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Médecin d’occitanie L e b u L L e t i N d e L’ u r P S d e S M é d e c i N S L i b é r a u x N°7 - octobre 2018 La relève médicale a u S o M M a i r e Le zoNage SaNS coNSuLtatioN SéMiNaire deS iNNovatioNS eN SaNté graNd téMoiN : Le directeur de La cPaM, MicheL daviLa
L’URPS des médecins d’Occitanie est de tout cœur avec ses confrères et la population de l’Aude, frappés par la catastrophe naturelle de la mi-octobre. L’URPS au SoMMaire apportera son soutien aux médecins en Page 3 : difficulté. Pour cela une édito du président : demain, les nouveaux médecins L’éditoriaL ligne téléphonique est docteur Maurice beNSouSSaN, PSychiatre à coLoMierS, PréSideNt de L’urPS ML occitaNie mise à leur disposition : a c tuaLi té S le 05 61 15 80 90. Page 4-5: innovation santé : des exemples venus de l’étranger Pages 5 : Les services offerts par le Site internet urPS eSt-ce que La techNocratie SaNitaire Page 6 : dépister l’insuffisance cardiaque a uN viSage ? dé cryPtage Pages 7 à 10 : MSP d’occitanie : arrêts sur images Le bruit court de plus en plus insistant : le départ de Que fait-on d’ailleurs pour la Directrice Générale de l’Agence Régionale de Santé que les médecins s’instal- doSSier d’Occitanie est imminent. Le temps n’est pas au bilan, lent ? Une série de mesures car le minimalisme de nos relations avec les services pensez-bien ! Le zonage en La reLève MédicaLe : Le MédeciN Nouveau arrive est le modèle, avec la plus de l’Etat est notre actualité. Certes, quelques-unes de Pages 11 à 15 ; la relève médicale grande partie de son péri- nos initiatives sont soutenues, peut-être même recon- mètre décidée nationale- nues, mais la plupart de nos échanges s’inscrivent dans ment. Fo cuS le simple formalisme d’un jeu de rôles. Ce n’est pas là le La centralisation ne s’ar- moindre des paradoxes en regard des enjeux sanitaires. rête pas là. Son actualité Pages 16-17 : Le zonage vu par l’arS : sans consultation ! Tout se passe dans notre territoire comme si l’Etat n’avait concerne aussi l’hospitali- nul besoin d’interlocuteurs. Son savoir des affaires de sation privée. L’Etat facilite gr a Nd té Mo iN santé est aujourd’hui abouti, il doit aller droit au but le regroupement des établissements au point que l’offre sous le sacrosaint primat de l’économie. Les instances hospitalière privée devient la propriété de groupes capi- Pages 18-19 : Michel davila, directeur de la cPaM de la démocratie sanitaire pourvoiront au dialogue so- talistiques de plus en plus puissants. Si ce mouvement de haute-garonne améliore gestion et rentabilité, son impact sur la qualité cial. Les plans suivent les lois de santé, l’innovation est le maî- de l’offre de soins est insuffisamment évalué. Nous ne tre mot, comme bâtir un nouveau système de soins, plus voulons pas penser que derrière cette unification des mo- égalitaire, plus accessible. Entre autres créations, les pla- dèles, créant des structures de taille nationale ou inter- nationale, se cache aussi la pratique du pantouflage chère teformes territoriales d’appui à la pratique des médecins aux polytechniciens. généralistes. L’innovation en Occitanie se traduit par un Ce ne doit pas être le visage de la technocratie. La constat : personne n’a pris la peine d’interroger les mé- médecine, même si elle l’exige, ne peut se satisfaire decins généralistes pour connaitre leur besoin d’appui. d’une approche purement technique, économique, et MédeciN d’occitaNie N° 7 - octobre 2018 Quelle perte de temps ce serait, d’autant que l’agence a sous la main les réseaux ! gestionnaire. Elle a besoin que les planificateurs, les tutelles, lui permettent de valoriser ses compétences Le bulletin de l’URPS des Médecins – Maison des Professions Libérales Par effet d’aubaine, puisque financement il y a, les voilà dans les dimensions relationnelles, individuelles et 285, Rue Alfred Nobel. 34000 Montpellier - Tél. : 05 61 15 80 90 transformés en plateforme territoriale d’appui, du seul fait identitaires du soin. Fax : 05 61 15 80 99 - urps@urpslrmp.org - www.urps-occitanie.org de la puissance publique. L’implication des acteurs, le re- ISSN 2556-9414 Directeur de la publication : Dr Maurice BENSOUSSAN pérage des besoins de terrain, c’est tout simplement inu- Comité de rédaction et de lecture : Les docteurs Maurice BENSOUSSAN, Michel tile. Les médecins n’ont qu’à s’installer dans les déserts, COMBIER, Jean-Claude LUCIEN, Jean-Baptiste THIBERT, Patrick CONTIS, Jean-Marc car plus personne ne comprend pourquoi ils ne le font LARUELLE, Philippe CUQ, Jean-Christophe CALMES, Olivier DARREYE, Pierre RADIER. pas ! Mesdames Camille RICART, Catherine MALGOUYRES-COFFIN. Rédaction : Luc JACOB-DUVERNET, Odile FRAYE, Pierre KERJEAN, Philippe MEURSAULT, Tirage : 12 500 exemplaires - Maquette et mise en pages : Agence LSP. Crédit photo : Freepik, LSP - Impression : Imprimerie Ménard 2 3
Médecin d’occitanie FocuS L e b u L L e t i N d e L’ u r P S d e S M é d e c i N S L i b é r a u x actuaLitéS orgaNiSé Par L’urPS, uN SéMiNaire de L’iNNovatioN eN SaNté Site iNterNet de L’urPS a débattu de L’aveNir deS ServiceS eN LigNe vouS avez dit dédiéS aux MédeciNS iNNovatioN ? Le site internet de l’URPS-ML d’Occitanie a enregistré pendant l’été des modifications. On pourra découvrir le site rénové en ce début décembre 2018. Parmi ces La réflexion sur les innovations pour améliorer le système de santé fait l’objet de débats au sein de l’URPS – Médecins libéraux. L’Occitanie est une Selon le directeur de la Clinique Parmi les pistes pour une refonda- modifications, un ajout avec la création d’une plateforme Pasteur de Toulouse, qui a la di- tion concernant la santé, il faut, à de services. Des services au nombre de cinq qui seront région constituée de nombreux territoires aux conditions diverses et variées qui nécessitent en matière sanitaire des innovations adaptées, échappant à rection d’une mission ministé- côté d’un nouveau modèle social, proposés aux seuls médecins