PHR - Joyeux Noël - PAYSAN DU HAUT-RHIN

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PHR - Joyeux Noël - PAYSAN DU HAUT-RHIN
PHR
 PAYSAN DU HAUT-RHIN
H E B D O M A D A I R E          A G R I C O L E ,       V I T I C O L E        E T      R U R A L

 VENDREDI 25 DÉCEMBRE 2020 • N°52 • 4,00 €   EAVPHR |   @EAVPHR |   Agriculture innovante | www.phr.fr

J o y e u x N o ë l

                                                                                                         Photos © Caroline Mouromtsev - DR - Montage : CKL
PHR - Joyeux Noël - PAYSAN DU HAUT-RHIN
Au fil de l’actu                                                                                                                                                                               phr.fr I Vendredi 25 décembre 2020         2

Vie des journaux                                                                                             Évelyne et Alfred Goos de Hurtigheim
Christophe Reibel
prend sa retraite
                                                                                                             « La ferme s’est agrandie
Après 19 ans de collaboration assidue avec les rédactions du Pay-
san du Haut-Rhin et de L’Est agricole et viticole, Christophe Reibel
signe cette semaine son dernier « Côté viti », une rubrique qu’il aura
                                                                                                             progressivement »
fait vivre pendant des années, tout comme les rubriques mensuelles
« Côté élevage » et « Côté culture ». Nous aurons encore le plaisir de                                       Passionné de chevaux et d’attelage, Alfred Goos, 84 ans,
lire sa plume à l’occasion du dossier spécial « Regards », point de vue                                      se promène encore en calèche avec son Fjord Aninka,
exhaustif de l’année des filières alsaciennes, à paraître début 2021.
Dès la semaine prochaine, deux journalistes, bien connues de nos
                                                                                                             dans les champs, à Hurtigheim. Son épouse Évelyne,
lecteurs assidus, reprendront ce micro tendu, notamment à la viticul-                                        85 ans, ne l’accompagne pas mais ils n’en sont pas moins
ture de notre région : Cécile Hans et Florence Péry.                                                         complices. Retraités depuis 1996, Évelyne et Alfred
Toute l’équipe du Paysan du Haut-Rhin et de L’Est agricole et viticole
salue le grand observateur de l’agriculture alsacienne qu’a été Chris-
                                                                                                             racontent l’évolution de leur exploitation.
tophe Reibel. Un professionnel apprécié tant par ses collaborateurs,                                         Dans la stub traditionnelle toute          jours eu une exploitation dans cette
ses lecteurs et ceux qu’il a croisé au fil des années sur le terrain. Bonne                                  de bois parée, datant de 1800 et           cour. Les Wick (son nom de jeune
retraite ! Ça s’arrose ! (Avec un vin d’Alsace, bien sûr.)                                                   quelques, Évelyne, Alfred et Jean-         fille, NDLR) sont ici depuis 1616 ! »,
                                                                                                             Michel, leur fils, sortent les albums      s’exclame Évelyne, fière de cet héri-
                                                                                             La rédaction    photos. Rares sont celles en noir et       tage. Le grand-père d’Alfred, lui, était
                                                                                                             blanc mais ils ont trouvé quelques         forgeron mais « chaque artisan était              Évelyne, Alfred et Jean-Michel Goos, au volant d’un
                                                                                                             pépites. Alfred, qui vient de se prê-      aussi agriculteur », pointe l’ancien              tracteur de 1977, dans la cour de la ferme familiale,
                                                                                                             ter au jeu des photos avec son che-        exploitant. C’est un frère d’Alfred qui           en cœur de village de Hurtigheim. © Germain Schmitt
                                                                                                             val, dans la cour de la ferme, où          a pris la suite à Blaesheim. Évelyne et
                                                                                                             trône une vieille auge en grès fleu-       Alfred se sont installés à Hurtigheim.
                                                                                                             rie, est heureux. « La succession est      « On a commencé par 9 ha », se                  livrées. « La récolte était trop bonne,
                                                                                                             assurée », lance-t-il. Jean-Michel         souvient Alfred Goos. « Ma maman                cette année-là », explique-t-il. Le
                                                                                                             Goos travaille aujourd’hui en EARL         et moi, on travaillait avec un ouvrier.         reste des betteraves a très certaine-
                                                                                                             (EARL de la Musau), associé à son          On ne pouvait pas faire plus. Tout              ment été distribué aux bêtes.
                                                                                                             gendre Thomas Litt, et épaulé de sa        était fait à la main », précise Évelyne.
                                                                                                             conjointe, salariée.                       Quand Alfred devient chef d’exploi-             Un gros tracteur pour l’époque
                                                                                                             Issu d’une famille d’agriculteurs de       tation, exit l’ouvrier. Il y a cinq vaches,     Jean-Michel naît en 1962, sa sœur
                                                                                                             Blaesheim, Alfred a épousé Évelyne,        deux chevaux et six truies. Dans les            Marylène, en 1964. « On pouvait
                                                                                                             en 1961. Ils ont repris, la même année,    champs, ils cultivent du blé, de la             vivre, souligne Évelyne. On ne
                                                                                                             la ferme des parents d’Évelyne à           luzerne, du houblon, bien rémuné-               dépensait pas plus que ce que l’on
                                                                                                             Hurtigheim, où ils vivent toujours         rateur à l’époque - « tout le monde             avait. » Alfred ajoute : « Il y avait
                                                                                                             aujourd’hui avec Jean-Michel et sa         en avait », glisse Évelyne - et des             peu de production mais les prix
                                                                                                             famille. Tous deux ont travaillé dès       betteraves fourragères pour les ani-            étaient là. » Pourtant, les années
                                                                                                             leurs 14 ans. Le père d’Évelyne est        maux. En 1962, poussés par la sucre-            1960 voient les débuts de la méca-
                                       Encarté dans ce numéro                                                mort quand elle en avait 13. « Depuis      rie d’Erstein, ils récoltent 40 ares de         nisation. Alfred achète son premier
                                       le Supplément « RETROspective 2020 »,                                 le début du XIXe siècle, il y a tou-       betteraves. Seules 9 tonnes sont                tracteur en 1961, un Massey Fergu-
                                       Ft 22 x 24 cm - 60 pages - quadri.

