MONTHLY HOUSE VIEW Avril 2023 - Quand la mer se retire
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Table des matières 01 É d i to r i a l P3 QUAND L A MER SE RETIRE… 02 Fo cu s P4 BANQUES : COMME UNE ODEUR DE RESSERREMENT 03 Ma cro éco n o mi e P6 UNE Q UEST I O N D E CO NF IAN CE 04 Obl i ga ti o n s P8 UN C O NT EXT E TO U JO U R S T E ND U 05 A cti o n s P10 ENFI N UNE C OR R E CT IO N 06 D ev i se s P12 DEUX FORCES EN PRÉSENCE 07 A l lo ca ti o n d ’a c t if s P14 SC ÉNA R I O D ’ I NVE ST IS S E ME N T ET C O NVI CT I O N S D ’AL LO CAT IO N 08 Ma rket Mo n i to r P16 A P ER Ç U D ES DO NNÉ E S D E M AR CH É 09 Glo ssa i re P17 A ver ti ssemen t P18
01 Éditorial QUAND L A MER SE RETIRE… Chère lectrice, Cher lecteur, « C’est quand la mer se retire qu’on voit ceux qui beaucoup d’entre elles à l’image de la société se baignaient nus ». Conformément à la maxime de capital-risque General Catalyst, initiatrice de de Warren Buffet, la mer des taux d’intérêt bas et cette action, qui intègre de fortes valeurs socié- de l’argent facile a fini par se retirer, mettant en tales dans ses investissements. évidence les acteurs les plus faibles. Cela était • Solidarité des grandes banques pour First Delphine attendu, c’est pourquoi la planète financière scrute Republic Bank ; en effet, la banque échappe DI PIZIO TIGER depuis plusieurs mois le marché afin de détecter Global Head aujourd’hui à la faillite grâce au soutien de ses les potentiels maillons faibles. of Asset Management concurrents. Onze grandes banques améri- Force est de constater que si le Credit Suisse caines3 se sont engagées à verser au total 30 avait été identifié, la Silicon Valley Bank (SVB) milliards de dollars américains de dépôts dans était loin de l’être. En effet, jusqu’au 10 mars, date First Republic. Cette action a d’ailleurs été saluée à laquelle elle a fait défaut, la SVB était très bien par les autorités américaines. notée (catégorie investment grade) par les agences Ces initiatives sont remarquables et font que de notation S&P et Moodys. La société disposait même si la mer se retire, elle est potentiellement également d’une bonne notation sur la dimension plus bleue. Il est aussi intéressant de noter que ESG (critères Environnementaux, Sociaux et de dans l’affaire SVB alors qu’un repreneur est la pre- Gouvernance). L’agence de notation MSCI lui avait mière option choisie et qu’il est fort probable que d’ailleurs attribué un « A », ce qui fait que certains celui-ci soit une banque traditionnelle, il y a aussi fonds communs de placement « verts » du mar- la possibilité que cela soit un acteur de la nouvelle ché avaient acheté ses actions. Enfin, il y a encore économie à l’image d’Elon Musk qui se dit ouvert à trois mois, le consensus d’analystes financiers (sell l’idée que Twitter se positionne. side1) était à l’achat ou au maintien des positions de la société. Qu’attendre de la suite ? L’onde de choc provoquée par le défaut de SVB s’est répandues en dehors Au final c’est l’aspect gouvernance qui a provo- des États-Unis provoquant la méga fusion d’UBS- qué le défaut de SVB ; un effet ciseau négatif, dû Credit Suisse en Europe. Néanmoins nous restons à la violente remontée des taux d’intérêt, entre confiants sur la résolution de cette crise bancaire des retraits massifs (liés à une concentration de qui est avant tout une crise de confiance. Les clients dans la sphère des start-up) et un effet banques centrales qui ont injecté des liquidités marché négatif sur la trésorerie investie en obli- ponctuellement pour faire face à cette crise vont gations d’État américaines. Outre cette mauvaise probablement infléchir leur politique restrictive gestion entre l’actif et le passif de la banque, l’État (notamment en ce qui concerne la réduction de porte sa part de responsabilité au travers de l’as- liquidité dans le marché). souplissement de la règlementation en 2018 sous la présidence de Donald Trump. La hausse des taux est l’occasion de détecter les acteurs les plus faibles. Cet épisode est le premier En plus du défaut de deux banques américaines et il y aura probablement d’autres événements déjà identifiées comme maillon faible2, la crise de spécifiques dans le secteur financier mais aussi confiance provoquée par le défaut de SVB a mis en potentiellement dans d’autres secteurs où les difficulté de nombreuses banques régionales et entreprises sont sensibles à la remontée des taux. notamment la banque californienne de services, d’investissement et de gestion de patrimoine, Dans cet environnement plus volatil, il faut faire de First Republic Bank. Ce qui est particulièrement ces mouvements des opportunités d’investisse- marquant dans cette histoire, c’est la solidarité ment et être plus que jamais discriminant dans la qui s’est organisée autour de ces banques en dif- sélection de titres. ficulté. Je vous souhaite une très agréable lecture de ce • Solidarité des clients pour SVB ; plus d’une cen- numéro, dans lequel nous reviendrons plus en taine de sociétés de capital investissement ont détail sur nos convictions sur les banques, mais immédiatement exprimé leur soutien à SVB. Et aussi sur la sphère macro-financière après ce c’est probablement lié à la dimension ESG de changement de marée. 1 - Du côté des vendeurs. 2 - Deux acteurs finançant notamment les crypto monnaies : Signature Bank qui faisait déjà l’objet d’une enquête pour blanchiment d’argent avant sa ferme- ture et Silvergate, déjà dans la tourmente suite à l’effondrement de la plateforme de crypto monnaies FTX. 3 - Bank of America, Citigroup, JPMorgan Chase, Wells Fargo, Goldman Sachs et Morgan Stanley, mais aussi de banques de second rang telles que Bank of New York Mellon, PNC Bank, State Street, Truist et US Bank. 04.2023 l MONTHLY HOUSE VIEW l 3