libéraux d’Occitanie. un moule uniforme national ! Fort de ce principe, un séminaire d’une très grande qualité s’est tenu début octobre à Toulouse. Organisé par l’Union rielle sur le chantier numérique une évolution de l’accès aux soins régionale sur des innovations qui sont lancées… ailleurs, dans d’autres pays occidentaux, il a été question de retenir les meilleures, et d’essayer d’établir de la stratégie de transformation à l’accès à la santé, favoriser Le site internet de l’URPS-ML d’Occitanie se compose do- du système de santé, l’innovation l’économie de l’innovation. Il rap- rénavant de deux grandes parties. La première est consa- une méthodologie qui permettrait de répondre au mieux aux exigences locales de l’Occitanie. sera sans limite, tant en génie bio- pelle, si l’on veut s’éloigner des crée à l’actualité du monde de la santé en Occitanie et de logique ou en génie cybernétique vieux schémas, que « l’innovation la vie de l’Union régionale des médecins libéraux. Ces in- qu’en génie inorganique ou en e- est disruptive. formations adaptées seront traitées à travers 6 rubriques : Il faut refonder le système de santé au ni- une redondance des soins, pas de coordination vateurs français. Après Joseph Tedesco, c’est thérapies et nouveaux traitements. Elle offre une solution moins chère, veau de son organisation nationale, estime et des soins coûteux. Les professionnels de au tour de Natacha Lemaire, rapporteure gé- Point de vue, Actualités video,Travaux de l’URPS, Actualites La question que pose Domique Pon plus accessible, simplificatrice et le Dr Marie-Josée Renaudie, coordonnatrice santé américains ont alors imaginé un nouveau nérale du conseil stratégique de l'innovation audio, L’essentiel de l’actualité et En bref. Cet espace in- tourne en fait autour de l’intelli- bouleversant le paysage compétitif de la commission Innovation en Santé de lieu et un nouveau métier. Selon eux, se rendre en santé au Ministère des solidarités et de la formatif est ouvert à tous. gence artificielle et du transhuma- et le système économique d’une l’URPS : « Mais nous ne voulons plus, dit-elle, d’abord au cabinet du généraliste, au cabinet santé, d’apporter sa réflexion sur les pays pré- La seconde partie, réservée aux seuls médecins libéraux nisme ? Améliorer certains aspects sphère donnée ». Il complète cette d’un modèle rigide à dupliquer sur tout le pays, du spécialiste et à l’hôpital relève de « l’ancien curseurs et leurs expériences, notamment en d’Occitanie (un code d’accès est nécessaire), leur pro- de la condition humaine tels que définition en précisant qu’il est « et donc inadapté dans de multiples territoires. paysage ». Le nouveau lieu qu’ils ont créé : un coordination de soins. Selon elle, les Améri- pose des services qui doivent leur simplifier la vie. le handicap, la maladie, la souf- difficile pour des sociétés leader ou Nous avons conscience que cela passera par des centre qui héberge la pharmacie, la clinique, là cains ont un véritable sens de l’initiative au Le premier service intitulé J’entre en contact avec l'URPS france, le vieillissement ou la mort, des institutions de réussir à créer innovations adaptées aux conditions locales. » où se fait le diagnostic, là où se décident les service de la santé publique que, semble-t-il, est une plateforme simplifiée d’échanges avec l’Union pourquoi pas, mais à quel prix ? ces innovations ». La commission a donc décidé d’ouvrir le débat soins coordonnés, la surveillance et les soins n’ont pas suffisamment les Français. Natacha dont le lien a pour nom L’URPS me répond. C’est la raison pour laquelle il es- Appliquer cette théorie à la santé en organisant début octobre un séminaire dont prolongés. Comme une gare de triage de la Lemaire a pu observer pendant un an à l’uni- Le deuxième service intitulé J’entre en contact avec la time que le virage numé- est complexe, voire ha- « le but est la recherche d’une amélioration de santé, le centre conduit en fonction des be- versité d’Harvard toutes les organisations cellule Innovation est également une plateforme rique en santé, qui peut sardeux. Pourtant, on notre système. Un système, et c’est notre préoc- soins le patient vers un spécialiste, une cli- Obama Care et a pu apprécier « un dynamisme être au service du patient L’innovation peut le faire, selon Frédé- d’échanges avec l’URPS chargée d’accompagner les mé- cupation, dont nous souhaitons nique, un cabinet de radiologie. très imaginatif qui permet de faire toutes decins qui veulent promouvoir un nouveau mode d’or- avec une plateforme per- est ric Bizard, sous quatre garder la maîtrise ! » Les parti- Se rendre d’abord Pour les patients polypatholo- sortes d’innovations. » Elle en veut pour sonnalisée connectée, conditions : des techno- ganisations de soins (DSPP, PTA, CPTS, MSP et ESP) dans cipants à ce séminaire sont allés giques à la prise en charge dif- preuve, dans un système de santé excessive- sa mise en place. Le lien a pour nom L’URPS me sou- au cabinet doit s’opérer dans un disruptive logies sophistiquées et à la découverte des innovations ficile, l’extensivist - ainsi les ment cher et où un modèle d’exercice de la tient. cadre éthique. Plutôt pes- simplificatrices (biotech, des systèmes de santé des pays du généraliste, américains ont-ils appelé ce médecine indépendante est en crise, Medicare simiste (« on peut craindre le pire nouveaux dispositifs médicaux ou Le troisième service intitulé Je cherche un remplace- environnants au mode de fonc- au cabinet médecin aux consultations qui a une influence grandissante. Ce service en la matière ! »), le directeur de la molécules, dispositifs de diagnos- ment, je trouve un remplacant conduit au site Rempla tionnement proche du nôtre. complexes ! -, réalisera une d’assurance-santé fédéral pour les plus de 65 Occitanie. « Ce tour du monde autorise une du spécialiste et douzaine de consultations par ans a réuni des groupes de médecins, des hô- Clinique Pasteur de Toulouse pense