Patrimoine. Culture ou marketing - kulturissimo
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aire N°165 Editorial Alvin Sold nt ai : atrimoin lt r o mar tin De bradages d’art en braderies de patrimoine. Liquidations avant fermeture (Jean Sorrente) L’homme et l’art au XXIe siècle. Le Louvre d’Abu Dhabi et son patrimoine culturel (Franck Colotte) Letter from England. Living with Heritage (Diana White) 1 11 Peace-Branding. Recht statt Krieg (Carlo Kass) 1 Chères questions et affirmations gratuites. Gnomorrhagie Patrimoine (Paul Hemmer) 13 Le patrimoine Unesco comme plus-value pour la société. Une vision durable (Robert L. Philippart) 1 In the air. Venus as Footnote? (Ariel Wagner) e atri i e est l rita e u ass t us r it s tr 1 Chroniques parisiennes. La déconstruction d’un mythe au ur ui et ue us (Clotilde Escalle) tra s ett s au rati s e ir a art 1 1 Je dis ça, je ne dis rien … Unesco Fantômes migrants (Enrico Lunghi) i 1 1 Miah Persson, Sopran und Anna Larsson, Mezzo-Sopran im Gespräch: „Zuerst singst Du, dann bekommst Du Deinen Schnaps.“ (Alain Steffen) itt rat r 1 Prix Nobel ou pas prix Nobel. Upton Sinclair (Michel Decker) i t aill r 3 Tabuisierte Fragen: Wie umgehen mit den Rechten (Barbara Höhfeld) Der Bürger, der was vermisst. Ich bin kein Marxist! (Frank Bertemes) Mobilität und Klima: Festival trotz Krise (Jim Schumann) Reflections on/against the Present. Into Dream Space (Fabienne Collignon) Fables intemporelles. La Fontaine anticlérical? (16) I ressu (Paul Hemmer) Editeur: Editpress Luxembourg S.A. 3 Brief aus Wien. Der Kampf der Frau Bock (Michèle Thoma) Coordination générale: Alvin Sold; Coordination technique: Julien Primout Coordination extérieure: Ian De Toffoli, Luc Belling, Ariel Wagner 31 Gramma apo tin Ellada. Joanna im Land der Toute correspondance est à adresser exclusivement à kulturissimo@editpress.lu archaischen Werte (Linda Graf) Supplément du Tageblatt du 8 février 2018 Site internet: http://www.kulturissimo.lu to r r ima Prochain numéro: le 8 mars 2018 – Clôture rédactionnelle: 20 février 2018 By Gado
it rial N°165 3 in o d e h rita e immat rie L e patrimoine est ce que l’on hérite grands du petit écran. Votre guide est célèbre, il mais: l’héritage immatériel n’obéit pas vous fait découvrir en un tour rapide tel musée aux valorisations des biens classiques ou tel palais qui, sans fonds privés, s’écroule- qui composent une fortune, il ne se raient. – Nous n’en sommes pas là au Luxem- calcule pas en milliards ni même en bourg où le patrimoine créé par les générations centimes, il est sans prix, il est inesti- précédentes est assez méthodiquement cherché, mable. trouvé, répertorié, sauvé, mis en valeur. Mais qu’on ne s’en vante pas trop: l’argent est (en- Que seraient les Français ou les Anglais ou les core) là et il y a quelques fonctionnaires valeu- Allemands et mille autres peuples et nous, reux qui savent „vendre“ leurs projets à l’auto- Luxembourgeois, sans notre langue par exem- rité politique. ple? Sans nos musiques, nos chants, nos poè- mes? Notre littérature, peinture, sculpture, ar- Vivrions nous dans le meilleur des mondes pa- chitecture, photographie, danse, sans le théâtre, trimoniaux, alors? N on, hélas! Car l’héritage la comédie, les traditions villageoises et urbai- immatériel, celui déjà cité, est sous-évalué, né- nes, celles culinaires comprises? gligé. Il devient très compliqué, voire impossi- ble, d’obtenir des aides publiques (modestes) Depuis des siècles, on fait en Europe et ailleurs pour des initiatives culturelles indispensables des efforts louables pour sauver le patrimoine pourtant au sauvetage des savoir-faire encore naturel et artistique. L’argent public commence présents. On n’a pas idée combien l’auteur à manquer (les vagues d’austérité ont fait fondre luxembourgeois peine à trouver un éditeur les budgets – en France, seuls 3,4% du budget parce que „le marché“ ne permettra pas à renta- de la culture sont encore affectés au sauvetage biliser le livre. Plus terre à terre encore: essayez, et à l’entretien des monuments classés tels. en tant que chorale d’amateurs ancienne de D’où cette „solution“ efficace mais au fond dé- plus d’un siècle, d’obtenir une aide publique testable: le recours aux mécènes de la Finance pour votre concert annuel! Rien du gouverne- et de l’Economie, qui, en contrepartie, bénéfi- ment, plus un euro, c’est fini. cient d’une pub plus ou moins tapageuse. Allez en Italie pour découvrir, avec les grandes mer- Oui, un jour, ce sera la fin de tout un pan du veilles, les noms de ceux qui les restaurent si gé- patrimoine immatériel luxembourgeois, parce néreusement. certains n’auront pas compris en haut que les seules bonnes volontés en bas ne suffisent pas Vous connaissez l’infotainment. C’est, à la télé, pour relayer l’héritage. Trop noire, cette conclu- l’information formatée, habillée, présentée pour sion? – Il faut bien mettre l’encre forte pour vous entretenir. L’histotainment est une nou- sauter aux yeux des décideurs, afin qu’ils les ou- velle discipline dans laquelle excellent les vrent sur ce petit problème en train de grandir.
