PHR - Joyeux Noël - PAYSAN DU HAUT-RHIN
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PHR PAYSAN DU HAUT-RHIN H E B D O M A D A I R E A G R I C O L E , V I T I C O L E E T R U R A L VENDREDI 25 DÉCEMBRE 2020 • N°52 • 4,00 € EAVPHR | @EAVPHR | Agriculture innovante | www.phr.fr J o y e u x N o ë l Photos © Caroline Mouromtsev - DR - Montage : CKL
Au fil de l’actu phr.fr I Vendredi 25 décembre 2020 2 Vie des journaux Évelyne et Alfred Goos de Hurtigheim Christophe Reibel prend sa retraite « La ferme s’est agrandie Après 19 ans de collaboration assidue avec les rédactions du Pay- san du Haut-Rhin et de L’Est agricole et viticole, Christophe Reibel signe cette semaine son dernier « Côté viti », une rubrique qu’il aura progressivement » fait vivre pendant des années, tout comme les rubriques mensuelles « Côté élevage » et « Côté culture ». Nous aurons encore le plaisir de Passionné de chevaux et d’attelage, Alfred Goos, 84 ans, lire sa plume à l’occasion du dossier spécial « Regards », point de vue se promène encore en calèche avec son Fjord Aninka, exhaustif de l’année des filières alsaciennes, à paraître début 2021. Dès la semaine prochaine, deux journalistes, bien connues de nos dans les champs, à Hurtigheim. Son épouse Évelyne, lecteurs assidus, reprendront ce micro tendu, notamment à la viticul- 85 ans, ne l’accompagne pas mais ils n’en sont pas moins ture de notre région : Cécile Hans et Florence Péry. complices. Retraités depuis 1996, Évelyne et Alfred Toute l’équipe du Paysan du Haut-Rhin et de L’Est agricole et viticole salue le grand observateur de l’agriculture alsacienne qu’a été Chris- racontent l’évolution de leur exploitation. tophe Reibel. Un professionnel apprécié tant par ses collaborateurs, Dans la stub traditionnelle toute jours eu une exploitation dans cette ses lecteurs et ceux qu’il a croisé au fil des années sur le terrain. Bonne de bois parée, datant de 1800 et cour. Les Wick (son nom de jeune retraite ! Ça s’arrose ! (Avec un vin d’Alsace, bien sûr.) quelques, Évelyne, Alfred et Jean- fille, NDLR) sont ici depuis 1616 ! », Michel, leur fils, sortent les albums s’exclame Évelyne, fière de cet héri- La rédaction photos. Rares sont celles en noir et tage. Le grand-père d’Alfred, lui, était blanc mais ils ont trouvé quelques forgeron mais « chaque artisan était Évelyne, Alfred et Jean-Michel Goos, au volant d’un pépites. Alfred, qui vient de se prê- aussi agriculteur », pointe l’ancien tracteur de 1977, dans la cour de la ferme familiale, ter au jeu des photos avec son che- exploitant. C’est un frère d’Alfred qui en cœur de village de Hurtigheim. © Germain Schmitt val, dans la cour de la ferme, où a pris la suite à Blaesheim. Évelyne et trône une vieille auge en grès fleu- Alfred se sont installés à Hurtigheim. rie, est heureux. « La succession est « On a commencé par 9 ha », se livrées. « La récolte était trop bonne, assurée », lance-t-il. Jean-Michel souvient Alfred Goos. « Ma maman cette année-là », explique-t-il. Le Goos travaille aujourd’hui en EARL et moi, on travaillait avec un ouvrier. reste des betteraves a très certaine- (EARL de la Musau), associé à son On ne pouvait pas faire plus. Tout ment été distribué aux bêtes. gendre Thomas Litt, et épaulé de sa était fait à la main », précise Évelyne. conjointe, salariée. Quand Alfred devient chef d’exploi- Un gros tracteur pour l’époque Issu d’une famille d’agriculteurs de tation, exit l’ouvrier. Il y a cinq vaches, Jean-Michel naît en 1962, sa sœur Blaesheim, Alfred a épousé Évelyne, deux chevaux et six truies. Dans les Marylène, en 1964. « On pouvait en 1961. Ils ont repris, la même année, champs, ils cultivent du blé, de la vivre, souligne Évelyne. On ne la ferme des parents d’Évelyne à luzerne, du houblon, bien rémuné- dépensait pas plus que ce que l’on Hurtigheim, où ils vivent toujours rateur à l’époque - « tout le monde avait. » Alfred ajoute : « Il y avait aujourd’hui avec Jean-Michel et sa en avait », glisse Évelyne - et des peu de production mais les prix famille. Tous deux ont travaillé dès betteraves fourragères pour les ani- étaient là. » Pourtant, les années leurs 14 ans. Le père d’Évelyne est maux. En 1962, poussés par la sucre- 1960 voient les débuts de la méca- Encarté dans ce numéro mort quand elle en avait 13. « Depuis rie d’Erstein, ils récoltent 40 ares de nisation. Alfred achète son premier le Supplément « RETROspective 2020 », le début du XIXe siècle, il y a tou- betteraves. Seules 9 tonnes sont tracteur en 1961, un Massey Fergu- Ft 22 x 24 cm - 60 pages - quadri. René et Marie Lux de Schnersheim à découvrir sur le net La vidéo d’Ilo De la polyculture à la spécialisation Cette semaine, sur notre chaîne Youtube Agriculture innovante : « Des élèves de Terminale CGEA Trois générations vivent à la ferme Lux, à Schnersheim. d’Obernai