PANORAMA DE PRESSE - CGT 26/03/2018 07h39 - Panorama réalisé avec Pressedd - CGT Finances Publiques
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SOMMAIRE ACTUALITE SOCIALE (6 articles) Comment le gouvernement va bouleverser le financement de NaN 20180326 l'apprentissage (574 mots) Page 6 Le gouvernement entame l'acte II de ses réformes sociales avec l'envoi au Conseil … Les apprentis veulent amender la réforme Pénicaud (610 mots) La réforme de l'apprentissage ne va pas changer grand-chose à la vie des Page 8 NaN 20180326 intéressés, quand bien même ils se rendraient compte des c… Electrolux, anatomie d’un incroyable gâchis industriel (1237 mots) lundi 26 mars 2018 Page 9 Le plus étrange, c’est le silence. « Vous voyez, on pousse la porte de l’atelier, et on n’entend rien, alors qu’il y a encore quelq… Opel : le torchon brûle entre IG Metall et PSA (475 mots) Le ton monte entre IG Metall et PSA au sujet d'Opel, le constructeur déficitaire Page 12 NaN 20180326 chronique racheté l'an dernier par le groupe franç… Les CGT de Leclerc continuent leur combat (643 mots) Déjà près de sept ans que Me Gérald Chalon voit régulièrement des salariés du Page 13 lundi 26 mars 2018 magasin Leclerc à l'union locale de la CG… À pied, en vélo, en camionnette… des armées de livreurs lundi 26 mars 2018 profitent du boom de l'e-commerce (823 mots) Page 14 «Selon les spécialistes, le marché de la livraison à domicile devrait doubler d'ici à trois ans pour atteindre 1,7 milliard d'euros… MOUVEMENTS SOCIAUX (13 articles) Pourquoi la lutte des cheminots est-elle d'intérêt général ? NaN 20180326 (2900 mots) Page 16 Il est intéressant de réfléchir aux mots qui sont utilisés au sein des questions récemment posées par les instituts de sond…
Philippe Martinez : "C'est une réussite, l'unité syndicale est toujours une bonne chose" (730 mots) Page 20 vendredi 23 mars 2018 Secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez était l’invité du Grand Matin Sud 08:42 Radio ce vendredi pour revenir sur la journée de mobilisation pour le se… La convergence voulue par la CGT échoue (1284 mots) samedi 24 mars 2018 VUE de la lorgnette des cheminots, la mobilisation du 22 mars est une réussite. Et Page 22 même si leur « vraie » grève cadencée démarre le… Le leader CGT avec les facteurs rennais (318 mots) Philippe Martinez s'est rendu hier à Rennes pour soutenir les postiers en grève Page 23 depuis 74 jours. … samedi 24 mars 2018 La pause déj' ne passe pas (683 mots) Ce lundi, cela fera 77 jours qu'ils sont en grève. Pour « fêter » cela, les salariés de Page 24 la Poste ont reçu le soutien… lundi 26 mars 2018 Grève des fonctionnaires et des cheminots : les syndicats mettent en garde le gouvernement (989 mots) Page 25 NaN 20180324 Pour les syndicats, la journée de mobilisation du 22 mars n'est qu'une première étape. Ils alertent le gouvernement qu'ils … Grève : fonctionnaires et cheminots passent le relais aux personnels d'Air France (586 mots) Page 27 NaN 20180324 Près d'un quart des vols de la compagnie devrait être annulé face à ce mouvement de contestation. L'intersyndicale demande … Statu quo après une mobilisation " réussie " (1174 mots) La balle est maintenant dans le camp du gouvernement. C'est du moins ce que les Page 29 NaN 20180324 syndicats considèrent, estimant que la jour… " On est là pour les autres travailleurs " (502 mots) Nous, on roule sur le ferpas sur l'or ". Le slogan griffonné sur le dos d'une chasuble Page 31 NaN 20180324 SNCF résumait l'état d'esprit du cor… L'épreuve de force continue chez Air France (836 mots) Cela devient presque une routine ! En effet, pour la deuxième fois en à peine plus Page 32 NaN 20180324 d'un mois, l'intersyndicale d'Air France… Manifs : le match des chiffres (643 mots) C’était une habitude vieille comme les manifs. Au soir de chaque cortège, Page 34 NaN 20180326 attendre la fourchette comprise entre le chiffre … La légalité de la grève « perlée » en question (660 mots) DROIT Les cheminots entament le 3 avril un mouvement légal... qui pourrait ne Page 36 dimanche 25 au samedi 31 mars 2018 plus l’être en cas d’abus Le terme a beau être dans toutes les bouches, i…
Les Français opposés à une grève reconductible à la SNCF samedi 24 mars 2018 (712 mots) Page 37 SOCIAL La journée de mobilisation du 22 mars devait être le point de départ d'un large front contre les réformes ini… EUROPE ET INTERNATIONAL (1 article) Pour une Europe plus sociale, plus écolo, plus solidaire (901 mots) Page 39 NaN 20180326 Aujourd’hui pour nous, demain pour nos enfants, leur avenir et leurs rêves, nous avons deux solutions : le repli sur soi, c…
ACTUALITE SOCIALE 5
N° 22663 NaN 20180326 Page 4 574 mots FRANCE—FORMATION Comment le gouvernement va bouleverser le financement de l'apprentissage Le ministère du Travail transmet son projet de loi cette semaine au Conseil d'Etat.La mise en place du nouveau modèle économique des CFA est prévue pour la rentrée 2019. Le gouvernement entame l'acte II de avec les concours financiers obliga- ses réformes sociales avec l'envoi au toires (la part de taxe d'apprentissage Conseil d'Etat du projet de loi « Pour versée par les entreprises aux CFA de la liberté de choisir son avenir pro- leurs apprentis quand elles en ont). fessionnel ». Au menu, apprentis- Le tout en appliquant des coeffi- sage, formation professionnelle, as- cients en fonction de leurs priorités surance-chômage, mais aussi égalité (plus d'argent sur tel diplôme appelé professionnelle, travail détaché et à prendre de l'importance, moins handicap. Une centaine de pages très pour d'autres). attendues, même si les renvois à des décrets seront nombreux. Un sujet en Innovation pédagogique particulier inquiète les 995 directeurs de centre de formation d'apprentis La tâche s'annonce d'autant plus ar- (CFA) de France tant il est au coeur due qu'il faut aussi mesurer la part du changement de logiciel voulu par d'innovation pédagogique ou d'ac- la ministre du Travail, Muriel