cce t ai u N°165 Palmyre rada d art n rad ri d patrimoin Li idations a ant ermet re an rr n ’étaient des statues monumen- Sans doute beaucoup d’entre nous n’au- peut considérer que le patrimoine, qu’il tales, d’extraordinaires sculptu- raient-ils jamais fait le voyage pour visiter soit matériel ou immatériel, constitue le res d’une hauteur de trente à ces hauts lieux de la civilisation, mais legs qu’ont laissé les parents, les anciens, cinquante mètres, datant pour nous savions que ces merveilles existaient, qu’il est l’héritage dont nous sommes les les plus anciennes du IVème qu’elles faisaient partie, au titre de patri- dépositaires, dont nous sommes redeva- siècle. Elles représentaient le moine cultuel et culturel de l’humanité, de bles et responsables. Or que constate-t-on, ouddha. En , les talibans ont trouvé ce qu’André Malraux appelle notre „mu- c’est que le patrimoine, métamorphosé par intelligent de toutes les détruire à l’explo- sée imaginaire“, musée qui, à des degrés le temps, témoigne de la volonté qu’ont sif. De 4 à , les extrémistes de divers, participe de ce qui forme la sensibi- eue les générations qui ont précédé la n - l tat islamique ont pris le relais pour sac- lité et la connaissance de tout un chacun. tre d’ajouter à la beauté du monde, ce que cager de façon irrémédiable vingt-huit mo- On peut n’avoir jamais lu Platon et pour- Marguerite ourcenar appelle, de façon numents historiques à N inive, atva, tant tomber amoureux, aimer, céder aux magnifique, leur „collaboration intelligen- Mossoul, Racca, Palmyre. Ils s’en sont sirènes de la passion, sans savoir que no- te avec l’univers“. Ainsi le patrimoine est- également pris à des sanctuaires chrétiens tre conception de l’amour nous vient di- il le dép t et la manifestation tangibles et musulmans. Des ouddhas de âmiyân rectement du „ anquet“. Il en va ainsi des d’une quête toujours recommencée de au temple de aalshamin, on a vu ainsi sé- uvres d’art et des monuments anciens. plus haute spiritualité. Il est un appel et vir une culture de la dévastation, que la di- Ils continuent de signifier, même de ma- une exigence de civilité, une nécessité au- rectrice de l’ nesco, Mme Irina o ova, nière souterraine, et dressent des ponts en- tant esthétique que morale, une seule pro- n’a pas hésité à qualifier de „génocide cul- tre les différents âges dans l’invention et le testation contre le temps et la mort, ce turel“. devenir des civilisations. En ce sens, on supplément d âme, ou comment le définir,
cce t ai u N°165 qui donne du sens à ce qui n’en a pas. rêtons-nous un instant au patrimoine ur- d’un trait de plume et de bulldozer réduit Ce que pense Marcel Proust de l’art, dans bain et architectural. Sans doute n’est-ce à néant. Qu’on se donne la peine de voir, une page fameuse d „ la recherche du que récemment que l’on a pris conscience à titre d’exemple, ce qu’il reste du beau temps perdu“, pourrait s’appliquer à toute de son importance. e dirais que cela com- jardin des Tuileries ou de ce qu’on a fait sorte de patrimoine: „ râce à l’art, expli- mence à la Renaissance, mais il semble de la cour Visconti du Louvre. On frémit que-t-il, au lieu de voir un seul monde, le que ce soient surtout les fouilles faites sur d’horreur quand on découvre les transfor- n tre, nous le voyons se multiplier, et au- le site de Pompéi qui marquent un tour- mations de la rue de Rivoli concoctées, en tant qu’il y a d’artistes originaux, autant nant. Au I ème, c’est grâce à Victor u- son temps, par l’architecte antisémite et nous avons de mondes à notre disposition, go et à son roman, „Notre-Dame de Pa- fasciste Le Corbusier. Comme il y a le révi- plus différents les uns des autres que ceux ris“, que l’on redécouvre le Moyen-âge et sionnisme en matière d’histoire, il y a celui qui roulent dans l’infini et, bien des siècles que l’on s’emploie à sauver de la ruine les qui touche le patrimoine. L’ennui, avec après qu’est éteint le foyer dont il émanait, splendides cathédrales gothiques. De ces démolisseurs et iconoclastes, c’est en- qu’il s’appelât Rembrandt ou Vermeer, grands chantiers de restauration, conduits core leur tranquille suffisance: ils se van- nous envoient encore leur rayon spécial.“ tambour battant, par Viollet-le-Duc, sont tent de leurs méfaits. C’est l’intelligence de ces mondes à cha- ouverts sur tout le territoire. Ces restaura- quoi peut servir le patrimoine, si ce n’est que fois ondoyants et divers que Proust tions, parfois arbitraires, respectent pour- à s’entourer de beauté. ant écrit, dans la appelle la „vraie vie“. Elle nous arrive par tant le caractère des anciens monuments „Critique de la faculté de juger“, que le la connaissance du passé et de notre pro- et tâchent de les conserver, si j’ose dire, beau est ce qui pla t sans concept, qu’il est pre passé. dans leur jus. une finalité sans fin. Il satisfait l’esprit par L’histoire a connu bien des fureurs de- Peut-on penser la même chose en regard sa plasticité et sa gratuité mêmes. Au fond, structrices et iconoclastes, des mises à sac de ce qui se pratique aujourd’hui? Ne le beau ne peut être d’aucun usage, il ne systématiques, des autodafés ourdis par les voit-on pas plut t s’opérer le contraire? peut avoir de fin utilitaire. ennemis déclarés de toute forme de cultu- Tant t on parle de réhabiliter, de réaf- C’est ce sens de la beauté qu’il convien- re. chaque fois, quand on a visé les ouv- fecter, de reconvertir, de recycler, tant t de drait de préserver dans tout ce que peut rages, on a fini, comme l’observe enri se réapproprier et de moderniser le patri- offrir le patrimoine. Thucydide fait dire à eine, par s’en prendre aux hommes: „Là moine. Tout ce vocabulaire, qui sent fai- Périclès que les Athéniens aiment „sans où on br le les livres, on finit par br ler sandé d’euphémisme et de langue de bois, extravagance la beauté“ et qu’ils philoso- les hommes“, écrit-il. Faire table rase, ce en dit long sur la nature de ces opérations phent „sans mollesse“. Ils vivent „dans et n’est pas seulement rejeter le monde tel de sauvegarde, car ce qui se passe le plus par l’amour du beau“, commente le philo- qu’il f t, ce n’est pas non plus imaginer le souvent, c’est qu’au nom de ce funeste sophe Cornelius Castoriadis. C’est pour- monde tel qu’il devrait être, c’est avant esprit d’innovation et d’audace, l’on sacca- quoi ils ont été capables d’inventer la dé- tout y rendre l’homme lui-même superflu. ge plus qu à son tour, l’on dégrade et dila- mocratie. Tout le contraire donc des théo- Ce qu’on nomme patrimoine recouvre un pide, l’on brade à l’encan, l’on détruit du craties et autres mondes totalitaires qu à large éventail de domaines, aussi différents patrimoine les harmonieux équilibres. Ce coups d’assassinats et de destructions veu- que les beaux-arts, les belles-lettres, l’ar- que plusieurs générations de bâtisseurs lent nous imposer les iconoclastes de tou- chéologie, l’industrie, la musique, etc. Ar- avaient patiemment créé de beauté est jours. La cour Visconti du Louvre
