LE GRAND EST ACCELERE - SPORT & BUSINESS - AUTOMOBILE ELECTRIQUE : SOMMES-NOUS PRÊTS ? - La Semaine
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
AUTOMOBILE ELECTRIQUE : SCOP SOMMES-NOUS L’ENTREPRISE PRÊTS ? AUTREMENT N°30 – OCTOBRE 2021 7,50 € – LE MAGAZINE DE L’ÉCONOMIE, DES ACTEURS ET DES IDÉES DU GRAND EST SPORT & BUSINESS LE GRAND EST ACCELERE H 29747 - 0030 - F: 7.50 AYMERIC MAGNE, président exécutif de l’Estac, club troyen repris par City Football Group également propriétaire de neuf clubs dans le monde dont le prestigieux Manchester City. en partenariat avec GROUPE
10 18 Économie Actualités 48 / Moselle : avec Galsa 2, ArcelorMittal bascule dans l’industrie 4.0 53 / Alsace : la Marque Alsace ajoute une nouvelle branche à sa bretzel 55 / Ardennes : Agronutris crée 57 sa première usine industrielle à Rethel 57 / Aube : Le Coq sportif retrouve ses couleurs 58 / Moselle : Michel Coqué : « Tout est fou en ce moment ! » Stratégies Info+ partenaires 46 / Pôle emploi 50 / Moselle Attractivité Grand Est 56 / Caisse d’Épargne Grand Est Europe 12 / Véhicules électriques, sommes-nous prêts ? 20 Grand entretien 9 20 / Hervé Mareschal : foncièrement coopératif Trajectoires Le brief du mois 5 / Conjoncture : « L’équilibre reste fragile » Trajectoires 7 / Nominations 8 / Jean-Charles Perrette, nouveau directeur régional de Bpifrance Reims Et moi 9 / Catherine Gury veut rapprocher le Cnam des territoires Rencontre 10 / Renaud Mignolet, dirigeant Dossier 60 / Automobile : Land Rover Defender PHEV d’entreprises rock and roll 26 / 62 / Shopping : innovations Sport & Business : éco-friendly l’équation gagnante 65 / Sous le regard de... Philippe Clerc du Grand Est 2 / Le Mensuel / Octobre 2021
Editorial Radicalité s.getto@lasemaine.fr / @sgetto R adicalité. Le terme est à la mode actuellement. tants, d’autant que le tout électrique a encore pas mal Surtout dans la sphère politique et particuliè- d’obstacles à franchir avant de devenir une réalité, même rement dans le petit monde des prétendants si les consommateurs européens semblent se prendre au à l’élection présidentielle. Il faut dire que, face jeu, à en croire l’augmentation des ventes de véhicules aux rapports alarmants du Giec sur le réchauf- électriques ou hybrides. fement climatique et aux catastrophes naturelles qui épar- L’équation est complexe, il s’agit ni plus ni moins de conci- gnent de moins en moins nos latitudes, il est tentant pour lier les impératifs de moyen terme (les conséquences irré- certains de brandir l’arme des mesures chocs – radicales – médiables du changement climatique) avec les exigences et de prôner même la décroissance. On sait bien sûr que du moment (notre capacité à transformer rapidement la solution n’est pas celle-là mais, pour autant, nous nous notre modèle économique en limitant la casse sociale et la devons d’accélérer la transformation énergétique de notre récession). A un peu plus de six mois de la présidentielle, le modèle économique. sujet, qui au fond porte davantage sur un choix de société C’est bien sûr tout le sens du diktat de Bruxelles pour éra- que sur une simple option de stratégie économique, fera diquer les moteurs thermiques automobiles des chaînes débat à coup sûr. Ce qui n’est pas une mauvaise chose, à de production à l’horizon 2035. Evidemment, plus facile à condition d’éviter le piège de la radicalité. dire qu’à faire. Les constructeurs ont toutefois embrayé et Stéphane Getto, avancent à marche forcée. Moins évident pour le reste de directeur de la publication la filière (lire nos pages Stratégie), notamment les sous-trai- Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux @LeMensuelGE Le Mensuel Grand Est est un magazine du groupe La Semaine édité par EDI.M3 sas, 5a avenue de Blida, 57000 Metz / 03 87 17 29 00 /// Directeur de la publication : Stéphane Getto / Joindre la rédaction : redaction-lemensuel@lasemaine.fr, @leMensuelGE / Ont participé à ce numéro : Jonathan Nenich, Laurent Locurcio, Pascal Rémy, Nathalie Stey, Pierre Théobald / Design graphique : L’agence Orange Claire, claire@orangeclaire.com – Photo de couverture : © Estac /// Abonnement : Anaïs Clément, 03 87 17 22 72, abo-lemensuel@ lasemaine.fr /// Publicité : Didier Bauer, d.bauer@lasemaine.fr - David Bisenius, d.bisenius@lasemaine.fr - Nathalie Engel, n.engel@lasemaine.fr - Béatrice Vautrin, publicite@lasemaine.fr /// Impression : Imprimerie de Champagne (Langres) / N°ISSN : 2647-7025 / CPPAP : 1125T93807 / Dépôt légal : à parution / Le papier de ce magazine est fabriqué en Belgique. Taux de fibres recyclées : 0%. Papier issu de forêts gérées durablement. Eutrophisation : Ptot = 0,01 kg/tonne. Le Mensuel / Octobre 2021 / 3
Le brief du mois Un autre regard sur l’échec entrepreneurial 60 000. C’est, bon an mal an, le nombre d’entreprises qui font faillite chaque année en France. C’est aussi le nom d’une association qui s’est donné pour mission d’accompagner les entrepreneurs ayant perdu la leur, pour leur permettre de rebondir. © Dodo Contrairement aux salariés en effet, les chefs d’entreprise ne sont que rarement couverts pour faire face aux accidents de parcours, et ils ne Alain Couble président d’ACF, entre Didier Hannaux (à gauche), sont pas concernés par les dispositifs classiques de retour à l’emploi. président de Dodo, et David Czimowski, DG de la marque. Aux problèmes financiers et personnels s’ajoute bien souvent l’opprobre de la part d’une société qui a fait de la réussite une obligation. C’est Dodo les PME du territoire dans aussi cette culture que 60 000 Rebonds s’attache à changer, parce que leur structuration, pour en l’important n’est pas d’éviter faire des ETI. 40 entreprises de tomber, mais de savoir se Dodo rachète ont pu, jusqu’ici, bénéficier relever. une grosse PME du dispositif. La première L’année 2020 s’est révélée promotion, lancée en 2018, du Rhône s’est achevée sur une particulière à bien des égards L’enseigne mosellane croissance annuelle de plus pour l’association, créée en Dodo, spécialisée dans le de 3 % pour les structures 2012 au