Péni- compagnement de chaque formation, caud. Au lieu d'aller décrocher des entre autres paramètres. « Comment subventions, les CFA, demain, seront calculer un coût unique entre des or- financés au contrat, c'est-à-dire ganismes sachant que certains ne qu'ils toucheront une certaine payent pas leurs loyers ou que leur La future agence France compé- somme à chaque fois qu'un jeune se- recherche est subventionnée », a tences va faire ses propres calculs en ra embauché en apprentissage. pointé Roger Serre, le délégué géné- parallèle et relèvera les copies des ral du groupe de formation continue branches au printemps de l'année Le mécanisme en question s'appa- IGS lors d'un récent colloque orga- prochaine. En cas d'écart important rente à celui qui a cours pour les nisé par le collectif des Entreprises pour un diplôme donné, un dialogue contrats de professionnalisation, éducatives pour l'emploi. s'instaurera pour harmoniser les prix, l'autre grande voie de formation en aussi bien pour les formations spéci- alternance. Pressé, le ministère du fiques à un secteur qu'à celles - as- Travail veut une application à comp- sistant(e) de direction par exemple - ter de la rentrée 2019, selon nos in- dite « interprofessionnelle ». Une fois formations. Encore faut-il pour cela les barèmes établis, chaque CFA passer au tamis le maquis des prix pourra alors démarcher les entre- des 2.732 formations délivrées par les prises pour placer ses jeunes, mais CFA. Un CAP de cuisinier coûte de sans être obligé de coller stricto sen- 2.500 à 14.000 euros par exemple, in- su aux recommandations de France dique-t-on de source proche du mi- compétences. Autrement dit, le nistère. Pour uniformiser tout cela, centre pourra facturer plus cher si les branches professionnelles vont des entreprises ou sa région sont devoir faire de savants calculs, en prêtes à assumer le reste à charge, collant à ce qui se pratique avec les c'est-à-dire le surplus par rapport au contrats de professionnalisation ou coût du contrat national. « Une en- ↑ 6
treprise peut préférer que son ap- de HEC plutôt que ceux d'un Master par Alain Ruello prenti cuisinier suive les cours d'un de gestion d'une université », dé- grand chef ou employer des étudiants crypte un connaisseur du dossier. ■ Parution : Quotidienne Tous droits réservés Les Echos 2018 Diffusion : 128 215 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/ B299D33B8160D20655F31B20F90D61B03274EB4096DB09C97866461 2017 ↑ 7 Audience : 633 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016
N° 22663 NaN 20180326 Page 4 610 mots FRANCE—COLLECTIVITÉS LOCALES Les apprentis veulent amender la réforme Pénicaud L'Association nationale des apprentis de France se tourne vers les députés pour se faire entendre sur la réforme de l'apprentissage qu'elle juge sévèrement. L a réforme de l'apprentissage ne définir par diplôme. En clair, plus un jeune est embauché en septembre et va pas changer grand-chose à la centre placera de jeunes en entre- passe son CAP en août de l'année sui- vie des intéressés, quand bien même prise, plus il touchera d'argent. De ce vante. S'il veut poursuivre avec un ils se rendraient compte des change- fait, pointe Aurélien Cadiou, le bac pro et que l'entreprise prête à le ments, ce qui est loin d'être acquis, nombre de cas où les apprentis qui prendre n'a pas déjà embauché un affirme l'Association nationale des rencontrent des problèmes avec leur autre jeune, pas de souci. Mais si la apprentis de France (Anaf). Cette employeur se retrouvent seuls risque place n'est pas libre, il lui faudra at- dernière n'est pas tendre avec la mi- d'augmenter, leurs CFA n'ayant pas tendre quelques mois, sans revenus nistre du Travail, qui n'a de cesse de intérêt à se fâcher avec ceux qui les pour faire face à ses dépenses de lo- vanter le caractère « copernicien » de feront vivre. Le projet de réforme gement notamment. ce chantier. D'autant que Muriel Pé- prévoit un médiateur en cas de rup- nicaud n'a pas donné suite à sa de- ture de contrat, mais rien n'indique A ces inquiétudes l'Anaf ajoute la dé- mande de rendez-vous. qu'il puisse être sollicité avant d'en ception de constater que, contraire- arriver là. L'Anaf demande au gou- ment à ce qui était ressorti de la « C'est un peu décevant au vu de vernement de pouvoir jouer le rôle de concertation, le projet de réforme notre implication durant la concerta- tiers d'assistance. n'améliore pas vraiment le quotidien tion », déplore le président de l'Anaf, des apprentis. Les 500 euros pour Aurélien Cadiou, qui, du coup, a en- l'aide au permis de conduire seront La question des périodes tamé un travail de lobbying auprès bienvenus, mais quid des mineurs ? de députés, et notamment de Cathe- d'intercontrats L'instauration d'un guichet unique rine Fabre (LREM), qui sera rappor- serait un plus appréciable pour éviter La seconde grande inquiétude porte teur de la réforme, mais aussi de Mi- de taper aux portes de l'Etat, de la sur le calendrier des embauches des reille Clapot (LREM). Caisse d'allocations familiales, de la apprentis : sur les quatre derniers région ou encore d'Action logement, mois de l'année civile pour la très avance Aurélien Cadiou. Ce dernier Le mode de financement grande majorité d'entre elles au- dénonce aussi la faiblesse des me- jourd'hui (cycle scolaire oblige) ; tout Pour l'Anaf, la principale inquiétude sures en faveur de l'orientation au long de l'année demain grâce no- découle du futur mode de finance- même si, sur ce volet, la balle est tamment au développement du ment des centres de formation des dans le camp des régions et de l'Edu- contrôle continu ou de la prise en apprentis (CFA) : au lieu de chasser cation nationale. ■ compte des acquis du jeune, promet les subventions, leurs directeurs tou- le ministère. Une souplesse bienve- cheront une certaine somme pour par A. R. nue, reconnaît Aurélien Cadiou, sauf chaque contrat conclu entre un jeune que cela pose la question des pé- et une entreprise selon un barème à riodes d'intercontrats. Exemple : un Parution : Quotidienne Tous droits réservés Les Echos 2018 Diffusion : 128 215 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/ E89C63C48240240CD5F31AC0840F61EA3C14F94CE6770D286B66F71 2017 ↑ 8 Audience : 633 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016