cce t ai u N°165 omm t l art a i l Le Lo re d ha i et son atrimoine c t re ran „ ha ue homme porte la orme enti re par la famille du sultan halifa en ayed de l humaine condition“ Al-Nahyane. La première et pour l’instant (Montai ne, ssais III, - „ u repentir“) la seule. Surnommé „Louvre des sables“, cet édifice muséal signé de l’architecte l’instar d’autres institutions français ean Nouvel, se veut une synthèse culturelles occidentales, le mu- moderne de l’architecture arabe et de l’art sée du Louvre, en s’inscrivant international qui illustre pleinement la dé- dans une dynamique de (re)va- finition de l’architecture donnée par le lorisation de l’art, mène depuis philosophe ean audrillard à son ami ces dernières années une politi- ean Nouvel: „l’architecture est un mélan- que culturelle de délocalisation destinée à ge de nostalgie et d’anticipation extrême“. exporter l’art français au-delà du centralis- Située au bout d’une bande de terre, dans me parisien et même de l’ exagone. Après l le de Saadiyat (ce qui signifie „bonheur“ le Louvre-Lens inauguré en décembre en arabe), cette „cité musée“ (que domine , Le Louvre Abu Dhabi a ouvert ses un monstre d’inox et d’aluminium: le d - portes en novembre . Les galeries de me du Louvre Abu Dhabi) fait dialoguer ce musée racontent une histoire de l’hu- non seulement intérieur et extérieur, l’om- manité en douze chapitres. Chaque chapi- bre et la lumière, mais encore six cents tre se concentre sur des idées ou des thè- uvres, prêtées pour moitié par treize mu- mes partagés afin d’en révéler les liens sées partenaires français. ilomè- communs, et ce de l’art préhistorique à tres de Paris, dans les immenses salles du l’art contemporain. Les quelque six cents Louvre Abu Dhabi, dont les fenêtres uvres exposées soulèvent des questions s’ouvrent parfois sur des patios, des mi- relatives aux collections et à leur mise en roirs d’eau ou la mer, une tapisserie mé- regard thématique et diachronique. diévale du musée de Cluny c toie une Si le musée moderne na t au VIIIe siècle, vierge de ellini, acquise par l’Agence il se voit consacré comme institution à la France Museum pour le compte du musée. Révolution française: ce contexte histori- Autre exemple significatif: une statuette que explique la place particulière que le n’ issi du Congo cohabite avec un „Porte- pouvoir, en France, réserve aux grands bouteilles“ de Marcel Duchamp! musées. On sait l’importance des décisi- ons présidentielles, depuis la législature de eorges Pompidou, sur le paysage muséal. ne co ection S’agissant de cette impulsion portée par un véritable amour pour l’art moderne, Louvre Abu Dhabi. „Princesse“ de act- ni erse e que l’on songe seulement à François Mit- riane. Asie centrale, fin du IIIe - début du terrand (le rand Louvre, la rande ale- IIe millénaire av. .-C. Le dialogue des cultures et des civilisati- rie de l volution) ou à acques Chirac (le ons - favorisé par l’art - fut pratiqué entre Quai ranly et la Cité nationale de l’ is- l’Orient et l’Occident dès la très haute An- toire de l’immigration)! Par ailleurs, à la Abu Dhabi, musée émirien made in tiquité: l gypte, la Mésopotamie et l’uni- suite du musée uggenheim qui créa un France, fut inauguré le novembre . vers mycénien. L’histoire a bien enregistré musée uggenheim ilbao en , un Il présente, pour moitié des uvres prê- un dialogue riche et fécond entre la Phéni- certain nombre d’institutions culturelles tées par les musées français (entre autres cie et la rèce. La romanité, quant à elle, occidentales se sont lancées dans de un Léonard de Vinci et un Van ogh, en réussit à ménager un très vaste champ spectaculaires opérations de délocalisati- dép t pour un an). Les retentissements de pour la connaissance et la reconnaissance on, jouant la carte d’une exportation de cette inauguration furent exactement ce de l’autre et pour l’osmose ethnoculturel- leur marque et de leur savoir-faire. Entre qu’escomptaient les dirigeants du richissi- le. André Malraux a écrit, dans la „Préfa- diplomatie d’influence et mar eting cultu- me émirat quand ils imaginèrent, dès ce“ de son ouvrage „Le Temps du mépris“ rel, sans oublier la manne financière que , un plan pour l’après-pétrole en qu “on peut aimer que le sens du mot ’art représentent de tels projets, musées et uni- développant une attractivité culturelle soit tenter de donner conscience à des versités occidentales tentent leur chance haut de gamme. Ainsi, le Louvre Abu hommes de la grandeur qu’ils ignorent en dans les nouveaux paradis du Moyen-Ori- Dhabi est la première pierre du vaste pro- eux.“ Le même Malraux développe dans ent ou d’Asie. jet de district culturel lancé en dans „La Métamorphose des dieux“ et „Le Mu- C’est dans cette dynamique que le Louvre la capitale des mirats arabes unis (EA ) sée imaginaire“ plusieurs thèses qui ont
cce t ai u N°165 Louvre Abu Dhabi marqué l’histoire de la réflexion sur l’art, tuette, nommée chaleureusement fusées sur l’ensemble de la planète sont re- selon lesquelles tout objet est éligible au „Princesse“ de actriane, pas plus haute mises en cause. Les deux guerres mondia- registre des uvres d’art, quelle que soit que la largeur d’une main ouverte, est une les et les décolonisations ébranlent un son origine, quelle que soit son époque, si uvre créée en Asie centrale au début du grand nombre de certitudes. ne idée-clef elle s’inscrit dans ce dialogue de l’homme deuxième millénaire avant .-C. Ainsi, par- est que la création artistique est à cette et d’un objet avec lequel il entre en réso- mi les nombreuses uvres exposées, l’in- image, constamment réinventée et nance. Il soutient par ailleurs que le mon- térêt du visiteur pourrait être suscité par le ponctuée de ruptures et des gestes radi- de de l’art est composé des uvres qu’une vase à décor de doubles haches ( rèce, caux tels que les abstractions, le ready-ma- époque crée et de celles qu’elle adopte ou Crète? vers - 4 avant .-C., visible de ou l’imaginaire surréaliste. Par ailleurs, reconna t parce qu’elle croit les compren- dans la galerie „Premiers grands pou- la dernière section –„ ne scène globale“ – dre et leur restitue un sens, et que les uv- voirs“): les doubles haches sont à la fois ne manque pas de rappeler qu’en ce début res du passé ou exotiques déterminent la symboles de vie et de renaissance lors- de Ie siècle, la diffusion instantanée et compréhension des uvres contemporai- qu’elles sont associées à des motifs végé- l’omniprésence des images télévisuelles et nes et réciproquement. Toutes ces consi- taux. cela pourraient s’ajouter un cou- d’Internet mettent en abyme la représenta- dérations éclairent les collections du Lou- vercle de sarcophage d’inspiration grecque tion du monde. Les créations sont ainsi vre Abu Dhabi. (Liban, vers 4 -4 avant .-C.), la tête devenues les miroirs d’un collectif agité Réparties en douze galeries (de „Premiers d’un empereur romain (fragment de statue par les questions d’identité, d’un moi com- villages“ à „ ne scène globale“ en passant monumentale, Italie, Rome, vers après me récit et du souci d’une planète devenue par „Premiers grands pouvoirs“, „Civilisa- .