                                                                                                             René et Marie Lux de Schnersheim
       à découvrir sur le net
          La vidéo d’Ilo                                                                                     De la polyculture à la spécialisation
Cette semaine, sur notre chaîne Youtube
Agriculture innovante : « Des élèves de Terminale CGEA                                                       Trois générations vivent à la ferme Lux, à Schnersheim.
d’Obernai échangent avec de jeunes agriculteurs maliens ».                                                   René, 80 ans, a transmis à Frédéric, son petit-fils,
                                                                                                             qui se lance dans un élevage de poules en plein air.
                                                                                                             Les époux Lux n’ont eu de cesse de s’adapter pour durer.
                                                                                                             La relève leur emboîte le pas. Ils témoignent.
                                                                                                             « On est un bon tandem. Il n’y en          ouvriers travaillent avec son père :
                                                                                                             a pas un qui tire à droite et l’autre      « Des zigotos », lâche-t-il. Quand
                                                                                                             qui tire à gauche », confie d’emblée       il revient de son service militaire,
                                                                                                             René Lux, à propos du couple qu’il         il décide d’arrêter les vaches. Il ne
                                                                                                             forme depuis 1964 avec Marie,              veut plus faire de lait. Petite anec-
                                                                                                             79 ans. Cette bonne entente semble         dote : c’est Maria, la maman de Denis
                                                                                                             être le secret de la prospérité de leur    Ramspacher, qui apportait chaque
                                                                                                             ferme. Ils ont fait des émules, alors      mois les sous de la collecte de lait.
                                                                                                             que René avoue qu’il n’aurait pas été      « On a repris l’exploitation en 1965,
                                                                                                             agriculteur s’il n’avait pas été l’aîné.   avec Marie », enchaîne René, sans
                                                                                                             Marie et René sont fiers de comp-          transition. Les premières années,                 Marie, René, leur fils Jacques et leur petit-fils Frédéric Lux,
                                                                                                             ter parmi leurs petits-enfants, pas        des betteraves, du blé, de l’orge, du             à Schnersheim, dans la cour de la ferme familiale.
                                                                                                                                                                                                          René tient une ancienne bineuse. © Germain Schmitt
                                                                                                             moins de trois agriculteurs : Frédéric     maïs, du houblon s’épanouissent
                                                                                                             Lux, 27 ans, de la SCEA du Lys, éle-       dans les champs sur 27 ha. Il y a
                    Abonnement                                                                               veur de poules pondeuses en plein          quinze truies, une centaine de porcs            c’est une exploitation de 35 ha que
     Vous rencontrez des difficultés ou des retards dans la livraison                                        air à Schnersheim ; Florian et Gau-        et 45 bovins à l’engraissement, pour            les époux Lux transmettent à Sylvia,
     de votre journal ? Angélique, responsable de notre service                                              thier Christ, respectivement gérant        valoriser la betterave sucrière. Les            leur belle-fille, l’épouse de Jacques,
     Abonnement, est là pour y remédier.                                                                     de la SAS Méthachrist et éleveur de        bovins sont en pension. « On était              qui associe Frédéric, leur fils, en
                                                                  03 88 56 90 75                             vaches laitières, à Woellenheim. Ces       rémunéré à la place, par des mar-               2016. « On a diminué l’élevage de
                                                                                                             derniers sont âgés de 27 et 24 ans.        chands de bestiaux », précise René.             porcs et arrêté l’engraissement,
                                                                                                             Les albums photos ouverts devant           Ils restaient à la ferme tout l’hiver et        quand on a commencé le tabac, en
                                                                                                             lui, René se souvient de sa jeunesse.      repartaient quand le fourrage était             1980 », explique René. Il a aussi ter-
                                      Edité par Société Anonyme d’Edition et de Publicité (SANEP)            « Chez nous, les vaches arrivaient         terminé. « Tout était dans le corps             miné sa carrière avec des légumes :
                                      13 rue Jean Mermoz – BP40 – 68127 Sainte Croix en Plaine               en dernière lactation. Elles étaient       de ferme », ajoute l’octogénaire. Les           céleri, ail. En 2019, plus question de
                                      Tél : 03 89 20 98 50 – Fax : 03 89 20 98 51 – sanep@phr.fr
                                      Société anonyme, capital de 144 150 €, durée 99 ans                    poussées à fond et engraissées. Un         bâtisses à colombage datent des                 cultiver du tabac, par contre. Fré-
Directeur général : Michel Busch                                                                             marchand de bestiaux les amenait           années 1800. Elles ont vu passer au             déric espère devenir autonome en
Principaux actionnaires : Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles                    de Lorraine. Il y en avait une ving-       moins dix générations de paysans,               alimentation pour ses pondeuses,
du Haut-Rhin, Chambre d’Agriculture Alsace, Sodiaal Union
Directeur de la publication : Michel Busch                                                                   taine. » René a arrêté l’école à 14 ans,   pense René Lux.                                 pour lesquelles il a créé une EARL.
Hebdomadaire. Prix de vente au numéro : 4 € - abonnement annuel : 108 €                                      comme Marie. À 16 ans, il a repris le                                                      Il livre à Bureland. René, son grand-
CPPAP : 0923 T 84079 – Dépôt légal : 12/2020 – ISSN : 0184-8550
Caractéristiques environnementales : Imprimé par : ROTOCHAMPAGNE 52000 Chaumont pour GRLI                    travail du vacher de la ferme, avec sa     L’autonomie alimentaire                         père, a aussi toujours fabriqué de
Origine géographique du papier : France. Taux de fibres recyclées : 100 %.                                   maman. « Il n’était pas très stable »,     « On ne pouvait pas être céréaliers,            l’aliment lui-même. À part pour les
Papier issus de forêts gérées durablement. Indicateur environnemental : Ptot : 0,011 kg/t.
Journal habilité pour l’insertion des publications judiciaires et légales.                                   argue-t-il. En 1960, René est appelé       on n’avait pas assez de surfaces. On            minéraux et les tourteaux de soja, ils
Contacts : Rédaction : redaction@phr.fr - Publicité : publicite@phr.fr – Annonces légales : annonce@phr.fr   pour deux ans. Il part en Algérie.         a grandi à coup de 3 ha », intervient           étaient autonomes en alimentation,
Abonnement : a.imhoff@est-agricole.com – Comptabilité : b.kieffer@est-agricole.com
                                                                                                             Sa maman tombe malade. Trois               Marie. En fin de carrière, en 1999,             détaille René.
PHR - Joyeux Noël - PAYSAN DU HAUT-RHIN
Au fil de l’actu                                                                                                                                                        phr.fr I Vendredi 25 décembre 2020       3