02 Focus BANQUES : COMME UNE ODEUR DE RESSERREMENT Alexandre Les récentes turbulences, de San Francisco à Zurich, interrogent sur la capacité de résis- DRABOWICZ tance des banques. Le risque réglementaire pesant sur les petites banques américaines et Chief Investment Officer la fragilité antérieure de Credit Suisse suggèrent que cette crise devrait rester maîtrisée, Yasser TALBI même si son impact sur la confiance et les conditions de crédit reste à déterminer. En tant Portfolio Manager qu’investisseurs, nous conservons une opinion positive sur les grandes banques. Lucas MERIC Investment Strategy Analyst TURBULENCES POUR LE SECTEUR LES BANQUES SONT-ELLES BANCAIRE : DE SAN FRANCISCO À ZURICH PLUS FRAGILES APRÈS LES RÉCENTES TURBULENCES ? À la mi-mars, la Silicon Valley Bank (SVB) – acteur majeur du financement des entreprises techno- Impact sur les bilans bancaires logiques américaines au cours des 40 dernières Alors que seules les banques d’une certaine taille années – a été la première victime du cycle de res- +475 BP serrement monétaire rapide de la Réserve fédérale sont étroitement surveillées aux États-Unis, les risques de duration des banques sont limités en EN 12 MOIS : (Fed) (+475 points de base (pb) en 12 mois), qui a Europe, la réglementation stricte de Bâle III s’ap- un cycle révélé au grand jour un déséquilibre actif-passif. pliquant à la grande majorité d’entre elles. Par de resserrement Les déposants ont retiré leurs fonds précipitam- conséquent, la majorité des banques ont proba- rapide pour ment après la révélation de problèmes de liquidité, blement déjà couvert leurs risques de duration, les Fed Funds ce qui a conduit à la faillite de la banque le 10 mars. ce qui explique leur forte sous-performance en Alors que la solidité du système bancaire américain période de taux faibles. Quant aux acteurs qui était mise en doute, Silvergate et Signature Bank conservent des risques de taux d’intérêt, ils seront ont également déposé le bilan. Les autorités amé- probablement contraints de les couvrir. ricaines, qui ont encore à l’esprit la crise de 2008, ont toutefois réagi rapidement via trois axes : Impact sur les dépôts en garantissant les dépôts bancaires, en fournis- À ce stade, les dépôts sont transférés des petites sant des liquidités aux banques (le bilan de la Fed banques américaines vers les grandes, malgré a augmenté de 300 milliards USD en une semaine) une rémunération plus faible. De manière évi- et en coordonnant un consortium de grands éta- dente, les établissements d’une certaine taille ins- blissements bancaires américains pour fournir 30 pirent davantage confiance. Depuis la pandémie, milliards USD de dépôts à la First Republic Bank. les banques ont vu leurs dépôts diminuer en rai- L’incertitude s’est malgré tout propagée à l’Europe, son des restrictions réglementaires concernant la situation de Credit Suisse devenant préoccu- les ratios d’endettement et de la préférence des pante après une déclaration de la Saudi National ménages pour les bons du Trésor et les fonds du Commercial Bank (son principal actionnaire) marché monétaire (graphique 1, page 5). À l’avenir, excluant la perspective d’une assistance financière la rémunération plus élevée des dépôts aura une supplémentaire. Cette déclaration a mis le feu aux incidence négative sur la rentabilité des banques, poudres, faisant plonger le titre de Credit Suisse via une contraction des marges d’intérêt. (déjà identifié comme le maillon faible du système bancaire européen) de 24 % en une journée (la Impact sur les conditions de crédit plus forte baisse jamais enregistrée), tandis que On observe d’ores et déjà un resserrement des son CDS (credit default swap) s’envolait de 2,9 % conditions de crédit des deux côtés de l’Atlantique. à 10,8 %. La fourniture de liquidités d’urgence par Cela n’a toutefois pas empêché une forte crois- la Banque nationale suisse (BNS) a calmé les mar- sance en volume du crédit bancaire en 2022, en chés dans un premier temps, avant d’aboutir sur grande partie grâce à l’assainissement des bilans l’annonce d’une offre d’UBS (soutenue par le gouver- des entreprises et des ménages. nement) de 3 milliards USD pour absorber Credit Suisse (qui valait autrefois plus de 90 milliards USD). 04.2023 l MONTHLY HOUSE VIEW l 4
Focus BANQUES : COMME UNE ODEUR DE RESSERREMENT Le rythme s’est ralenti depuis le quatrième tri- Autrement dit, le système bancaire et financier mestre 2022, mais sans impact notable sur la ne semble pas manquer de liquidités, mais ces croissance du PIB, car l’économie américaine mesures permettent de rétablir la confiance et de est financée en grande partie par les marchés gagner du temps pour régler la situation de fonds financiers et s’avère moins sensible aux hausses propres des acteurs les plus fragiles. de taux que par le passé. En Europe, une forte contraction du crédit bancaire pourrait peser plus PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS significativement sur l’économie, mais ce n’est pas POUR L’INVESTISSEUR : notre scénario central, les entreprises disposant • Nous maintenons nos positions sur le secteur encore de trésoreries relativement confortables. bancaire américain malgré le recul temporaire Dans l’ensemble, la politique budgétaire, l’épargne des cours, car nous conservons une opinion excédentaire et la hausse des salaires devraient positive sur les grandes banques américaines soutenir la demande économique à court terme. (il n’en va pas de même pour les banques régio- Comme le crédit n’a pas été le principal moteur de nales). la demande dans le monde post-pandémie, l’im- • Nous considérons que la propagation des inquié- pact global de ce resserrement des conditions de tudes aux banques européennes n’est pas justi- crédit sur l’inflation demeure très incertain. fiée et que la réaction du marché reflète plutôt La liquidité a-t-elle été altérée ? un désengagement de la part d’investisseurs cherchant à réduire leur surpondération. Les Les banques centrales ont réagi rapidement et récents