Prise de position : Réflexions sur la Bundeswehr de demain

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                                   Version finale - 9 février 2021

Ministère fédéral de la Défense                                            Berlin, le 9 février 2021
     - La Ministre fédérale -
     - Le Chef d'état-major de la Bundeswehr -

                  Prise de position :
       Réflexions sur la Bundeswehr de demain

I.   Contexte et politique de sécurité
Au début d’une décennie qui nous apportera des évolutions fulgurantes dans les domaines
de l’économie, de l’écologie et des technologies, il est de notre responsabilité d’accorder la
même attention aux transformations de la situation sécuritaire qui se présente à notre pays.
À nous, maintenant, de tirer les bonnes conclusions de ces évolutions rapides pour notre
politique de sécurité et de défense ainsi que pour la mission, les opérations et la conception
de la Bundeswehr.
En 2016, le gouvernement fédéral a publié l’actuel Livre blanc sur la politique de sécurité et
sur l'avenir de la Bundeswehr ; les analyses, hypothèses et conclusions de l’époque gardant
toute leur validité. Un grand nombre des hypothèses établies à l’époque en terme de
politique de sécurité se sont, en effet, vérifiées. Il en résulte une situation sécuritaire globale
densifiée qui, si elle reste peu présente dans la sphère publique, n’en reste pas moins réelle.
De notre côté, nos réflexions ne s’inscrivent pas dans une logique de puissance et de
domination. C’est toutefois le cas pour d’autres acteurs, qui agissent alors en conséquence.
Risques et menaces
Notre action est marquée par la primauté de l’autorité politique. Néanmoins, dans de
nombreuses régions, l’action militaire est à nouveau le principal instrument de résolution de
conflits. Cela vaut, par exemple, pour l'est de l'Ukraine, la Syrie, la Libye et, plus récemment,
pour le Haut-Karabakh.
À cela vient s’ajouter l’évolution rapide des technologies d’armement qui complexifient
considérablement la défense des frontières, de l’infrastructure ainsi que des propres forces
armées : drones, satellites tueurs, missiles supersoniques. Nous sommes actuellement
encore mal préparés face à certaines de ces menaces.
Chaque jour, l’Allemagne et ses réseaux informatiques subissent des milliers d’attaques
d’acteurs hostiles. Cela concerne autant les entreprises, les autorités publiques que les
organes de sécurité.
Les droits de l'homme, la démocratie et la politique de la coopération se voient de plus en
plus souvent attaqués et systématiquement affaiblis.

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La Chine, autrefois économie émergente, est devenue un acteur puissant montrant de plus
en plus souvent et ouvertement ses ambitions globales.
Les dynamiques que l’on observe dans la région indo-pacifique se dirigent progressivement
vers des rivalités de pouvoir et des conflits grandissants. Cela préoccupe également les
partenaires qui partagent nos valeurs dans la région.
La Russie se perçoit comme un contre-pouvoir aux pays occidentaux. C’est de plus en plus
ouvertement que Moscou a récemment intensifié ses menaces militaires et politiques et
sciemment enfreint des conventions internationales. Au cours des dernières années, la Russie
a eu recours à la force militaire dans son voisinage et elle développe massivement son
armement conventionnel et nucléaire.
Cette situation se traduit par des menaces concrètes pour l’Allemagne et ses citoyens,
auxquelles nous devons faire face :
Ce sont des agressions envers nous et nos alliés, envers les frontières, l’espace aérien, les
eaux territoriales et le cyberespace. Ce sont des attaques commises à l’encontre
d’infrastructures critiques, de voies de communication et de notre société ouverte.
Ce sont des agressions ouvertes et voilées contre la cohésion au sein de nos alliances et
contre nos partenariats bâtis des valeurs communes.
C’est la restriction de notre liberté d'action politique. Nous nous ne devons pas être
susceptible de céder au chantage.
C’est la rupture et le blocage de voies de commerce international et de chaînes logistiques
dont dépendent notre prospérité, construite sur une économie mondiale, ainsi que notre État
social.
Par ailleurs, la pandémie du Covid-19 a également révélé notre vulnérabilité et montré que la
résilience d’une société dans son ensemble dépend aussi d’un volet militaire.
Il est temps de repenser les choses
Ce début de l’année 2021 se révèle propice pour approfondir le débat sur notre sécurité et
pour accélérer le rythme de la prise de décisions. En amont des élections fédérales, prévues
pour septembre, certains ont déjà lancé les discussions au sujet de la défense. Les États-Unis
ont investi un nouveau gouvernement qui se conçoit comme partenaire de l’Europe et qui
attend de l’Allemagne, à juste titre, une contribution militaire plus importante. Suite au
Brexit, la Grande-Bretagne doit rester un partenaire étroit en matière de sécurité. Avec la
France et nos partenaires européens, nous souhaitons donner plus de poids à l’UE en matière
de sécurité. L’OTAN connaît aussi des débats intenses sur l’avenir des missions militaires, des
capacités, de la répartition équitable des charges et des questions financières.
C’est pourquoi nous nous concentrons sur ce que nous devons accomplir aujourd’hui pour
préserver la sécurité de l’Allemagne demain ; sur le rôle que l’Allemagne doit assumer en
Europe et au-delà – et sur les forces armées nécessaires aux deux volets.