niveau national et sommeil et le cocooning, bénéficiaires. © DR qui a pris son envol dans a officialisé l’acquisition du la région il y a deux ans. En groupe ACF qui réalise 30 effet, il n’y a jamais eu aussi peu de procédures collec- millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 160 AirCampus salariés. Cette opération tives que l’année passée. d’envergure de croissance La génération Z © Nathalie Stey Or ce sont elles qui « ali- externe permet au groupe à la loupe mentent » l’action de 60 000 Dodo, basé à Saint-Avold et Redonner le sourire aux Rebonds, même si cette présidé par Didier Hannaux, jeunes, c’est l’ambition de dernière est désormais d’enrichir ses activités. la startup strasbourgoise Marie-Claire Maillotte ACF, installé à Cours-la- ouverte à tout entrepreneur AirCampus, qui depuis 2019 présidente de l’association régionale Ville (Rhône) propose des développe une application 600 Rebonds Grand Est ayant perdu son entreprise, articles de puériculture et leur donnant accès à des y compris sans passer par la des équipements pour les offres exclusives. 600 case tribunal. Dans le Grand professionnels. Avec cette enseignes participent Est, ses parrains ont pourtant accompagné autant d’entrepreneurs que nouvelle acquisition, le d’ores et déjà au concept, les années passées ; une vingtaine, dont trois à quatre ont d’ores et groupe Dodo, qui s’apprête à qui leur permet de mieux déjà rebondi. Il est vrai que 60 000 Rebonds Grand Est a renforcé son fêter ses 85 ans d’existence, connaître la « génération emploie désormais 900 Z » et ses habitudes de maillage territorial l’année passée, en ouvrant deux antennes à Nancy salariés pour un chiffre consommation. La startup et Mulhouse, en plus de ses bureaux de Strasbourg. Un prochain relais d’affaires qui culmine à vient de lever 1,5 million devrait voir le jour à Épinal, à la demande du président du tribunal judi- 180 millions d’euros. Le d’euros auprès de plusieurs ciaire local. groupe est déjà propriétaire business angels, parmi Les magistrats sont en effet les premiers partenaires de l’association. des marques Dodo, Drouault, lesquels Jocelyn Olive (PDG Ce sont eux qui, le jugement passé, orientent les entrepreneurs vers Anne de Solène et Canat. de Buffalo Grill, notre photo), Patrick Amiel (fondateur de 60 000 Rebonds. La première partie de leur accompagnement se fait de Wengo) et Damien Dupouy manière individuelle, avec un coach. L’entrepreneur est ensuite suivi par un parrain, cadre d’entreprise ou ancien dirigeant d’entreprise, pendant BPIfrance (fondateur d’Anytime). À terme, la connexion une durée maximale de deux ans. En parallèle, l’association organise Le Grand Est, automatique de la carte des temps collectifs pendant lesquels chacun vient parler de son projet bancaire des utilisateurs à terre d’ETI leur profil devrait permettre et exprimer ses besoins. « C’est une façon de sortir de l’isolement et de Elles sont actives dans de davantage personnaliser participer au rebond de l’autre. Et pour les besoins en expertises particu- des secteurs allant de la l’expérience client. lières, nous comptons sur la puissance de notre réseau de bénévoles et sur maintenance industrielle... nos partenariats », explique Marie-Claire Maillotte, fondatrice du cabinet à la réception. Elles ont en de conseil en management Humanityssim et présidente de l’association commun de disposer d’un régionale. fort potentiel de croissance, que la crise sanitaire n’a Au côté de la Région Grand Est et de l’Eurométropole de Strasbourg, pas remis en cause. 15 les mécènes privés (Harmonie Mutuelle, In Extenso, Generalli, CIC) sont entreprises de la région (six en effet indispensables au financement de l’association. Grâce à quoi, la alsaciennes, cinq lorraines et moitié des entrepreneurs accompagnés par 60 000 Rebonds se lancent quatre champardennaises) dans une nouvelle aventure entrepreneuriale ; les autres rebondissent vont voir leur croissance dans le salariat. « Le temps est un élément majeur, parce qu’il est impor- boostée dans le cadre de l’accélérateur PME Grand tant pour l’entrepreneur de faire le deuil de son activité passée et de se Est porté par BPIFrance et © DR réconcilier avec lui-même, avant d’envisager la suite », conclut Marie- la Région. Ce programme Claire Maillotte. d’accompagnement de deux Jocelyn Olive, NS ans a pour but de soutenir PDG de Buffalo Grill. 4 / Le Mensuel / Octobre 2021
Le brief du mois Vivoka Un employé Augny, jeudi 23 septembre. Fabrice du huitième Nourdin, directeur territorial de centre Pôle emploi, a précisé que 16 % Parle et je dirai de des personnes recrutées étaient distribution auparavant bénéficiaires du RSA. qui tu es d’Amazon. Répondant aux critiques estimant Le spécialiste des technologies que le géant de l’e-commerce vocales Vivoka intègre désormais détruisait plus d’emplois qu’il la biométrie à ses solutions de n’en créait, le directeur général reconnaissance vocale. Objectif : d’Amazon France Fédéric Duval, a renforcer la sécurisation des assuré que l’entreprise créait « de échanges. Grâce à cette nouvelle l’emploi net : les 500 CDI vont technologie, la start-up messine contribuer à la croissance de la compte s’attaquer au marché des région ». Le bâtiment de 50 000 m2 banques, des assurances, des au sol, haut de quatre étage, a télécommunications (permettre ouvert le 31 août et a été installé © La Semaine le déverrouillage d’un téléphone, sur l’ancienne base de l’armée de par exemple), mais aussi de la l’air du plateau de Frescaty, près santé et de la sécurité militaire. de Metz, fermée en 2012 et qui a Après avoir doublé en un an le compté jusqu’à 2 500 militaires. nombre de ses clients, l’entreprise Le géant américain a aussi Amazon Metz part désormais à la conquête du par le géant américain sur les trois prochaines années pour son annoncé ce jeudi l’embauche de marché européen. Le marché 12 000 travailleurs saisonniers en mondial de la voix devrait atteindre nouveau centre de distribution. Déjà plus de Parmi ces 500 nouvelles recrues, France pour la période