commentaires de la BCE, qui a rassuré jouent pleinement leur rôle de prêteur en der- les investisseurs sur la hiérarchie de la structure nier ressort. À l’instar de la Banque d’Angleterre de capital, ont été bien accueillis par le marché, durant la crise des fonds de pension de septembre ce qui renforce la confiance dans la stabilité dernier, la Fed et la Banque centrale européenne financière. (BCE) disposent d’o utils permettant de ren- forcer la liquidité des banques (voir la section • Enfin, les banques européennes sont bien capi- Obligations, page 8). Il apparaît toutefois claire- talisées et davantage réglementées que leurs ment que seuls les acteurs les plus fragiles (First homologues d’outre-Atlantique. Grâce à une Republic Bank, Silicon Valley Bank, Signature meilleure gestion de bilan et à des exigences Bank ou Credit Suisse) ont eu recours à ces réglementaires plus strictes, on n’observe pas en mesures, tandis que les lignes de swap de change Europe de risques similaires à ceux des banques entre banques centrales ont été peu utilisées. Les régionales américaines. En revanche, l’exemple besoins de liquidités sont donc limités aux établis- de Credit Suisse incite fortement à se montrer sements victimes de paniques bancaires ou ayant sélectif, en analysant la situation particulière de eu une gestion de bilan défaillante. chaque banque. GRAPHIQUE 1 : TRANSFERT DES DÉPÔTS DES BANQUES COMMERCIALES AMÉRICAINES VERS LES BONS DU TRÉSOR ET LES FONDS MONÉTAIRES, MILLIARDS USD Dépôts au bilan des banques commerciales américaines, glissement annuel Facilité NY Fed Reverse Repo utilisée par les fonds du marché monétaire et les institutions financières 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500 0 -500 -1 000 2020 2022 2023 2021 2018 2019 2015 2016 2017 Sources : Bloomberg, Indosuez Wealth Management. 04.2023 l MONTHLY HOUSE VIEW l 5
03 Macroéconomie UNE QUESTION DE CONFIANCE Bénédicte KUKLA Il serait prématuré de tirer un bilan des événements récents, mais il semble évident que Senior Investment Strategist la crise de confiance actuelle aura un impact sur l’économie au sens large. Nous avons ce- pendant, au vu d’un premier trimestre 2023 nettement plus solide qu’anticipé, relevé nos prévisions pour les économies américaine et européenne. Il convient maintenant de savoir comment cette croissance s’étalera sur l’année, sachant que nous prévoyons un ralentisse- ment aux États-Unis au second semestre. La Chine fait figure d’exception et demeure un moteur de croissance régional. ÉCONOMIE AMÉRICAINE : LOIN D’AVOIR grâce à l’épargne accumulée durant la pandé- DIT SON DERNIER MOT mie, aux réserves d’emploi et à la part accrue des prêts hypothécaires à taux fixe. Toutefois, les Si les prévisions de la Fed d’Atlanta sur la crois- retards dans le service de la dette ont augmenté sance du PIB (+3,2 % au premier trimestre, en en février, suggérant que les consommateurs rythme annuel corrigé des variations saison- pourraient devoir mettre un terme à leur frénésie nières) sont confirmées, l’économie américaine d’achats post-COVID dans les mois à venir. Nous aura fortement surpris à la hausse au premier tri- LES DÉPENSES DE avons néanmoins relevé nos prévisions pour les mestre 2023. Les dépenses personnelles réelles CONSOMMATION États-Unis, principalement grâce à un premier des consommateurs américains ont en effet trimestre 2023 meilleur qu’attendu, tout en antici- aux États-Unis progressé de 1,8 % en janvier, tandis que la créa- pant une légère contraction du PIB au quatrième ont augmenté de tion d’emplois est demeurée exceptionnellement 1,8 % trimestre – ce qui impacte notre estimation de robuste, les services continuant de bénéficier croissance annuelle pour 2024, désormais infé- d’une forte demande. Le ratio emplois vacants/ rieure au consensus. De nouvelles tensions sur en janvier chômeurs reste exceptionnellement élevé (1,9), les banques régionales (50 % des prêts commer- ce qui incite les entreprises à conserver leur ciaux, 60 % des prêts immobiliers résidentiels et personnel plus longtemps qu’à l’accoutumée. La 45 % des prêts à la consommation américains) situation est toutefois différente dans le secteur ont renforcé la probabilité de notre scénario de manufacturier, où la production a chuté pour la risque, mais ont un impact limité sur notre scéna- première fois depuis février 2021. Sur le front de la rio central compte tenu de la récente accalmie. La demande, les consommateurs n’ont pas encore été confiance des consommateurs sera surveillée de véritablement impactés par la hausse des taux, qui près dans les semaines à venir. met plus de temps à se diffuser dans l’économie que les durcissements monétaires précédents 04.2023 l MONTHLY HOUSE VIEW l 6
Macroéconomie UNE QUESTION DE CONFIANCE ZONE EURO : EFFETS INFLATIONNISTES CHINE : L’EXCEPTION POSITIVE DE SECOND TOUR Alors que l’inflation continue de menacer le reste Après s’être montrée en mesure de compenser la du monde, la Chine reste un cas à part, avec une chute des importations de gaz naturel russe, la politique monétaire et budgétaire toujours favo- zone euro a poussé un soupir de soulagement en rable, associée à la dynamique robuste du pro- début d’année. Bénéficiant de stocks à peine enta- cessus de réouverture post-COVID. L’inflation més durant l’hiver 2023 – principalement grâce à demeure anémique (1 % en glissement annuel en des conditions météorologiques favorables –, la février, contre 2,1 % en janvier), grâce à l’utilisation région peut envisager l’hiver 2024 avec une cer- de sources d’énergie fossile alternatives et à une taine sérénité. Néanmoins, les séquelles de la demande encore faible par rapport aux niveaux crise énergétique restent visibles. À 8,5 % en pré-pandémie. Cependant, les enquêtes écono- glissement annuel, l’inflation commence à ralen- miques de janvier-février reflètent un vif rebond : tir, mais restera élevée (tableau 