échangent avec de jeunes agriculteurs maliens ». René, 80 ans, a transmis à Frédéric, son petit-fils, qui se lance dans un élevage de poules en plein air. Les époux Lux n’ont eu de cesse de s’adapter pour durer. La relève leur emboîte le pas. Ils témoignent. « On est un bon tandem. Il n’y en ouvriers travaillent avec son père : a pas un qui tire à droite et l’autre « Des zigotos », lâche-t-il. Quand qui tire à gauche », confie d’emblée il revient de son service militaire, René Lux, à propos du couple qu’il il décide d’arrêter les vaches. Il ne forme depuis 1964 avec Marie, veut plus faire de lait. Petite anec- 79 ans. Cette bonne entente semble dote : c’est Maria, la maman de Denis être le secret de la prospérité de leur Ramspacher, qui apportait chaque ferme. Ils ont fait des émules, alors mois les sous de la collecte de lait. que René avoue qu’il n’aurait pas été « On a repris l’exploitation en 1965, agriculteur s’il n’avait pas été l’aîné. avec Marie », enchaîne René, sans Marie et René sont fiers de comp- transition. Les premières années, Marie, René, leur fils Jacques et leur petit-fils Frédéric Lux, ter parmi leurs petits-enfants, pas des betteraves, du blé, de l’orge, du à Schnersheim, dans la cour de la ferme familiale. René tient une ancienne bineuse. © Germain Schmitt moins de trois agriculteurs : Frédéric maïs, du houblon s’épanouissent Lux, 27 ans, de la SCEA du Lys, éle- dans les champs sur 27 ha. Il y a Abonnement veur de poules pondeuses en plein quinze truies, une centaine de porcs c’est une exploitation de 35 ha que Vous rencontrez des difficultés ou des retards dans la livraison air à Schnersheim ; Florian et Gau- et 45 bovins à l’engraissement, pour les époux Lux transmettent à Sylvia, de votre journal ? Angélique, responsable de notre service thier Christ, respectivement gérant valoriser la betterave sucrière. Les leur belle-fille, l’épouse de Jacques, Abonnement, est là pour y remédier. de la SAS Méthachrist et éleveur de bovins sont en pension. « On était qui associe Frédéric, leur fils, en 03 88 56 90 75 vaches laitières, à Woellenheim. Ces rémunéré à la place, par des mar- 2016. « On a diminué l’élevage de derniers sont âgés de 27 et 24 ans. chands de bestiaux », précise René. porcs et arrêté l’engraissement, Les albums photos ouverts devant Ils restaient à la ferme tout l’hiver et quand on a commencé le tabac, en lui, René se souvient de sa jeunesse. repartaient quand le fourrage était 1980 », explique René. Il a aussi ter- Edité par Société Anonyme d’Edition et de Publicité (SANEP) « Chez nous, les vaches arrivaient terminé. « Tout était dans le corps miné sa carrière avec des légumes : 13 rue Jean Mermoz – BP40 – 68127 Sainte Croix en Plaine en dernière lactation. Elles étaient de ferme », ajoute l’octogénaire. Les céleri, ail. En 2019, plus question de Tél : 03 89 20 98 50 – Fax : 03 89 20 98 51 – sanep@phr.fr Société anonyme, capital de 144 150 €, durée 99 ans poussées à fond et engraissées. Un bâtisses à colombage datent des cultiver du tabac, par contre. Fré- Directeur général : Michel Busch marchand de bestiaux les amenait années 1800. Elles ont vu passer au déric espère devenir autonome en Principaux actionnaires : Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles de Lorraine. Il y en avait une ving- moins dix générations de paysans, alimentation pour ses pondeuses, du Haut-Rhin, Chambre d’Agriculture Alsace, Sodiaal Union Directeur de la publication : Michel Busch taine. » René a arrêté l’école à 14 ans, pense René Lux. pour lesquelles il a créé une EARL. Hebdomadaire. Prix de vente au numéro : 4 € - abonnement annuel : 108 € comme Marie. À 16 ans, il a repris le Il livre à Bureland. René, son grand- CPPAP : 0923 T 84079 – Dépôt légal : 12/2020 – ISSN : 0184-8550 Caractéristiques environnementales : Imprimé par : ROTOCHAMPAGNE 52000 Chaumont pour GRLI travail du vacher de la ferme, avec sa L’autonomie alimentaire père, a aussi toujours fabriqué de Origine géographique du papier : France. Taux de fibres recyclées : 100 %. maman. « Il n’était pas très stable », « On ne pouvait pas être céréaliers, l’aliment lui-même. À part pour les Papier issus de forêts gérées durablement. Indicateur environnemental : Ptot : 0,011 kg/t. Journal habilité pour l’insertion des publications judiciaires et légales. argue-t-il. En 1960, René est appelé on n’avait pas assez de surfaces. On minéraux et les tourteaux de soja, ils Contacts : Rédaction : redaction@phr.fr - Publicité : publicite@phr.fr – Annonces légales : annonce@phr.fr pour deux ans. Il part en Algérie. a grandi à coup de 3 ha », intervient étaient autonomes en alimentation, Abonnement : a.imhoff@est-agricole.com – Comptabilité : b.kieffer@est-agricole.com Sa maman tombe malade. Trois Marie. En fin de carrière, en 1999, détaille René.
