1995 serait purement et simple- qui désire s’installer dans notre pays choses ensemble, pas pour faire du ment abandonnée. Cette surcouche risque de se perdre dans ce dédale commerce. de SFS permet actuellement à toute législatif et décider de ne pas investir Dans la première version de la propo- société commerciale de définir un but chez nous. Aux dires du ministre, il faut sition de loi, même le statut de coo- social et d’ajouter neuf articles sup- simplifier. En s’intéressant de plus pérative avait disparu. Il a fallu tout plémentaires dans ses statuts juri- près à ce projet de simplification nous le poids de lobbying des grandes coo- diques lui permettant de poursuivre découvrons, ébahis, que les choix qui pératives belges pour faire fléchir le ce but. En préalable, le code belge déterminent ce chantier législatif nous législateur et maintenir ce statut. Le des sociétés avait admis en 1995 orientent de plus en plus vers une texte actuel est très flou sur ce statut « qu’une société commerciale pou- société du « tout à l’argent ». et fait continuellement référence au vait poursuivre d’autres buts que le Par exemple, le statut d’asbl sera statut de SPRL qui deviendrait « Flex » lucre ». Une vraie révolution. 4 considéré comme un instrument et qui rendrait le statut de coopéra- Le projet du ministre, après réaction principalement destiné à faire des tive inutile. Voilà qui relève selon du secteur, accepte et tolère un agré- activités économiques. L’objectif nous d’une méconnaissance totale ment « d’entreprise sociale » seule- d’une asbl qui est de construire de de l’esprit coopératif et de ses prin- ment limité aux coopératives et fait la citoyenneté devient secondaire. cipes éthiques. disparaitre la possibilité d’avoir un terre n°160 • 2018
Les paradoxes sont nombreux et la méthode opaque utilisée par le législateur pour préparer des lois aussi importantes pour la société belge ne nous inspire vraiment © Soulcié - Iconovox Que vont pas confiance. devenir les Que vont devenir les nombreuses nombreuses entre- entreprises à prises à finalité sociale finalité sociale wallonnes ? wallonnes ? Quels contrôles sup- Quels contrôles but social dans d’autres formes de par ticipative et démo- plémentaires vont-elles supplémentaires société. Au sein du groupe Terre, nous cratique dépend de ce devoir subir ? Comment vont-elles avions opté pour des sociétés ano- montage particulier. La devoir subir ? sera perçue l’initiative nymes à finalité sociale car ce statut réponse du ministre : Comment citoyenne désintéres- nous permettait de mieux répondre à transformez vos SAFS sera perçue sée? nos activités de recyclage qui doivent en asbl ! Et il nous l’initiative Nos réseaux se mobi- s’organiser à grande échelle, au donne dix ans pour le citoyenne lisent mais les tenta- niveau européen. Le papier récolté faire ! Une véritable désintéressée ? tives du secteur pour et traité, par exemple, doit s’expor- hérésie économique. faire des propositions ter partout en Europe. Le statut de Comment maintenir la constr uctives sont SAFS est plus approprié car il nous confiance des clients et automatiquement reje- permet aussi de constituer un capital fournisseurs dans ces conditions et tées. Sommes-nous encore dans un 5 neutre, qui appartient au groupe d’en- que faire du capital détenu par les per- pays démocratique ? Résister, c’est treprises, géré par les travailleurs, sonnes morales du groupe Terre? Le continuer le combat, nous n’avons mais qui n’appartient à personne en patrimoine d’une association ne peut donc pas fini d’interpeller le parle- particulier. Notre système de gestion être détenu par des actionnaires ! ment belge. I n°160 • 2018 terre
Dossier Monsanto au Burkina Faso Tromperie et résistance Benoit Naveau, chargé de partenariat Afrique de l’Ouest, Autre Terre asbl Après près de dix ans d’exploitation du coton OGM au Burkina Faso, Monsanto a dû stopper net sa production suite au mécontentement général et à la chute des revenus de la filière. Une histoire de tromperie et de résistance qui mérite que l’on s’y arrête quelques instants. À l’origine L’histoire du coton au Burkina Faso ne date pas d’hier. La production coton- nière burkinabè est depuis longtemps reconnue pour sa qualité, à tel point que le Burkina Faso a souvent été le premier producteur de coton d’Afrique de l’Ouest, devant le Mali et le Bénin. L’entrée de Monsanto au Burkina Faso relève par bien des aspects du film à suspense. En effet, début des années 2000, le Burkina Faso est accusé par l’ONU d’être la plaque tournante d’un trafic d’armes et de diamants en direc- tion de la Sierra Leone et de l’Angola, alors frappés d’un embargo sur les armes. En échange de diamants et avec l’appui de Charles Taylor (Liberia), Blaise Compaoré, alors président du C’est ainsi qu’en 2001 Monsanto obligations clairement édictées dans Burkina, alimente les guerres civiles de lance ses premiers essais de coton les conventions internationales enca- Sierra Leone et de l’Angola en armes de génétiquement modifié dans le plus drant l’usage des OGM2. Ce n’est tous types mais également en merce- grand secret. Il faudra attendre 2003 qu’en 2006, que le Burkina Faso se naires1. Son image en sort fortement pour que ces essais soient rendus mit en règle au niveau législatif. 6 écornée. C’est alors que les États-Unis publics et qu’un premier scandale La première récolte officielle de coton proposent à Blaise Compaoré de réha- éclate : aucun cadre légal n’entourait « Bt »3 a lieu en 2008 ; et en 2009, biliter son pays sur la scène internatio- ces pratiques et aucune information 130.000 hectares sont déjà mis en nale en échange d’un petit service à n’avait été donnée à la population culture. Les semences, les pesticides une firme américaine: Monsanto. burkinabè. Il s’agit pourtant de deux et les herbicides sont fournis à crédit terre n°160 • 2018