des fêtes 27 milliards de dollards à horizon de fin d’année, temps fort de la 2025 ; de quoi se fixer de beaux 500 recrutements « la moitié étaient au chômage de longue durée », a déclaré Ronan consommation et du commerce en challenges. Amazon a recruté plus de ligne. Environ 2 000 seront recrutés Bolé, président d’Amazon France 500 personnes en CDI, près de logistique, lors de la cérémonie pour le site d’Augny. Metz, sur les mille emplois promis d’inauguration du site de Metz- Le zoom Conjoncture : « L’équilibre reste fragile » L undi 20 septembre, l’antenne mosellane flèche », tempère le directeur. Par ailleurs, l’em- de la Banque de France a présenté son ploi est aussi un problème : absolument tous les bilan de conjoncture. Covid, reprise, prêts secteurs d’activité ont besoin d’embaucher en garantis par l’État et épargne sont les quatre urgence pour accompagner la reprise, sans tou- points qui ont attiré l’attention de l’institution tefois parvenir à recruter. bancaire. Distribués massivement, notamment lors de « On n’avait pas vu une telle situation depuis la la première période de confinement, les prêts Seconde Guerre mondiale », introduit Jean-Mi- garantis par l’État (PGE) ont permis aux entre- chel Clavié, qui animait son premier bilan de prises de passer le cap. Dans la typologie des conjoncture économique depuis sa nomination sociétés, les très petites entreprises (TPE) et les en mai dernier comme directeur de la Banque petites et moyennes entreprises (PME) ont par- de France en Moselle (située à Metz). En 2020, ticulièrement sollicité ces aides, respectivement les chiffres d’affaires des entreprises ont plongé 45 % et 41 % de l’enveloppe totale. Les entre- dans tous les secteurs. Dans l’industrie, la chute prises de taille intermédiaire (ETI) et les grands de l’activité est vertigineuse, de l’ordre de 11,4 %. groupes ont utilisé 12 % de l’enveloppe. Les Dans les services marchands, la baisse est de autres structures ont consommé le reste, soit 6,8 % et dans la construction, elle atteint 6 %. Le 2 % du montant. commerce fait figure d’exception avec un recul Si l’on considère les filières, le commerce a ra- © La Semaine enregistré de « seulement » 1,6 %. « Il faut se mé- flé 26 % de la somme dégagée, contre 22 % fier de ce taux. La grande distribution booste les pour l’industrie et 13 % pour la construction et chiffres d’affaires du commerce car les consom- l’immobilier. A l’inverse, les entreprises spécia- mateurs n’ont jamais arrêté de se rendre dans Jean-Michel Clavié, directeur de l’antenne lisées dans la santé & social ont récupéré 3 % les enseignes. Le commerce de proximité a en re- départementale mosellane de la Banque des montants, et seulement 2 % pour l’agricul- vanche beaucoup souffert », commente le direc- de France. ture. Tous secteurs confondus, près de 80% des teur de l’institution bancaire. entreprises envisagent de ne pas rembourser « Par rapport à nos estimations, on est en avance si l’automobile continue de souffrir de difficultés intégralement leur PGE en 2021 pour conserver de six mois », se réjouit Jean-Michel Clavié. Dans liées à un approvisionnement en matières pre- de la trésorerie. tous les secteurs, la reprise est enclenchée mières complexes. « L’équilibre reste fragile dans JN dans le Grand Est, avec une activité qui remonte tous les secteurs car il existe des pénuries de ma- en flèche. L’industrie a par exemple retrouvé tériaux importantes, ce qui influe sur les délais de près de 90 % de son niveau d’avant-crise même livraison mais aussi sur les prix qui grimpent en Le Mensuel / Octobre 2021 / 5
SUITE ENTREPRISE.COM ACCÉDEZ À TOUTES VOS BANQUES AVEC UN SEUL ET MÊME OUTIL Suite Entreprise.com est un logiciel vous permettant de gérer en ligne tous vos flux bancaires quelles que soient la taille ou l’activité de votre entreprise. Son interface multi-entreprises et multi-banques vous donne une vision claire et instantanée de vos données financières. BANQUE POPULAIRE ÉQUIVALENCE QUADRI Logo Quad 24/08/2018 DÉGRADÉ CYAN 100 % MAGENTA 85 % NOIR 35 % VERS CYAN 66 % MAGENTA 6 % 24, rue Salomon de Rothschild - 92288 Suresnes - FRANCE Tél. : +33 (0)1 57 32 87 00 / Fax : +33 (0)1 57 32 87 87 Web : www.carrenoir.com CYAN 100 % MAGENTA 85 % NOIR 35 % Ce fichier est un document d’exécution créé sur Illustrator version CS6. CYAN 75 % MAGENTA 23 % Banque Populaire Alsace Lorraine Champagne – Société anonyme coopérative de Banque Populaire à capital variable régie par les articles L512-2 et suivants du CMF CYAN 100 % MAGENTA 85 % NOIR 35 % et l’ensemble des textes relatifs aux Banques Populaires et aux établissements de crédit. Siège social : 3 rue François de Curel – 57000 Metz – 356 801 571 RCS Metz Société de courtage et intermédiaire en assurances inscrite à l’ORIAS n° 07 005 127. Crédit photo : Getty Images/Hero Image
é li s é e e n p a r te n a Trajectoires er ria iqu ta Rubr ve c Dominique Baudendistel, une licorne pour la bière d’Alsace Nominations D ominique Baudendistel est le nouveau président du Comité des brasseurs d’Al- dans le Grand Est sace, qui regroupe une quinzaine de brasseries du territoire, des grands groupes aux brasseries artisanales, en passant par les entreprises familiales. Le PDG de la brasserie Licorne (groupe Carlsberg) à Saverne a à cœur d’insuffler une nouvelle dynamique à la Voies navigables De Dietrich profession, particulièrement touchée par la crise de France Process Systems sanitaire qui a mis à l’arrêt un de ses principaux canaux de distribution : l’hôtellerie-restauration Sophie-Charlotte Laurent Drummer est Valentin est nommée nommé Group marketing qui représente en moyenne 30 % du chiffre d’af- directeur territorial Nord- manager de De Dietrich faires de la filière. L’activité du secteur a baissé Est de Voies navigables Process Systems. de 6 % en 2020 au niveau national et la trésorerie de France. Agée de 40 de ses entreprises est problématique : la moitié ans, elle est titulaire d’un Schmidt Groupe d’entre elles affiche un taux d’endettement su- diplôme d’ingénieur David Chazet