Pattern, Decoration & Crime - Piste pédagogique Secondaire II Automne-hiver 2018-2019 10 octobre 2018 - 03 février 2019 - Mamco
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Pattern, Decoration & Crime Piste pédagogique Secondaire II Automne-hiver 2018-2019 10 octobre 2018 - 03 février 2019
PISTE PEDAGOGIQUE PATTERN AND DECORATION Cette piste pédagogique est réalisée autour d’une sélection d’œuvres exposées au Musée d’art moderne et d’art contemporain de Genève. S’adressant en particulier aux enseignants ou aux responsables de groupe, elle a pour objectif de proposer des points de repères et une base de travail pour faciliter l’approche et la compréhension de la création contemporaine, ou pour préparer une visite au musée. SOMMAIRE 1. Pattern & Decoration 2. L’exposition à travers : - La déconstruction du tableau - Femmage : une histoire de l’art au féminin - Le décoratif: un refoulé de la modernité ? 3. Plan des salles et localisation des œuvres PATTERN & DECORATION « Pattern & Decoration » désigne un mouvement artistique des années 1970-1980 qui connut un succès international dans les années 1980, puis fit récession dans les décennies suivantes. Essentiellement américain, le mouvement a été défendu par les galeries Holly Solomon à New York et Bruno Bischofberger en Suisse. L’exposition du MAMCO, co-organisée avec le Consortium de Dijon, comprend aussi plusieurs œuvres d’artistes associés au groupe « Sup- ports/Surfaces », ainsi que d’autres artistes n’ayant pas participé à proprement parlé au mou- vement « Pattern & Decoration » mais dont les œuvres partagent les enjeux. La plupart des artistes impliqué.e.s réagissent aux écoles abstraites qui prédominent depuis l’après-guerre et s’opposent notamment à l’art minimal et conceptuel. Ces artistes critiquent également la domination masculine et occidentale qui traverse le modernisme en général. Le groupe réuni autour du « motif » et de la « décoration » (qui comprend un nombre équiva- lent de femmes et d’hommes), reconnecte avec des formes considérées comme mineures et revendique la notion de décoration comme le véritable refoulé de la modernité. En faisant référence à l’ornementation utilisée pour des papiers-peints, des « quilts » ou des étoffes imprimées, en s’inspirant aussi bien de l’art décoratif islamique que des mosaïques byzantines et mexicaines, des broderies turques et de la gravure japonaise, des tapis in- diens et des miniatures iraniennes, ces artistes ouvrent le champ de l’art de leur temps. En créant des œuvres à mi-chemin entre le tableau et l’objet des arts appliqués, ils/elles sont à la croisée d’une contestation postmoderne des disciplines. Enfin, en revalorisant des pratiques artisanales dévaluées et en réclamant le droit de faire migrer ces techniques de la sphère domestique au domaine public de l’art, ils/elles partagent également plusieurs points com- muns avec le mouvement d’art féministe de la décennie 70 du 20ème siècle. Si ce mouvement artistique peut être qualifié de récessif, il semble néanmoins servir de socle à nombre de pratiques actuelles ; c’est une dimension supplémentaire de cette en- quête historique, au-delà de la réévaluation de « Pattern & Decoration », que d’offrir un terrain d’anamnèse pour le présent. M A�M�C�O� G�E�N�E�V�E� � �1 � 0 �. � 1 � 0 �. � 2 � 0 � 1 � 8 �- � 0 � 3 �. � 0 � 2 �. � 2 � 0 � 1 � 9