lundi 26 mars 2018 1237 mots ÉCONOMIE Electrolux, anatomie d’un incroyable gâchis industriel Le plus étrange, c’est le silence. « Vous voyez, on pousse la porte de l’atelier, et on n’entend rien, alors qu’il y a encore quelques mois, les presses découpaient 200 ou 300 pièces par minute et qu’il fallait porter des bouchons d’oreille », constate Thierry Thelinge, le délégué CFE-CGC, en traversant les immenses locaux dé- serts. Neuf grands bâtiments, répartis sur cinq hectares au bord de la Meuse. Depuis dix jours, l’usine de Revin (Ardennes) qui fut le bijou français d’Arthur Martin, puis d’Electrolux, est à l’arrêt complet, et le personnel prié de rester chez lui. Alors même que deux lignes de production flambant neuves viennent d’y être installées, le site risque de ne jamais plus sortir de son sommeil. Le pire n’est pas certain. Un industriel breton, Delta Dore, s’est porté candidat à la reprise d’une des deux lignes. Encore faut-il qu’il confirme son offre lors de l’audience du tribunal de commerce prévue le 4 avril. Ce qui nécessite qu’un accord soit négocié d’ici là avec Electrolux, propriétaire des machines concer- nées. « La semaine qui s’ouvre est cruciale pour qu’une activité industrielle de- meure sur place », explique Christophe Giboni, le directeur de l’usine. Mais même si les tractations aboutissent, Delta Dore reprendra au mieux 24 salariés sur les 181 inscrits à l’effectif. Presque rien, au regard des 1 000 per- sonnes qui travaillaient ici il y a seulement dix ans. « Du temps de mon père, l’usine employait même 3 700 personnes, raconte Jean-Pierre Villeret, un ou- vrier. Nous, les enfants, on venait pour l’arbre de Noël, et on partait tous en colo Arthur Martin. » Production délocalisée en Pologne Comment en est-on arrivé à un tel gâchis ? Pour quelle raison une usine en- tièrement modernisée depuis deux ans se prépare-t-elle à partir à la casse ? A Revin, chacun cherche à comprendre cette curieuse histoire, symbolique de la désindustrialisation qui se poursuit en France malgré les efforts des gouverne- ments successifs et l’embellie économique. « C’est incroyable, incroyable », ré- pète le directeur du site, abasourdi. Le tribunal de commerce de Compiègne, lui, a son idée. Comme le mandataire judiciaire, comme les salariés, comme le procureur, il estime qu’Electrolux, propriétaire du site jusqu’en 2014, est resté le véritable « maître de l’affaire » et porte une responsabilité majeure. Le 23 février, il a étendu le redressement judiciaire de l’usine de Revin à son ancienne maison mère, Electrolux France. Une mesure exceptionnelle. Objectif : obliger la multinationale suédoise à fi- nancer la fermeture de son ex-usine, le plan social et l’éventuelle dépollution d’un site exploité en continu depuis 1882. Placée en redressement contre son gré, la tout à fait rentable société Electrolux France a fait appel. Mais en at- tendant, elle ne peut plus signer un chèque sans le feu vert de l’administrateur judiciaire. L’étoile de Revin a commencé à pâlir en 2005. Cette année-là, Electrolux ↑ 9
achète 30 hectares à Olawa, dans le sud-ouest de la Pologne, pour y bâtir une usine de lave-linge, la spécialité de Revin. Les appareils les plus bas de gamme fabriqués dans les Ardennes y sont, d’emblée, transférés. Puis le bu- reau d’études est déménagé en Italie. « On s’est alors dit : ils nous prennent la tête, les jambes vont suivre », se souvient Sophie Di Giulio, membre de la CFDT. La prédiction se réalise en 2012, quand Electrolux officialise son intention de délocaliser la production de tous ses lave-linge en Pologne, histoire de gagner environ 6 euros par machine. « Fossoyeur » Pour Electrolux, cependant, impossible de partir comme un voleur. C’est l’époque où Arnaud Montebourg, à Bercy, fait voter la loi Florange. Elle oblige tout groupe qui veut fermer un site à chercher d’abord un repreneur. Avec l’ap- pui de KPMG, les dirigeants d’Electrolux contactent 72 sociétés. Une pêche peu fructueuse. Alors que l’industrie reste en crise, qui peut vouloir d’une énorme usine au cœur des Ardennes, même pour 1 euro ? Une fois écarté le ri- val chinois Haier, dont personne ne veut, ne reste qu’un candidat : Selni. Cette PME, qui emploie moins de salariés que Revin, vient elle-même d’être reprise à la barre du tribunal. Et son nouvel actionnaire, Bruno Flocco, est un an- cien collaborateur de Bernard Tapie, un temps incarcéré dans l’affaire Testut, en 1993. « Il a, depuis, été totalement blanchi, et son casier est vierge », corrigent ses proches. Les salariés se montrent moyennement enthousiastes à l’idée de passer d’un puissant groupe suédois à cette PME si fragile qu’elle n’arrive pas à payer l’Urssaf. Mais Electrolux multiplie les garanties. Pour se débarrasser de son usine, le groupe s’engage à acheter au repreneur des lave-linge complets pen- dant deux ans. Puis à lui commander des millions de moteurs, la spécialité de Selni, qui compte reconvertir Revin dans ce métier. Sur le papier, ce sont sept ans de chiffre d’affaires assurés ! Mieux encore, puisque Selni n’a pas un sou vaillant, Electrolux accepte de payer de sa poche les deux futures lignes de fa- brication de moteurs, une facture de 15 millions d’euros. Et en cas de ferme- ture, à terme, de l’usine, le groupe promet de payer le plan social. A l’époque, certains suspectent Electrolux d’avoir sciemment choisi un « fos- soyeur ». Mais beaucoup veulent y croire. La reprise par Selni est validée par le tribunal comme par Bercy. « Malgré nos ressources financières et humaines insuffisantes, cela aurait pu être une reconversion exemplaire, si Electrolux avait joué le jeu complètement », juge Philippe Vidal, PDG de Selni et associé de Bru- no Flocco. 500 euros en caisse Or la collaboration entre les deux entreprises se grippe vite. Contre l’avis de Selni, le groupe scandinave achète les machines-outils promises auprès d’un tout petit fournisseur, peu cher mais peu fiable, qui dépose rapidement son bi- lan. Sur place, la ligne de moteurs de lave-linge est certes installée. Mais elle fonctionne mal. Le vernis n’est pas bien déposé sur les rotors, ce qui fait que les moteurs font un peu plus de vibrations et de bruit que prévu. « Ils restent néanmoins tout à fait utilisables, et supérieurs à ceux de notre principal concur- rent », assure le directeur de Revin. ↑ 10