périeur à 100 % de leur chiffre d’affaires. Pour les (Agro ParisTech 2004) et est le nouveau directeur d’ingénieur agronome brasseurs alsaciens, qui réalisent 60 % de la pro- marketing Groupe de (Montpellier SupAgro, Schmidt Groupe. Il est duction française, le salut doit s’appuyer sur une 2002). sous la responsabilité meilleure valorisation de la bière d’Alsace, dont directe de Laurent l’identité n’est pas suffisamment affirmée. Cela Groupe Soufflet Blum, directeur général passe notamment par une relance du festival Au Vanessa Khoutir Groupe. Gré des bières, dont la dernière édition remonte à est nommée 2018, et par la refonte du site Internet du Comité, responsable Préfecture des Vosges développement pour en faire une « route des bières d’Alsace » vir- Virginie Martinez tuelle. La région compte plus de 80 brasseries au ressources humaines est nommée directeur Groupe de Groupe de cabinet du préfet total, grandes et petites, toutes volontaires pour Soufflet. des Vosges. Diplômée accueillir touristes et épicuriens. / NS © DR de Néoma, elle était Préfecture de la Meuse auparavant sous-préfet Bernard Burckel de Saint-Claude (Jura). est nommé directeur de cabinet du préfet Puma France de la Meuse. Il était auparavant directeur de cabinet du préfet Christophe Cance est nommé directeur général de Puma France. Solène Gourion à la tête du Tarn-et-Garonne. Centre hospitalier Il était auparavant directeur commercial global de Puma France. du CNPE de Chooz U universitaire de Reims n nouveau cycle s’ouvre dans la Laetitia Micaelli- Umih Pointe des Ardennes. Depuis le 1er Flender est nommée Christophe Thiriet est septembre, Solène Gourion, 44 ans, directeur général du le nouveau président a succédé à Laurent Berthier à la tête du Centre hospitalier de l’Umih de Moselle universitaire de Reims. (Union des métiers Centre National de Production d’Electrici- Elle était auparavant et de l’industrie de té de Chooz qui emploie 770 salariés EDF directeur général adjoint l’hôtellerie). Il succède à et fait travailler plus de 200 partenaires du CHU de Nantes. Jean François en poste permanents d’entreprises extérieures. Elle depuis 2012. Christophe est la seule directrice d’une centrale nu- Caisse d’épargne Thiriet est chargé du cléaire française en exploitation. Diplômée Grand Est Europe développement chez Heintz Immobilier & en 2001 de l’Ecole nationale supérieure Mikaël Le Gall Hôtels. d’ingénieurs de Bourges dans la spécialité est nommé membre du énergie nucléaire, cette Rémoise a débuté directoire, en charge du Union des entreprises sa carrière chez EDF en tant qu’ingénieur pôle Banque de détail de la Caisse d’épargne de Moselle à la centrale nucléaire de Cruas-Meysse Grand Est Europe. Il est André Bousser (Ardèche). Elle a ensuite rejoint la centrale sous la responsabilité a succédé à Jean de Cattenom (Moselle), où elle est restée directe de Bruno Deletré, Poulallion à la huit ans. Dont cinq en tant que chef du ser- président du directoire. présidence de l’Union vice électricité automatismes. En 2013, elle © EDF des entreprises de effectue un premier passage dans les Ar- Moselle (Medef). Il forme un binôme avec dennes en étant nommée chef de mission Catherine Wagner qui production à la centrale nucléaire de Chooz. En 2016, Solène Gourion devient directrice deviendra à terme adjointe à la centrale de Flamanville (Manche) 1 et 2 puis de l’EPR , tout proche. « En près présidente déléguée. de vingt ans chez EDF, j’ai donc travaillé sur cinq sites nucléaires différents. Ce qui me per- met de bien connaître tous les paliers technologiques présents dans l’Hexagone (900 MW, 1300 MW, 1450 MW et 1650 MW), dans des domaines comme l’exploitation, la mainte- Vous avez changé de fonction ? Faites part de votre nouvelle fonction sur nance, la sûreté qualité, l’environnement, les supports techniques ou encore la chimie ». www.nomination.fr PR Le Mensuel / Octobre 2021 / 7
Compiègne entre 2017 et 2021. Autant dire que Jean-Charles Perrette est très attaché à la di- mension territoriale de Bpifrance. « La proximité est une de nos valeurs principales », rappelle-t-il volontiers. Une valeur appliquée sur le terrain, et la direction régionale dont il assure le pilotage depuis le début du mois de septembre en est l’illustration. « Nous avons deux sites, Reims ainsi que celui de Troyes, qui a été ouvert il y a six ans, et nous comptons une trentaine de collaborateurs qui sont le plus souvent auprès des entreprises, sur le terrain », confie-t-il. Banque du climat La direction régionale de Reims intervient sur quatre départements, la Marne, l’Aube, la Haute- Marne et les Ardennes. « Un territoire marqué par le champagne mais qui compte aussi des belles entreprises dans tous les départements et un dynamisme certain au niveau de l’innova- tion », analyse Jean-Charles Perrette. Un élan innovateur que la crise n’a pas refroidi, puisque Bpifrance Reims a accompagné financièrement © Bpifrance 80 entreprises innovantes du territoire au cours de l’année dernière. Mais Bpifrance, c’est aus- si la banque de la création d’entreprise et de l’accompagnement des projets pour les entre- prises existantes. « Nous travaillons aux côtés Jean-Charles Perrette, des banques traditionnelles sur tous ces terrains », ajoute le directeur régional de Bpifrance. Si cette dernière a joué un rôle important au plus fort ancre BPI de la crise sanitaire pour aider les entreprises à affronter les difficultés, elle entend aujourd’hui apporter sa pierre à l’effort de relance écono- mique et de réindustrialisation. en Champagne-Ardenne « Les économistes prévoient au moins deux à trois années de croissance, c’est donc le moment pro- pice pour créer son entreprise, développer des pro- jets, repartir de l’avant », détaille-t-il. Bpifrance accompagne dans ce cadre de beaux projets, « J Le nouveau directeur régional de e suis un pur produit Bpifrance », sou- aussi diversifiés que le tissu économique de son Bpifrance à Reims pilote une tren- ligne Jean-Charles Perrette. À 32 ans, le territoire. taine de collaborateurs pour