Au fil de l’actu phr.fr I Vendredi 25 décembre 2020 3 son de 60 chevaux. Une marque à repris l’intégralité de l’exploitation Du moins, ils ont stagné jusqu’à au Syl de l’actu… laquelle les Goos sont restés fidèles. en 1996. aujourd’hui, alors que les frais aug- « On avait un gros tracteur, pour « À la fin de la construction du nou- mentent, constate le retraité. « Pour l’époque », dit Évelyne, en rigolant. veau bâtiment, le prix du ciment gagner autant, il faut faire plus », « On a fait un prêt, confie Alfred. avait doublé », remarque Évelyne. La conclut-il. « Ils ont connu l’inten- Puis, on a vendu un cheval sur les crise pétrolière a marqué les esprits. sification de l’agriculture, observe deux, pour acheter une herse et un Autant que le service militaire d’Al- Jean-Michel. On leur demandait cultivateur (un vibroculteur, NDLR). fred, dix ans auparavant. L’agricul- de produire toujours plus. Il fallait Quand on vendait des porcelets teur a toujours vécu avec son temps. avancer dans ce sens-là ou arrêter. et des vaches, on achetait des Il a suivi les évolutions de l’agricul- Ils n’avaient pas de grandes sur- machines », développe Évelyne. ture. Mais les 28 mois d’armée, en faces non plus. » Jusqu’au milieu des Au fur et à mesure, les époux grande partie en Afrique, dans les années 1990, les animaux et leurs acquièrent plus de terres. En 1964, années 1960, l’avaient déphasé. produits rapportaient d’ailleurs plus ils cultivent 16 ha, augmentent la « C’était dur de suivre quand je suis que la terre. production de betteraves. En 1968, rentré. Ça évoluait vite à l’époque. En 1996, juste avant leur retraite, ils prennent soin de 2 ha de bet- Pendant plus d’un an, en Algérie, le couple Goos compte 45 ha de teraves et sont passés de 30 à 87 on n’avait été au courant de rien », cultures et une soixantaine de ares de houblon. Jean-Michel aidait souligne-t-il. Il rend hommage aux bovins. « Les porcs, il n’y en avait à la ferme. Ses souvenirs sont vifs. « bons techniciens » de la sucrerie, plus depuis la fin des années Au début des années 1970, une notamment feu Pierre Mehl. « On lui 1970 », relève Jean-Michel. « Dès soixantaine de bovins emplissent la doit beaucoup », insiste Alfred Goos. que les exploitations industrielles nouvelle étable : vingt vaches et la À partir de 1963, les Goos misent sur sont apparues, ça n’a plus fonc- suite. Les Goos livrent à Alsace Lait la betterave, avec l’appui du tech- tionné pour les petits », développe encore aujourd’hui. Jean-Michel a nicien. Pendant 30 ans, ensuite, Évelyne. Alfred et elle terminent appris beaucoup de son papa. « Je ils enchaînent les essais variétaux, leur carrière avec 10 ha de maïs, 8 savais déjà petit que je voulais faire de désherbage. « Il a fait évoluer la à 10 ha de blé, 7 ha de betteraves, ensemble. Elle était dehors du matin acquiesce. Quand ils étaient jeunes, ce métier », dit l’homme de 58 ans, culture de la betterave », tranche un peu d’orge et une dizaine d’hec- au soir. Elle conduisait la remorque ils étaient à la ferme et c’est sa qui s’est installé, après des études à Alfred. tares de prés. « Notre devise, encore pendant les moissons, et heureu- maman qui cuisinait. Évelyne a l’air Obernai, en 1984 en partie, puis a aujourd’hui, est d’acheter le moins sement », s’épanche Alfred. Évelyne d’en avoir tout à fait pris son parti. Quand les animaux d’aliments possible », pointe Jean- rapportaient plus Michel Goos. En 1968, sonne l’heure des premiers « Ce n’est pas 8 heures par jour de traitements sur la betterave. « Avant, travail, ce métier. En été, c’est jusqu’à Admiration mutuelle on semait en ligne, puis il fallait 12 heures ! », répond Alfred, quand démarier pour qu’il ne reste qu’une on lui demande si son affaire était Les Goos et les Lux se connaissent et s’estiment mutuellement. Jusque dans betterave tous les 20 cm, tout ça rentable. « C’est le travail qui fait les années 1990, le semoir de l’usine d’Erstein faisait le tour des exploita- à la binette. En 1968, le premier tout », cadre-t-il. Le vieil homme a tions. Il fallait le chercher ou le ramener chez le confrère. « La culture de semoir de précision monograine donc attendu la fin de sa vie active, betteraves a aidé les agriculteurs à se développer. Pendant des années, Tank est arrivé. Les premiers traite- puis sa retraite, pour s’adonner à elle a bien payé », raconte Jean-Michel Goos, qui est très confiant en cette ments dataient déjà de 1964. On a son dada : les chevaux. Évelyne production, au regard des cours mondiaux. Alfred, son père, va voir le tas eu plus de rendement. Et, surtout, n’en a cure. Est-ce qu’à la maison, chaque année, quand ils arrachent. Les Lux le considèrent comme une il fallait moins de main-d’œuvre. Ça ce ne serait pas elle qui tient les référence, et vice-et-versa. Alfred partage ce proverbe : « Das alt behalt. évoluait vite », se rappelle Alfred. En rênes ? « Ma compagne m’a tou- Das neue probier. Von beiden bestes raus studiert », qui veut littéralement 1980, le rythme des améliorations jours secondé. Sinon, ça n’aurait dire « Gardez l’ancien. Essayez le nouveau. Tirez le meilleur des deux ». Alfred et sa maman, à Blaesheim, à la fin des années 1950. © DR ralentit. Dès 1990, les prix baissent. pas marché. On travaillait toujours « L’agriculture dans le Kochersberg négociées à la remorque. Elles doit être hyper spécialisée, parce étaient déchargées, ensuite, dans qu’elle ne peut pas rivaliser sur les les wagons du tramway qui allait marchés mondiaux. Il n’y a ni les jusqu’à Erstein. » Dans les années surfaces ni l’irrigation. On est obligé 1960, Marie et René voient arriver de viser une clientèle locale », com- une machine qui coupe les feuilles mente Jacques Lux, 54 ans, tech- des betteraves, tractée par un che- nicien sur les lignes de fabrication val, puis les épandeurs à fumier et chez Mars, qui suit de près le travail les premières arracheuses méca- de son fils Frédéric. Le jeune homme niques. L’achat des betteraves se a