tics, e-technlogies) ; une innova- qu’il est encore temps de sécuriser tion économique à forte valeur réflexion conduisant à de nom- à l’hôpital relève de jour de la durée nécessaire, pitaux ou autres offreurs de soins pour délivrer l’espace du patient, à condition ajoutée ; un nouveau système de breuses questions, explique le Dr « l’ancien paysage » pouvant dépasser l’heure pour des soins coordonnés de haute qualité à leurs qu’une volonté politique accom- valeur ; un régulateur, dont les Marie-Josée Renaudie. Ainsi, en une prise en charge globale. patients Medicare. Même s’il ne résout pas les pagne la définition de ce cadre pouvoirs publics, qui doit mettre confrontant ce qui se fait dans les autres pays « C’est un modèle qui a beaucoup d’impact dans difficultés structurelles du système, ce modèle, éthique. Second intervenant pour en place les conditions finan- avec notre système de santé, qu’est-ce qui nous le milieu du soin. Cela prouve qu’en la matière, où dominent le caractère non obligatoire du la question originelle de l’innova- cières, techniques et organisation- paraît souhaitable ? » les Américains ont un grand sens de l’initia- programme et la liberté de choix et d’organi- tion, Frédéric Bizard dresse, avant nelles cohérentes, n’entravant pas Parmi les spécialistes français qui ont étudié tive, » dit Joseph Tedesco. Et il ajoute : « Le rôle sation, est attractif pour les médecins indé- d’y répondre, un tableau sombre le changement mais le facilitant. les organisations étrangères et qui ont parti- d’extensivist nécessite un large éventail de pendants. du système à la française : un sys- Toutes ces pistes, « de qualité », cipé à ce débat, Joseph Tedesco, directeur gé- compétences (il est décideur unique !) et le désir tème de santé qui est frappé de selon le Dr Marie-Josée Renaudie, Le quatrième service intitulé Je consulte mon annuaire néral du Centre national d’expertise d’une pratique différente. Tous les médecins ne Mais finalement quelle définition peut- crises différentes, qui subit les er- donneront du grain à moudre aux URPS est l’annuaire des médecins d’Occitanie. Une car- hospitalière (CNEH) s’est penché sur les orga- sont pas prêts ou ne sont pas capables d’assu- on donner à l’innovation en matière de rements des pouvoirs publics et les membres de la commission Inno- tographie interactive donne les 12 000 adresses de ca- nisations américaines Obama care. Il a ainsi mer ce rôle. » santé ? C’est la question à laquelle deux in- échecs des politiques publiques, et vation en Santé de l’URPS, qui binet et les 8 000 mails de l’ensemble de la communauté étudié des expériences très innovantes qui Autant le système anglais est très encadré et tervenants ont tenté de répondre. Le pre- qui perd la confiance des citoyens. souhaitent sur ce sujet de l’inno- médicale libérale d’Occitanie. n’ont pas manqué de surprendre l’assistance. est peu adaptable aux pratiques françaises, mier, Dominique Pon, en prenant un seul L’économiste, professeur à vation, et particulièrement celle Le cinquième service intitulé Je rejoins ma communauté L’un des grands problèmes du système améri- comme l’a rappelé Amélie Bages, travaillant à exemple : après la révolution scientifique, la Sciences Po, souhaite la refonda- adaptable au territoire d’Occita- permet d’aller à la découverte des applications dédiées cain de prestations de soins est de tout faire la NHS anglaise, responsable du programme révolution industrielle, voici venir la révolu- tion d’un nouveau modèle social, nie, poursuivre leur réflexion. à l’activité des médecins. Aujourd’hui, l’URPS STORE porter par les médecins et les hôpitaux. Ainsi, quinquennal pour la prestation de soins de tion NBIC (nanotechnologies, biologie, infor- avec, dit-il, « la santé qui est de loin Philippe Meursault compte trois applications, deux téléchargeables sur un patient polypathologique verra plusieurs santé mentale, autant les innovations améri- matique et cognitique) dont la principale la réforme la plus complexe à opé- smartphone et une sur tablette. praticiens avec des conséquences fâcheuses : caines retiennent l’intérêt de tous les obser- utilisation sera la lutte contre la maladie. rer sur le plan politique ». Odile Fraye 4 5
Médecin d’occitanie actuaLitéS décryPtage L e b u L L e t i N d e L’ u r P S d e S M é d e c i N S L i b é r a u x uNe caMPagNe de dePiStage de L’iNSuFFiSaNce cardiaque évaLuatioN deS MaiSoNS de SaNté PLuriProFeSSioNNeLLeS iNSuFFiSaNce cardiaque : PeNSez e.P.o.F*. ! L’insuffisance cardiaque constitue un défi majeur de santé publique. Cette pathologie est peu connue du patient qui n’en mesure pas les dangers, malgré des signes avant-coureurs pouvant le conduire à éviter des cas d’ur- gence. En cette fin d’année, les professionnels de santé d’Occitanie lancent une campagne d’information. « La campagne grand public pour bien ses patients, explique le Dr dépister l’insuffisance cardiaque a Christian Vedrenne, praticien à pour objet de mobiliser tout un Maury dans les Pyrénées Orien- chacun, aussi bien les patients que tales. Dans sa maison de santé plu- les pouvoirs publics qui sont dans riprofessionnelle, le médecin une totale ignorance des effets dé- appelle à la mobilisation : « Nous sastreux de cette maladie fré- avons établi des critères d’alerte de MSP d’occitaNie : arrÊtS Sur iMageS quente », explique le Dr Elisabeth façon à déceler l’insuffisance car- Les maisons de santé pluriprofessionnelles se sont installées petit à petit dans le paysage sanitaire français. D’une vingtaine sur le territoire Pouchelon, présidente des cardio- diaque à son début. Avec cette national en 2008, le nombre des MSP a dépassé le millier cette année. L’Occitanie en compte 124. Il a semblé temps à l’URPS de saisir une image logues libéraux d’Occitanie. Les campagne, nous travaillons avec de ces établissements régionaux de soins de premier recours pour apprécier le ressenti des médecins dans leur condition d’exercice et analyser les chiffres parlent