par les sociétés cotonnières aux pay- les problématiques de privatisation des champs ont été cultivés avec des sans. Après la récolte, les sociétés des ressources génétiques et sur OGM et ceux-ci ont totalement disparu se remboursent et paient l’éventuel l’enjeu de la souveraineté alimentaire lors de la campagne 2017. surplus aux paysans (si le paysan des pays africains.5 Toutefois, même si le peuple burki- rate sa récolte, il s’endette vis-à-vis Grâce à son réseau, la COPAGEN nabè a gagné une sérieuse bataille, de la société cotonnière). Ce procédé interpelle les politiques et les met tout n’est pas fini. Ainsi, « Monsanto tourne rapidement au cercle vicieux très tôt en garde contre les dangers poursuit des recherches au Burkina pour les agriculteurs. de cette production. Elle organise en Faso sur des plantes alimentaires 2007 une caravane à travers toute comme le sorgho ou le maïs. Une Désenchantement l’Afrique de l’Ouest pour sensibiliser variété transgénique de niébé, légu- Bien que les sociétés cotonnières aux dangers des OGM. En 2008, suite mineuse majeure pour la sécurité crient à l’exploit, tout le monde va à la décision du gouvernement d’auto- alimentaire de la région, serait déjà rapidement déchanter. Alors que l’on riser une culture en plein champ sur prête à la commercialisation pour le vantait une augmentation des rende- 15.000 hectares, la COPAGEN l’inter- Ghana, le Burkina Faso et le Nigéria ments et surtout un moindre usage pelle : dès 2018 ! » 7 des pesticides (en effet, le coton Bt « [Nous] exprimons nos plus vives pro- L’expérience burkinabè du coton Bt produit lui-même son propre pesti- testations face à la manière dont le aura pu démontrer la fragilité éco- cide), les agriculteurs vont constater coton Bt est introduit au Burkina Faso nomique et environnementale du une baisse de rendement d’environ au mépris des engagements interna- modèle de Monsanto mais égale- 7 %4. Quant au RoundUp, s’il faut en tionaux auxquels notre pays a souscrit ment l’importance de la mobilisation effet moins en épandre dans un pre- […]. [Nous] rejetons la décision unila- citoyenne dans les orientations stra- mier temps, l’apparition de chenilles térale prise par le gouvernement de tégiques d’un état. résistantes au coton Bt pousse à l’aug- se lancer dans une production au plan Cet arrêt du coton Bt redonne l’espoir mentation de son usage. De plus, les national du coton Bt, sur une superficie à des milliers de paysans burkinabè paysans sont nombreux à utiliser les de 15.000 ha cette année. »6 mais le combat pour l’autonomie pesticides destinés au coton pour La pression citoyenne se renforce et reste encore long. La filière coton leurs cultures de maïs, ce qui a des se conjugue avec les mauvais résul- burkinabè est toujours dirigée par effets désastreux sur leur santé. Un tats de la filière. En octobre 2014, trois grandes sociétés cotonnières autre obstacle de taille est le prix des le départ de Blaise Compaoré sous qui continuent à faire la pluie et le semences OGM qui est dix fois plus la pression de la rue finit d’ouvrir la beau temps au pays de l’or blanc. I élevé que les semences classiques. porte à des réformes plus profondes. 1. http://www.liberation.fr/ Or les aléas climatiques poussent En mars 2015 est créé le CCAE, le planete/2001/01/05/le-burkina- régulièrement les agriculteurs à réa- Collectif Citoyen pour l’Agroécolo- faso-accuse-par-l-onu-de-trafic-d- liser plusieurs semis… Un moindre gie qui organisera quelques mois armes_350068 2. Selon la convention sur la diversité mal lorsque la semence est presque plus tard (23 mai 2015) une grande biologique de 1992 et le protocole de gratuite, une catastrophe lorsqu’il faut marche anti-OGM. Ce sont 1.500 Bur- Carthagène sur la biosécurité de 2000, les environ 45 € pour ensemencer un hec- kinabè qui descendent dans la rue pays se lançant dans des expérimentations sur la culture OGM doivent développer tare. Et cerise sur le gâteau, la fibre du soutenus par une marche parallèle à un cadre législatif spécifique et informer coton Bt se révèle bien plus courte que Renne, en France. La pression aug- la population, ce qui n’a pas été le cas au Burkina Faso. celle du coton traditionnel burkinabè, mente sur Monsanto au moment où le 3. « Bt » fait référence à une toxine, le sa valeur se déprécie sur le marché et pouvoir politique burkinabè vacille et Bacillus thuringiensis, qui permet les ventes s’écroulent. où les revenus du coton s’effondrent. d’éliminer le ver rose, un ravageur des cotonniers extrêmement nuisible et En janvier 2016, c’est aux sociétés répandu (www.lemonde.fr). La résistance s’organise cotonnières du Burkina Faso de mon- 4. COPAGEN, Le Coton Bt et nous : la vérité de nos champs, Mars 2017, P. 4 Du côté du monde associatif burki- trer leur ras-le-bol. Elles réclament 5. COPAGEN, Le Coton Bt et nous : la vérité nabè, il n’a pas fallu longtemps pour 280 millions de dollars de compen- de nos champs, Mars 2017. que la résistance s’organise. Dès sation à Monsanto, en contrepartie 6. COPAGEN, communiqué du 15 juillet 2008. 