                     son de 60 chevaux. Une marque à              repris l’intégralité de l’exploitation       Du moins, ils ont stagné jusqu’à                     au Syl de l’actu…
                     laquelle les Goos sont restés fidèles.       en 1996.                                     aujourd’hui, alors que les frais aug-
                     « On avait un gros tracteur, pour            « À la fin de la construction du nou-        mentent, constate le retraité. « Pour
                     l’époque », dit Évelyne, en rigolant.        veau bâtiment, le prix du ciment             gagner autant, il faut faire plus »,
                     « On a fait un prêt, confie Alfred.          avait doublé », remarque Évelyne. La         conclut-il. « Ils ont connu l’inten-
                     Puis, on a vendu un cheval sur les           crise pétrolière a marqué les esprits.       sification de l’agriculture, observe
                     deux, pour acheter une herse et un           Autant que le service militaire d’Al-        Jean-Michel. On leur demandait
                     cultivateur (un vibroculteur, NDLR).         fred, dix ans auparavant. L’agricul-         de produire toujours plus. Il fallait
                     Quand on vendait des porcelets               teur a toujours vécu avec son temps.         avancer dans ce sens-là ou arrêter.
                     et des vaches, on achetait des               Il a suivi les évolutions de l’agricul-      Ils n’avaient pas de grandes sur-
                     machines », développe Évelyne.               ture. Mais les 28 mois d’armée, en           faces non plus. » Jusqu’au milieu des
                     Au fur et à mesure, les époux                grande partie en Afrique, dans les           années 1990, les animaux et leurs
                     acquièrent plus de terres. En 1964,          années 1960, l’avaient déphasé.              produits rapportaient d’ailleurs plus
                     ils cultivent 16 ha, augmentent la           « C’était dur de suivre quand je suis        que la terre.
                     production de betteraves. En 1968,           rentré. Ça évoluait vite à l’époque.         En 1996, juste avant leur retraite,
                     ils prennent soin de 2 ha de bet-            Pendant plus d’un an, en Algérie,            le couple Goos compte 45 ha de
                     teraves et sont passés de 30 à 87            on n’avait été au courant de rien »,         cultures et une soixantaine de
                     ares de houblon. Jean-Michel aidait          souligne-t-il. Il rend hommage aux           bovins. « Les porcs, il n’y en avait
                     à la ferme. Ses souvenirs sont vifs.         « bons techniciens » de la sucrerie,         plus depuis la fin des années
                     Au début des années 1970, une                notamment feu Pierre Mehl. « On lui          1970 », relève Jean-Michel. « Dès
                     soixantaine de bovins emplissent la          doit beaucoup », insiste Alfred Goos.        que les exploitations industrielles
                     nouvelle étable : vingt vaches et la         À partir de 1963, les Goos misent sur        sont apparues, ça n’a plus fonc-
                     suite. Les Goos livrent à Alsace Lait        la betterave, avec l’appui du tech-          tionné pour les petits », développe
                     encore aujourd’hui. Jean-Michel a            nicien. Pendant 30 ans, ensuite,             Évelyne. Alfred et elle terminent
                     appris beaucoup de son papa. « Je            ils enchaînent les essais variétaux,         leur carrière avec 10 ha de maïs, 8
                     savais déjà petit que je voulais faire       de désherbage. « Il a fait évoluer la        à 10 ha de blé, 7 ha de betteraves,         ensemble. Elle était dehors du matin          acquiesce. Quand ils étaient jeunes,
                     ce métier », dit l’homme de 58 ans,          culture de la betterave », tranche           un peu d’orge et une dizaine d’hec-         au soir. Elle conduisait la remorque          ils étaient à la ferme et c’est sa
                     qui s’est installé, après des études à       Alfred.                                      tares de prés. « Notre devise, encore       pendant les moissons, et heureu-              maman qui cuisinait. Évelyne a l’air
                     Obernai, en 1984 en partie, puis a                                                        aujourd’hui, est d’acheter le moins         sement », s’épanche Alfred. Évelyne           d’en avoir tout à fait pris son parti.
                                                                  Quand les animaux                            d’aliments possible », pointe Jean-
                                                                  rapportaient plus                            Michel Goos.
                                                                  En 1968, sonne l’heure des premiers          « Ce n’est pas 8 heures par jour de
                                                                  traitements sur la betterave. « Avant,       travail, ce métier. En été, c’est jusqu’à       Admiration mutuelle
                                                                  on semait en ligne, puis il fallait          12 heures ! », répond Alfred, quand
                                                                  démarier pour qu’il ne reste qu’une          on lui demande si son affaire était             Les Goos et les Lux se connaissent et s’estiment mutuellement. Jusque dans
                                                                  betterave tous les 20 cm, tout ça            rentable. « C’est le travail qui fait           les années 1990, le semoir de l’usine d’Erstein faisait le tour des exploita-
                                                                  à la binette. En 1968, le premier            tout », cadre-t-il. Le vieil homme a            tions. Il fallait le chercher ou le ramener chez le confrère. « La culture de
                                                                  semoir de précision monograine               donc attendu la fin de sa vie active,           betteraves a aidé les agriculteurs à se développer. Pendant des années,
                                                                  Tank est arrivé. Les premiers traite-        puis sa retraite, pour s’adonner à              elle a bien payé », raconte Jean-Michel Goos, qui est très confiant en cette
                                                                  ments dataient déjà de 1964. On a            son dada : les chevaux. Évelyne                 production, au regard des cours mondiaux. Alfred, son père, va voir le tas
                                                                  eu plus de rendement. Et, surtout,           n’en a cure. Est-ce qu’à la maison,             chaque année, quand ils arrachent. Les Lux le considèrent comme une
                                                                  il fallait moins de main-d’œuvre. Ça         ce ne serait pas elle qui tient les             référence, et vice-et-versa. Alfred partage ce proverbe : « Das alt behalt.
                                                                  évoluait vite », se rappelle Alfred. En      rênes ? « Ma compagne m’a tou-                  Das neue probier. Von beiden bestes raus studiert », qui veut littéralement
                                                                  1980, le rythme des améliorations            jours secondé. Sinon, ça n’aurait               dire « Gardez l’ancien. Essayez le nouveau. Tirez le meilleur des deux ».
Alfred et sa maman, à Blaesheim, à la fin des années 1950. © DR   ralentit. Dès 1990, les prix baissent.       pas marché. On travaillait toujours

                     « L’agriculture dans le Kochersberg          négociées à la remorque. Elles
                     doit être hyper spécialisée, parce           étaient déchargées, ensuite, dans
                     qu’elle ne peut pas rivaliser sur les        les wagons du tramway qui allait
                     marchés mondiaux. Il n’y a ni les            jusqu’à Erstein. » Dans les années
                     surfaces ni l’irrigation. On est obligé      1960, Marie et René voient arriver
                     de viser une clientèle locale », com-        une machine qui coupe les feuilles
                     mente Jacques Lux, 54 ans, tech-             des betteraves, tractée par un che-
                     nicien sur les lignes de fabrication         val, puis les épandeurs à fumier et
                     chez Mars, qui suit de près le travail       les premières arracheuses méca-
                     de son fils Frédéric. Le jeune homme         niques. L’achat des betteraves se
                     a d’ailleurs réduit les surfaces de bet-     fera alors en bout de champ. « On
                     teraves sucrières. Elles sont passées        négociait la tare terre au plus bas »,
                     de 24 ha (sur 75 ha de SAU), au plus         s’amuse René. Ils louent, à l’instar
                     haut de la production, en 2000, à            des Goos, les mérites de l’inspecteur
                     11 ha, aujourd’hui.                          de culture Pierre Mehl.
                     Jusqu’en 1955, René raconte que
                     les betteraves étaient prises et             Du tout manuel à la Ropa
                     nettoyées une à une, à la main.              « Il n’y avait pas le choix d’utiliser des
                     Les premières livraisons au tram-            herbicides et des pesticides car on
                     way à Wiwersheim datent de cette             semait moins », explique Marie Lux.
                     époque. « Les betteraves étaient             Avant 1964, les betteraves étaient
                                                                                                                 Marie Lux conduit un tracteur, dans les années 1950. Elle est fille d’agriculteurs de Minversheim. © DR