1). Si les prix de si les services restent particulièrement solides, l’énergie reculent (le baril de pétrole vaut moins de l’industrie manufacturière a également surpris à la 80 dollars), l’effet retardé de la hausse des coûts hausse (les indices PMI atteignent respectivement et un hiver sec poussent les prix des denrées ali- 56,3 et 51,6). En outre, la croissance du crédit (11,6 % mentaires à la hausse, tandis que l’inflation de en glissement annuel) progresse, notamment base reste robuste en raison des contraintes dans les principaux secteurs des infrastructures d’approvisionnement. Ce contexte induit un flé- sous l’impulsion des projets ferroviaires. Dans chissement de la consommation (ventes de détail le même temps, le secteur de l’immobilier tarde en baisse de 2,3 % en glissement annuel), malgré à se redresser, sans que cela incite le gouverne- un marché de l’emploi toujours favorable et une ment à prendre de nouvelles mesures de relance. croissance des salaires spectaculaire (l’indice du Nos prévisions restent conformes aux estima- coût du travail a augmenté de 5,7 % en glissement tions officielles d’une croissance du PIB légère- annuel au quatrième trimestre 2022). Compte ment supérieure à 5 % en 2023. À court terme, les tenu de ces effets de second tour, le resserrement risques demeurent orientés à la hausse et la Chine monétaire devrait se poursuivre dans la zone euro entraîne la région asiatique dans son sillage, à un au cours des prochains mois. Avec une croissance moment où la demande des économies occiden- du crédit atone depuis quatre mois, nous n’anti- tales faiblit (les exportations coréennes ont chuté cipons pas de tensions supplémentaires sur les de 17,4 % en glissement annuel en mars). banques européennes (section Focus, page 4). En ce qui concerne la production, la réouverture de la Chine devrait s’avérer positive pour les exporta- teurs européens et notre scénario est susceptible d’évoluer en fonction de la vigueur de la reprise allemande. TABLEAU 1 : PRÉVISIONS MACROÉCONOMIQUES 2022-2024, % Révisions à la baisse depuis le mois dernier Révisions à la hausse PIB INFLATION 2023 2024 2023 2024 États-Unis 1,4 0,2 4,5 3,0 Zone euro 0,5 1,0 6,2 3,2 Chine 5,1 4,7 2,1 2,2 Japon 1,8 0,9 1,0 0,6 Inde 5,3 6,0 5,3 5,6 Brésil 0,7 1,7 4,9 5,0 Monde 2,6 2,7 - - Source : Indosuez Wealth Management. 04.2023 l MONTHLY HOUSE VIEW l 7
04 Obligations U N C O N T E X T E TO U J O U R S T E N D U Thomas GIQUEL Face aux turbulences du secteur bancaire, les banques centrales ont dû assumer leur rôle de Head of Fixed Income prêteur en dernier ressort. Comme l’a prouvé la Banque d’Angleterre en septembre dernier, Avec la contribution ce rôle n’est pas incompatible avec leur mandat fondamental de stabilité des prix. de l’équipe Obligations BANQUES CENTRALES Des hedge funds aux investisseurs institutionnels à long terme, les acteurs du marché qui pariaient Depuis le début de l’année, les surprises écono- sur une poursuite de la hausse des taux – via des miques se sont multipliées aux États-Unis et dans positions short de sensibilité – ont été pris au la zone euro, même si les dernières semaines sug- dépourvu, ce qui a conduit à un violent change- gèrent un retour à la normale, alors que la désinfla- ment de cap sur les taux. tion marque le pas. Cette situation, qui a entraîné une forte révision des anticipations de hausses Pour apaiser les tensions pesant sur certaines des taux de la Fed, a pris une partie du marché au banques américaines, la Fed a présenté un nou- dépourvu. veau Programme de financement à terme des banques (BTFP), proposant aux banques et aux Tandis que le contexte macroéconomique se mon- caisses d’épargne des prêts à un an associés à des trait résilient, les courbes de taux ont continué à conditions de collatéral très attrayantes. Lors du s’aplatir et à s’inverser. FOMC de mars, Jerome Powell a néanmoins relevé Le marché de l’emploi reste tendu, l’inflation de les taux directeurs de 25 pb, gardant toutes les base se situe toujours à des niveaux inconfor- options ouvertes « en l’absence de nouveaux évé- 3 500 tables et les données dures ne confirment pas nements ». 3 000 encore le retournement des indicateurs de senti- Sur le front de la BCE, le Conseil des gouverneurs ment. 2 500 suit les autres banques centrales. Cette approche 2 000 En mars, les faillites de plusieurs banques régio- pourrait se révéler dangereuse, car la dynamique Maintenir 1 500 américaines et le rachat de Credit Suisse ont nales de l’inflation sous-jacente n’est pas la même. Dans UNE APPROCHE toutefois 1 000 fortement dégradé la confiance et créé ce domaine, les nouvelles prévisions de la BCE PRUDENTE une500 fuite des investisseurs vers la qualité. Les semblent optimistes. Par rapport aux États-Unis, du risque de taux marchés 0 obligataires ont inversé leurs anticipa- la composante logement a un poids limité dans tions (graphique 2), dans une volte-face évoquant l’inflation sous-jacente. Par conséquent, la reprise -500 le scénario de 2008 et la récession mondiale qui de l’immobilier n’affectera pas les prix de la zone -1 000 a suivi. euro, tandis que les prix des autres services conti- 2020 2022 2023 2021 2018 2019 2015 2016 2017 nueront à progresser. GRAPHIQUE 2 : ANTICIPATIONS DU MARCHÉ CONCERNANT LES FED FUNDS, % 06.03.2023 20.03.2023 22.03.2023 5,6 5,4 5,2 5,0 4,8 4,6 4,4 4,2 4,0 3,8 22.03.2023 03.05.2023 14.06.2023 26.07.2023 20.09.2023 01.11.2023 13.12.2023 31.01.2024 Sources : Bloomberg, Indosuez Wealth Management. 04.2023 l MONTHLY HOUSE VIEW l 8