PISTE PEDAGOGIQUE PATTERN AND DECORATION LA DÉCONSTRUCTION DU TABLEAU Œuvre 1/ Cynthia Carlson, Animated Struggle, 1976 acrylique sur toile Question 1 : Donnez une définition de la peinture. En quoi ce tableau correspond-t-il ou diffère-t-il de cette définition ? En quoi vous semble-t-il traditionnel ou mo- derne ? Question 2 : Si vous deviez qualifier la matérialité de cette œuvre, quel(s) adjectif(s) utiliseriez-vous ? (épais- seur, texture, animation) Œuvre 2 / Cynthia Carlson, RMC, 1973 huile sur bandes de toile tissée Question 1 : Dans ce tableau, quelle est la distinction entre support et surface ? Comment est structurée cette œuvre ? Question 2 : Que permet, que révèle ce travail de la toile ? Question 3 : Connaissez-vous d’autres artistes qui ont interrogé le support de la peinture ? Œuvre 3 / Cynthia Carlson, Though Shift for MIT, 2018 peinture acrylique, pochoirs, dessins sur papier, fleurs peintes et en bronze Question 1 : Quel est le support de cette peinture ? Quel en est le cadre, quelles en sont les limites ? (aborder le principe de l’installation in situ, de peinture murale, en comparant avec la technique du all over ou du papier peint) Question 2 : À elle seule, cette œuvre embrasse une large acception de ce que peut être le décoratif. Parmi les procédés que l’artiste utilise pour composer cette ins- tallation, quels sont ceux qui vous semblent résonner le mieux avec les créations d’artistes contemporains ? (Kitsch par exemple) M A�M�C�O� G�E�N�E�V�E� � �1 � 0 �. � 1 � 0 �. � 2 � 0 � 1 � 8 �- � 0 � 3 �. � 0 � 2 �. � 2 � 0 � 1 � 9
PISTE PEDAGOGIQUE PATTERN AND DECORATION POUR APPROFONDIR : Dans l’histoire de l’art, de nombreux artistes ont exploré le médium de la peinture à travers sa matérialité et le travail de sa surface (épaisseur, touche, outils) mais également en s’intéres- sant aux caractéristiques de son support (le bois du châssis, la texture de la toile et l’envers du tableau). C’est notamment le cas, dans les années 1960, de l’artiste Lucio Fontana qui incise ses toiles pour en révéler la dimension spatiale, mais également des artistes du mouvement français « Supports Surfaces » en 1970 qui amorce la «déconstruction» du tableau. À cet égard, cette série d’œuvres de Cynthia Carlson trouve un éclairage intéressant. Ces propositions bousculent la définition du tableau. L’artiste propose une déconstruction pro- gressive des codes formels et structurels de la peinture : animation de la surface, abandon du format orthogonal, investissement d’un espace tridimensionnel. L’étude de cette suite d’œuvres présente plusieurs interprétations de ce que peut être une peinture, la déployant jusqu’à une forme installative où se confondent les différents plans et s’imbriquent des réfé- rences à la l’histoire du motif et de la décoration à travers la longue tradition du papier peint (on pense notamment aux motifs floraux de l’Art Nouveau) et des interventions murales en all over chères aux peintres minimalistes. NOTES : M A�M�C�O� G�E�N�E�V�E� � �1 � 0 �. � 1 � 0 �. � 2 � 0 � 1 � 8 �- � 0 � 3 �. � 0 � 2 �. � 2 � 0 � 1 � 9
PISTE PEDAGOGIQUE PATTERN AND DECORATION FEMMAGE : UNE HISTOIRE DE L’ART AU FÉMININ Œuvre 1 / Betty Woodman, Villa Oplontis, 2006 faïence vernissée, résine epoxy, vernis, peinture et toile Question 1 : De multiples techniques sont employées dans cette œuvre. À quel registre renvoient les éléments en céramique ? (domaine archéologique, sphère domes- tique, connotation féminine) Question 2 : Quelle relation existe-t-il selon vous entre un objet décoratif et un objet utilitaire ? Œuvre 2 / Tina Girouard, Screen #4, 1974-1975. tissus Question 1 : Par son accrochage cette œuvre évoque une bannière, un drapeau. De quoi pourrait-elle être l’emblème ? Quel est intérêt pour l’envers ? Question 2 : Selon vous que préside au