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 Nous voulons répondre à la question de l’ambition dont l’Allemagne doit faire preuve dans la
 politique de sécurité et de la manière dont elle peut mieux se mettre au service d’un ordre de
 paix et de liberté. Nous voulons expliquer pourquoi cette ambition est le résultat de notre
 rôle d’allié pleinement intégré ainsi que, de façon directe, de nos propres intérêts en matière
 de sécurité. Quiconque souhaite, comme nous, que l’Allemagne intensifie ses efforts et
 assume un rôle de leader avec ambition doit, tout d’abord, expliquer à nos citoyens les
 raisons et les méthodes.

II.   Qu’est-ce que cela signifie pour l’Allemagne ?
 La situation géographique de l’Allemagne, au cœur de l’Europe, ainsi que sa puissance
 économique lui confèrent une responsabilité particulière pour la sécurité de l’Europe. Dans
 sa contribution à la sécurité et à la paix, notre pays doit par conséquent être à la hauteur de
 sa situation géographique et de ses capacités – y compris dans le domaine militaire.
 Dans ce contexte, l’Allemagne porte la responsabilité de la sécurisation de son propre
 territoire – c’est-à-dire la défense du territoire national – ainsi que de la défense collective,
 tout aussi importante. Dans ces deux aspects, une dissuasion militaire crédible et une
 capacité de défense dans toutes les dimensions – terre, air, mer, espace et cyberespace – sont
 fondamentales.
 Dans la défense collective, nos alliés souhaitent et doivent pouvoir compter sur nous en ce
 qui concerne leur sécurité. La mission de la défense nationale et collective demande de nos
 militaires qu’ils soient prêts à combattre et capables de s’imposer.
 Rôles de l’Allemagne
 Compte tenu de cette double responsabilité, l’Allemagne doit se doter d’un grand éventail de
 capacités militaires. Ce n’est qu’à cette condition qu’elle pourra assumer tous les rôles qui lui
 incombent :
 Le rôle de nation d’appui pour nos alliés en termes de capacités et de structures, surtout
 pour celles disposant de moyens militaires moins importants. Il est par conséquent
 nécessaire que la Bundeswehr couvre un large spectre de compétences afin que nos
 partenaires puissent s’y adosser dans tous les domaines militaires. Un profil militaire
 diversifié n’est d’ailleurs pas un luxe mais une nécessité stratégique. Il ne peut en effet y
 avoir d’Europe capable d’agir sans une Bundeswehr polyvalente.
 Le rôle de premier intervenant en cas de crise, notamment aux frontières extérieures de
 l’OTAN et de l’UE, où l’Allemagne, au vu de sa situation centrale, doit pouvoir se rendre plus
 rapidement que les autres. Cela vaut pour les pays baltes comme pour les Balkans, pour la
 Méditerranée comme pour la mer Baltique et la mer du Nord.
 Le rôle de plaque tournante au sein de l’Alliance, placée au cœur de l’Europe et décisive pour
 la mobilité des forces armées alliées. Pour assurer le bon déroulement des opérations sur
 l’ensemble du territoire de l’Alliance, l'Allemagne doit, en effet, tenir son infrastructure et sa
 logistique à disposition et apporter son concours à la coordination et à la protection.