d’eux-mêmes : près les professionnels de santé qui nous difficultés que les MSP rencontrent afin de permettre aux médecins qui souhaitent en créer d’éviter certains écueils. de 11 000 habitants d’Occitanie entourent : les paramédicaux, les étaient concernés par la maladie aides-soignants et les auxiliaires de « Plusieurs projets de maisons de santé plu- permettre, entre autres, une continuité des nécessité de s’organiser et de changer les en 2008, et on comp- Il faut instiller vie. » riprofessionnelles se sont retrouvés en soins organisée. méthodes de travail. » tait 12 000 hospitali- La campagne veut grande difficulté devant le manque de pré- « Dans la région des Corbières, aux alentours Des maisons médicales qui souhaiteraient sations en 2013 et dans les mémoires en effet mobiliser paration et de concertation entre les profes- de Lézignan, il y a cinq médecins, dont trois être labellisées, des maisons de santé pluri- 7 000 décès. « C’est la l’acronyme EPOF les pharmaciens, sionnels de santé, les élus, l’ARS et l’URPS », âgés de plus de 60 ans, un de plus de 50 professionnelles qui décollent difficilement, première cause d’hos- pour éviter des les infirmiers et dit le Dr Bruno Gay, responsable de la com- ans », poursuit le Dr Bruno Gay. Il ajoute : d’autres qui tournent parfaitement, le profil pitalisation après 65 ceux qui intervien- mission MSP organisations des soins pri- « un jeune médecin devrait normalement des MSP en Occitanie reste à dessiner. ans dans tous les pays hospitalisations nent auprès des maires de l’URPS. « Pour exemple, une MSP s’installer dans une maison de santé à Trèbes Ayant fait de nouveaux modes d’organisa- occidentaux », rappelle le Profes- patients au quotidien pour déceler tion territoriale en santé une de ses priori- seur Michel Galinier, cardiologue les symptômes, et enjoindre le pa- Pharmaciens, l’association des car- Penser à ces signes évocateurs de tés, l’URPS a décidé de faire un état des au CHU de Toulouse et ancien res- tient à consulter au plus vite son diologues Catalano-Occitans, le la maladie évitera des hospitalisa- lieux de ces maisons à travers une étude confiée à deux cabinets de consultants ponsable national de la commis- généraliste avant d’en arriver à une CHU de Montpellier et de Toulouse tions en urgence. toulousains (voir encadré page 9). sion de l’insuffisance cardiaque au décompensation cardiaque aiguë. vont communiquer ensemble afin « À l’heure de l’exercice médical sein de la société française de car- Le médecin traitant organisera en- de traquer les symptômes chez les coordonné que l’on veut promou- diologie. D’où la nécessité du dé- suite le parcours de soins du pa- sujets à risque en impliquant, via voir, il n’y pas de meilleure preuve UNE LETTRE pistage de la pathologie. Les tient. Selon Jean-François les supports de cette campagne, les que ce travail en équipe pour com- chances de survie pourraient être Bouscarain, président de l’URPS ADRESSÉE professionnels en relation régulière battre l’insuffisance cardiaque », grandement améliorées si la mala- des Infirmiers Libéraux d’Occitanie, avec eux. conclut le Dr Christian Vedrenne. AUX MÉDECINS die était diagnostiquée plus préco- « les 16 000 infirmiers de la région Repérer les symptômes, au nombre cement. qui, chacun, rencontrent 40 pa- de quatre, permet d’améliorer le Philippe Meursault « Au sujet de cette étude, nous parlons d’état tients par jour constituent une très dans les Corbières se retrouve avec un seul qui est actuellement vide. Mais il est terro- des lieux, il s’agit plutôt d’un point d’étape, processus évolutif. Il s’agira donc ____________ médecin pour exercer alors que quatre mé- risé à l’idée de rester seul, et souhaiterait que commente le Dr Jean-Louis Bensoussan, 1er Pour cette pathologie, c’est à la bonne porte d’entrée pour conseil- d’instiller dans les mémoires l’acro- *E comme essoufflement, P comme decins proches de la retraite exercent seuls les cinq médecins viennent s’installer dans vice-président de l’Union des médecins li- base que tout débute : « Le médecin ler les malades. » nyme EPOF. E comme essouffle- prise de poids, O comme œdème des dans un rayon de 10 km. » Aux yeux du gé- cette maison. Je suis en contact avec eux. Il béraux. Quant au Dr Michel Combier, secré- généraliste est le mieux placé pour C’est la raison pour laquelle ment, P comme prise de poids, O membres inférieurs et F comme Fa- taire général de l’URPS, il se veut rassurant diagnostiquer une poussée de l’in- l’URPS-Médecins Libéraux, l’URPS- tigue. néraliste, le regroupement de ces médecins faut absolument que nous nous réunissions comme œdème des membres infé- : « cela ne veut pas dire que nous voulons dans une CPTS paraîtrait logique pour tous ensemble. Un des rôles de l’URPS est suffisance cardiaque, car il connaît infirmiers, l’Ordre régional des rieurs et F comme Fatigue. donner des labels ou des notes aux MSP ». l’amélioration de leur condition de travail et d’expliquer, encore et encore, l’impérieuse SUITE PAGE SUIVANTE > 6 7
décryPtage évaLuatioN deS MaiSoNS de SaNté PLuriProFeSSioNNeLLeS MSP d’occitaNie : arrÊtS Sur iMageS > SUITE DE LA PAGE PRÉCÉDENTE C’est sans doute la raison d’ajouter : « Durant ma car- Nous avons atteint un plafond mêmes. » pour laquelle il a fallu rière, j’ai connu les trois solu- de verre, et nous n’irons pas convaincre des élus de l’Union tions : le cabinet de groupe, le beaucoup plus loin en termes UN DES et certaines MSP qui n’étaient cabinet où je travaillais seul de nombre de maisons de ÉLÉMENTS DE uNe étude iPSo Facto Pour uN PaNoraMa pas favorables à l’étude. et la maison médicale qui est, santé pluriprofessionnelles, Maurice Bensoussan et Bruno selon moi, la solution la plus c’est-à-dire des profession- LA PANOPLIE PréciS deS MaiSoNS de SaNté d’occitaNie Gay ont informé ces médecins confortable ». Bruno Gay est nels réunis sous un même toit au travers d’un courrier pour leur expliquer que leur parti- du même avis : « dans cinq