7 2004 est fondée la Coalition pour la des pertes dues à la baisse de qua- 7. Piro Patrick, L’après coton Bt au Burkina, Protection du Patrimoine Génétique lité depuis 2010. Le divorce est déjà CCFD-Terre Solidaire, 18 avril 2017. Africain (COPAGEN) qui intervient en presque consommé et le retrait du Interview de Yobi Richard Minougou, secrétaire exécutif de APN-Sahel tant que plateforme de plaidoyer sur coton Bt rapide. En 2016, seuls 20 % n°160 • 2018 terre
Dossier À la rencontre de nos amis de la rue Daniel D’Ambrosio, chargé d’éducation permanente, Groupe Terre asbl En 2017, le projet des casiers solidaires, initié par les Sentinelles de la Nuit, Groupe Terre et Fleur Service Social, recueillait un soutien important sur la plateforme de participation citoyenne « Réinventons Liège ». À l’aube du printemps, où en est le projet ? En quoi celui-ci, et les actions des Sentinelles de la Nuit, contribuent à améliorer le quotidien des personnes sans-abris ? Pour répondre à ces questions, nous avons rencontré Chantal Degée, Présidente des Sentinelles de la Nuit. 527. C’est le Aujourd’hui, les casiers solidaires font disponibles. On s’est dit que, au lieu nombre de partie de la liste des 77 actions prio- de les faire venir, on irait voir ce qu’ils votes obte- ritaires qui doivent être menées par la deviennent lorsqu’ils sont refusés dans nus par le projet des casiers solidaires. Ville de Liège à la suite de la campagne les abris, leur apporter le café qu’ils n’ont Cette initiative, lancée par les asbl les « Réinventons Liège ». Si le projet pré- pas et un peu parler avec eux, explique Sentinelles de la Nuit, Groupe Terre voit l’implantation de 72 casiers répar- Chantal Degée. Au moment de com- et Fleur Service Social, vise à lutter tis sur six sites différents, la mise en mencer nos maraudes, on dit toujours contre la précarité dans le centre-ville œuvre, quant à elle, demande du temps que l’on va à la rencontre de nos amis de Liège en renforçant la cohésion et de bonnes capacités de négociation. de la rue. Et quand on va chez un ami, sociale et la propreté publique. On voit Ce n’est pas facile, lance Chantal Degée. on ne vient pas les mains vides, ajoute- les sans-abris porter des sacs à dos La Ville a accepté le projet pilote, à savoir t-elle. Notre première approche, c’est de énormes qu’il est impossible de trans- le placement de douze casiers répartis leur offrir la tasse de café et un petit porter en permanence, explique Chantal sur deux sites. Cependant, un accord doit lunch, mais aussi de leur fournir des Degée, Présidente des Sentinelles de la encore être trouvé quant à leur emplace- couvertures et du linge de corps. C’est Nuit. Ils planquent généralement leurs ment. Nous souhaitons que ces casiers notre manière d’arriver chez eux. Leurs affaires dans un buisson. Cependant, ils soient placés dans le centre-ville, dans cartons, c’est leur privé, précise-t-elle. prennent le risque de ne plus les retrou- des endroits à fort passage, de manière Quand on arrive auprès des sans-abris, ver en fin de journée. C’est d’ailleurs ce à ce qu’ils soient vus en permanence. on essaie d’être à leur niveau. S’ils sont qui arrive souvent. Ces casiers solidaires Malheureusement, pour l’instant, ce assis, on s’assied à côté d’eux, sur les doivent leur permettre d’avoir un endroit n’est pas la position que la Ville défend. cartons, sur le trottoir, là où ils sont, et sécurisé où déposer leurs affaires et de on essaie d’établir le lien. C’est le fonde- faire plus facilement leurs démarches. Les maraudes ment de notre association : leur rendre 8 Ce projet doit leur rendre un peu de Les Sentinelles de la Nuit sont nées il un peu d’humanité, leur montrer qu’ils dignité et leur permettre de reprendre y a neuf ans, quand trois volontaires sont quelqu’un et qu’ils sont encore pied. Pour eux, et pour la Ville, qui se se sont rendus compte que beaucoup importants pour quelqu’un, au moins plaint des problèmes de propreté, c’est de sans-abris ne trouvaient pas refuge pour nous. On est là pour les écouter. un plus. dans les abris de nuit, faute de places terre n°160 • 2018