-C.) qui, portant une barbe inspirée des fragile. Autant de questions existentielles tions et empires“, „Religions universelles“, philosophes grecs pour se donner sans que cette partie des collections nous aide „Les routes asiatiques des échanges“, „De doute plus de profondeur, semble ironi- non seulement à mettre en perspective, la Méditerranée à l’Atlantique“, „Le mon- quement contempler son tragique destin, mais encore à poser, comme depuis l’aube de en perspective“, „ la cour des les différentes têtes de ouddha que l’on de l’humanité. Princes“, „ n nouvel art de vivre“, „ n peut observer dans la section „Religions Comme l’on sait, la question du musée a monde moderne ?“ ainsi que „La moder- universelles“, les Vierges à l’enfant de longuement interrogé André Malraux („Le nité en question“), elles se fixent pour ob- Traini et de ellini, les portraits de Musée imaginaire“): sa réflexion porte sur- jectif, comme le souligne ean-Luc Marti- princes, les statues d’Antonio Canova qui tout sur sa vocation, sa destinée car il as- nez (Président-Directeur du Musée du proclament la force de l’inspiration anti- signe au musée une fonction qui transcen- Louvre) dans l’Avant-propos du catalogue que dans l’art occidental, tout en expri- de le cadre historiquement et traditionnel- de l’exposition, la „présentation interdisci- mant la confiance dans un avenir conqué- lement attribuée à ce lieu culturel. Pour plinaire des collections publiques françai- rant, etc. Ces quelques exemples montrent lui, le concept de musée dépasse en effet ses, dans le but de les montrer sous un qu’une des fonctions que remplit l’art est la simple mise à disposition auprès du pu- jour différent à un nouveau public“. Ce de franchir les siècles et de porter le té- blic d’objets ou d’ uvres d’art. Il est ce musée propose donc un autre regard: les moignage du passé: „L’art est l’ensemble qu’est la peinture pour Léonard de Vinci: dialogues artistiques plut t que le récit tra- des images que la création humaine a op- une „cosa mentale“. Il assigne donc une ditionnel de l’histoire de l’art. Il s’agit de posé au temps“, comme l’a écrit osé-Ma- dimension eschatologique au musée, se te- „faire glisser le champ des incontourna- ria de érédia. Les statues survivant aux nant éloigné des questions pratiques habi- bles, des ic nes traditionnelles vers d’au- religions et les médailles aux empires, l’art tuellement traitées sur le sujet car, pour tres domaines, d’autres thèmes, en phase devient par conséquent un facteur de com- lui, „le musée est le lieu du seul monde qui avec le monde ouvert d’aujourd’hui qui munication unique entre tous les humains échappe à la mort“. En dessinant une rela- bouscule les habituels canons artistiques de la Terre, par-delà les différences de cul- tion nouvelle avec les uvres d’art – dia- euro-centrés. Le Louvre Abu Dhabi révèle tures, de langues et de frontières. Dans chronique et „a-géographique“ –, le musée d’ailleurs ses propres ic nes, telle l’idole une telle optique, le musée Louvre Abu Louvre Abu Dhabi constitue, sur le plan de actriane ( ) dont la beauté mysté- Dhabi met en avant, dans sa section „La du patrimoine artistique, architectural et rieuse a traversé les millénaires“ ( ean- modernité en question“, le fait qu’au e conceptuel, une essentielle redéfinition François Charnier, Directeur scientifique siècle, les idées de modernité et de progrès des rapports unissant l’homme et l’art au de l’Agence France-Muséums). Cette sta- que l’Occident industriel et colonial a dif- Ie siècle.
cce t ai u N°165 tt r rom En land Li in ith erita e iana i live in a NESCO orld eritage shops lining the closely aligned streets of- sho pieces again, not much revenue, and Site ( S), arriving in the city a fering a ealth of choice for the beau although school parties toured the Roman year after it as a arded this ho- monde ho came to spend their guineas, aths, there asn’t a dedicated education nour in . S status as gi- enjoy the social life and drin the spa a- programme in place. There ere other los- ven for five reasons: its surrounding ter. Throughout the th and early th ses the music festival, once a glorious ce- among green hills the eorgian century e ere still famous for our retail lebration bringing in thousands of visitors to n plan, devised by th century archi- provision, ith gentry from the shires flo- ho stayed for the entire t o ee s, lost tects ohn ood and son the Palladian c ing to buy the luxury goods along ith its appeal, and the Costume Museum fell architecture of the oods and their suc- the everyday essentials. out of favour. Not even the thermal aters cessors the thermal ater - the only hot y the time I arrived, most of this had dis- could be used as the aths had closed in ater spa in the country, and the Roman appeared, but individual businesses, some the s. The days hen royalty stayed here aths. To remain a S, our heritage of them reminiscent of the time hen hou- to ta e advantage of the healing aters must remain intact, but hen ealth and seholds needed nife-grinding and gun- ere long gone, and locals lost the very job-creating enterprises disappear, it can cleaning services, ere tuc ed a ay in reason for the city’s existence. be threatened. narro streets, and the city still had its The council began to ta e steps to address Once this city had a prosperous industrial faintly old-fashioned charm. radually, as the problems, some good, some not so base. e had a huge Victorian engineering leases expired and business rates rose, good. Par ing restrictions and one- ay company, hose cranes ere sold orld- they also disappeared, and glossy shops systems brought protests but building pro- ide and t o important local rail ays. selling candles and chocolates appeared. grammes to restore run-do n areas ith There as a corset factory, here the or- The department stores, reflecting days restaurants and cafés ere more accepta- sa glider as built during , a large hen omen ore hats and gloves to go ble. Museums and art galleries opening printing business and the Ministry of De- shopping, vanished to become chic apart- every day ith free access as elcomed, fence, relocated here in 3 . All these ments above high street chains, and in the but tall bronze columns ith coloured concerns provided life-time or for the uildhall’s covered mar et, here once I maps of the city, sited a ardly in histo- men, omen and school-leavers of the ci- bought my meat and vegetables, an expen- ric streets, ere not. idden courtyards ty: e are left ith runel’s reat estern sive tea emporium moved in, follo ed by offering outdoor eating ere nice, and the Rail ay. Adding to the problem as the a souvenir outlet and a hairdresser. The piazza fronting the rail ay station, here litz of 4 that destroyed great s athes arrival of supermar ets, forcing the small once there ere disused stores and or - of historic housing, opening the door to grocers and ba ers to close, and a moc shops, as a definite improvement, alt- tasteless re-development, and the arrival Roman shopping mall changed the city yet hough the reduced par ing caused upset. of the university in . The massive again, the final blo to our commercial di- ut the ne bus station provo