PARLEMENT DE LA Commission de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et des Médias du - Aeqes

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CRIc N o59-Ens Sup10 (2018-2019)                     CRIc N o59-Ens Sup10 (2018-2019)

      Commission de l’Enseignement supérieur, de la
              Recherche et des Médias du

                             PARLEMENT
                                      DE LA
             COMMUNAUTÉ FRANÇAISE
                              Session 2018–2019

                                   19 FÉVRIER 2019

                     COMPTE RENDU INTÉGRAL

      S ÉANCES   DU MARD I   19    FÉVRIE R   2019 ( MAT IN   ET APRÈS - M ID I )
CRIc No59-Ens Sup10 (2018-2019)                                                      (2)

                                                       TABLE DES MATIÈRES

1   Questi ons oral es (Article 82 du règlement)                                                                                                                                    4
    1.1      Question de Mme Patricia Potigny à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
             gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
             sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Observatoire de la recherche et des
             carrières sc ient ifiques» ................................................................................................................................... 4
    1.2      Question de Mme Éliane Tillieux à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
             gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
             sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Évaluation de l’Observatoire de la
             recherche et des carrières scient ifiques» .................................................................................................... 4
    1.3      Question de Mme Valérie Dejardin à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
             gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseigneme nt de promotion
             sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Valorisation des acquis de l’expérience
             (VA E)» ................................................................................................................................................................ 6
    1.4      Question de M. Yves                             Evrard à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
             gouvernement et ministre                       de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
             sociale, de la Recherche                       et des Médias, intitulée «État des lieux pour les filières en
             sciences de l’ingén ieur de                    nos hautes éco les» .......................................................................................... 7
    1.5      Question de Mme Patricia Potigny à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
             gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
             sociale, de la Recherche et des Méd ias, int itu lée « Réo rientat ions de p arcou rs» ............................. 8
    1.6      Question de M. Benoit Drèze à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
             gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
             sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Suites réservées au projet de protocole
             de la ministre fédérale de la Santé publique fixant le nombre d’attestations INAMI pour
             2025» ................................................................................................................................................................. 10
    1.7      Question de Mme Éliane Tillieux à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
             gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’En seignement de promotion
             sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Suivi de la conférence
             intermin istérielle du 11 fév rier su r les nu méros INAM I» .................................................................... 10
    1.8      Question de Mme Valérie Dejardin à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
             gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
             sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Cadre d’extinction lié à l’article 469
             du décret du 20 décembre 2001 fixant les règles spécifiques à l’Enseignement supérieur
             art istique o rgan isé en éco les supérieu res des arts» ................................................................................ 11
    1.9      Question de Mme Joëlle Kapompolé à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
             gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
             sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Enseignement supérieur à l’horizon
             2030: sensib ilisat ion au monde p ro fessionnel» ...................................................................................... 12
    1.10     Question de Mme Joëlle Kapompolé à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
             gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
             sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Pénurie d’ingénieurs et professionnels
             des technolog ies d e l’info rmat ion et de la co mmun icat ion d’ici 2030» ........................................... 13
    1.11     Question de Mme Joëlle Kapompolé à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
             gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promo tion
             sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Allocations d’études: prise en compte
             des biens immob iliers» ................................................................................................................................. 14
    1.12     Question de M. Gilles Mouyard à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
             gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
             sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Avancées enregistrées dans le dossier
             des étudiants français au sein des facu lt és de psycho log ie» ............................................................... 14
    1.13     Question de M. Gilles Mouyard à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
             gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
             sociale, de la Recherche et des Méd ias, int itu lée «Prat ique de la note “absorbant e”» ................. 15
( 3)                                            CRIc No 59-Ens Sup10 (2018-2019)

    1.14   Question de Mme Joëlle Maison à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
           gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
           sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Quelles mesures face à la prostitution
           étudiante?» ....................................................................................................................................................... 16
    1.15   Question de M. André du Bus de Warnaffe à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président
           du gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de
           promotion sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Soutien aux chercheurs en
           difficu lt és (scho lars at ris k)» ....................................................................................................................... 17
    1.16   Question de M. Jamal Ikazban à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
           gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
           sociale, de la Recherche et des Méd ias, int itu lée «Autis me: fo rmat ion des spécialistes» ........... 19
    1.17   Question de M. Fabian Culot à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
           gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
           sociale, de la Recherche et des Méd ias, int itu lée « Vente au x enchères d es fréquences» ............ 20
    1.18   Question de Mme Valérie Dejardin à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
           gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
           sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Non-accord relatif à l’utilisation de la
           5G et conséquences pou r la Fédérat ion Wallonie-Bru xelles» ............................................................ 21
    1.19   Question de M. Fabian Culot à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
           gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
           sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Cordon sanitaire médiatique en période
           électorale» ........................................................................................................................................................ 22
    1.20   Question de M. Olivier Maroy à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
           gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
           sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Bilan du respect du règlement
           élections 2018 du Conseil supérieu r de l’aud iovisuel (CSA )» ........................................................... 22
    1.21   Question de Mme Éliane Tillieux à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
           gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
           sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Prise en compte de l’accessibilité des
           publics dans le t raitement méd iat ique des élect ions 2018, p istes d ’améliorat ion» ....................... 23
    1.22   Question de M. Olivier Maroy à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
           gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
           sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Suivi du dossier d’émission concédée
           au cu lte musu lman» ....................................................................................................................................... 26
    1.23   Question de M. André du Bus de Warnaffe à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président
           du gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de
           promotion sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Sous -titrage des interviews
           dans les p rog rammes d ’in format ion d e la RTBF» ................................................................................. 27
    1.24   Question de M. Olivier Maroy à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
           gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
           sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Attitude de Nethys et de la direction
           des Éditions de l’Avenir dans le cadre du plan de restructuration des Éditions de
           l’Aven ir» ........................................................................................................................................................... 28
    1.25   Question de M. Olivier Maroy à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
           gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
           sociale, de la Recherche et des Méd ias, int itu lée «ASBL Xp ress» ................................................... 30
    1.26   Question de M. Fabian Culot à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président du
           gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion
           sociale, de la Recherche et des Médias, intitulée «Campagnes de sensibilisation au
           DA B+» .............................................................................................................................................................. 32