Electrolux ne l’entend pas ainsi. Début 2017, le groupe devient assez in- flexible. Pas question d’acheter des moteurs qui ne répondent pas aux spécifi- cations. « En faisant cela, les dirigeants d’Electrolux ont sciemment signé notre ar- rêt de mort, alors qu’ils savaient que nous n’avions pas d’autres clients et que nous étions très vulnérables », accusent les salariés. Le groupe suédois « a eu pour stratégie d’asphyxier financièrement » Revin, estime aussi le mandataire judi- ciaire. Electrolux rejette ces accusations, et reconnaît simplement avoir choisi un repreneur trop faible, qui n’a pas su gérer le projet ni diversifier sa clien- tèle. Durant toute l’année 2017, des tentatives sont menées pour trouver une solu- tion, sous l’égide d’un mandataire ad hoc, puis d’un conciliateur, et de Bercy. Rien n’y fait. Dans l’usine, les moteurs « presque bons » s’accumulent dans des cartons. A peine 50 000 sont acceptés et payés par Electrolux, au lieu du 1,2 million prévu. Pour gagner du temps, la direction de Revin vend une vieille presse, trouve 5 millions d’euros auprès d’un fonds. Le 3 janvier, elle se résout à déposer le bilan. Il reste 500 euros en caisse. Depuis, la situation s’est encore aggravée. L’essentiel du petit groupe Selni a été mis en liquidation le 21 mars, et cherche un repreneur. Dans les Ardennes, la production est totalement stoppée. Le personnel espère qu’Electrolux paie- ra à chacun une prime, au-delà des indemnités de licenciement légales. Per- sonne ne croit plus au redémarrage, sauf pour la petite ligne visée par Delta Dore. Dans les gigantesques ateliers, la voix d’un délégué syndical résonne : « A 24, ils vont être à l’aise dans ces locaux qui ont abrité des milliers de per- sonnes… » Dans l'usine ex-Electrolux, des milliers de rotors « presque bons » sont empilés dans des caisses, à Revin (Ardennes) le 23 mars. Dans l'usine ex-Electrolux, des milliers de rotors « presque bons » sont empilés dans des caisses, à Revin (Ardennes) le 23 mars. DENIS COSNARD / LE MONDE Par Denis Cosnard Revin,Ardennes, envoyé spécial Parution : Quotidienne Tous droits réservés http://www.lemonde.fr 2018 ↑ df9853778830c00d251c1050840e71683cd4d241263d03ce8b15789 11
N° 22663 NaN 20180326 Page 19 475 mots INDUSTRIE & SERVICES—AUTOMOBILE Opel : le torchon brûle entre IG Metall et PSA Le syndicat allemand demande des « propositions constructives » de la part de PSA.Le proprié- taire d'Opel veut renégocier certains engagements passés pour attribuer de nouvelles produc- tions outre-Rhin. L e ton monte entre IG Metall et pecter ces accords. Mais il demande faveur en Allemagne, où IG Metall PSA au sujet d'Opel, le construc- aujourd'hui à Opel, dans le rouge de- vient en plus de signer un accord de teur déficitaire chronique racheté puis 1999, de renforcer sérieusement branche accordant une hausse de sa- l'an dernier par le groupe français. Le sa compétitivité, quitte à renégocier laire de 4,3 %. C'est d'ailleurs l'autre syndicat allemand et le comité d'en- certains engagements. La marque à sujet de crispation entre les parties. treprise d'Opel ont exigé vendredi l'éclair a perdu 179 millions en cinq S'il existe des dérogations pour les par communiqué des « propositions mois l'an dernier, et PSA a passé une entreprises en difficulté, celles-ci constructives » de la part de PSA. Une provision liée à la future restructura- sont limitées dans le temps. Il y a façon assumée de mettre la pression, tion supérieure à 400 millions. quelques années, GM et Opel avaient alors que la maison Peugeot vient de obtenu du syndicat un report des confier de nouvelles productions Pas question pour l'état-major fran- hausses salariales contre des garan- chez Opel en Hongrie, en Pologne et çais de ne pas obtenir d'efforts des ties sur l'emploi jusque 2018 et les en Autriche… mais pas en Alle- salariés allemands : leurs collègues sites jusque 2020. En contrepartie magne. Au coeur de la discorde, les des autres pays ont tous accepté bon d'une nouvelle exception, IG Metall négociations en cours sur l'applica- gré mal gré (à commencer par les Es- chercherait à faire prolonger ces as- tion des accords conclus alors pagnols), des mesures de modération surances. PSA refuse de commenter qu'Opel était filiale de GM - portant salariale et davantage de souplesse les discussions. Selon nos informa- sur la répartition de véhicules et de dans les horaires. En France, les syn- tions, d'autres programmes indus- moteurs à Eisenach, Rüsselsheim ou dicats de PSA sont également très at- triels - dont la fabrication addition- Kaiserslautern. « Nous n'acceptons tentifs sur le sujet après la cure sé- nelle de moteurs essence -, font en pas de conditions imposées ultérieu- vère subie ces dernières années dans ce moment l'objet d'une mise en rement pour des accords reconnus et l'Hexagone. concurrence entre différents sites repris par PSA, et qui sont exécu- européens d'Opel et PSA. toires », écrit Wolfgang Schäfer-Klug, Accord de branche le chef du comité d'entreprise d'Opel. Correspondante à Berlin ■ généreux Le patron de PSA Carlos Tavares par Pauline Houédé et Et Ju- En clair, les salariés non allemands s'était engagé, lors du rachat, à res- lien Dupont-Calbo ne comprendraient pas un régime de Parution : Quotidienne Tous droits réservés Les Echos 2018 Diffusion : 128 215 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/ 7E94E37F8CD0030245611CF0BC0441333A54534F76DF096544887A9 2017 ↑ 12 Audience : 633 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016