ed real an- changes resulting from all this sho ed in versity being the charity shop, the nail in ger as a 3 s building as demolished the property mar et. ousing built for the the coffin for traders hose families had and no one li ed the replacement design factory and rail ay employees, hose fa- made up the very fabric of the to n. Our rebuilding the sixties shopping centre met milies had lived and or ed in the city for city centre no resembled high streets ith cautious approval as the pedestriani- generations, had a noc -on effect as it across the country and e mourned the sation as good. became accommodation for the students. passing of its former originality. Most eagerly anticipated, ho ever, as This as follo ed by people priced out of ut orse as in store the county boun- the re-opening of the spa bathing. nhap- the London property mar et re-locating to daries changed and e lost our autonomy. pily, architectural innovation proved unfit the eorgian houses, follo ed again by a As part of an area ith outlying to ns and for purpose causing lengthy delays, and spurt of holiday „buy-to-let“. The city villages, resources ere stretched, hile the financial loss and resulting la suit rui- emerged from a commercially thriving past government directives to tac le pollution, ned the re-opening of hat should have to a leisured present, ith property prices develop cycle paths, discourage cars and been a onderful event. roc eting but no infrastructure to support maintain our social services for the ageing Other changes focussing on our heritage essential services. And no , ith changing population didn’t help. The council had to included the film and television industry. shopping habits, even the retail business, find ne ays for creating ealth that fit- The city’s eorgian architecture and the the foundation of the old city’s ealth, is ted in ith our special status but ho ? remaining cobbled lanes, are constantly diminishing and shops lie empty. Their solution as to ma e full use of our used in TV costume dramas, and an office Alfred the reat made the city one of his heritage, a controversial decision resi- as set up to promote the city. The Costu- „burghs,“ beginning its trading history. dents didn’t ant hat as left of their me Museum added designer ear to its Originally a small alled to n, its positi- beautiful city exploited and still don’t. collection of period clothing, became the on gave it strategic importance. The spe- Although e ere al ays on the list of im- Fashion Museum, and opened a dressing- cialist cloth produced by the mon s, and portant ritish sights, thousands of visi- up room. The Roman aths as develo- the flourishing mar ets made us prospe- tors „did“ the city by coach they spent no ped ith actors, visuals and al ie-tal ie rous even in - one reason hy our money and the coaches not only polluted information in a dozen languages a visitor theatrical history is so illustrious: travel- the narro streets but caused congestion centre, restaurant and education facilities ling players ere encouraged by the city as they struggled to get round them. ee - are in progress. Residents accepted all the- fathers ho o ned the hostelries! During end visitors ere only interested in seeing se changes and improvements. Less el- the th century, there ere hundreds of the Roman remains and architectural come though as the burgeoning of pur-
cce t ai u N°165 pose-built housing for the increasing num- casino opposite the famous Theatre Royal all heated using the thermal ater, they ber of students at ath’s t o excellent uni- caused considerable concern. Our city is ill attract more revenue... but first they versities. The programme has regenerated home to dozens of street people as ell as must remove the pe s. The Victorian So- run-do n areas and brought revenue to the hundreds of youngsters studying here ciety is outraged and protested furiously, the shops, all good but it has also made ma ing a profit from hat can become an so the case for and against as put to the property unavailable for the home mar et expensive addiction ma es for a bad Diocesan council the Abbey on, but the and social housing. image and conflicts ith government pro- determined Victorians intend to appeal. hile many changes are good, some are posals to limit gambling. e protested, ehind this quandary, ho ever, lies anot- fiercely resented: Residents don’t ant the uselessly, so must live ith it. her. The huge support church commissio- cobbled streets, Regency shop fronts and The latest outcry concerns the th centu- ners are providing for the Abbey ould fi- Palladian architecture to be ruined ith ry Abbey. This historic building, lying in nance badly-needed repairs to six old modern development. Many of the street the heart of the old city, is the focal point churches around the country. Nothing is „improvement“ schemes carried out du- for us all. hen it as completed, the na- simple hen it comes to heritage. ring the s and s ere expensive and ve as an empty space the nobility had Change can be hard to live ith but even totally inappropriate, but ere bulldozed stools, the populace nelt at stone ben- die-hards li e me accept its necessity. All through by trendy officials lac ing histori- ches around the alls. Then the Victorian e as is that it doesn’t destroy hat sur- cal understanding there as even a mo- architect, Sir ilbert Scott, enhanced the vived the 4 litz and the council’s de- ment hen our orld heritage status as church ith chandeliers and beautifully termination to continue that destruction. under threat. T o more recent decisions carved pe s, hich residents have prized Only concerted efforts by men li e the po- ere particularly controversial. The first since . o ever, the Abbey no re- et ohn etjeman, and even Prince as the Christmas Mar et. For almost quires serious restoration. Due to the 3 Charles, a champion of architectural inte- three ee s, just hen locals are readying dissolution of the monasteries, all the grity, helped locals stop hat became themselves for the festive rush, dozens of smaller churches ere demolished, so bu- no n as the „Sac of ath.“ The glorio- ooden sheds cro d the central areas re- rials too place under the Abbey’s flag- us, pale stone buildings of visionary archi- sidents par ing spaces disappear and stones. The bodies have since decomposed tects gleaming in the evening sun the coaches line access roads, causing bloc a- causing the floor to subside. Repairs are quaint bac streets and period shop-fronts ges. e hate it, but it’s very successful so under ay, but ith smaller congregations are special. A orld heritage site is not ill doubtless expand further! The second and insufficient donations, funds are ur- just for us, it’s for future generations to en- decision as to build a casino. This city gently needed. The Abbey’s best option is joy and learn from. ath is unique and in made its fortune from gambling in the dis- commercial development. y opening a a orld constantly changing, nothing tant past, but proposals to build a modern café, visitor facilities and education centre, should change that.