2   Ordre des travaux                                                                                                                                                          33
CRIc No59-Ens Sup10 (2018-2019)                                 (4)

     Présidence de Mme Isabelle Moinnet, pré-                         Combien de fois est-il censé se réunir annuelle-
sidente.                                                              ment? A-t-il déjà rendu des avis?
    – L’heure des questions et interpellations                              Maintenant que l’Observatoire est opération-
commence à 11h40.                                                     nel, le cahier des charges établi est-il compatible
                                                                      avec la réalité de terrain ou doit-il être amendé?
      Mme la présidente. – Mesdames, Messieurs,
                                                                      Les questions relatives aux stéréotypes, aux dis-
nous entamons l’heure des questions et interpella-                    criminations liées au genre, aux contraintes liées
tions.
                                                                      aux exigences de mobilité internationale ou encore
                                                                      à l’impact de la pression à publier à un stade pré-
                                                                      coce de la carrière sont-elles toujours d’actualité?
1      Que s tions orale s (Article 82 du
                                                                            Enfin, d’un point de vue politique, entendre
       rè gle me nt)                                                  ou lire les indicateurs n’est pas suffisant. Si nous
                                                                      voulons      rendre    pertinent  le    travail de
1 .1    Quest i o n d e M me Pa t ri ci a Po t i g ny à               l’Observatoire, nous devons également agir.
        M . Jea n-C l a ud e       M a rco urt ,   vi ce -            J’imagine qu’à moyen et long terme, la volonté est
        p rési d ent d u g o uvernement et mi ni st re                de concrétiser les informations recueillies en ou-
        d e l ’E nsei g nement sup éri eur, d e                       tils susceptibles d’améliorer les conditions de
        l ’E nsei g nement d e p ro mo t i o n so ci a l e,           travail du secteur visé. De quelle manière allons -
        d e l a R echerche et d es M éd i a s, i nt i t u-            nous procéder?
        l ée « Ob serva t o i re d e l a recherche et                       Mme Éliane Tillieux (PS). – Monsieur le
        d es ca rri ères sc i ent i fi q ues»                         Ministre, partant du constat que le suivi des car-
                                                                      rières des chercheurs en Fédération Wallonie-
1 .2    Quest i o n d e M me É l i a ne Ti l l i eux à                Bruxelles souffre d’un manque de coordination,
        M . Jea n-C l a ud e         M a rco urt ,    vi ce -         d’une approche trop fragmentée et d’un manque
        p rési d ent d u g o uvernement et mi ni st re                de financement stable, vous avez créé l’année
        d e l ’E nsei g nement sup éri eur, d e                       dernière l’ORCS, chargé de suivre et d’analyser la
        l ’E nsei g nement d e p ro mo t i o n so ci a l e,           carrière des chercheurs au travers d’enquêtes.
        d e l a R echerche et d es M éd i a s, i nt i t u-                   L’Observatoire porte une attention toute par-
        l ée « É va l ua ti on d e l ’Ob servat oi re d e l a         ticulière à l’insertion professionnelle des jeunes
        recherche et d es ca rri ères sci ent i -                     docteurs et au processus d’abandon de la carrière
        fi q ues»                                                     scientifique. Il compte également examiner les
                                                                      différents obstacles liés aux carrières scienti-
      Mme la présidente. – Je vous propose de                         fiques, comme les questions de stéréotypes et de
joindre ces deux questions orales. (Assentiment)                      discriminations liés au genre, les contraintes liées
                                                                      aux exigences de mobilité internationale, ou en-
      Mme Patricia Potigny (MR). – Monsieur le                        core l’impact de la pression à publier à un stade
ministre, en mai 2018 était créé l’Observatoire de                    précoce de la carrière.
la recherche et des carrières scientifiques (ORCS)
                                                                            Afin de pouvoir bénéficier de l’expertise et
pour répondre, globalement, à une meilleure coor-
dination du secteur et appréhender les freins qui                     des ressources de soutien nécessaires pour mener à
peuvent entraver toute carrière de doctorant ou de                    bien le travail, l’Observatoire est hébergé actuel-
                                                                      lement au sein du FRS-FNRS. Six mois après sa
chercheur. En septembre dernier, l’activité de
l’Observatoire démarrait concrètement avec, en                        création, pourriez-vous faire le point sur son fonc-
toile de fond, le Fonds de la recherche scienti-                      tionnement et sur l’état d’avancement des tra-
                                                                      vaux? La subvention octroyée pour ce projet pilote
fique (FRS-FNRS) comme superviseur. Jusqu’à
présent, deux enquêtes ont été programmées dont                       étant de 14 mois, est-il utile de poursuivre ce pro-
                                                                      jet au vu des premiers résultats?
la première vient de se clôturer. La thématique
«Devenir des docteur(e)s » se penchait ainsi sur                            M. Jean-Claude Marcourt, vice-président
l’insertion professionnelle et, selon les chiffres                    du gouvernement et ministre de l’Enseignement
avancés, 35 % du public cible a répondu à                             supérieur, de l’Enseignement de promotion so-
l’enquête.                                                            ciale, de la Recherche et des Médias. – L’ORCS
                                                                      est un projet-pilote financé par la Fédération Wal-
      Monsieur le Ministre, maintenant que la ma-
                                                                      lonie-Bruxelles qui a vu le jour en septembre
chine est en route, comment vont être analysées
                                                                      2018. Il est actuellement implanté au FRS-FNRS
ces données et par qui? Le seront-elles unique-
                                                                      où il bénéficie de ressources et d’expertises très
ment par les deux scientifiques qui composent
                                                                      utiles. Cet Observatoire est chargé en priorité de
l’équipe de l’Observatoire ou par des experts ve-
                                                                      suivre et d’analyser les carrières des anciens doc-
nant apporter leur contribution? Sur quelle base
                                                                      torants au travers d’enquêtes et de croisements de
ces données vont-elles être croisées: universités
francophones, belges, européennes?                                    données menés en collaboration avec les
                                                                      six universités de la Fédération. Depuis plus de
      En outre, un comité d’accompagnement du                         dix ans, l’Expertisecentrum Onderzoek en Ontwik-
projet devait être constitué; de qui est-il composé?                  kelingsmonitoring van de Vlaamse Gemeen-
( 5)                           CRIc No 59-Ens Sup10 (2018-2019)