N° 20180326254 lundi 26 mars 2018 Édition(s) : Laon 643 mots SOCIAL Les CGT de Leclerc continuent leur combat D éjà près de sept ans que Me ciation calomnieuse, reprend Me du travail, ce n'est pas la priorité des Gérald Chalon voit régulière- Chalon. En 2012 et 2013, nous avons juges, justifie l'avocat. On sait que, ment des salariés du magasin Leclerc complété celle-ci avec des plaintes sur ce terrain, les délais sont toujours à l'union locale de la CGT d'Hirson. pour harcèlement moral et discrimi- relativement longs, voire très longs.» Jeudi dernier, cet avocat rémois, spé- nation syndicale, principalement à «Le souci qu'on a chez Leclerc, c'est cialisé dans le droit du travail, ren- l'encontre d'une salariée, qui était que le climat ne s'améliore pas», sou- contrait de nouveau Aurore Clin, dé- déléguée syndicale.» En décembre ligne Didier Devaux, ancien secré- léguée syndicale CGT de l'entreprise, 2011, celle-ci avait même tenté de taire de l'union locale, qui s'occupe Alexandra Lebègue, élue au comité mettre fin à ses jours. Un geste re- aujourd'hui essentiellement des dos- d'entreprise, et Sylvie Labroche, de- connu comme accident du travail par siers juridiques. Car les différentes venue récemment conseillère le tribunal des affaires de sécurité so- parties de ce «vieux dossier» sont prud'homale, ainsi que des membres ciale (TASS) de Saint-Quentin en toujours employées du magasin, tan- du bureau de l'union locale. Dans janvier 2017. Cette salariée est tou- dis que l'équipe du comité d'entre- leur dossier, les premières plaintes jours en arrêt maladie aujourd'hui. Le prise s'est de nouveau renouvelée. datent de 2011. Le droit pénal du tra- dossier porté par l'avocat de la CGT Parmi les trois femmes venues ren- vail, ce n'est pas la priorité des juges. est complet en 2013. Mais rien ne se contrer l'avocat rémois jeudi, aucune On sait que, sur ce terrain, les délais passe. À la mi 2014, Gérald Chalon n'est directement concernée par le sont toujours relativement longs, décide donc de saisir directement un dossier commencé en 2011. «Nous, voire très longs Me Gérald Chalon, juge d'instruction à Laon. La CGT, on est la relève, expliquent-elles. On avocat des élus CGT Cette année-là, partie civile, consigne dans les délais est les élues du comité d'entreprise les élections des membres du comité une somme demandée pour réaliser à l'heure actuelle. On ne trouve pas d'entreprise (CE) aboutissent à un cette saisine. «Le Procureur est alors normal qu'après tout ce temps, le changement d'équipe. «Aussitôt, un dessaisi au profit du juge d'instruc- dossier judiciaire n'avance pas. Sur- climat véhément s'installe», retrace tion, explique l'avocat. C'est un acte tout lorsque l'on voit l'état dans le- l'avocat. Les nouveaux élus accusent possible quelle que soit l'affaire. Ici, quel est notre collègue, l'ancienne les anciens, et notamment trois un juge était déjà saisi des plaintes déléguée syndicale.» Si l'avocat re- femmes de la CGT, de multiples dé- pour détournement de fonds, etc. Il connaît qu'il pourrait demander au tournements et escroqueries avec a joint les deux en un seul dossier juge d'instruction de clore son dos- l'argent du CE. La situation s'enve- et instruit les deux plaintes en même sier, il ne conseille pas cette solution nime tant qu'à deux jours de Noël en temps.» Depuis, Me Chalon sait deux aux salariées. «Il y a un risque à ce 2011, les élus CGT bloquent le maga- choses: qu'il y a eu commission roga- que l'instruction soit close en l'état, sin pendant quelques heures. toire dans ce dossier, c'est-à-dire que expose-t-il. Je préfère que le juge le juge a demandé à des gendarmes prenne le temps de demander de d'enquêter, et qu'au moins trois juges nouvelles auditions, si besoin. De De multiples plaintes différents sont successivement «pas- toute façon, d'une manière ou d'une Côté judiciaire, les nouveaux élus sés» sur le dossier, au gré des muta- autre, ces dossiers finissent toujours sont les premiers à déposer des tions de chacun. par ressortir.» Claire Martin-Delo- plaintes contre leurs prédécesseurs. zanne ■ «En réaction, les trois anciennes Depuis 2014, rien élues visées et l'union locale de la CGT déposent plainte pour dénon- Pas d'autre avancée. «Le droit pénal Parution : Quotidienne Tous droits réservés L'Union Diffusion : 78 552 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/ 6b98c3fb8b00ab09757a15a0390e919637f47c48b6d705b4c38b102 2017 ↑ 13 Audience : 366 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016
N° 22898 lundi 26 mars 2018 Pages 22-23 823 mots L'ÉVÉNEMENT À pied, en vélo, en camionnette… des armées de livreurs profitent du boom de l'e-commerce Livrer le plus vite, et surtout le plus puis l'entrepôt parisien de Genne- exemple). L'imagination de ces ac- précisément possible. Tel est le nerf villiers. Star Service travaille aussi teurs colle à l'exigence des consom- de la guerre pour se faire une place avec des franchisés de grandes en- mateurs. Warning et ses 1 000 ca- dans les grands nœuds urbains. Pour seignes pour les livraisons à pied de- mions travaillent ainsi à un système aider les enseignes à relever le défi, puis les magasins, dans un rayon de de « drive mobile », qui amène ses ca- une société de transport s'est fait ces 500 mètres à 1 km. mions remplis de commandes en bas dernières années une place de choix : des bureaux, ou à la sortie des gares. Star Service, qui revendique 65 % du « Les distributeurs multiplient les lieux marché de la livraison alimentaire à de commande et de livraison. Nous les Pour rester dans la course. Star Ser- domicile à Paris. accompagnons depuis 30 ans et vice met en avant ses trois décennies construisons