1 cce t ai u N°165 a randin echt statt rie ar a as ort Patrimonium hat ei- der eigenen aut, enn sie, vom unger und Politi er aus Staaten im aag. An ne lang ierige und herme- getrieben, als Viehdiebe geschnappt und der z eiten onferenz im erbst , al- neutisch bedeutungsveren- an Ort und Stelle geteert und gefedert so sieben ahre vor der „ rande uerre“, gende Reise hinter sich. Es urden. Die derzeit in Europa grassieren- sa en bereits 44 Staaten um den Tisch. stammt aus dem r mischen de Fl chtlings rise ist also nicht neu. Sie Da Russland nicht an der Friedens- Recht und bezeichnete einst hat, ie ir schon oft an dieser Stelle an- onferenz in Versailles teilnahm und die die Verm gensverh ltnisse des Pater Fa- f hrten, ihren rsprung in dem unm gli- SA nicht unterschrieben, am es zu ei- milias, hrend das Patrimonium Petri die chen Spagat z ischen universellen Men- nem ersten alten rieg z ischen dem all zu leicht er orbenen Pfr nde der ir- schenrechten und nationalen rgerprivi- estlichen riand- ellog-Pa t (Paris che oder „Petris Erbgut“ darstellen. legien. nd die V l er ollten sich nun ) und dem stlichen Lit ino -Proto- Als „Patrimonium der Enterbten“ urde mal nach dem eiten elt rieg als Na- oll (Mos au ), in denen e altver- die Arbeitslast der esitzlosen bezeichnet, tionen ( N) befrieden. zicht festgeschrieben aber nicht erreicht n mlich denen die bei der Verteilung des Diese em hungen, den affengang zu urde. Patrimonium Principis, also dem Ertrag verbieten und an seiner Stelle den Rechts- Das im 4-Pun te-Programm des S-Pr - aus der republi anischen Staats asse, eg einzuschlagen gehen auf eine pazifis- sidenten Thomas oodro ilson aufge- nicht in der ersten Reihe standen. Alles in tische e egung im . ahrhundert zu- griffene Programm zur msetzung von allem ist der egriff heuer also nicht mehr r c , die mit der Auf l rung begonnen ants Forderung „ um e igen Frieden“ gendergerecht. Das ort randing stammt hatte. Start dieser Suche nach Normen f r f hrte zur r ndung eines auf der Mon- aus dem ilden esten der Neuen elt, friedliche L sungen bei internationalen roe-Do trin basierenden V l erbundes, dessen Fortbestand mit Trump best tigt onfli ten aren die aager Friedens- der Teil des Versailler Vertrags und bis urde. Es aren die im Feuer aufgegl h- onferenzen. 4 zur elit ren Spiel iese von Lord Ro- ten Eisen mit den Symbolen, also den Fir- bert Cecil urde. menzeichen der dem Vieh in den ro grundbesitzer, die intern eingebrannt rieden statt Wa en ischen den beiden elt riegen hatten pazifistische V l errechtler also schlechte urden, um die uten von den Schlech- ten zu unterscheiden. sti stand arten. Die Ameri aner ollten lediglich ihren frisch ge onnenen Einfluss auf dem Dies aber nur, um die aus Osteuropa alten ontinent festigen und die So jet- nachziehenden Siedler nicht erst in die Ausgerechnet ar Ni olaus II hatte diese union sich aus dem Sanit rg rtel der zur etablierte Ern hrungs ette aufnehmen zu onferenzen mit der egr ndung Ein esselung des olsche ismus aufge- m ssen. Diese rmsten der Armen sp rten angeregt, es drohe ansonsten „eine ata- stellten osteurop ischen Nationen befrei- damals schon Trumps „America First“ an strophe“. Ein ahr sp ter tagten uristen en.
cce t ai u N°165 11 Denn mit dem Ersten elt rieg und der eines vermeintlich ehrenhaften, im Ab- egens in einer a uten risensituation ge- darauffolgenden Pandemie der Spani- grund seines esens aber eher ehrenr hri- zeigt, ie m chtig eine gestandene Nation schen rippe hatten nicht nur Millionen gen Mitglieds seiner emeinschaft, Ein- sein ann, die unter einheitlicher Identit t Menschen ihr Leben gelassen, er hatte heit und ruhige rde seiner rger und unter egs ist. auch, nach z ei gescheiterten Versuchen die Entschlossenheit deren F hrung unter eir Lundestad, Dire tor des Nobel-Insti- ber das nominell eiterbestehende - e eis stellte. tuts, fasste rzlich in einem Intervie zu- nigreich ngarn im ahre , die 3 - Die unmittelbare Rea tion der Regierung, sammen: „Diese unvorstellbaren Angriffe j hrige errschaft des auses absburg- der niglichen Familie und der zivilen haben unseren nationalen Chara ter he- Lothringen beendet. r fte auf den Amo lauf von Anders eh- rausgefordert, aber sie erden unsere Ei- Im runde l utete dies die eburtsstunde ring reivi ar ein in eis auf Nor e- genschaften Offenheit, Demo ratie und der Nationen in Europa ein, die sich da- gens grundlegendes Verst ndnis von sich leichheit nicht ver ndern nnen. Sogar nach nur noch Verfassungsmonarchien als Nation und, ob be usst oder nicht, ein unser nigshaus zeigt, dass es zu uns ge- leisteten, die von England bis Sch eden gutes eispiel f r die raft und ir sam- h rt.“ mehr oder eniger machtlos sind. Dass eit einer lar verstandenen nationalen diese den Prozess der Definition nationa- „Mar e“. ler Identit t positiv beeinflussen nnen, hera ie statt ist sogar f r einen Republi aner unleug- bar. emo ratie statt odesstra e Nicht zu leugnen auch die Tatsache, dass der Chara ter einer N ation vor allem in e at ein under, dass die Nor eger nicht im risenzeiten gepr ft und die gemeinsame Traum daran den en, in ein Land auszu- Identit t gest r t ird, ie dies bei ro - Nach dieser ahnsinnigen Tat versicherte andern, in dem ein Irrsinniger ie Do- herzogin Charlotte der Fall ar, die im Ministerpr sident ens Stoltenberg der nald Trump ge hlt erden und sich eiten elt rieg trotz, oder gerade e- nor egischen rgerschaft, dass das Land dann auch noch ber ein ahr im Amt hal- gen ihrer Ab esenheit ie Maria Consola- „fest f r die Verteidigung seiner erte ei- ten ann. Eine einst offene und einladen- trix, die Tr sterin der etr bten verehrt ner offenen, toleranten und integrativen de Nation, die heute, f r mich pers nlich, urde. esellschaft“ stehen rde. O-Ton: „Die zur No- o-Area ver ommen ist. Ant ort auf e alt ist mehr Demo ratie, Eine fest definierte und verst r te nationa- Offenheit und politische eteiligung.“ le Identit t ie in Nor egen gilt als eil- thenti it t statt Aus dem ontext gerissen, nnte man mittel f r alles, as eine Nation ran ma- Wer n die Identit t der nor egischen Nation mit einer offenen, toleranten und integrativen chen ann ie Angst und ass, die seit Nine Eleven die ganze elt in Atem hal- emeinschaft umschreiben, die eine st n- ten. Sie st r t ebenfalls den lauben der nd um dieses ef hl der geeinten Nati- dige Abneigung gegen radi ale und rechts- rger an die metaphorischen onstru te, on aufrechtzuerhalten, darf das Staats- gerichtete Polarisierung zeigt und mit die ihren olle tivit ten Ordnung geben oberhaupt nie auch nur den leisesten Ein- er t tiger Liebe in vielen Friedensver- nnen. druc vermitteln, es re nicht der Souve- handlungen auf der ganzen elt involviert Selbst der eneralse ret r des Islami- r n aller Luxemburger, ie das beim z - ist. schen Rates von Nor egen, Mehtab Afsar, gerlichen Verhalten von ro herzog en- anz zu sch eigen von der Tatsache, dass meinte nach dem Terrorattentat von rei- ri der Fall ar, als er das von den Abge- der elt eit ohl be annteste und mit vi : „Religion, Ethnizit t, Farbe erden in ordneten abgesegnete Euthanasie- esetz neun Millionen Sch edischen ronen do- den intergrund treten. Die nor egische unterschreiben sollte. tierte Friedenspreis seit jedes ahr am Identit t ird gest r t. ir stehen Schul- Denn die raft einer gut definierten natio- Todestag von Alfred Nobel ( . Dezem- ter an Schulter mit unseren christlichen nalen „Mar e“ liegt in der Authentizit t ber) im gleichnamigen Institut in Oslo ver- r dern und Sch estern in Nor egen.