schap (ECOOM) mène en Flandre des missions                    trée 2019. Des productions sont également déjà en
équivalentes à celles de l’Observatoire, tandis               cours dans le domaine scientifique. Les informa-
qu’aucune structure pérenne n’était chargée d’une             tions sur l’avancement du travail et sur l’actualité
telle mission chez nous. Il semblait important que            concernant les carrières scientifiques sont réguliè-
la Fédération Wallonie-Bruxelles dispose égale-               rement diffusées sur le site web et sur le compte
ment de cet outil.                                            Twitter de l’ORCS.
       Trois personnes ont été recrutées pour mener                 Des retours venus des personnes rencontrées
à bien ces missions: une conseillère scientifique             et interrogées, il apparaît que les problématiques
avec une expertise scientifique en recherche quan-            liées au parcours professionnel, aux compétences,
titative; un conseiller scientifique avec une exper-          au genre, à la mobilité, à l’évaluation ou au bien-
tise en recherche qualitative; et une gestionnaire            être de nos scientifiques sont autant de matières
administrative. Un comité d’accompagnement a                  faisant     l’objet  de    nombreuses     demandes
été constitué et est composé des membres issus                d’approfondissement ultérieur. À ce titre, le tra-
des six universités, de la direction générale de              vail réalisé par l’Observatoire représente une pre-
l’enseignement non obligatoire et de la recherche             mière étape importante dans le suivi des carrières
scientifique (DGENORS), du FRS-FNRS, ainsi                    des chercheuses et chercheurs à l’échelle de la
que de mon cabinet.                                           Fédération Wallonie-Bruxelles, dans la génération
      Pour cette première année, deux études sont             d’indicateurs statistiques et dans l’élaboration de
en cours de réalisation. La première consiste en              recommandations destinées à améliorer et valori-
une enquête quantitative portant sur l’insertion              ser tant la qualité de la formation doctorale que
professionnelle des docteurs à thèse destinée à               l’évolution des carrières à l’université ou en de-
améliorer les connaissances quant au parcours                 hors.
professionnel postdoctoral, dans ou en dehors du                    Même si l’Observatoire est encore très jeune,
milieu universitaire. Lancée en décembre 2018 et              nous pouvons d’ores et déjà constater toute la
clôturée fin janvier 2019, l’enquête a été particu-           pertinence pour la Fédération Wallonie-Bruxelles
lièrement bien accueillie. En effet, pas moins de             de disposer d’un tel outil. Il faut également souli-
2 065 personnes ayant soutenu leur thèse de doc-              gner la qualité des personnes engagées et du tra-
torat entre 2012 et 2018, soit plus de 35 % du                vail effectué jusqu’ici, ainsi que l’excellent
public cible, ont rempli le questionnaire élaboré             accueil réservé à cet Observatoire au sein des uni-
par l’équipe de l’Observatoire. Grâce à cet impor-            versités et du FRS-FNRS. Il me semblait donc
tant recueil de données, les analyses ont débuté.             logique et pertinent de permettre à ce projet de
Celles-ci apporteront de précieuses informations              bénéficier d’un soutien financier récurrent, afin de
sur le parcours professionnel postdoctoral et sur             pouvoir se développer dans les meilleures condi-
des thèmes tels que l’égalité des genres, la mobili-          tions. Ce soutien financier est prévu actuellement
té, le domaine de recherche, le salaire actuel, les           grâce à une base décrétale qui devrait prochaine-
compétences acquises et utilisées ou encore le                ment, je l’espère, être approuvée par le gouverne-
degré de satisfaction professionnelle.                        ment et, enfin, par le Parlement.
      La seconde étude se penche, dans une dé-                      Mme Patricia Potigny (MR). – Les explica-
marche qualitative, sur le processus doctoral en              tions que vous avez fournies sur ces deux en-
général et sur l’arrêt du doctorat en particulier,            quêtes, notamment, démontrent que l’Observatoire
arrêt qui concerne environ 40 % des personnes                 a toute sa raison d’être. Je trouve son travail vrai-
inscrites au doctorat. L’objectif est de mieux com-           ment très intéressant pour la recherche dans
prendre les raisons spécifiques et les mécanismes             l’ensemble de la Fédération Wallonie-Bruxelles,
d’ensemble menant à l’interruption du doctorat, en            et je conviens donc tout à fait qu’il faille le pour-
investiguant du côté des ressources disponibles,              suivre. Je serai très attentive aux rapports prélimi-
du sens donné au processus doctoral ou encore à               naires et finaux de ces enquêtes.
sa valorisation ainsi qu’au rôle central du promo-
teur ou de la promotrice. Pour ce faire, une tren-                  Mme Éliane Tillieux (PS). – Je vous remer-
taine d’entretiens individuels sont actuellement              cie, Monsieur le Ministre, pour les éléments
menés avec d’anciens doctorants ayant arrêté leur             d’information que vous avez fournis et pour la
doctorat, ainsi qu’avec des promoteurs et promo-              pertinence de l’outil. Vous avez souligné la quali-
trices des différentes universités de la Fédération           té des personnes recrutées et de leur travail, ainsi
Wallonie-Bruxelles et de différents domaines                  que la qualité de l’accueil assuré par le FRS-
scientifiques.                                                FNRS, ce qui est important. Nous soutiendrons
                                                              bien sûr pleinement la base décrétale dès que vous
     Là encore, les sollicitations auprès des per-            nous la soumettrez.
sonnes concernées ont été très bien accueillies,
nombre d’entre elles se montrant enthousiastes
d’avoir l’occasion de témoigner et de partager
leurs expériences. Des rapports préliminaires se-
ront publiés au premier semestre 2019, tandis que
les données et analyses complètes seront intégrées
dans des rapports finaux attendus pour la ren-
CRIc No59-Ens Sup10 (2018-2019)                              (6)