                                                                                                               bio ! Mais, avec l’arrivée des semoirs      manuel à la Ropa, l’avaleuse, qui met         délicieux mets, il faut de bons ingré-
                                                                                                               monograine et l’espacement des              au bout du champ. J’ai travaillé avec         dients. « L’agriculture d’aujourd’hui
                                                                                                               graines, il fallait qu’elles réussissent    un soc traîné sans relevage au début.         s’inspire de ce qui se faisait dans le
                                                                                                               toutes. « Si une foire, il y a un trou      Je tirais avec une ficelle. Les démar-        temps. Mon père a aussi vu qu’avec
                                                                                                               de 30 cm dans le rang », plaide             cheurs qui vendaient les graines et           la surproduction, on allait droit
                                                                                                               René. La mécanisation et la chimie          l’alimentation étaient à vélo ! » Marie       dans le mur. On prend un virage.
                                                                                                               ont remplacé les « betteraviers »,          conduisait l’effeuilleuse, dans les           Le consommateur est sensible
                                                                                                               ces saisonniers qui démariaient les         années 1970, tient encore à souli-            au bien-être animal. À Erstein, la
                                                                                                               betteraves, semées serrées, dans les        gner René, jusqu’à ce que les chan-           sucrerie démarre une filière bio.
                                                                                                               années 1950. « Ça a simplifié la vie,       tiers soient confiés à une entreprise         Les anciennes techniques vont être
                                                                                                               juge René Lux. Une Cuma s’est for-          de travaux agricoles.                         remises au goût du jour », estime
                                                                                                               mée dans le village. Tout le monde          Les hommes sont passionnés. Ils               Jacques Lux.
                                                                                                               participait. Il y avait des betteraves      narrent leur métier sans discon-
                                                                                                               dans chaque ferme, de 20 ares à             tinuer. Marie insiste pour que l’on
                                                                                                               7 ha, jusqu’à ce que certains lui pré-      goûte à tous ses bredeles. Ils sont
                                                                                                               fèrent le maïs. Nous, on a tout connu       excellents. « C’est l’essentiel »,               Dossier réalisé par Anne Frintz
                       René Lux traie une vache, dans les années 1960. © DR                                    du travail de la betterave : du tout        glisse-t-elle. Pour confectionner de
PHR - Joyeux Noël - PAYSAN DU HAUT-RHIN
Au fil de l’actu                                                                                                                                                                                         phr.fr I Vendredi 25 décembre 2020    4

                                                                                            Les agences MSA d’Alsace
                                                                                                 seront fermées
                                                                                                                               Communiqué CAC
                                   Adresse de correspondance :

                                                                                                                               4e mandat pour Jean-Michel Habig
                                   siège social de la MSA d’ALSACE                       les 24 et 31 décembre à 15h30,
                                   9 rue de Guebwiller 68023 COLMAR CEDEX                ainsi que l’accueil téléphonique
                                   ou par fax au 03 89 20 79 00                                   à partir de 12h.
          Sur Internet, vous avez accès 24h/24 à votre compte privé particulier ou entreprise.
                      Demandez votre mot de passe sur le site www.alsace.msa.fr                                                Le Conseil d’administration de la
                                                                                                                               CAC 68 (Coopérative agricole de
                                   Les Points d’accueil de la MSA                                                              céréales du Haut-Rhin), réuni le
 HORAIRES             COLMAR             ALTKIRCH        RIBEAUVILLÉ                  SOULTZ              MULHOUSE             1er décembre 2020, a réélu à l’unani-
  DE LA                 9 rue        Quartier Plessier      23 avenue           3 rue de Cernay         132 Av. R. Schuman     mité des voix Monsieur Jean-Michel
                      Guebwiller       bâtiment 6        du Gal de Gaulle        à côté de la Cave       (face au Kinépolis)
 SEMAINE                                                                     Vinicole du Vieil-Armand                          Habig en tant que président.
     lundi                            Uniquement          Uniquement            Uniquement                                     Le bureau présenté par le président
 21 décembre                            sur rdv             sur rdv               sur rdv                                      a été également réélu à l’unanimité
     mardi                            Uniquement                                                                               des voix.
                                                                                                             FERMÉ
 22 décembre                            sur rdv
   mercredi  Uniquement                                   Uniquement
 23 décembre   sur rdv                                      sur rdv
                                                                                                                               À l’aube de son 4e mandat, Jean-
     jeudi                                                                                                                     Michel Habig a précisé vouloir
 24 décembre                                                                                                                   continuer le développement de la
   vendredi                                                                                                                    stratégie actuelle en restant fidèle
 25 décembre                                                                                                                   aux valeurs de la Coopérative :
                                                                                                                               l’équité, la transparence et le res-
                                                             7 jours / 7                   9 h à 12 h et de 13h30 à 17h                                                                                                                            © CAC
Pour nous contacter                                      et 24 heures / 24                     (16h30 le vendredi)             pect.
               vos remboursements                                                                                              Au cours de l’exercice écoulé, la
               vos droits, votre carte Vitale,                                                                                 CAC a entre autres créé l’Union            franco-allemande E.C.U. qui gère           racheté la société Socobeval qui
                                                             rendez vous                          03 89 20 78 68
               votre carte européenne                                                                                          de commercialisation de céréales           1 million de tonnes sur le Rhin et         collecte 40 000 bovins.
               d’assurance maladie                     sur votre espace privé
                                                     puis utilisez les téléservices
               vos arrêts de travail                   «échanges et contact»                      03 69 22 76 35
Santé          votre complémentaire santé
                                                                                                  03 89 20 78 68
               solidaire (anciennement CMUC)
               votre complémentaire
                                                         gpcd@alsace.msa.fr                       03 89 80 22 22
                                                                                                                               Comptes de l’agriculture
               Mutualia
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               ou Pacifica
                                                         gpcd@alsace.msa.fr
                                                                                               Du lundi au vendredi
                                                                                                 de 8h30 à 12h
                                                                                                03 89 20 78 37
                                                                                                                               Le « PIB agricole » 2020 attendu en baisse
                                                   rendez vous sur votre espace                                                À l’occasion de la réunion de la Com-      de productions végétales de 4,6 %,         d’agriculture dans une note parue le
               vos prestations famille
Famille                                           privé puis utilisez les téléservices            03 89 20 78 68
               et logement
                                                       «échanges et contact»                                                   mission des comptes de l’agriculture       et par la fermeture des restaurants et     16 décembre.
            la gestion et la facturation                                                        03 89 20 79 37                 de la nation (CCAN) le 16 décembre,        la peste porcine africaine (PPA), qui      Les subventions sont en recul de
            des salariés de votre                                                           Du lundi au vendredi de            l’Insee a publié ses chiffres prévi-       ont fait plier la valeur des produits      4,5 %, dont « l’origine principale »
Cotisations
            entreprise
                                                   depotdocument@alsace.msa.fr
                                                                                          8h30 à 12h et de 13h30 à 17h         sionnels provisoires pour l’année          animaux de 1,3 %. Les productions          serait « la disparition du crédit
            vos cotisations personnelles                                                       03 89 20 78 86                  2020. Ils sont marqués par un repli        les plus touchées sont les céréales        d’impôt pour la compétitivité et
            ou la gestion                                                                   Du lundi au vendredi de
            de votre exploitation                                                         8h30 à 12h et de 13h30 à 17h
                                                                                                                               similaire à l’an passé, de 5,4 % en        (-18,7 % en volume), les plantes           l’emploi (CICE) transformé depuis
            votre première demande
                                                                                                                               euros courants de l’équivalent agri-       industrielles dont betteraves (-13,1 %     le 1er janvier 2019 en allégement
                                                             rendez vous
            de retraite, relevé de carrière            sur votre espace privé                                                  cole du PIB (valeur ajoutée brute au       en volume) et les légumes (-9,3 % en       de cotisations patronales ». Enfin,
Retraite                                                                                          03 89 20 78 68               coût des facteurs). Rapportée à l’actif,   volume).                                   les consommations intermédiaires
            votre retraite à l’étranger              puis utilisez les téléservices
            vos prestation retraite                    «échanges et contact»                                                   la baisse est de 4,7 %, et de 6,5 % en                                                restent stables (+0,3 %), les volumes
                                                                                        03 88 81 75 53                         euros constants ; son niveau reste         « Face à la crise globale provoquée        d’engrais ont connu un léger rebond
               adhérent retraité                             rendez vous              du lundi au vendredi
                                                        sur votre espace privé                                                 légèrement supérieur à la moyenne          par la pandémie de Covid 19, l’agri-       (+0,5 % en valeur, +3,7 % en volume)
Action                                                                            de 8h30 à 12h (sauf mercredi)
                                                     puis utilisez les téléservices                                            des années 2010, et significative-         culture française a tenu et a réussi       après une forte chute l’an passé. La
sociale                                                                                  03 88 81 75 17
                                                       «échanges et contact»                                                   ment supérieur à celle des années          à assurer la continuité de l’approvi-      consommation en énergies et lubri-
               adhérent actif et partenaire          actionsociale@alsace.msa.fr      du lundi au vendredi
                                                                                         de 8h30 à 12h                         2000.                                      sionnement en produits agricoles           fiants poursuit sa baisse en valeur
Assistance Internet                              assistanceinternet@umsage.msa.fr       0 969 363 703                          L’année 2020 a été marquée par les         pour les consommateurs et pour les         (-1,5 % après -0,9 %). La valeur des
                                                                                        (prix d’un appel local)
                                                                                                                               accidents climatiques (sécheresse,         industries de transformation agroali-      pesticides et produits phytosanitaires
Santé au travail                                   santeautravail.blf@alsace.msa.fr
                                                                                                                               canicule) qui ont grevé les volumes        mentaire », se félicitent les Chambres     décroît sous l’effet des prix (-2,5 %).
             Permanences téléphoniques des travailleurs sociaux
                                                                                                   03 68 00 76 73
Cernay - Colmar 2 - Wintzenheim                                    Olivia Mallet
                                                                                                  Mardi de 9h à 12h
Altkirch - Brunstatt - Masevaux - Mulhouse                                                         03 68 09 79 72
                                                                Guillaume Aubry
Saint-Louis                                                                                       Mardi de 9h à 12h
                                                                                                   03 89 20 78 39
Sainte Marie aux Mines                                           Adeline Banzet
                                                                                                  Lundi de 9h à 12h
Colmar 1 - Ensisheim - Guebwiller                                                                  03 68 09 79 62
                                                                Guillaume Aubry
Kingersheim - Rixheim                                                                             Mardi de 9h à 12h