choix du tissu ? (idée de migration des matériaux de la sphère privée à la sphère artistique, usage du tissu connotant le vêtement et par extension, le corps) Œuvre 3 / Miriam Schapiro, Vestiture Series No. 3, 1976 acrylique sur toile et tissu Question 1 : Miriam Schapiro a élaboré le concept de «femmage». Comment interprétez-vous le choix des tis- sus stéréotypés qui composent ce tableau ? (discutez des termes «féminin» et «féministe») Question 2 : Cette œuvre est datée de 1976, une pé- riode marquée par de nombreuses revendications pour la défense des droits des femmes. Quelles autres formes ont pu prendre ces problématiques féministes dans la période contemporaine ? M A�M�C�O� G�E�N�E�V�E� � �1 � 0 �. � 1 � 0 �. � 2 � 0 � 1 � 8 �- � 0 � 3 �. � 0 � 2 �. � 2 � 0 � 1 � 9
PISTE PEDAGOGIQUE PATTERN AND DECORATION POUR APPROFONDIR : Dans le climat sociétal des années 1970, la reconnaissance des droits des femmes et de leur travail est une des luttes qui a le plus imprégné les pratiques artistiques de l’époque. Les ar- tistes présenté.e.s dans cette exposition adoptent une posture critique de la société patriar- cale et misogyne dans laquelle ils vivent et tentent, à travers leurs œuvres, de dénoncer les discours d’exclusion envers les femmes, les minorités ethniques et sociales. Il n’est pas anodin de noter que parmi les artistes de « Pattern & Decoration », une grande proportion sont des femmes. À l’instar de Judy Chicago, Miriam Schapiro incarne une figure militante pour les combats féministes. Elle fonde la revue Heresies Collective qui s’engage pour la reconsidération des pratiques artisanales. Elle cofondera également l’Université pour les femmes de New York. À travers le concept de femmage (mot-valise pour « feminist col- lage »), Miriam Schapiro célèbre les créations désignées comme des « ouvrages féminins » et fusionne dans ses collages des matériaux à connotation domestique avec certains des prin- cipes modernistes comme la grille. Mais ces questionnements féministes se retrouvent éga- lement dans de les productions de nombreux autres artistes qui, à travers l’emploi de perles, de tissus, de dentelle ou de motifs fleuris, de coloris joyeux et extravagants, cherchent à dé- construire une vision genrée de l’art. Loin de renier ces matériaux soi-disant stéréotypés, ils les brandissent en emblèmes et revendiquent leur légitimité à intégrer les pratiques artistiques au même titre que les productions «mainstream» de leurs contemporains. C’est notamment le cas de Robert Zakanitch, Robert Kuschner, Cynthia Carlson, Tina Girouard, Valérie Jaudon ou encore Betty Woodman. NOTES : M A�M�C�O� G�E�N�E�V�E� � �1 � 0 �. � 1 � 0 �. � 2 � 0 � 1 � 8 �- � 0 � 3 �. � 0 � 2 �. � 2 � 0 � 1 � 9
PISTE PEDAGOGIQUE PATTERN AND DECORATION LE DÉCORATIF : UN REFOULÉ DE LA MODERNITÉ? Œuvre 1 / Thomas Lanigan-Schmidt, The Gilded summer palace of Czarina Tatlina, 1969-70/2018 installation : technique mixte Question 1 : Que peut-on dire sur la charge sémantique des matériaux ? À quel domaine appartiennent-ils et com- ment cela modifie-t-il la perception de cette œuvre ? Question 2 : Les artistes de « Pattern & Decoration » ont critiqué les discours excluants de la modernité. Dans cette perspective, de quoi les matériaux, les déchets utilisés dans cette installation pourraient-ils être la métaphore ? Question 3 : Connaissez-vous d’autres artistes qui utilisent la récupération et l’assemblage de «matériaux pauvres» dans leurs démarches ? Œuvre 2 / Lynda Benglis, Turbinellidae-Peacock-Series, 1979 grillage, verre émaillé, plastique, perles, cordes Question 