1 .3   Quest i o n d e M me V a l éri e Dej a rd i n à             jet «VAE 2020» que 85,5 % des candidats VAE
       M . Jea n-C l a ud e        M a rco urt ,  vi ce -          travaillent. Il est donc essentiel que les formations
       p rési d ent d u g o uvernement et mi ni st re              visées soient organisées selon des horaires décalés
       d e l ’E nsei g nement sup éri eur, d e                     ou adaptés. Le décret «Paysage» le permet et il
       l ’E nsei g nement d e p ro mo t i o n so ci a l e,         faut encourager vivement les établissements à
       d e l a R echerche et d es M éd i a s, i nt i t u-          développer leur offre. C’est une manière efficace
       l ée « V a l o ri sa t i o n d es a cq ui s d e             de satisfaire les besoins en formation des particu-
                                                                   liers, mais aussi des entreprises.
       l ’ex p éri ence (V A E )»
                                                                         Il est évident que ces deux axes ne pourront
       Mme Valérie Dejardin (PS). – La valorisa-                   être développés sans financement supplémentaire.
tion des acquis de l’expérience (VAE) bénéficie                    Actuellement, le financement de la VAE repose
d’une assise légale importante puisque le décret                   sur les fonds propres des établissements. Seules
«Paysage» prévoit qu’elle constitue une voie                       certaines universités du territoire de la Fédération
d’accès à l’ensemble des grades académiques et                     Wallonie-Bruxelles, classées en zones éligibles,
certificats, quel que soit le type d’établissements                bénéficient d’un soutien du Fonds social européen
d’enseignement supérieur. La Fédération Wallo-                     (FSE). Cette situation est difficilement acceptable.
nie-Bruxelles doit donc la mobiliser aujourd’hui,                  Il conviendrait d’avoir un financement harmonisé
notamment pour atteindre les critères européens                    pour        l’ensemble      des       établissements
en matière de population adulte diplômée de                        d’enseignement supérieur.
l’enseignement supérieur. En Belgique, presque                           La VAE est cependant un investissement ren-
25 % des adultes âgés de 25 à 64 ans possèdent un                  table pour le candidat, l’entreprise et la Fédération
diplôme d’un degré inférieur au secondaire. Notre                  Wallonie-Bruxelles: l’augmentation des compé-
pays se classe 27e sur les 35 membres de                           tences d’un individu rapporte évidemment à
l’Organisation de coopération et de développe-                     l’ensemble de la société. En effet, la véritable
ment économiques (OCDE).                                           richesse d’une société est la compétence de ses
      L’outil de la VAE sert aussi à développer les                citoyens.
compétences des adultes dans une société où les                          Le dispositif de VAE ne doit certes pas être
parcours de formation sont de plus en plus                         isolé, d’autres outils facilitant également la reprise
flexibles et où les formations continues sont dis-                 d’études. Il est du ressort des autorités publiques
pensées de façon croissante dans les établisse-                    de prendre les dispositions nécessaires afin
ments d’enseignement. Il facilite aussi sans aucun                 d’augmenter le nombre d’heures du congé-
doute la reprise des études supérieures. Nous                      éducation payé, de faciliter l’octroi des chèques-
l’avons vu, les résultats des universités participant              éducations, de sensibiliser les employeurs à la
au projet «VAE 2020» sont éloquents: la VAE est                    plus-value de la formation continue, de permettre
un outil efficace pour intégrer des adultes dans un                la rencontre entre les employeurs et le monde aca-
cycle de formations et pour permettre aux adultes                  démique pour élaborer les programmes de forma-
d’obtenir      plus     aisément     un      diplôme               tion continue. Pérenniser la VAE correspond
d’enseignement supérieur.                                          également à développer les autres outils de reprise
      La Fédération doit aujourd’hui être en me-                   d’études.
sure de pérenniser cet outil et d’en augmenter le                        Monsieur le Ministre, je connais votre intérêt
nombre de bénéficiaires. Pour ce faire, elle doit                  pour la formation tout au long d’une vie. La Fédé-
travailler sur deux axes: l’accompagnement et                      ration Wallonie-Bruxelles doit-elle soutenir dura-
l’accès aux programmes de formation.                               blement la VAE au lieu de la conditionner à des
      Premièrement, l’accompagnement se trouve                     fonds extérieurs qui ont scindé le développement
au cœur de la réussite d’un projet de reprise                      de la VAE entre les universités, entre les terri-
d’études. Les adultes ont besoin d’un accompa-                     toires et entre les formes d’enseignement supé-
gnement fort pour compléter leur dossier de VAE                    rieur?
et formaliser leur projet de reprise d’études. Les                       N’est-il pas nécessaire de financer le cœur
conseillers VAE jouent donc un rôle dans l’aide                    même de la VAE, à savoir l’accompagnement?
fournie à ces adultes notamment en matière de                      Dans un premier temps, en complément de
gestion de leur vie professionnelle, privée et de                  l’investissement actuel des universités, la Fédéra-
leur formation. Ce métier d’accompagnateur, de                     tion Wallonie-Bruxelles pourrait consacrer un
conseiller ou de relais VAE doit être pérennisé. Si                budget minimum correspondant à un équivalent
tel n’est pas le cas, le risque que les compétences                temps plein pour 200 candidats. Cette force de
développées au sein de nos établissements                          travail permettrait à la fois aux universités, aux
d’enseignement supérieur disparaissent est réel.                   hautes écoles, aux écoles supérieures des arts et à
Le métier de conseiller VAE doit donc être recon-                  la Fédération Wallonie-Bruxelles d’inscrire dura-
nu au sein de la Fédération Wallonie-Bru xelles.                   blement la VAE dans les modalités d’accès à
      Deuxièmement, concernant l’accès aux pro-                    l’enseignement supérieur et de positionner la Fé-
                                                                   dération Wallonie-Bruxelles comme leader au
grammes de formation, l’horaire décalé est un
                                                                   sein de l’Union européenne.
levier important. J’ai vu dans les résultats du pro-
( 7)                              CRIc No 59-Ens Sup10 (2018-2019)