d’ailleurs réduit les surfaces de bet- fera alors en bout de champ. « On teraves sucrières. Elles sont passées négociait la tare terre au plus bas », de 24 ha (sur 75 ha de SAU), au plus s’amuse René. Ils louent, à l’instar haut de la production, en 2000, à des Goos, les mérites de l’inspecteur 11 ha, aujourd’hui. de culture Pierre Mehl. Jusqu’en 1955, René raconte que les betteraves étaient prises et Du tout manuel à la Ropa nettoyées une à une, à la main. « Il n’y avait pas le choix d’utiliser des Les premières livraisons au tram- herbicides et des pesticides car on way à Wiwersheim datent de cette semait moins », explique Marie Lux. époque. « Les betteraves étaient Avant 1964, les betteraves étaient Marie Lux conduit un tracteur, dans les années 1950. Elle est fille d’agriculteurs de Minversheim. © DR bio ! Mais, avec l’arrivée des semoirs manuel à la Ropa, l’avaleuse, qui met délicieux mets, il faut de bons ingré- monograine et l’espacement des au bout du champ. J’ai travaillé avec dients. « L’agriculture d’aujourd’hui graines, il fallait qu’elles réussissent un soc traîné sans relevage au début. s’inspire de ce qui se faisait dans le toutes. « Si une foire, il y a un trou Je tirais avec une ficelle. Les démar- temps. Mon père a aussi vu qu’avec de 30 cm dans le rang », plaide cheurs qui vendaient les graines et la surproduction, on allait droit René. La mécanisation et la chimie l’alimentation étaient à vélo ! » Marie dans le mur. On prend un virage. ont remplacé les « betteraviers », conduisait l’effeuilleuse, dans les Le consommateur est sensible ces saisonniers qui démariaient les années 1970, tient encore à souli- au bien-être animal. À Erstein, la betteraves, semées serrées, dans les gner René, jusqu’à ce que les chan- sucrerie démarre une filière bio. années 1950. « Ça a simplifié la vie, tiers soient confiés à une entreprise Les anciennes techniques vont être juge René Lux. Une Cuma s’est for- de travaux agricoles. remises au goût du jour », estime mée dans le village. Tout le monde Les hommes sont passionnés. Ils Jacques Lux. participait. Il y avait des betteraves narrent leur métier sans discon- dans chaque ferme, de 20 ares à tinuer. Marie insiste pour que l’on 7 ha, jusqu’à ce que certains lui pré- goûte à tous ses bredeles. Ils sont fèrent le maïs. Nous, on a tout connu excellents. « C’est l’essentiel », Dossier réalisé par Anne Frintz René Lux traie une vache, dans les années 1960. © DR du travail de la betterave : du tout glisse-t-elle. Pour confectionner de
Au fil de l’actu phr.fr I Vendredi 25 décembre 2020 4 Les agences MSA d’Alsace seront fermées Communiqué CAC Adresse de correspondance : 4e mandat pour Jean-Michel Habig siège social de la MSA d’ALSACE les 24 et 31 décembre à 15h30, 9 rue de Guebwiller 68023 COLMAR CEDEX ainsi que l’accueil téléphonique ou par fax au 03 89 20 79 00 à partir de 12h. Sur Internet, vous avez accès 24h/24 à votre compte privé particulier ou entreprise. Demandez votre mot de passe sur le site www.alsace.msa.fr Le Conseil d’administration de la CAC 68 (Coopérative agricole de Les Points d’accueil de la MSA céréales du Haut-Rhin), réuni le HORAIRES COLMAR ALTKIRCH RIBEAUVILLÉ SOULTZ MULHOUSE 1er décembre 2020, a réélu à l’unani- DE LA 9 rue Quartier Plessier 23 avenue 3 rue de Cernay 132 Av. R. Schuman mité des voix Monsieur Jean-Michel Guebwiller bâtiment 6 du Gal de Gaulle à côté de la Cave (face au Kinépolis) SEMAINE Vinicole du Vieil-Armand Habig en tant que président. lundi Uniquement Uniquement Uniquement Le bureau présenté par le président 21 décembre sur rdv sur rdv sur rdv a été également réélu à l’unanimité mardi Uniquement des voix. FERMÉ 22 décembre sur rdv mercredi Uniquement Uniquement 23 décembre sur rdv sur rdv À l’aube de son 4e mandat, Jean- jeudi Michel Habig a précisé vouloir 24 décembre continuer le développement de la vendredi stratégie actuelle en restant fidèle 25 décembre aux valeurs de la Coopérative : l’équité, la transparence et le res- 7 jours / 7 9 h à 12 h et de 13h30 à 17h © CAC Pour nous contacter et 24 heures / 24 (16h30 le vendredi) pect. vos remboursements Au cours de l’exercice écoulé, la vos droits, votre carte Vitale, CAC a entre autres créé l’Union franco-allemande E.C.U. qui gère racheté la société Socobeval qui rendez vous 03 89 20 78 68 votre carte européenne de commercialisation de céréales 1 million de tonnes sur le Rhin et collecte 40 000 bovins. d’assurance maladie sur votre espace privé puis utilisez les téléservices vos arrêts de travail «échanges et contact» 03 69 22 76 35 Santé votre complémentaire santé 03 89 20 78 68 solidaire (anciennement CMUC) votre complémentaire gpcd@alsace.msa.fr 03 89 80 22 22 Comptes de l’agriculture Mutualia votre complémentaire Agrica ou Pacifica gpcd@alsace.msa.fr Du lundi au vendredi de 8h30 à 12h 03 89 20 78 37 Le « PIB agricole » 2020 attendu en baisse rendez vous sur votre espace À l’occasion de la réunion de la Com- de productions végétales de 4,6 %, d’agriculture dans une note parue le vos prestations famille Famille privé puis utilisez les téléservices 03 89 20 78 68 et logement «échanges et contact» mission des comptes de l’agriculture et par la fermeture des restaurants et 16 décembre. la gestion et la facturation 03 89 20 79 37 de la nation (CCAN) le 16 décembre, la peste porcine africaine (PPA), qui Les subventions sont en recul de des salariés de votre Du lundi au vendredi de l’Insee a publié ses chiffres prévi- ont fait plier la valeur des produits 4,5 %, dont « l’origine principale » Cotisations entreprise depotdocument@alsace.msa.fr 8h30 à 12h et de 13h30 à 17h sionnels provisoires pour l’année animaux de 1,3 %. Les productions serait « la disparition du crédit vos cotisations personnelles 03 89 20 78 86 2020. Ils sont marqués par un repli les plus touchées sont les céréales d’impôt pour la compétitivité et ou la gestion Du lundi au vendredi de de votre exploitation 8h30 à 12h et de 13h30 à 17h similaire à l’an passé, de 5,4 % en (-18,7 % en volume), les plantes l’emploi (CICE) transformé depuis votre première demande euros courants de l’équivalent agri- industrielles dont betteraves (-13,1 % le 1er janvier 2019 en allégement rendez vous de retraite, relevé de carrière sur votre espace privé cole du PIB (valeur ajoutée brute au en volume) et les légumes (-9,3 % en de cotisations patronales ». Enfin, Retraite 03 89 20 78 68 coût des facteurs). Rapportée à l’actif, volume). les consommations intermédiaires votre retraite à l’étranger puis utilisez les téléservices vos prestation retraite «échanges et contact» la baisse est de 4,7 %, et de 6,5 % en restent stables (+0,3 %), les volumes 03 88 81 75 53 euros constants ; son niveau reste « Face à la crise globale provoquée d’engrais ont connu un léger rebond adhérent retraité rendez vous du lundi au vendredi sur votre espace privé légèrement supérieur à la moyenne par la pandémie de Covid 19, l’agri- (+0,5 % en valeur, +3,7 % en volume) Action de 8h30 à 12h (sauf mercredi) puis utilisez les téléservices des années 2010, et significative- culture française a tenu et a réussi après une forte chute l’an passé. La sociale 03 88 81 75 17 «échanges et contact» ment supérieur à celle des années à assurer la continuité de l’approvi- consommation en énergies et lubri- adhérent actif et partenaire actionsociale@alsace.msa.fr du lundi au vendredi de 8h30 à 12h 2000. sionnement en produits agricoles fiants poursuit sa baisse en valeur Assistance Internet assistanceinternet@umsage.msa.fr 0 969 363 703 L’année 2020 a été marquée par les pour les consommateurs et pour les (-1,5 % après -0,9 %). La valeur des (prix d’un appel local) accidents climatiques (sécheresse, industries de transformation agroali- pesticides et produits phytosanitaires Santé au travail santeautravail.blf@alsace.msa.fr canicule) qui ont grevé les volumes mentaire », se félicitent les Chambres décroît sous l’effet des prix (-2,5 %). Permanences téléphoniques des travailleurs sociaux 03 68 00 76 73 Cernay - Colmar 2 - Wintzenheim Olivia Mallet Mardi de 9h à 12h Altkirch - Brunstatt - Masevaux - Mulhouse 03 68 09 79 72 Guillaume Aubry Saint-Louis Mardi de 9h à 12h 03 89 20 78 39 Sainte Marie aux Mines Adeline Banzet Lundi de 9h à 12h Colmar 1 - Ensisheim - Guebwiller 03 68 09 79 62 Guillaume Aubry Kingersheim - Rixheim Mardi de 9h à 12h Abattoir du Haut-Rhin Rue du Laurier - Z.I. Les Pins 68700 CERNAY Tél. 03 89 38 08 05 - Fax : 03 89 38 01 31 RECEPTION DES ANIMAUX Les veaux non sevrés doivent être POUR ABATTAGE : emmenés à l’abattoir le jour même Lundi : Réception de 6h à 8h porcs et de l’abattage entre 6h00 et 8h00. ovins/caprins pour abattage le jour même. Les abattages devront obligatoirement Mardi : Réception : 6h à 8h : être réservés pour le jeudi 12 h Bovins pour abattage jour. de la semaine précédente. 8h à 12h : Bovins pour abattage L’abattoir se réserve le droit de différer le lendemain. les abattages des animaux Mercredi : Réception : 6h à 8h : non annoncés. Bovins - Ovins - Caprins pour abattage jour. Les rendez-vous pour les prestations Jeudi : Pas d’abattage de découpe devront être pris * Abattage Halal possible un mois à l’avance minimum. mardi et mercredi sur réservation. L’abattage pour les animaux à test ENLEVEMENT MARCHANDISES : (né avant janvier 2002) ne se fera Lundi au Jeudi : de 6h00 à 12h00 que le mardi. CICEVA Conseil à l'entreprise Depuis 25 ans le CICEVA vous accompagne par son expertise indépendante sur l’installation, la mise en société, la transmission de votre patrimoine. Nous vous donnerons les conseils avisés et argumentés pour faire votre choix parmi des solutions souvent multiples. Marie-Christine Maillard - Anaïs Pfemmert Tél. 03 89 22 28 10 - contact@ciceva.fr - Maison de l’Agriculture - Ste Croix en Plaine
Au fil de l’actu phr.fr I Vendredi 25 décembre 2020 5 Édito L’agriculture fourbit ses armes Par Pascal Wittmann, président, Joël Jecker, secrétaire général, © Nicolas Bernard et © Germain Schmitt Thomas Obrecht et Sébastien Stoessel, vice-présidents, de la FDSEA du Haut-Rhin. Rarement nous aurons été plus soulagés de refermer le livre d’une année, comme en 2020. Nous avons une pensée émue pour les familles touchées par l’épidémie, la Covid-19 a durement éprouvé l’agriculture haut-rhinoise. La pru- Pascal Wittmann Joël Jecker Thomas Obrecht Sébastien Stoessel dence reste de mise : démontrez votre sens des responsabilités, bien mais se méfiaient parfois de et l’eau. Sur ces deux thèmes, Pour gagner une guerre, il faut Le défi climatique sera pour de en vous protégeant, vous et vos nos pratiques. Ils se rappellent nous avons changé de braquet aussi savoir nouer des alliances. longues années au cœur de notre familles, jusqu’à la sortie de cette enfin que la production agricole en 2020 : aucune concession Sur ce plan, 2020 se termine sous action : c’est un enjeu de survie crise. Pour autant, 2020 est une française est ESSENTIELLE à leur ne sera faite, tant que les déci- les meilleurs auspices. Le travail pour notre agriculture. Ne nous année riche d’enseignements, propre survie. Elle remplit leurs deurs, publics ou privés, n’auront collaboratif engagé avec les Jeunes laissons pas imposer des mesures dont nous devons tirer profit pour assiettes de produits fiables, goû- pas pris en compte les besoins Agriculteurs et l’Association des par d’autres, soyons acteurs du vivre mieux demain. teux, réguliers. Pour autant, cette de l’agriculture. En matière de viticulteurs d’Alsace a été fruc- changement. Ce défi peut d’ail- Tout d’abord, l’agriculture française meilleure image de l’agriculture gestion de la ressource en eau, tueux et nous a rendus plus forts leurs offrir des opportunités à nos a tenu. L’année culturale se solde n’est pas un acquis : nous devons nos parents et grands-parents pour relever les défis. C’est là toute agriculteurs, par le développement par des rendements hétérogènes, l’entretenir, par des pratiques ver- se sont battus pour obtenir des l’utilité de