accom- nouveau directeur régional de Bpifrance Jean-Charles Perrette espère aussi que les Reims totalise déjà onze années d’expérience entreprises saisiront l’occasion pour mener à pagner les entreprises des quatre dé- au sein de la Banque Publique d’Investisse- bien des projets en matière de développement partements champardenais. ment. Après un Master banque finance à l’IUP durable. « Bpifrance est aussi la banque du cli- banque finance assurance de Caen, il a fait ses mat, et en ce sens nous conseillons à travers un Par Laurent Locurcio premières armes chez Oséo (devenu Bpifrance), diagnostic et finançons les entreprises, notam- avant de devenir chargé d’affaires à la direction ment les PME, qui veulent s’engager dans la tran- régionale Bpifrance de Caen. « J’ai ensuite par- sition énergétique », conclut-il. Une nécessité, ticipé à la création d’une nouvelle implantation à la fois économique et écologique à laquelle à Compiègne intervenant auprès des entreprises doivent répondre toutes les entreprises, sans de l’Oise et d’une partie de l’Aisne », ajoute celui exception. qui a dirigé la nouvelle direction territoriale de 8 / Le Mensuel / Octobre 2021
Trajectoires Catherine Gury S ociologue de formation, cette Nancéienne d’origine a eu l’occasion, dès son entrée dans la vie active, de voir comment le désir veut rapprocher le Cnam d’entreprendre peut être formateur, en intégrant le dispositif Ardan (Action régionale pour le dé- veloppement d’activités nouvelles). Ce dernier, des territoires porté en Grand Est par le Cnam, permet d’inté- grer des demandeurs d’emploi dans les petites entreprises sous une forme de conduite de pro- jets. Onze ans plus tard, Catherine Gury intègre Catherine Gury est convaincue que formation et développement de l’entre- le Cnam et continue de travailler sur la question preneuriat vont de paire. La nouvelle directrice du Cnam Grand Est entend entrepreneuriale au niveau national. Elle sera notamment l’initiatrice de l’incubateur du Cnam, concrétiser les trois principes définissant la stratégie de l’institution dans la à Paris. Son expérience en matière de ressources région : ascension – celle des compétences –, transitions – vers les métiers de humaines et son intérêt pour la conduite du demain –, et territorialisation. changement l’amènent ensuite à s’investir dans la préfiguration du Cnam en Grand Est. « Il fallait réussir à la fois le développement économique de Par Nathalie Stey l’institution, mais également l’élaboration de nou- velles orientations et d’un nouveau futur pour les salariés, avec l’enjeu de proposer des pratiques identiques à l’échelle du Grand Est », note-t-elle. Catherine Gury dirige tout naturellement les ressources humaines du nouveau Cnam Grand Est, avant d’en être nommée directrice adjointe en 2019. « C’est d’abord l’humain qui m’intéresse, l’élévation des compétences. J’ai la conviction que l’entreprise est le terreau de tout apprentissage », lance-t-elle. Une de ses premières actions sera de dévelop- per une nouvelle forme d’intervention du Cnam, au plus proche des territoires. Dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt « action cœur de ville » lancé par le ministère de la Cohé- sion des territoires, l’institut a en effet proposé un nouveau dispositif de formation dans 6 villes moyennes du Grand Est (15 à terme) : Bar-le- Duc, Chalons, Chaumont, Épinal, Saverne et Ver- dun. « Nous nous sommes rendus compte que pour toucher les futurs élèves, il fallait aller vers eux », indique Catherine Gury. Un travail d’analyse vient d’être engagé avec les entreprises, pour faire émerger les besoins de chacun de ces territoires en matière de for- mation. Les cours seront réalisés dans des centres récepteurs en alliant des séances en visioconférence et en présentiel, lorsque les effectifs seront suffisants. Ces nouveaux par- cours devraient démarrer dès 2022. La crise sanitaire a fini de convaincre les plus réticents à ce nouveau format, mais les réflexions à ce sujet avaient été engagées dès avant le Covid. « Ces formations synchrones ne sont qu’un exemple de la façon dont la crise nous amène à changer nos méthodes pédagogiques. Partager le savoir de façon verticale ne suffit plus. Nous devons trouver de nouveaux transmetteurs. Et ça, c’est passion- nant », conclut la dirigeante. © DR Le Mensuel / Octobre 2021 / 9
Rencontre Renaud Mignolet, dirigeant d’entreprises rock and roll Par Pascal Rémy A la tête, à 49 ans, de trois PME arden- J’ai alors embauché Thomas Martinez que j’ai mis un premier produit fini dans un moulin marnais naises 3D Metal Industrie, Helliogreen à disposition de la fonderie Nicolas à Nouzon- et bientôt un autre doté de 15 vis d’Archimède à ville tout en développant la conception de pièces La Macérienne à Charleville-Mézières afin d’ali- et RM Technologies, Renaud Mignolet en 3 D sable dont je maîtrisais bien la technologie, menter le site du Cabaret vert. organise aussi le festival Ardenn’Rock le processus et les marchés éventuels. » Accompagnée par l’UIMM, Helliogreen Indus- à Signy-l’Abbaye. En même temps, il intègre les Arts et Métiers de tries, labellisée par la fondation Solar Impulse, Châlons-en-Champagne en tant qu’ingénieur a réussi une levée de fonds de 400 000 euros chargé du développement des relations indus- auprès de partenaires locaux qui croient en l’ave- F ils de commerçants signaciens1, Renaud trielles puis professeur à mi-temps. « Ce qui m’a nir de cette société et s’investissent dans l’affaire. Mignolet avoue avoir appris le contact permis d’entrer en relations avec de futurs asso- « En voulant devenir leader dans son domaine humain en servant ses premiers clients ciés, d’étoffer mon réseau et de commencer à tra- de l’hydraulique en développant ses propres sys- dans le négoce familial. « Très jeune, j’ai eu aussi vailler avec les fonderies ardennaises. » tèmes de production, Helliogreen capte ainsi l’at- d’autres expériences dans le milieu économique De retour à l’IFTS comme professeur asso- tention de nombreux passionnés. Les perspectives car mes