     En complément à ces questions, j’aimerais                 l’espère, de formuler des propositions dans ce
savoir s’il existe des pistes de financement afin              sens.
que la VAE ne périclite pas, mais se développe de
                                                                     Mme Valérie Dejardin (PS). – Monsieur le
manière uniforme sur l’ensemble du territoire de
                                                               Ministre, je vous remercie pour l’intérêt porté à la
la Fédération Wallonie-Bruxelles, quel que soit le
                                                               VAE qui sera l’un des enjeux des prochaines légi-
type d’enseignement.
                                                               slatures.
      M. Jean-Claude Marcourt, vice-président
du gouvernement et ministre de l’Enseignement                  1 .4   Quest i o n d e M . Yves E vra rd à M . Jea n-
supérieur, de l’Enseignement de promotion so-                         C l a ud e M a rco urt , vi ce -p rési d ent d u
ciale, de la Recherche et des Médias. – Madame la                     g o uvernement            et      mi ni st re       de
Députée, je vous remercie pour la précision de la
                                                                      l ’E nsei g nement            sup éri eur,          de
question. Comme vous avez été complète, je me
                                                                      l ’E nsei g nement d e p ro mo t i o n so ci a l e,
permettrai de ne pas être trop long dans ma ré-
                                                                      d e l a R echerche et d es M éd i a s, i nt i t u-
ponse. Je partage vos préoccupations en matière
d’accessibilité de l’enseignement supérieur au                        l ée « É t a t d es l i eux p o ur l es fi l i ères en
plus grand nombre en Fédération Wallonie-                             sci ences d e l ’i ng éni eur d e no s ha ut es
Bruxelles.                                                            éco l es»

      La VAE est l’un des outils qui permettent à
                                                                     M. Yves Evrard (MR). – Monsieur le Mi-
certains étudiants d’obtenir des titres et d’avoir
                                                               nistre, onze de nos hautes écoles proposent un
accès à un emploi. Les étudiants sont plus d ’un
                                                               master en sciences de l’ingénieur et technologie,
millier pour le moment dans notre Fédération à
                                                               en horaire de jour, le plus souvent à côté d’autres
recourir à ces dispositifs. Les chiffres dont je dis-
                                                               cursus de type court. Deux alternatives se présen-
pose sont éloquents: près de 15 % des candidats à
                                                               tent, nous savons tous que les responsables de
la VAE sont sans emploi et 95 % d’entre eux ob-
                                                               cette filière de type long en haute école
tiennent un contrat de travail après la VAE. La
                                                               s’interrogent sur un éventuel rapprochement avec
VAE est un outil concret pour mettre en œuvre des
                                                               les universités. Une autre alternative serait de
politiques d’apprentissage au cours de la vie et
                                                               transférer l’une ou l’autre de ces filières dans une
pour faciliter la reprise d’études supérieures. De
                                                               autre haute école qui aura alors une taille critique
plus, la VAE peut être perçue également comme
                                                               suffisante.
un outil d’intégration sociale. En effet, reprendre
des études permet de créer des liens et de déve-                     Pourriez-vous faire le point sur les divers
lopper un réseau professionnel, ce qui est actuel-             projets en présence actuellement? En sont-ils tou-
lement la condition sine qua non pour décrocher                jours au stade de la réflexion? Par ailleurs, vous
un emploi.                                                     affirmiez    récemment    que   l’attractivité  des
                                                               sciences de l’ingénieur diminuait en haute école,
       Recourir à une VAE, c’est faire le point sur
                                                               mais augmentait pour les universités. Les causes
ses expériences et les voir valider par un jury aca-
                                                               en sont-elles connues? L’Académie de recherche
démique. Cette validation est véritablement valo-
                                                               et d’enseignement supérieur (ARES) s’est-elle
risante. Il s’agit d’une vraie reconnaissance très
                                                               déjà saisie de cette problématique? Serait-il ques-
utile pour augmenter l’estime de soi des candidats.
                                                               tion de rationaliser un peu l’offre de formation
Ces candidats sont parfois dans des situations
                                                               actuellement assez dispersée pour la rendre plus
sociales difficiles. Reprendre des études, c’est
                                                               visible?
reprendre pied et s’insérer dans la société. À ce
titre, la VAE peut faciliter la reprise d’études pour                La Fédération des ingénieurs industriels de
des migrants. Certaines universités ont d’ailleurs             Belgique vient de lancer une enquête sur l’accès
adapté leurs procédures pour ces derniers. Cer-                au monde du travail des nouveaux diplômés. Êtes -
tains d’entre eux ne voient pas leur diplôme re-               vous en contact avec cette fédération et les hautes
connu par le service d’équivalence de notre                    écoles qui proposent cette filière pour faire évo-
Fédération. Leur seule opportunité est de re-                  luer au besoin les formations d’ingénieur indus-
prendre des études via la VAE.                                 triel en haute école? Quelles sont leurs demandes
                                                               exactes? Est-il également envisagé de créer ce
       La VAE est inscrite dans l’ADN de
                                                               type de cursus en alternance, où l’étudiant serait
l’enseignement de promotion sociale. L’un des
                                                               plus en phase avec le monde de l’entreprise dès le
enjeux des prochaines législatures en enseigne-
                                                               début? Est-ce une demande des hautes écoles?
ment supérieur sera de systématiser la VAE dans
nos universités et hautes écoles. Je signale                         M. Jean-Claude Marcourt, vice-président
d’ailleurs que l’Académie de recherche et                      du gouvernement et ministre de l’Enseignement
d’enseignement supérieur (ARES) dispose déjà                   supérieur, de l’Enseignement de promotion so-
d’un coordinateur VAE, mais il faudra harmoniser               ciale, de la Recherche et des Médias. – Monsieur
les pratiques à l’avenir sur l’ensemble du territoire          le Député, je suis régulièrement en contact avec
de la Fédération et, quelquefois, vaincre certaines            les directions des hautes écoles et je prête une
réticences, souvent idéologiques, qui s ’opposent à            attention particulière à leurs souhaits sur les évo-
la VAE. Permettez-moi d’ailleurs de mentionner                 lutions qu’elles envisagent dans les domaines où
ici l’initiative »Forum VAE» qui permettra, je                 elles sont actives. Ainsi, à la suite de l’évaluation
CRIc No59-Ens Sup10 (2018-2019)                            (8)