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Le rôle de contributeur de troupes dans la gestion internationale de crises, même au-delà du
territoire de l’Alliance. Ce sont notamment ces missions qui demandent un recours aux
capacités spécialisées et haut de gamme, telles que la reconnaissance, le ravitaillement en
vol, le transport aérien, le combat électronique ou les forces spéciales.
Le rôle de partenaire fidèle aux valeurs. Nous nous engageons sans réserve pour un ordre
international basé sur des règles, que ce soit au sein de l’OTAN, de l’UE ou encore de
coopérations avec nos alliés et partenaires dans le monde entier ; par exemple à travers une
coopération en matière de technologies avec Israël ou des exercices et des visites de ports au
Japon et en Australie.
À ces rôles vient s’ajouter celui de la protection du territoire national en temps de paix ainsi
qu’en cas de crise. Cela implique une réserve performante qui soit disponible en cas de
catastrophe dans le cadre de l’entraide administrative en Allemagne ainsi que comme renfort
pour les autres rôles susmentionnés.
Évolutions
Étant donné le grand nombre de rôles que l’Allemagne compte et doit assumer, la politique
de sécurité et de défense allemande est toujours multinationale et la Bundeswehr en est l’un
des instruments principaux. C’est pourquoi deux facteurs clés déterminent le développement
de la Bundeswehr : nos propres intérêts et objectifs, d’un côté, et notre implication dans les
activités de planification de l’OTAN et de l’UE de l’autre. Nos partenaires comptent sur des
ambitions allemandes plus importantes – à juste titre. Et ils attendent que nous respectons
les accords conclus au sein des alliances. Cela vaut pour l’objectif des 2 % et pour l’ensemble
des capacités que nous voulons mettre à disposition de l’OTAN en fonction de notre taille et
de notre performance économique comme pour notre engagement au sein de la politique
européenne de sécurité et de défense commune de l’UE.
Nous partageons une idée commune de la Bundeswehr de demain ainsi que des capacités
dont elle a besoin. Dans ce contexte, nous sommes confrontés à un double défi : d’une part,
nous devons reconstituer et remettre en état les capacités existantes, fortement affaiblies en
partie par la politique d’austérité du passé. D’autre part, nous devons veiller à garder la
cadence soutenue des évolutions technologiques. Cela signifie que nous ne devons pas nous
contenter d´étoffer les forces armées du passé. Au contraire, le moment est venu de poser
judicieusement les jalons afin de préparer les forces, les capacités et les structures pour
l’avenir.
Le premier pas a été franchi. En effet, au cours des dernières années, le budget de la défense
a constamment augmenté, la Bundeswehr est équipée de matériel neuf et la disponibilité
opérationnelle s’améliore. Compte tenu du retard important qu’il nous faut rattraper, chaque
délai supplémentaire est source de déception - pour nos personnels militaires comme pour
nous.
Désormais, le moment est venu de prendre des décisions. Si nous voulons compléter et
moderniser en même temps, nous devons définir des priorités. Pour cette raison, nous allons
identifier, plus systématiquement qu’auparavant, les systèmes et les technologies qui sont,