Abattoir du Haut-Rhin
Rue du Laurier - Z.I. Les Pins 68700 CERNAY
Tél. 03 89 38 08 05 - Fax : 03 89 38 01 31
RECEPTION DES ANIMAUX                                          Les veaux non sevrés doivent être
POUR ABATTAGE :                                                emmenés à l’abattoir le jour même
Lundi : Réception de 6h à 8h porcs et                          de l’abattage entre 6h00 et 8h00.
ovins/caprins pour abattage le jour même.                      Les abattages devront obligatoirement
Mardi : Réception : 6h à 8h :                                  être réservés pour le jeudi 12 h
Bovins pour abattage jour.                                     de la semaine précédente.
8h à 12h : Bovins pour abattage                                L’abattoir se réserve le droit de différer
le lendemain.                                                  les abattages des animaux
Mercredi : Réception : 6h à 8h :                               non annoncés.
Bovins - Ovins - Caprins pour abattage jour.                   Les rendez-vous pour les prestations
Jeudi : Pas d’abattage                                         de découpe devront être pris
* Abattage Halal possible                                      un mois à l’avance minimum.
mardi et mercredi sur réservation.
                                                               L’abattage pour les animaux à test
ENLEVEMENT MARCHANDISES :                                      (né avant janvier 2002) ne se fera
Lundi au Jeudi : de 6h00 à 12h00                               que le mardi.

                             CICEVA
                          Conseil à l'entreprise

   Depuis 25 ans le CICEVA vous accompagne par son expertise indépendante
     sur l’installation, la mise en société, la transmission de votre patrimoine.
  Nous vous donnerons les conseils avisés et argumentés pour faire votre choix
                   parmi des solutions souvent multiples.
                            Marie-Christine Maillard - Anaïs Pfemmert
  Tél. 03 89 22 28 10 - contact@ciceva.fr - Maison de l’Agriculture - Ste Croix en Plaine
PHR - Joyeux Noël - PAYSAN DU HAUT-RHIN
Au fil de l’actu                                                                                                                                                   phr.fr I Vendredi 25 décembre 2020                   5

Édito

L’agriculture fourbit ses armes
Par Pascal Wittmann,
président, Joël Jecker,
secrétaire général,

                                                                                                                                                                                                               © Nicolas Bernard et © Germain Schmitt
Thomas Obrecht
et Sébastien Stoessel,
vice-présidents, de la
FDSEA du Haut-Rhin.