Obligations UN CONTEXTE TOUJOURS TENDU Dans le sillage de la récente panique sur les mar- Une instabilité des prix, un aléa moral accru et de Le mantra chés, les investisseurs ont parié que les banques nouvelles réglementations financières. En l’ab- « PLUS ÉLEVÉS centrales modifieraient la trajectoire de la poli- sence de signe de ralentissement de l’inflation POUR PLUS tique monétaire. Pour autant, le mantra « plus éle- des services, toute baisse des taux ou pause dans vés pour plus longtemps » appartient-il au passé ? les hausses de taux en 2023 entraînera un violent LONGTEMPS » ajustement de la partie longue de la courbe et un appartient-il Nous ne le pensons pas, et la Fed ne réduira pas désancrage des anticipations d’inflation. Dans un au passé ? ses taux en 2023. De fait, les banques centrales tel scénario extrême, les investisseurs pourraient NON. peuvent jouer leur rôle de prêteur en dernier res- vendre les obligations nominales afin de privilégier sort, comme l’a fait la Fed avec le programme l’or et les obligations indexées sur l’inflation. BTFP ou la Banque d’Angleterre lors de la crise des fonds de pension en septembre, tout en rem- plissant leur mandat initial – la stabilité des prix. LE MARCHÉ DES INSTRUMENTS AT1 Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Pour compléter notre analyse du secteur bancaire Bailey, a démontré que cela était possible, même (page 4), il faut mentionner le marché des instru- s’il a été accusé de relancer l’assouplissement ments AT1, qui représente 275 milliards USD en quantitatif (QE) ! Europe (source : Bloomberg). La décision de la Néanmoins, les faillites de petites banques amé- FINMA d’exercer son pouvoir discrétionnaire pour ricaines et l’effondrement de Credit Suisse lais- faire disparaître les détenteurs d’AT1 de Credit seront des traces. Ces crises pourraient avoir Suisse plutôt que pénaliser les actionnaires fausse un impact déflationniste, car toutes les petites la hiérarchie des créanciers. Afin d’éviter une cor- banques risquent de réduire leurs prêts (qui repré- rection des marchés d’instruments AT1, l’Autorité sentent 2 % du PIB). On peut également anticiper bancaire européenne et la Banque d’Angleterre un durcissement des normes associées à l’activité ont ajusté leur système de protection des créan- de prêt, ce qui serait bien accueilli par les respon- ciers seniors selon la hiérarchie des créances afin sables de la Fed. En effet, les banques centrales de préserver la stabilité financière, lorsque des adopteront des approches de plus en plus pru- banques doivent être restructurées ou liquidées. dentes. La récente exacerbation de la volatilité conforte Par conséquent, nous anticipons toujours des taux nos gérants dans leur approche prudente du « plus élevés plus longtemps », mais à un rythme risque de taux et de crédit. Les rendements plus moins soutenu. élevés des échéances de 1 à 3 ans, combinés à des émetteurs investment grade à forte visibilité, Et si nous avions tort ? Il n’est pas impossible que offrent des rendements prévisibles et une volati- la Fed et les autres banques centrales mettent fin lité gérable dans un contexte de fortes turbulences aux hausses de taux, voire fassent marche arrière pour les obligations. pour préserver la stabilité financière. Quel en serait le coût ? 04.2023 l MONTHLY HOUSE VIEW l 9
05 Actions ENFIN UNE CORRECTION Laura CORRIERAS Après un début d’année euphorique, la correction a finalement été déclenchée par la faillite Equity Portfolio Manager de la Silicon Valley Bank et ses répercussions sur le système bancaire. À ce stade, le soutien d’urgence de la Fed permet d’écarter tout risque systémique. La question qui se pose est la Avec la contribution de l’équipe Actions suivante : la récente correction offre-t-elle des points d’entrée intéressants ? SAISON DE PUBLICATION DES RÉSULTATS La faillite de SVB a également eu des consé- quences importantes sur la perception qu’ont les La saison des résultats n’a révélé aucune catas- investisseurs de l’économie américaine, et plus trophe et les révisions de bénéfices se sont sta- particulièrement sur leurs anticipations concer- bilisées aux États-Unis et en Europe. En termes nant la politique monétaire. Les marchés tablent absolus, cela constitue un facteur de soutien pour désormais sur une baisse des taux beaucoup plus les valorisations. rapide qu’il y a un mois, alors que nous observons En outre, la combinaison de la forte baisse des déjà un net recul des taux à long terme. Cet envi- rendements américains à 10 ans/taux réels à 10 ronnement a favorisé les entreprises de crois- ans et de la récente chute des indices boursiers a sance, notamment les composantes du NASDAQ, considérablement amélioré la valorisation relative qui disposent souvent d’une trésorerie confortable des marchés boursiers. et dont les revenus reposent principalement sur des modèles d’abonnement. ÉTATS-UNIS EUROPE L’actualité des marchés américains a été large- ment dominée par la faillite de la Silicon Valley Bank. Les actions européennes bénéficient de pers- Cette faillite a créé un mouvement de panique sur pectives favorables. D’une part, les banques sont les marchés financiers à la mi-mars, qui a particu- mieux capitalisées et mieux réglementées qu’aux lièrement affecté le secteur bancaire. Ce secteur États-Unis. D’autre part, les prix de l’énergie (gaz se caractérise toutefois par une très forte dispa- et pétrole) sont moins élevés qu’en 2022 et la réou- rité de performance entre les banques régionales verture de la Chine devrait – dans un contexte et les grandes banques, soumises à des réglemen- d’euro faible – avoir un impact positif sur les expor- tations différentes. Si le plongeon des banques tations et la compétitivité des entreprises euro- régionales atteint -27 % depuis le début de l’année, péennes. le recul des grandes banques est actuellement limité à -9 %. 04.2023 l MONTHLY HOUSE VIEW l 10