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certes souhaitables, mais non indispensables. Pour ce faire, nous allons résolument
introduire dans la Bundeswehr des innovations, parfois au détriment de systèmes existants.
Ce n’est qu’ainsi que nous réussirons à développer les capacités de haute technologie dont
nous avons urgemment besoin. Cette sélection se fera sur la base de critères précis :

   •   Quelles sont les menaces dont nous devons nous protéger ?
   •   Qu’est-ce qui est réalisable et disponible sur le court terme ?
   •   Qu’est-ce qui renforce les secteurs de l’industrie et des technologies en Allemagne
       tout en créant des emplois ?
   •   Qu’est-ce que nous pouvons acquérir en coopération avec nos partenaires européens
       et internationaux ?
   •   Et avant tout, et plus important encore : qu’est-ce qui profitera le plus au corps de
       troupe ?

Un financement fiable
Compte tenu de ce bilan global et malgré les augmentations considérables du budget de la
défense au cours des dernières années, nous constatons que la Bundeswehr reste
insuffisamment financée.
Évidemment, nous continueront à veiller sur l’efficacité de nos dépenses. Toutefois,
l’efficacité seule ne nous permettra pas de gagner la marge de manœuvre financière qui est
nécessaire. C’est pourquoi, pour pouvoir compter sur une Bundeswehr moderne et
opérationnelle dans tous les scénarios, nous avons besoin d’un budget de défense qui
continue à augmenter et qui soit fiable et prévisible. Ce n’est qu’ainsi que nous serons en
mesure de réaliser des projets d’acquisition échelonnés sur plusieurs années. Or si le budget
stagne ou se voit réduit, nous risquons que le service courant (c’est-à-dire les frais fixes à
prévoir pour les salaires, le fonctionnement et les emprises qui sont en constante
augmentation) épuise justement les moyens qui sont indispensables pour la recherche, le
développement et l’acquisition des capacités de demain.
La mission particulière de la Bundeswehr demande l’engagement d’hommes et de femmes
singuliers. Pour attirer ces personnalités motivées et aux talents divers, pour les soutenir et
pour les fidéliser, nous devons être en mesure de leur proposer des carrières intéressantes et
une meilleure sécurité financière.
C’est pour cette raison, notamment, qu’établir des priorités n’est pas synonyme d’austérité.
La priorisation se fait plutôt au service d’une préparation minutieuse de la modernisation. La
sécurité globale ne s’achète pas à prix cassé.
Dans ce contexte, nous insistons sur le fait que la défense relève de l’État dans son ensemble
et ne doit donc pas se refléter uniquement dans le budget de la défense. En ce qui concerne
le financement de grands projets politiques, surtout dans la coopération multinationale au
niveau de l’armement, la responsabilité relève du gouvernement tout entier. La sécurité
figure parmi les missions principales de l’État et elle doit être portée de façon transversale.
Culture stratégique
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  La Bundeswehr étant une armée parlementaire, elle agit, au final, sous mandat de l’ensemble
  des citoyens. D’où l’importance de rendre compte avec transparence et intelligibilité de la
  situation sécuritaire tendue et de la nécessité des investissements. Dans ce contexte, nous
  voulons stimuler la capacité de raisonnement stratégique et la culture stratégique dans notre
  pays en créant des lieux propices aux débats stratégiques :

       •   au sein du gouvernement grâce au développement du Conseil fédéral de sécurité vers
           un conseil de sécurité national regroupant l’expertise des différents ministères en
           matière de politique de sécurité et coordonnant nos instruments stratégiques de
           façon fiable,
       •   au sein du ministère grâce à un conseil consultatif pour la sécurité, qui réunira
           systématiquement le savoir d’experts issus des sciences, de la recherche et de la
           société civile,
       •   au sein du parlement, où nous allons suggérer, sur le modèle de la semaine consacrée
           au budget, l’organisation au sein du Bundestag d’une semaine consacrée à la sécurité,
           qui comprendra un rapport annuel sur les menaces et la situation sécuritaire présenté
           par les ministères concernés,
       •   et au niveau des finances grâce à une loi de programmation pour la Bundeswehr qui
           constituera un fondement financier pluriannuel solide pour les forces armées, à
           l’image de ce qui se pratique dans d’autres pays, sans pour autant limiter l’autorité
           budgétaire du parlement allemand.

III.   Avenir de la Bundeswehr
  Présentement, la Bundeswehr n’est pas encore prête à affronter les défis et menaces de
  demain.
  Depuis sa réorientation en 2011, la Bundeswehr s’est axée sur les opérations extérieures dans
  le cadre de la gestion internationale des crises. Nous constatons aujourd’hui qu’au-delà des
  capacités et de l’équipement, les structures et l’organisation du commandement doivent
  également être adaptées rapidement au contexte actuel. Dernièrement, et dans la
  perspective de la défense nationale et collective, le soutien apporté par la Bundeswehr dans
  la lutte contre l’épidémie de coronavirus a mis en évidence les points faibles en matière de
  structures territoriales et de processus de commandement.
  Ces lacunes, ainsi que d’autres, ont été recensées et longuement analysées ces dernières
  années, tant en interne qu’en externe. Les problèmes sont bien connus, les exigences et les
  recommandations correspondantes ont été présentées. Il convient désormais d’en tirer les
  conclusions adéquates et de trouver puis mettre en œuvre les solutions adaptées.
  Nos objectifs sont les suivants :

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• poursuivre la modernisation et l’adaptation aux évolutions techniques de l’éventail
  complet des capacités de nos forces armées pour l’ensemble des rôles que notre pays est
  amené à assumer,
• combler les déficits dans l’équipement,
• mettre en place des structures plus légères, plus fonctionnelles et plus résilientes ;
  raccourcir et donc accélérer les processus au sein du commandement militaire, du
  ministère de la Défense et dans l’organisation de l’acquisition et de l’utilisation des
  matériels,
• transférer la responsabilité au niveau le plus judicieux.