“ ihrer F hrung und eniger in teuren er- geben ird. Man nnte also behaupten, Chara ter, national oder individuell, ist in beslogans à la „Let’s ma e it happen“ ge- Nor egen habe den Frieden gebrand- der rise geschmiedet, und ist sicherlich paart mit ling- ling-Simulation. er mar t. nicht ohne Fehler. Nor egen hat gezeigt, n mlich glaubt, nternehmensberater Nach Ma gabe des noblen Stifters, dem dass ein Land seinen Chara ter ? auf allen rden nternehmen beraten, glaubt chemischen raumeister des von ihm pa- Ebenen ? zu seinem gro en Vorteil nutzen auch, itronenfalter rden itronen fal- tentierten Dynamits, soll der Friedenspreis ann. N or egens unmittelbare Rea tion ten! an den vergeben erden, „der am besten auf diesen Terror ar authentisch, man Diese durch PR- ampagnen beliebig aus- auf die Verbr derung der V l er und die nnte auch behaupten typisch nor e- tauschbare „Mar e“ darf nicht mit dem Abschaffung oder Verminderung stehen- gisch. Chara ter eines Vol es verglichen er- der eere so ie das Abhalten oder die Sie ar aber auch zu einem nicht geringen den, durch den der Soc el der nationalen F rderung von Friedens ongressen hinge- Teil auf ein Land und ein Vol zur c zu- Identit t berhaupt erst entsteht. Selbst- ir t hat.“ f hren, die im runde issen, er sie verst ndlich geh ren auch ult(ur) und F r die Vergabe ist, im egensatz zu den sind. nd erst dann ann man sich den Erziehung zu den austeinen des nationa- anderen Preis ategorien des Nobelpreises, heutzutage et as selbstherrlich arrogant len Parnasses. eine sch edische Institution zust ndig, lingenden Slogan „Mir lle blei en at enn aber ein Land sagt, es st nde f r sondern ein vom nor egischen Parlament mir sinn“ leisten. Die n- elt nnte je- Frieden, unterh lt aber egen der sa ro- bestimmtes f nf pfiges omitee, es e- denfalls et as vom eispiel N or egens san ten Arbeitspl tze eine bl hende R s- gen der Preis auch als einziger unter den lernen. tungsindustrie, dann ver ommt die „Mar- Nobelpreisen nicht in Stoc holm sondern Doch auch die E hat im onfli t mit Er- e“ zum Fa e. nd so lange die f nf per- in der nor egischen auptstadt verliehen dogans T r ei lare orte gefunden: Ein manenten N-Sicherheitsratsmitglieder ird. Land, das auch nur mit dem edan en gleichzeitig die gr ten affenh ndler der Doch ob ohl eine lar definierte nationa- spiele, die Todesstrafe iedereinzuf hren, elt sind, liegt beim Peace- randing noch le Identit t den unmittelbaren ed rfnis- h tte einen Platz in ihrer Mitte. Dar ber vieles im Argen. sen eines Landes in einer rise von Chaos sollten die Vereinigten Staaten nachden- Nicht so in Nor egen, das nach den er- und e alt nicht unmittelbar dient, hat en - enn sie erst einmal die unden der schrec end extremistischen e alttaten das j ngste, beispielhafte Verhalten Nor- debilen Trump- errschaft gelec t haben.
1 cce t ai u N°165 r tion t a irmation rat it nomorrha ie atrimoine a r vons-nous un patrimoine? La nation m’a légué une carte d’identité, Les ascendants honoreraient les descen- Nous sommes le patrimoine. elle ne m’empêche pas d être citoyen du dants? Les descendants honorent les as- monde. cendants, s’ils le peuvent. Qu’avons-nous à vendre? Au fond, c’est toujours nous-mê- L’Eurasie m’a légué les penseurs éraclite, Combien de vers de notre Renert connais- mes que nous vendons. Epicure, Lucrèce, Lao-Tseu, Lie-Tseu, sez-vous par c ur? Combien de chansons Tchouang-Tseu, Montaigne, Diderot, et de danses de notre fol lore chantez et Avons-nous de la culture? Avons-nous un Nietzsche, ils ne m’empêchent pas de pen- dansez-vous? Combien d uvres d’artistes marché? Nous sommes et la culture et le ser tout seul. locaux allez-vous voir ou entendre? Com- marché. bien de nos paysages si beaux fréquentez- L’ NESCO a classé patrimoine mondial vous? Que croyons-nous posséder que nous les vieux quartiers et les fortifications de pourrions vendre? Tout ce que nous croy- Luxembourg, la procession dansante Devoir de mémoire, musées? La mémoire ons posséder, nous l’avons en location, le d’Echternach et The Family of Man de n’est féconde que si elle est vivante. Les temps de notre vie. Clervaux. Notre vanité en est flattée. musées, sont-ils fréquentés? Les enseig- nants y mènent-ils leurs classes? Possession ou location, ce qui compte au Nous partageons avec une foule de régi- fond c’est l’usufruit, la jouissance. Partager ons le patrimoine de la pluie, des orties, Il est criminel de garder pour soi des chefs la jouissance, quoi de plus beau? des sangliers, des jambons fumés, des biè- d uvres, de les enfermer dans des cham- res de qualité, des vins de la Moselle. Il n’y bres fortes, à l’abri des regards des ama- Partager sans contrepartie? Ce serait éton- pas de honte à en jouir sans complexe. teurs. nant dans notre société marchande. L’hu- manité, espèce de primate, est une société Nous, du moins certains d’entre nous, Les chefs d uvre sont heureusement nu- fondamentalement marchande. avons un patrimoine de savoir-faire spéci- mérisés. Qu’attendons-nous pour les pro- fique en poutres, planches, billes, verres, jeter sur de grands écrans aux endroits et L’animal humain, comme le primate non fonds d’investissement, etc., etc., etc. Est- aux heures de pointe? humain, tient compte des bienfaits reçus ce de la culture ou de la civilisation? S’il y et se sent obligé de les rendre. Quel mal y avait une fierté collective, il y aurait de quoi servent les partitions non jouées, aurait-il à partager, à se partager, mutuel- quoi. Et nous en vivons très bien. non écoutées? Les manuscrits non pu- lement? bliés, non lus? Les plans d’architecte non L économie du parta- construits, non habi- ge me semble un pro- tés? Des uvres d’art grès civilisateur, com- non accessibles, à quoi parable au progrès ci- bon? Donnons-leur vilisateur des assu- une chance. rances. Quel est votre projet? – Malheureusement, Conserver. – Cela com- l’animal humain ne mence bien mal. – Pré- distingue pas tou- server alors. – e vous jours le prix de la va- souhaite beaucoup de leur. La vente a un plaisir dans votre mu- prix, le partage une sée. e préfère vivre valeur. dans un jardin, une fo- rêt, un laboratoire, un Qu’avons-nous à par- atelier, une usine. tager? Ce que nous appelons patrimoine, n compromis? L’ate- qu’est-ce? a-t-il un lier le jour, le musée la inventaire? nuit. Le jour pour créer le patrimoine de Les parents m’ont lé- demain, la nuit pour se gué la moitié de leurs reposer sur celui gènes, ils ne m’empê- d’hier. chent pas d être moi- même.