grands-parents et mon oncle étaient in- cié et maître de conférence – « j’avais alors un sont énormes au niveau des marchés. L’enjeu est dustriels à Vrigne-aux-Bois. Tout petit, je perçais pied dans la recherche et un autre dans l’indus- maintenant d’industrialiser le concept à grande et taraudais à la Ferronnerie d’Ardennes. Mon trie comme enseignant-chercheur à mi-temps » –, échelle et d’enchaîner à l’international en visant premier contact avec la boutique et la ferraille ». il s’implique dans la plateforme de fabrication l’Europe et les pays africains en amenant sur Celui qui fit toute sa scolarité à Signy-l’Abbaye va additive Platinium 3 D. place de l’électricité. » rapidement assurer ses premières responsabili- Suite logique des choses, et après discussions Sa seconde passion étant la musique, ce fan tés associatives sur place. Comme président de avec Nicolas Grosdidier, président de La Fonte des Beatles et des Rolling Stones, est guitariste la Jeunesse, animateur de colonies de vacances Ardennaise, il est en mai 2019 à l’origine de et chanteur des Roll Mops et de Pain and Joy, et directeur de centre aéré tout en organisant l’émergence d’une aventure collective sans pré- groupe constitué avec ses compères Thomas des bals, fêtes, festivals et concerts. Dont l’Ar- cédent avec la naissance de 3D Metal Industries. Martinez, Jean-Paul Bonna et Julien Guillemain, denn’ Rock en 1994. Après avoir réussi en 1991 Une SAS portée par sept fondeurs ardennais directeur d’usine à La Fonte Ardennaise. Après son bac chimie, à Reims, au lycée technologique pour produire des moules et noyaux en sable s’être déjà investi dans la fête de l’andouillette Hugues Libergier, Renaud s’intéresse vite à la par fabrication additive industrielle. Installée sur à Signy-L’Abbaye et celle du lavoir à Librecy, métallurgie « pour essayer de comprendre ce le parc Activence, l’entreprise est en plein essor. Renaud Mignolet qui aime animer son territoire qui se passe dans le métal lorsque les molé- Elle va acquérir une seconde imprimante 3D et entraîner les gens derrière lui dans des pro- cules réagissent entre elles ». Après un Deug de sable qui nécessitera la recherche de nouveaux jets communs décide, en 1994, de démarrer chimie-physique à la fac de sciences de Reims locaux. « Entre la conception de prototypes com- Ardenn’Rock dont la sixième édition aura lieu les et un passage sous les drapeaux en tant que plexes pour tous secteurs d’activités, la fabrica- 4 et 5 juillet prochains sur le site de la Vènerie. « pion » militaire au collège Salengro de Charle- tion de pièces détachées de rechange mais aussi « Commencé avec 200 personnes, ce festival pour ville-Mézières, il entame en 1996 un cycle de for- la refabrication ou la production de gargouilles lequel on compte 100 bénévoles a attiré 5000 mation au Cnam dans les locaux de l’IFTS, « Une en plomb pour le musée du Louvre, on coule du spectateurs en 2019 avec la rediffusion du film sur belle opportunité pour suivre les cours du soir. J’ai plomb, de la fonte, de l’aluminium pour diffé- Woodstock et Marcel et son orchestre. Après la terminé cette expérience en faisant un mémoire de rents usages en un temps record. Le potentiel/ crise sanitaire, on a décidé de remettre ça cette recherches sur le moulage-forgeage de la fonte ». clients est élevé. L’entreprise se structure et a très année et de se mettre en mode commando, pour En 1998, il se voit proposer un poste de tech- vite grandi au point d’arriver bientôt à un effectif reconduire ce festival à la campagne qui a l’am- nicien en métallurgie à l’IFTS et fait alors de la de huit personnes » dit son président, satisfait bition de devenir une belle date festive et de faire recherche en milieu industriel. Tout en étant va- de cette rentable mutualisation des moyens de mieux connaître le village et sa belle forêt. » cataire au CNAM, il crée en 2004 une entreprise production née d’une « chasse en meute ». Pro- Avec Didier Wampas et Pierpoljak comme têtes de ferronnerie d’art « Fer et bois » qui se soldera bablement une première en Europe. d’affiche, un budget de 50.000 euros et une par un échec. Après s’être « égaré » (sic) mais Avant cela, en 2017, en s’appuyant sur le savoir- jauge réduite pour le moment à 1000 personnes, avoir beaucoup appris de cet avatar, il retiendra faire de PME comme Vignon, AFS, Rocroyenne l’évènement a encore fait le plein en juillet der- la leçon en lançant en 2008 RM Technologies, un d’Aluminium, Vauché et Bestel, Renaud Migno- nier. Le bonheur était dans le pré… bureau d’études qui fait à la fois du conseil, de la let avait lancé Helliogreen Technologies. Un (1) Son père, Pierre, fut d’ailleurs durant quelques années recherche et de la formation. concept de turbines hydroélectriques afin de vice-président de la CCI « Des clients comme le groupe Bouhyer, les Ate- produire de l’électricité verte. Après avoir rôdé © Pascal Rémy liers des Janves, AFS et les fonderies locales m’ont un prototype à Signy-l’Abbaye, cette startup de accordé leur confiance et fait beaucoup travailler. l’énergie renouvelable (trois salariés) a installé 10 / Le Mensuel / Octobre 2021
Rencontre Déjà bien occupé comme dirigeant de trois entreprises dans les Ardennes, Renaud Mignolet est aussi chanteur, guitariste et organisateur d’un festival musical. Le Mensuel / Octobre 2021 / 11
La filière thermique représente encore l’essentiel des emplois du secteur, qui aborde la transition actuelle plus fragilisé que jamais. 12 / Le Mensuel / Octobre 2021