ans, il n’y aura plus de méde- pour un même projet. Cet objectif semble partagé par tous les membres de LES MSP VONT SE DÉVOILER l’URPS, même si, comme on le équipe qu’on peut répondre à cette cipation à cette étude était cin dont l’exercice sera soli- En revanche, les exercices en Pour faire un état des lieux exhaustif des maisons de santé pluriprofessionnelles en voit, certains divergent sur le demande, souligne le Dr Jean-Louis essentielle. taire, 50 % des médecins équipe sur un territoire au mode d’application. Car, der- Bensoussan, et de répéter : « ce Occitanie, l’URPS-ML a fait procéder à une analyse quantitative par le biais de deux « Mieux connaître les MSP à seront vraisemblablement travers des CPTS vont se déve- rière cet objectif se dévoilent n’est pas au seul niveau d’une MSP travers des résultats quantita- dans des MSP ». Jean-Louis lopper. J’estime plutôt que la questionnaires. Une immersion en profondeur dans ces établissements de soins d’un la problématique des ur- aussi jolie soit-elle ! La maison de tifs, savoir comment elles Bensoussan est plus réservé : moitié des généralistes seront, gences, celle des soins non santé pluriprofessionnelle n’est genre nouveau qui devrait livrer des renseignements in situ tant sur l’importance fonctionnent, apprécier le res- « Je ne veux pas mettre en dans cinq ans, en CPTS, ce qui programmés, et celle de toute qu’un des éléments de la panoplie senti des médecins dans leur avant la maison de santé plu- n’empêchera en rien que cer- croissante du travail en équipe, de la coordination interprofessionnelle et de la l’activité médicale au niveau de l’exercice médical en équipe. » condition d’exercice, la prise riprofessionnelle comme la tains médecins seront seuls traçabilité des informations. d’un territoire. La population en charge des patients et la solution, je préfère parler dans leur cabinet, que d’au- attend des médecins qu’ils L’enquête se déroulera sous la coordination du parcours de d’exercice en équipe, que cela tres seront réunis au sein d’un soient présents et qu’ils forme de deux questionnaires, le Deux jeunes cabinets toulousains se sont Les enquêteurs recherchent les motiva- soin, et aussi faire remonter soit dans une MSP ou dans même cabinet et seront voi- continuent d’assurer un ser- premier adressé à 500 médecins associés pour mener l’évaluation des mai- tions des acteurs de ces MSP, leur impli- les difficultés que les MSP une CPTS. sins d’une MSP, mais tous tra- vice pour tous. « C’est à des 124 MSP que compte l’Occita- sons de santé pluriprofessionnelles d’Oc- cation dans les projets, les difficultés ren- rencontrent ou qu’elles ont Aujourd’hui, on compte un vailleront sur un territoire l’échelle d’un territoire et au nie, le second aux responsables des citanie. Ipso Facto est structure coopéra- contrées, les éléments facilitants, les rencontré au moment du peu plus de 1 000 MSP sur pour un projet médical porté niveau d’un travail global en maisons de santé. Cette enquête tive de conseil et formation sur le champ satisfecit qu’ils adressent aux uns et aux montage des projets, tels sont, tout le territoire français. par les professionnels eux- quantitative sera doublée par la de la santé et du social, et le Lisst est un autres, l’intérêt du système d’information dans les grandes suite d’une enquête qualitative qui laboratoire de recherche qui associe des sur lequel ils s’arrêtent un moment, la va- lignes, les objectifs permettra d’affiner un premier géographes spécialistes de la ville, des so- leur de l’accord conventionnel interpro- poursuivis par cette bilan. ciologues et des anthropologues. fessionnel, les apports de la maison de étude, dit le Dr « En mettant en exergue les besoins, santé, la balance satisfaction et insatis- Bruno Gay. les résultats vont, selon le Dr Mi- Ils ont élaboré deux questionnaires assez faction tant en matière de qualité du tra- chel Combier, forger notre expertise fournis qui montrent déjà en soi l’intérêt vail et de vie que du service rendu aux Il s’agit également pour les nouveaux programmes. » de la démarche. Fabriqués à l’issue d’une patients. de voir si, face au En effet, l’analyse des résultats de première enquête qualitative auprès de refus des jeunes mé- l’enquête va aider les porteurs de MSP, on perçoit déjà la richesse des ré- Dans le questionnaire consacré aux struc- decins de s’installer projets à accélérer leur mise en sultats à venir : « C’est la première fois tures, les enquêteurs passent au crible le dans un cabinet route et ils lèveront plus aisément qu’on entreprend une telle étude en Occi- profil de la MSP de manière très pointue isolé, la MSP consti- les obstacles. tanie », explique Delphine Leturgie, consul- (lieu, hommes, matériels, procédures, gou- tue la seule réponse, ou pour le moins la tante d’Ipso Facto. vernance, règlement intérieur, échanges solution qui prédo- ON COURT « Comme nous partons de zéro, nous internes, projet de santé, financement, SI). mine. « Je ne vois pas sommes obligés d’être exhaustif. Nous Ipso facto a adressé les questionnaires à comment un jeune À LA CATASTROPHE avons besoin d’un maximum de données, la mi-octobre, les premières réponses de- dans quelques an- donc il nous faut un maximum de réponses. vraient tomber mi-novembre et « on de- « Il nous faut aider les médecins qui Les questionnaires sont donc très com- vrait disposer avant la fin de l’année, ex- nées, pourrait accep- préparent des projets de MSP. Ils plets. » Ainsi le questionnaire adressé aux plique Delphine Leturgie, d’une ter de s’installer sont un peu perdus. 500 médecins qui travaillent dans les mai- photographie à l’instant t qui autorisera la autrement que dans Pour obtenir une labellisation, le sons de santé comporte pas moins de 40 lecture d’un panorama précis des MSP une maison de santé chemin est long. Pourtant, le jeu en questions, et le questionnaire adressé aux d’Occitanie. » ? », questionne Mi- vaut la chandelle. L’attractivité fi- 124 structures grimpe aux 75 questions ! Pierre Kerjean chel Combier, et nancière n’est pas neutre », dit le Dr SUITE PAGE SUIVANTE > 8 9