nos syndicats : structu- des énergies renouvelables. Nous mais corrects en moyenne. Nos tueuses et un dialogue soutenu droits d’eau, nous défendrons bec rés, engagés, solidaires, ils ont une pourrions aussi améliorer les reve- éleveurs s’accrochent avec cou- avec nos concitoyens. et ongles cet héritage. En matière force de frappe que les agriculteurs nus agricoles, en tant qu’acteurs rage, malgré des prix bas et les Votre syndicat s’emploie aussi à de foncier agricole, l’Alsace perd seuls n’auraient jamais pu dévelop- majeurs dans la captation du car- aléas climatiques, et ils tiennent le améliorer sa notoriété et à pous- 600 hectares par an. C’est en per. Les commerçants et artisans bone, en nous faisant rémunérer cap. C’est le vignoble qui a le plus ser les questions agricoles au cœur toute logique que nous augmen- nous l’envient de longue date. pour ce service rendu à la collec- souffert, nous devons le soutenir de tous les débats publics : nous tons la pression sur l’État, les col- C’est la force du collectif. Elle n’est tivité. de toutes nos forces. avons rencontré de nombreux lectivités locales, les promoteurs jamais définitivement acquise, elle Sachons saisir ces opportuni- Une chose est sûre : dans la parlementaires, des représentants pour que l’objectif de moindre s’entretient. Dans ce but, vos élus tés ! L’équipe administrative de la « guerre » évoquée en mars par le des maires, les nouveaux préfet artificialisation des terres ne soit de la FDSEA ont besoin de votre FDSEA, qui fait déjà une course président de la République, nous et directeur de la DDT. Syndicat pas une chimère, mais devienne soutien. Faites-vous connaître si de fond pour vous servir, se pré- sommes un levier majeur de la vic- majoritaire, la FDSEA entend jouer une réalité. Que notre position vous voulez vous engager à nos pare au marathon 2021 : elle vous toire. Nous sommes la base arrière, pleinement son rôle d’orientation soit claire : nous ne nous oppo- côtés, sur les innombrables sujets accompagnera au maximum de les combattants de l’ombre indis- des politiques agricoles dans le sons pas au progrès économique. qui nous mobiliseront en 2021. ses possibilités. pensables à la lutte. Nous avons Haut-Rhin. Nous demandons du bon sens, La nouvelle Pac nous préoccupe. continué à produire des aliments Pour gagner une guerre, il faut du respect pour l’agriculture et le Aussi, nous nous battons pour faire D’ici là, le conseil d’administration exceptionnels par leur quantité et savoir conduire des batailles, droit de continuer à vivre de notre reconnaître nos spécificités et sau- de la FDSEA se joint à nous pour leur qualité, et révélé nos capaci- même périlleuses, pour la défense travail. De notre détermination vegarder la première filière céréa- vous souhaiter de bonnes fêtes et tés d’adaptation, de réactivité et de valeurs fondamentales, ou dépendra l’héritage que nous lière du département : le maïs. une excellente année 2021. Soyez d’imagination. Ainsi est également lorsque d’aucuns voudraient laisserons à notre tour aux jeunes Pour ce faire, nous devons être prudents jusqu’à l’arrivée du vaccin, lancée la reconquête du cœur s’attaquer aux piliers fonda- agriculteurs. Notre responsabilité prêts à faire évoluer nos pratiques, retrouvons-nous en forme dès les des Français, qui nous aimaient teurs de l’agriculture : le foncier est énorme. afin de favoriser la biodiversité. premiers jours de janvier ! Édito Une jeunesse ambitieuse, une volonté de faire autrement Par Patrick Meyer consommer local. L’agriculture non-traitement, agribashing, fon- française retrouve enfin sa place. cier agricole, dégâts de gibier… À et Jérémy Pflieger, Cette agriculture fière, nourricière, se demander si on peut encore co-présidents de qualité et indissociable à la vie ! parler d’installation. Et pourtant des Jeunes Agriculteurs Pourtant, le 29 avril 2020, un l’installation est la clé ! Une jeu- du Haut-Rhin. accord est signé pour l’importa- nesse ambitieuse, une volonté de tion de 20 000 tonnes de viande faire autrement, mieux, qui passe Tout d’abord, nous souhaitons bovine venue directement du également par une envie de com- avoir une pensée pour toutes les Mexique ! Faites ce que je dis mais muniquer sur notre profession. familles touchées par la Covid-19. ne faites pas comme moi… Dérou- Nous avons foi en l’avenir et la jeu- L’année 2020 touche enfin à sa tant ! Un président dont la parole nesse, mobilisez-vous, faites-vous fin… ouf ! Une année qui a débuté ne vaut même pas un renminbi. entendre. Ensemble, l’agriculture avec un climat sec et compliqué La suite de l’année, on la connaît aura un avenir ! pour nos cultures végétales. À cela tous. Une vente directe qui dimi- Les Jeunes Agriculteurs du Haut- s’est ajoutée la pandémie, le fil nue lors du déconfinement, deux Rhin vous souhaitent de belles conducteur de 2020. Cependant filières fortement impactées par la fêtes de fin d’année, malgré ce dans l’obscurité, il y a la lumière. Jérémy Pflieger (à gauche) et Patrick Meyer sont désormais, en binôme, crise (la viticulture et l’horticulture), contexte difficile. En effet, à l’annonce du pre- présidents des JA 68. © Jean-Michel Hell une année culturale hétérogène et Prenez soin de vous et de vos mier confinement, nous avons un état sanitaire qui, en cette fin proches. Respectez les gestes bar- vu un boom pour toutes les notamment preuve de solidarité également que notre président d’année, ne s’améliore pas. rières, autour d’une bonne bou- filières agricoles en circuits courts. au sein de notre profession et en de la République a, dans ses dis- 2020 est une année très riche teille de vin d’Alsace, et avec une Notre agriculture a su s’adapter veillant les uns sur les autres lors cours, encouragé les Français à également d’un point de vue syn- belle rose de Noël pour agrémen- à ce bouleversement, en faisant de cette crise sanitaire. À noter venir sur nos exploitations pour dical. Gestion de l’eau, zones de ter votre table.