Stratégie Grand Est VÉHICULES ÉLECTRIQUES, SOMMES-NOUS PRÊTS ? Les épisodes climatiques de cet été sont venus nous le rappeler : il est urgent de ré- duire l’impact de nos économies en matière de gaz à effet de serre mais aussi des pollutions en tous genres. La Commission européenne a pris la mesure de cet impératif en donnant, le 14 juillet dernier, un gros coup d’accélérateur à son Green Deal, la politique de verdisation de l’Europe, dans l’espoir d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. L’industrie automo- bile, notamment dans le Grand Est, peut-elle relever le défi ? Par Nathalie Stey B ruxelles voudrait diminuer de façon drastique (- 90 %) les émissions du secteur des transports, avec à la clé une mesure un peu folle et en tout cas unique au monde : réduire de 100% les émissions des nouvelles voitures particulières et utilitaires légers d’ici à 2035 (et de 50 à 55 % à l’horizon 2030). Si elle était adoptée en l’état, la nouvelle ré- glementation exclura automatiquement les voitures thermiques, y compris hybrides rechargeables, quand bien même ces dernières utilisent un carburant liquide d’origine non fossile. S’y ajoute à court terme, en France, la loi Climat & Résilience, qui a généralisé la mise suite... en place de zones à faible émission dans toutes les agglomérations © DR de 150 000 habitants à compter de 2025, de même que l’interdic- Le Mensuel / Octobre 2021 / 13
Stratégie Grand Est VÉHICULES ÉLECTRIQUES : SOMMES-NOUS PRÊTS ? (SUITE) © DR Les véhicules personnels pourrait encore perdre 15 % de ses effectifs d’ici à pourraient encore perdre 15 % 2025. La baisse serait même être plus importante de ses effectifs d’ici à 2025. dans le Grand Est, qui concentre une importante activité de fonderie, particulièrement impactée par la fin programmée du moteur thermique. Elle tion, à cette date, des véhicules Crit’air3 dans les dans l’industrie automobile avait déjà baissé de ferait sortir la France des grandes nations de la ...début dix agglomérations françaises les plus polluées près de 30 % (et même 33 % dans le Grand Est), en construction automobile. Mais cette baisse pour- (dont Strasbourg). particulier chez les constructeurs, dont le poids rait être plus limitée si le pays réussit à relocali- D’ores et déjà, le marché des véhicules élec- dans la filière a diminué. ser une partie de ses approvisionnements. Pour triques et hybrides s’est considérablement De fait, la question se pose aujourd’hui, de savoir cela, il serait nécessaire de gommer le handicap développé en France et en Europe. Alors qu’ils si notre industrie est prête à faire le virage de de compétitivité dont souffre notre territoire par ne représentaient encore que 2 % des ventes en l’électrique. L’automobile est un des secteurs rapport à ses voisins européens, en matière de 2018, leur part de marché a été multipliée par industriels les plus intégrés au monde et la charges sociales et d’impôts de production, mais cinq en deux ans, pour représenter un peu plus France ne déroge pas à la règle. Alors qu’il béné- aussi d’un point de vue culturel. C’est en asso- de 11 % des ventes en 2020. Au total, quelque ficie de la présence d’acteurs de rang mondial ciant davantage les salariés à l’effort d’innovation 557 000 véhicules électriques et hybrides étaient sur son territoire et d’un savoir-faire reconnu en et en développant les capacités de coopération en circulation dans l’Hexagone fin 2020 (3,2 mil- électronique embarquée, notre pays dépend à inter-entreprises que la France pourra améliorer lions en Europe). L’ensemble des constructeurs 50 % d’intrants étrangers, en particulier dans les ses performances industrielles. Il s’agit aussi de a désormais pris le virage de l’électrique. Mais composants électroniques. L’accélération de la mieux mobiliser les compétences sur le marché la filière thermique représente encore l’essentiel délocalisation a encore renforcé ces fragilités. À du travail. des emplois du secteur, qui aborde la transition Mulhouse comme ailleurs, la chaîne de montage Se pose enfin la question des bornes de actuelle plus fragilisé que jamais. Stellantis a été mise à l’arrêt en septembre faute recharge qui conditionne, dans les faits, le pas- de semi-conducteurs et la direction a suspendu sage à l’électrique pour le consommateur, tant Fin du moteur thermique la mise en place d’une deuxième équipe de pro- individuel que professionnel. Quelques 450 000 Avec la crise du Covid, le secteur automobile duction, censée assurer le lancement de la Peu- points de recharge sont aujourd’hui disponibles, français a en effet vu sa production chuter à geot 308. Le site devrait, à l’avenir, accueillir la dont plus de la moitié en entreprise, pour à peine 1,65 million de véhicules en 2020 – soit son niveau production d’un véhicule 100 % électrique. Mais 33 600 bornes publiques. Il en faudrait 100 000, des années 1970. En une année, quelque 13 000 en attendant la normalisation des approvision- estime la Plateforme, qui a fait du sujet une des emplois ont été perdus, du jamais vu depuis 2008. nements, qui ne devrait pas être effective avant priorités du nouveau contrat stratégique de Alors que la filière avait retrouvé une bonne dyna- plusieurs mois, la direction n’a pas d’autre choix filière signé avec l’État. Cette dernière s’engage mique, après le point bas de 2013, la crise sani- que de piloter à vue. Pour les syndicats, c’est la par ailleurs à compléter ses analyses de cycle taire a remis sur le devant de la scène l’impact des politique d’achat du groupe qui est à l’origine de de vie d’ici à la fin 2022. Parce que l’électrique mutations du secteur. Plus de 45 000 emplois, la situation : en privilégiant une fabrication low- n’est pas la seule solution pour assurer la neu- soit plusieurs centaines d’entreprises, sont en cost en Asie et en tardant à relancer les com- tralité carbone de l’Europe. effet concernés par la fin du moteur thermique. mandes de composants à la fin de la première Les ouvriers des forges et des fonderies, en parti- vague de Covid, Stellantis aurait « semé les culier, qui produisent blocs moteurs et pièces de germes de la pénurie », estime la CFDT. liaison au sol, devront nécessairement s’orienter vers de nouveaux métiers. Jusqu’en 2020 pour- Rapatrier certaines activités tant, les effets de cette transition étaient atténués Luc Châtel, président de la Plateforme de l’auto- par la croissance globale que connaissait le mar- mobile, est du même avis : il est devenu urgent ché. Cette dernière a pu faire oublier que, durant de rapatrier certaines activités. Sans change- la dernière décennie (2008-2019), l’emploi salarié ment dans l’évolution du secteur, l’automobile 14 / Le Mensuel / Octobre 2021