Médecin d’occitanie décryPtage deS MédeciNS Sur deS StartiNg bLocKS L e b u L L e t i N d e L’ u r P S d e S M é d e c i N S L i b é r a u x évaLuatioN deS MaiSoNS de SaNté QUAND LA MAISON DE LAISSAC PLuriProFeSSioNNeLLeS DEVIENDRA GRANDE doS Si e r > SUITE DE LA PAGE PRÉCÉDENTE « Notre souhait est qu’on nous livre la MSP clé en main ! » À Laissac, en plein Aveyron, c’est ef- Bruno Gay. Ainsi une aide immobilière fectivement un rêve que des médecins caressent. Ils ont tout (le lieu, les acteurs, la volonté) pour obtenir l’agrément de l’administration de la santé afin de lancer une maison pluriprofessionnelle. La reLève MédicaLe peut être octroyée à condi- Mais le temps leur manque. tion d’être en zone priori- taire, ainsi qu’une aide dite nous ne sommes pas rentrés dans ACI (accord conventionnel le vif du sujet », explique le Dr interprofessionnel). Ces Jacques Sudres. Les quatre méde- aides reposent sur des cri- cins généralistes de Laissac ont par tères socles et des critères ailleurs des contacts réguliers avec optionnels. « Vous gagnez deux médecins de Gages, une petite des points, explique le géné- commune à 10 kms de Laissac, avec raliste de Trèbes, si vous lesquels ils partagent sur leurs or- avez un secrétariat, si vous dinateurs les dossiers de tous leurs faites des réunions de patients. « C’est vrai que nous ré- concertation pluriprofes- fléchissons à monter une CPTS dans sionnelle, si vous avez un notre région. Cela nous rendrait plus service informatique sur ser- 114, avenue de Rodez, à deux pas du foirail de Laissac, efficaces et sans doute plus forts. veur partagé. Avec suffisam- le 2me marché aux bestiaux de France Aujourd’hui, par exemple, nous ment de points, vous pouvez avons des craintes avec les chan- obtenir annuellement Quatre médecins généralistes, âgés de 57, 59, 60 gements des secteurs de garde qu’on veut nous im- 80 000 € pour la structure, et 70 ans ! Et aussi deux kinésithérapeutes (un cou- poser. Sans doute, en étant mieux organisés, nous ce qui permet généralement ple), deux orthophonistes, une psychologue, un os- pourrions appréhender les choses différemment. » de payer un coordonnateur, qui est un nouveau métier de santé. » téopathe, deux podologues, une sage-femme, deux Pour l’heure, c’est la MSP qui constitue l’objectif. cabinets d’une dizaine d’infirmières ! Tous réunis « Créer une MSP, c’est bien sûr recevoir des subsides, dans une maison médicale qui a été construite il y mais c’est surtout travailler en équipe », dit Jacques oPératioN SéductioN Pour Le maître-mot reste donc l’organisation. « Si les méde- cins ne se réorganisent pas, a moins de dix ans, et dont les murs ont été ré- Sudres. C’est ce qui a motivé Marie-Agnès Caurier. cemment rafraîchis de peinture blanche, au 114, La psychologue, originaire d’Aveyron, qui a passé avenue de Rodez, à deux pas du foirail de Laissac, une grande partie de sa carrière en Touraine avec attirer LeS JeuNeS MédeciNS on court à la catastrophe », le deuxième marché aux bestiaux de France. Dans son mari pédiatre, s’est installée définitivement à « Ce ne sera pas un maelstrom, dit Michel Combier, secrétaire général de l’URPS, mais dans les dit le responsable de la cette petite commune d’Aveyron de 1 600 habitants, Laissac, il y plus d’un an, et a intégré la maison cinq ans qui viennent, ça va bouger fortement dans le monde médical ! » Avec les départs à la re- commission MSP organisa- les habitants apprécient « la maison des médecins », médicale : « Je ne pouvais pas travailler à l’ancienne, traite, le nombre de médecins libéraux diminuera dans un premier temps, le nombre de rem- tions des soins primaires de sans savoir si cette maison médicale est une MSP dans mon coin, dit-elle. J’avais besoin d’échanger placements va également décroître. Parallèlement, les jeunes vont arriver, faut-il encore que l’URPS. Selon lui, il faut ou non. À vrai dire, ils s’en moquent, seul compte avec d’autres professionnels. Et dans un milieu rural, cette arrivée de sang neuf se concrétise par des installations en nombre ! Pour comprendre créer au plan départemental le service que leur offrent les professionnels de il est difficile d’ouvrir seul un cabinet quand on est quels choix feront les nouveaux médecins, il est bon de prendre en considération leurs aspira- des cellules auxquelles par- santé laissaguais. Le Dr Jacques Sudres, lui, ne s’en psychologue. Les patients ne veulent pas que leurs tions, la profonde modification des mentalités qui traverse l’univers médical et l’attractivité ticipent l’URPS, l’ARS, l’As- moque pas. Le médecin généraliste aimerait qu’elle voisins sachent qu’on vous consulte. Se rendre dans que sauront développer leurs aînés pour que ces jeunes les rejoignent. surance Maladie, et la devienne rapidement une maison de santé pluri- une maison de santé qui compte une quinzaine de n LE JOUR OÙ LES ÉTUDIANTS ENTRERONT DANS LA CARRIÈRE FORMS (Fédération Occita- professionnelle, et donc être adoubée par l’ARS professionnels préserve l’anonymat. » La recherche nie Roussillon des Maisons d’Occitanie. Sauf que les médecins – pour faire de liens plus nets entre praticiens et une coordina- de Santé). « Ces quatre ac- court – n’ont pas une minute pour étudier les dos- tion mieux établie constituent aux yeux de Marie- La relève médicale se fera à l’image des jeunes médecins page 12 n ANNE LA THÉSARDE S’INSTALLE POUR LA PREMIÈRE FOIS teurs doivent travailler en- siers qu’on leur demande de remplir afin d’obtenir Agnès Caurier les principales raisons pour créer une semble de manière régulière l’agrément, ni pour réunir un soir de la semaine les MSP et ainsi « monter un projet commun pour une pour pister les zones en péril quinze professionnels de la maison et réfléchir en- meilleure prise en charge des patients ». Et elle Sans d’états d’âme et beaucoup de passion page 13 n CE QUE DISENT D’ELLES-MÊMES