Rarement nous aurons été plus
soulagés de refermer le livre d’une
année, comme en 2020. Nous
avons une pensée émue pour les
familles touchées par l’épidémie,
la Covid-19 a durement éprouvé
l’agriculture haut-rhinoise. La pru-     Pascal Wittmann                           Joël Jecker                             Thomas Obrecht                              Sébastien Stoessel
dence reste de mise : démontrez
votre sens des responsabilités,          bien mais se méfiaient parfois de         et l’eau. Sur ces deux thèmes,          Pour gagner une guerre, il faut             Le défi climatique sera pour de
en vous protégeant, vous et vos          nos pratiques. Ils se rappellent          nous avons changé de braquet            aussi savoir nouer des alliances.           longues années au cœur de notre
familles, jusqu’à la sortie de cette     enfin que la production agricole          en 2020 : aucune concession             Sur ce plan, 2020 se termine sous           action : c’est un enjeu de survie
crise. Pour autant, 2020 est une         française est ESSENTIELLE à leur          ne sera faite, tant que les déci-       les meilleurs auspices. Le travail          pour notre agriculture. Ne nous
année riche d’enseignements,             propre survie. Elle remplit leurs         deurs, publics ou privés, n’auront      collaboratif engagé avec les Jeunes         laissons pas imposer des mesures
dont nous devons tirer profit pour       assiettes de produits fiables, goû-       pas pris en compte les besoins          Agriculteurs et l’Association des           par d’autres, soyons acteurs du
vivre mieux demain.                      teux, réguliers. Pour autant, cette       de l’agriculture. En matière de         viticulteurs d’Alsace a été fruc-           changement. Ce défi peut d’ail-
Tout d’abord, l’agriculture française    meilleure image de l’agriculture          gestion de la ressource en eau,         tueux et nous a rendus plus forts           leurs offrir des opportunités à nos
a tenu. L’année culturale se solde       n’est pas un acquis : nous devons         nos parents et grands-parents           pour relever les défis. C’est là toute      agriculteurs, par le développement
par des rendements hétérogènes,          l’entretenir, par des pratiques ver-      se sont battus pour obtenir des         l’utilité de nos syndicats : structu-       des énergies renouvelables. Nous
mais corrects en moyenne. Nos            tueuses et un dialogue soutenu            droits d’eau, nous défendrons bec       rés, engagés, solidaires, ils ont une       pourrions aussi améliorer les reve-
éleveurs s’accrochent avec cou-          avec nos concitoyens.                     et ongles cet héritage. En matière      force de frappe que les agriculteurs        nus agricoles, en tant qu’acteurs
rage, malgré des prix bas et les         Votre syndicat s’emploie aussi à          de foncier agricole, l’Alsace perd      seuls n’auraient jamais pu dévelop-         majeurs dans la captation du car-
aléas climatiques, et ils tiennent le    améliorer sa notoriété et à pous-         600 hectares par an. C’est en           per. Les commerçants et artisans            bone, en nous faisant rémunérer
cap. C’est le vignoble qui a le plus     ser les questions agricoles au cœur       toute logique que nous augmen-          nous l’envient de longue date.              pour ce service rendu à la collec-
souffert, nous devons le soutenir        de tous les débats publics : nous         tons la pression sur l’État, les col-   C’est la force du collectif. Elle n’est     tivité.
de toutes nos forces.                    avons rencontré de nombreux               lectivités locales, les promoteurs      jamais définitivement acquise, elle         Sachons saisir ces opportuni-
Une chose est sûre : dans la             parlementaires, des représentants         pour que l’objectif de moindre          s’entretient. Dans ce but, vos élus         tés ! L’équipe administrative de la
« guerre » évoquée en mars par le        des maires, les nouveaux préfet           artificialisation des terres ne soit    de la FDSEA ont besoin de votre             FDSEA, qui fait déjà une course
président de la République, nous         et directeur de la DDT. Syndicat          pas une chimère, mais devienne          soutien. Faites-vous connaître si           de fond pour vous servir, se pré-
sommes un levier majeur de la vic-       majoritaire, la FDSEA entend jouer        une réalité. Que notre position         vous voulez vous engager à nos              pare au marathon 2021 : elle vous
toire. Nous sommes la base arrière,      pleinement son rôle d’orientation         soit claire : nous ne nous oppo-        côtés, sur les innombrables sujets          accompagnera au maximum de
les combattants de l’ombre indis-        des politiques agricoles dans le          sons pas au progrès économique.         qui nous mobiliseront en 2021.              ses possibilités.
pensables à la lutte. Nous avons         Haut-Rhin.                                Nous demandons du bon sens,             La nouvelle Pac nous préoccupe.
continué à produire des aliments         Pour gagner une guerre, il faut           du respect pour l’agriculture et le     Aussi, nous nous battons pour faire         D’ici là, le conseil d’administration
exceptionnels par leur quantité et       savoir conduire des batailles,            droit de continuer à vivre de notre     reconnaître nos spécificités et sau-        de la FDSEA se joint à nous pour
leur qualité, et révélé nos capaci-      même périlleuses, pour la défense         travail. De notre détermination         vegarder la première filière céréa-         vous souhaiter de bonnes fêtes et
tés d’adaptation, de réactivité et       de valeurs fondamentales, ou              dépendra l’héritage que nous            lière du département : le maïs.             une excellente année 2021. Soyez
d’imagination. Ainsi est également       lorsque d’aucuns voudraient               laisserons à notre tour aux jeunes      Pour ce faire, nous devons être             prudents jusqu’à l’arrivée du vaccin,
lancée la reconquête du cœur             s’attaquer aux piliers fonda-             agriculteurs. Notre responsabilité      prêts à faire évoluer nos pratiques,        retrouvons-nous en forme dès les
des Français, qui nous aimaient          teurs de l’agriculture : le foncier       est énorme.                             afin de favoriser la biodiversité.          premiers jours de janvier !

Édito

Une jeunesse ambitieuse,
une volonté de faire autrement
Par Patrick Meyer                                                                                                          consommer local. L’agriculture              non-traitement, agribashing, fon-
                                                                                                                           française retrouve enfin sa place.          cier agricole, dégâts de gibier… À
et Jérémy Pflieger,                                                                                                        Cette agriculture fière, nourricière,       se demander si on peut encore
co-présidents                                                                                                              de qualité et indissociable à la vie !      parler d’installation. Et pourtant
des Jeunes Agriculteurs                                                                                                    Pourtant, le 29 avril 2020, un              l’installation est la clé ! Une jeu-
du Haut-Rhin.                                                                                                              accord est signé pour l’importa-            nesse ambitieuse, une volonté de
                                                                                                                           tion de 20 000 tonnes de viande             faire autrement, mieux, qui passe
Tout d’abord, nous souhaitons                                                                                              bovine venue directement du                 également par une envie de com-
avoir une pensée pour toutes les                                                                                           Mexique ! Faites ce que je dis mais         muniquer sur notre profession.
familles touchées par la Covid-19.                                                                                         ne faites pas comme moi… Dérou-             Nous avons foi en l’avenir et la jeu-
L’année 2020 touche enfin à sa                                                                                             tant ! Un président dont la parole          nesse, mobilisez-vous, faites-vous
fin… ouf ! Une année qui a débuté                                                                                          ne vaut même pas un renminbi.               entendre. Ensemble, l’agriculture
avec un climat sec et compliqué                                                                                            La suite de l’année, on la connaît          aura un avenir !
pour nos cultures végétales. À cela                                                                                        tous. Une vente directe qui dimi-           Les Jeunes Agriculteurs du Haut-
s’est ajoutée la pandémie, le fil                                                                                          nue lors du déconfinement, deux             Rhin vous souhaitent de belles
conducteur de 2020. Cependant                                                                                              filières fortement impactées par la         fêtes de fin d’année, malgré ce
dans l’obscurité, il y a la lumière.     Jérémy Pflieger (à gauche) et Patrick Meyer sont désormais, en binôme,            crise (la viticulture et l’horticulture),   contexte difficile.
En effet, à l’annonce du pre-            présidents des JA 68. © Jean-Michel Hell                                          une année culturale hétérogène et           Prenez soin de vous et de vos
mier confinement, nous avons                                                                                               un état sanitaire qui, en cette fin         proches. Respectez les gestes bar-
vu un boom pour toutes les               notamment preuve de solidarité            également que notre président           d’année, ne s’améliore pas.                 rières, autour d’une bonne bou-
filières agricoles en circuits courts.   au sein de notre profession et en         de la République a, dans ses dis-       2020 est une année très riche               teille de vin d’Alsace, et avec une
Notre agriculture a su s’adapter         veillant les uns sur les autres lors      cours, encouragé les Français à         également d’un point de vue syn-            belle rose de Noël pour agrémen-
à ce bouleversement, en faisant          de cette crise sanitaire. À noter         venir sur nos exploitations pour        dical. Gestion de l’eau, zones de           ter votre table.
PHR - Joyeux Noël - PAYSAN DU HAUT-RHIN
Au fil de l’actu                                                                                                                                                         phr.fr I Vendredi 25 décembre 2020     6