Actions ENFIN UNE CORRECTION 3 500 3 000 La saison des résultats du quatrième trimestre a 2 500 Alors que les valorisations décotées et l’améliora- quelque 2 000 peu rassuré les investisseurs, et les béné- tion des bénéfices sont synonymes d’opportunités, fices par action (BPA) ont été légèrement révisés la Chine reste l’un de nos marchés actions préfé- 1 500 à la hausse par rapport au début de l’année. Cela rés pour 2023. Néanmoins, les tensions politiques 1 000 étant dit, l’inflation demeure élevée, de sorte persistantes avec les États-Unis, ainsi que l’orien- LES que500le pouvoir de fixation des prix et la capacité tation des taux d’intérêt américains et le calen- VALORISATIONS des0entreprises à protéger leurs marges reste- drier d’un éventuel « pivot de la Fed », sont autant restent ront -500 probablement des thèmes d’investissement de risques à ne pas négliger. ATTRAYANTES essentiels au cours des prochains trimestres. Sur pour les actions -1 000 le front des valorisations, les actions de la zone STYLES D’INVESTISSEMENT 2020 2022 2023 2021 2018 2019 2015 2016 2017 de la zone euro euro conservent leur attrait, notamment si on les Les problèmes de la Silicon Valley Bank et de Credit compare aux actions américaines. Suisse ont perturbé l’optimisme des marchés et La récente correction pourrait même offrir un entraîné un retour de la volatilité. En conséquence, point d’entrée intéressant pour renforcer les posi- deux segments Value se sont retrouvés sous pres- tions sur les marchés boursiers de la zone euro. sion : le segment bancaire et les secteurs du pétrole et des matières premières. MARCHÉS 5,6 ÉMERGENTS À moyen terme, l’environnement n’est pas favo- 5,4 Le rétablissement de l’économie chinoise est en rable au secteur Value. Toutefois, comme le mou- bonne voie, comme le montrent divers indica- 5,2 vement sur les taux à long terme a probablement teurs 5,0 (redressement des indices PMI de l’indus- été exagéré, nous attendons une normalisation à trie 4,8 manufacturière et des services, amélioration court terme et un rebond tactique du style Value des 4,6 ventes de biens immobiliers et des ventes de pour basculer vers le style Growth (graphique 3). détail). Les autorités maintiennent des conditions 4,4 Nous restons positifs sur le style Qualité, qui monétaires accommodantes (réduction de 25 pb 4,2 devrait tirer son épingle du jeu dans un scénario de du ratio de réserves pour les principales banques ralentissement de la croissance, d’élargissement en 4,0 mars). Le Congrès national du peuple (CNP) s’est des spreads de crédit et de recul des rendements achevé 3,8 en mars par la confirmation de Xi Jinping obligataires. Enfin, le retour des investisseurs vers 22.03.2023 03.05.2023 14.06.2023 26.07.2023 20.09.2023 01.11.2023 13.12.2023 31.01.2024 à la présidence de la Chine. En outre, le nouveau la technologie – lié au potentiel de l’intelligence Premier ministre Li Qiang défend le principe d’un artificielle (IA) – et la forte probabilité d’un prochain soutien aux entreprises privées, ce qui devrait pic des rendements obligataires incitent à l’opti- renforcer le sentiment des investisseurs. misme sur les valeurs de croissance. GRAPHIQUE 3 : ÉVOLUTION DES MARCHÉS ACTIONS PAR STYLE D’INVESTISSEMENT, 100 = JANVIER 2023 Growth Qualité Volatilité minimale Value Dividendes Momentum 110 107,16 105 101,57 100 95 94,08 93,55 92,42 92,09 90 85 06.01.2023 13.01.2023 20.01.2023 31.01.2023 07.02.2023 14.02.2023 21.02.2023 28.02.2023 08.03.2023 Sources : Bloomberg, Indosuez Wealth Management. 04.2023 l MONTHLY HOUSE VIEW l 11 2 250
06 Devises DEUX FORCES EN PRÉSENCE Alexandre Alors que le dollar perd du terrain face aux forces en présence, l’euro, qui aurait dû être le DRABOWICZ grand gagnant des turbulences du secteur bancaire, manque de direction. Nous restons po- Chief Investment Officer sitifs sur l’or, même si de nombreux facteurs de soutien sont déjà pris en compte. USD EUR Un statut de valeur refuge Une absence de direction claire avec ses propres problèmes La monnaie unique aurait bénéficié de la crise Si le dollar a toujours été considéré comme une bancaire si la situation de SVB était restée un évé- valeur refuge, notamment parce que son statut nement spécifique aux États-Unis, sans répercus- de principale monnaie de réserve lui confère une sion sur l’Europe. Cependant, la perte soudaine de grande liquidité, les taux de rémunération élevés confiance dans Credit Suisse et la ruée des inves- des dépôts en dollar renforcent aujourd’hui son tisseurs pour réduire leur exposition aux banques attrait. Après les récentes turbulences du sec- européennes ont fragilisé l’euro. Si BCE a malgré teur bancaire, la ruée des investisseurs sur les tout relevé ses taux directeurs de 50 pb, Christine fonds monétaires en dollar montre que ces der- Lagarde a clairement indiqué qu’elle s’était éloi- niers recherchent en ce moment l’actif le moins gnée de sa trajectoire initiale et devenait beau- risqué disponible sur le marché. La crise bancaire coup plus dépendante des données, tandis que le USD: actuelle aurait donc dû soutenir le dollar, mais deux forces sont à l’œuvre. La débâcle de la Silicon taux final du cycle de resserrement monétaire de la BCE a été revu à la baisse. perd son avantage Valley Bank (SVB) et les turbulences qui ont ensuite de rendement touché le secteur des banques régionales améri- Compte tenu des deux forces à l’œuvre, notre scé- caines ont totalement modifié les anticipations du nario principal envisage pour la paire EUR/USD marché concernant les futures hausses de taux de une fourchette de négociation comprise entre la Fed. Alors que les investisseurs anticipaient un 1,05 et 1,10. Un risque baissier – renforcement du taux final proche de 5,75 %, le marché table désor- dollar – menacerait ce scénario si la crise bancaire mais sur une baisse des taux de l’ordre de 75 pb devait s’aggraver de manière significative. À long d’ici la fin de l’année, un scénario que nous jugeons terme, le ralentissement du rythme de resserre- un peu trop agressif. Même si cette tendance est ment de la Fed, la réouverture de la Chine et l’amé- susceptible de s’atténuer, le dollar perd son avan- lioration des perspectives en zone euro, ainsi que tage en termes de rendement, ce qui agit comme la poursuite du resserrement par d’autres banques une force opposée au statut de valeur refuge, limi- centrales du G10, plaident en faveur d’un nouvel tant ainsi l’attrait du dollar. affaiblissement du dollar en 2023. 04.2023 l MONTHLY HOUSE VIEW l 12