ensemble ces services de d'historique de gestion des pics de Le groupe, qui convoie également des conquête de nouveaux clients, explique commandes, ou son expertise sur les pièces auto de rechange, des colis le diri-geant. En une heure, sur ren- gros chariots familiaux. Déplorant la non alimentaires ou des prélève- dez-vous, à pied, en voiture, à domicile concurrence salariale déloyale des ments médicaux réalise 180 millions ou au travail… nous cherchons à coursiers à vélos, le transporteur veut d'euros de chiffre d'affaires, dont 100 chaque fois la meilleure réponse pour continuer à s'adapter aux contin- millions dans les courses alimen- chaque besoin. » La course est effré- gences urbaines. D'ici à trois ans, taires. Un sec-teur en forte crois- née. l'ensemble de sa flotte de véhicules sance, notamment à Paris. sera 100 % verte (électrique, gaz…), L'an dernier, Star Service a vu son contre 300 roulants à l'électrique en « Notre métier s'est développé pour ré- chiffre d'affaires chez les enseignes 2017. Elle travaille aussi sur la top pondre à la congestion des villes, et bondir de 36 % en organique. Et selon priorité des clients : l'étroitesse et la pour répondre aux évolutions des at- les spécialistes, le marché global de précision des créneaux de livraison. tentes des consommateurs », explique la livraison à domicile devrait dou- Celle-ci arrive de loin en tête des pré- Renaud Amory, directeur général du bler d'ici trois ans, pour atteindre 1,7 occupations, devant la rapidité de la transporteur, qui travaille avec milliard d'euros en 2020. Ce qui pro- livraison. Star Service a aussi déve- toutes les enseignes tricolores. Ses 4 fite aussi d'autres acteurs, comme loppé un système d'alerte permettant 000 véhicules et autant de salariés en Cogepart (80 millions d'euros de de prévenir le client par SMS de la CDI transportent ainsi dans la capi- chiffre d'affaires) ou Warning (67 localisation du véhicule de livraison, tale les commandes Internet d'Oo- millions). et d'un créneau resserré pour ne pas shop, le site marchand de Carrefour. l'immobiliser trop longtemps chez Tout comme les livraisons en sortie Le marché est aussi convoité par lui. Le client est roi. ¦ ■ de caisses de Monoprix, ou les com- multiples livreurs à vélo, triporteur, mandes passées chez Monoprix.fr de- à pied ou en scooter (Stuart par par O. D. ENCADRÉS DE L'ARTICLE “ «Selon les spécialistes, le marché de la livraison à domicile devrait doubler d'ici à trois ans pour atteindre 1,7 mil- liard d'euros. “ Les distributeurs “multiplient les lieux de livraison RENAUD AMORY, DG DE STAR SERVICE Parution : Quotidienne Tous droits réservés 2018 Le Figaro Diffusion : 306 673 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/ bc9b53d289201a0585881f705907c1e433f48643e6ea002989d883d 2017 ↑ 14 Audience : 1 663 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016
MOUVEMENTS SOCIAUX ↑ 15
NaN 20180326 Page 12 2900 mots TRIBUNE IDÉES USAGERS, ENQUÊTES D'OPINION ET ARGUMENTS ÉCONOMIQUES Pourquoi la lutte des cheminots est-elle d'intérêt général ? « les cheminots vont se mobiliser fortement contre la casse du service public et de leurs droits sociaux. » laurent brun, CGT Cheminots rappel des faits Dans la bataille du rail engagée autour de l'exigence d'un service public à la hau- teur des besoins et des défis, le débat public doit avoir lieu à partir des enjeux communs. I l est intéressant de réfléchir aux Autre question : « Selon vous, la ré- l'entreprise, de sa privatisation qui, mots qui sont utilisés au sein des forme proposée par Emmanuel Ma- dans tous les pays où elle a été réali- questions récemment posées par les cron et le gouvernement est-elle sée, a entraîné une augmentation du instituts de sondage Elabe et Harris bonne ou mauvaise pour l'avenir de coût des billets de train ? Interactive, et dont les résultats au la SNCF ? » Dans cette deuxième sujet de la mise en cause de la SNCF question d'Elabe, on retrouve le mot Il est clair que les 71 % de sondés et des cheminots ont été largement de réforme. Puis on place le mot de de la région parisienne, ceux et celles diffusés par les médias. Dans la pre- gouvernement pour donner un poids les plus en faveur d'une réforme, es- mière question d'Elabe de l'étude sérieux à la question. Et surtout on pèrent qu'enfin les matériels et voies concernant le mouvement social parle de l'avenir de la SNCF. Quel des banlieues seraient rénovés, les (commandée par Nice-Matin, pro- avenir ? Quelle SNCF ? La SNCF dont gares rouvertes et réanimées par des priété du Groupe Lagardère), on re- rêvent les citoyens, un service public agents, les trains propres, etc. Mais marquera que l'expression « certains bon marché, de qualité, dont les est-ce bien cela le but des « réformes syndicats » revient deux fois dans la lignes et le matériel sont entretenus »? question, ainsi que le mot de « ré- en permanence, qui irrigue tout le forme ». Question : « Certains syndi- territoire, des agents fiables et com- On constate donc que les mots sont cats de salariés de la SNCF ont lancé pétents ? Ou une SNCF pour les in- choisis avec une grande attention un appel à la grève et à la manifesta- dividus fortunés qui peuvent se payer pour créer le rejet du mouvement so- tion pour s'opposer à la réforme an- le transport quel qu'en soit le prix ? cial. Une question sans biais aurait noncée par le gouvernement. Quelle La SNCF réelle est décomposée et d'abord décrit de quel avenir et de est votre attitude à l'égard de la vo- abîmée, en voie de disparition depuis quelle SNCF on parle, et de là aurait lonté de mobilisation de certaines or- fort longtemps. Les agents ceux qui demandé l'accord des gens, car sinon ganisations syndicales contre le pro- ont survécu à la diminution des ef- on ne sait pas avec quoi les gens sont jet de réforme du gouvernement ? » fectifs et à la sous-traitance sont d'accord ou non. On remarquera qu'il Premier biais, il ne s'agit pas de cer- sous la coupe