LES NOUVELLES COHORTES et promouvoir une autre semble sur le mode d’organisation de l’établisse- ajoute : « Nous sommes dans un même lieu, nous façon de travailler. Et c’est ment. Un mode qu’ils n’ont pas encore trouvé au- accueillons la même population. Rien n’est meilleur un problème à résoudre d’ur- jourd’hui : « Nous avons des journées longues, de 8h pour le patient que de nous coordonner ». Une coor- Le médecin nouveau arrive ! page 14 n DÉSERTIFICATION ET COERCITION À L’INSTALLATION gence », conclut-il. L’analyse du matin à 8h du soir et plus. Il est difficile de nous dination que le Dr Jacques Sudres appelle de ses quantitative des maisons de investir pour mettre en forme ce projet. A priori nous vœux : « Pour attirer les jeunes à Laissac qui va voir santé pluriprofessionnelles voulons le faire. Qui plus est, nous allons changer ses médecins actuels partir bientôt à la retraite, nous Les idées folles, les idées fausses vues par le Collège de médecine générale page 15 d’Occitanie constitue un pas bientôt le logiciel médical de façon à ce qu’il soit devons nous organiser, et nous coordonner plus clai- supplémentaire dans ce compatible avec celui des infirmières, ce qui va dans rement … sinon les jeunes médecins ne viendront sens. le sens de l’histoire d’une MSP. Mais pour l’instant pas ». L.J.D. Luc Jacob-Duvernet 10 11
La reLève MédicaLe Médecin d’occitanie L e b u L L e t i N d e L’ u r P S d e S M é d e c i N S L i b é r a u x Le Jour oÙ LeS étudiaNtS ANNE LA THÉSARDE S’INSTALLE eNtreroNt daNS La carrière POUR LA PREMIÈRE FOIS SANS ÉTATS D’ÂME ET BEAUCOUP La reLève MédicaLe deS JeuNeS DE PASSION MédeciNS Se Fera à Leur iMage Un parcours étonnant pour cette jeune femme médecin, fraîche émoulue de l’université toulousaine ! Après la kinésithérapie, l’exercice d’un métier, elle reprend des études et devient généraliste. Pourtant, elle dit ne pas se sentir différente des autres étudiants qui entrent dans la vie active. Les jeunes médecins ne travailleront pas demain comme leurs aînés. Derrière cette évidence sur la relève médicale d’aujourd’hui et dans un À l’entendre et pour ceux qui la connaissent, Anne fait avec entrain proche avenir, il y a une assertion plus précise : moins attirés par le mode de vie des médecins plus âgés et craignant les profondes modifications tout ce qu’elle entreprend. « Je fonce ! », dit-elle de façon lapidaire. Et il qui redessinent la carrière, nombreux seront ceux qui ne voudront pas s’installer en libéral ou, s’ils le font, le plus tard possible. Pourtant, il faut user des ruses de sioux pour la faire parler d’elle, ce qu’elle semble détester. Cette femme de 35 ans a passé sa thèse de médecine fin sep- semble impératif, aux yeux des membres de l’URPS, qu’ils fassent un choix immédiat pour conforter leur position future et résoudre pour tembre à Toulouse et s’installe début novembre dans un village du partie les problèmes de démographie médicale. L’installation est l’enjeu de la relève médicale. Il va falloir d’abord, dit-on à l’URPS, que cette Nord-Aveyron. La qualité de son travail universitaire sur le dépistage systématique des chlamydiae tachromatis avant la pose d’un stérilet lui relève se fasse véritablement et que ceux qui y participent la façonne à leur image à partir de la manière dont ils voient le monde. a valu une mention très honorable, et lui permet de participer au concours de thèse pour la médaille d’or. Elle n’a pas eu d’états d’âme S’il y a bien un point sur lequel chez les généralistes durant les- Naguère, le métier de médecin était diants en deuxième année s’il n’y a autant aux jeunes médecins de pas. Dans les cinq ans qui vien- pour s’installer aussi vite : « Je n’avais pas envie de faire des remplace- tous les médecins âgés s’accor- quels ils sont mis en situation. celui autour duquel s’articulait que 500 places dans un amphi- s’installer en libéral dans les 10 nent, ils auront des opportunités ments. Quand on a des patients, on a envie de les suivre dans la durée. » dent est le jugement qu’ils portent Nous, nous avions un voire deux toute la vie du couple, de la famille, théâtre et dans des services hospi- ans qui viennent ou continuer à de salariat énormes, ils vont pren- À l’origine, la médecine ne l’intéresse pas, plus exactement elle est in- sur la compétence et le savoir des ans de stages et uniquement à des enfants, du patrimoine. Ce n’est taliers. Nous sommes dans l’hypo- les laisser partir dans des emplois dre ces postes, et ils ne nous rem- différente aux études médicales et au métier. Sportive, Anne préfère se jeunes qui constituent les nou- l’hôpital. » plus vrai. Ce changement sociétal crisie la plus totale. On fait croire salariés, voire les laisser partir à placeront pas dans les cabinets tourner vers la kinésithérapie. À 23 ans, elle a fini ses quatre années velles cohortes d’étudiants en mé- Alors ces jeunes seraient-ils donc entraîne une instabilité sur le à l’opinion publique que la fin du l’étranger ? » Toutes les décisions de libéraux. » Il y a donc un d’études et va exercer pendant deux années. Et c’est à 25 ans qu’elle decine. « Ils ont un haut niveau le sel de la terre médicale, prêts à maintien sur place et le recul de- numérus clausus va régler le pro- à prendre maintenant tournent énorme travail pédagogique au- tombe amoureuse de Pierre, originaire de Castres, son conjoint actuel scientifique et sont totalement en relever le gant pour faire reculer vant l’installation. » blème de la démographie médi- autour cette question. Comment près d’eux à entreprendre. Les aî- avec lequel elle aura 2 enfants et parallèlement elle tombe amoureuse lien avec la société actuelle selon la désertification sanitaire, en rem- cale. » C’est également l’avis de réussir cette relève en offrant aux nés en sont conscients. Il s’agit de la médecine. Le jeune homme étant étudiant en troisième année, un modèle foncièrement différent plaçant parfaitement les anciens Marc-Olivier Deplaude, chargé de jeunes médecins