5,6 5,4 Devises 5,2 DEUX FORCES EN PRÉSENCE 5,0 4,8 CHF 4,6 Comme indiqué le mois dernier, la devise japo- Le naise offre traditionnellement une bonne 4,4 baromètre du risque couverture macroéconomique au sein des por- Avant 4,2 la crise et le sauvetage de Credit Suisse, tefeuilles en temps de crise. L’appréciation du le 4,0franc suisse était relativement fort. Il a bien yen ce mois-ci est cependant restée modeste, la résisté 3,8 depuis le début de l’année, la hausse de demande en dollar des investisseurs restant forte. l’inflation ayant entraîné une surperformance 22.03.2023 03.05.2023 14.06.2023 26.07.2023 20.09.2023 01.11.2023 13.12.2023 31.01.2024 Pour ce qui est de l’année à venir, la réouverture des taux domestiques. En février, l’inflation s’est progressive de la Chine stimulera l’économie japo- avérée nettement plus faible en Suisse que dans naise, notamment sa balance des comptes cou- la zone euro, mais cela a de nouveau profité à la rants et sa devise. Mais la politique monétaire de la monnaie helvétique via le renforcement relatif Banque du Japon et l’évolution du yen dépendront des taux réels. Au moment où nous écrivons ces également du cycle des négociations salariales de lignes, nous notons que la réunion de la BNS du printemps, qui pourrait avoir un certain impact. 23 mars sera déterminante pour la devise. Autre- ment dit, la décision de politique monétaire de la XAU BNS et la crise qui frappe Credit Suisse seront les Une perspective favorable deux facteurs essentiels pour l’évolution du franc suisse. 110 L’or bénéficie de deux facteurs de soutien : consi- déré comme une protection attrayante contre 107,16 JPY l’inflation, il offre dans le même temps une cou- 105 La couverture contre le risque macroéconomique verture contre l’aversion au risque en période de crise bancaire potentielle (graphique 4). Le métal 101,57 L’inflation 100 japonaise est supérieure à l’objectif jaune est donc l’un des principaux bénéficiaires de la Banque du Japon, mais la faible croissance des conditions de marché actuelles, alors que les des salaires, les tensions entourant les banques investisseurs cherchent à renforcer leur exposi- occidentales 95 et le ralentissement de la croissance tion. À plus long terme, un éventuel recul du94,08 dol- mondiale empêcheront toute inflexion de la poli- 93,55 lar en 2023 aiderait l’or à retrouver un peu de92,42 son 92,09 tique de contrôle de la courbe des taux (YCC) au éclat, surtout si le soutien structurel des achats 90 cours de l’année à venir. Alors que la Fed devient des banques centrales se maintient. moins agressive, l’écart de rendement entre le dol- lar 85 et le yen est susceptible de se comprimer, ce qui limitera la hausse de la paire USD/JPY. 06.01.2023 13.01.2023 20.01.2023 31.01.2023 07.02.2023 14.02.2023 21.02.2023 28.02.2023 08.03.2023 GRAPHIQUE 4 : L’OR BÉNÉFICIE DE L A MONTÉE DES RISQUES Indice du risque de change CACIB (gauche) Or, USD/once (droite) 2 250 4,50 2 050 3,50 1 850 2,50 1 650 1,50 1 450 0,50 1 250 -0,50 1 050 -1,50 12.2018 02.2019 04.2019 06.2019 08.2019 10.2019 12.2019 02.2020 04.2020 06.2020 08.2020 10.2020 12.2020 02.2021 04.2021 06.2021 08.2021 10.2021 12.2021 02.2022 04.2022 06.2022 08.2022 10.2022 12.2022 02.2023 Sources : Bloomberg, Crédit Agricole CIB, Indosuez Wealth Management. 04.2023 l MONTHLY HOUSE VIEW l 13
07 Allocation d’actifs SCÉNARIO D’INVESTISSEMENT E T C O N V I C T I O N S D ’A L L O C AT I O N Grégory STEINER SCÉNARIO D’INVESTISSEMENT ALLOCATION D’ACTIFS Global Head of Multi Asset ACTIONS • Croissance : scénario de croissance inférieure à Adrien ROURE la tendance dans les économies avancées, mais • Nous avons maintenu une approche prudente Portfolio Manager avec une révision à la hausse de l’activité éco- ces dernières semaines et restons prêts à réaf- nomique américaine en raison d’un premier tri- fecter nos réserves en fonction de l’évolution du mestre plus solide qu’attendu, ce qui repousse marché. Les récentes corrections et la hausse la contraction du PIB à la fin 2023. Hausse de la de la volatilité offrent l’opportunité de redéployer probabilité du scénario de risque due à l’impact nos liquidités pour jouer un rebond tactique des faillites bancaires sur les conditions de prêt. sur les actions des marchés développés, ce qui Croissance modeste en zone euro cette année, nous ramène à un positionnement neutre sur les avec des risques orientés à la hausse, dépen- actions. dant en partie de la vigueur de la réouverture en Chine. • Nous avons continué à recentrer notre porte- feuille sur les actions mondiales, en réduisant le • Inflation : maintien du scénario en forme de poids des valeurs défensives. Nous restons pru- « racine carrée », avec des prix « core » élevés dents sur les secteurs cycliques (avec quelques tant que les salaires alimentent l’inflation des exceptions sur des segments fortement déco- services, tandis que la reprise de la chaîne logis- tés). Si la récente baisse des taux longs a été un tique devrait contribuer à la désinflation des peu rapide et a favorisé les valeurs de croissance, biens. Les prix de l’énergie reculent, mais l’effet nous restons à l’affût d’éventuelles opportunités décalé de la hausse des coûts énergétiques et un sur ce segment. hiver sec continuent de faire grimper les prix des denrées alimentaires. • D’un point de vue géographique, cela entraîne une réduction de la sous-pondération des • Banques centrales : les récentes turbulences du actions européennes et une augmentation de secteur bancaire ne modifient pas nos prévisions l’exposition aux actions américaines dans nos de taux finaux, la lutte contre