Quelles possibilités parents. Ils regrettent le fait de ne plus d’insertion ? être regardés. Ils ont le sentiment d’être Ces situations d’extrême précarité ne des moins que rien, d’être les déchets de doivent rien au hasard. Elles sont le la société. Pourtant, les sans-abris font résultat d’un contexte économique et partie du paysage urbain. On ne peut social qui exclut les plus faibles. Chan- pas les nier. C’est vrai qu’on a toujours tal Degée constate lors des maraudes l’espoir d’une certaine réinsertion, mais que ce sont essentiellement des jeunes on est bien conscients que certaines per- en rupture avec leur famille, pour des sonnes n’ont jamais été insérées dans raisons relationnelles parfois, mais aussi la société et ce, dès leur prime enfance, parce que cette dernière n’a plus les et ne le seront jamais. Au sein des Sen- moyens de les soutenir financièrement. tinelles de la Nuit, elles ont leur impor- On trouve également des pensionnés qui tance. C’est vrai qu’on doit les aider à se ne parviennent pas à joindre les deux réinsérer, mais accepter que certains ne bouts et choisissent de vivre dans la rue. le seront jamais, c’est aussi une étape supplémentaire. Il faut leur dire qu’ils Dès lors, on peut se poser la ques- sont importants en leur disant : « je ne tion des possibilités d’insertion ou sais pas si c’est ton choix, si c’est ton de réinsertion des personnes sans- histoire de vie qui fait que tu es là, peut- 9 abris, qui semblent minces quand on être que tu n’en sortiras pas, mais on est a perdu toute dignité. Pour Chantal quand même là ». I Degée, beaucoup ont le sentiment qu’ils n’existent plus, qu’ils sont trans- n°160 • 2018 terre
Les 40 productrices de Rana sont accompagnées depuis 2008 par Autre Terre et le Baobab. Grâce à l’aménagement d’un terrain d’un hectare et un accompagnement de longue haleine, elles ont pu petit-à-petit apprendre le maraîchage agroécologique et en maîtriser les moindres ficelles. Dix ans plus tard, ce sont désormais elles qui forment d’autres groupements : leur terrain est fréquenté par de nombreux visiteurs et chacune d’elle a créé son propre espace personnel de 11 maraîchage pour accroitre sa production. Grâce à leur dynamisme, d’autres groupements lancent leurs propres productions agroécologiques. Le mouvement est en marche ! n°160 • 2018 terre
Dossier Coopérer avec le secteur privé… oui mais lequel, Monsieur le Ministre ? David Gabriel, coordinateur du Partenariat Sud, Autre Terre asbl « Ne faites pas comme en Belgique ! » Voilà le message qu’on faisait passer à nos partenaires agriculteurs du Pérou, il y a sept ans de cela. À cette époque, dans notre chés intéressants et pourraient se entre travailleurs et patrons pour se pays, la vague des coopéra- faire certifier plus facilement pour la tirer la couverture des bénéfices, mais tives qu’on voit se redéployer qualité de leurs produits. comme un projet collectif. Pas un pro- aujourd’hui n’était encore qu’à l’état Qui suit un peu les projets soutenus jet à l’obsolescence programmée par de mouvement souterrain. Nous par Autre Terre dans le Sud sait que la fin d’une période de subsides. Non, étions plutôt en train de faire le cette dynamique fonc- plutôt comme un projet décompte des nombreuses coopéra- tionne et donne de beaux durable qui va générer tives du siècle passé qui, désinves- résultats. Plusieurs coo- Nous assistons ses propres finance- ties de leurs principes fondateurs et/ pératives (ou structures pour le moment ments, fournir un emploi ou de leurs coopérateurs par manque assimilées ayant pris la à une sorte stable aux personnes de temps ou d’intérêt, avaient été forme de réseaux) sont de « baby- qui s’y investissent tout boom » de la rachetées par des multinationales constituées et en route en faisant progresser la coopérative. ou avaient fait faillite. vers l’autonomie. Les Belges ont société dans laquelle Au Pérou, on encourageait les parte- Mais le plus étonnant, compris que il évolue. Pas unique- naires à faire autrement, à imaginer c’est que depuis sept c’était le bon ment un progrès maté- d’autres modèles économiques plus ans, c’est en Belgique moyen pour se riel donc, mais aussi un collectifs. À oser se rassembler pour que les choses ont le réapproprier progrès sociétal. qu’à plusieurs, les achats d’intrants plus changé. leur économie, En ef fet, la mise en (bio !) leur coûtent moins cher. On Nous assistons pour créer leur place d’une coopérative les invitait à créer des réseaux de le moment à une sorte entreprise et en Belgique ou dans collecte pour leurs différentes filières de « baby-boom » de la la vivre, non le Sud, c’est d’abord pas comme un de production comme le lait, les avo- coopérative. Les Belges l’occasion de se poser combat entre cats... Cela leur permettrait d’éviter ont compris que c’était la question du sens. travailleurs 12 les intermédiaires, d’avoir de plus gros le bon moyen pour se et patrons Comment va-t-on travail- volumes à vendre et donc de peser réapproprier leur éco- pour se tirer ler ensemble et surtout plus « lourd » face aux entreprises. nomie, créer leur entre- la couverture dans quel but ? C’est ça Ils auraient un plus grand pouvoir de prise et la vivre, non des bénéfices, qui rassemble et mobi- négociation, accéderaient à des mar- pas comme un combat mais comme un lise les énergies. Cela projet collectif. terre n°160 • 2018