1 : Malgré son esthétique diamétralement op- posée, que partage cette œuvre de Lynda Benglis avec l’art minimal ? (matériaux produits par l’industrie, pas de signature ni de geste de l’artiste...) Question 2 : À quoi tient le pouvoir évocateur de cette œuvre ? En quoi est-elle l’expression d’une forme d’artisa- nat ? (interroger la relation entre décoratif et utilitaire) Œuvre 3 / Jennifer Cecere, Cat Throne, 1980 peinture acrylique, dentelle, bois Question 1 : Traditionnellement, dans quelles sociétés l’art de la broderie est-il pratiqué et par quel groupe social en particulier ? (aborder la revalorisation d’un travail ma- nuel) Question 2: Cette œuvre souligne le désaccord de la vi- sion occidentale et extra-occidentale sur l’art et l’acception du «décoratif». De quel ordre est ce différend ? M A�M�C�O� G�E�N�E�V�E� � �1 � 0 �. � 1 � 0 �. � 2 � 0 � 1 � 8 �- � 0 � 3 �. � 0 � 2 �. � 2 � 0 � 1 � 9
PISTE PEDAGOGIQUE PATTERN AND DECORATION POUR APPROFONDIR : Adolf Loos considérait l’ornement comme un véritable crime en ce qu’il trahissait la vertu la société moderne : l’Homme moderne se devant d’exclure toute forme d’archaïsme (des élé- ments de parures par exemple), de décoration superflue pour définir des formes essentielles et intemporelles*. Ce postulat énoncé à la fin du 19ème siècle a conduit à un dénigrement généralisé de pratiques jugées non artistiques (art extraoccidental, arts appliqués, artisanat, objets vernaculaires), ainsi qu’à une connotation péjorative de tout ce qui pouvait avoir trait au motif ou à la décoration. En réaction aux principes de l’art minimal qu’ils interprètent comme une forme d’impéria- lisme culturel, les artistes de « Pattern & Decoration » remettent en question les définitions hégémoniques de la modernité en incorporant de multiples références extraoccidentales et classées hors du champs des Beaux-Arts à leurs œuvres. Sans pour autant renier les maté- riaux produits par l’industrie, ni l’importance de la grille moderniste sur laquelle ils prennent appui, les artistes de « Pattern & Decoration » revendiquent une forme de vitalité visuelle, de gaité et d’exubérance qu’ils opposent au vide, à la tranquilité et à l’immobilisme des œuvres de l’art minimal. Ces incursions vers d’autres champs de création ont permis l’émergence de questionnemments postmodernes encore présents dans les démarches des artistes des décennies suivantes, comme le décloisonnement des disciplines, la prise en considération de pratiques artistiques jusque-là exclues de l’histoire de l’art et la formulation de nouvelles formes d’historiographies institutionnelles. * Adolf Loos, Ornement et Crime, 1908 NOTES : M A�M�C�O� G�E�N�E�V�E� � �1 � 0 �. � 1 � 0 �. � 2 � 0 � 1 � 8 �- � 0 � 3 �. � 0 � 2 �. � 2 � 0 � 1 � 9
PISTE PEDAGOGIQUE PATTERN AND DECORATION Plans des salles et localisation des œuvres - La déconstruction du tableau 1 - Cynthia Carlson, Animated Struggle, 1976 2 - Cynthia Carlson, RMC, 1973 3 - Cynthia Carlson, Though Shift for MIT, 2018 - Femmage: une histoire de l’art au féminin 4 - Betty Woodman, Villa Oplontis, 2006 5 - Miriam Schapiro, Vestiture Series No. 3, 1976 6 - Tina Girouard, Screen #4, 1974-1975. - Le décoratif: un refoulé de la modernité? 7 - Thomas Lanigan-Schmidt, The Gilded summer palace of Czarina Tatlina, 1969-70/2018 8 - Lynda Benglis, Turbinellidae-Peacock-Series, 1979 9- Jennifer Cecere, Cat Throne, 1980 PLAN DES ŒUVRES (2ème étage) M A�M�C�O� G�E�N�E�V�E� � �1 � 0 �. � 1 � 0 �. � 2 � 0 � 1 � 8 �- � 0 � 3 �. � 0 � 2 �. � 2 � 0 � 1 � 9
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