de la collaboration entre l’Agence pour                          totalisent donc pas moins de 19 semaines de stage
l’évaluation de la qualité de l’enseignement supé-               en milieu professionnel, soit plus de stages que
rieur (AEQES) et la Commission des titres                        n’en compte un bachelier professionnalisant. Cette
d’ingénieur français (CTI), réalisée en 2014, les                façon de procéder convient aux entreprises, car les
établissements de l’enseignement supérieur et                    étudiants stagiaires peuvent réaliser des travaux de
l’ARES ont entamé des réflexions en vue de pro-                  très bon niveau dans le cadre d’une approche réa-
céder à une série de changements et                              liste des problèmes que doit résoudre un ingé-
d’améliorations. Ce processus a abouti à une re-                 nieur.
fonte des référentiels de compétence des diffé-
                                                                        Il me semble également utile de rappeler
rentes     orientations  du    cursus    d’ingénieur
                                                                 qu’un autre processus de réflexion vise à créer des
industriel. Ces nouveaux référentiels seront va-
                                                                 cursus en alternance dans l’enseignement supé-
lables à partir de la rentrée de 2019. En outre,
                                                                 rieur, plus particulièrement dans les domaines
l’ARES vient de rendre un avis dans lequel elle
                                                                 techniques. Il s’agit de répondre à des besoins de
propose l’ouverture de deux nouvelles orientations
                                                                 formations dont les compétences terminales ne
pour les masters en sciences de l’ingénieur indus-
                                                                 peuvent être acquises par un dispositif classique,
triel: une orientation «ingénierie de la santé» et
                                                                 mais bien en étant plongé dans un milieu profes-
une orientation «Technologies des données du
                                                                 sionnel. La gestion d’une production ou
vivant». C’est bien là une preuve de la vivacité
                                                                 l’utilisation d’outils impossibles à acquérir par
des réflexions autour de ces formations.
                                                                 une haute école ne s ’apprennent pas via un sys-
      Les    interrogations    sur    l’avenir   de              tème strictement scolaire. L’apprentissage en al-
l’enseignement de type long en haute école sont                  ternance doit être envisagé dans des secteurs bien
tout à fait légitimes, mais les directions des éta-              spécifiques, il n’est pas nécessaire de dédoubler ce
blissements concernés ne souhaitent nullement se                 qui      fonctionne    déjà   bien.    Par  ailleurs,
départir de leurs formations d’ingénieur. Certaines              l’enseignement en alternance demande un suivi
hautes écoles y réfléchissent peut-être, mais aucun              beaucoup plus important, non seulement de la part
changement concret ou coordonné ne fait l’objet                  des entreprises qui accueillent des étudiants, mais
d’une discussion à l’ARES. Un seul projet vient                  aussi des établissements partenaires.
d’aboutir et d’obtenir l’aval de l’ARES; il s’agit                    M. Yves Evrard (MR). – Merci, Monsieur le
du transfert des formations de type long apparte-                Ministre. Il est rare d’avoir des réponses à toutes
nant à la catégorie technique de la Haute École                  ses questions. Je demandais un état des lieux et je
Léonard de Vinci, cette catégorie étant gérée par                dois vous avouer avoir écouté votre réponse tein-
l’École centrale des arts et métiers (ECAM), vers                tée d’assurance et de convictions dans la manière
la Haute École Groupe ICHEC-ISC Saint-Louis-                     dont vous l’avez formulée. Vous avez mis le doigt
ISFSC, qui regroupe l’Institut catholique des                    sur les éléments qui ont amené ma question, no-
hautes études commerciales, l’Institut supérieur de              tamment le rapprochement de l’ECAM et de
commerce Saint-Louis et l’Institut supérieur de                  l’ICHEC. Vous m’avez répondu de ne pas en faire
formation sociale et de communication .                          une généralité, car ce rapprochement est ciblé. J’ai
      Par ailleurs, le monde de l’entreprise a re-               bien compris que de nouveaux cursus se mettaient
connu que les filières de type long et de type court             en place. À travers l’appellation générique, j’attire
ont chacune leur sens et permettent de former des                votre attention – que j’imagine certaine – sur la
professionnels dotés de profils complémentaires et               nécessité grandissante de former nos étudiants,
nécessaires. La variété des formations offertes par              notamment à l’intelligence artificielle et les impli-
notre enseignement supérieur est donc une ri-                    cations qu’elle suppose. J’imagine que les nou-
chesse et sa rationalisation n’aurait pas d’effet                veaux cursus que vous avez mentionnés
bénéfique. De plus, il apparaît que les hautes                   comprennent ces aspects.
écoles offrant ces formations n’éprouvent pas de
difficultés particulières pour se rendre visibles,               1 .5   Quest i o n d e M me Pa t ri ci a Po t igny à M .
ainsi, la pertinence de l’idée selon laquelle ratio-                    Jea n-C l a ud e M a rco urt , vi ce -p rési d ent
nalisation et visibilité seraient liées peut être mise                  d u g o uvernement et mi ni st re d e
en     doute.    La     majorité de ces         filières                l ’E nsei g nement            sup éri eur,      de
d’enseignement         ont       d’ailleurs     obtenu                  l ’E nsei g nement d e p ro mo t i o n so ci a l e,
l’accréditation de la CTI, organisme français, en                       d e l a R echerche et d es M éd i a s, i nt i t u-
2014, ce qui démontre la qualité des formations                         l ée « R éo ri ent a t i o ns d e p a rco urs »
dispensées et prouve qu’une taille «critique», dont
il n’existe d’ailleurs aucune définition fonction-
nelle, n’est pas nécessaire pour bénéficier d’une                      Mme Patricia Potigny (MR). – Les exa-
reconnaissance internationale.                                   mens organisés en janvier sont pour certains
                                                                 l’élément déclencheur qui leur permet de
      Depuis l’allongement du cursus d’ingénieur                 s’interroger sur leur choix d’études et, le cas
industriel à cinq ans en 2004, le cursus de bache-               échéant, de se repositionner. Ces étudiants en
lier comprend un stage d’observation de                          première année ont jusqu’au 15 février pour pren-
six semaines, tandis que le master inclut un stage               dre la décision la plus idoine concernant leur ave-
de treize semaines en entreprise. Les deux cursus                nir. Pour les aider dans cette réflexion, les
( 9)                           CRIc No 59-Ens Sup10 (2018-2019)