permet aux gens de donner leur avis le modèle économique qu’il défend n’a sur ce qu’ils trouvent intéressant de plus vraiment le vent en poupe ? Qu’il faire et de contrôler que la ligne – qui provoque des inégalités et de graves a été décidée par tous – est bien sui- problèmes environnementaux ? Qu’il vie par les équipes en charge de la n’est pas démocratique ? Que le sou- gestion. tien apporté risque de se retrouver Le message pour nos partenaires du très vite dans les mains de quelques Sud doit donc changer. On ne doit plus nantis ? Qu’il ne permet pas une véri- avoir honte… Grâce à toutes ces coo- table par ticipation des personnes pératives qui se créent, on a l’impres- marginalisées du Sud actuellement sion d’un réenchantement de notre accompagnées ? économie. Pourquoi se cacher derrière de vieux Malheureusement, ce n’est pas vrai- modèles dont les limites sont si ment l’avis du ministre actuel de la criantes ? Pourquoi ne pas s’inspirer Coopération au Développement. Sa des belles avancées de notre pays en volonté est de pousser la coopération matière d’entreprises sociales ? dans les pays du Sud en collaborant Coopérer avec le secteur privé, Monsieur un maximum avec le secteur privé le Ministre ? Volontiers !… Mais si vous capitaliste. A-t-il pris conscience que le permettez, pas n’importe lequel ! © Soulcié - Iconovox 13 n°160 • 2018 terre
Dossier La résistance, un pari sur l’avenir Xavier Roberti, conseiller du directeur général, Groupe Terre asbl Il y a un mois, à l’invitation d’Ellen Decraene de l’Université d’Anvers, j’ai participé à une table-ronde avec des entrepreneurs, des financiers, des académiques et des politiques flamands. À tour de rôle, nous avions cinq minutes pour présenter notre vision de l’économie sociale pour l’avenir. 14 terre n°160 • 2018
La résistance ne se limite pas à se L’ battre pour des animateur de la réu- nombre de personnes droits acquis, elle nion nous a demandé tant que les choix et les consiste aussi à « Quel serait l’élément profits resteront dans ne pas se laisser impor tant à creuser les mains d’un petit embarquer par des pratiques et dans nos discussions nombre de personnes. des logiques qui futures ? » Après une dizaine d’inter- L’économie sociale ne ne correspondent ventions, essentiellement centrées peut pas être perçue et pas à nos valeurs, sur le rôle de l’économie sociale dans construite comme l’am- même (et surtout) la (ré)insertion des travailleurs défa- bulance de l’économie si elles sont vorisés sur le marché classique du « régulière » et l’entre- dominantes et travail, j’ai pris la parole au nom du prise ne peut plus être centenaires. groupe Terre. Voici le discours que j’ai considérée comme un tenu : lieu de placement finan- « L’économie sociale doit être imaginée cier. » ment un changement de loi. Or, comme et considérée comme un vrai modèle Malheureusement, ces propos le disait déjà Nicolas Machiavel dans économique alternatif, car les raisons résonnent encore et toujours comme Le Prince, « Il n’y a pas d’entreprise qui ont amené la construction d’initia- décalés ou utopiques. Ils restent plus difficile, plus douteuse, ni plus tives « sociales » existent toujours et ont minoritaires, même dans le monde de dangereuse que celle de vouloir intro- même tendance à s’aggraver. L’écono- l’économie sociale. Et c’est bien pour duire de nouvelles lois. Parce que l’au- mie sociale reste un combat contre les cette raison qu’il s’agit de résister. La teur a pour ennemis tous ceux qui se effets pervers de ce qu’on appelle en résistance ne se limite pas à se battre trouvent bien des anciennes [lois], et flamand l’économie « régulière ». L’éco- pour des droits acquis, elle consiste pour tièdes défenseurs ceux à qui les nomie « régulière »… Ce terme est assez aussi à ne pas se laisser embarquer nouvelles profiteraient. Et cette tiédeur révélateur, il sous-entend que le reste par des pratiques et des logiques qui vient en partie de la peur qu’ils ont de de l’économie serait irrégulier… Alors ne correspondent pas à nos valeurs, leurs adversaires, c’est-à-dire ceux qui nous pouvons nous demander qui fixe même (et surtout) si elles sont domi- sont contents des anciennes [lois], et les règles et à qui elles profitent. nantes et centenaires. en partie de l’incrédulité des hommes, Dès lors, le rêve du groupe Terre serait Il est vrai que notre « rêve » remet beau- qui n’ont jamais [une] bonne opinion de faire percevoir autant que possible coup de choses en question : la notion des nouveaux établissements qu’après l’économie « régulière » comme « irré- de capital et de profit, le système de en avoir fait une longue expérience. » gulière ». Cela ne pourra se faire qu’en concertation et de prise de décision, la Pour y arriver, nous pourrons compter construisant toujours plus d’entreprises place et la voix des plus pauvres et des sur ceux qui voient le monde comme démocratiques – la seule manière de exclus. Pour une partie de la popula- nous. Le pire dans la résistance, c’est poursuivre l’intérêt général dans le sec- tion, il n’y a pas de raison de changer. de se croire