cce t ai u N°165 13 patrimoin E omm pl al po r la o i t ne ision d ra e r L ii ar L e patrimoine culturel et naturel dessiner sous ce point à un horizon très créativité artistique, ni commerciale. Par la fait partie des bien inestimables proche. loi du juillet 3, le fonds de rénovati- et irremplaçables non seulement Le Ministère de la Culture, en coopération on de la vieille Ville avait eu comme missi- de chaque nation, mais de l’hu- avec la Commission précitée, a pourvu, on la rénovation, en totalité ou en partie, manité tout entière. La perte, par avec l’engagement d’un NESCO Site de quatre lots d’immeubles sis à la vieille la suite de dégradation ou de dis- Manager, à une fonction que l’ NESCO ville. Cette mission est terminée, mais cela parition de l’un quelconque de ces biens réclame pour tout site en classement ou ne signifie nullement que la protection et éminemment précieux constitue un ap- classé. La mission de ce Site Manager est la mise en valeur de la vieille ville ne soi- pauvrissement du patrimoine de tous les justement d éviter une instrumentalisation ent plus poursuivies. La classification peuples du monde. On peut reconna tre, du patrimoine à des fins commerciales. NESCO, la législation relative à la pro- en raison de leurs remarquables qualités, Son r le est de coordonner tous les tection du patrimoine archéologique et une valeur universelle exceptionnelle à acteurs impliqués, de relever des lacunes historique, le plan d’aménagement de la certains des éléments de ce patrimoine législatives, les défaillances techniques, ville de Luxembourg, et l’ nesco Site Ma- qui, à ce titre, méritent d’être tout spécia- d’élaborer une vision sur ans pour le nager continueront à veiller à la qualité du lement protégés contre les dangers crois- développement durable du site NESCO patrimoine architectural reconnu pour sa sants qui les menacent“, note l’ NESCO et de prévoir des actions de sensibilisati- valeur universelle exceptionnelle. dans ses Orientations devant guider la mi- on. L’Année européenne du patrimoine se en uvre du patrimoine mondial. L’ NESCO ne demande pas la muséifica- regroupe l’ensemble des ressources héri- Par sa valeur universelle exceptionnelle, tion des villes ou sites classés. ien au tées du passé, toutes formes et tous ses caractères d’intégrité et d’authenticité, contraire, elle se soucie d’une harmonie aspects confondus, d’ordre matériel, im- le patrimoine NESCO obtient une visibi- de l’architecture historique, authentique et matériel et numérique. Nombreuses seront lité et notoriété inégalées. Certains sites intègre, de l’aménagement de l’espace et les activités et festivités qui tourneront au- dans le monde ont réussi à faire de leurs de l’intégration de l’architecture contem- tour des monuments et sites historiques, sites classés des attractions touristiques de poraine. L’exemple le plus éloquent est ce- les paysages historiques et le sites naturels, tout premier ordre. Pas plus tard que le lui qu’aucune nouvelle construction ne les savoir-faire, connaissances et modes décembre dernier, l’ NESCO avait orga- puisse obstruer la vue sur un site protégé d’expression qui témoignent du génie nisé à Paris un colloque sur l’exploitation pour sa valeur universelle. La prescription créatif. Le patrimoine inclut également touristique de sites protégés. Les conclusi- d’une démarche participative avec tous les l’ uvre cinématographique. L’ NESCO ons furent riches en propositions pour acteurs institutionnels, privés et bénévoles est en cours d élaborer plusieurs program- mieux canaliser les flux des visiteurs dans pour élaborer une vision de développe- mes commémorant: en , le e anni- l’espace protégé et mieux conna tre les ment durable, traduit déjà cette volonté de versaire de l’inscription, en 3, de la comportements économiques de ceux-ci. développer la ville de demain en commun, collection photographique „The Family of Commerce et patrimoine ne peuvent s’ex- et avec tout le respect durable que l’on Man“ au registre de la mémoire du monde, clure mutuellement, mais doivent se re- doit au patrimoine à valeur universelle. La au titre de Patrimoine documentaire, et en specter dans leurs limites. Les sites protection du patrimoine n’exclut pas la : le e anniversaire de l’inscription, NESCO sont reconnus en 4, de la „Ville de Luxem- pour leur qualité de vie et les bourg, ses vieux quartiers et ses rendements économiques fortifications“ sur la liste du pa- qu’ils suscitent peuvent être trimoine mondial. Ce projet dé- utilisés pour leur protection marrera en décembre et et leur mise en valeur, ainsi s étendra sur toute l’année qu à la sensibilisation du pu- . Cette fête n’aura pas ex- blic. clusivement un caractère festif: La Commission luxembour- ce sera l’occasion de mettre en geoise pour la coopération place le plan de gestion avec avec l’ NESCO regrette ses activités et infrastructures qu’actuellement les inscripti- de sensibilisation. Des projets ons luxembourgeoises dans pédagogiques feront aussi par- les divers programmes de tie du programme. En effet, il l’ NESCO du pays n’aient ne suffira pas d’être fier du pa- que des retombées très limi- trimoine mondial de tées dans la campagne du l’ NESCO à l’avenir il impor- nation-branding. Ce proces- tera bien d’avantage encore sus étant toujours en cours, d’apprendre les Valeurs que re- la Commission – en relation présente l’ NESCO en vue de avec les responsables d’In- vivre en paix. spiring Luxembourg - espère obert Philippart est que des évolutions vont se S Site Mana er
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