du management et des n'y a pas d'interrogation sur les ques- tains syndicats, mais de tous les syn- financiers (qui eux sont grassement tions qui fâchent Pourquoi les billets dicats. Deuxième biais, il ne s'agit rémunérés) et l'entreprise s'adresse deviennent-ils hors de prix à l'ap- pas d'une réforme, mais d'une régres- aux citoyens comme à des gamins proche des vacances (la traite des ci- sion qui ramène à la période des en- (voir la transformation de la SNCF en toyens) alors que le coût du transport treprises par ligne, afin de permettre Oui ) ; quant à l'entretien des lignes, reste le même pour l'entreprise ? aux riches d'investir uniquement il n'est absolument pas au niveau, et Pourquoi dans l'immense gare de dans les lignes rentables et de gagner cela a été démontré dans l'analyse Lyon il n'y a qu'un seul lieu de toi- de l'argent, au lieu d'utiliser les pro- des accidents récents. Et de quel ave- lettes et payable à 0,80 euro par per- fits des lignes rentables pour assurer nir parle-t-on ici ? De la suppression sonne, au meilleur profit de l'entre- le service public des lignes moins des lignes, du fret transféré aux gros prise néerlandaise 2theloo (en an- rentables, et contribuer ainsi à un camions, des lignes remplacées par glais s'il vous plaît, cela veut dire « avenir écologique durable. des autobus massifs, de la paupérisa- aux toilettes ») tion des agents, du morcellement de ↑ 16
Le second sondage réalisé par Harris opposition à cette réforme, diriez- fait rien, ça ne va pas en prendre le Interactive pour RMC (qui appartient vous plutôt que : chemin. En tout cas, ce n'est pas la au richissime Patrick Drahi) et Atlan- faute des cheminots. Ils travaillent le tico (site de néoconservateurs) donne Vous les soutenez (43 %, dont 12 % samedi, le dimanche, les jours fériés. des indications précises sur l'avenir souhaitent également participer). Ils doivent souvent dormir loin de auquel il faut rêver pour s'opposer chez eux. Et si leur statut les protège, aux actions des cheminots, justifier Vous y êtes opposés (38 %). je dis tant mieux. Ce n'est pas en leur par là même la fin du statut des che- enlevant que je serai moins fatiguée, minots et le faire vite par des ordon- Cela vous laisse indifférent (19 %) ? que les trains marcheront mieux, se- nances. La question est la suivante : « » ront moins bondés, seront climatisés, Selon vous, et de ce que vous en avez ou que j'aurai un travail plus près de retenu (après avoir écouté le discours Les Français expriment ici leur ac- chez moi d'édouard Philippe), la réforme de la cord avec ce mouvement. Et enfin le SNCF présentée par le gouvernement pompon dans une question d'Elabe : Depuis des années, comme tout le permettra-t-elle : « Vous personnellement avez-vous monde, je vois le service public se dé- une bonne ou une mauvaise opinion grader. Non pas à cause de ceux qui y de réduire la dette de la SNCF (oui à des agents SNCF ? » On demande travaillent mais à cause des décisions 69 %) alors aux personnes de donner leur prises par les gouvernements succes- avis sur les agents SNCF comme on sifs. La Poste n'est plus la poste, l'hô- d'assurer une bonne qualité de ser- le ferait sur une marque de chocolat. pital est en danger, la situation des vice pour les clients (oui à 66 %) Là encore, de quoi s'agit-il ? Du tra- maisons de retraite est catastro- vail qu'ils et elles réalisent dans des phique. d'assurer des prix attractifs pour les conditions qu'ils et elles ne déter- clients (oui à 56 %) minent pas ? De leur aspect physique Depuis des années, nous voyons les ? Du contact avec les gens (en par- camions se multiplier sur les routes, de conserver les lignes peu fréquen- ticulier dans les gares sans person- le prix des TGV battre des records, les tées présentes sur tout le territoire nel) ? Il serait bon que les associa- petites lignes de train fermer, le tra- (oui à 50 %) ? » tions, les syndicats, les groupes de ci- fic des trains de banlieue exaspérer toyens puissent avoir un accès équi- les salariés, crevés avant même d'ar- Or, ladite réforme ne permet en au- valent aux possibilités de débat pu- river au travail. cun cas de réduire la dette, d'une part blic que permettent les sondages. parce que les futurs emprunts de la Comme moi, chaque jour, les passa- SA SNCF coûteront plus cher que Dernier ouvrage : les Sondages d'opi- gers soupirent « il y a tous les jours ceux garantis par l'état, et que le sta- nion, écrit avec Denis Duclos. La Dé- quelque chose », lorsque les trains de tut des cheminots maintient les sa- couverte, coll. « Repères ». banlieue sont régulièrement en re- laires bas avec ses grilles de salaires tard, voire supprimés. très serrées. Et, bien sûr, la question Je suis un usager de la SNCF. Une qui vient juste après celle-ci, « êtes- usagère. J'ai 63 ans, et j'ai entre 3 Et que voit-on à la gare Saint-Lazare vous favorable ou opposé à l'abandon heures et demie et 4 heures de trans- quand il y a un problème ? Non pas du statut des cheminots pour les fu- port par jour pour aller au travail et des cheminots avec un statut, pour turs salariés de la SNCF ? », distille en revenir. Train + métro. J'espère renseigner les voyageurs, mais des l'idée que, si les quatre propositions bien que vous trouvez ça vieux, vacataires recrutés en sous-traitance, précédentes n'ont pas lieu, c'est à 63 ans ! Moi aussi ! Mais on ne prend à qui on a mis sur le dos un gilet cause du statut des cheminots attri- plus sa retraite à 60 ans aujourd'hui. SNCF et qui ne peuvent pas rensei- bué aux futurs salariés qui coûterait Et que vous vous dites : 4 heures par gner car ce n'est pas leur boulot. En trop cher, proposition donc judicieu- jour, c'est dingue. Je ne vous le fais quoi la suppression du statut des sement introduite ici dans un but de pas dire ! Mais en période de chô- cheminots améliorera mon quotidien propagande. Troisième question mage, c'est comme ça. On commence ? En rien. Pire, elle l'aggravera. d'Harris Interactive qui, étrange- à être senior à 40 ans, alors on prend ment, n'a pas trouvé sa place dans les le travail là où il est et on le garde là 40 milliards ont été donnés aux en- médias : « Et vis-à-vis des grèves et où il est. Franchement, j'espère que treprises sans aucune contrepartie manifestations auxquelles appellent vous n'aurez pas à faire ça quand via le pacte de compétitivité, 10 mil- la CGT, la CFDT et l'Unsa et SUD en vous aurez mon âge. Mais si on ne liards ont été perdus par la suppres- ↑ 17