l’inflation restant stratégies plus risquées. Nous maintenons une prioritaire, mais devraient inciter les banquiers opinion positive sur les actions chinoises, en centraux à adopter une trajectoire de resser- particulier celles qui sont très sensibles à l’acti- rement monétaire plus prudente. Après avoir vité économique domestique, car la réouverture injecté des liquidités pour surmonter la crise, les en cours devrait bénéficier en premier lieu à ce banques centrales devraient ralentir le rythme de thème. À plus long terme, le processus de désen- réduction des liquidités fournies aux marchés. dettement justifie une certaine prudence. • Bénéfices : la récente saison des résultats n’a révélé aucune catastrophe et les révisions de OBLIGATIONS bénéfices se stabilisent aux États-Unis comme • La hausse de la volatilité sur les marchés obli- en Europe, ce qui constitue un facteur de soutien gataires offre des opportunités dans les stra- pour les valorisations, même si nous anticipons tégies de duration. Après la récente envolée une diminution des marges parallèlement au des emprunts d’État provoquée par une « ruée ralentissement macroéconomique mondial. sur la qualité », nous jugeons ce mouvement excessivement optimiste, car les banquiers cen- • Environnement de risque : stimulée par les tur- bulences du secteur bancaire et l’incertitude traux devraient continuer à se concentrer sur entourant la politique monétaire, la volatilité est la lutte contre l’inflation. C’est pourquoi nous de retour. D’importants risques menacent le scé- avons abaissé notre degré de conviction sur les Cibler obligations d’État à long terme et continuons à nario macroéconomique (resserrement global LA PARTIE sous-pondérer la duration au sein de nos por- des conditions financières, stabilité financière, COURTE persistance de l’inflation), tandis que les risques tefeuilles. En revanche, nous ciblons la partie de la courbe externes – notamment géopolitiques – doivent courte de la courbe des taux afin de profiter de des taux être surveillés de près. niveaux de portage attrayants. • Aux niveaux actuels, nous sommes optimistes sur les points morts d’inflation, qui ne reflètent pas les problèmes structurels auxquels sont confrontées les économies développées. 04.2023 l MONTHLY HOUSE VIEW l 14
Allocation d’actifs SCÉNARIO D ’INVESTISSEMENT ET CONVICTIONS D ’ALLOCATION CONVICTIONS CLÉS • Sur les marchés de crédit, nous préférons la POSITION POSITION dette investment grade d’entreprises affichant TACTIQUE STRATÉ- des fondamentaux solides aux obligations à haut (CT) GIQUE (LT) rendement, dans un contexte de détérioration OBLIGATIONS des conditions de financement des émetteurs EMPRUNTS D ’ÉTAT exigeant une sélectivité accrue de la part des 2 ans EUR (Allemagne) =/- =/- investisseurs. Le segment de la dette financière 10 ans EUR (Allemagne) =/- =/- offre une certaine valeur après la récente correc- Périphériques EUR =/- =/- tion, mais la sélectivité reste essentielle. 2 ans US =/- =/- 10 ans US =/- = • Nous détenons des positions stratégiques sur la dette émergente en devise locale, notamment à EUR points morts d’inflation =/+ =/+ des fins de portage et en raison de la faiblesse US points morts d’inflation =/+ =/+ CRÉDIT attendue du dollar, tout en tenant compte d’un resserrement des valorisations d’un point de vue Investment grade EUR =/+ + tactique. High yield EUR/BB- et > =/- = High yield EUR/B+ et < - =/- MARCHÉ DES CHANGES Oblig. financières EUR = = Investment grade USD =/+ + • Si le dollar est susceptible de bénéficier de son High yield USD/BB- et > =/- = statut de valeur refuge en cas de turbulences à High yield USD/B+ et < - =/- court terme, le billet vert perd progressivement DETTE ÉMERGENTE son avantage en termes de rendement – un sou- Dette souveraine tien essentiel l’année dernière –, ce qui limite son en monnaie forte =/- =/+ attrait dans une perspective à moyen terme. Dette souveraine =/+ =/+ en monnaie locale • Le resserrement de l’écart transatlantique sur les Crédit Am. Latine USD = = taux d’intérêt à court terme favorise la monnaie Crédit asiatique USD = = unique, alors que la BCE n’a pas hésité à relever Oblig. chinoises CNY = = ses taux directeurs de 50 pb en mars. Cependant, ACTIONS la perte de confiance dans Credit Suisse (qui a ZONES GÉOGRAPHIQUES conduit les investisseurs à réduire leur exposi- Europe = =/+ tion aux banques européennes) et la persistance États-Unis = = d’un risque géopolitique élevé dans la région sug- Japon =/- =/- gèrent un euro stable dans les mois à venir. Amérique Latine =/- = • Soutenu par des fondamentaux robustes et un Asie ex-Chine =/+ =/+ différentiel de taux jouant en sa faveur, le franc Chine =/+ =/- suisse demeure une couverture attrayante mal- ST YLES gré l’effondrement de Credit Suisse. Growth =/- =/+ Value =/+ = • Nous restons positifs sur la devise japonaise, qui Qualité =/+ = offre une couverture contre le risque macroéco- Rendement + =/+ nomique, mais aussi une opportunité tactique Cycliques =/- =/+ de bénéficier d’une éventuelle inflexion de la Défensives = =/- politique monétaire de la Banque du Japon, qui DEVISES devra affronter des pressions inflationnistes États-Unis (USD) = =/- croissantes si les salaires continuent de progres- Zone euro (EUR) =/+ = ser. Royaume-Uni (GBP) =/- = • La hausse de l’or, probablement excessive, pour- Suisse (CHF) =/+ =/+ rait être menacée par un changement de cap des Japon (JPY) =/+ =/+ taux réels. Toutefois, nous demeurons confiants Brésil (BRL) =/+ = sur les perspectives à long terme du métal pré- Chine (CNY) = = cieux, qui devrait bénéficier à la fois des achats Or (XAU) =/- =/+ des banques centrales et d’une politique moné- Devises de matières =/+ =/+ taire potentiellement moins agressive à l’avenir. premières (NOK, NZD, CAD) Source : Indosuez Wealth Management. 04.2023 l MONTHLY HOUSE VIEW l 15
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