FDSEA et JA 68

Rencontre avec le député Bruno Fuchs
Après Olivier Becht et Raphaël Schellenberger, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs du Haut-Rhin poursuivent leur opération de sensibilisation
à l’égard des parlementaires. Le 14 décembre, ils ont donné rendez-vous au député de la majorité, Bruno Fuchs, à Hombourg, pour échanger
autour de plusieurs sujets d’actualité liés au monde agricole.
Si l’année 2021 s’annonce déter-                                                                                                       d’irrigation construits à cette époque       plus économe en terres agricoles »,
minante d’un point de vue éco-                                                                                                         se sont progressivement détério-             poursuit-il. La profession aimerait
nomique et sanitaire, elle le sera                                                                                                     rés au point de ne plus pouvoir être         ainsi que soit revu à la baisse le seuil
tout autant sur le plan agricole. Du                                                                                                   utilisés par endroits. Et l’État, pro-       par défaut établi dans le cadre de la
moins, sur les dossiers qui néces-                                                                                                     priétaire de ces infrastructures, sou-       compensation collective agricole,
sitent un positionnement politique                                                                                                     haiterait aujourd’hui s’en débarrasser       une mesure la Loi d’avenir pour
clair de la part des élus. Mais avant                                                                                                  pour en laisser la gestion à un orga-        l’agriculture de 2014 qui vise à ralen-
de se prononcer sur tel ou tel sujet                                                                                                   nisme plus local.                            tir le grignotage du foncier agricole.
et d’apporter son vote à un projet                                                                                                     « Mais avant de les céder, ça serait         « Sauf que cinq hectares pour une
de loi, il convient d’en saisir toutes                                                                                                 bien de les remettre en état. Pour-          zone périurbaine comme la nôtre,
les subtilités en ayant pris le temps,                                                                                                 quoi ne pas utiliser des fonds du            c’est trop, fait remarquer Joël Jecker.
au préalable, de s’être penché sur la                                                                                                  Plan de relance ? », s’interrogent           Autour de Paris, le préfet a abaissé
question. C’est ce qu’a fait le député                                                                                                 Joël Jecker et Pascal Wittmann.              ce seuil à un hectare. Sans aller
MoDem du Haut-Rhin, Bruno Fuchs,                                                                                                       Une hypothèse loin d’être saugre-            jusque-là, ne pourrait-on pas des-
le 14 décembre en répondant à l’in-                                                                                                    nue aux yeux de Bruno Fuchs : « Il y         cendre à deux ou trois hectares chez
vitation de la FDSEA et des Jeunes                                                                                                     a en effet pas mal d’argent dans ce          nous ? » « Cinq hectares par défaut,
Agriculteurs du Haut-Rhin. Ren-                                                                                                        plan (20 milliards d’euros, NDLR),           c’est absurde. Il faut désormais un
dez-vous était pris à 9 h 30 sur la             À la fin de la réunion, Bruno Fuchs a invité Pascal Wittmann à laisser un message      mais pour l’instant peu de projets           signe politique fort pour abaisser
ferme Brodhag, à Hombourg. Une                  vidéo destiné au ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. © Nicolas Bernard      en face. C’est donc le moment d’y            ce seuil », ajoute Pascal Wittmann.
exploitation de 250 hectares spé-                                                                                                      aller et de présenter des projets. »         Pour Thierry Engasser, le maire de
cialisée dans la culture de maïs, de         conditions d’application : pourront-         aux yeux de Pascal Wittmann, c’est           Selon les dernières études de fai-           Hombourg, il est également indis-
betteraves, et également prestataire         ils semer un maïs derrière comme             surtout l’obligation de rotation plus        sabilité datant des années 2000, il          pensable d’orienter les aménageurs
de services en pulvérisation, semis          c’est le cas en Autriche, ou devront-        importante qui inquiète les res-             faudrait compter dix millions d’euros        vers les friches industrielles ou équi-
et arrachage pour de nombreux                ils planter une autre culture l’année        ponsables de la FDSEA et des JA.             pour remettre en état ces canaux,            valentes : « Ces gens-là font avant
agriculteurs du sud du département.          suivante, voire les deux années sui-         « Aujourd’hui, la culture principale         à savoir refaire l’étanchéité et reti-       tout de la spéculation, et vont par
Cette ferme familiale gérée                  vantes comme c’est le cas en Bel-            représente 75 % de la SAU d’une              rer la vase. Il faudrait ajouter à cela      défaut là où le coût est moindre. Or,
aujourd’hui par Éric et Sébastien            gique ? « Nous cultivons 45 ha de            exploitation. Avec cette réforme             une enveloppe supplémentaire de              il a été prouvé à maintes reprises
est pleinement concernée par les             betteraves. Si nous devions nous             telle qu’elle est annoncée, on pas-          deux à trois millions, par site, pour        qu’on pouvait aménager un site pol-
actuelles ou futures évolutions              passer de maïs les deux années               serait automatiquement à 50 %                remettre les vannes en état. Cette           lué sans que cela ne pose problème.
réglementaires et législatives autour        suivantes, c’est 90 ha d’une autre           dans le Haut-Rhin. Cela pénaliserait         problématique de l’eau ne s’arrête           Mulhouse est d’ailleurs un très bon
de l’agriculture : la réforme de la Pac      culture que nous devrions prévoir.           beaucoup d’exploitations céréa-              pas à ces canaux en mauvais état.            exemple en la matière. »
et ses conséquences sur la culture           Or, cela demande du matériel que             lières, mais aussi beaucoup d’éle-           Les représentants de la FDSEA                La FDSEA et les JA du Haut-Rhin
maïsicole, les modalités d’appli-            nous n’avons pas et qui coûte cher »,        vages qui ont besoin de maïs pour            et des JA rappellent au député la            ont terminé la réunion en abor-
cation des néonicotinoïdes sur les           expliquent-ils. Ils ont beau faire par-      le bol alimentaire de leurs bêtes »,         nécessité de pouvoir entretenir les          dant brièvement les probléma-
cultures betteravières, le grignote-         tie d’une Cuma pour l’acquisition et         indique Pascal Wittmann. Le secré-           ruisseaux. « C’est une demande que           tiques liés à la chasse, notamment
ment du foncier agricole au profit de        l’utilisation de leurs machines, une         taire général des JA 68, Nicolas Die-        nous avons depuis longtemps. Tout            les dégâts de corbeaux qui vont
zones résidentielles, artisanales ou         telle perspective leur semble irréali-       terich explique au député pourquoi :         comme celle d’être systématique-             en augmentant dans la plaine, et
commerciales, ou encore la ques-             sable à court terme. « On attend les         « Même pendant une année sèche,              ment associés à tous les dossiers qui        le « plan pollinisateurs » annoncé
tion épineuse de la ressource en eau         décrets d’application mais on craint         on aura toujours du rendement                concernent la gestion de l’eau sur           début novembre par la ministre de
liée notamment à l’entretien des             que les pouvoirs publics choisissent         avec le maïs, pour peu qu’il soit irri-      nos territoires. Aujourd’hui, c’est loin     l’Écologie, Barbara Pompili, et pré-
canaux vétustes de la Hardt.                 l’option la plus contraignante pour          gué. L’herbe, c’est plus compliqué.          d’être le cas, sauf quand il s’agit de       senté à la profession agricole début
                                             nous », souligne Éric Brodhag.               Les éleveurs de montagne sont                nous pointer du doigt. Il faut que ça        décembre. « Elle nous a donné
La crainte du « moins de maïs »              Cette crainte du « moins de maïs »           contraints aujourd’hui de demander           change », estime Pascal Wittmann.            huit jours pour faire des observa-
Si les frères Brodhag se réjouissent         est renforcée par l’orientation qu’est       de plus en plus de maïs pour nourrir                                                      tions. C’est un ultimatum que nous
de la réautorisation temporaire des          en train de prendre la future réforme        leurs bêtes. »                               Envoyer un signal « fort »                   n’acceptons pas. Il faut nous laisser
néonicotinoïdes sur les semences             de la Pac. Au-delà de la convergence         Les syndicats sont convaincus que la         aux spéculateurs de foncier                  un délai plus long afin qu’on ait le
de betteraves, ils se demandent              des aides qui mettrait « en péril » bon      rotation prévue dans la nouvelle Pac         Si l’eau est indispensable à l’activité      temps de mettre en œuvre quelque
néanmoins quelles seront les                 nombre d’exploitations alsaciennes           n’est pas une finalité. L’Association        agricole, la terre l’est tout autant.        chose de correct », souhaite Pascal
                                                                                          générale des producteurs de maïs             Une évidence en soi, sauf pour les           Wittmann. Déjà très présent aux
                                                                                          (AGPM) a ainsi réfléchi à des déroga-        pouvoirs publics indique le syndicat         côtés du monde agricole au cours
                                                                                          tions qui permettraient de maintenir         majoritaire des agriculteurs dans le         de ces derniers mois, Bruno Fuchs
   L’horticulture,                                                                        une sole de maïs à hauteur de 75 %           Haut-Rhin. Chaque année, ce sont             s’est engagé à relayer les inquié-
   une filière « essentielle » à soutenir                                                 de la SAU globale de l’exploitation.         600 ha de terres agricoles qui dispa-        tudes des professionnels agri-
                                                                                          « Ce que nous voulons proposer,              raissent en Alsace. « Depuis que j’ai        coles au ministre de l’Agriculture,
                                                                                          c’est un plan mellifère qui permet-          démarré il y a 25 ans, j’ai perdu 85 ha      Julien Denormandie. Quelqu’un de
                                                                                          trait d’augmenter le bol alimentaire         de terres en location. Pour continuer        « clair » et « carré » sur les questions
                                                                                          des abeilles en créant des zones qui         à exister, on a dû s’étendre entre           agricoles, mais aussi très « acces-
                                                                                          leur seraient dédiées. En parallèle,         Belfort et Feldkirch », témoigne             sible » grâce à la magie des télé-
                                                                                          nous proposons la mise en place des          Pascal Wittmann. Comme sur le                phones portables selon lui. Pascal
                                                                                          cultures intermédiaires avec du              dossier de l’eau, il voudrait que la         Wittmann a pu le constater de lui-
                                                                                          sous-semis. Ce sont des mesures              profession agricole soit davantage           même en l’invitant, via un message
                                                                                          compensatoires qui seraient béné-            associée aux discussions relatives à         vidéo enregistré sur le téléphone du
                                                                                          fiques à bien des égards. Il faut que        l’aménagement du territoire. « Nous          député, à venir découvrir d’un peu
                                                                                          vous nous souteniez dans ce dos-             ne sommes pas contre le déve-                plus près les réalités et difficultés de
                                                                                          sier. Car si l’Europe fixe le cadre, c’est   loppement économique en soi. Ce              l’agriculture haut-rhinoise.
                                                                                          bien chaque pays qui fixe les moda-          que nous voulons, c’est un déve-
                                                                                          lités sur son territoire », lance Pascal     loppement économique qui soit                                     Nicolas Bernard
                                                                                          Wittmann à Bruno Fuchs.