isolé. Il existe beaucoup teur économique – et en laissant gran- Les raisons de cet immobilisme sont d’enfants, de femmes et d’hommes dir dans l’esprit des entrepreneurs de souvent multiples : la peur du chan- qui veulent et qui font changer ce demain une autre vision de la relation gement, la crainte de l’inconnu, le monde, chacun à leur niveau. Les ren- entre le travail et l’être humain. Après manque de motivation ou le maintien contrer permet de maintenir l’espoir cela, l’économie pourra peut-être enfin des privilèges (et donc des privilégiés). et de retrouver l’énergie nécessaire s’ouvrir à autre chose que la logique de C’est donc un combat culturel, mais pour forcer l’avenir. Comme dans un propriété et de compétition. aussi réglementaire et législatif : notre chauffe-eau, ce n’est certainement L’automatisation et la mondialisation approche de la concertation sociale pas pour rien que la résistance est resteront un problème pour un grand par exemple nécessitera probable- aussi ce qui nous tient chaud. I n°160 • 2018 terre
Nord Terre libre Ciao Toto «E h ! Bonjour ! Comment n’est pas pour rien que d’entrée de Son expatriation en Bolivie fut une ça va ? » vous lancera-t- jeu, peu impor te le grade, il optait de ses premières expériences fonda- il d’un air joyeux si vous pour le tutoiement. Quand il ne faisait trices chez Terre. Cette aventure, qui allez à sa rencontre alors que vous le pas la bise à Madame la Ministre… l’imprègne encore aujourd’hui, s’est croisez quelque part dans le monde. Comme représentant du groupe traduite par un engagement auprès de C’est un de ses principes : vous le Terre, ses inter ventions étaient de l’ONG Autre Terre dont il fut président connaissez – car il est impossible de véritables bombes qui explosaient pendant douze ans. ne pas le connaître – alors lui aussi, avec une grande précision ou de Salvatore était actif dans tellement de il décide qu’il vous connaît. façon plus… chaotique. Mais même réseaux et de conseils d’administra- Et si vous avez un doute, son rire s’il s’égarait parfois sur des chemins tion (non rémunérés… faut-il le dire), charmeur, ses yeux bruns souriants de traverse, plaçant quelques anec- qu’il nous a fallu, au moment d’envi- et sa chevelure épaisse où le poivre dotes « maison » dont le sens pouvait sager sa retraite, plusieurs jours pour s’incline face au sel, ne vous laisse- nous échapper, son but restait clair : en dresser le cadastre afin d’en faire ront aucun doute. Ce gars, c’est sûr, qu’on se souvienne de lui et donc de le suivi. Pas sûr, d’ailleurs, qu’on n’en vous l’avez déjà vu quelque part. Terre. C’était pour lui le secret d’un ait pas oublié en chemin. Mais ras- Malgré sa taille, c’est probable- bon plaidoyer. surons-nous, pour le groupe Terre, il ment lui que vous avez dû regarder Salvatore était aussi très présent garde encore six mandats. sur la pointe des pieds, « tapant le dans la vie de l’entreprise. Certaines Si vous croisez un type qui, juché sur discours » sur quelque tribune où il entités du groupe ont connu « Toto » quelque tribune, ponctue ses phrases devait être question de promotion de comme travailleur, administrateur d’un éclat de rire ou embrasse un de l’économie sociale, de la gestion par- voire président. Il en connaissait donc nos personnages politiques… Soyez- ticipative, d’entreprises d’insertion… bien les enjeux au Nord et également en sûr, vous le connaissez. Et il vous et bien entendu, de Terre. au Sud. reconnaîtra ! Durant 40 années de carrière, Salva- Merci Salvatore ! I tore a façonné l’image de cette entre- David Gabriel prise qu’il chérissait tant, à travers une multitude de réseaux construits par ses soins ou dont il s’est saisi pour dif fuser ses messages. Il incarna tellement son rôle qu’il devint, lui-même, le visage du groupe Terre. « Lors d’une conférence, il faut parler soit en premier, soit en dernier », nous disait-il. Comme si, entre les deux, ne subsistait qu’un trou noir duquel on ne retenait jamais rien. Fin stratège, pour capter l’attention de son audi- toire ou de son interlocuteur, il ponc- tuait ses phrases d’un petit éclat de rire complice. Si bien qu’après l’avoir 16 rencontré, on avait un peu l’impres- sion de faire partie de sa famille. Ce terre n°160 • 2018
Sud Terre libre Le Nord-Mali continue de faire face au Nord-Mali renforce l’impression de à l’insécurité « zone de non-droit » livrée aux bandes armées et aux soldats étrangers. La faiblesse du système judiciaire et l’im- portance de la corruption accroissent Six ans après l’occupation du Nord-Mali par des groupes encore les dif ficultés malgré des djihadistes, cette région continue d’être la proie d’une avancées concernant le jugement des insécurité persistante. crimes commis durant l’occupation djihadiste. Note d’espoir, les pays limitrophes sentant l’insécurité croitre au sein de leurs zones frontalières avec le Mali ont décidé de créer une Force conjointe nommée « G5 Sahel » qui sera chargée de pacifier les frontières. Cependant les financements manquent et aucun soldat de cette force n’y a encore posé le pied. À terme, les pistes