conseillers en orientation les accompagnent au                 l’année académique précédente. Selon les chiffres
mieux.                                                         dont nous disposons pour les années académiques
                                                               2015-2016 et 2016-2017, nous constatons, en con-
      Monsieur le Ministre, sur ces cinq dernières
                                                               sidérant les réorientations internes et externes, une
années, quel est, en moyenne, le pourcentage
                                                               augmentation importante du nombre d’étudiants
d’étudiants concerné par cette réorientation en
                                                               qui changent de cursus durant la première année
cours d’année? Une augmentation de ces jeunes
                                                               des études supérieures, en particulier dans les
désemparés en première année est-elle observée?
                                                               hautes écoles. Le même type de comparaison de-
Dans l’affirmative, des pistes sont-elles étudiées
                                                               vra être effectué pour les années académiques
en concertation avec le service d’information sur
                                                               prochaines afin de vérifier si la tendance se con-
les études et les professions (SIEP) ou tout autre
                                                               firme. Par ailleurs, une analyse qualitative devra
organisme similaire pour informer et préparer au
                                                               nous apporter des informations sur les cursus con-
mieux les jeunes avant leur entrée dans le supé-
                                                               cernés et le taux de réussite des étudiants qui
rieur?
                                                               changent de cursus.
       Une réflexion est-elle menée avec la ministre                 De nombreuses initiatives sont prises par
de l’Éducation pour aider les étudiants dans leur              l’ARES, l’administration et les institutions afin
choix d’études? Mme Schyns s ’est exprimée très                d’aider les étudiants à s’orienter dans le choix des
récemment à ce sujet lors d’une journée d’études               études supérieures. Concernant l’information sur
organisée par l’Académie de recherche et                       les études, la plateforme informatique e-paysage
d’enseignement supérieur (ARES) sur la création                fournit     des      informations     sur     l’offre
d’un portail internet destiné aux jeunes du secon-             d’enseignement supérieur, tandis que l’outil
daire, à leurs familles et aux enseignants. Son                Go4sup, accessible sur Enseignement.be, permet
objectif est de les renseigner sur les débouchés des           de géolocaliser les institutions. Les salons SIEP
filières suivies dans l’enseignement obligatoire et,           proposent quant à eux une information plus di-
de la sorte, d’améliorer l’orientation. Êtes-vous              recte, de qualité, pluraliste, responsable et non
associé à cette démarche?                                      marchande. Enfin, dans la perspective de préparer
      Avant toute réorientation, la demande doit               les jeunes à l’exercice de leur rôle de travailleur,
être validée par les instances académiques. Quels              je soutiens également toutes les initiatives qui
critères prévalent-ils pour accepter un tel change-            permettent de faciliter l’insertion des futurs di-
ment de cap? Sont-ils communs à tous les établis-              plômés sur le marché de l’emploi, comme les Job
sements du supérieur? En cas de refus, les                     Days ou les Journées de l’Industrie.
étudiants peuvent-ils introduire un recours? Com-                    D’une manière générale, le décret «Paysage»
bien en dénombre-t-on? Quelle est leur finalité?               prévoit      de     laisser    aux     établissements
Enfin, même si les universités ont leur propre                 d’enseignement supérieur et aux pôles la respon-
service d’orientation recensé par le centre de do-             sabilité de l’orientation et de la définition du con-
cumentation et d’information sur les études et les             cept d’orientation. De nombreuses initiatives
professions (CEDIEP), les autres filières de                   existent au sein des institutions, notamment la
l’enseignement supérieur disposent-elles de ser-               collaboration       avec      des      établissements
vices similaires ou d’autres outils?                           d’enseignement obligatoire proches, l’organisation
      M. Jean-Claude Marcourt, vice-président                  de rencontres entre enseignants, la création
du gouvernement et ministre de l’Enseignement                  d’outils pour aider les étudiants dans la transition
supérieur, de l’Enseignement de promotion so-                  entre le secondaire et le supérieur, le développe-
ciale, de la Recherche et des Médias. – La réorien-            ment de services d’orientation destinés aux étu-
tation des étudiants est réglementée par le décret             diants, l’organisation de séances d’information et
«Paysage». Elle peut concerner un changement de                la publication de brochures. En amont de ces ini-
cursus ou un changement d’établissement. Elle ne               tiatives, la réforme de la formation initiale des
s’applique qu’aux étudiants inscrits en première               enseignants adoptée le 6 février dernier par le
année du premier cycle et doit être motivée par                Parlement intensifiera l’information dispensée aux
l’étudiant qui la sollicite. Il appartient ensuite au          futurs     enseignants    sur les      principes de
jury du cycle d’études vers lequel l’étudiant sou-             l’orientation, de manière à ce qu’ils puissent ac-
haite se réorienter d’analyser la transmission du              compagner le développement personnel, social et
dossier, les conditions d’accès au nouveau cursus              professionnel des jeunes jusqu’au seuil des études
ou encore le caractère finançable de l’étudiant. En            supérieures.
cas de refus, l’étudiant peut introduire un recours.                 Mme       Patricia     Potigny      (MR).     –
                                                               L’orientation est la priorité. Il s ’agit dès lors de
      La récolte de données statistiques relatives
                                                               travailler en amont, notamment à la fin du secon-
aux réorientations des étudiants est un travail me-
né par l’Académie de recherche et d’enseignement               daire, en recourant aux différentes plateformes
                                                               que vous avez mentionnées. Vous avez souligné
supérieur (ARES). Avant le 15 juin de l’année
                                                               que le système Go4sup était actuellement indispo-
académique considérée, les commissaires et délé-
gués habilités transmettent à l’ARES la liste des              nible. J’ignore si le problème est d’ordre informa-
                                                               tique.
réorientations pour l’année académique en cours,
ainsi que les corrections à apporter à la liste de
CRIc No59-Ens Sup10 (2018-2019)                                   ( 10 )