Au fil de l’actu phr.fr I Vendredi 25 décembre 2020 6 FDSEA et JA 68 Rencontre avec le député Bruno Fuchs Après Olivier Becht et Raphaël Schellenberger, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs du Haut-Rhin poursuivent leur opération de sensibilisation à l’égard des parlementaires. Le 14 décembre, ils ont donné rendez-vous au député de la majorité, Bruno Fuchs, à Hombourg, pour échanger autour de plusieurs sujets d’actualité liés au monde agricole. Si l’année 2021 s’annonce déter- d’irrigation construits à cette époque plus économe en terres agricoles », minante d’un point de vue éco- se sont progressivement détério- poursuit-il. La profession aimerait nomique et sanitaire, elle le sera rés au point de ne plus pouvoir être ainsi que soit revu à la baisse le seuil tout autant sur le plan agricole. Du utilisés par endroits. Et l’État, pro- par défaut établi dans le cadre de la moins, sur les dossiers qui néces- priétaire de ces infrastructures, sou- compensation collective agricole, sitent un positionnement politique haiterait aujourd’hui s’en débarrasser une mesure la Loi d’avenir pour clair de la part des élus. Mais avant pour en laisser la gestion à un orga- l’agriculture de 2014 qui vise à ralen- de se prononcer sur tel ou tel sujet nisme plus local. tir le grignotage du foncier agricole. et d’apporter son vote à un projet « Mais avant de les céder, ça serait « Sauf que cinq hectares pour une de loi, il convient d’en saisir toutes bien de les remettre en état. Pour- zone périurbaine comme la nôtre, les subtilités en ayant pris le temps, quoi ne pas utiliser des fonds du c’est trop, fait remarquer Joël Jecker. au préalable, de s’être penché sur la Plan de relance ? », s’interrogent Autour de Paris, le préfet a abaissé question. C’est ce qu’a fait le député Joël Jecker et Pascal Wittmann. ce seuil à un hectare. Sans aller MoDem du Haut-Rhin, Bruno Fuchs, Une hypothèse loin d’être saugre- jusque-là, ne pourrait-on pas des- le 14 décembre en répondant à l’in- nue aux yeux de Bruno Fuchs : « Il y cendre à deux ou trois hectares chez vitation de la FDSEA et des Jeunes a en effet pas mal d’argent dans ce nous ? » « Cinq hectares par défaut, Agriculteurs du Haut-Rhin. Ren- plan (20 milliards d’euros, NDLR), c’est absurde. Il faut désormais un dez-vous était pris à 9 h 30 sur la À la fin de la réunion, Bruno Fuchs a invité Pascal Wittmann à laisser un message mais pour l’instant peu de projets signe politique fort pour abaisser ferme Brodhag, à Hombourg. Une vidéo destiné au ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. © Nicolas Bernard en face. C’est donc le moment d’y ce seuil », ajoute Pascal Wittmann. exploitation de 250 hectares spé- aller et de présenter des projets. » Pour Thierry Engasser, le maire de cialisée dans la culture de maïs, de conditions d’application : pourront- aux yeux de Pascal Wittmann, c’est Selon les dernières études de fai- Hombourg, il est également indis- betteraves, et également prestataire ils semer un maïs derrière comme surtout l’obligation de rotation plus sabilité datant des années 2000, il pensable d’orienter les aménageurs de services en pulvérisation, semis c’est le cas en Autriche, ou devront- importante qui inquiète les res- faudrait compter dix millions d’euros vers les friches industrielles ou équi- et arrachage pour de nombreux ils planter une autre culture l’année ponsables de la FDSEA et des JA. pour remettre en état ces canaux, valentes : « Ces gens-là font avant agriculteurs du sud du département. suivante, voire les deux années sui- « Aujourd’hui, la culture principale à savoir refaire l’étanchéité et reti- tout de la spéculation, et vont par Cette ferme familiale gérée vantes comme c’est le cas en Bel- représente 75 % de la SAU d’une rer la vase. Il faudrait ajouter à cela défaut là où le coût est moindre. Or, aujourd’hui par Éric et Sébastien gique ? « Nous cultivons 45 ha de exploitation. Avec cette réforme une enveloppe supplémentaire de il a été prouvé à maintes reprises est pleinement concernée par les betteraves. Si nous devions nous telle qu’elle est annoncée, on pas- deux à trois millions, par site, pour qu’on pouvait aménager un site pol- actuelles ou futures évolutions passer de maïs les deux années serait automatiquement à 50 % remettre les vannes en état. Cette lué sans que cela ne pose problème. réglementaires et législatives autour suivantes, c’est 90 ha d’une autre dans le Haut-Rhin. Cela pénaliserait problématique de l’eau ne s’arrête Mulhouse est d’ailleurs un très bon de l’agriculture : la réforme de la Pac culture que nous devrions prévoir. beaucoup d’exploitations céréa- pas à ces canaux en mauvais état. exemple en la matière. » et ses conséquences sur la culture Or, cela demande du matériel que lières, mais aussi beaucoup d’éle- Les représentants de la FDSEA La FDSEA et les JA du Haut-Rhin maïsicole, les modalités d’appli- nous n’avons pas et qui coûte cher », vages qui ont besoin de maïs pour et des JA rappellent au député la ont terminé la réunion en abor- cation des néonicotinoïdes sur les expliquent-ils. Ils ont beau faire par- le bol alimentaire de leurs bêtes », nécessité de pouvoir entretenir les dant brièvement les probléma- cultures betteravières, le grignote- tie d’une Cuma pour l’acquisition et indique Pascal Wittmann. Le secré- ruisseaux. « C’est une demande que tiques liés à la chasse, notamment ment du foncier agricole au profit de l’utilisation de leurs machines, une taire général des JA 68, Nicolas Die- nous avons depuis longtemps. Tout les dégâts de corbeaux qui vont zones résidentielles, artisanales ou telle perspective leur semble irréali- terich