sion de l'ISF, voilà où va l'argent au vice public des transports. Chaque Agents et usagers du service public lieu de régler les problèmes de re- année, les transports ferroviaires ferroviaire, salariés des industries qui traite, de santé, de transport ! rapportent 2,7 milliards aux banques contribuent à la construction des in- et aux compagnies d'assurances, près frastructures, des matériels et des S'attaquer aux cheminots est inutile. du tiers de ce qui revient aux systèmes de gestion du trafic, sala- C'est un leurre pour dresser les uns hommes et aux femmes (1) qui as- riés des banques qui devraient les fi- contre les autres. surent ce service public ! La question nancer, habitants des territoires où vitale n'est donc pas de se demander ces industries sont implantées, ci- Je ne veux pas que sur le territoire dans quelle poche on pourrait puiser toyens européens au nom de qui cet français les petites lignes ferment. de quoi rémunérer les compagnies argent est aujourd'hui dilapidé, tous Car demain ce seront les lignes d'assurances, les fonds de placement nous avons le droit d'exiger qu'il soit moyennes. Je ne veux pas de l'ouver- et les multinationales qui détiennent utilisé autrement. Le contre-projet ture à la concurrence. Je ne l'ai jamais actuellement les titres de dette émis présenté par la fédération CGT des demandée. Je ne veux rien de compli- par la SNCF. Elle est de savoir com- cheminots donne une base extrême- qué. Juste des trains de banlieue qui ment on peut libérer l'économie de ce ment crédible à cette exigence. roulent à l'heure, du matériel en bon coût du capital pour rendre à l'entre- état, des salariés qui y travaillent ré- prise publique les moyens de réaliser La BCE elle en a les moyens pourrait munérés correctement pour ce qu'ils les investissements indispensables. acquérir une partie de la dette ac- font. tuelle de la SNCF pour la transformer Lorsque ces investissements seront en une dette à très long terme et à 0 Et je refuse qu'ils soient les boucs réalisés, non seulement ils répon- %, après le transfert de cette dette à émissaires des problèmes de notre dront à des besoins sociaux et écolo- une caisse de defeasance, comme le quotidien : mes 63 ans et mes 4 giques majeurs mais ils permettront propose la CGT cheminots. heures de transport, ils n'y peuvent la création de valeur ajoutée, de re- rien. Plutôt que s'attaquer à eux, re- venus et de recettes supplémentaires Plus important encore, l'argent créé gardons aujourd'hui quels choix poli- pour la SNCF et pour les finances pu- par l'Eurosystème devrait servir à fi- tiques nous ont menés à cette situa- bliques. Mais, en attendant, il faut de nancer un fonds de développement tion, et agissons ! l'argent tout de suite pour les réali- du service public des transports fer- ser. roviaires dans toute l'Europe. Porteur Sous prétexte qu'un endettement de de projets d'investissements démo- 50 milliards interdirait toute pers- Continuer de recourir aux marchés cratiquement élaborés dans chaque pective de développement du service financiers assoiffés de rentabilité pays et soutenus par des mobilisa- public ferroviaire, une « règle d'or » tout en injectant de l'argent public à tions citoyennes, il aurait le statut impose depuis 2014 une limite aux tour de bras dans des « partenariats d'établissement de crédit qui lui per- investissements susceptibles d'être public-privé », c'est continuer de mettrait, au titre de l'article 123, pa- financés par SNCF Réseau (sauf pour soumettre le service public des trans- ragraphe 2, du traité sur le fonction- le très contestable CDG Express !). ports ferroviaires aux aléas de la nement de l'Union européenne, d'ob- Pourtant, l'état dégradé des infra- mondialisation financière, c'est tota- tenir les fonds nécessaires auprès de structures, l'arrivée de nouvelles lement irresponsable. la BCE pour accorder des crédits à technologies économes en énergie taux très avantageux (aujourd'hui, le pour lutter contre le réchauffement Une autre solution est possible : la taux des prêts de la BCE aux banques climatique, le besoin de cohérence BCE et les 19 banques centrales na- est normalement de 0 % et peut des- entre les systèmes de transports à tionales qui, avec elle, forment l'Eu- cendre jusqu'à 0,4 %). Une partie de l'échelle de l'Europe, le besoin de rosystème, ont créé depuis trois ans l'argent créé par l'Eurosystème y suf- consolider le statut des cheminots et 2 500 milliards d'euros qu'elles ont firait. Une autre partie pourrait ser- de l'étendre à l'ensemble des salariés injectés sur les marchés financiers. vir, de la même façon, à répondre aux des transports, les perspectives de Elles accroissent cette somme de 30 besoins de développement de l'hôpi- développement de l'emploi et de la milliards par mois, 1 milliard par jour tal et des systèmes de santé, des uni- création de richesses dans toutes les ! En pure perte : l'argent reste dans versités et de la formation profes- activités liées au transport ferro- les circuits financiers et ne sert qu'à sionnelle, et de tous ces services pu- viaire, tout cela nécessiterait au faire monter les cours des titres spé- blics que la dictature des marchés fi- contraire un vaste plan d'investisse- culatifs, préparant un prochain krach nanciers est en train d'étouffer dans ment dans le développement du ser- pire que celui de 2007-2008. toute l'Europe (2). ↑ 18
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