de stabilisation de la zone passeront nécessairement par un soutien au développement écono- mique et social ainsi que par un ren- forcement du dialogue intercommu- nautaire. À ce titre, les projets menés T riste constat que l’évolution de 100 blessés et 23 tués)1. Les civiles par nos partenaires UGM et Tassaght la sécurité au Nord-Mali. Alors sont victimes de vols, rackets et de dans la région de Gao permettent à que l’arrivée des soldats fran- règlements de compte (violences inte- 2.000 familles d’améliorer leur qualité çais début 2013 et la mise en place rethniques ou répressions de l’armée de vie grâce à une augmentation de d’une force onusienne de maintien malienne). Plus globalement, ils ont leur production alimentaire et la créa- de la paix (MINUSMA) avaient sus- vu leurs chances de retour à une vie tion de filières de commercialisation. cité l’espoir des populations, ces normale se restreindre drastique- Autant de personnes qui, grâce à une forces ont été incapables d’assurer ment au cours de l’année : difficulté vie plus prospère, choisiront, à coup un retour à la normale cinq ans après et danger de voyager, de commercer, sûr, le camp de la Paix. I la fin officielle du conflit. La tension crainte quotidienne d’être victime Benoit Naveau n’a d’ailleurs fait que croitre tout au d’une attaque, d’une mine ou de la 1. https://www.hrw.org/fr/world- long de l’année 2017 où il ne s’est vengeance d’un groupe armé… report/2018/country-chapters/312862 pas passé trois jours sans qu’une Car dans ce conflit asymétrique, tout 2. En référence à la situation vécue en Afghanistan où le conflit, d’abord de haute mine explose, qu’un véhicule se se mêle : attaques de djihadistes, intensité, s’est mué en un empêtrement fasse rançonner ou qu’une patrouille brigandages, trafics de drogues et sécuritaire où les opposants peuvent facilement trouver refuge dans des soit l’objet d’une embuscade. Ces d’êtres humains, violences inter- zones « sanctuaires » isolées et sûres attaques visent particulièrement les communautaires et exactions de mili- pour y mener une guérilla qui induit 17 forces armées maliennes (FAMA) qui taires. Tout est propice à l’instaura- un appauvrissement général, lui-même générateur d’une augmentation de ont perdu des centaines d’hommes tion d’une afghanisation2 du conflit. l’insécurité. Le Monde titre ainsi le et les Casques bleus (officiellement Le peu de présence de l’État malien 16 novembre 2017 « Le Mali est notre Afghanistan ». n°160 • 2018 terre
Brèves La 56e Brocante Terre arrive à grands pas ! Œufs de Le vendredi 6 et le samedi 7 avril 2018 aura lieu la Pâques 56e brocante Terre. Le vendredi 6 octobre dès 18h, retrouvez-nous pour Achetez vos œufs de Pâques la brocante nocturne d’Autre Terre et venez découvrir chez Autre Terre et participez notre nouveau stand de jouets de deuxième main. au financement de projets Le samedi 7 octobre, de 8h à 16h se déroulera la de développement dans le Grande brocante Terre avec plus de 500 stands de Sud. Fabriqués par Belvas brocante et de restauration. (entreprise belge), les œufs Retrouvez le programme complet sur d’Autre Terre sont bio et www.brocanteterre.be équitables. Passez votre commande • Lieu : Parc industriel des Hauts-Sarts, par email à franca.alaimo@autreterre.org ou par 4e avenue 45 – 4040 Herstal téléphone au 04/240.68.46 avant le 31 mars 2018 • Entrée : 1€ le vendredi, gratuit le samedi • Réservations : en www.brocanteterre.be ou 04/240.63.90 On vous y attend nombreux ! Nouveau logo du Groupe Terre Groupe Terre asbl vous présente son nouveau logo : Festival Nourrir Liège • Des traits qui semblent tracés à la main, comme des 2018 coups de peinture, qui représentent la participation Dans le cadre du Festival de chaque travailleur à la création du projet Terre. Nourrir Liège, l’ONG Autre • Une police régulière et professionnelle qui évoque la Terre, vous invite à sa balade rigueur de l’entreprise. à vélo « À la découverte des • 3 traits = 3 valeurs alternatives alimentaires - solidarité liégeoises ». Enfourchez votre - dialogue vélo (sans oublier votre casque et cadenas) pour partir - responsabilité avec nous à la rencontre d’initiatives citoyennes ! • Le bleu et jaune, couleurs historiques de Terre, Infos pratiques : s’associent au vert qui affirme l’engagement • Quand : samedi 24 mars de 10h à 13h environnemental. • Où : départ de la caserne Fonck, • Une forme de cercle pour évoquer l’implication dans 2 rue Ransonnet à 4000 Liège l’économie circulaire, mais ce cercle tend vers le • Inscription obligatoire (maximum 25 personnes) : triangle ou la flèche symbolisant l’objectif à atteindre cinzia.carta@autreterre.org 0471/84.49.02 avant le 22 mars. Au plaisir de vous y rencontrer ! 19 n°160 • 2018 terre
est une publication destinée à promouvoir l’économie sociale et solidaire à travers des initiatives ainsi que des réflexions du Nord et du Sud. Abonnement gratuit sur simple demande Ne me jetez pas, T : +32 (0)4 240 68 48 - E : info@autreterre.org faites-moi circuler auprès www.autreterre.org - www.terre.be - www.entreprendreautrement.be de vos proches !