                                                                                          Le Plan de relance
                                                                                          pour les canaux de la Hardt ?
   Le représentant des pépiniéristes et horticulteurs d’Alsace, Paul-André Keller,
   a demandé au député Bruno Fuchs de ne pas oublier cette filière agricole               Mais pour faire du maïs, comme
   « essentielle » dans les prochains mois.                                               toute autre culture d’ailleurs, il faut
                                                                                          de l’eau. « Sans elle, on ne peut
   Le président des horticulteurs et pépiniéristes d’Alsace, Paul-André                   rien faire en agriculture. » La ges-
   Keller, a profité de cette rencontre pour sensibiliser Bruno Fuchs à la                tion de cette ressource si précieuse
   nécessité de « ne pas oublier » la filière qu’il représente. « Vous avez été           est aujourd’hui un gros souci dans
   à nos côtés au printemps et je vous en remercie. Cela a été compliqué                  la Hardt. Une zone qui a pourtant
   économiquement et moralement, mais nous avons au final réussi à                        bénéficié d’une irrigation de qua-
   sauver notre saison grâce à notre dynamisme, notre imagination et à                    lité depuis les années 1960 et qui
   la météo. Mais il ne faudra pas que cela se reproduise au printemps                    a dynamisé le secteur. « Avant, les
   2021. On ne pourra pas se permettre une nouvelle fois d’être mis sur                   corbeaux volaient à l’envers pour
   le carreau. Nous sommes une production agricole comme une autre,                       ne pas voir la misère en dessous »,
   essentielle pour bon nombre de nos concitoyens. Nous aurons besoin                     souligne le secrétaire général de la
   de vous dans les prochaines semaines. »                                                FDSEA du Haut-Rhin, Joël Jecker.               Les frères Brodhag, comme tant d’autres agriculteurs ayant le même profil,
                                                                                          Sauf qu’avec le temps, les canaux              s’inquiètent des évolutions annoncées de la future Pac.
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