des conditions d’être très explicite : « En somme, de celui qui a été le nôtre. Ce qui qui partent ou qui vont partir à la UN EFFET recherche en sociologie à l’INRA : d’installation en libéral suffisam- il faut dire au jeune médecin qui ceci explique peut-être cela. Elle va se lancer dans ces études médicales qui paraissent plus longues est normal et légitime », explique retraite ? D’ANNONCE « La fin du numérus clausus n’aura ment attractives ? Selon les élus sort de ses études qu’il va être lorsqu’on a passé 25 ans, mais elle est toujours sereine et décidée ! le Pr Stéphane Oustric, médecin Malgré les compliments qu’ils leur POLITIQUE aucun effet sur les déserts médi- de l’URPS, les annonces gouver- heureux dans son travail, qu’il ne « Reprendre des études n’a pas été très compliqué. Même après avoir généraliste, professeur des uni- adressent, les anciens émettent caux. Les universités qui forment nementales faites récemment va pas être harassé par les tâches travaillé. Cela a été un réel plaisir. » Durant les septième, huitième et versités. En écho, le Dr Jean-Louis quelques réserves et soulèvent déjà le plus de médecins sont situés vont, semble-t-il, dans le bon administratives, qu’il pourra tra- neuvième années, elle fait comme tous les étudiants d’aujourd’hui qui Avant de s’attaquer à ce problème Bensoussan souligne : « Nous quelques inquiétudes : « Le pro- dans les régions les plus denses en sens : favoriser la mise en place vailler en équipe dans un terri- se destinent à la médecine générale trois années de stages dans des ca- central, il faut considérer la relève avons des jeunes bien formés et blème de la relève chez les jeunes, médecins, et les médecins s’instal- des communautés profession- toire et pas forcément dans une binets de généralistes, deux à Toulouse dont une MSP et un à Val selon des critères temporels. Deux particulièrement compétents, au c’est la frilosité devant l’installa- lent généralement dans la région nelles territoriales de santé maison de santé, qu’il aura des Thorens : « un vrai bonheur ! J’ai découvert le métier avec des gens mer- échéances : la relève dans ces 10 sens qu’ils ont acquis non seule- tion, dit le Dr Michel Combier. C’est où ils ont fait leur troisième cycle. » (CPTS) où les médecins pourront assistants pour venir l’accompa- veilleux, passionnés. Cela m’a donné envie de faire un travail d’équipe en prochaines années, et la relève au- ment des connaissances comme générationnel, les jeunes sont delà. Selon le Dr Jean-Louis Ben- En fait, on a touché, depuis 6 ans, exercer à l’échelon d’un territoire gner dans ces consultations, et libéral. Il était hors de question de travailler de façon solitaire. » C’est cela était notre cas, il y a près de changeants. Auparavant, tout était soussan, « quand on parle au- au numérus clausus en remontant et s’organiser entre eux, avec le qu’il ne sera pas obligé de travail- l’avis, selon elle, de tous les jeunes médecins de sa génération qui « ne quarante ans, mais aussi des com- plus simple, on faisait des études, jourd’hui de la fin du numérus la barre de sélection : « toutes les renforcement d’un deuxième ni- ler de 8h à 21h tous les jours pour veulent pas travailler seul. C’est rassurant de travailler en groupe, pour pétences ce qui n’était pas notre on trouvait un endroit où on se po- clausus, les effets se feront ressen- courbes ont montré que dans 10 veau constitué par les hôpitaux gagner sa vie. Nous nous faisons les gardes, pour un congé maladie. C’est enrichissant d’avoir des échanges cas. Nous n’avions aucune capa- sait professionnellement et on ne tir dans dix ans. » Un numérus ans, c’est-à-dire autour de 2030, de proximité, tout en redonnant plaisir, nous vieux médecins, en parce que chacun apporte des spécificités dans des domaines très divers. cité quand on sortait de l’hôpital bougeait plus. Cette période est fi- clausus qui fait l’actualité, ce qui la démographie va remonter sous à l’hôpital et au CHU sa place de disant qu’ils vont travailler moins Tout le monde en profite, autant les patients que les médecins. » et de la faculté. Pour ces jeunes, nie. Pourquoi les jeunes médecins ne manque pas d’agacer plus d’un l’effet d’un numérus clausus beau- troisième niveau. « Nous sommes que nous, alors que tous, nous Bien avant Noël, Anne ouvrira donc son cabinet avec Pierre dans ce vil- cela est dû aux bienfaits des auraient-ils un comportement dif- médecin : « la fin du numérus clau- coup plus large, dit Jean-Louis bien dans une approche politique avons levé le pied, nous prenons lage dont elle est originaire et où vivent ses parents. Créer une MSP, stages qu’ils font dans nos cabi- férent des jeunes ingénieurs, des sus est un effet d’annonce poli- Bensoussan. Si nous conservons le dont les effets doivent donner en- des vacances plus longues, nous participer à une CPTS, pourquoi pas, elle se dit ouverte à tout. Elle ex- nets et que nous, nous ne faisions jeunes artisans, des jeunes com- tique, estime le vice-président de même numérus clausus que celui vie aux jeunes de s’installer, sou- prenons une journée libre dans plique simplement qu’il faut avancer, ne pas attendre, s’installer et soi- pas. » Stéphane Oustric confirme merciaux… ? Placée au cœur de la l’URPS. Quel que soit le nom que d’aujourd’hui, nous aurons une re- ligne le Dr Jean-Louis Bensous- la semaine. Au regard de notre gner. S’il y avait un message qu’elle aimerait faire passer à ses contem- : « À l’issue des études, ils font des mondialisation, la nouvelle géné- l’on donne à cette réforme, on ne montée du potentiel d’installation. san. Si on ne fait pas cela, les activité d’aujourd’hui, nous porains, il tient en un mot : « Foncez ! ». Luc Jacob-Duvernet stages durant trois ans, dont deux ration va vers un monde ouvert. pourra pas accepter 3 000 étu- Est-ce qu’on va donner envie pour jeunes médecins ne viendront aussi, nous avons évolué. » SUITE PAGE SUIVANTE > 12 13
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