La gestion des déchets à Kaolack : parer à la résignation des pouvoirs locaux Sénégal En 2008, Autre Terre est interpellée par la situation sanitaire de la ville de Kaolack (Sénégal), la gestion des déchets y est quasi inexistante. Autre Terre décide alors d’y organiser une collecte des déchets au porte-à-porte sur base d’un abonnement. En 2014, un centre de valorisation du plastique dur vient renforcer le dispositif de collecte déjà en place (en 2016, il a permis le recyclage de 17 tonnes de plastique). L’ouverture de ce centre facilite l’introduction du tri sélectif dans la ville, une des premières expériences du genre en Afrique de l’Ouest. En 9 ans, le modèle de gestion des déchets développé par Autre Terre et ses partenaires, Asdes et Caritas Kaolack, a montré une telle efficacité qu’il va maintenant s’étendre à 3 communes périphériques : Kahone, Gandiaye et Keur Madiabel. Ainsi, à terme, 3 000 nouveaux ménages verront leurs déchets collectés et traités. Ceux-ci s’ajouteront aux 1 853 ménages déjà abonnés à l’heure actuelle. Retour sur l’appel au soutien du centre de formation de Louda (T157) : 2 332 € sur les 6 000€ nécessaires ont été récoltés pour financer le matériel de scolarisation des 15 stagiaires. Grâce à vos dons et à l’intervention du ministère de la Coopération au Développement, nous avons pu boucler le budget. Un énorme merci pour les élèves du centre ! Agir toute l’année grâce à l’ordre permanent Autre Terre est membre de l’Association pour une Ethique dans les Récoltes de Fonds (AERF – www.vef-aerf.be) et répond au code de déontologie adopté par cette association. Chaque année, l’exactitude de nos comptes est vérifiée par un réviseur d’entreprises indépendant. Nos comptes et bilans sont en outre disponibles sur simple demande et téléchargeables au départ de notre site Internet. Une attestation fiscale vous sera délivrée pour tout don supérieur ou égal à 40 . Formulaire d’ordre permanent Souhaite faire un ordre permanent en faveur d’Autre Terre asbl et choisis de (ou directement via pc banking) verser mensuellement la somme de mon choix (une attestation fiscale vous sera Remplissez ce formulaire et, après l’avoir signé, délivrée si le montant annuel de vos dons atteint ou dépasse 40 €) : remettez-le à votre banque 5 10 15 Je soussigné(e), .......... (la somme de mon choix) Nom et prénom : ........................................................................................................................................................................................................................ Au départ de mon compte BE — — — — — — – — — — — – — — — — .................................................................................................................................................................................................................................................................................................... Rue et numéro : ............................................................................................................................................................................................................................. Sur le compte : IBAN BE53 0962 2418 9653 - BIC : GKCCBEBB .................................................................................................................................................................................................................................................................................................... Autre Terre asbl - P.I. des Hauts-Sarts 4e Avenue, 45 - 4040 Herstal Code postal et localité : ........................................................................................................................................................................................... Première exécution : Date de naissance : .............................................................................................................................................................................................................. le ................ / ................ / ................ (Jour/mois/année) Profession : ................................................................................................................................................................................................................................................ Je peux à tout moment mettre fin à cet ordre permanent par simple Téléphone : ................................................................................................................................................................................................................................................. communication à ma banque. Adresse mail : ..................................................................................................................................................................................................................................... Date : ................ / ................ / ................ .................................................................................................................................................................................................................................................................................................... Signature :
Grâce à votre don, plus de 4800 ménages bénéficieront d’une ville plus propre. Caritas-Kaolack a besoin de vous pour l’aider à financer l’extension de ses activités d’assainissement dans 3 nouvelles communes et ainsi permettre aux habitants de vivre dans un environnement plus sain. En donnant : • 180 €, on peut acheter une charrette pour collecter les déchets (10 unités*180 € = 1 800 €) • 120 €, on peut acheter un âne pour tracter la charrette de collecte (10 unités *120 €, soit 1 200 €). • 60 €, on peut financer un lot de 10 poubelles pour récolter les déchets (20 lots *60 €, soit 1 200 €) • 42 €, on peut former un agent au tri des déchets plastiques (50 agents*42 €, soit 2 100 €). • 15 €, on peut financer l’achat du petit matériel nécessaire à la collecte, à savoir : fourche, balance, seau, balai, râteau (24 sets*15 €, soit 360 €) Soit un total de 6 660 € ! Votre don est essentiel, ils ont besoin de vous ! 200 rs v a i l l eu tra rizon à l ’ h o 2021 Suivez l’évolution de ce projet ainsi que d’autres en vous abonnant à notre page Facebook : https://www.facebook.com/ ongautreterre/ Signature(s) ORDRE DE VIREMENT , Date d’exécution souhaitée dans le futur Montant EUR CENT Compte donneur d’ordre (IBAN) Nom et adresse donneur d’ordre T Compte bénéficiaire (IBAN) B E 5 3 0 9 6 2 2 4 1 8 9 6 5 3 BIC bénéficiaire G KCC B E B B Nom et adresse bénéficiaire Autre Terre asbl, 4e avenue, 45 B-4040 Herstal Communication T 1 6 0
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