       Certains cursus sont davantage concernés par                              Mme Éliane Tillieux (PS). – La semaine
ces réorientations. Il serait intéressant de les iden-                     dernière, la réunion extraordinaire de la CIM,
tifier et, le cas échéant, les réformer.                                   relative aux numéros INAMI, a permis d’entamer
                                                                           un dialogue entre les entités fédérées et l’État
1 .6   Quest i o n d e M . B eno i t Drèze à                               fédéral et de commencer à débloquer la situation.
       M . Jea n-C l a ud e         M a rco urt ,       vi ce -            Il a été convenu de mandater le SPF Santé pu-
       p rési d ent d u g o uvernement et mi ni st re                      blique pour élaborer une nouvelle proposition de
                                                                           protocole de contingentement, en tenant compte
       d e l ’E nsei g nement sup éri eur, d e
                                                                           de la réalité de terrain en Wallonie et à Bruxelles,
       l ’E nsei g nement d e p ro mo t i o n so ci a l e,
                                                                           où des communes souffrent d’une pénurie de mé-
       d e l a R echerche et d es M éd i a s, i nt i t u-
                                                                           decins. L’Agence pour une vie de qualité (AViQ)
       l ée « Sui t es réservées a u p ro j et d e p ro -
                                                                           indique qu’actuellement, la Wallonie manque de
       t o co l e d e l a mi ni st re féd éra l e d e l a                  190 généralistes.
       Sa nt é p ub l i q ue fi x a nt l e no mb re
       d ’a t t est a t i o ns INA M I p o ur 2 0 2 5 »                          Monsieur le Ministre, quelles conclusions ti-
                                                                           rez-vous de cette réunion de la CIM? Les orienta-
1 .7   Quest i o n d e M me É l i a ne Ti l l i eux à                      tions sont-elles favorables aux étudiants en
                                                                           médecine? Quand les différentes réunions tech-
       M . Jea n-C l a ud e       M a rco urt ,   vi ce -
                                                                           niques programmées auront-elles lieu? Quel est
       p rési d ent d u g o uvernement et mi ni st re
                                                                           leur objet? Quel est le délai fixé pour obtenir un
       d e l ’E nsei g nement sup éri eur, d e
                                                                           accord avec l’État fédéral dans ce dossier? À
       l ’E nsei g nement d e p ro mo t i o n so ci a l e,
                                                                           quelle solution voulez-vous aboutir pour que les
       d e l a R echerche et d es M éd i a s, i nt i t u-                  étudiants en cours de formation soient respectés et
       l ée « Sui vi d e l a co nférence i nt ermi ni s-                   que la qualité de nos soins soit garantie? Enfin, le
       t éri el l e d u 1 1 févri er sur l es numéro s                     protocole fixant le nombre de numéros pour 2025
       INA M I»                                                            est-il toujours d’actualité à la suite de la réunion
                                                                           de la CIM?
      Mme la présidente. – Je vous propose de
joindre ces deux questions orales. (Assentiment)                                 M. Jean-Claude Marcourt, vice-président
                                                                           du gouvernement et ministre de l’Enseignement
      M. Benoit Drèze (cdH). – Monsieur le Mi-                             supérieur, de l’Enseignement de promotion so-
nistre, lors de la dernière réunion de notre com-                          ciale, de la Recherche et des Médias. – Ce dossier
mission, nous avons abordé la question des                                 et la manière dont il a été géré par la ministre fé-
numéros INAMI. Depuis, un nouvel élément est                               dérale de la Santé ont imposé au gouvernement de
survenu. À l’occasion de la Conférence intermi-                            la Fédération Wallonie-Bruxelles d’adopter de
nistérielle (CIM) de la Santé, le 28 janvier 2019,                         nombreuses mesures auxquelles il n’aurait initia-
Mme Greoli et vous avez rejeté le projet de proto-                         lement pas souscrit. Après l’invalidation des arrêts
cole proposé par la ministre fédérale de la Santé                          royaux par le Conseil d’État, abrogeant ainsi le
publique, Maggie De Block.                                                 concours à l’issue de la première année en raison
      Une réunion extraordinaire de la CIM a été                           de l’indigence du gouvernement fédéral, nous
convoquée le 11 février dernier, réunion durant                            avons instauré un examen d’entrée afin de garantir
laquelle le président de la Commission de planifi-                         que chacun des lauréats pourrait bénéficier d’un
cation de l’Institut national d’assurance-maladie                          numéro INAMI au sortir de ses études, et ce, en
invalidité (INAMI) aurait été auditionné. Par ail-                         réponse aux exigences du gouvernement fédéral.
leurs, selon Belga, les ministres auraient convenu                         Le revirement actuel de Mme De Block, pour qui
de demander au SPF Santé publique d’élaborer                               l’examen d’entrée ne suffit pas et un numerus
une nouvelle proposition de protocole de contin-                           fixus est nécessaire, me paraît totalement infondé.
gentement prenant davantage en considération le                                  Foncièrement opposé à l’idée même d’un
déficit d’offre médicale en Wallonie et à                                  contingentement, compte tenu de la pénurie de
Bruxelles.                                                                 médecins désormais nettement établie à Bruxelles
      Pouvez-vous faire état des échanges qui ont                          et en Wallonie, j’ai fait part, lors de la précédente
eu lieu lors de cette réunion extraordinaire de la                         réunion de la CIM, de mon refus d’instaurer un
CIM? Quels sont les principaux enseignements et                            protocole traduisant la volonté de provoquer une
constats dressés par le président de la Commission                         pénurie organisée en Communauté française.
de planification de l’INAMI lors de son audition?                          Après un premier blocage, chacun des ministres
Confirmez-vous que le SPF Santé publique a été                             présents a convenu de l’utilité d’auditionner des
chargé d’élaborer une nouvelle proposition de                              représentants de la Commission de planification.
protocole? Les balises de ce protocole ont-elles                           Le 11 février dernier, nous avons pu prendre con-
déjà été fixées par les ministres lors de la réunion                       naissance, avec une grande attention, de la métho-
extraordinaire de la CIM? Si oui, quelles sont-                            dologie suivie par cette commission. Il est
elles? Enfin, à quelle date la prochaine réunion de                        rapidement apparu que cette méthodologie se fon-
la CIM a-t-elle été fixée?                                                 dait sur un postulat politique: la nécessité de lisser
                                                                           un prétendu surnombre de médecins francophones.
                                                                           En outre, elle est basée sur une loi élaborée par la
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