Les interrogations suivantes nous guident dans cette réflexion :

• de quelles capacités, avec quel niveau de qualité et en quelle quantité, avons-nous besoin,
   en accordant la priorité aux domaines critiques que sont par exemple une défense
   aérienne complète et moderne, le transport rapide de forces performantes, des systèmes
   de reconnaissance intelligents pour tous les milieux et une capacité de commandement
   numérique de bout en bout ?
• Comment parvenir à des innovations performantes et répondant aux besoins spécifiques
  afin de nous saisir rapidement de nouvelles technologies qui soient aussitôt disponibles
  pour la Bundeswehr ?
• Comment pouvons-nous renforcer à nouveau nos forces armées et réduire l’hypertrophie
   des états-majors ?
• Comment pouvons-nous mieux nous appuyer sur la coopération multinationale pour
  améliorer l’acquisition, l’utilisation et l’interopérabilité de nos matériels ?
• Comment pouvons-nous encore augmenter notre capacité opérationnelle ?

Dans le cadre de cette analyse, nous examinerons les secteurs civils de la Bundeswehr et en
particulier ceux de l’acquisition et de l’utilisation des matériels. Parties intégrantes de la
Bundeswehr en tant que système fonctionnel complet, ces secteurs sont en effet
indissociables de la capacité opérationnelle et de la capacité d’adaptation de nos forces
armées. Nous faisons déjà évoluer progressivement nos processus d’acquisition et en suivons
de près les effets. Des transformations plus profondes pourront être réalisées si ces
premières adaptations s’avéraient insuffisantes.
L’objectif est d’établir une structure d'acquisition moderne qui se concentre sur son cœur de
métier à l'aide de processus entièrement dématérialisés et d’un système d’achats autonome
pour la Bundeswehr.
Nous avons déjà commencé à limiter de façon raisonnable les exigences techniques au cours
d’une première conférence de programmation. Ce processus va désormais être adopté dans
toutes les phases d’acquisition et mené à tous les niveaux. Les solutions sur étagère seront
davantage privilégiées à l’avenir.
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 Évidemment, l’organisation et la structure du ministère de la Défense seront également
 examinées de près, eu égard notamment à l’objectif de répartir les responsabilités clairement
 et sans chevauchements ainsi qu’à la planification stratégique et au controlling.

IV.   Prochaines étapes

 Les vingt dernières années ont été synonymes de bouleversements profonds pour la
 Bundeswehr. Elle s’est vue amoindrie et a subi des restrictions budgétaires qui l’ont réduite à
 peau de chagrin alors même que les forces étaient engagées à l’international. La Bundeswehr
 connaît à nouveau une phase de croissance, mais sa modernisation globale doit se
 poursuivre.
 Nous aborderons avec diligence les défis auxquels nous sommes confrontés. Les conclusions
 des analyses sont d’ores et déjà à notre disposition. Il convient désormais de ne pas perdre
 de temps. Nous allons procéder aux arbitrages qui sont dès à présent possibles. Là où il n’est
 pas encore possible de trancher, nous veillerons à mener à bien les travaux préparatoires afin
 qu’une décision puisse être prise dès le début de la prochaine législature.
 Nous donnons ainsi l’impulsion pour une refonte de la planification dans la Bundeswehr dans
 une perspective de long terme, dans l’objectif que nos forces armées demeurent un
 instrument effectif de préservation de notre sécurité et qu’elles puissent défendre
 efficacement la liberté et la sécurité de la République fédérale d'Allemagne.
 Nous présenterons une évaluation exhaustive de notre défense aérienne terrestre en mars
 prochain.
 Nous soumettrons la proposition d'acquisition de l’Eurodrone au Bundestag avant la fin du
 premier trimestre.
 Nous prendrons une décision concernant l’acquisition d’un hélicoptère de transport lourd au
 cours du second trimestre.
 Nous présenterons les grandes orientations de notre stratégie pour une protection moderne
 du territoire national au 21ème siècle en avril prochain.
 Nous arrêterons en mai 2021 les lignes directrices de notre stratégie pour la Bundeswehr de
 demain et présenterons ainsi des propositions concrètes pour l’évolution des forces armées,
 de leurs capacités, de leurs structures et de leur capacité opérationnelle.

 Annegret Kramp Karrenbauer
 Ministre fédérale de la Défense
 Eberhard Zorn
 Chef d’état-major de la Bundeswehr

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