différentes technologies : hybride, full électrique AUTOMOBILES DANGEL et pile à combustible. Pour nourrir ces développements, Dangel a inves- COMMENT ti de nouveaux territoires et de nouveaux produits, notamment le marché du camping-car. Présent dans 21 pays avec sept marques, le transforma- teur a vu son horizon s’élargir avec la constitution UNE PME RELÈVE du groupe Stellantis. Et il compte bien, à terme, proposer ses solutions de motricité à d’autres segments du marché. Objectif : devenir le lea- der européen de la transformation de véhicules LE DÉFI utilitaires en 4x4. L’ambition appelle certaines réflexions : les fournisseurs seront-ils capables de suivre la montée en cadence ? Et Dangel saura- t-il les rassurer pour qu’ils investissent durable- ment, au même titre que les efforts accomplis répondre aux besoins de Stellantis ? La ques- Pour Automobiles Dangel, installé dans le Haut-Rhin, le basculement tion est d’autant plus cruciale que les exigences vers l’électrique peut être l’opportunité d’investir de nouveaux mar- liées à la transition énergétique imposent désor- mais à la PME d’amortir ses bases de montage en chés. À condition pour le transformateur des utilitaires 4x4 de ne pas cinq ans au lieu de dix. « Pour engager ces coûts être mis au pied du mur. de développement, nous aurons besoin d’aides », estime Philippe Hébert. C’est pourquoi le chef d’entreprise a déposé une demande de subven- Par Nathalie Stey tion auprès de la Région Grand Est, de BPI et du gouvernement. Dangel est une des premières entreprises du Grand Est à bénéficier d’un soutien du fonds de modernisation de la filière automo- « L aissez-nous le temps ! ». C’est par ces (Russie) en revanche, Dangel a choisi de ne four- bile pour un projet orienté vers l’électrification des mots que Philippe Hébert, directeur nir que les composants de ses chaînes de trac- véhicules. L’investissement nécessaire à la mise général d’Automobiles Dangel, réagit tion, laissant le soin aux ouvriers de Stellantis de en œuvre de trains arrière électrifiés est estimé suite... aux décisions politiques visant à généraliser le les assembler, pour les intégrer directement aux à 1 million d’euros, pris en charge à 80 % par les tout-électrique. « On n’est pas contre la transition véhicules. Dans l’ensemble, la PME n’a été que pouvoirs publics. énergétique, mais elle ne se fera pas en claquant peu affectée par le Covid, clôturant l’année 2020 des doigts. Aujourd’hui, on met tout le monde à avec un chiffres d’affaires en hausse, à 25 millions l’index, qu’il s’agisse des gros constructeurs qui d’euros. Et cette croissance se poursuit, puisque fabrique des millions de véhicules, ou des trans- Dangel affiche un chiffre d’affaires de 30 millions Dangel a investi formateurs, comme nous, qui n’en fabriquons d’euros sur les douze derniers mois. de nouveaux territoires que quelques milliers. Les gens qui définissent les lois s’affranchissent des réalités techniques ». Accolée à Stellantis et de nouveaux Plusieurs étapes sont en effet nécessaires pour et Toyota produits, notamment espérer produire un jour d’utilitaires tout-terrain De quoi aborder sereinement la transition à le marché « propres » : disposer d’une base électrique, faire homologuer le véhicule transformé par venir. Bien qu’elle ne travaille aujourd’hui que sur une base diesel et boîte mécanique, la PME du camping-car. le constructeur, notamment pour toute la par- est accolée à deux groupes plutôt bien avancés tie sûreté, et enfin, obtenir l’homologation des dans le véhicule électrique : Stellantis et Toyota. services de l’État, eux-mêmes saturés de de- Mais rester dans la roue de ces deux construc- mandes. « Les élus doivent prendre conscience teurs impose de pédaler vite. Dès son arrivée il y que tout cela prend du temps, avant d’exiger par a quatre ans, Philippe Hébert a ainsi totalement exemple des services postaux de bannir le ther- réorienté l’activité de ses bureaux d’études, en mique de leur flotte de véhicules », lance l’ancien leur donnant le droit à l’erreur. « Il fallait montrer cadre de chez PSA. qu’on était capables de basculer dans l’électrique. Opérateurs de réseaux, gestionnaires d’infra C’était un véritable choc de culture. Pour aller structures, sociétés de BTP... toutes ces profes- plus vite, nous avons fait appel à des entreprises sions amenées à se déplacer sur des chemins qui maîtrisent cette technologie ; on s’est ainsi de terre, en zone de montagne ou dans des rapproché de QEV, Huber ou encore de Punch », conditions hivernales, sont le premier marché indique-t-il. Dangel a commencé à travailler sur d’Automobiles Dangel. L’entreprise réalise 75 % des prototypes avec Stellantis, dans la même de son chiffre d’affaires à l’export, avec pour optique que ce que l’entreprise a toujours fait : premier client, la Poste norvégienne. La socié- apporter de la motricité au véhicule, en agissant té a été créée en 1979, à Sentheim (Haut-Rhin), sur le train arrière. « Hier, on prenait la force dans pour équiper la 504 Peugeot. Dangel transforme le moteur et on l’emmenait à l’arrière grâce à un aujourd’hui 4 000 véhicules par an en version axe. Avec un moteur électrique, la présence des treck ou 4x4. En plus de son implantation histo- batteries (et demain, des réservoirs d’hydrogène) rique, l’équipementier a ouvert une filiale dans la ne permet plus d’utiliser cette solution méca- zone franche du port de Vigo (Espagne), à proxi- nique. On a donc développé des solutions com- mité de l’usine où Stellantis fabrique ses petits pactes permettant de travailler dans l’architecture utilitaires. Le site est homologué pour les direc- électrique, pour implanter un moteur apportant tions à droite, ce qui lui permet de desservir les le couple aux roues arrières. » De conception © DR pays du Commonwealth. Sur le site de Kaluga modulaire, le système doit pouvoir s’appliquer à Le Mensuel / Octobre 2021 / 15
Vous pouvez aussi lire