explique au député pourquoi : comme celle d’être systématique- en augmentant dans la plaine, et commerciales, ou encore la ques- sable à court terme. « On attend les « Même pendant une année sèche, ment associés à tous les dossiers qui le « plan pollinisateurs » annoncé tion épineuse de la ressource en eau décrets d’application mais on craint on aura toujours du rendement concernent la gestion de l’eau sur début novembre par la ministre de liée notamment à l’entretien des que les pouvoirs publics choisissent avec le maïs, pour peu qu’il soit irri- nos territoires. Aujourd’hui, c’est loin l’Écologie, Barbara Pompili, et pré- canaux vétustes de la Hardt. l’option la plus contraignante pour gué. L’herbe, c’est plus compliqué. d’être le cas, sauf quand il s’agit de senté à la profession agricole début nous », souligne Éric Brodhag. Les éleveurs de montagne sont nous pointer du doigt. Il faut que ça décembre. « Elle nous a donné La crainte du « moins de maïs » Cette crainte du « moins de maïs » contraints aujourd’hui de demander change », estime Pascal Wittmann. huit jours pour faire des observa- Si les frères Brodhag se réjouissent est renforcée par l’orientation qu’est de plus en plus de maïs pour nourrir tions. C’est un ultimatum que nous de la réautorisation temporaire des en train de prendre la future réforme leurs bêtes. » Envoyer un signal « fort » n’acceptons pas. Il faut nous laisser néonicotinoïdes sur les semences de la Pac. Au-delà de la convergence Les syndicats sont convaincus que la aux spéculateurs de foncier un délai plus long afin qu’on ait le de betteraves, ils se demandent des aides qui mettrait « en péril » bon rotation prévue dans la nouvelle Pac Si l’eau est indispensable à l’activité temps de mettre en œuvre quelque néanmoins quelles seront les nombre d’exploitations alsaciennes n’est pas une finalité. L’Association agricole, la terre l’est tout autant. chose de correct », souhaite Pascal générale des producteurs de maïs Une évidence en soi, sauf pour les Wittmann. Déjà très présent aux (AGPM) a ainsi réfléchi à des déroga- pouvoirs publics indique le syndicat côtés du monde agricole au cours tions qui permettraient de maintenir majoritaire des agriculteurs dans le de ces derniers mois, Bruno Fuchs L’horticulture, une sole de maïs à hauteur de 75 % Haut-Rhin. Chaque année, ce sont s’est engagé à relayer les inquié- une filière « essentielle » à soutenir de la SAU globale de l’exploitation. 600 ha de terres agricoles qui dispa- tudes des professionnels agri- « Ce que nous voulons proposer, raissent en Alsace. « Depuis que j’ai coles au ministre de l’Agriculture, c’est un plan mellifère qui permet- démarré il y a 25 ans, j’ai perdu 85 ha Julien Denormandie. Quelqu’un de trait d’augmenter le bol alimentaire de terres en location. Pour continuer « clair » et « carré » sur les questions des abeilles en créant des zones qui à exister, on a dû s’étendre entre agricoles, mais aussi très « acces- leur seraient dédiées. En parallèle, Belfort et Feldkirch », témoigne sible » grâce à la magie des télé- nous proposons la mise en place des Pascal Wittmann. Comme sur le phones portables selon lui. Pascal cultures intermédiaires avec du dossier de l’eau, il voudrait que la Wittmann a pu le constater de lui- sous-semis. Ce sont des mesures profession agricole soit davantage même en l’invitant, via un message compensatoires qui seraient béné- associée aux discussions relatives à vidéo enregistré sur le téléphone du fiques à bien des égards. Il faut que l’aménagement du territoire. « Nous député, à venir découvrir d’un peu vous nous souteniez dans ce dos- ne sommes pas contre le déve- plus près les réalités et difficultés de sier. Car si l’Europe fixe le cadre, c’est loppement économique en soi. Ce l’agriculture haut-rhinoise. bien chaque pays qui fixe les moda- que nous voulons, c’est un déve- lités sur son territoire », lance Pascal loppement économique qui soit Nicolas Bernard Wittmann à Bruno Fuchs. Le Plan de relance pour les canaux de la Hardt ? Le représentant des pépiniéristes et horticulteurs d’Alsace, Paul-André Keller, a demandé au député Bruno Fuchs de ne pas oublier cette filière agricole Mais pour faire du maïs, comme « essentielle » dans les prochains mois. toute autre culture d’ailleurs, il faut de l’eau. « Sans elle, on ne peut Le président des horticulteurs et pépiniéristes d’Alsace, Paul-André rien faire en agriculture. » La ges- Keller, a profité de cette rencontre pour sensibiliser Bruno Fuchs à la tion de cette ressource si précieuse nécessité de « ne pas oublier » la filière qu’il représente. « Vous avez été est aujourd’hui un gros souci dans à nos côtés au printemps et je vous en remercie. Cela a été compliqué la Hardt. Une zone qui a pourtant économiquement et moralement, mais nous avons au final réussi à bénéficié d’une irrigation de qua- sauver notre saison grâce à notre dynamisme, notre imagination et à lité depuis les années 1960 et qui la météo. Mais il ne faudra pas que cela se reproduise au printemps a dynamisé le secteur. « Avant, les 2021. On ne pourra pas se permettre une nouvelle fois d’être mis sur corbeaux volaient à l’envers pour le carreau. Nous sommes une production agricole comme une autre, ne pas voir la misère en dessous », essentielle pour bon nombre de nos concitoyens. Nous aurons besoin souligne le secrétaire général de la de vous dans les prochaines semaines. » FDSEA du Haut-Rhin, Joël Jecker. Les frères Brodhag, comme tant d’autres agriculteurs ayant le même profil, Sauf qu’avec le temps, les canaux s’inquiètent des évolutions annoncées de la future Pac.
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